Fashion... ou pas ! [PV]

D’ordinaire, Charisma ne portait pas de lunettes. Elle en avait pour lire c’est vrai, mais elle les mettait seulement quand elle commençait à avoir mal à la tête – chose qui arrive souvent lorsqu’on entends des voix, c’est un sacré facteur aggravant – et qu’elle les avait sous la main. En effet, cet objet restait la plupart du temps dans le tiroir de son chevet et n’en sortait que lorsque l’envie prenait à Carry de les mettre pour x ou y raison comme c’était le cas ce jour là. Elle avait donc des lunettes assez basiques sur le nez tandis qu’elle lisait tranquillement un ouvrage, relevant de temps en temps la tête d’un air rêveur. La bibliothèque avait eu quelques arrivages, à son plus grand bonheur, et ses occupations depuis noël se réduisait à leur lecture puis analyse consciencieuse. C’est à de tels choses qu’on reconnaît quelqu’un qui a de vrais problèmes avec la société, mais pas uniquement… en effet, s’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez Carry, c’était bien son look. Une fois n’est pas coutume, elle était mal attifé, dans un genre vieillot qui ne sied absolument pas à son corps d’adolescente déjà formé. Qui plus est, la jeune fille s’était coiffée de telle manière qu’on aurait pu croire qu’elle avait une colline sur la tête…. Une parfaite étudiante tout droit sortie des sixties, sauf que nous entrions dans le nouveau millénaire et qu’il était temps de se renouveler ! Mais bien entendu, Carry se fichait pas mal de ce à quoi elle ressemblait. Elle faisait quelques efforts lors du bal de noël ou à celui d’Halloween chez serdaigle mais à part dans ces moments là, elle n’avait aucun intérêt pour sa garde de robe. Si preuve de ceci il manquait, elle est maintenant faite.

Alors qu’elle relevait la tête, bien loin de nos considérations sur la mode, elle croisa le regard proprement scandalisé d’un jeune élève, un poufsouffle à son blason. Elle haussa un sourcil mais garda globalement son habituel air impassible. En réalité, elle rendait juste regard pour regard, attendant que ce garçon qui la fixait lui dise quel était son problème. Elle enleva ses lunettes pour mieux le voir (c’est de prés qu’elle a du mal quand elle est fatiguée) et pencha légèrement la tête sur le côté pour mieux regarder ce petit jeune homme qui, vu par elle, était en contre jour. « Il faudrait vraiment qu’ils améliorent l’éclairage de cette bibliothèque » Râla la Voix avec hargne ce qui décrocha un très léger sourire à Carry, adoucissant (mais rien qu’un peu) son air rébarbatif et trop sérieux. « Vous désirez quelque chose ? » Finit-elle par demander, trouvant que cette observation mutuelle commençait à bien faire. Discrètement, elle vérifia qu’elle n’avait rien sur la figure dans l’abat jour en verre poli de la lampe de table, visiblement non, elle était bien… Alors qu’est-ce qu’il lui voulait donc ce blondinet ? Toujours plus curieuse qu’il ne le faudrait, elle se posait réellement la question, trouvant ceci bien intriguant. Pourtant, même après avoir tourné le problème dans tous les sens, il ne lui serait même pas venu un seul instant que ce fût ses vêtements ou sa coiffure le problème (et encore, on ne vous parle même pas des lunettes !)

Charisma regardait Mexan avec cet air désintéressé dont elle gratifiait habituellement les gens. Elle se moquait pas mal de ce qu’on pensait d’elle et encore plus de ce qu’on pensait tout court, elle n’aimait pas les gens et elle considérait qu’on le lui rendait plutôt bien. Ils étaient tous si désagréables ! Bien entendu, celui-ci était de Poufsouffle donc il devait sûrement avoir un petit côté gentil qui faisait qu’il essayait de dire les choses correctement. Elle ne pouvait qu’interpréter comme ça le fait que Mexan ait utilisé un verbe mélioratif pour quelque chose de résolument négatif, après tout, il semblait plus choqué que réellement subjugué ! « S’il t’ennuie, fais en une seule bouchée » La Voix était visiblement d’humeur belliqueuse, elle résonnait dans la tête de la jeune fille avec force. Elle secoua en conséquence la tête d’un air un peu énervée « Ne dis pas de bêtise, je ne vais pas faire ça ! » Même si bien sûr, ce n’était pas les possibilités qui manquaient pour ça quand on était en quatrième année et qu’on avait sa propre cour. Parce que si Charisma était loin d’être populaire, elle avait quand même un petit groupe de fidèles serviteurs qui pouvaient facilement faire peur à un impressionnable première année… bon, pas Damon, mais c’était dans les cordes de Gaël.

Répondant enfin au jeune garçon « Enchantée monsieur Mexan, je me nomme Charisma Kostovak. » Elle repoussa de longues mèches châtaines bouclées derrière ses épaules sans quitter Mexan des yeux, elle semblait un peu ailleurs, comme d’habitude, presque désintéressée. Il faut dire que les conversations ce n’était pas exactement sa spécialité.

Ensuite, à sa grande surprise, le jeune garçon lui dévoila un magasine de mode, autant dire que même si elle était une férue de lecture, ce n’était pas le genre de chose qu’elle lisait ! Mais elle comprenait maintenant quel était le petit soucis qui poussait Mexan à lui parler… Wade lui en avait parlé lui aussi, visiblement certaines personnes trouvaient que son look n’était pas adapté à l’époque dans laquelle elle vivait, pas assez moderne. Comme elle se fichait pas mal de la mode et de tout ce qui y touchait, elle ne prêtait généralement pas attention à tout ça, mais ça semblait vraiment important pour Mexan et elle se dit qu’il avait peut-être raison, elle n’avait pas du tout fait d’effort ce jour là… mais en même temps, elle trouvait qu’elle n’avait pas besoin de se faire belle puisque personne ne l’intéressait et vice-versa. Elle se disait que le jour où elle voudrait un garçon – et ce jour n’était pas arrivé (« Que tu dis » marmonne la voix en fond sonore) – elle pourrait facilement se mettre en valeur parce qu’elle était plutôt mignonne du haut de ses quatorze ans. Elle serait même carrément canon dans quelques années, ce n’était pas une Kostovak pour rien ! « Je vois, mais que voulez-vous que je fasse exactement ? » Parce qu’ils étaient dans la bibliothèque là ! Elle ne pouvait pas se changer ici !

Qui sait… après tout, la mode, c’est aussi l’improvisation, pas vrai Mexan ?