Le point sur le i du verbe aimer [PV]

C’était le jour J. Après bien des angoisses, Charisma Kostovak avait décidé de la marche à suivre, non sans peine il est vrai, mais maintenant qu’elle avait cessé de tergiverser, elle se sentait plus sereine. Ils ne pouvaient pas rester ainsi, à vaguement se tourner autour sans jamais s’approcher vraiment, c’était 1) frustrant, 2) indigne d’eux (enfin, surtout d’elle, mais vous la connaissez). « Au cas où, je te signale que je suis toujours contre » Charisma ne répondit pas à la Voix, elle venait de loin, comme un murmure persistant. Pour faire taire la Voix (de sa conscience ?) elle avait avalé des cachets contre la douleur. L’aspirine avait toujours le don de diminuer l’intensité de ses hallucinations auditives, malheureusement ils réduisaient d’autant son don de prémonition… Mais il y avait peu de chance qu’elle en ait besoin ce jour là, encore qu’assise sur le banc du parc à attendre Enry, elle s’impatientait !

Si elle avait correspondu depuis le début des vacances avec son préfet, elle ne pensait pas réellement qu’il allait vraiment finir par venir la voir, pour elle c’était plus le genre de chose qu’on dit, comme ça, au détour d’une conversation, sans vraiment le penser, par politesse autrement dit. Mais si, au bout de quelques lettres – et donc d’un mois de vacances -, il lui avait écrit pour lui dire qu’ils pouvaient se voir prochainement. Le choc ! Et surtout la révélation aussi affreuse qu’éprouvante pour Charisma de ses propres sentiments… Enfin, sentiments… c’était un grand mot, elle n’allait pas jusque là, elle y mettait plutôt le mot attirance.

Maintenant qu’elle était là, dans le parc où elle lui avait écrit qu’elle l’attendrait, elle se disait qu’elle était bien stupide. Toutes ces années à se jurer que jamais on ne l’y reprendrait et rien qu’une petite étincelle avait suffit à tout détruire (ça a pris presque un an quand même, elle a eu du mal à prendre l’étincelle !), cela dit, elle n’avait pas peur qu’il la rejette. Si cela arrivait, peut-être même qu’elle serait soulagée, problème réglé, elle rangerait Enry dans le tiroir des affaires classées… mais elle n’y croyait pas vraiment. Elle ne se serait jamais laissé troublée par quelqu’un se désintéressant complètement d’elle, elle connaissait trop les signes, et surtout elle se moquait trop de ce qu’on pensait d’elle, si elle avait continué à lui parler alors qu’elle pensait ne plus le faire après leur baiser, c’était parce qu’il était là, et pas qu’au sens physique du terme, pas du tout au sens physique d’ailleurs puisqu’il avait été plutôt incapable de l’aider quand elle s’était fait agressée en début d’année ! Elle poussa un soupir mais se reprit bien vite. Son masque devait tenir, elle était en public là ! Mais rien que le fait qu’elle pense ainsi prouvait que pour le moment elle était trop préoccupée pour pouvoir être vraiment elle. Ah, si Damon la voyait !

Observant ses ongles qu’elle avait manucurés pour la première fois de sa vie et recouverts d’un vernis rose pâle, elle récapitula de nouveau ce qui concernait son apparence puisque c’était la seule chose qu’elle contrôlait et que penser à ça l’empêchait de penser à ce qu’elle allait dire. Donc, la robe d’été blanche à imprimé fleuri dans les tons bleus pastel, en théorie c’était impeccable, Carry n’était pas de ces filles qui aiment se dévoiler, s’habiller court ou moulant, le bal d’Halloween des serdaigles lui avait suffi en la matière et confirmé ses doutes, être sexy c’est surtout se sentir mal à l’aise ! Ses chaussures étaient des sandales à lacets de cinq bons centimètres de talons histoire de compenser le fait qu’elle fasse un peu petite à côté d’un garçon (n’importe lequel, Carry n’était pas petite mais elle n’était pas grande non plus !), son bracelet qu’elle ne pouvait pas enlever brillait à son poignet d’un rose qui l’agaçait mais qu’elle tâchait d’ignorer et ses boucles châtains tombaient en cascade sur ses épaules jusqu’au milieu de son dos. Elle n’avait pas mis de chapeau pour ne pas faire ringard (encore un effort !) mais elle sentait clairement le soleil lui taper sur le dessus du crâne. Enry avait intérêt à arriver vite, sinon elle allait choper une insolation ! Bien sûr, elle n’avait pas poussé le vice jusqu’à se maquiller, ne rien exagérer ! Et puis, elle ne savait pas le faire, donc dans ces cas là, autant s’abstenir plutôt que de se transformer en pot de peinture.

Elle estima que ce listing était satisfaisant et jeta un coup d’œil aux alentours. C’est alors qu’elle le vit arriver et elle fut soulagée que malgré ça son cœur se tint tranquille. Ses années d’entraînement n’étaient pas totalement vaines : ouf !

« Bonjour Enry. » Elle avait arrêté de lui donner du monsieur vers le mois de mars parce qu’à la longue c’était un peu fatiguant, surtout quand on mangeait avec la personne presque tous les matins de semaine (pourquoi ils mangeaient ensemble ? ils n’en savaient probablement rien eux-mêmes, c’était une habitude venu de nulle part). Elle s’était levée mais était restée près du banc, elle ne lui sourit pas mais son regard était plus expressif que ce qu’on pouvait lui voir lorsqu’on ne la connaissait pas bien (et qu’on entrait dans la catégorie moucherons de son classement personnel).

Bon, ils allaient pas y passer la journée et les civilités très peu pour elle ce jour. Elle croisa les mains devant elle et respira un bon coup avant de croiser le regard de son ami volontairement. « Je suis venue mais il faut que je vous dise que si ce n’est pas un rendez-vous galant que vous me proposer je repars aussitôt. » Bon voilà, ça c’est fait, on notera qu’elle continue à le vouvoyer même dans un moment pareil, les habitudes ont la vie dure, puis elle y tient à son vouvoiement vous savez !

Rencard. C'était bien le mot qui résonnait dans son esprit depuis quelques temps, qui, il fallait l'avouer, lui faisait mal à la tête. Ainsi, n'allez donc pas penser que notre jeune irlandais avait envoyé un message à Carry sur un coup de tête pour lui proposer une sortie. C'était depuis le début des vacances qu'il ruminait sur le sujet, et sachant que son esprit tourner toujours aux même rythmes que les années précédentes, il avait encore mit beaucoup de temps à réagir, et à agir. À rédiger cette fichue lettre qui, même si elle avait semblé été écrite avec simplicité, rapidité et assurance, il n'en était rien. Sa corbeille n'avait pas pu contenir tout le papier gâché. Mais en toute honnêteté, est-ce qu'il avait songé une seule fois à l'écologie dans un tel moment ? Du papier qu'il avait bien gâché et que sa jumelle avait récupéré sans qu'il ne le sache... C'était le cadet de ses soucis. De plus, cela rattraperait bien tout ce qu'il n'avait pas utilisé pendant une année, il n'avait rédigé aucune lettre à personne. On ne change jamais les vieilles habitudes d'Enry Stanley.

Mais revenons rapidement au sujet principal, le véritable problème de l'histoire. Si l'on pouvait considérer réellement cela comme un problème. Pour l'aigle, il était certain que c'était un problème. Difficile de s'avouer à soi-même que son cœur avait encore la capacité de battre pour quelqu'un. Et qui plus est, de la plus étrange des jeunes filles qu'il ait pu rencontré jusqu'à maintenant. La rencontre avec la brunette avait quelque peu retourner sa vie durant quoi, quelques minutes ? Durant un baiser échangé, rien que ça. Puis, il avait effacé cet évènement avec une extrême facilité, comme d'habitude. C'est bien plus simple d'oublier les évènements contraignant de sa vie, plutôt que d'essayer de vivre avec... Pourquoi s'en encombrer ? Pourtant, je dis bien pourtant, il avait commencé à prendre la "mauvaise" habitude de noter dans un coin de son esprit les heures où Charisma venait déjeuner le matin, les heures où elle passait dans la salle commune. Jusqu'à qu'ils prennent l'habitude de manger ensemble...

Il n'avait jamais pu espérer mieux comme compagnie. Même si elle était bizarre, et que parfois, "et oui" parfois... Elle lui faisait quand même un peu peur. Malgré que les surprises aient beaucoup moins d'impact sur lui aujourd'hui. Le fait qu'elle communique avec elle même, qu'elle le vouvoie, était devenue une habitude. C'était en quelque sorte son subconscient qui lui murmurait qu'il l'avait simplement accepter. Charisma était silencieuse, elle ne parlait pas pour rien dire, elle choisissait toujours soigneusement ses propos. Sa compagnie était devenue en quelque sorte, indispensable à notre jeune homme. Allons, comment réagirait-il s'il avait dû déjeuner seul un matin ? Question qui ne mérite même plus d'être étudié à l'heure actuel...

Adosser contre son lit, installé sur le sol, il fixait son reflet dans le miroir. Encore à se demander s'il avait bien fait d'inviter la demoiselle à sortir. Pourquoi avait-il l'esprit si compliqué ? Pourquoi ne pouvait-il pas se dire tout simplement, avec le sourire, qu'il allait retrouvé celle qui l'avait fait respirer un peu cette année, qu'il l'appréciait plus qu'il ne devrait. Y en avait déjà gens, dans l'école, qui exprimé ces choses avec une extrême facilité, pourquoi c'était pour lui les relations compliqués, que même un playboy ne parviendrait pas à comprendre ? Bien sur, y avait toujours moyen de se poser, de se mettre à réfléchir davantage sur le sujet. D'essayer de changer certains de ses comportements. Prendre un air plus accueillant, moins plat... Pour quoi ? Lui plaire ? ... Carry, c'était un peu, beaucoup, la fille incompréhensible qu'il n'arrivait pas à cerner. Alors cette attirance venait sans doute du fait qu'il n'arrivait pas à piger ses pensées, qu'il n'arrivait pas à la décrypter aussi bien qu'il décryptait les autres ? Un véritable casse tête. C'était ce méli-mélo qui l'avait poussé à se rapprocher d'elle ? Mais mince, de là à avoir commencé à la pister au début de l'année... Jusqu'à avoir l'envi de lui envoyer une lettre pour lui proposer un rendez vous... Il déglinguait encore. Et fallait pas être idiot pour comprendre qu'il avait une forte impression de déjà vu...

Brusquement, il s'était redressé, débarrassant son pantalon et son tee-shirt blanc à col des quelques mimis qui s'étaient incrustés. À force de se contempler dans le miroir, il en était venu à se dire que s'habiller de façon aussi présentable n'était pas une excellente idée... C'était presque s'il avait l'impression d'aller à un entretient d'embauche... Bonne idée pour avoir l'air idiot. En deux minutes, il avait dores et déjà enfilé un jeans banal, un tee-shirt noir (parce que le soleil pointait le bout de son nez... rien qu'un peu) et s'était retrouvé dehors. Le fait qu'il ait quelques minutes de retard ne le dérangeait pas... Il n'avait pas vraiment fait attention à sa montre lorsqu'il avait indiqué au taxi du lieu où il devait le ramener.
Quel galanterie d'arriver après celle qu'on avait invité...
Habillé comme d'habitude alors qu'elle était plus que rayonnante. Il n'avait pas vraiment eu l'occasion de la voir au bal dans sa belle robe, mais il avait eu l'occasion de la voir au bal d'Halloween.

Alors qu'il s'était approché, laissant son regard glisser vers ses courbes en toute discrétion, elle s'était relevée du banc sur lequel elle était assis pour le saluer. Alors que ses lèvres s'entrouvraient pour la saluer à son tour, il fut plus que surpris par les propos qui suivirent... Elle le jetait en plein dans le plat, et elle avait bien pris le soin d'entourer ce dernier avec des barbelées en métal. Du moins, c'était ce qu'il ressentait. L'aigle ne put s'empêcher d'avoir un rictus nerveux, à peine dissimuler avant de passer sa main sur son front, quittant durant quelques secondes le regard bleu pure de la jeune fille avant de le retrouver.

« Bonjour Charisma... »

Excellent début...
Il s'était rapproché d'elle, en ayant bien l'intention de ne pas perdre ce jeu du regard qui venait de s'installer, alors qu'il glissait ses doigts dans ceux de Charisma pour la tirer (ah ah promenons nous...=_=") sur le chemin avant de répondre avec sa neutralité habituelle...

« Cela fait bien un mois que je mijote ce rendez-vous. Interprète ça comme tu veux... »

Charisma était très douée pour manipuler son monde, mais elle devait bien admettre que c’était la première fois qu’elle se retrouvait prise à son propre piège… quand elle s’était arrangé pour qu’Enry l’embrasse (et avouons que pour une novice, elle s’était plutôt bien débrouillée), elle ne pensait pas se retrouver par ce bel après-midi d’été à se demander anxieusement ce qu’il pensait d’elle. Enfin, pour ce qui était de l’anxiété, elle était ma foi très relative, en effet, la force de l’habitude l’avait rendu insensible et elle gérait parfaitement la légère nervosité qu’elle ressentait, suffisamment pour que ce ne soit pas elle qui la domine.

Elle se laissa prendre la main et se fit la réflexion que c’était quand même étrange combien c’était facile et naturel alors que d’habitude elle ne supportait pas qu’on la touche (sauf si c’était de son initiative), son tuteur n’en reviendrait pas s’il la voyait ! Mais quelque chose lui disait qu’il valait mieux qu’il ne la voie pas justement.

Pour en revenir à la réponse d’Enry, elle la trouva douteuse mais connaissant le jeune homme, ce devait sûrement être ce qui s’approchait le plus d’un oui. « Roh, arrête de perdre ton temps avec monsieur porte de prison et rentrons à la maison ! Dorémi a fait du gâteau au chocolat ! » Charisma soupira et se tapa légèrement le front « Mais tais-toi un peu, si tu ne le fais pas j’avale un cachet d’aspirine en plus pour t’y forcer. » « Sa majesté est de mauvaise humeur pour quelqu’un qui devrait flotter sur un nuage. » *La ferme, les amoureuses romantiques n’ont pas de Voix dans la tête qui leur tape sur le système.* Elle avait gardé sa réponse un peu plus vulgaire que son langage habituel dans sa tête et cela persuada la voix de se taire pour de bon – au moins jusqu’à la prochaine intervention -. Sur quoi, elle retourna son regard azur sur celui de son préfet (et petit ami, enfin, fallait croire puisqu’ils se tenaient la main, mais c’était pas encore très clair pour le moment).

« Désolée... je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais entendre des voix à longueur de journée ça peut se révéler assez désagréable. Surtout qu’elle n’est pas d’accord avec moi, mais c’est une sale hypocrite. » Parce que si on remontait aux origines, c’était une idée de la Voix le baiser ! Donc, en fait, c’était entièrement sa faute si Carry était tombé am… bref, vous avez compris. Elle avait écorché le mot mentalement et même si à certains égards elle s’était faite une raison au sujet d’Enry (l’attirance, la compatibilité d’humeur et blabla…), elle n’avait pas encore avalé le côté sentiment de l’affaire. Heureusement, Enry n’était pas un bavard sentimental encore que, elle escomptait bien se passer de grandes déclarations. Après tout, ce qui comptait, c’était d’être bien ensemble, hein ?


« Vous comptez marcher sans but dans le parc tout l’après-midi ? Je ne suis pas très calée sur le sujet mais il me semble que la promenade n’est pas vraiment la première étape dans ce genre de rendez-vous. » Un fin sourire vint éclairer son visage tandis que le regard qu’elle posait sur le jeune homme était pétillant de malice. Elle avait parfaitement conscience qu’ils étaient dans un parc mais les convenances et Charisma faisaient au moins trois et demi. « Qui plus est, je me suis faite belle vous savez. » Enfin, vu comment il l’avait regardé, il avait probablement remarqué, et elle était rassuré d’ailleurs que ça lui suffise parce que vraiment les tenues d’un genre plus sexy c’était pas son truc. Pourtant, elle ne se sentait pas complexée dedans, mais elle préférait réservé ça aux grands évènements genre pour attirer le regard d’Enry à Halloween. Pas que ce ne fut pas un évènement en soit qu’elle demande à un garçon de sortir avec elle (bah oui, ça revenait un peu à ça ce qu’elle avait dit) mais bon, là elle prenait le métro pour rentrer !

Il aurait pu, bien évidemment, faire marche arrière et retourner dans son chez soi sans chercher à aller plus loin. Parce que lorsque tout devenait trop compliquer à son goût, ça lui donnait un sacré mal de crâne. Il avait beau être habituer à réfléchir, lorsque cela toucher le sujet sentimental, c'était encore une autre tasse de thé. Enry avait beau avoir dores et déjà goûté à ce thé à nombreuses reprises, à chaque fois, le goût lui semblait un peu amer. Pour finir par se rendre compte que lorsqu'il finissait la tasse, il se retrouvait seul. L'aigle avait bien compris qu'il fallait essayer de trouver de nouvelles techniques, acheter une théière peut être ? Pour pouvoir remplir la tasse lorsqu'elle commence à se vider de trop ?
Alors que ses doigts avaient entrelacés ceux de la belle brune à coté d'elle, un soupire presque inaudible s'extirpa de sa gorge, il n'était vraiment pas né pour ce genre de relation. Le bon dieu lui avait donné beaucoup de chose, alors pourquoi ne lui avait-il pas donner la chance de pouvoir être moins maladroit et détaché avec les filles ? Il avait beau se répéter des centaines de fois qu'avec Charisma se serait sans doute différent en tout point, puisque leur atome crochu s'assemblait presque à la perfection. Elle n'était pas non plus son sosie féminin, mais avec qu'elle, l'aigle voyait les choses bien plus facilement et simplement. Il tourna légèrement la tête dans sa direction alors qu'elle entretenait une discussion sans doute mouvementé avec la Voix. Parfois, il aimerait tellement ne pas avoir que des brides de conversation. Pouvoir entendre quelques phrases que prononcés cette fameuse voix l'aiderait peut être à comprendre ce qui se travaillait dans la tête de l'adolescente. Mais cette option était vite à railler de son esprit. Les sorciers avaient peut être beaucoup de possibilité, mais ils n'étaient en aucun cas télépathe. Enfin, certains si. Mais pas lui.

« Je ne vais pas t'en vouloir, ces voix font partis de toi... Si elles ne sont jamais d'accord avec toi, c'est pour une mauvaise raison... De mon point de vue. Et puis, c'est toi qui contrôle ton corps, je ne pense pas qu'elles en sont capables... »

Aux dernières nouvelles, ce n'était "que" des voix. Si ces dernières l'entendaient clairement, sans doute qu'elles se mettraient à lui balancer des cailloux invisibles à la figure. Il ne les sentirait pas, mais peut être que cela pourrait être davantage douloureux pour Charisma. L'aigle venait donc de se rendre compte que cela n'avait pas dû être les meilleurs propos qu'il avait choisis, mais c'était le fond de sa pensée. Et il n'allait pas non plus se ménager et changer de comportement juste pour faire plaisir à ces voix qui n'étaient apparemment pas très d'accord concernant leurs relations. Mais le véritable problème, c'était que c'était la jeune serdaigle qui vivait constamment avec elles, il devait peut être essayer de calmer le feu au lieu de le laisser prendre plus d'ampleur non ?

« Ce n'est que mon humble avis. Elles finiront bien par être d'accord pour quelque chose nous concernant. »

À croire que le peu qu'il faisait ne plaisait pas à ces voix. Mais il n'était pas en train de passer du bon temps avec les voix, aux dernières nouvelles, mais avec Charisma. Qui venait d'ailleurs de souligner quelques points concernant le rendez-vous. Il était évident qu'ils n'allaient pas se balader pendant des heures dans le parc. Ce dernier n'était pas assez somptueux et spacieux pour y passer des heures. Or, le jeune préfet n'était vraiment pas doué pour organiser quoique se soit, sauf lorsque cela touché l'organisation de Poudlard. Mais ce n'était pas le même scénario, et il n'avait sérieusement, rien prévu du tout. Il n'avait même pas songer à un lieu où se poser. Son expérience sur ce genre de rendez-vous était en soit... Très limite. Peut être que le teint de son visage s'était mis à pâlir sur le moment, il n'avait pas de miroir pour constater les effets qu'avaient eu les propos de la belle serdaigle sur lui. Et c'était rare de se trimballer avec un miroir par la même occasion... Vous imaginez le mec sortir en plein milieu du rendez vous " attends chérie, je regarde juste si mon teint à changer ". Même dans les films stupides à l'eau de rose, on ne voyait pas ce genre de chose. Enry avait penché légèrement la tête sur le coté alors que son regard croisa de nouveau celui de Charisma.

« On va voir si j'improvise à peu près bien... »

S'il s'inquiétait de passer pour un boulet ? Pas du tout. Il se sentait déjà assez pathétique pour ne pas avoir du tout penser à ce qu'il fallait faire. Et y réfléchir maintenant, alors qu'il ne sortait que très rarement dans ce coin, c'était un peu suicidaire. Il avait déjà songer, un jour, d'emmener sa petite amie dans un parc d'attraction, mais pour une après-midi, l'idée était puérile. Déjà qu'il faudrait le temps d'y aller. Il n'avait pas les moyens financiers pour louer un hélicoptère.
Le commentaire sur sa tenue vestimentaire lui permit de ne plus se tracasser l'esprit durant quelques secondes sur un lieu agréable pour ce fameux rendez-vous. Mais il ne put s'empêcher de souligner son comportement qui n'avait pas changé d'un pouce depuis quelques années (à croire que l'évolution, on connaissait pas chez les Stanley). Il ne lui avait même pas fait de commentaire sur sa jolie tenue. Cela lui rappelait soudainement, de très mauvais souvenir. Et franchement, penser aux mésaventures qu'il avait eu avec Heaven durant le bal de noël il y a quelques années en arrière, était très mal venu ici. Il était toujours aussi efficace en ce qui concernait faire des compliments agréables lorsqu'on faisait des efforts. Parce qu'il l'avait bien vu, Charisma, dans cette jolie robe, il avait même pris le temps de la regarder, de la détailler. Mais non, Monsieur n'a même pas songé à la complimenter. Après, il était tout à fait capable de la complimenter sur... ses efforts. Et ça aussi, ça pourrait être très mal vu.

« Tu devrais t'habiller ainsi plus souvent, tu es... »

C'était comme essayer d'avaler une punaise, très difficile. Sauf que là, il fallait essayer de la faire ressortir. Peu ragoûtant je vous l'accorde. Mais l'image était assez bien choisis. Il s'arrêta quelques secondes pour lui glisser ce dernier mot à l'oreille :

« Magnifique. »

Le mot était sans doute minime pour dire ce qu'il pensait réellement. Avec sa bibliothèque de vocabulaire, il aurait pu trouver dit fois mieux. Renversante. C'était tout à fait le mot qu'il aurait dû dire. Mais c'était déjà assez dur à dire comme ça. Parce qu'il venait tout de même de faire un grand pas, après de là à se sentir fier, ce n'était franchement pas du tout son genre. Un sourire étira ses lèvres alors qu'il glissait son bras autour de la taille de la jeune fille. Là, une fois encore, il aurait pu l'embrasser. Ce n'était pas la première fois qu'il allait goûter à ses lèvres, et le moment aurait pu être bien choisis. Mais voyez-vous, ce n'est pas dans ses... habitudes. L'esprit de l'aigle était tout à fait ailleurs. Puisqu'il avait trouvé une idée plutôt intéressante. Idée qu'il pensait originale. Même si Charisma avait tous les beaux vêtements qu'elle voulait, les filles aimaient généralement, profiter des vitrines des magasins et pouvoir acheter tout ce qu'elle aimait. Non ? Il était tellement pas doué...

« Je crois que j'ai eu une idée, le centre ville n'est pas loin à pied. »

Charisma haussa légèrement les épaules ce qui eut pour effet de mettre ses cheveux un peu plus arrières, la lourdeur de ses boucles les entraînant dans un mouvement à la limite de l’irrémédiable. Elle ne savait pas bien pourquoi elle ne les avait pas attaché, d’habitude elle le faisait toujours parce qu’ils la gênait. C’était son tuteur qui l’obligeait à avoir les cheveux longs, il prétendait que cela faisait plus féminin ainsi… et peut-être que c’était exactement pour cette raison qu’elle ne les avait pas attaché pour voir Enry, pour être plus féminine, plus femme peut-être aussi, après tout Enry était plus âgé et ils étaient encore à des âges ou deux ans cela compte. Même si Charisma faisait mature parce qu’elle avait toujours une expression grave et sérieuse, elle avait conscience de cette différence et sûrement qu’à sa manière, pas tout à fait consciemment, elle essayait de la combler.

« Non, elles n’ont aucune incidence sur ma gestuelle, par contre elles ont un lien étroit avec mon pouvoir de prémonition. J’ai avalé des cachets d’aspirine pour faire taire la Voix principale ce matin, du coup je n’ai eu aucune vision de toute la journée, c’est un peu perturbant, mais elle me casse les pieds alors je n’avais pas le choix. » Parce que déjà qu’avec les cachets Carry trouvait la Voix insupportable, alors sans, elle n’osait pas imaginer le massacre que ce serait ! En plus, même si elle le cachait bien, elle était quand même plus nerveuse qu’à l’accoutumée, du coup elle savait bien qu’elle n’aurait pas supporter d’être parasitée toute la journée. Enry n’avait pas de voix dans la tête alors peut-être qu’il n’imaginait pas ce que ça faisait mais même si au final c’était Charisma qui décidait, c’était toujours assez embêtant de s’entendre critiquer tout le long, surtout que les voix gagnaient toujours par rapport à la réalité. Enfin, quand elles n’étaient pas grandement gommées par l’aspirine.

« Tss… Il m’énerve ce blanc-bec. » La Voix était là, mais elle lui parvenait faiblement, ce qui ne serait pas le cas quand l’effet de l’aspirine serait passé, chose qui n’arriverait que le soir donc elle avait largement le temps. En attendant, c’était reposant d’être presque seule dans sa tête, d’habitude elle n’aimait pas ça parce que le silence lui fichait la trouille, mais puisque là elle était avec Enry, elle n’avait pas peur et elle profitait pleinement de n’avoir que quelques murmures par intermittences et non une cacophonie comme d’habitude. *Si tu faisais un effort, il t’énerverais moins.* Pensa en réponse Carry tout en souriant légèrement. « Probablement, elle est juste inquiète je pense. On a passé beaucoup de temps, juste moi et les Voix, que mon univers se soit élargi la rend nerveuse. » Elle avait mis les choses au singulier parce qu’il n’y avait qu’une seule voix à être désagréable, malheureusement c’était la plus puissante, celle qui dominait toutes les autres et qui avait le timbre de voix de la mère de Charisma. Mais ça n’inquiétait pas Carry, d’une part parce qu’elle ne craignait pas qu’on lui brise le cœur – il était bien barricadé quoi qu’on puisse en dire en ce jour un peu spécial -, d’autre part parce qu’elle trouvait rassurant que les Voix continuent à lutter alors qu’elle, elle avait lâché la bride. Cela lui faisait au moins un garde fou fiable. Elle ne savait pas dans quoi elle s’embarquait – pour cause, Enry était le premier -, peut-être qu’elle aurait besoin d’une douche froide de temps en temps, ne serait-ce que pour ne pas devenir une midinette en mal d’amour, la dernière des hontes selon Charisma ! Jamais elle ne ressemblerait aux filles de sa classe qui ne pouvaient pas se passer de leur copain, ça c’était MORT ! Si elle savait la pauvre, elle ne risquait rien avec son sale caractère !

« Je vous en prie. » S’il voulait improviser, qu’il improvise donc. Charisma n’était ni difficile, ni compliquée, elle suivait le mouvement… et ceci d’autant plus facilement que pour l’instant rien n’avait titillé sa curiosité (même elle, elle ne peut pas penser à trop de choses à la fois), elle n’avait donc rien d’autre à faire que de suivre Enry et d’attendre la suite des évènements.

Elle sourit légèrement en coin quand il lui dit qu’ainsi elle était magnifique. Cela semblait toujours tellement compliqué pour Enry de la complimenter qu’elle finissait par trouver ça amusant. Elle se souvenait très bien qu’il lui avait dit il y a bientôt un an qu’elle était plutôt jolie ce qui l’avait déjà fait rire et lui avait fait rétorqué qu’il était plutôt mignon. Elle n’avait malheureusement rien d’aussi spirituel à répondre aujourd’hui mais elle rétorqua néanmoins : « J’ai donc un peu progressé puisque je suis passée de plutôt jolie à magnifique. » Elle lui sourit et, comme il semblait ne pas songer à le faire, pris les devants (la patience n’est pas forcément une qualité chez les Kostovak) et se rapprocha d’Enry pour se mettre sur la pointe des pieds et l’embrasser… sur la joue. C’était un début, non ?

Puis, il lui parla du centre ville. Comme c’était Doremi, son elfe de maison, qui lui cousait tous ses vêtements (ou presque), elle n’avait pas l’habitude d’aller dans des boutiques, sauf pour les grandes occasions, alors l’idée de s’approcher du centre ville ne lui fit pas faire le rapprochement avec les boutiques, elle comptait toutefois suivre bien sagement. En fait, elle n’avait jamais été aussi sage qu’aujourd’hui avec Enry, il ne faut pas oublier qu’à l’origine ils bataillaient parce que lui, son préfet, essayait qu’elle, l’élève plus jeune, aille se coucher comme tout le monde le soir. Mais bon, elle aussi elle essayait de se faire bien voir, et surtout elle n’avait réellement aucune préférence à ce sujet.

« D’accord, allons-y alors. Vous pensez qu’ils vendront des glaces ? » Elle n’avait pas vraiment faim mais elle avait chaud, le soleil tapait fort et elle n’avait pas son chapeau. Elle espérait ne pas attraper de coup de soleil d’ailleurs… parce que ressembler à une écrevisse la contrarierait !

La question d’Enry lui sembla étrange mais elle supposait que c’était le jeu. Enfin, il pouvait s’accrocher pour qu’elle lui parle de son enfance, mais les Voix, c’était encore dans le domaine du possible, c’était peut-être même mieux s’il en savait plus parce qu’elle ne pourrait décemment pas prendre de l’aspirine à tout bout de champ – c’était mauvais pour la santé – et que donc, elle se mettrait très souvent à discuter avec les voix, qu’il soit là ou pas. Dans l’absolu, il avait l’habitude, elle était comme ça depuis toujours, mais s’il comprenait le pourquoi ou avait, tout au moins, un semblant de réponse, peut-être que c’était mieux, plus positif pour leur future relation aussi.

« Il manque quelque chose. J’ai toujours entendu des voix, depuis que je suis tout bébé. Les gens se moquaient de moi à cause de ça, mais ma mère me disait toujours que ne pas être comme les autres n’était pas une tare mais une chance. Plus tard j’ai compris ce qu’elle voulait dire par là quand j’ai réalisé que les voix n’étaient qu’un aspect de mon don. » Ce qui déformait un peu le message de sa mère mais Carry se plaisait à le voir ainsi. Elle était différente parce qu’elle avait un don – tout comme Enry d’ailleurs – donc elle était chanceuse en un sens d’être différente parce que Carry et la chance, sinon, ça fait trois. Avoir un don c’était plutôt la classe, non ? En plus de ça, le sien était cool si elle devait l’exprimer de façon jeune !

« Vous êtes jaloux des voix ? Parce qu’elles sont dans ma tête ? » Elle frôla sa tempe de sa main libre d’un air pince sans rire. « Je vous rassure, il n’y a pas de quoi. Quant à savoir des choses sur ma personnalité… Vous en apprendrez forcément, et sur moi en général aussi. Au fur et à mesure. Parce que j’ai du mal à faire confiance, ce n’est pas contre vous, je suis comme ça c’est tout, alors ce sera par petites touches… Et pareil de mon côté à votre sujet. C’est ainsi que ce sera intéressant, vous ne pensez pas ? » Elle n’avait probablement jamais autant parlé depuis qu’ils se connaissaient. Autant elle était réservée, autant elle n’était pas spécialement silencieuse, elle avait même plutôt besoin de s’exprimer en général, surtout lorsqu’un sujet la passionnait, mais elle ne parlait jamais pour ne rien dire… et finalement, jusqu’ici, ses conversations avec Enry avaient beaucoup tourné autour de leur vie quotidienne à Poudlard, comme si à force de se chercher, ils oubliaient l’essentiel. Ceci avait frappé Charisma de plein fouet le jour où elle avait reçu la lettre d’Enry l’invitant à ce rendez-vous. Elle avait réalisé qu’il lui avait manqué et qu’elle ne savait même pas où il vivait, ni dans quelle condition, ni quoi que ce soit, et ça l’avait rendu un peu triste… bien sûr, la réciproque était vrai. A part qu’elle vivait avec un tuteur et qu’elle avait un elfe de maison, elle ne lui avait rien dit sur elle, parce qu’elle voulait le tenir à distance, parce qu’elle avait peur de ses sentiments aussi sûrement…

« Qu’est-ce que c’est un parc d’attraction ? » Ne jamais oublier que Charisma est une bonne petite sang pure de derrière les fagots et qu’en plus elle vit enfermée dans une cage dorée par son tuteur ! Certes, elle lit beaucoup, ce qui compense la plupart de ses lacunes, mais elle n’avait jamais entendu parler de parc d’attraction… sûrement parce que sa culture littéraire était trop ancienne pour ça. « Nous verrons pour les vêtements. Je ne connais pas du tout les boutiques moldus donc je ne sais pas s’ils vendent des choses qui pourraient me plaire. » Après, elle n’était pas contre un cadeau, même si elle devrait le planquer jusqu’à son entrée à Poudlard pour qu’Andrew ne le voit pas ! Parce qu’un cadeau était traditionnellement un signe d’affection, dans la mesure où elle ne comprenait pas bien ce qu’elle fichait là, avec Enry, alors que lui semblait à peu près sain d’esprit (c’était pas son cas, elle le savait XD) et qu’à Poudlard il était plutôt populaire (fin, comme un préfet l’est obligatoirement quoi), une preuve qu’elle n’était pas en train de se faire un film l’aiderait peut-être à y voir plus clair. Ou peut-être pas. Mais ça se tentait. Qui plus est, sa seule indéniable qualité personnelle étant sa beauté (merci papa, merci maman merci cousine), Enry avait peut-être envie de la voir dans des vêtements bien particulier. Il fallait qu’elle mène l’enquête (on notera à cet instant précis la différence entre l’enquête que veut mener Enry et celle que veut mener Carry XD).

« Avec un peu de chance ? En fait je crois que j’ai compris. » Elle avait légèrement haussé le sourcil, l’air incidemment perplexe sur le moment avant de lui dire qu’elle avait compris, mais compris quoi hein ? Tout simplement qu’Enry ne pouvait vraiment pas être avec une fille type midinette, il était bien mieux avec elle, parce qu’au moins elle se fichait qu’il n’arrive pas à dire ce qu’il pensait, elle savait qu’elle était jolie et n’avait pas vraiment besoin qu’on le lui dise (les chevilles ça va aussi, merci), elle cherchait juste à le taquiner, et c’est que ça marchait en fait !!!

« Pour tout dire, j’avais prévu de mettre un chapeau à la base, mais je craignais que ça ne gâche ma tenue. Voilà exactement pourquoi d’habitude je privilégie le côté pratique. » Elle secoua ses boucles brunes d’un air désolé mais bon, dans le centre il devait y avoir de plus haut immeubles donc plus d’ombre. Ils continuèrent à marcher et arrivèrent dans le centre seulement quelques instants plus tard. « Regardez, il y a un salon de thé là-bas, nous pourrions nous y arrêter avant de recommencer la balade ! En plus nous serons à l’ombre ainsi. » Oui, finalement, sa glace elle y tenait

L'aigle savait pertinemment qu'il aurait pu éviter la question, trouver un autre sujet beaucoup moins bancale. Peut être qu'elle n'avait pas envi de lui répondre, même si ces voix faisaient tout de même partie de sa personnalité, c'est ce qu'il la rendait si différente des autres. À ces débuts, quand il l'avait croisé dans la salle commune des aigles, elle lui avait fait quelque peu peur, mais cette crainte cachée s'était plutôt rapidement envolée. Il avait fini par l'apprécier plus qu'il ne l'aurait voulu. Ne c'était-il pas dit un an plutôt, après l'échec cuisant de la relation avec Keira qu'il ne comptait pas ressortir de si tôt avec une fille ? Mais avec Carry, tout avait commencer d'une façon différente, et imprévisible surtout.

« Je n'appellerais pas ça une chance... Personnellement. Mais ta mère n'avait pas tord sur un certain point, tu es très différente, cette dernière c'est un peu ton bagage, ta force. »

Bien sur, s'il avait des voix dans la tête, peut être que l'une d'elle lui aurait dit qu'il était un sale bougre, qu'il parlait de travers, qu'il pouvait vexé. Pourtant, Enry était tout à fait conscient que Carry n'était pas du tout le genre de personne à se mettre à chialer et à s'enfuir en courant. Cela n'existait que dans les mangas ça, et quand les filles sont un peu nunuche. Carry était bien loin de tout ça, le fait qu'elle soit beaucoup plus mature que les autres était sans aucun doute une caractéristique qui l'avait le plus attirer. Mais ces petits commentaires, il les gardait pour soit. Bien au chaud. Il aurait bien pu lui murmurer au creux de l'oreille qu'il aimait cette particularité chez elle, mais Enry avait beau être quelqu'un de romantique, il n'en restait pas toujours aussi maladroit. Même à 16 ans, ça n'a guère changé.

« La curiosité a toujours ces vilains défauts. Et je ne sais pas vraiment si je peux appeler ça de la jalousie... » Parce qu'on ne sait jamais ce que peux cacher l'autre. Et si Charisma lisait dans son esprit, qu'elle apprenait ce qu'il faisait subir à sa jumelle, qu'il ignorait presque totalement sa famille ? Qu'il en oubliait jusqu'à ses amis ? Le point fort dans l'histoire, c'est qu'elle n'en saurait rien tant qu'il n'ouvrirait pas la bouche. Il avait une difficulté tout aussi importante que Carry à se confier, mais ce n'était pas par méfiance. Mais par crainte. « Disons plutôt que j'aimerais éviter de t'offrir une chose que tu pourrais ne pas aimer... Et en toute honnêteté, si tu n'aimes pas une chose que je t'offre, que je te dit, je préfèrerais que tu me le dises en face. Mais en soi, je ne pense pas que cela risque d'être un réel problème. » Carry n'avait jamais eu aucun mal à lui dire une grande partie de ses pensées sur certains sujets, pourquoi cela changerait. À propos de présents, il y songeait tout de même, à lui offrir quelque chose un jour. Peut être pas demain la veille, c'est sur. Il oublierait peut être de lui donner le jour où il voudrait lui offrir quelque chose. Il oublierait peut être la chose en question dans sa malle devant son lit.

« Tu n'en as jamais entendu parler ? » La seule fois où il avait été dans un parc d'attraction, cela avait été avec Thaï. Il n'avait que treize ans, et il n'avait pas du tout aimer. Pourquoi ? Le monde. Rien que ça. Cela lui avait donné la nausée. Faire découvrir à Charisma ce qu'était un parc d'attraction risquait de lui demander un peu trop d'effort. « Ah... Oublie, ce n'était qu'un exemple. » Il avait aussi oublier que Charisma ne vivait pas totalement dans son monde, que lui connaissait presque aussi bien le monde des sorciers et le monde des moldus, mais qu'elle n'avait pas vraiment beaucoup de connaissance en ce qui concerne ce dernier.

Il hocha simplement la tête sans ajouter rien de plus lorsqu'elle lui répondit qu'elle ne savait pas si les vêtements moldus pouvaient avoir des vêtements qui pourraient lui plaire. Et il n'ajouta pas non plus quelque chose à sa réplique quelque peu, bancale elle aussi, concernant le physique de sa petite amie. En bref, il n'avait pas les mots pour la décrire, du moins, ils restaient bloqués dans sa gorge. Depuis quand les mots avaient des atomes crochus ? Qu'il vous empêchait de les laisser sortir ? Il ne sut pas non plus décrire ce que la demoiselle voulait sous entendre par " en faite, je crois que j'ai compris ", et comme sa curiosité n'était pas poussée à ce point, il préféra se taire tout simplement. Gardant le silence, jusqu'à tourner la tête dans sa direction : « Tu aurais pu tout de même en mettre un... Ça peut éviter une insolation. M... » Il ne termina pas sa phrase alors que Carry parla d'un salon de thé. Oui, ils seraient à l'ombre, et les boutiques attendraient. Il avait compris, elle la voulait à tout prix cette glace.

« Espérons juste qu'il n'y ait pas beaucoup de monde... » Commentaire qui le concernait surtout lui en réalité... Or, il avait tellement de chance qu'il y aurait du monde, avec un soleil pareil en vue, la plupart des personnes agirait comme Carry, une bonne glace fraîche. Il s'imaginait déjà demander au serveur une salle spéciale... « Tu as déjà une idée de tes parfums ? » Non, il n'était pas du tout en train d'inciter à Carry de choisir très vite sa commande. Lui il avait déjà choisis. Rien que de l'eau...

Charisma glissa machinalement la main dans ses longs cheveux châtains foncés, ses doigts ne rencontrant fort heureusement aucun nœud (dans la mesure où Dorémi lui brossait les cheveux pendant presque une heure le matin, ce serait malheureux). Tout ceci était sûrement trop compliqué pour Enry, il lui manquait trop de donnés, et elle n’était pas encore prête à les lui confier.

« Ma mère passait pour étrange elle aussi, peut-être que c’est pour cela qu’elle me disait toujours que c’était une chance. Quoi qu’il en soit, entendre des voix n’est pas si désagréable que ça, nous sommes juste en désaccord dernièrement. » Elle avait répondu d’une voix calme et avait, une fois de plus, effleuré sa tempe. « Tu pourras lui dire de ma part que s’il s’approche trop près, je le mord ! » Cette phrase fit rire Charisma légèrement, comme un son de clochette. Carry avait plutôt une voix grave, profonde, et posée, mais lorsqu’elle riait on l’entendait plus aigu. En réalité elle la rendait grave par habitude, cela faisait parti de son personnage.

« Comment veux-tu le mordre, tu n’as pas de dents ! » Elle avait répondu tout fort, riant toujours de l’idiotie de cette phrase. « Désolée, la Voix est en train de raconter n’importe quoi. Elle veut vous mordre dit-elle. » Elle ne précisa pas que c’était s’il s’approchait puisque 1) ça n’avait pas l’air d’être dans ses intentions (devait-elle s’en vexer ?) 2) cela aurait pu être mal interprété. Elle savait parfaitement ce que la Voix voulait dire par s’approcher, et elle trouvait ça complètement hors de propos. Elle avait parfaitement confiance en Enry autant ce jour là que pour dans le futur elle le prouvera d’ailleurs en allant dormir avec lui hein.

« Vous prêchez une convertie. Je suis une horrible curieuse, ça n’a pas que de bons côtés. Mais cela dit, ma curiosité est plus portée sur les choses que sur les gens. Les êtres humains sont si semblables, si pervertis… Et je ne suis pas mieux qu’eux bien entendu… alors ils ne m’intéressent pas. » Sauf lui bien entendu, mais ce n’était pas parce qu’elle le pensait meilleur que les autres, d’ailleurs elle ne s’expliquait absolument pas son attirance pour le septième année. Elle avait juste accepté que ce fût une réalité… mais ce qu’elle n’avait justement pas dit à dessein, c’est que tout ce qu’il lui cachait, elle comptait bien le découvrir. Mais pas aujourd’hui. Elle n’était pas pressée, ils avaient tout leur temps, et puis une découverte qui a lieu trop tôt perd tout son charme. Il y avait toujours une exception à la règle et si elle ne cherchait pas à connaître les autres en temps normal, Enry était alors l’exception.

« Voilà qui ne sera pas bien difficile. » Même si pour un cadeau ça avait peu de chance d’arriver, Enry ne pouvait pas être pire qu’Andrew, et elle avait toujours porté les cadeaux de son tuteur ! Après, comme elle restait très objective sur le jeune préfet, qu’il n’espère effectivement pas qu’elle lui signale lorsqu’il disait quelque chose qui ne lui convenait pas. Une chance sur mille que ça arrive, elle était plus rancunière que susceptible, et la conversation d’Enry lui avait toujours convenu, sinon elle ne serait pas avec lui par cette belle journée.

« Vous manquez d’imagination monsieur Stanley, il pourrait au contraire être très amusant qu’il y eut foule… » Elle laissa sa voix en suspension, amusée par l’idée qui germait dans son esprit. Elle savait parfaitement qu’Enry n’aimait pas beaucoup plus le genre humain qu’elle (en fait, à priori, il devait même l’aimer plus qu’elle, il n’appréciait juste pas le nombre) ce n’était pas ce qui l’amusait, je vous laisse deviner ce que c’est de toute façon vous allez vite comprendre.

« Pourquoi pas fruit de la passion ? Puisque aujourd’hui je perds mon titre de princesse des glaces, c’est fort à propos. » Et c’était en plus très rafraîchissant avec une boule citron. Elle entra la première, tirant Enry derrière elle allez mon grand, elle a pas l’air comme ça, mais elle est très volontaire comme fille.

Comme prévu, c’était bondé, on pouvait à peine faire un pas devant l’autre. Carry se fit bousculer sans broncher, dardant seulement de son regard devenu glacial au milieu d’une foule le malotru et passant à autre chose, à savoir s’approcher du stand. Mais la foule la rapprochait d’Enry, elle était presque collée à lui puisqu’elle se refusait à lui lâcher la main (on sait jamais, qu’il veuille fuir XD). La situation l’amusait, vous l’aurez compris, parce qu’elle était contradictoire. Ils n’avaient pas été aussi proche physiquement depuis leur premier baiser il y avait long maintenant, et en même temps, c’était parce qu’ils étaient dans un bain de foule, ce qu’Enry détestait (et qu’elle n’adorait pas, disons le, elle était un peu agoraphobe elle aussi). Elle passa et régla plus vite que son ombre la commande une fois arrivée devant le comptoir et une fois servie, elle désigna une table. Elle s’y assit, lâchant à regret la main d’Enry mais se promettant bien que ce n’était que parti remise. « Eh, dis, j’suis encore là moi ! » protesta la voix, mécontente des projets immédiats de sa propriétaire. Mais Carry avait besoin de s’assurer que c’était un vrai rendez-vous, que c’était sérieux… et quand une Kostovak veut quelque chose, elle l’obtient, méfie-toi Enry ! « Vous voulez goûter à ma glace ? » Et là, il valait mieux qu’il se méfie surtout de la petite lueur dans les yeux de Carry car cette question n’avait rien d’innocente.

L'aigle se demandait bien sur quel point les voix étaient en désaccord avec elle. Poser la question directement serait peut être plus rapide, simple, au lieu de chercher par lui même. Mais de toute évidence, cela devait le concerner. Ainsi que Charisma. Peut être que tout simplement, il n'avait pas envi de réellement savoir ou qu'il s'en contrefichait. Pas qu'il se moquait complètement de ce que pensait les voix de la relation qu'il entretenait avec la belle brune. Disons plutôt qu'elles n'avaient pas à donner leur avis sur le sujet. Et puis quoi encore... Il s'en moquait un peu que les voix ne soient pas d'accord avec elle. En tout cas, il ne fut pas surpris d'apprendre que la mère de Charisma avait également hérité de ces dons, ce don semblait donc héréditaire. Mais est-ce que seulement les femmes de la famille de Charisma avait eu droit à ce don ou alors certains hommes dans sa branche familiale l'avait eu aussi ?

Il ne put s'empêcher de hausser un sourcil lorsque la demoiselle se mit à rire pour une raison qu'il ne connaissait pas. Si seulement il avait eu un don de télépathie, ça aurait été tellement plus simple. Pourtant, en y réfléchissant bien, il était ravis de ne pas avoir eu ce don. Entendre constamment ce que pensait les autres, non merci. Pas que notre Stanley s'inquiétait de savoir ce que pensait les autres, disons qu'il avait déjà assez à faire avec ses propres problèmes...

Puis finalement, la belle brune finit par lui dire ce qui la faisait rire. Ah ben tiens, la voix voulait le mordre ? Pour quelle raison ? Il avait peur qu'il se rapproche trop de Carry ? Il n'allait pas s'éloigner d'elle pour lui faire ce plaisir. « Une chance pour moi qu'elle n'ait pas de dents... » Il avait du mal à imaginer qu'une voix dans l'esprit de Carry pourrait un jour le mordre.. Admettons que la voix parvenait à se matérialiser en quelque chose, d'humains ou pas, elle se mettrait à lui courir après pour le mordre ? oO

Un mince sourire étira son visage durant un court instant, il savait que Carry était quelque peu curieuse, mais elle le dissimulait toujours bien en choisissant avec finesse chacun de ses propos. Pour ne pas donner l'air d'avoir l'air trop curieuse justement. De plus, la précision supplémentaire sur le fait qu'elle était plus curieuse sur les choses en eux même que les gens en général ne l'étonnait pas du tout. Ce n'était pas disons, une grande nouvelle. Le jeune préfet partageait tout à fait son point de vue, il ne s'était jamais réellement intéressé à la vie des autres, pourtant, depuis quelques années, cela avait un peu changer. Quand on doit se forcer à être attentif pour ses camarades les plus proches, on ne peut pas faire comme si ça nous concerner, rester de marbre devant des faits importants. Mais là, on s'éloignait un peu trop du sujet. « Ce n'est pas une question d'être mieux qu'eux, ou pas mieux qu'eux. Et puis, il y a toujours des personnes moins pervertis que d'autres, notamment les plus jeunes, c'est leur entourage qui les pervertis. » Il n'aimait déjà pas ce sujet de conversation, son point de vue n'était pas toujours des plus optimistes, néanmoins, la belle adolescente à ses cotés, aurait peut être le même point de vue qu'elle. Ah et puis quoi, si elle n'avait pas la façon exacte de voir les choses comme lui, il n'allait pas chialer. « Il faudrait peut être enfermer ces gens non pervertis encore dans une petite boîte, une ville imaginaire, pour préserver un peu d'innocence. » Mais quelle idée merveilleuse...

Ses doigts serrèrent délicatement la main qu'il tenait, alors qu'il se tournait de nouveau dans sa direction. La raison pour laquelle une légère pression s'était échappé à son contrôle ? Seulement que... Il n'aimait pas la foule. C'est tout. Ça l'opprimait, l'étouffait. Et en cinq ans de vie à Poudlard, le fait qu'il y a toujours foule dans les couloirs au sonnerie ne l'y avait pas habitué pour autant. « Ce n'est pas qu'une question d'imagination... » Oui, mais s'il y avait moyen d'imaginer que la ville était complètement vide de gens, s'il y parvenait avec la seule force de son esprit (super force oui c'est ça...), ce serait vraiment magnifique. « Et bien dit moi, qu'est-ce qui pourrait être amusant à ce qu'il y ait de la foule ? » Rien de toute façon... Rien du tout.

Sa petite amie choisit assez vite son parfum, allez vite vite, on va manger cette fichue glace, et on va prendre un nouveau bain de soleil. Les gens avaient trop chaud, ils préféraient sans doute attendre un peu que le soleil descende à l'horizon avant de poursuivre leurs achats. Et c'était une bonne occasion justement, parce qu'il n'y avait pas grand monde. Pourtant, une autre partie de lui ne cessait de lui répéter qu'il fallait quand même qu'il fasse passer avant les désirs de Carry, avant les siens. * fuir fuir fuir * À peine entrer dans le refuge des gens souffrant de la chaleur, ils furent coller l'un à l'autre. Ce n'était pas pour le déplaire, par moment, il baissait légèrement la tête vers le visage de la jeune fille, pour voir si elle n'étouffait pas (il était quand même plus grand qu'elle non) & puis, les gens... les gens. Ils ne faisaient même pas attention. C'était presque comme si des paysans mourraient de fin et qu'un stand de nourriture venait d'ouvrir le matin au coin du village... Ils se ruaient presque sur la caisse. C'était... insupportable. Mais toujours est-il qu'il avait beau être pâle, il restait impartial. la situation était critique, très critique. Mais sa fierté, il n'allait pas non plus la balancer par la fenêtre... Qu'est-ce qu'il ne pouvait pas supporter ces duels intérieurs avec lui même et lui même...

« ... » Leurs mains s'étaient séparés, ils s'étaient installés à une table double un peu à l'écart du bruhaha insupportable près de la caisse, et à peine étaient-ils installés qu'elle lui proposait de goûter à sa glace. C'était bon peut être, fruit de la passion. Et lui, avec sa bouteille d'eau il faisait bien pâle figure. Enry avait bien remarqué cette petite lueur dans les yeux de sa belle, et un léger sourire étira de nouveau ses lèvres avant de répondre en faisant danser la bouteille devant les yeux de sa belle : « L'eau c'est comme la glace, sauf que la glace a du goût. Je vois pas trop la différence en terme de déshydratation... Le résultat est le même. » Mais il se pencha en avant légèrement. « C'est un baiser indirecte que tu me proposes ... ? » Non parce qu'il l'avait vraiment bien vu cette petite lueur, même s'il ne connaissait pas encore super bien Carry, ce genre de détails, il les voyait. Et au fond, il mourrait d'envie de savoir l'idée qu'elle avait derrière la tête. C'était presque une petite moue qui s'était affiché sur son visage, accompagner d'un quoi...? D'un semblant de grimace oui. « T'as quoi comme idée en tête Carry ? »