[ Amour, Jalousie, et autres Péripéties ] -PV-

(c)(c)

Cela faisait trois mois que Keira avait entamé une toute nouvelle vie, loin de son ex petit ami. Trois mois qu’elle s’inquiétait de le voir réapparaître dans son champ de vision. Trois mois d’angoisse… mais, malgré toutes ses craintes, la peur avait (à son insu) commencé à diminuer. Elle avait retrouvé sa teinte naturelle, délaissant son blond fade et terne pour son si ‘célèbre’ roux flamboyant. Son visage avait retrouvé quelques couleurs, ses prunelles recommençaient, tout doucement à rire, et sa voix regagnait en assurance quand elle prenait la parole. Distante, toujours, avec les hommes, elle commençait malgré tout à se remettre en question, tentant (en vain à l’heure actuelle) de faire un pas vers ses amis… Doucement, elle reprenait espoir, et renaissait de ses cendres, à l’image d’un jeune phénix.

Il était 23 heures. Kaïn ne s’était pas montré de la journée, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Ils se voyaient toujours une fois (ne serait-ce que par la fenêtre, à défaut d’être l’un face à l’autre)…. Mais pas ce jour là… Elle avait attendu, elle était allée de nombreuses fois à la fenêtre… mais rien… jamais rien. Et indépendamment de sa volonté, la rouquine s’inquiétait. Elle se demandait s’il ne lui était pas arrivé quelque chose… Et si jamais Louis avait appris ce qui s’était passé ? Ce qui lui était arrivé à elle ? Et s’il s’en prenait à Kaïn par sa faute ??? Tremblant d’effroi, elle tenta de se calmer, mais rien n’y faisait, elle demeurait inquiète… Puis, une lumière s’alluma dans l’appartement d’en face. Il était rentré ! Elle ne s’y attendait plus, à cette heure-ci, pourtant… Keira se sentit soulagée, mais ce doux sentiment de répit fut, hélas, bien bref, quand elle découvrit ce qui se passait… chez le brun qui l’avait tant inquiétée.

Kaïn était bien rentré chez lui, en effet… mais il n’était pas seul… Et ce n’était pas Louis avec lui –si si je vous jure !!!!-. C’était piiiire *paf*. En effet, le jeune homme était accompagné… d’une femme. Retenant son souffle, la rouquine ne passa pas une demi heure à les regarder s’affairer, de toute façon tous deux semblaient bien pressés… Et ce fut comme si un poignard s’enfonçait dans son cœur, pénétrant avec facilité son corps pour atteindre ses faibles défenses, annihilant toute forme de résistance. Perdue dans ses pensées, les larmes de douleur montant dans ses yeux, Keira ne prit pas la peine de réfléchir, écoeurée, furieuse et envahie par un puissant sentiment de trahison, elle transplana… Chez Kaïn.

Furieuse, la sorcière ne les laissa pas continuer, faisant acte de présence :

« Je croyais que tu avais changé. »

Ses prunelles claires étaient rougies par les sanglots, et son regard en devenait plus froid encore. Distante, furieuse et blessée, elle ne voyait plus le Kaïn qu’elle avait cru connaître… Non, en face d’elle se tenait tout simplement le garçon qu’elle avait toujours détesté. Ce garçon qui se comportait exactement comme tous ceux qu’elle avait, elle-même, côtoyé jusqu’à peu…

Bon et bien on ne pouvait vraiment pas dire que cette soirée s'annonçait mauvaise. Déjà, alors qu'il était de sortie avec Jake, il s'était fait aborder par une sulfureuse petite blonde franchement bien roulée. Okay, sur le coup, il avait eu la petite pensée pour son meilleure ami afn de le gratifier d'excuse de devoir le laisser seul. Mais bon, cette pensée ne le prit que pendant deux petites minutes, puisque ses pensées se tournèrent aussitôt vers la jolie blonde. Mais vous savez c'est quoi le pire dans tout ça ? C'était que cette jolie petit blonde là, aussi belle qu'elle ne puisse être, elle n'arrivait pas du tout à la cheville de la belle brune qui n'arrêtait pas de lui lancer de petits regards en coin, de l'autre bout de la salle. Quoi ? Deux filles qui le désiraient à ce point ? C'était vraiment trop drôle quoi !

Mais bon, il n'était pas de ce genre là et il lui était nécessaire de faire un choix. Et ça n'avait pas du tout était facile ! Autant, la petite blonde était bien fournie partout, autant la brunette là bas, elle avait un regard enflammé. Donc non, la situation n'était vraiment pas facile parce qu'il était incapable de prendre une décision, lui, au milieu de tout ça ! Il avait déjà acquis la petite blonde mais pour autant, il ne pouvait pas s'empêcher de douter. Alors en gros bâtard qu'il était, en faite, il envoya la blonde vers Jake pour lui demander un truc et il fila vers la brune, lui proposa à l'oreille d'aller dans un coin plus discret. Ca pouvait paraître assez méchant mais en faite, sur le coup, il s'en moquait plutôt pas mal. Vu comment l'autre fille l'avait abordé, il y avait fort à parier qu'en voyant qu'il l'avait laissé tomber, elle retourne vers Jake. Et oui, au moins, comme ça, même son pote y trouvait à son compte ! Si c'était pas un ami chaleureux ça franchement... Enfin bref. La jeune brune accepta aussitôt, comme si c'était ce qu'elle-même attendait depuis le début. Triomphant, Kaïn lui prit la main et l'entraîna dehors. Et oui, au final, il ne lui avait vraiment mais alors vraiment pas fallu beaucoup de temps aujourd'hui pour trouver une fille, c'était carrément trop drôle et trop bien aussi ! Puisqu'on ne pouvait pas vraiment qu'il allait se plaindre d'attirer autant de faveurs hein ! Ce n'était vraiment pas son genre d'ailleurs. Enfin bref, au final, il partit, donc, avec la jolie brune qui ne demandait rien, qui ne semblait même pas vouloir connaître son nom et qui ne voulait que s'amuser un peu. Tant mieux en faite, parce qu'on ne pouvait pas vraiment dire qu'il voulait plus lui même. Il avait d'ailleurs toujours du mal avec les noms. Au moins, si elle ne lui donnait pas le sien, il était évident que ça allait considérablement l'arranger. Tant mieux tiens !

Enfin bref, il prit un taxi, puisque vu qu'il se trouvait dans un coin moldu, il ne pouvait pas transplaner avec quelqu'un. Il ne voulait pas vraiment qu'elle parte en courant en l'insultant de monstre alors que bah... Il pouvait parfaitement éviter une situation aussi désagréable. Il paya la note, chose qui le fit tout de même un peu râlé parce que c'était un truc qu'il aurait pu éviter sans problème. IL aimait plutôt bien garder son argent rien que pour lui vous voyez le délire ? Donc voilà. Il la conduisit ensuite chez lui. Et ils entreprirent de se déshabiller pour passer aux choses sérieuses, c'était la seule chose qu'ils voulaient d'ailleurs, donc à quoi bon se prendre la tête avec d'autres futilités ?

Mais c'est au moment où Keira entra en scène, sortant de nul part que les choses se compliquèrent. Bien sûr, la fille ne s'en rendit pas compte, parce qu'elle était occupée la petite, mais heureusement quoi ! Mais bon, Kaïn n'était pas stupide ! Bref, comment ça changeait ? Il avait signé un truc comme quoi il avait changé ? Non, certainement pas. Etre sympa avec une fille ne faisait pas de lui un mec bien qui ne faisait plus ce genre de chose ! Et puis déjà, rien ne laisser à supposer qu'il n'était pas un gars bien puisqu'elle semblait aimer ça, la brunette là !  « C'est quoi le délire là, fais la dégager putain... C'est ta copine ou quoi ? ». Sa copine ? Non carrément pas, et c'était justement pour ça que la situation était à ce point grotesque. En quoi pouvait-elle se mettre à faire sa jalouse alors qu'il n'y avait rien entre eux quoi ! Merde ! Mis à part les soucis qu'elle avait bien pu avoir, rien ne la laisser agir comme ça un seul instant !  « Carrément pas non... ». Mais la brunette ne semblait plus avoir envie d'un coup, elle déclara que la situation était trop bizarre et elle finit par partir, attrapant ses affaires et tout. Kaïn soupira, après tout, il venait de perdre son plan du soir et il n'était pas spécialement heureux quoi. Grommelant, l'ancien Serpentard finit par se relever, il était torse nu et son pantalon était à moitié défait. C'était pourtant si bien parti... Il reboutonna son pantalon, mais ne remit pas de haut, totalement blasé par la situation.  « Maintenant Keira, tu m'expliques ton délire. A ce que je sache, je n'ai pas le moindre compte à te rendre et tu es ici chez moi p*tain ! D'où peux-tu te permettre d'entrer ici et de faire comme si t'avais tous les droits ? Je vais te dire une bonne chose, non je n'ai pas changé et je n'ai pas la moindre raison de le faire ! ». Furieux ? Oui, en même temps, un peu normal quoi. Il la savait fragile mais pour autant, il ne pouvait pas s'empêcher de s'énerver comme ça. Si elle le mettait à bout, il ne pouvait pas se contenter d'hôcher la tête. Ce n'était pas son truc, d'ailleurs. Le Kaïn en colère ne pointait pas souvent son nez mais quand il était là, ce n'était jamais bon signe...

Évidemment avec un petit peu (mais alors vraiment pas beaucoup hein ^^) de recul, on pouvait se dire que la rouquine était sacrément gonflée seulement niveau caractère, parce que physiquement, elle s’est pas fait greffer des seins depuis la dernière fois *sort* de débarquer comme ça, à l’improviste, alors que son voisin (et logiquement ami –même si là les deux pouvaient en douter- était sur le point de faire une partie d’échec avec la fille de ses rêves (enfin, la fille de ses rêves… Disons plutôt une des nombreuses filles de ses rêves, quoi ! *paf*). D’ailleurs, chose vraiment très bizarre (voire incompréhensible) la brunette ne sembla guère apprécier l’intervention de Keira on se demande vraiment pourquoi !. Les paroles qu’ils échangèrent agacèrent d’avantage encore la rouquine qui fulminait sur place. Elle en avait des choses en tête mais rien ne pouvait sortir. C’était trop… trop d’émotions, trop intenses, trop soudainement… Elle était perdue. Tout ce qu’elle savait c’est que ça lui faisait mal. Vraiment très mal. Son cœur battait douloureusement contre sa poitrine qui se soulevait rapidement, comme si elle était en manque d’air. Ses poings, faibles et tremblants, étaient fermement serrés, ses bras restant tendus le long de son corps, sans qu’elle ne sache retrouver ses moyens pour autant…

Les lèvres tremblantes, la sorcière écouta son ‘ami’ (qui ne l’était plus de toute évidence et qui, peut-être, ne l’avait jamais été ?) l’engueuler. Elle gardait la mâchoire crispée, et son regard fuyait la silhouette du sorcier, qu’elle n’arrivait pas à regarder déjà il était furax et en plus il était torse nu *si si faut pas croire que ça ne joue pas dans l’intimidation !!!*. Aussi fixait-elle le sol, désespérée. Et finalement, elle reprit, d’une voix un tantinet plus aigue que d’habitude, coupée par les sanglots :

« Si tu n’as pas changé alors pourquoi tu m’as aidé, b*rdel ??? Pourquoi tu ne m’as pas laissée là-bas, hein ??? Un peu plus et c’était bon, je crevais. Si ma présence te gêne tant que ça, pourquoi tu ne m’as pas laissé mourir comme une m*rde ? Je croyais… je croyais vraiment que tu avais changé Kaïn ! Je pensais que tu m’aimais… Juste un peu. »

Elle avait trop de choses en tête pour pouvoir tout dire d’un coup. Elle avait peur. Peur d’elle, peur de ses sentiments qui la dévoraient de l’intérieur comme ça ne lui était plus arrivé depuis si longtemps… Oui… Depuis quand ne s’était-elle pas ainsi emportée ? Avec Louis, elle n’avait jamais eu ce souci… Non, ça lui revenait… c’était… avec Lexy ! Mais elle n’y comprenait plus rien. Pourquoi recommençait-elle ? Elle était pourtant sûre que tout ça c’était fini ! Elle croyait qu’elle-même avait changé… Etait-elle restée la même gamine, capricieuse et puérile que celle qui avait définitivement brisé tout lien avec un grand amour de sa vie ? Tremblant toujours, sans encore oser regarder le sorcier, elle souffla :

« Je m’inquiétais… C’est pour ça que… j’attendais que tu rentres parce que je m’inquiétais ! Il… S’il sait que je suis en vie et que tu m’as sauvé, il n’hésiteras pas un seul instant à te tuer ! Et… dans ce cas, j’aurais vraiment préféré que tu me laisses mourir, Kaïn. Comme ça, au moins, personne n’aurait été en danger à cause de moi. Personne. Ni toi, ni Corann… Ni Roze et son fils… »

Keira se tu, réalisant enfin que tout allait de travers. Mais… Vraiment tout. Lucas ! Elle n’y avait pas pensé mais ce n’était un secret pour personne que Roze et elle étaient amies… Après tout, elles travaillaient ensembles ! Si jamais… Oui, si jamais Louis apprenait qu’elle était toujours là, respirant encore et toujours… Il allait sans nul doute s’en prendre à Roze, s’il ne retrouvait pas immédiatement Keira. Et qui disait Roze, disait Lucas… Non… Elle devait agir… Il fallait que tout cela cesse… Il fallait qu’on l’aide. Tout de suite, et maintenant.

Kaïn semblait ne plus exister à présent. Nageant dans un océan d’appréhension, la jeune femme réfléchissait au meilleur moyen pour que tout cela s’arrête. Pour que plus personne ne risque rien. Pas à cause d’elle ! Et à part mourir, enfin, définitivement, elle ne voyait pas vraiment d’autres options… Et de toute façon, à l’heure actuelle, elle n’avait vraiment, mais alors vraiment pas envie de continuer à respirer, alors qu’elle se sentait aussi ridicule, dangereuse pour les gens qu’elle aimait… et inévitablement inutile.

Et dire que la soirée avait bien commencé... Vraiment, c’était à n’y rien comprendre. Bien sûr qu’il avait été gentil avec Keira, que pouvait-il y avoir de si étonnant dans tout ça hein ? Il se disait que c’était normal, que de toute manière, ils ne s’entendaient pas si mal que ça hein... Donc au final et bien oui, il n’avait pas pu s’en empêcher. Voilà. Enfin bref, Kaïn ne voulait pas qu’avec tout ça, elle se mette à s’imaginait des choses, ça aurait été tellement ridicule mine de rien... Enfin bon, après, et bien... Voilà quoi. Bref, tout ça pour dire que non, il n’était vraiment pas en mesure de la comprendre, là tout de suite. Il ne comprenait pas ce qu’elle lui reprochait, il ne comprenait pas ce qu’il pouvait bien faire. Il ne savait pas non.

Non, il n’avait pas changé, et il n’avait pas du tout l’intention de le faire d’ailleurs. Que l’on soit bien d’accord, il n’était pas un imbécile, il n’était pas non plus une personne si bizarre que ça. Tout ce qu’il avait, c’était qu’il aimait les filles, est-ce qu’on pouvait vraiment lui en vouloir d’être comme ça ? A aucun moment il n’avait dit qu’il avait prévu de changer, vraiment jamais. Tout simplement. Il n’aimait pas de fille, il n’avait même jamais été amoureux, alors pourquoi est-ce que d’un seul coup, il se serait mis à changer, seulement parce qu’il avait sauvé cette fille ? Il ne fallait pas être débile bordel ! Donc voilà où il en était aujourd’hui. Ce soir, pour être plus précis.

Elle tremblait, quoique c’était légèrement normal puisque bon, Kaïn avait crié un peu trop fort, oui voilà. Mais lorsqu’il était en colère, il n’était tout simplement pas capable de se contrôler, c’était quand même normal, ce genre de chose non ? Il n’y avait rien de si étonnant dans tout ça, non, rien du tout. Mais au final et bien... Il ne voulait pas tant l’effrayer, il voulait juste qu’elle soit en mesure de comprendre, il voulait juste qu’elle sache qu’il ne lui avait rien fait bordel. Qu’il fallait qu’elle arrête de croire qu’il était sur le point de changer. Il n’en avait pas envie non, il n’en avait pas la moindre envie.

Mais le fait était que ce n’était pas parce qu’il n’avait pas changé qu’il n’aurait pas voulu l’aider. C’était pathétique, oui, voilà. Kaïn manipulait un paquet de filles oui, vraiment un paquet de filles, mais pour autant, il ne fallait pas non plus croire n’importe quoi, il ne fallait vraiment pas croire n’importe quoi, s’imaginer des choses aurait été bien plus pathétique qu’on aurait pu le croire. Alors non, il n’avait pas changé, mais il avait toujours un cœur. Kaïn était un garçon simple, qui était toujours prêt à aider son prochain. Que l’on ne se mette pas à croire qu’il n’en était pas capable parce qu’en soit, si on zappait la partie qui disait qu’il manipulait un paquet de cœur, on se rendait compte qu’il était adorable avec ses amis et tout ça. Oui, il l’avait sauvé, mais c’était une chose qui était normal à ses yeux ! Totalement normal bordel ! Alors qu’on ne vienne surtout pas lui dire n’importe quoi. Vraiment pas. Ça pouvait trop facilement lui prendre la tête en plus et c’était loin d’être ce qu’il voulait. Il avait juste l’impression de voir que ouais, Keira semblait le croire différent juste parce qu’il l’avait aidé. Alors que dans n’importe quelle situation et bien oui, il aurait changé.

Elle pensait qu’il l’aimait ? C’était quoi ce délire ? Il se passa une main sur le visage, doucement, soufflant parce qu’il trouvait que tout ça était en train de lui échapper. Bordel, il devait faire quoi au juste là ? Lui dire qu’il l’aimait pour l’amadouer ? Non ce n’était pas son genre... Sérieux, c’était vraiment une prise de tête tout ça. Mais alors totalement quoi !  « Attends... Laisse moi réfléchir un instant s’il te plaît. Tu voulais quoi au juste ? Que je te laisse mourir ? Tu dis vraiment n’importe quoi ! Tu ne me gênes pas, du moins, pas quand tu ne fais pas irruption chez moi comme ça bordel ! Et je n’ai jamais dit que j’allais changé. Je t’aime bien, c’est tout ! Qu’est-ce que tu crois bordel ?! ». Il ne voulait pas la blesser et il savait qu’elle était plutôt fragile. Pour autant, il ne voulait pas lui faire de mal quoi, il ne voulait pas la bercer d’illusion alors que c’était ça qui lui aurait probablement fait le plus de mal.

Mais sa colère baissa alors qu’elle lui disait qu’elle s’inquiétait pour lui parce qu’il n’était pas rentrée plus tôt. Mais elle s’inquiètait pour rien. Kaïn n’avait pas peur de cet inconnu qui lui avait fait du mal. Alors qu’elle continuait de parler, il s’avança doucement vers elle et la pris doucement dans ses bras.  « Tu n’as pas à t’inquiéter pour moi Keira, cet homme ne me fait pas peur et je sais me débrouiller. Ne t’inquiète pas non plus pour Stanley ni pour Roze ou son fils. Je ne pense pas qu’il irait jusque là. Tu te fais beaucoup trop de mourrons... »

Elle se sentait si mal, si ridicule et si… cassée… Tout cela à la fois. Keira avait l’impression de revenir un an en arrière. Elle retrouvait celle qu’elle pensait avoir définitivement éliminé. Mais en réalité, elle s’était leurrée. Pendant tout ce temps, elle avait juste retardé l’échéance. Elle n’avait pas changé et elle ne pensait plus, à présent, qu’un jour elle y parviendrait. Elle resterait, toute sa vie durant, une perdante. Voilà ce qu’elle était. Une coquille, vide, anéantie et impuissante. Faible, sans intérêt et ridiculement trop imbue de sa personne. Comme si tout cela avait de l’intérêt. Comme si sa vie avait un sens ! Comment avait-elle pu le croire ? Comment avait-elle pu imaginer qu’elle serait quelqu’un de bien, un jour ? Elizabeth avait pourtant presque réussi à la changer… presque. Et alors que Keira croyait vraiment avoir effacer cette mauvaise phase de sa vie, elle la sentait remonter dans son cœur, écraser tout ce qui la composer pour ne lui apportait qu’une seule et unique chose : le désir de tout arrêté. Tout était… tellement ridicule ! Tremblant toujours, elle répondit dans un faible murmure :

« Tu aurais dû. J’aurais préféré mourir. »

Elle savait bien qu’en disant ça, elle risquait sans doute de l’énerver. Mais elle ne méritait pas de le côtoyer. Il avait beau agir comme le premier des co*nards avec les filles, il restait tellement mieux qu’elle ! Se mordant violemment la lèvre, tout en pleurant silencieusement, les yeux toujours baissés, n’osant pas du tout lever la tête pour voir le regard (sans doute noir) de Kaïn, elle répondit doucement :

« Je crois juste que je suis la reine des co*nes. »

Qui était-elle pour penser pouvoir vivre normalement ? Après tout ce qu’elle avait fait ! Après tout le mal qu’elle avait di, et causer ? Elle était tellement présomptueuse. Et il avait fallu attendre tout ce temps pour qu’elle le réalise. C’était pourtant tellement évident ! Son karma était plus que négatif ! Mais non, elle avait bêtement cru qu’elle pourrait redevenir une fille ‘normale’. Qu’elle pourrait vivre comme tout le monde. Fou*aise. Elle n’avait plus le droit de vivre tout ça… l’amour, l’amitié… Ces notions là ne devaient plus lui être permises, parce qu’elle avait été la pire des traînées. Elle avait été cette fille : celle qui crachait dans le dos des gens qu’elle disait aimer, celle qui n’avait reculé devant aucun sacrifice, aucun marché pour obtenir ce qu’elle désirait. Et elle avait eu tout ce qu’elle voulait : les contrats, la gloire, l’argent… Et plus elle en avait, plus elle en voulait. Elle était rentrée dans cette danse macabre et quand Elizabeth était venue l’aider, elle pensait sincèrement que tout avait pris fin grâce à la jeune femme… Mais comment avait-elle pu croire que tout s’arrêterait là ? Après tout le mal qu’elle avait fait aux autres et qu’elle s’était fait elle-même. Jamais plus elle ne se trouverait son innocence perdue et croire que c’était possible prouvait qu’elle était vraiment une abrutie finie.

La rouquine fut arrachée de ses songes lorsque le jeune homme face à elle se déplaça dans sa direction. Mécaniquement, elle recula, levant vers lui un regard angoissé. Il allait la frapper ! Et une fois encore, elle adopta la façon de penser qu’elle avait eu lorsque Louis la battait. S’il le faisait, c’était parce qu’elle l’avait cherché (et là, elle ne pouvait pas se convaincre du contraire, sachant qu’elle avait débarqué chez Kaïn sans rien lui demander et qu’elle venait de lui gâcher sa soirée…). Elle ferma les yeux, attendant que le coup vienne, tremblant de peur, espérant que tout se termine au plus vite. Aussi ne comprit-elle pas, quand les bras du sorcier se refermèrent autour d’elle… Il ne l’étranglait pas, il ne la battait pas non plus… Rien de tout cela, il l’avait… prise dans ses bras ? Elle ne comprenait pas… Vraiment pas… ses muscles demeuraient contractés par l’appréhension, tandis qu’elle demeurait tétanisée. Il lui parla… si gentiment… Elle ne méritait pas sa gentillesse. Vraiment pas. Alors, saisie par l’incompréhension, elle se remit à pleurer de plus belle, passant timidement ses bras autour du cou du sorcier, elle pleurait sans pouvoir s’arrêter, sanglotant, elle répondait avec angoisse :

« Tu le connais pas… »

Pour Keira, Louis était fou à lier. Prêt à tout pour parvenir à ses fins. Elle le savait très bien… Même s’il parlait très peu de lui, même si elle n’était pas empathique pour un sous, ça elle l’avait très bien ressenti…

« Excuse moi... »

FLASHBACK
La nuit était tombée depuis déjà un bon moment. En ce mois de juillet, il ne faisait pas spécialement froid, mais bien sûr, le port de veste était fortement conseillé passé minuit. On n'était jamais suffisamment à l'abri du froid après tout, il valait donc mieux ne courir aucun risque. Mais dans cette nuit plutôt fraiche, un garçon semblait arpenté les rues, alors qu'il ne portait qu'un simple Teeshirt. A la base, il portait une veste oui, lorsqu'il était parti de chez lui, ça avait été le cas. Mais la nuit mouvementée qu'il venait de passé lui avait fait perdre ses moyens. C'était comme s'il n'était pas capable de savoir où il était comme s'il ne savait pas où est-ce qu'il se rendait ou quelque chose comme ça. Il était perdu et pourtant, ce n'était pas la première chose qu'aurait pu apercevoir quelqu'un qui l'aurait regardé de plus près. Ce garçon pleurait. Mais là encore, ce n'était qu'un faible détail. Il portait un Teeshirt qui a l'origine était entièrement blanc. Oui, ça, il en était persuadée. Mais à l'heure actuelle, il était rouge. Rouge du sang de cet être qui venait de perdre la vie. La peur l'avait fait partir, la peur l'avait fait courir et il avait fui vers sa maison. Comme tout le monde, dans un geste lâche. Non, en faite, pas tant que ça. Ce qu'il avait voulu, en faisant ça, en premier lieu, c'était un conseil. Il voulait parler à sa mère, il voulait savoir quoi faire. Un de ses amis venait de perdre la vie. Et s'il savait qu'il était censé faire quelque chose, il ne savait pas quoi. Il savait qu'il était responsable. Voilà tout.

Les pieds traînants, le jeune homme entra chez lui, doucement, tentant de ne pas faire de bruit. Mais avec une mère inquiète comme la sienne, impossible de ne pas se faire remarquer. Elle ne dormait pas, en faite, elle l'attendait, elle attendait que son fils rentre, comme à chaque fois, même si cette fois, il avait sincèrement espéré qu'elle ne le ferait pas. Il aurait voulu pouvoir prendre une douche, avant de se confronter à elle, il aurait tout fait, pour qu'elle ne puisse pas le voir dans un tel état. Mais non, au moment où il avait ouvert la porte, son regard s'était doucement posé sur elle. Elle n'avait rien dit, pas un mot non, mais son regard avait parlé. Elle avait peur, peur et encore, c'était un mot bien faible à côté de l'expression d'horreur que son visage était en train d'afficher. Elle avait mis une main sur sa bouche, comme pour se faire violence et pour s'empêcher de dire quoi que se soit. Il avait doucement fermé la porte d'entrée derrière lui. Et il avait juré à sa mère que ce n'était pas son sang, allant jusqu'à retirer le teeshirt pour le lui prouver. Elle avait été rassuré bien sûr, mais pas totalement. Ce sang appartenait bien à quelqu'un. Mais à ce moment là, tout raconter aurait été la pire des tortures, Kaïn voulait mourir. Parce qu'il venait de tuer quelqu'un. 
FIN DU FLASHBACK

En réalité, si le jeune homme se mettait à penser à ça, c'était parce que la fille devant lui semblait vouloir mourir. C'était une chose qu'il pouvait comprendre, même s'il ne pouvait pas l'accepter. Bien sûr que ça pouvait arriver, parfois, de se trouver tellement nul que l'on avait envie de disparaître, mais de là à croire que Kaïn aurait été capable de la laisser mourir, il y avait tout un monde. Okay, il était débile avec les filles, mais pas au point de les laisser mourir. C'était de la non-assistance à personne en détresse en plus ! C'était puni par la loi. Et la loi, disons que si elle lui avait fait confiance une fois, si on pouvait dire ça comme ça, ce n'était probablement pas prêt de se reproduire. Kaïn avait un casier judiciaire moldu. Alors voilà. Enfin bref. Ce n'était, de toute manière, pas la question d'aujourd'hui non ?  « Comme si j'étais capable de faire ce genre de chose Keira... C'est que vraiment, tu ne me connais pas... Et non, tu n'aurais pas préféré mourir. Le jour où tu seras heureuse à nouveau, tu comprendras et tu me remercieras, je le sais ». Même si à l'heure actuelle et cela, depuis des années, Kaïn feignait la joie que l'on pouvait lire sur son visage. Mais c'était une autre histoire et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait aborder le sujet.  « Et tu n'es pas la pire des connes, arrêtes de te rabaisser. Tu n'as juste pas de chance. Voilà tout. Ca arrive à tout le monde, ça passera. »

A l'instant où il se mit à s'approcher d'elle et qu'elle recula, il fit un arrêt. Se demandant quelle conduite il devait avoir. Bien sûr qu'il avait senti sa peur, bien sûr qu'il s'était rendu compte qu'elle avait peur et qu'elle ne voulait probablement pas qu'il la touche, mais il le fallait, il ne voulait pas lui faire du mal, il ne l'avait jamais voulu même. Il voulait juste la rassurer, chose pour laquelle il n'était pas vraiment la personne la plus douée de l'univers, voilà tout. La position de défense qu'elle prit, ou le recul qu'elle eut de peur qu'il ne lève la main sur elle lui mit un coup, et il baissa le regard, à l'idée qu'elle puisse croire qu'il était sur le point de la frapper. Il n'en était pas capable et il ne pouvait même pas comprendre qu'elle puisse croire que c'était vraiment ce qu'il était sur le point de faire. Mais il ne démordit pas, et il finit tout de même par la prendre dans ses bras. Elle tremblait mais au final, elle finit tout de même par glisser ses bras autour de son cou, continuant de pleurer encore.  « Je ne te ferais jamais de mal Keira, je te le promets, tu n'as pas à avoir peur de moi tu sais ? »

Non, il ne connaissait pas celui qui lui avait fait du mal et si ça avait été le cas, il aurait déjà contacté des aurors. Bien sûr qu'il n'était pas un lâche, mais il savait ce qu'il était bon de faire, parfois. Et là, en l'occurrence, le mieux n'était absolument pas de vouloir régler les choses soi même, même s'il en mourrait d'envie parce que battre une fille était vraiment ce qu'il existait de pire à ses yeux.  « Non, je ne le connais pas, c'est vrai, mais je me moque bien de le connaître. Il ne me fera rien Keira. C'est tout; Et tu n'as aucune raison de t'excuser... ». Enfin si, quand même un peu. Mais bon, on allait passer ce détail hein.

Elle avait du mal à faire le tri, classer tous ses sentiments, toutes ses données qui l’envahissaient qui se mélangeaient… Keira avait toujours eu beaucoup de difficultés de concentrations. Hyperactive depuis son plus jeune âge, elle avait canalisé son énergie dans la musique. Mais là, elle perdait pied, son peu de retenue fondait comme neige au soleil, et elle était submergée. Plus rien n’avait de sens, tout semblait être mélangé et elle n’arrivait plus à penser. C’était vrai… ce qu’il venait de lui dire… Elle ne le réalisait qu’à présent pourtant… Et elle s’en voulait.

« Tu as raison. Je ne te connais pas. »

Qui était-il ? Elle l’ignorait. Elle ignorait absolument tout de lui… Comment avait-elle pu lui faire confiance si aveuglément alors qu’elle ne savait rien de lui ? Pourquoi arrivait-elle à lui accorder la rare confiance qui lui restait alors qu’elle ne savait rien à son sujet ? Comment en était-elle arrivée là ? Fronçant les sourcils, alors qu’ils parlaient de la mort, elle répliqua (sans savoir, évidemment, ce que Kaïn pouvait penser à ce sujet, lui...)

« Ça fait des années que je ne crois plus à ces c*nneries, Kaïn. La notion même du bonheur… c’est bien trop abstrait… et je n’y crois plus. »

Petite, elle était pourtant l’image même de l’enfant heureux de vivre, pas vraiment doux, non… plutôt intrépide, innocent… Oui, elle était innocente et c’était pour cette seule et unique raison qu’elle avait pu être si heureuse dans son enfance. Mais ses rêves avaient été anéantis, sa vie déchirée et elle était devenue la pire des p*tasses qui hantaient les endroits ‘branchés’. Elle était devenue si sale… Elle avait perdu toute son innocence, il ne lui en restait pas un seul tout petit gramme. Plus de rêves, ni de désirs, le néant. Elle ne croyait plus en rien. Elle ne croyait pas en l’amour, ni en l’amitié. Elle ne croyait plus aux autres, et encore moins à elle-même… Quand à ce qu’il lui dit par la suite, elle eut un simple sourire amer, et répondit, froidement :

« Qu’est-ce que tu en sais ? Tu ne sais rien de moi. Toi non plus tu ne me connais pas. Tu ne sais ni qui je suis, ni ce que j’ai fait. »

Oui parce qu’il savait, il refuserait sans doute de la voir, de lui adresser une fois encore, la parole… Et ce serait normal… Comment pourrait-elle lui en vouloir ?

Puis elle cru qu’il allait la frapper. Ce geste en avant, elle l’avait naturellement interprété de cette façon là. Et ç’avait interloqué Kaïn, mais elle avait bien trop peur, de lui, pour en avoir conscience sur le moment. Et quand ses bras se refermèrent, tout en douceur, autour d’elle, les larmes se mirent à couler sans aucune retenue. Toutes ses barrières, ses faibles défenses furent anéanties, et elle pleura, tout en glissant faiblement ses bras autour du coup du jeune homme. Elle renifla, répondant au milieu du flot de larme ininterrompu :

« Je veux… je veux te faire confiance… »

Mais elle ne savait plus. Avait-elle le droit de s’attacher encore ? Elle faisait du mal à tous ceux qu’elle aimait… c’était toujours comme ça… Personne n’y avait échappé… Elizabeth, Enry, Liam, Roze, Heaven… Elle avait été une garce avec eux… Elle les avait insulté, les avait rejeté… Et si certains pardonnaient… Elle avait peur que ce ne soit pas le cas de tous. Et l’image de Lexy s’imposa naturellement à elle… Elle n’ajouta rien sur Louis, parce qu’il restait un sujet tabou. Elle l’avait abordé parce que l’angoisse avait été trop grande… Mais elle demeurait butée et en parler était inimaginable à l’heure actuelle… En revanche, ce que Kaïn lui annonça, alors qu’elle s’excusait la fit doucement sourire. Levant ses prunelles rouges vers lui, elle souffla :

« Menteur. »

Elle lui en devait des excuses, et elle le savait bien… Elle relâcha son étreinte, doucement, reculant, elle se mordilla la lèvre… Et osa néanmoins interroger le sorcier :

« Tu… tu veux sortir ? Je veux dire, tu comptes chercher… une autre fille ? »

Ça lui crevait le cœur, mais elle n’avait pas le droit de lui gâcher d’avantage sa soirée… Elle souffla, même, d’une petite voix.

« J’en connais sûrement qui seront intéressées. Si tu veux. »

Elle le lui devait. Et les affaires de Kaïn ne la concernaient pas, après tout. Pourtant, elle avait mal au cœur à l’idée qu’il passe sa nuit avec une inconnue. Mais qui était-elle pour l’en blâmer ? Elle lui avait suffisamment gâché la vie comme ça. Si elle l’étouffait encore, alors elle ne le reverrait jamais plus, et ça, c’était pire que tout.

En réalité, c'était une évidence. Ils ne se connaissaient pas. Dis comme ça, ça ne semblait pas vraiment être très important oui, mais pourtant, ça l'était totalement. Que savait-il sur elle en réalité ? Non, pas grand chose, tout comme elle ne savait rien sur li. En réalité, c'était trop bizarre de se retrouver dans une telle situation lorsque l'on ne connait pas la personne que l'on côtoie, là, tout de suite. Enfin bon, après, ce n'était pas parce qu'ils ne se connaissaient pas qu'il aurait dû la laisser sur le carreau. En plus, ils ne se connaissaient peut être pas, mais au jour d'aujourd'hui, et bien la situation avait changé et en faite, Kaïn n'attendait qu'une seule chose justement, c'était d'apprendre à la connaître oui, voilà. C'était la seule chose qui comptait. Alors oui, pour le moment, ce n'était pas le cas, mais il attendait le moment où ça arriverait, il attendrait le temps qu'il faudrait également.  « Oui, c'est vrai. Mais j'attendrais le temps qu'il faudra pour que tu me connaisses ». Parce qu'il ne pouvait vraiment pas supporter le fait qu'elle puisse croire qu'il aurait pu la laisser dans la rue, dans l'état où elle avait été au moment où il l'avait trouvé quoi..  « Tu découvriras alors rapidement que non, je ne suis pas capable de faire ce genre de chose. Je suis quelqu'un de bien Keira, et j'espère que tu t'en rendras vite compte »

Elle ne croyait plus au bonheur... C'était bête. Parce qu'il trouvait vraiment que justement, avec toute cette histoire, aujourd'hui, elle n'avait plus la moindre raison de se prendre la tête. Elle méritait d'être heureuse et il était triste qu'elle n'en soit pas elle-même consciente en réalité... Ca lui faisait plutôt mal au coeur en soit. Mais que pouvait-il bien faire pour l'aider ? Il n'était pas du genre à promettre des monts et des merveilles, ce n'était pas possible non. Bon, déjà, il devait bien avouer que ça lui prenait la tête oui, c'était évident. Il ne comprenait pas.  « Tu devrais y croire... ». Mais que pouvait-il lui dire de plus hein ? Il ne la connaissait pas, il ne savait pas par quoi elle avait bien pu se passer. Il ne la connaissait pas et elle ne se pria pas pour le lui rappeler. Il ne savait rien d'elle mais elle ne savait rien de lui non plus. Un soupir s'échappant de ses lèvres, il en vînt à se dire que s'il venait à lui raconter l'histoire de sa vie, elle pourrait facilement vouloir prendre la fuite. Stupide ? Non, c'était sincèrement ce qu'il pensait. Rien de plus.  « Je ne te connais pas c'est vrai, mais après tout, toi non plus tu ne sais pas par quoi j'ai bien pu passer... »

Une fois qu'elle fut dans ses bras, elle lui avoua qu'elle voulait lui faire confiance. Il était un garçon doux, gentil et de confiance. On pouvait lui faire confiance tout simplement parce que rien en lui n'incitait à ne pas le faire. Il croyait en tout, d'une certaine manière en tout cas. Il n'avait jamais le moindre problème avec les filles. Bien sûr qu'il se servait de certaines filles, mais en général, il était toujours sincère avec elle, que l'on ne vienne surtout pas à croire le contraire venant de sa part. C'était impossible, oui, voilà.  « Et tu peux me faire confiance... Okay, je ne suis pas un homme parfait... Mais pour autant bah ouais... Je ne suis pas une personne en qui l'on ne peut pas croire. Je pense vraiment être digne de confiance, crois moi... »

S'il comptait retourner chercher une fille ? Le jeune garçon fut obligé de se retenir de rire. Il pouvait survivre sans coucher avec des filles ou ce genre de chose hein, il ne fallait pas non plus croire n'importe quoi bordel, c'était d'un pathétisme en plus de ça... Mais bon, il ne voulait, déjà, pas qu'elle se mette à croire qu'il était un obsédé hein ! Ce n'était pas du tout le cas, il était capable de ne pas voir de fille. Et quand il voyait ses potes, aucune fille ne comptait d'ailleurs. Il donnait une image de lui si pourri que ça ?  « Tu sais... Je peux survivre sans une fille hein ! Ca te dirait pas un film plutôt ? On se pose tranquille devant la télé ? Je peux même commander une pizza si tu veux. C'est comme tu le sens Keira. »

C’était confus. La première fois qu’elle avait rencontré Kaïn, Keira l’avait détesté. Et ça l’avait profondément marqué, parce qu’à l’époque, elle n’avait pas encore ‘mal tourné’. Elle était dans une phase où elle tendait vers l’abysse dans lequel elle avait fini par s’engouffrer, mais elle était loin d’avoir entamé la longue descente qu’elle avait ensuite emprunté pour (difficilement) remonter il y a peu… Alors ça ‘lavait marqué… Elle qui était encore plutôt naïve et confiante, à l’époque, n’avait jamais éprouvé de réelle colère, ou dégoût pour autrui… mais lui, Kaïn, il avait réussi là où beaucoup avaient échoué à cette époque. Il l’avait agaçait comme personne. Mais aussi marquant que cela puisse être, elle n’arrivait pas à se souvenir du ‘pourquoi du comment’. Elle ne savait plus pourquoi elle l’avait détesté, sur le coup… Cela avait presque été… physique, en fait. Et puis, c'était réciproque !

Il pouvait lui dire ce qu’il voulait, ce n’était pas pour autant que Keira pourrait lui faire confiance en trois secondes. Elle ferait des efforts, mais elle avait vraiment peur de ce qui en résulterait, parce que dans tous les cas, c’était toujours la même chose… Ce qu’elle finit par souffler, doucement :

« Le problème, c’est que lorsqu’on accorde notre confiance à quelqu’un… Ca se finit toujours mal. Si ce n’est pas lui qui nous déçoit ou nous fait souffrir, c’est nous qui nous nous en chargeons. »

Elle serra la mâchoire, et osa, enfin, regarder le jeune homme dans les yeux, encrant son regard dans celui (magnifique, elle ne le réalisait que maintenant…) du sorcier, elle ajouta :

« Je veux te faire confiance. Mais si c’est pour que tu me brises le cœur après, je préfère ne pas m’attarder. Je suis… fatiguée. »

Fatiguée de vivre, fatiguée de souffrir, fatiguée par toute cette comédie humaine, ces parodies sentimentales et ces tortures quotidiennes. Elle en avait assez. Marre de faire du mal aux autres, et marre d’être blessée par les autres. Elle voulait vivre, elle voulait croire, mais parallèlement, elle voulait que tout cela cesse au plus vite, parce qu’elle avait vraiment peur du jour où elle toucherait réellement le fond. Si ce qu’elle avait vécu jusqu’alors n’était qu’un aperçu, alors que se passerait-il quand elle finirait par vraiment sombrer ? Serait-elle alors comme Louis ? Etait-ce ce qui lui était arrivé pour qu’il devienne ainsi ?

Que Kaïn refuse la proposition de Keira étonna quelque peu celle-ci. Elle ne pensait pas qu’il abandonnerait… Enfin, pour elle, il avait un objectif dans sa soirée, et si elle l’avait brisé avec la brune, rien ne l’empêchait d’en trouver une autre… Elle le savait. Aussi s’étonna-t-elle sincèrement du refus du brun. Mais ce qui la choqua vraiment, ce fut sa proposition à lui… regarder un film ? Manger de la pizza ? C’était… inattendu… Elle observa le jeune homme avec incrédulité, cherchant les mots justes pour répondre à cette proposition plus que surprenante… Finalement, elle esquissa un sourire, son regard s’éclairement légèrement (parce qu’elle était touchée… sincèrement touchée.) :

« Tu es très étrange Kaïn… »

Ce n’était aucune péjoratif, attention ! Elle-même se trouvait comme étant la plus bizarre des étrangeté… Et, en soit, beaucoup de personnes étaient étranges, et c’était la raison qui les rendaient intéressantes au regard de la rousse… mais de la part de Kaïn, elle était quand même étonnée… La rouquine ajouta doucement, dans un sourire timide :

« Mais… Je veux bien… A deux conditions : tu mets un T shirt, et aucun film avec Stuart Williams. »

Le T shirt, parce que ça la mettait vraiment très mal à l'aise qu'il reste torse nu, là, devant elle (alors que c'était loin d'être quelque chose de vraiment choquant et qu'elle avait vu des cas de nudité bien plus poussé *et moins plaisant pour le regard* dans sa courte vie... ) mais à l'heure actuelle, elle ne se sentait pas du tout à l'aise face à Kaïn dans 'cette tenue' (si on peut dire ça comme ça). Elle ne saurait expliquer le pourquoi du comment, c'était comme ça, voilà tout. Quant à Stuart Williams, si Kaïn avait vu des films dans sa vie, il serait étonnant qu'il ne connaisse pas le père de la rousse. Stuart était connu et reconnu dans le milieu... Il était un acteur accompli, qui faisait baver les petites filles, les ados et les femmes d'âge mûr... Dans le monde moldu, il était plus que célèbre et enchaînait les succès depuis qu'il avait 15 ans (âge auquel il avait été remarqué...). Si Keira ne haïssait pas son père comme elle détestait sa mère, il demeurait, dans la tête de sa fille, un souvenir douloureux qu'elle préférait ne pas devoir affronter trop régulièrement, si possible... Elle esquissa un léger sourire espiègle, ses prunelles étant toujours encrées dans celles du jeune homme. Elle avait du mal à le comprendre, et c’était justement pour ça qu’elle crevait d’envie d’en savoir plus sur lui. Ceci étant, quelque chose lui disait que cela risquait de prendre du temps…

« Quant à la pizza. Je ne mange pas moi, mais si tu as faim, ne t’embête pas pour moi… »

Non pas que Keira soit toujours anorexique, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de surveiller sa ligne, encore maintenant, alors qu’elle n’était plus mannequin, et ne comptait absolument pas retourner dans le milieu. C’était une habitude bien trop encrée en elle pour qu’elle sache s’en débarrasser aussi rapidement…

Accorder sa confiance à quelqu'un finissait toujours mal ? Comment ça ? Sur ce point, Kaïn devait bien avouer qu'il n'était pas d'accord, du tout, avec ce qu'elle pouvait bien être en train de dire. Il ne voyait pas en quoi est-ce que faire confiance en quelqu'un puisse être un tord. Okay oui, il y avait certaines personnes en qui on ne pouvait pas faire confiance pour un sou. Mais bon, on ne pouvait pas non plus toujours faire confiance à tout le monde. Oui, il nous arrivait d'être déçu par moment, et de ça, il n'en doutait pas. Accorder sa confiance n'était pas toujours une chose facile et d'ailleurs, pour tout dire, on pouvait facilement être déçue aussi. Mais il fallait essayer. Bordel, il ne pouvait pas comprendre pourquoi est-ce qu'elle avait si peur de faire confiance en quelqu'un. C'était d'un ridicule, d'un pathétique aussi... C'était incompréhensible oui. Elle parlait d'être déçu ou de se décevoir soi même. Non, Kaïn n'était pas en mesure de le comprendre. Lorsque l'on accordait sa confiance, oui, il était vrai que l'on prenait un certain risque, on pouvait à tout moment être trahi d'une quelconque façon, mais à quoi pouvait bien servir un risque, si nous n'en prenions jamais ?  « Faire confiance ne signifie pas obligatoirement la trahison. C'est une chose qu'il faut à tout prix que tu sois en mesure de le comprendre tu vois. Oui, c'est un risque, mais c'est aussi un risque que l'on se doit de prendre. »

Et malgré tout ce qu'elle était en train de dire, elle se contredisait déjà en lui affirmant qu'elle voulait lui faire confiance. Tant mieux, il n'était pas contre après tout, c'était bel et bien ce qu'il cherchait. Il voulait qu'elle ait confiance en lui, parce qu'il tenait vraiment à pouvoir lui prouver qu'il était une personne de confiance, une personne en qui on pouvait totalement avoir confiance aussi. Après, oui, ça dépendait des personnes. Tout comme il ne pouvait pas faire confiance à tout le monde, tout le monde ne pouvait pas lui faire confiance. Il n'aurait jamais été en mesure de le supporter parce qu'il n'était pas de ce genre là. On pouvait lui faire confiance oui, on le pouvait sans aucun problème. Mais pour autant bah... Il n'était pas capable d'en supporter plus. Et en quoi une quelconque confiance pouvait briser un coeur ? Non vraiment, toute cette discussion, ce soir, était réellement compliquée, elle était prise de tête oui, voilà. C'était bizarre oui, ça pouvait être bizarre pour beaucoup de monde, mais que pouvait-il bien dire ? Il ne comprenait rien, pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait rien à comprendre peut être ? Il ne savait pas ce qu'il était censé faire, ce qu'il pouvait bien dire pour la rassurer. Il avait l'impression que ses mots ne pouvaient pas suffire, l'impression que tout ce qu'il pourrait bien dire ne serait que vain...  « Tu peux me faire confiance Keira... Et je veux vraiment que tu comprennes qu'il n'y a pas la moindre raison à ce que tu m'en veuilles... A ce que je te brise le coeur. Je ne vois pas pourquoi je te briserais le coeur Keira, vraiment... »

Lorsqu'elle lui avoua qu'il était étrange pour la simple et bonne raison qu'il avait refusé sa proposition d'aller trouver une autre fille, il fut surpris lui même. Oui, il n'était pas une bête de sexe, il savait parfaitement se comporter comme un être humain et il espérait aussi que les gens étaient capable de le comprendre. Et puis oui, il lui proposait une petite soirée sympa, il ne voyait pas, là non plus, pourquoi est-ce que cela aurait pu être si mal quoi. Mais que pouvait-il bien y faire, il ne faisait que dire ce qui lui passait par la tête, et avoir une soirée tranquille avec une amie, ce n'était pas déplaisant du tout, pas pour un sou non.  « En quoi inviter une personne à une soirée posée est étrange ? Je t'avouerais ne pas comprendre ». Et cela se lisait même sur son visage, en plus de ça. L'incompréhension, la stupidité aussi. Mais bon ça... Bref. Mais au moins, malgré tout ça et bien elle acceptait. Il se mit à sourire doucement, lorsqu'elle lui demanda de mettre un Teeshirt.  « Je crois que je peux faire ça. Et je n'ai pas de film avec lui... je crois. Euh... Famille ? ». Quoi ? Là tout de suite, il ne se souvenait même pas du nom de famille de Keira hein. Merde. Il fila mettre un débardeur blanc. Assez collé au corps mais cela n'avait rien d'indécent, que l'on soit bien d'accord.  « Tu ne manges pas de pizza ? C'est la honte là ! T'es végétarienne ? Mes pizzas sont super bonnes, merde ! ». Il lui tira la langue, gentiment. Il trouvait ridicule le fait que l'on saute des repas pour surveiller sa ligne... M'enfin bon, c'était son point de vu, il n'allait pas non plus lui mettre des trucs à manger au fond de la gorge, ce n'était pas du tout son truc, en plus de ça.  « Bon alors, tu veux regarder quoi ? En deux secondes, je vais louer un film ! »