I need somebody [PV]

On faisait toujours quelque chose que l'on venait à regretter un jour ou l'autre. Ce petit quelque chose qui faisait qu'on pouvait se détester ou que l'on pouvait bien vouloir mourir et on en passait encore. Kaïn avait fait une de ces choses qui faisait qu'il en venait aujourd'hui à vraiment se détester. C'était n'importe quoi ? Oui, peut être. Et il ne pouvait tout simplement pas s'empêcher de regretter parce qu'en plus de ça, il ne pourrait jamais se pardonner d'avoir fait tout ça... Ridicule ? Non pas tant que ça. Chiant oui, ça par contre, ça l'était vraiment. Il se trouvait pathétique de se retrouver là, sous la pluie, à pleurer comme une simple et vulgaire fille. Il se trouvait pathétique et c'était probablement ce que les gens qui le croisaient été en train de penser. En larme, il s'était mis assis au bord du trottoir, juste devant chez lui. Ses parents n'étaient pas là et il n'avait pas vraiment envie de se retrouver tout seul... Ca pouvait paraître ridicule oui, c'était probable. Enfin bon, il préférait donc rester là, sous la pluie, sans avoir à craindre quoi que se soit, si on pouvait vraiment dire les choses comme ça. Il avait peur de ne pas tenir le coup, peur de se retrouver noyer par tout ça. Cette histoire était en train de le détruire et il venait d'anéantir sa seule chance pour que les choses s'arrangent. Il était allé voir la seule personne qui aurait pu le sauver de tout ça, mas elle n'avait rien voulu savoir alors oui, il se retrouver seul et il devait faire avec en plus de ça...

En se rendant à la maison Ziegler, il avait su qu'il ne pourrait jamais être bien accueilli pour avoir été celui qui avait tué leur fils. Bien sûr que dis comme ça, ça pouvait vraiment être moche et il ne l'avait pas tué directement... Mais il avait lancé le pari qui l'avait tué, il avait été dans l'autre voiture et il avait tenu Kayne dans ses bras pour tenter de le maintenir en vie. Ce garçon qui portait presque le même nom que lui avait été un de ses proches amis et le perdre avait été difficile. Mais il semblait vraiment avoir réussi à tenir le coup par rapport à la sœur du défunt et c'était vraiment une chose qui était flagrante ça par contre... Elle semblait aller plus que mal et il ne savait même pas ce qu'il pouvait bien être supposé faire pour l'aider. Se faire pardonner et venir se dénoncer aurait pu servir oui, c'était évident. Si seulement il l'avait fait plus tôt mais non, ce n'était pas le cas, il avait sagement attendu, bêtement même. Alors si au jour d'aujourd'hui, elle refusait de le pardonner, c'était tout à fait normal. Et c'était pour ça qu'il était là, en train de pleurer comme un imbécile et qu'il ne savait même pas quoi faire.

Il savait qu'il avait besoin de soutien, il savait qu'il avait aussi besoin d'aide et qu'on le soutienne mais vers qui se tourner ? Tyler ? C'était une histoire difficile que les gens ne voulaient peut être pas attendre alors est-ce que c'était une bonne idée ? C'était une très bonne question, oui. Donc voilà, il ne savait pas quoi faire et ça faisait qu'il était encore dehors. Les gouttes perlaient de ses cheveux qui avaient perdu de leurs superbes et qui n'étaient carrément plus frisés comme avant, considérablement plats et mouillés. Normal, la pluie ne semblait pas s'être arrêtée un seul instant. Et puisqu'il n'était pas rentré, il n'avait pas pu se mettre à l'abri. S'il risquait de tomber malade ? Il le savait parfaitement et ne s'en souciait guère. Il s'en moquait totalement oui, voilà.

Il transplana, sans vraiment s'en rendre compte. Il aurait pu rentrer chez lui, dans son appartement mais il ne le voulait pas. Il aurait pu trouver Jake mais il lui avait fait promettre de ne plus parler de tout ça avec lui... Cette histoire avait chamboulé trop de monde parmi ses amis moldus pour qu'il puisse vouloir tout remettre sur le tapis. Ce n'était pas vraiment ce qu'il y avait de plus important, voilà tout. Regardant autour de lui, il réalisa qu'il avait atterri devant chez Ruth. Il savait que s'il avait besoin de parler, c'était vers sa meilleure amie qu'il devait se tourner, même si avant, il y avait fort à parier qu'il aurait préféré se tourner vers... Nate... Il frappa à sa porte, espérant qu'elle soit là. Il était pathétique, pâle, en larme et tremblant de froid. Il essayait tant bien que mal de se ressaisir mais c'était comme s'il avait reculé dans le temps. Il se revoyait rentrer chez ses parents, couvert de sang et qu'il était en pleine crise de nerfs... Il s'était d'un seul coup effondré et avait tenté de tout oublier mais n'y était jamais arrivé. Aujourd'hui il s'était cru suffisamment fort pour pouvoir affronter la famille Ziegler mais non, il ne l'était pas. Pas du tout...  « Ruth s'il te plait ! Ouvre moi ! ». Il tomba à genoux, le front appuyé contre la porte. Il aurait voulu mourir plutôt que de recommencer à ressentir tout ça à nouveau...

« Il fait un temps de ch*otte ! M*rde ! »

Ruth venait de passer le seuil de la porte de son appartement et elle était trempée. Ses longs cheveux roux goutaient sur le sol, tandis que ses fringues étaient tout simplement bonnes à être essorées à la main. Luca, sa sœur, pointa le bout de son nez, elle était (sans grande surprise) au téléphone avec son cher et tendre blondin de chi*tte, ce qui eut le don d’exaspérer plus encore la rouquine qui retira son T-shirt en plein milieu de l’entrée, se trouvant en soutient gorge, elle essora son haut, tout en grimaçant :

« Ça me saoule ce temps de m*rde, on peut rien faire alors qu’on est en été b*rdel !!! »

Luca raccrocha et observa sa sœur, soupirant :

« Tu devrais penser à être un tout petit peu plus vulgaire, Ruth, ma Chérie, je t’assure c’est tellement sexy… »
« Si c’est pour écoper d’une tarlouse comme ton copain, merci bien mais je préfère être vulgaire à souhait ! »
« La pluie ne te réussit vraiment pas… »

Ruth fusilla sa sœur du regard et prit sa baguette magique haha tu fais moins la maligne là, hein Luca ???? MOUHAHAHA. La cadette des jumelles nettoya le sol d’un coup de baguette et s’engouffra dans la salle de bain. Elle passa sous l’eau brûlante et en sortit bien plus sereine qu’au moment où elle était entrée dans l’appartement. Luca était installée dans le salon, assise sur le sofa, en tailleur, se faisant les ongles bref, elle faisait rien de bien intéressant quoi *paf*. Ruth vint s’affaler à ses côtés, sèche et fréquentable.

« Non, vraiment Luca… Erwan est naze… »
« On en a déjà parlé, et j’en ai rien à faire. »
« Pfff… »

La rouquine laissa aller sa tête sur les genoux de sa sœur, tandis que cette dernière posait son pot de vernis. Elles avaient beau se crêper le chignon, au fond elles s’aimaient quand même énormément. Luca était la personne la plus importante dans la vie de Ruth et elle ne l’échangerait pour rien au monde, même si elle trouvait ses goûts en matière d’homme plus que m*rdique… sa sœur ne pouvait, après tout, pas être parfaite, n’est-ce pas ?

Luca réfléchissait au programme de la soirée, tendis que Ruth hantait la cuisine (pas vraiment motivée pour cuisiner, en fait…). Et c’est à ce moment là (alors qu’il pleuvait toujours des cordes dehors) que l’on frappa à leur porte. Ruth leva la tête vers Luca étonnée :

« Tu attendais quelqu’un ? »
« Non… »

Luca se dirigeait vers la porte quand la voix de Kaïn s’éleva. Ruth, plus qu’étonné,e fit signe à sa sœur de laisser, elle alla ouvrir la porte et… ce qu’elle vit lui coupa le souffle. C’était bien son meilleur ami qui était là… mais dans quel état ! Il était à genoux, sa tête baissée, et plus que trempés :

« Kaïn !!!! Mais tu vas chopper la mort !!! »

Ruth s’agenouilla à ses côtés et là, elle n’en revint pas… Il pleurait. C’était la première fois qu’elle le voyait pleurer et ça lui faisait mal. Terriblement mal. Jamais elle n’avait vu son meilleur ami ainsi et cela signifiait, forcément, que quelque chose s’était passé. Et ce n’était pas un ‘quelque chose’ négligeable… Non, vraiment pas…

Ruth se tourna vers sa sœur, l’implorant du regard (en gros, si elle pouvait partir pour la soirée, ben ça l’arrangeait…). Luca étant loin d’être une imbécile sans cœur se glissa dans sa chambre, prenant veste, chaussures et transplana (sûrement chez son copain… pour une fois qu’il servait à quelque chose celui là !). Ruth restait à genoux, prenant la tête de son meilleur ami dans ses mains, les cheveux bruns de se dernier, étaient trempés, tout comme l’étaient ses vêtements et chaque parcelle de sa peau.

« Reste pas là, mec… Viens. »

Elle le tira par le bras, pour qu’il se lève et passe le seuil de la porte, tandis qu’elle l’observait avec douleur. Jamais, elle ne s’était préparée à le voir dans cet état… jamais elle n’avait pensé qu’un jour il lui reviendrait comme ça… Et ce qui l’intriguait, surtout… c’était de savoir…

« Qu’est-ce qui se passe ? »

Elle prit sa baguette (qu’elle avait gardé sur elle après sa douche) et fit voler la couverture dont elle s’était couverte, alors qu’elle était allongée sur le sofa, et la posa sur les épaules du sorcier. Elle se sentait ridicule et inutile. Elle n’était vraiment pas une fille douée pour remonter le moral des gens, tout simplement parce que niveau sensibilité, elle était loin d’être un modèle. Ca la mettait plus mal à l’aise qu’autre chose… Elle ne savait pas quoi faire… Elle ne voulait pas l’étouffer mais pas être trop distante non plus… Elle hésitait à le prendre dans ses bras, à rester là, devant lui, sans rien faire… Tremblant légèrement, elle hésita encore un instant, et finit par prendre la tête de son ami entre ses mains, déposant un baiser sur le front de ce dernier (chose vraiment extrêmement rare, généralement, ils se serraient la main…) et elle glissa ses bras autour du coup du jeune homme, restant silencieuse. C’était à lui de parler à présent… mais s’il refusait de parler, alors, elle improviserait… Elle ferait son possible pour qu’il revienne…

Ce qu'il avait ? Mal au coeur. Ce n'était pas une maladie, ce n'était pas quelque chose que l'on pouvait soigner comme ça et c'était justement pour cette raison que les choses pouvaient vite devenir difficile. Il ne savait pas comment se comporter, il ne savait pas quoi faire, tout simplement parce que la dernière fois qu'il avait été dans cet état, c'était vers sa mère qu'il s'était tournée mais il ne pouvait pas non, il ne pouvait pas lui infliger ça une nouvelle fois parce qu'il n'avait pas souvent vu sa mère pleurer et ce jour là, elle avait versé plus de larmes que de raisons, oui voilà... Alors il ne voulait pas remettre cette histoire sur le tapis. Le truc, c'était que non, elle n'aurait probablement pas dû aller voir Ruth non plus. Elle ne savait rien de tout ça et c'était pour cette raison qu'elle n'aurait jamais dû en savoir plus encore. Mais il n'avait pas su où aller et Ruth avait toujours été sa meilleure amie non ? Alors il ne voyait pas vers qui il aurait pu aller... C'était bizarre hein ? Oui, voilà, c'était aussi simple que ça. Et pourtant, malgré tout, il n'y avait rien qui aurait pu l'engager à aller dans cette direction, oui voilà. Enfin bon, tout ça pour dire que s'il y avait bien une chose qui était totalement en train de le dégoûter, c'était bien le fait qu'il soit là, à genoux, limite en train de ramper devant sa plus chère amie. Qu'était-elle en train de penser de lui ? N'était-elle pas en train de le rabaisser dans sa tête ? C'était, de toute manière, la seule chose qu'il méritait probablement. Mais malgré tout bah ouais, il était là. Il savait aussi qu'il n'aurait jamais eu la force de transplaner pour partir. Alors il comptait rester là, même s'il ne savait pas très bien pourquoi.

Oui il allait peut être choper la mort, peut être qu'il allait mourir là, maintenant. Et vous savez quel était le pire de cette situation ? C'était qu'il n'en avait vraiment mais alors vraiment rien à faire. Absolument rien. Il avait peur, mal aussi, et il tremblait légèrement. Mais au final et bien il s'en foutait. Il pouvait très bien mourir maintenant que cela n'aurait rien fait. Il n'avait pas peur de mourir. Parce que de ses mains avait déjà coulé le sang de quelqu'un et qu'il ne pouvait pas vivre un seul instant sans le regretter.  « Ahah... Que je meurs n'est pas tant catastrophique que ça... J'ai déjà tué, pourquoi ne pourrais-je pas mourir à mon tour... ». Il se haïssait. Et c'était pour ça que le ton de sa voix se faisait si dur et si froid à son propre égard. Il se détestait parce qu'il avait tué quelqu'un. Même si c'était involontaire, il l'avait fait et le reste ne comptait pas, ne comptait pas du tout. Il avait fait du mal à quelqu'un, et c'était bien pour ça que la seule chose qu'il pouvait bien mérité, c'était de mourir, là maintenant. Même si Ruth ne serait probablement pas d'accord.

Elle l'aida à entrer un peu plus dans l'appartement. Le laisser là aurait été pathétique et il aurait encore eu plus de honte qu'il n'en avait déjà.... Le pathétique ne venait pas d'elle bien sûr, mais de lui, parce que si elle n'avait pas pris la peine de le faire entrer un peu plus, il n'en aurait pas non plus pris la peine, tout simplement... Puis, elle lui posa la question qu'il attendait bien sûr, il était normal qu'elle puisse vouloir savoir ce qui avait bien pu le mettre dans cet état, même s'il n'était pas certain d'être vraiment prêt pour en parler en faite, mais il n'avait pas vraiment le choix, dans un sens.  « Ton meilleur ami est un meurtrier... Et il a cru bêtement que sa simple demande de pardon finirait par lui permettre une rédemption... » Il soupira, se mettant à pleurer encore un peu, serrant sa meilleure amie qui le prenait maintenant dans ses bras.  « Déteste moi ! Haïs moi Ruth ! Haïs moi autant que je ne me déteste ! Jette moi, détruis moi, je ne suis rien... »

Le regard douloureux de la jeune femme roux devint incendiaire quand son meilleur ami lui répondit qu’il méritait de mourir. Elle serra les dents, l’empoignant violemment par le col, elle planta ses prunelles habituellement chocolatées mais noircies, à présent, par la fureur, dans celles du jeune homme, Approchant son visage de celui de Kaïn, elle ne cillait pas et tout en elle exprimait très clairement la fureur. Ce pourquoi, elle répliqua avec froideur et hargne :

« Je t’interdis de dire ça Haner, c’est clair ? Je te l’interdis ! »

Le problème de Ruth c’est qu’elle n’était pas vraiment douée de tact… Ca c’était clair. La rouquine était souvent trop directe et disait bien trop ce qu’elle pensait, y compris dans ces situations là. Dans le cadre actuel, il aurait été préférable qu’elle réconforte son ami, qu’elle lui assure le contraire avec douceur, délicatesse… mais ça, elle en était parfaitement incapable, parce qu’il venait de lui dire à l’instant lui avait fait l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. Si Kaïn mourrait, elle ne s’en remettrait pas. C’était égoïste, comme philosophie, mais elle n’en avait rien à faire.

Quand il répondit à sa question, Ruth resta perplexe. C’était tellement étrange tout ça… Si flou, vague… inexplicable ! Fronçant les sourcils, elle refusait de croire ce qu’il lui disait. Kaïn était un mec bien, b*rdel ! Elle le savait bien pu*ain, depuis le temps qu’il se côtoyait, et là il disait, genre, qu’il était un meurtrier ??? Comprenons bien que le mot ‘meurtre’ signifiait qu’on tuait quelqu’un volontairement, et très franchement, Ruth pensait Kaïn incapable de faire ça.

« Mais qu’est ce que tu me dis là… »

Finalement, après quelques temps d’hésitation, elle le serra dans ses bras. Kaïn pleurait et ça lui brisait le cœur comme jamais. Voir son ami ainsi la faisait souffrir. Elle se sentait détruite, anéantie, parce que la souffrance des êtres aimés étaient pour elle une vision plus qu’insoutenable. Elle ne se rendit même pas compte qu’elle-même pleurait, tandis que Kaïn la serrait contre lui, à son tour. Doucement, elle lui caressa les cheveux, l’embrassant de nouveau, chuchotant à son oreille :

« Je ne te détesterais jamais Kaïn. Tu m’entends ? Jamais. »

Parce qu’elle l’aimait. Tout simplement. Il représentait tant pour elle ! Une vie sans lui était inenvisageable… ce n’était plus une vie alors… ce n’était qu’un semblant de vie, une survie tout au plus… Elle ne pouvait s’imaginer sans son meilleur ami parce qu’il représentait bien trop de choses à ses yeux. Ils avaient construis tant de souvenirs en commun ! Ils avaient vécu tant de choses ensembles ! Les rayer, se dire que tout pouvait être fini… Non, Ruth en était incapable, c’était beaucoup trop lui demander. Et peu lui importait si c’était un comportement égoïste. Elle s’en fichait pas mal, parce qu’elle préférait être une nana égoïste, avec son meilleur ami à ses côtés, plutôt qu’une personne altruiste avec un cadavre et des souvenirs pour toute trace de son meilleur ami !

Elle conserva longuement leur étreinte, se balançant tout doucement et presque imperceptiblement, tout en serrant le jeune homme dans ses bras, comme si ce geste pouvait finir par le rassurer, effacer ses larmes et lui réchauffer le cœur. C’était si peu, ce qu’elle pouvait lui offrir… mais c’était tant à la fois ! N’était-ce pas là ce dont il avait réellement besoin après tout ? Du réconfort, des bras, des oreilles… Une personne à ses côtés. Tout simplement ?

Au bout d’un moment, le T shirt de la sorcière était aussi trempé (ou presque) que celui de Kaïn. Elle s’inquiéta alors pour la santé du jeune homme et relâcha son étreinte, posant ses mains sur les épaules du sorcier, elle plongea ses prunelles dans celles du sorcier et lui adressa de nouveau la parole :

« Aller lève-toi. »

Elle se leva, le forçant à faire de même en le tirant par le bras (puisqu’ils étaient toujours agenouillés au milieu du salon *dans une jolie flaque d’eau, d’ailleurs !*) et elle le conduisit à la salle de bain :

« Il faut que tu te douches, l’eau chaude te fera le plus grand bien… Je vais te chercher des fringues que tu pourras mettre en attendant que les tiennes sèchent et on va parler tous les deux. »

Ruth poussa Kaïn dans la salle de bain et récupéra un T shirt large à elle (parce que le jour où Luca en aura un faudra s’inquiéter sérieusement *paf*) et un jean d’Erwan (finalement il était utile ce petit !!!). Frappant à la porte de la salle de bain, elle s’adressa à Kaïn :

« Je pose les vêtements juste devant la porte… et t’as une serviette propre normalement pliée dans l’armoire. »

Oui bon elle était pour Erwan normalement, mais Ruth laverait tout ça avant que le Roumain ne revienne et elle ne pensait pas que Luca lui en voudrait, elle comprendrait (quant au Roumain, la rouquine se fichait pas mal du fait qu’il lui en veuille ou non !). Ruth retira son T shirt trempé et enfila une tenue plus complète (puisqu’elle ne portait qu’un T shirt et une culotte quand Kaïn était arrivé, mais bon, elle ne pouvait pas se douter que quelqu’un viendrait ce soir non plus !), aussi prit-elle un autre T shirt, un short, et elle s’installa sur le sofa, s’allongeant sur ce dernier, le regard fixé vers le plafond, elle attendit patiemment que Kaïn la rejoigne pour pouvoir parler avec lui.

Lui interdire de dire qu'il pouvait bien mourir ne servirait à rien tant que l'idée lui restait ancrée dans le crâne. Bien sûr qu'il n'était pas assez égoïste pour se donner la mort. C'était l'impression que le suicide lui avait toujours donné d'ailleurs. L'impression qu'il ne s'agissait que d'un acte égoïste. Okay, oui, on mettait fin à ses propres souffrances personnelles. Mais on laissait souvent une famille derrière soit. Et elle, comment devait-elle réagir ? Se suicider à son tour ? Ridicule. Il s'agissait d'un acte qui devait réellement être murement réfléchi et non fait à la va vite. L'ancien Serpentard ne pouvait pas se donner la mort, tout simplement parce que ce n'était pas permis, c'était même tout bonnement impossible pour tout dire. Sa mère ne s'en serait jamais remis, certains de ses amis aussi. Et il avait ce rêve qu'il voulait accomplir. Et il ne pouvait pas partir avant d'avoir eu Son pardon... Alors non, il ne pouvait pas mourir aujourd'hui et cela, même s'il le voulait de tout son coeur, de toute son âme. Il voulait mourir oui, il voulait disparaître pour ne plus pouvoir faire de mal à qui que se soit. Mais il ne le pouvait pas. Tout comme en définitif, il n'avait pas le droit de se rendre à ce point malade. C'était passé et il savait que Kayne ne le lui aurait jamais pardonné, non, il n'avait pas le droit de se miner le moral à ce point alors que son ami qui avait encore tant de chose à vivre ne le pouvait plus aujourd'hui. Non, il n'avait décidément pas le droit de dire quoi que se soit. Il devait se contenter de se taire, il devait la fermer oui, mais il en était incapable oui, pas ce soir.  « Je ne... Je ne pouvais pas infliger une nouvelle fois ça à ma mère... Elle ne l'aurait pas supporter... Je ne sers qu'à faire le mal. Je ne mérite rien. Je suis débile ».

La souffrance dans les yeux de sa mère, mêlée à la peur, non, il ne pouvait réellement plus voir cette image. Ca avait été tellement dur à ce moment là... Dans un soupir, il se remémora la scène, lui, rentrant chez lui, tremblant et recouvert de sang. Pleurant également toutes les larmes de son corps alors que son ami n'était plus. Et sa mère qui durant un instant, avait sincèrement cru que c'était son sang à lui... Il n'avait écopé d'aucune poursuite, de rien. Parce que c'était une action volontaire de Kayne d'après les avocats. Et au final, les Ziegler n'avaient même pas vu sa tête, ni son nom. Il y avait eu un accord parce qu'il y avait plein de témoins. Mais en définitif, Kaïn aurait réellement voulu être celui tuer. Il aurait réellement dû y rester...

Ruth ne comprenait pas. Comment l'aurait-elle pu de toute manière, étant donné qu'il ne lui avait encore jamais demandé de détail à ce sujet ? Hein ? Honnêtement ? Il n'avait jamais voulu lui parler de ça parce qu'il avait toujours pensé que ça ferait fuir son entourage. Mais à se pointer chez elle comme ça, il était obligé de parler maintenant non ? Il prit le visage de la jeune fille en coupe, la regardant dans les yeux alors que leurs larmes coulaient. Il ne se rendait même pas compte qu'elle pleurait elle aussi, tant sa vision était brouillée par les larmes.  « J'ai toujours été un crétin, un abruti de bas étage. Sauf qu'il y a quelques années, ça a coûté la vie de quelqu'un... Aujourd'hui, j'ai été voir sa sœur pour me faire pardonner, pour lui demander de me libérer de ce poids... Et parce qu'elle n'a pas voulu tout me remonte aujourd'hui. J'ai envie de mourir parce que je sais que je ne mérite pas ce pardon Ruth... » A ce moment là, c'était contre lui, vraiment, que les choses s'étaient retournées. C'était sur lui qu'on avait tapé, c'était lui qu'on avait accusé de tous les mots, parce qu'il roulait l'autre voiture. Et parce qu'il n'avait rien eu d'autre qu'une petite coupure sur le front. Ridicule hein ? Oh que oui. Il écarta des mèche de son front, lui montrant une cicatrice que l'on ne remarquait pas au premier coup d'oeil mais qui n'en restait pas moins grosse et bien longue. Elle ne le détesterais jamais hein ? Rien ne pouvait l'affirmer.. Et si ça se trouvait, il allait la tuer par accident ? Il avait peur oui... Peur de lui même.  « Je n'ai eu que ça... Je n'ai eu que cette petite coupure de merde alors qu'il y est resté putain !! »

Il la suivit, sans vraiment se rendre compte d'où et elle lui indiqua la salle de bain, disant qu'une douche lui ferait le plus grand bien. Mouais... Mais après tout, elle n'avait pas tord. Il pénétra dans la pièce et se déshabilla doucement. Il regarda son visage dans la glace. Les larmes avaient gonflés ses yeux, et il était relativement pâle. Il passa une main dans ses cheveux, alors qu'il s'installait sous la douche. L'eau chaude lui fit du bien. Et il put pleurer encore, là où sous l'eau, cela ne se voyait pas. Il se sécha, silencieusement, doucement puis enfila les vêtements que Ruth lui avait préparé. Il ne pleurait plus. De là à dire qu'il allait bien, il y avait un monde. Les larmes pouvaient couler à nouveau bien plus vite qu'il n'y paraissait...

Ruth aurait pu interrompre Kaïn quand il se dévalorisait… mais elle laissa faire, parce qu’elle savait que si elle ouvrait la bouche, elle risquait d’être dure… c’était comme ça, elle était comme ça. Ruth aimait énormément son ami (pas pour rien que ce soit son meilleur ami quand même, hein !!!), mais ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’on fait forcément preuve de tact à son égard… Et le truc de la rouquine, c’est que niveau tact, et bien elle peut se rhabiller en vitesse, parce qu’elle se fait (et de loin) distancer par n’importe qui (et optionnellement n’importe quoi, aussi…). Même les troll sont plus subtils qu’elle (quoique… peut-être pas, ok…).

La jeune femme laissa Kaïn s’expliquer, dire ce qu’il avait sur le cœur (même s’il ne disait peut-être pas tout, elle n’était pas là pour juger, mais pour le soutenir dans les épreuves qu’il acceptait de partager avec elle…). Dire que la rouquine était étonnée n’avait aucun sens, ne reflétant aucunement les sentiments qui l’animaient alors que son meilleur ami lui parler. Elle ne savait rien. Absolument rien de tout ça ! Il ne lui avait rien di… Et elle se sentait vraiment offensé qu’il ait attendu aussi longtemps pour lui en parler… Oui, elle comprenait que ce soit un poids lourd pour lui, mais n’était-elle pas là pour ça aussi ??? Les meilleurs amis (et amis, plus généralement) ne sont-ils pas censés aider les gens qui leur sont si chers à aller de l’avant ? N’était-elle pas là pour soulager ses peines et atténuer ses maux ? Elle se mordit violemment la lèvre supérieure pour ne rien dire… ce n’était pas le moment de casser Kaïn là-dessus (enfin même le casser tout court en fait !) mais elle prenait note et finirait par remettre ça sur le tapis un jour… Parole de vipère !

Sans rien dire, la sorcière le mena à la salle de bain. Ils allaient parler, ô oui ! Mais pas maintenant. Il fallait qu’il se calme avant, et ce n’était pas dans les bras de Ruth qu’il trouverait un peu de calme… Il avait aussi besoin d’être seul avec lui-même sans doute… Doucement, la sorcière se laissa choir sur le sofa et quand la porte de la salle de bain s’ouvrit sur son ami, elle lui adressa un sourire. Récupérant les affaires trempées du sorcier, elle les étendit pour qu’elles sèchent et elle prit Kaïn par les épaules, le menant dans sa chambre. Elle le fit s’asseoir sur son lit et prit place à côté de lui. Doucement elle souleva une boucle brune du sorcier, dégageant un œil rougit et gonflé par les larmes versées, mais elle ne voyait pas ça. Quand elle regardait, elle voyait un ami qui avait besoin d’elle. Et elle allait tout faire pour être à la hauteur de leur amitié. Le regard de la rousse chatouilla brièvement la cicatrice du sorcier, et doucement, elle souffla :

« Dire que pendant tout ce temps… Je n’en savais rien… Je me sens vraiment nulle, tu sais… J’aurais dû voir que quelque chose n’allait pas des fois, mais j’ai tout laissé filer, sans même prendre la peine de réagir… »

Elle se trouvait super nulle, niveau amie là ! Mais il était venu vers elle malgré tout, donc elle avait encore le pouvoir d’être un peu plus pertinente dans le rôle qu’elle avait réussi à emporter après toutes ces années passées à grandir à ses côtés. La rouquine relâcha la boucle de Kaïn et s’assit en tailleur, son dos calé contre le mur (contre lequel se trouvait le lit).

« Tu sais… Ce n’est pas vraiment étonnant qu’elle n’ait pas voulu te pardonner là, tout de suite… ça a dû lui faire un choc de te revoir, depuis la dernière fois… Elle n’a pas gardé un bon souvenir, c’est normal… mais faut pas que tu désespères… Ca prendra du temps, mais elle finira par te pardonner, sinon c’est une grosse p*te. Tu n’y es pour rien Kaïn. Tu n’as tué personne. »

Esquissant un petit sourire réconfortant, la rouquine soupira :

« Faut pas que tu te sentes responsable… »

La situation était pathétique, stupide et ridicule. C'était même à n'y rien comprendre. C'était trop compliqué. Oui, voilà. Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il était encore sous l'eau. Il pencha la tête en arrière et ferma les yeux alors qu'il passait sa main dans ses cheveux. Nu, vulnérable, crétin même oui, c'était ça qu'il avait l'air d'être surtout, il se demandait réellement ce qu'il pouvait bien faire, ce qu'il pouvait bien essayer de faire aussi. Il n'aurait jamais dû venir et tout aurait continué avec Ruth comme ça avait toujours été, de la plus simple de toute les manières, de la plus simples de toute les façons quoi. Mais non, on ne pouvait pas agir comme ça, les choses ne pouvaient pas être ainsi non. Ce n'était pas une pensée très solidaire et au final, non, cela n'aurait jamais été la bonne solution. Cacher des secrets à ses amis les plus chers, ce n'était jamais la meilleure chose à faire. Oui, d'accord, ce n'est pas toujours facile, on ne peut pas toujours aller contre ça et on n'a, de toute manière, pas toujours le choix. Parfois, des secrets font beaucoup moins de mal lorsqu'on les conserve que lorsqu'on les divulgue quoi. Et mine de rien, il savait pertinemment que ce secret, qu'il avait caché si longtemps et bien, il savait que ça n'avait pas été une bonne idée. Il s'agissait, dans un cas comme celui-ci, d'un secret qu'il n'était pas en droit de dissimulé. Surtout pas à Ruth. En réalité et bien, il avait voulu la préserver, tant il avait eu peur de la perdre, si jamais il en était venu à aborder le sujet. Maintenant, s'il ne s'expliquait pas sur tous les points, il allait réellement passer pour un crétin qui n'était pas capable de garder ses amis. Et c'était bien pour ça qu'il avait à ce point peur. Peur de perdre Ruth pour une erreur, pour une imbécillité pareille, oui, voilà. Mais il n'y pouvait rien, il n'avait rien voulu de tout ça, d'ailleurs. Il finit par sortir de la douche, à quoi bon rester encore et encore dans la douche alors que les choses promettaient d'être plus compliqué en dehors hein... De toute façon, il n'avait pas le choix, et c'était bien pour cette raison qu'il fallait qu'il se bouge, oui voilà.

Et tout se passa comme il le savait. Elle se mit à lui dire qu'elle ne savait rien de tout ça, qu'elle... S'en voulait parce qu'elle ne s'en était pas douté un seul instant. Et il était censé faire quoi contre tout ça hein ? Subir ? La laisser parler ainsi sans même être en mesure de faire quoi que se soit, face à tout ça. Toute cette situation était inutile... C'était trop chiant tiens, vraiment chiant. Et maintenant et bien ouais, il lui avait fait du mal, il lui avait fait vraiment beaucoup de mal. Et ça lui prenait la tête. Ouais... Si on pouvait dire ça ainsi, en tout cas.  « C'est loin d'être le genre d'histoire que l'on peut deviner, tu n'aurais rien pu savoir sans que je ne te le dise, c'est tout... Et au final et bien... Oui, voilà. Je suis désolée Ruth, de t'avoir gâché tout ça... Je ne suis pas un bon ami, j'en suis conscient oui. ». Les larmes n'étaient plus à l'ordre du jour ou en tout cas, il en avait tant versé que pour le moment, il avait sincèrement l'impression de ne plus en être capable, oui, voilà.  « Tu ne sembles pas avoir... Compris. Je n'avais jamais vu sa sœur. Enfin si... Mais elle ne savait pas que j'étais responsable de la mort de son frère... Si tu savais Ruth... Elle est dans un de ces états... Le temps à beau passer rien ne semble aller pour elle. Je suis même sûr que si tu venais à la croiser, un jour, dans la rue, tu saurais que c'est de elle dont je te parle. Personne ne peut autant donner l'impression de souffrir comme elle ».

Et bien sûr qu'il se sentait coupable, il ne pouvait pas en être autrement. C'était un peu comme si... Rien ne pouvait être changé à ça en faite. Ca pouvait paraître débile oui, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Il se sentait coupable. Totalement coupable. Et c'était bien ça le pire, dans tout ça. Il avait tué quelqu'un, il en était conscient. Et même si on lui répétait sans cesse le contraire, il ne pourrait jamais s'y résoudre non.  « Je me sens coupable oui, je n'y peux rien... C'est... Ainsi, si je puis dire »

Ruth dévisagea Kaïn, un peu de la même manière que s’il lui avait balancé sérieusement qu’il venait d’une autre planète et qu’on l’avait programmé pour détruire la terre (ou la sauver, les deux situations étaient aussi invraisemblables l’une que l’autre de toute façon, donc bon, hein !). Elle eut un looong moment de silence (un peu comme si elle s’attendait à ce qu’il lui réponde qu’il déconnait et qu’il ne pensait trop pas ce qu’il venait de dire). ET comme ces aveux là ne vinrent pas, elle se décida à répondre, enfin…

« T’es pas bien, mec ? »

Glissant sa main sur le front du jeune homme, elle fronça les sourcils, l’air embêté, grimaçant, simplement :

« Ben t’as l’air normal, niveau température, pourtant… »

Puis elle le gronda (gentiment) :

« Loin de moi l’idée de te décevoir, gars, mais ici, ceux qui jugent si on est un bon ami ou non, ce sont les potes en question. Et moi je t’assure que tu es le meilleur pote que j’ai jamais eu. Tu es le gars le plus formidable que j’ai jamais rencontré. Et ce que tu viens de me dire ne changeras jamais rien pour moi. Parce que tu restes celui qui me fait grave chier, quand je veux me trouver un mec, celui qui se fout bien de ma gueule quand je me fracasse par terre après avoir manqué une figure que tu maîtrises trop bien. T’es le p*tain de mec que j’ai trop envie de tuer illico presto quand je te voie faire le kéké sur ta planche. T’es mon p*tain de pote que j’échangerais pour rien au monde, b*rdel ! »

La sorcière donna une tape (plutôt puissante quand même, histoire de réveiller son pote qui était grave dans les vapes de son idiotie, à l’heure actuelle…) dans l’épaule du sorcier, lui adressant un sourire réconfortant.

« Quant à cette nana, je pensais que tu la connaissais d’avant, ouai… Mais ça change rien pour moi. Elle a des amis, non ? C’est pas à toi d’assurer ce rôle non plus. Je peux comprendre qu’elle ait été bouleversée, qu’elle t’ait cru responsable et qu’elle t’en veuille, le temps de comprendre que tu n’y es pour rien. Mais tu lui as déjà tout avouer, là. Maintenant, faut juste attendre qu’elle l’accepte. Elle avait peut-être tout rejeter sur ton dos parce qu’elle n’avait rien d’autre, personne d’autre à haïr. Mais le seul responsable, dans cette histoire. C’est son frère. »

La mâchoire crispée, Ruth hocha doucement la tête, reprenant :

« Et toi aussi, tu vas devoir imprimer. Tu n’y peux rien si ça a fini comme ça. Tu as peut-être lancé l’idée, mais tu ne l’as pas tué. Il aurait pu éviter que ça se termine mal… Ce n’est pas ta faute si ce mec était complètement con. Et tu vas peut-être m’en vouloir parce que je l’insulte alors qu’il comptait vraiment pour toi. Mais je ne peux pas apprécier quelqu’un qui te fait souffrir comme ça. Même si c’est indépendamment de sa volonté. »

Pas bien ? Et bien voilà une chose qui était certaine. Et en faite, à bien y réfléchir, il en venait même à se dire que c'était le point le plus clair qu'il y avait au milieu de tous les autres. Pourquoi ? Et bien c'était plutôt simple, il ne voyait pas vraiment en quoi est-ce qu'il pouvait donner l'illusion d'être bien là tout de suite. Rien ne pouvait le laisser croire. Il n'y avait rien de bien cher lui, pour la simple et bonne raison que c'était trop compliqué. Tout ça, c'était bien trop douloureux aussi. Il avait mal à la tête tiens, là tout de suite. Et probablement qu'il était en train de la saouler. Lui si fier d'habitude, lui qui n'avait jamais la moindre difficulté à gérer dans n'importe quelle situation, voilà qu'aujourd'hui, les choses semblaient être à ce point difficile. Et c'était bien ça qui était si compliqué... Oui voilà.  « Putain Ruth... Je pense que ça se voit, que je ne vais pas bien... Non ? ». Et il se mit à soupirer, une nouvelle fois oui, une fois de trop peut être aussi. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Simplement parce que là, il était bien trop faible pour penser d'une quelconque manière. C'était beaucoup trop compliqué, là tout de suite. Vraiment trop et c'était bien pour ça que les choses étaient d'un seul coup si difficile. Si chiante, aussi. Mais que pouvait-on faire contre ça, si ce n'était subir et se contenter d'essayer de se relever après coup ? Essayer bien sûr. Parce que cela faisait déjà un petit moment q'il essayait d'avancer mais il n'y parvenait pas, et c'était pour ça que c'était à ce point difficile, à ce point prise de tête. Enfin bon, il n'allait pas chipoter non, il n'allait pas se compliquer la vie au milieu de tout ça, ce n'était pas son genre et surtout, il avait bien trop peur de ce qu'il pouvait y avoir autour de lui. Ce monde, dans lequel il essayait de faire le fier et le fort, ce monde lui faisait vraiment peur. Trop peur aussi, mais contre ça, il ne pouvait malheureusement pas dire grand chose, en faite.  « Mais pour autant, je ne suis pas malade non. ». C'était toujours ça. Mais bon, quoique l'on puisse dire, pour autant, cela aurait été bien trop douloureux, oui voilà. Si on pouvait le dire ainsi, en tout cas. Mais sinon, non, ce n'était pas toujours aussi simple que ça, malheureusement, d'ailleurs.

Le meilleur pote qu'elle ait pu avoir ? Bien qu'il soit plutôt fortement tenté de lui dire le contraire, Kaïn devait bien avouer que ce genre de parole ne pouvait que lui plaire, que lui faire plaisir aussi. Okay oui, il en doutait, il ne pouvait qu'en douter d'ailleurs, puisqu'on ne pouvait pas vraiment dire qu'il soit une personne si fantastique que ça, mais... Si elle le disait, alors que cela faisait un bon nombre d'années qu'ils se connaissaient, ça voulait bien dire quelque chose non ? Peut être qu'avant, ça aurait été Nathanaël, à sa place, dans l'esprit de la jeune fille, mais pour ce qu'il en était d'aujourd'hui, il était clair que sa place était bien plus omniprésente encore. Après, il ne trouvait pas vraiment qu'il était si formidable que ça, même si pour autant, il n'était pas sûr de vouloir lui dire le contraire. Il avait surtout peur de lui dire qu'il pensait qu'elle se trompait mais on ne pouvait pas vraiment dire qu'il en avait envie, pas envie du tout non. Et puis après tout, si elle continuait à lui tenir un tel discours après qu'il ne se soit mis à lui dire ce qu'il avait dit, ça devait bien dire que bah... Elle le pensait vraiment non ? Donc ce n'était certainement pas lui qui allait se plaindre, il en était hors de question d'ailleurs. Vraiment hors de question.  « C'est con à dire. Pendant un moment, je me suis sincèrement demandé pourquoi est-ce que je venais te balancer tout ça, j'avais peur que tu décides de me fuir, maintenant... Mais je me trompais. Tu es une formidable amie, tu es une personne fantastique, tu es une amie fantastique, oui voilà. La meilleure amie que je ne pourrais jamais avoir. Celle dont j'adore péter les plans dragues ou narguer lorsque tu essaies, toi, de me draguer. J'adore tout ça, oui voilà. Je n'y peux rien, j'aime t'emmerde. Parce que tu es la personne qui compte le plus pour moi... Après ma mère. ». Oui bon, il ne fallait pas oublier que c'était sa mère, qu'il aimait le plus au monde hein, qu'on ne se leurre pas et qu'on ne se mette surtout pas à penser qu'il pouvait en être autrement. Sinon, c'était un peu trop la galère, oui voilà.

Et pour ce qu'il en était de Billie, Ruth avait une nouvelle fois raison. Tout ça, ça l'avait bouleversé, alors qu'elle se mettait doucement à zapper, à avancer, voilà qu'il relancer tout ça, qu'il redémarrait tous les problèmes alors que c'était loin d'être ce qu'il voulait. Que l'on soit bien d'accord, il avait voulu l'aider, en se pardonnant, il avait voulu pouvoir l'aider tout en s'aidant. Mais non, il avait été incapable de faire les deux pour la simple et bonne raison qu'il n'en avait pas vraiment la possibilité, c'était impossible. Oui, voilà. D'une certaine manière en tout cas, mais là, après, ça ne rendait pas forcément les choses plus simples hein !  « Je suis tout aussi responsable que lui. J'aurais également pu mourir, au coeur de cette histoire. C'est juste que ce n'est pas mon cas... Je ne sais juste pas ce que je suis censée faire, derrière tout ça.. Oui voilà. Et... Oui, il a grandement compté pour moi, je n'aurais jamais été ce que je suis, s'il n'avait pas été là, et c'est bien pour ça que les choses ne pourront jamais vraiment se changer. Il est bien trop compliqué pour moi, c'est aussi simple que ça, oui voilà... »

Ils restèrent un moment, là, à parler… Quand Kaïn lui annonça que ça se voyait bien qu’il n’allait pas bien, la rouquine se contenta de le regarder en silence. Elle ne répondrait pas, parce qu’elle ne voyait vraiment pas quoi dire pour le moment… Mais elle savait une chose : c’était qu’elle allait vraiment tout faire pour qu’il aille mieux, justement ! C’était son meilleur pote b*rdel et elle n’allait pas le laisser crevait de déshydratation sous ses yeux et encore moins se suicider parce que ‘genre’ ‘il était un mec qui avait mauvais fond ou une pu*ain de c*nnerie de ce genre ! Elle ne le laisserait pas se dénigrer comme ça, parce que pour elle, il était un mec génial et elle ne voulait le perdre pour rien au monde !

Suite à la ‘déclaration d’amour’ du jeune homme, la rouquine se mit à rire, levant les yeux au plafond :

« Genre, mec ! Je ne t’ai jamais dragué, je ne te drague pas et je ne te draguerais jamais ! T’as un de ces égo, mon petit… »

Souriante, elle lui ébouriffa les cheveux d’un mouvement de poignet expert, avant de le serrer dans ses bras :

« Et t’inquiète, je te le rend bien, j’adore te faire ch*er aussi ! On doit être nés pour se saouler mutuellement… »

Et, dans un murmure, elle compléta :

« Et je suis sacrément contente que nos chemins se soient croisés, parce que sans toi, j’me serais bien emm*rder, sinon ! »

Puis, pour ce qui s’en suivit… La sorcière fronça les sourcils, répondant simplement :

« Je pense que si j’avais été à sa place, tu t’en serais voulu aussi… ceci di, moi, personnellement, je ne souhaiterais pas que tu t’en veuille à ce point pour un truc qui, quoiqu’on puisse faire, ne changera absolument rien… Donc je préfèrerais que tu vives ta vie à fond, pour faire ce que moi, je n’aurais plus pu faire… Tu voies ce que je veux dire, vieux ? »

Finalement, la rouquine laissa son meilleur ami tranquille (elle était pas spécialement câlin, alors le prendre dans ses bras, ça allait une minute, mais on n’allait pas trop pousser non plus, quand même !), aussi lâcha-t-elle, après avoir reprit une distance respectable :

« Bon, on se fait une bouffe C’est que j’ai la dalle moi, maintenant !! J’ai envie de gras !! Pizza ? »