Confusion [PV]

Indiana se sentait un peu bizarre en ce moment, lorsqu’il était en fille, il ressentait des trucs assez bizarres pour Peter, son meilleur ami, du coup, il était plus à l’aise en garçon. Le vrai problème, au fond, ce n’était même pas ça. Bien sûr, c’était gênant puisque sa partie garçon était toujours attirée par les femmes mais peut-être aurait-il pu composé avec la situation si Peter n’était pas complètement insensible à son charme féminin. Ce n’était pas comme si Indiana pouvait lui en vouloir, après tout, c’était normal. Non seulement ils étaient très amis mais en plus Peter voyait bien plus en elle un garçon qu’une fille, ne serait-ce que parce qu’ils étaient dans la même chambre. Ce qu’il lisait dans ses pensées lorsqu’il en avait la possibilité (donc quand il était dans son corps de fille) l’avait déprimé pour de bon… il faisait de son mieux pour le cacher (car comment en expliquer les raisons ?) cela n’empêchait pas son vague à l’âme de grandir avec l’arrivée du printemps.

Ce jour-là étant celui de l’option de Poudlard, il décida donc de partir à la recherche de Billie. A défaut d’autre chose, un peu de bonne compagnie l’aiderait sûrement à passer le cap… toutefois, lorsqu’il la trouva, il ne pût que constater qu’elle n’allait pas beaucoup mieux que lui. Il n’avait même pas besoin de lire dans les pensées pour le savoir, ça se lisait sur son visage. Doucement, il s’assit auprès d’elle et passa délicatement un bras autour des épaules de son amie et occasionnelle maîtresse. Il resta un moment comme ça, silencieux, se contentant de donner et recevoir une présence, mais quand les minutes se comptèrent en une petite dizaine, il brisa le silence… Il était certes confortable et plus facile de ne pas parler, mais ça ne résoudrait pas les problèmes qu’ils avaient. Honnêtement, il pensait que le sien n’avait pas de solution et il ne comptait pas l’aborder, mais peut-être qu’en revanche il pouvait faire quelque chose pour la brunette.

« Le temps est clair mais dans ta tête c’est très sombre. » Il ne la regardait pas, il observait le ciel. Il ne voulait pas scruter son visage parce qu’il avait peur que ça la fasse fuir. Elle avait l’esprit embrumé par de gros nuages, il essayait de ne pas lire dans son esprit mais ça, ça venait à lui sans même qu’il s’y essaie tellement c’était évident. Cela dit, il se disait qu’il valait mieux ne pas lire dans sa tête à lui non plus…

Il remonta sa main sur la nuque de la jeune fille et la pressa délicatement pour la rapprocher de lui et qu’il la prenne dans ses bras. N’y voyez rien de compromettant, c’était un geste entre amis intimes, ce qu’il considérait qu’ils étaient depuis leur voyage au Texas, rien de plus. « Tu veux en parler ? » Il ne désirait pas la forcer, si elle voulait qu’ils se contentent de rester là sans parler, ils pouvaient le faire aussi, si elle voulait qu’il s’en aille, c’était faisable aussi. Indiana proposait mais n’obligeait à rien, ce n’était pas dans son caractère. La seule chose de réelle dans tout ça et qui ne changerait pas, c’était qu’il voulait vraiment aider son amie puisque lui personne ne pouvait l’aider.

Parfois, on avait la drôle d'impression d'être perdue au milieu des gens. Bien sûr, dis ainsi, ça pouvait paraître bizarre pour beaucoup de monde mais que l'on soit bien d'accord, il n'y avait pas que pour une personne comme Billie qu'il pouvait exister ce genre d'impression. Que l'on soit bien d'accord, parfois, c'était lorsque l'on était le plus entouré que l'on était le plus solitaire. Et ce n'était, alors, vraiment pas facile. Mais on ne pouvait de toute manière pas toujours faire comme si les choses allaient bien, c'était forcément impossible. Et d'ailleurs, pour Billie, lorsque les choses n'allaient pas selon notre convenance, elle avait la fâcheuse habitude de fuir. Avant, non, elle n'avait jamais été comme ça. Mais parfois, selon ce qui peut faire de notre vie ce qu'elle est, les choses peuvent devenir bien compliqué. En l'occurrence, la jeune Gryffondor gardait un lourd poids en elle. Et la présence de Kayne dans son paysage n'aidait pas, encore moins maintenant. Mais si au jour d'aujourd'hui, elle savait pourquoi est-ce qu'il était encore là, elle n'avait pas le courage de faire ce qu'il fallait pour qu'il s'en aille. Cela demandait une trop grosse force mentale et elle n'en avait pas la capacité.

Si le fantôme de Kayne était toujours dans l'ombre de Billie, et si elle parvenait toujours à le voir de façon si nette, c'était pour une seule et unique raison, il était là pour la forcer à accepter le pardon de la personne qui était venue lui rendre visite pendant ces vacances. C'était une histoire plutôt longue et bien sombre, qui faisait que Billie avait un peu sombrer. Ou en tout cas, un peu plus qu'elle n'avait sombré avant. Ce Kaïn Haner, qui portait un nom à la touche sonore identique que son frère, il était le coupable. Il était le responsable de tout ce qui c'était passé, le responsable de la mort de son frère. Et même si les choses restaient un peu différentes de ça parce que bon, le frère Ziegler était le seul responsable de la chose. Mais bon, dans tous les cas, ce garçon était venu chez elle, lui avait balancé tout ça après trois années et il lui avait demandé son pardon. Mais ça ne marchait pas comme ça. Bine qu'elle ait enfin eu les explications de tout ça et bien qu'il ait fait un très grand geste, ce n'était absolument pas une raison pour qu'elle le pardonne. Elle lui avait doucement demandé de partir, mais les larmes s'étaient mise à couler et il ne l'avait probablement pas entendu. En l'air, elle avait poussé le son de sa voix, l'avait mis dehors et avait fermé la porte.

Elle était restée là, contre la porte, en larme, pendant toute la nuit. Incapable de se remettre de tout ça. De ces souvenirs qui étaient revenus vers elle. De tout ce qu'on lui demandait de faire. Pardonner, là, non, elle en était incapable. Ce n'était pas une question de rancœur, mais elle ne pouvait pas lui dire qu'elle le pardonnait. Pas maintenant, pas après une telle information après trois années sous silence.

C'était un de ses jours où elle se retrouvait à Taliesin, et lorsque Indiana était venu vers elle, elle s'y était presque attendue. Elle en venait même à espérer qu'il ne viendrait pas vers elle mais cela aurait été bien mal le connaître. Elle était là, fragile, sombre et presque abandonnée. Perdue. Et incapable de pardonner. Alors elle était là, à regarder Kayne, lorsqu'elle était seule. Et lui, il la regardait aussi. Perdu, comme abandonné. Il semblait essayer de lui faire comprendre que ce n'était pas une solution, mais ça ne marchait même pas. C'était comme si elle était butée. Mais en même temps, il pouvait si bien la comprendre qu'il ne parlait pas. Il restait là, à attendre. Persuadé malgré tout qu'il finirait tôt ou tard par pardonner l'ancien Serpentard. Comme si c'était réellement possible. Il s'installa à côté d'elle, il passa un bras autour de ses épaules et elle se laissa totalement faire. Elle n'avait pas du tout envie de parler mais après tout, le silence qui s'installait doucement n'était pas vraiment la chose la plus agréable qui était. C'était pesant et il attendait qu'elle parle.

Sombre... Oui, c'était ainsi qu'elle était et elle en était parfaitement consciente. Mais ça ne risquait pas de changement.  « Quelqu'un me demande un pardon que je ne peux lui accorder... Je ne suis même pas capable de comprendre vraiment pourquoi je ne veux pas le lui donner. Enfin, si, quand même. Mais en même temps, c'est une histoire qui remonte à tellement loin que je ne sais pas... Je suis perdue et ça fait que je ne suis pas au mieux de ma forme »

Indiana avait raison. Et à travers ses paroles, Billie ne pouvait pas s'empêcher de se sentir soutenue, en fore. Elle ne pouvait pas pardonner là, où elle ne se sentait tout simplement pas capable de le faire. Elle ne pouvait pas se forcer et accorder une chose aussi grande à quelqu'un qui ne le méritait peut être pas. Le pardon, ça pouvait être stupide mais dans une situation comme celle-ci, ça avait tout de même une place très grande dans le coeur de la jeune fille. Et là, non elle ne se sentait pas capable de pardonner une fin de vie, pas la fin de la vie de la personne la plus chère à ses yeux, c'était impossible, c'était contre elle, c'était impossible. Et grâce à ses paroles, la jeune préfète de Gryffondor se sentait déjà un peu mieux. Ce n'était pas, non plus, encore la grande forme de la grande force, mais tout de même, c'était déjà ça, et elle ne pouvait pas du tout dire le contraire. C'était un plaisir que de se savoir soutenu dans de telles circonstances. Et c'était bien pour ça que c'était si important. Elle ne sourit pas, il ne fallait pas non plus s'imaginer que là, d'un seul coup, elle allait être joyeuse au point de sautiller de joie. Mais pour autant, elle se sentait mieux et c'était bien pour ça qu'elle était ainsi.

Se serrant contre lui, elle voulut prendre un peu de sa chaleur. Et Indiana la prenant dans ses bras, c'était bien ça qui semblait le plus important. Elle se sentait bien en sa compagnie, et cela n'arrivait plus vraiment au près de beaucoup de monde. Pour tout dire, elle n'avait même pas encore parler de ce pardon avec Seth, alors qu'il était supposé être son meilleur ami. Bien sûr qu'elle n'allait pas non plus se mettre à dire qu'il n'était plus aussi important à ses yeux qu'avant, cela aurait vraiment été stupide de toute manière, et ce n'était pas le genre de pensée qui allait lui traverser l'esprit. Loin de là même. Mais disons que même s'il avait bien souvent réussi à lui redonné le sourire, elle savait qu'en une telle situation, il ne pourrait pas lui apporter ce dont elle avait besoin. Aucune compassion, aucune pitié, elle voulait juste un peu de soutien. Et en de telles circonstances, elle savait très bien que le Serdaigle lui aurait dit qu'il fallait qu'elle sache pardonner. Chose qu'elle n'était pas capable, là, tout de suite, tout simplement parce qu'elle avait un peu trop peur de pardonner trop vite. Peur de perdre l'esprit de Kayne parce qu'elle avait pardonner ce gars trop vite. D'ailleurs, était-ce un simple hasard que ce garçon s'appelle de la même manière ? C'était vraiment trop dérangeant tout ça, ça mettait mal à l'aise et au final, Billie ne savait même plus comment penser correctement. C'était tellement prise de tête et difficile...

« Oui peut être... Mais je ne sais tout de même pas comment agir. J'ai peur de prendre la mauvaise décision, peur de pardonner trop vite ou encore, de passer pour une folle à justement ne pas vouloir pardonner. Je ne sais pas quoi faire. Et ça me fait mal... » Un soupire se dégagea doucement de ses lèvres alors qu'elle ne savait pas comment agir, et qu'elle en venait à avoir mal au coeur. C4était tellement difficile bordel... Et pourquoi est-ce qu'on s'en prenait tant à elle alors qu'elle n'avait que 17 petites années ? C'était bel et bien ça qu'elle ne parvenait pas à comprendre et qui était tant capable de lui faire mal. C'était parce qu'on lui en demandait beaucoup, mais alors vraiment beaucoup trop pour son petite âge. Alors que beaucoup étaient encore considéré comme des enfants à cet âge là, voilà qu'elle avait dû grandir, encore et encore, plus vite que n'importe qui...

Bien sûr, après tout ça, Billie se sentait presque, oui presque, obligée de lui répondre à la question qui suivit. Qui devait-elle pardonner... Du fait qu'il soit là, à ses côtés dans un moment aussi difficile qu'il ne l'était là, tout de suite, elle ne pouvait que comprendre qu'il puisse espérer une réponse et de ce fait, elle ne pouvait que se sentir obligée de lui en donner une. Ce qu'elle comptait d'ailleurs belle et bien faire. « Celui qui a.. Tué mon frère est venu chez moi pendant ces vacances et il m'a demandé de lui pardonner de l'avoir tué... C'est... C'est trop dur ! » Pleurer avait toujours fait du bien, à bon nombre de personne. Pour Billie, lorsqu'elle pleurait, c'était un signe de grande faiblesse, de grande douleur et de fatigue. Oh oui, elle était vraiment fatiguée... Beaucoup trop même, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher parce que c'était sa vie qui était comme ça... On lui demandait beaucoup trop de chose, mais elle n'avait pas d'autre choix que de faire face à tout ça, et c'était bien pour ça qu'elle avait... Si mal.

En apparence, Indiana était quelqu’un de plutôt ouvert et sympathique, il parlait à tout le monde avec une facilité déconcertante pour une personne maudite… mais en vérité, c’était une façade, et derrière son sourire, il cachait de la rancœur sans fond, des sentiments plein de noirceur et un profond désir de vengeance… pour ces raisons, et peut-être pour d’autres encore, il pouvait comprendre de quoi Billie parlait, mais bon, avouons que le fait qu’il soit télépathe aide aussi puisqu’il pouvait – même sans le vouloir – capter parfaitement les nuages qui flottaient dans l’esprit de la brunette, il la sentait triste, et cela lui faisait de la peine à lui aussi parce qu’il tenait vraiment à elle, il ne voulait pas la voir souffrir… surtout qu’elle faisait partie des rares personnes à l’avoir tout de suite accepté avec sa différence, sans même le juger, sans aucun préjugé…

Il pressa un peu plus son épaule, l’attirant un peu plus contre lui. Il avait envie de la réconforter, mais il ne savait pas bien comment faire, parce qu’il n’y a pas de mots pour chaque situation et qu’ils étaient tout justement dans un moment où il n’en trouvait pas… sûrement par impossibilité, personne à sa place n’aurait pu faire mieux, enfin c’est ce qu’il pensait, maintenant, peut-être qu’il se trompait et que quelqu’un de plus ouvert, de moins fragile que lui intérieurement, de plus positif aussi, aurait pu la consoler facilement… mais bon, comme c’était lui qui était là, il allait falloir qu’ils fassent avec.

« Qu’est-ce que ça peut faire le jugement des autres ? C’est ta décision, il faut que tu la prennes de manière définitive et que tu l’assumes ensuite la tête haute, c’est la seule chose que tu puisses faire. » Et gentiment, il déposa un baiser dans ses cheveux, il savait ses mots creux, peut-être même complètement inutiles, mais il voulait quand même qu’elle sache qu’il était là pour elle parce que c’était important.

« Tu n’as peut-être pas encore fait suffisamment ton deuil pour pouvoir pardonner, même si la personne est sincère dans ses excuses, et vu ta réaction je suppose que c’est le cas, dans ce cas, tu peux peut-être tout simplement faire un compromis… tu lui dis que tu entends ses excuses mais que tu n’es pas prête à pardonner, mais si ce moment vient, tu le lui feras savoir… c’est une sorte de compromis. » Il passa la main sur le visage de Billie et lui releva le menton, il l’embrassa doucement sur les lèvres. Ce n’était peut-être pas grand-chose, ce n’était peut-être même pas ce qu’elle attendait, mais elle n’était pas seule et Indiana le lui prouvait à sa façon… après tout, ils étaient amis, non ? ouai, les amis ils se font des papouilles, c’est bien connu, et je sais, je casse l’intensité dramatique du poste avec mes commentaires mais tant pis XD

Le jugement des autres, la jeune fille avait souvent pris l'habitude de ne pas y prêter la moindre attention. Et c'était tant mieux bien sûr ! Ce n'était pas elle qui allait se prendre la tête avec tout ça et il était même impossible qu'elle puisse se mettre un seul instant à y penser. Mais malgré tout et bien... Mais il y avait ce côté folle qui restait là. Parce qu'elle voyait son frère décédé à chaque endroit qu'elle regardait. Et c'était cet aspect là qui la rendait folle oui. Totalement folle. Mais qu'y pouvait-il ? En soit, elle n'était pas la plus joyeuse du monde, elle voyait un fantôme, elle était plus maigre que le mot lui même... C'était à se demander ce que les gens pouvaient bien lui trouver. Ou en tout cas, c'était bel et bien la pensée qu'elle-même avait et qu'elle ne pouvait pas s'empêcher un seul moment d'avoir. Ca lui faisait mal, bien sûr, de penser comme ça, mais elle ne pouvait que voir les choses.

Elle savait que ses amis étaient sincère, et il n'y avait pas le moindre doute à avoir là-dessus, c'était évident. Mais malgré tout, si on y regardait de plus près, mis à part ses amis, est-ce qu'elle pouvait compter sur les autres ? Elle ne pouvait qu'avoir un sérieux doute. Niveau coeur, elle n'avait fait que souffrir et tout ça pour quoi ? Pour rien. L'amour, elle ne le connaissait pas. Un jour ? Peut être pas en faite. Enfin bref, il ne servait à rien de se casser la tête à penser à tout ça, à quoi bon. C'était se faire du mal.

Pardonner... Une décision pouvait parfois être si difficile. Pourquoi est-ce que c'était si difficile, elle n'en savait rien et elle aurait vraiment adoré être en mesure de pardonner une telle chose. Mais elle n'y parvenait pas et même si elle ne comprenait pas pourquoi, cela ne changeait rien au faite qu'elle n'y arrivait pas, même si elle avait longuement essayé bien entendu ! En plus de ça, l'hypothèse que son frère pourrait disparaître après ce pardon lui avait pris. C'était peut être ça qu'il attendait pour pouvoir reposer en paix ? En soit, elle ne pouvait pas le savoir.  « Oui mais le pourrais-je un jour ? J'en ai un fort doute... J'ai peur d'être vraiment incapable de pardonner alors que c'est bien la seule chose que je désire. Le pardonner pour qu'il disparaisse... ». Elle ne parlait pas des mêmes personnes même si leurs prénoms étaient si semblables. Elle aimait son frère. Plus que tout. Il était la seule personne qu'elle ait aimé plus que sa propre vie. Mais son fantôme l'empêchait de continuer sa vie, l'empêchait de poursuivre seule sa route. Il était là, tout le temps et à chaque fois, alors qu'elle aurait vraiment aimé qu'il s'en aille. Faire son deuil, c'était ça qu'elle voulait, mais le pourrais-elle un jour ?  « Je désire plus que n'importe quoi d'être en mesure de lui pardonner... Mais je n'y parviens pas pour autant. Je rêve de vivre, je rêve de pouvoir passer à autre chose. Mais je n'y arrive pas non plus. Je suis là, bloquée dans ce morceau de ma vie qui ne cesse de me hanter. Et que puis-je faire face à tout ça ? Me contenter de le pardonner ? Il a... Il a gâché ma vie bordel ! ».

Les larmes se mirent à couler sur ses joues, comme si elles n'avaient pas encore suffisamment coulées.... Son regard se posa sur celui de son frère, il plongea son regard dans le sien, puis baissa doucement la tête, impuissant face à la détresse de sa sœur. Et de toute manière, qu'aurait-il pu faire alors que tout ça venait de lui ?

Indiana l'embrassa, geste auquel elle ne s'était pas du tout attendue mais qui la toucha et elle répondit au baiser, se serrant contre lui. Il était là, alor que les autres ne l'était pas et c'était un geste très grand de sa part. Un très grand ami sur qui comptait. Même si non, les amis ne s'embrassent pas mais ça, c'est à eux qu'il faut l'expliquer tiens ! Ils sont un peu neuneuh les petiots !  « Merci d'être là »

Indiana n’était pas certain de tout comprendre et il résistait à la tentation d’aller faire un tour dans la tête de Billie, d’abord parce qu’elle était au plus mal donc qu’il risquait de se laisser entraîner dans son déséquilibre, ensuite parce que ça ne se faisait pas. Si elle avait pensé à lui, il l’aurait entendu, hors ce n’était pas le cas, et écouter aux portes ce n’était pas franchement le summum de la politesse, loin s’en faut. Bien sûr à le voir avec ses jeans troués et ses tee-shirt moulant on pourrait penser qu’il était bad boy mais en fait pas du tout, il était même particulièrement bien élevé, aussi resta-t-il dans l’ignorance, volontairement, par simple esprit de justice.

« Si ça vient tant mieux, si ça ne vient pas tant pis. Cesse de te creuser la tête plus que nécessaire, c’est ça qui te fait souffrir ma belle… » Il la gardait dans ses bras comme si elle était une petite chose fragile, et sûrement qu’en un sens c’était exactement ce qu’elle était, rien d’autre, ni plus, ni moins, et Indiana malgré toutes ses faiblesses étaient pour l’instant beaucoup plus fort qu’elle – et on ne parle bien entendu pas physiquement parlant, ça c’était concret et valable à perpétuité -.


« Est-ce que tu crois vraiment que c’est la mort de ton frère qui a gâché ta vie ? Est-ce qu’il n’y a pas… autre chose… mais que tu te concentres sur cet évènement tragique parce qu’il est plus concret à tes yeux ? Perdre un être cher est toujours difficile, mais tes blessures sont bien plus profondes… » L’esprit de Billie était tellement sombre que ce ne pouvait pas être que la mort de son frère qui en était la cause, cela devait jouer en grande partie bien sûr, mais il y avait sûrement d’autres éléments douloureux – mais peut-être moins évidents – dont elle devait se libérer. Des chagrins d’amour peut-être, après tout elle lui avait avoué ne plus y croire, ou des problèmes familiaux plus profonds, et qu’en savait-il encore ? La liste pouvait être longue, la sienne par exemple l’était assez, encore qu’il fût par nature moins porté à se torturer que la jolie brune.

La gardant dans ses bras après le baiser, il la pressa contre lui avec douceur, profitant de cet instant de plénitude comme d’un cadeau, mais pour elle, pas pour lui, il fallait qu’il arrive à la calmer, elle ne pouvait pas rester dans cette détresse, ce n’était pas bon… y compris pour sa santé.

Séchant ses larmes du bout des doigts avec beaucoup de douceur, il les glissa ensuite dans la chevelure de la jeune fille avec tendresse. « De rien, je serais toujours là pour toi quand tu auras besoin de moi. » Et ce n’était pas une promesse en l’air, si elle avait besoin de lui, il répondrait toujours présent.

Cesser de se prendre la tête ? Il n'y avait pas à dire, il était évident qu'elle n'avait pas à faire tout ça. Mais elle le faisait oui, elle ne pouvait pas s'en empêcher un seul instant parce que c'était tout bonnement plus fort qu'elle. Ca lui donnait mal à la tête, ça lui prenait la tête et pourtant, elle ne pouvait pas s'arrêter, c'était comme ça, c'était plus fort qu'elle. Elle n'y pouvait rien bien sûr, elle n'était pas un monstre, elle n'était pas capable de ne pas vivre sa vie et pourtant, c'était un peu comme si elle s'en empêchait, quoi qu'elle puisse faire contre ça. Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle baissa le regard. Elle se trouvait stupide, tellement stupide qu'elle ne parvenait même pas à savoir pourquoi est-ce qu'elle se rendait toujours comme ça. Et ça faisait des années que ça durait. Des années qu'elle était incapable de faire face à tous ses problèmes et qu'elle se prenait la tête avec tout ça... M'enfin bon, elle ne pouvait rien faire après tout ça, elle en était tout bonnement incapable tout simplement parce qu'elle n'était pas en mesure de faire tout ça, oui voilà.  « Je passe mon temps à souffrir et j'ai beau faire tout ce qu'il est inimaginable, je suis incapable de faire autrement. C'est ridicule hein... ? »

Bien sûr que la jeune fille ne pouvait pas croire un seul instant que c'était la mort de son frère qui avait gâché sa vie, mais ça avait été le début des embrouilles qui avaient suivi par la suite, que cela ait été un hasard ou non, bien entendu. Il n'y était pour rien, il n'avait jamais choisi de mourir. Mais ce n'était pas ça le soucis bien sûr, le problème était bien différent de celui-ci. Pour tout dire, et bien la mort de Kayne n'avait été que le déclencheur, oui, voilà. C'était bel et bien la seule chose. Après, il y avait eu la dégradation des sentiments de ses parents, sa déchéance, sa chute en enfer et on en passait... Donc non, son frère n'était pas l'unique responsable, mais sans lui, il y avait fort à parier qu'elle irait bien mieux.  « Pour faire court, la mort de mon frère a engendré bien plus de chose encore que la difficulté à guérir de cette blessure... Je n'ai jamais réussi à vraiment m'en guérir et il y a tout un tas de chose qui a appuyé sur cette plaie. Mes parents se sont mis à me haïr, j'ai eu de sérieux problèmes de santé... Mentaux aussi, je n'en doute pas un seul instant... ». Et il y avait fort à parier pour que les problèmes mentaux ne soient toujours pas guéris. Puisque le fantôme de son frère ne semblait toujours pas décidé à la laisser tomber. Alors à la rigueur et bien non, il n'était pas responsable puisque d'une certaine manière, il était encore là ! Même si ce n'était pas de la meilleure des façons. Et d'une certaine manière, elle avait également toujours été une personne très sombre, ça aussi, ça jouait un certain rôle non ?

Se trouver au coeur de ses bras, sentir sa chaleur contre la sienne, Billie ne pouvait pas se trouver en meilleur posture que là, tout de suite. Et c'était peut être même pour ça que son esprit était apaisé, au milieu de tout ça. Elle se sentait bien, vraiment bien. Elle était au mieux de sa forme même et il n'y avait pas à dire, rien ne pourrait changer à côté de tout ça, c'était une évidence. Enfin bref, après, il n'était qu'un ami. Mais peut être que c'était d'un garçon comme lui qu'elle avait besoin ? Elle ne savait pas trop et elle n'avait pas le droit de penser comme ça, tout simplement parce qu'il ne pensait sûrement pas à elle de la sorte. Donc bon, à quoi bon ? Et lorsqu'il se mit à lui dire qu'il serait toujours présent pour elle, elle baissa la tête, gênée. Puis, elle glissa une mèche derrière une de ses oreilles et se mordit la lèvre.  « Tu es une personne exceptionnelle Indiana... » Ce genre de personne que l'on est persuadée de ne pas avoir la chance de rencontrer plus d'une fois dans sa vie et dont les mots pourraient manquer pour définir une telle passion chez un homme, c'était évident. Mais il était un ami. A quoi bon chercher à avoir plus, lorsque c'était une chose dont on était censé pouvoir se contenter ?

Indiana ne doutait pas une seule seconde que Billie eut des problèmes mentaux plus ou moins profonds, la raison en était simple : il lisait dans sa tête ! Mais ça ne le dérangeait pas, tout d’abord c’était quelqu’un de très tolérant – normal chez quelqu’un comme lui -, et en plus il ne pensait pas que Billie reste comme ça pour toujours, sûrement que quelque part, à un moment, quelque chose s’était déréglé et que tout aussi vite et brusquement un autre jour, dans le futur, tout reviendrait à sa place… mais il ne pensait pas que ce soit une bonne chose de se précipiter, un esprit c’est complexe et très fragile, en tant que télépathe il le savait parfaitement… un jour, il avait cherché dans un dictionnaire le sens du mot « équilibre » et voici ce qu’il avait trouvé : Attitude ou position stable (généralement verticale pour le corps humain) d'un corps ou d'un objet dont le poids est partagé également des deux côtés d'un point d'appui, de sorte que ce corps ou cet objet ne bascule ni d'un côté ni de l'autre. Pour être équilibré cela signifiait donc qu’il fallait que le poids de bonheur et de malheur soit le même, chose qui n’arrivait jamais, en revanche, on pouvait pencher dangereusement du mauvais côté sans tomber si personne ne faisait la gaffe d’essayer de s’en mêler, de précipiter les évènements ou de ne rien chercher à comprendre de l’autre. Parce que vous savez, la seule chose capable de réellement faire souffrir dans ce monde, c’est l’être humain lui-même, pas par les actes mais bien par les morts, aussi durs et difficiles à supporter qu’une bonne vieille lame… ils transpercent, ils font mal, Billie en avait souffert, lui aussi, c’était comme ça, mais lui il en avait guéri, quand bien même à une époque il ait pensé qu’il aurait peut-être mieux valu mourir que de continuer à vivre ainsi… Et il croyait qu’elle s’en sortirait un jour aussi. Après tout, elle l’avait lui comme ami ! Eh ! Ce n’était pas rien ! Ok, ok, il arrête l’auto-congratulation !

« Je crois que… ça fini par passer… tu sais, la douleur, tout ça… le temps, c’est le seul remède naturel et 100% efficace qui existe. Mais encore faut-il que tu le laisses… et en attendant, je te prêterais mon épaule pour pleurer autant de fois que tu le voudras. » Il lui sourit et sécha une fois de plus ses larmes. Il n’aimait pas la voir pleurer, lui-même pleurait facilement mais ne savait pas bien gérer la tristesse des autres, peut-être parce qu’elle lui était trop intime… Enfin, il espérait l’avoir un peu consolé quand même.

« Oh oui, c’est qu’il en existe pas beaucoup des comme moi ! » Fanfaronna-t-il avant de se lever et de forcer un peu la main à la brunette pour qu’elle l’imite. « Allez, on rentre, tu vas finir par prendre racine à force de rester là. Je te paye une boisson à la cafet’ et tu vas rentrer à Poudlard bien sagement, ok ? » Aussitôt dit, aussitôt fait, il l’entraînait déjà à la cafétéria…