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Ξ Sujet: #__ Smoke the life [ Jérôme ] Dim 10 Oct - 16:00 | |
| Un an qu'elle était partie de Poudlard, son diplôme en poche. Une longue année à ne savoir que faire. Elle n'avait jamais imaginé ce que pouvait devenir sa vie après l'école de magie dans laquelle elle s'était véritablement sentie chez elle. Sa maison. Elle avait l'impression de sortir du seul refuge qui lui garantissait sécurité. Qui pouvait la protéger de son géniteur. Qui l'éloignait des insultes qui ne résonnait à ses oreilles plus que comme un fond sonore habituel. Qui l'éloignait de l'odeur pestilentiel et perpétuel de l'alcool. Qui l'éloignait des coups. Aujourd'hui encore, un an après sa sortie de Poudlard, elle se sentait en danger, dans l'inquiétude de voir surgir son géniteur à tout instant, à chaque coin de rue, ceinture à la main. A 18 ans, elle n'arrivait toujours pas à se défaire de ces souvenirs effroyables. Profondément marquée, dans tout les sens du terme. Elle gardait encore sur sa peau les séquelles des colères que James passait sur elle. Parfois, le soir, après s'être douchée, elle se regardait dans le miroir et analysait chaque plaie qui s'étalait sur son corps. Elle se trouvait horrible. Elle n'avait d'elle que l'image d'une pauvre poupée de chiffon déchirée. Chiffonnée. D'ailleurs, ce matin, en allant dans la salle de bain pour prendre sa toilette et s'habiller, elle eu à nouveau cette pensée insupportable. Je ne suis rien, je n'ressemble à rien. On dirait un drap lacéré... Elle resta un moment figée face à son image. Cette fille qui se reflétait dans sa glace. Elle la haïssait. Elles se haïssaient toutes les deux. L'une d'avoir été aussi faible , l'autre d'en être le reflet.
« Je te déteste. Va au diable ! »
Elle ne savait pas si c'était à son géniteur qu'elle s'adressait ou si c'était à elle-même. Elle tapa contre le mur, s'écorchant légèrement les jointures de la main. Pfff, une plaie de plus une plaie de moins. Elle essaya de reprendre contenance et inspira une grande bouffée d'air. Calme toi, calme toi, calme toi. Il est loin. C'est fini. Il ne reposera jamais plus la main sur toi. Stop. Relève toi maintenant. Elle mis une chemise noire assez ample et un jeans assez simple, troué au niveau des genoux. Elle se jeta un nouveau coup d'œil au miroir. Son teint pâle tranchait avec le sombre de ses vêtements et de ses cheveux qu'elle coiffa rapidement. Elle les attacha en une couette lâche dont s'échappaient quelques mèches rebelles qui lui barraient la vue. Elle se fichait de son apparence, elle ne se maquillait pas, elle restait comme telle. Et puis, elle ne sortait que pour partir à la recherche d'évènement ' intéressant ' histoire d'écrire un nouvel article pour un des nombreux journaux où elle travaillait en tant que correspondante. Ainsi, elle n'avait pas de travail fixe. Elle vendait simplement ses articles au plus offrant. L'univers dans lequel elle était plongée constamment était bien différent de celui dans lequel elle avait grandi. Elle qui avait dès le plus jeune âge récolté en argent ce que son père lui refusait en affection. Le fric ne coulait plus à flot, elle vivait dans un petit appartement miteux dans une rue tout aussi minable truffée de personnes étranges qui se tapissaient dans l'ombre et attendaient le moment opportun pour vous interpeler et vous proposer diverses substances. Ou divers services. Ses petits revenus ne lui permettaient pas mieux. Je sais je sais, je vous vois venir : « Et le père alors ? Il peut pas lui en prêter du pognon ? » Vous vous imaginez ? Aller mendier quelques gallions à votre géniteur qui n'attend que ça, que vous reveniez, pour vous flanquer la volée du siècle. Parce que bien sûr, Ange ne lui avait pas demander son avis à cette ordure pour partir. Elle avait fait ses bagages dès sa majorité, et elle s'en était aller. Elle ne pouvait pas rester plus longtemps maintenant qu'elle pouvait fuir loin de tout ça. C'était comme mettre un poulet rôti sous le nez d'un clochard affamé. Elle n'avait plus rien en tête que partir. Partir d'ici. Partir le plus loin possible. Partir pour enfin vivre. Et ne plus entendre parler de James Davis. Jamais.
La jeune femme sortit de sa salle de bain et commença à vagabonder du salon à sa chambre et de sa chambre au salon à la recherche de divers accessoires. A commencer par son bloc note et son stylo. Mais bordel ils sont où ces trucs ! Elle s'arrêta au milieu du salon pour se calmer une fois encore en inspirant profondément. Ces derniers temps, elle avait l'impression d'être une montagne russe à elle-même. Elle pouvait passer de la nervosité à la sérénité en un clin d'œil. Et vice versa. Seulement des fois, elle avait du mal à passer du chaud au froid. Pour cela, pas d'autre solution... Elle alla dans la cuisine et attrapa son paquet de cigarette. Un petit truc moldu dont elle ne pouvait plus se passe depuis qu'elle avait quitté le domaine... ' familial '. Elle alluma le mégot et tira une grande taffe. C'était presque plus apaisant que le grand air pour elle. Sentir la nicotine se diffuser dans ses veines. Se goudronner les poumons. Se pourrir la santé. Elle s'en fichait comme d'une guigne si elle crevait plus tôt à cause de cette connerie. Après tout on mourrait tous un jour. Alors jeune ou vieux, pas d'importance. Pour ce que la vie valait de toute manière. Et elle pensa à une citation d'André Santini, auteur moldu cela va de soi : « A force de fumer, je suis devenu cendre. » Devenir cendre, ce serait une belle fin. Empoussiérer cette terre un peu plus qu'elle ne l'est déjà.
Ange écrasa sa cigarette dans un cendrier posé sur la table. Elle en avait presque fumer le filtre avec. Et là, miracle, elle aperçut son bloc note abandonné dans un coin du salon. Pour dire que ça faisait un moment qu'elle n'y avait plus touché. En ce moment elle avait plutôt pris l'habitude d'illustrer les articles, ou de vendre des photos prises au gré de ses pulsions. Elle ne cherchait jamais l'inspiration, elle préférait attendre qu'elle lui vienne. Comme ça. Comme un flash. Comme un éclair. C'était bien mieux. L'imprévu, il n'y avait que ça de vrai. Que ça de meilleur pour qu'une photo soit la plus proche de la réalité. Figer le monde. Figer les gens. Figer la ronde. Figer le temps. Mais aujourd'hui, tout ce qu'elle figerait, c'est quelques mots sur du papier. Elle avait prévu d'aller se promener un peu à Londres, le regard à l'affût et l'oreille aux aguets. Faut dire, depuis que Voldemort et sa clique n'était plus un danger pour l'humanité ( parce que quand même, il était définitivement mort le p'tit Seigneur des Ténèbres tué par l'autre binoclard ), il n'y avait plus grand chose à écrire. La vie était mortellement paisible. De temps en temps, de petites agressions par-ci par-là dans l'allée des embrumes et puis c'est tout. Tiens, ça lui rappelait quelques souvenirs... Le fameux jour où elle avait rencontré Enry pour la première fois. Enry son ange gardien. Mais passons, ce n'était pas le moment d'y songer.
« Eh ma jolie ! T'en veux d'la bonne ? »
L'ancienne Serpentard ne n'accorda pas plus attention à l'étrange personne qu'elle n'en accorderait à un chewing gum écrasé par terre. Il est sale, il vous colle, mais il finit toujours par se dégrader et s'évaporer dans l'atmosphère. Elle s'éloigna donc sans se presser, condescendante et arrogante. Elle n'avait pas peur. Elle n'avait peur de rien. Quand on s'en fout de mourir, on s'en fout de tout. Et le pire, c'est que ce sont ceux qui s'accrochent qui partent le plus tôt. Bref. Elle prit sa voiture et fonça à toute allure dans les rues de Londres. Bien sûr, elle aurait pu transplaner. Mais rouler... Saviez vous seulement le bien que ça lui procurait ? Filer à toute vitesse. Griller les stops. Accélérer aux feus rouge. Mourir comme lui. Mais elle ressortait toujours vivante de cette vieille taule. Claquant la porte, elle jeta un regard absent sur le monde qui l'entourait. Elle se sentait déjà étouffée. Elle vagabonda un moment dans les rues londoniennes à observer, écouter, analyser. Rien à faire. Morne agitation de la ville. Elle n'y trouvait aucun intérêt. Ennui, ennui, ennui. L'après midi défila sans qu'Ange ne s'en rende compte. Elle avait l'impression amère de vivre à l'envers. De ne pas avoir les mêmes illusions que tous ces gens qui passaient près d'elle comme il passait à côté de la vie avec insouciance, indifférence.
Le soir venu, elle entra dans une espèce de pub malfamé. Tant pis. Elle voulait juste être au chaud et boire quelque chose de chaud. Un café, un thé, n'importe quoi. De l'alcool peut-être ? Non elle détestait ça. Elle voulait tout sauf ressembler à son géniteur. Pauvre con. Elle avait été la victime indirecte de ces boissons tant appréciés. Pourquoi ? Parce qu'elles permettaient de s'évader, un instant. Rien qu'un instant n'est-ce pas ? Et les instants se multiplient. Les instants deviennent quotidien. On en devient accro'. Et puis ? On fait quoi ? Eh bien on n'essaie plus d'échapper au tracas de la vie grâce à la boisson mais on essaie d'échapper à la boisson en frappant sur sa fille. Un cappuccino. C'était parfait. Elle se brûla les lèvres et la bouche en le buvant trop vite. Elle s'était assise dans le fond, près de la fenêtre pour regarder les créatures de la nuit s'affairer. Encore s'affairer. Ils ne s'arrêtaient donc jamais. La jeune femme poussa un soupire d'exaspération. Et commença à dessiner sur la nappe qui était négligemment posée sur sa table. Des graffitis y trônaient déjà. Le regard perdu dans l'encre de la nuit qui s'installait dehors, elle se demandait simplement ce qu'elle faisait encore là. Dans ce monde pitoyable. |
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