Poussée de croissance [PV]

Si on ne change pas, on ne grandit pas.
Si on ne grandit pas, on ne vit pas vraiment.
Grandir exige un abandon provisoire de tout sentiment de sécurité.
[Gail Sheehy]

C’était l’été et Camille venait acheter une partie de ses futures fournitures. D’une manière exceptionnelle, il était seul. Nina était restée à la maison, allez savoir pourquoi, le laissant faire ses emplettes tout seul pour la première fois de sa vie. Dans la mesure où c’était son anniversaire (le vrai, pas celui que lui avait décidé de considérer comme tel) le soir même, on pouvait penser que c’était lié, et effectivement, ne le prenez pas pour un idiot, il le pensait, très fort même. Toutefois, Camille était très faible de caractère quand il s’agissait de sa mère et de Nina… Le voilà donc tout seul sur le Chemin de Traverse et plus précisément à la librairie, parfaitement conscient qu’il ne pourrait pas rentrer chez lui avant plusieurs heures sous peine de provoquer un scandale.

Songeant à tout ce qu’il aurait pu faire avec Nina si elle ne s’était pas laissé entraînée dans cette mascarade d’anniversaire, il soupira, et attrapa un nouveau livre sur une étagère, le tout d’un air distrait. Il avait envie de s’acheter un peu de lecture pour les jours pluvieux en plus des manuels, le tout était encore de savoir quoi.

Il n’avait pas dépassé cette idée quand il aperçut une silhouette familière qui lui décrocha un petit sourire : c’est la preuve bien réelle que vraiment il sait pas quoi faire de sa peau ! S’approchant de la jeune fille, il procéda à une vérification d’usage (c’est bon ? pas de frère gênant à l’horizon ?) et allait lui adresser la parole mais au même moment un homme plutôt bien portant bouscula son amie, la faisant vaciller. Si elle tombait, elle allait renverser par la même la pile de livres à côté d’elle ! A peine cette pensée l’effleura-t-elle qu’il avait déjà posa les mains sur la taille de la lionne, Alix, lui faisant retrouver l’équilibre.

« Salut. » Il ne l’avait pas encore lâché – même lui ne peut pas penser à tout ! – et il lui souriait, enfin, comme Camille peut sourire du moins. Ses prunelles azurs étaient posées sur sa complice du crime, baissé même, car il la dépassait maintenant de manière visible. Depuis leur dernier rendez-vous secret, début juin (histoire de se dire au revoir avant les examens), il avait pris dix centimètres, ses traits avaient changés aussi, il y avait encore quelques rondeurs qui adoucissaient son visage mais on voyait qu’il n’était plus un pré-adolescent mais bel et bien un ado’ tout court ! Même sa voix commençait à s’érailler… Chose qui l’agaçait, même si ce n’était pas comme s’il avait pour habitude de beaucoup parler.

Il réalisa qu’il la tenait toujours quand son regard quitta celui d’Alix pour rencontrer celui du vendeur qui les observait d’un air goguenard. Ni Camille, ni Alix ne s’intéressaient à l’avis d’autrui, mais cela fit prendre conscience au jeune garçon qu’il était temps de reprendre l’usage de ses mains. Il les utilisa à fort bon escient (XD) soit pour en poser une sur le haut du crâne d’Alix, un air satisfait empreint sur ses traits et remarquer « Il y a une justice, je suis enfin plus grand que toi. Bientôt je pourrais te manger sur la tête. » C’était ce que disait toujours son frère et pour aussi débile que ce soit, ça l’amusait. Alix tombait bien, ça faisait au moins une personne qui ignorait que c’était son anniversaire aujourd’hui !

Le soleil étincelait, haut dans le ciel. L'été était bel et bien là, cela ne faisait aucun doute. Le ciel était d'un bleu limpide, barré par de très rares et hauts nuages blancs, presque invisibles aux yeux de tous. Alix Davidson était en Angleterre, ce qui était rare (puisque nous n'oublions pas que ses parents adoptifs se trouvent en Amérique, hein...) elle passait un peu de temps chez son cousin : Jason, avec son frère (évidemment !), et (pas le choix...) la petite amie du jeune homme ainsi que leur fille : Payton. Alix n'avait jamais aimé Pénélope, et encore moins Payton, mais le mariage de son cousin approchant, elle était à présent obligée de supporter (au moins) la petite amie et sa fille... Et puis bon, elles n'étaient pas si horribles que ça toutes les deux, si on y pensait une seconde... *paf*.

La sorcière était allée sur le Chemin de Traverse (pour les préparatifs du mariage, justement...). Pendant que Jason s'occupait de Martin, la lionne devait supporter Pénélope (catastrophe !!!). Honnêtement, la Lionne n'était guère rassurée à l'idée de passer autant de temps avec la blonde, mais, tout se passa plutôt bien... Elles allèrent voir un magasin pour la robe d'Alix pour la mariage *elle était demoiselle d'honneur, yahou !* et Pénélope (qui avait, évidemment emmené sa fille avec elle), laissa à Alix (contre toute attente u___U) un peu de temps libre pour qu'elle aille faire du lèche vitrine toute seule (et elle lui avait même donné de l'argent en bonus!!!! Vraiment fou tout ça o___O).

Alix était donc seule, à présent, sur le chemin de Traverse. Elle ne savait pas vraiment quoi faire (ni de son temps, ni de son argent pour le coup) aussi errait-elle sans but précis. Ce n'était vraiment pas dans ses habitudes de faire les magasins... Alors forcément quand elle les faisait, elle ne savait pas trop comment faire (puisque rien ne l'intéressait réellement...).

Finalement, elle entra dans une librairie (enfin, je dis 'une' mais c'est la seule du Chemin de Traverse hein...). La sorcière n’avait rien à y faire, moins au moins ça lui changeait un peu les idées après l’overdose de robe (elle qui n’aime pas ça, elle a été servie !). Et, contre toute attente, elle fut interceptée par une personne… inattendue. En effet, un jeune garçon était présent et elle le reconnut (pus ou moins) rapidement. Camille ! Ce qu’il avait changé ! C’était impressionnant… Alix lui adressa un sourire, s’apprêtant à le rejoindre, quand elle fut bousculée par un inconnu. Elle se voyait déjà tomber, mais, heureusement, Camille réagit en avec rapidité, évitant ainsi la chute à al sorcière, en la retenant par la taille. Adressant un sourire reconnaissant à son cadet, elle souffla :

« Ouaou… Et bien merci ! Et salut… Tu vas bien ? »

Camille lâcha finalement la taille de la sorcière (il aura cependant pris son temps u__U) pour faire une remarque des plus inappropriées… Alix ne prit pas la mouche cependant, répliquant avec le sourire :

« Je préfère rester petite, moi ! Sinon je ne vaudrais plus rien aux agrées, déjà que mon niveau a chuté de façon dramatique depuis mon entrée à l’école de magie… »

Glissant sa main dans ses cheveux, elle ajouta, souriante :

« Mais c’est sûr que tu as sacrément grandi, toi ! Tu as mangé de l’engrais pendant les vacances ? »

« Aux agrées ? » Répéta Camille d’un air aussi perdu que ce qu’il pouvait afficher, voilà encore un vocabulaire étrange dans la bouche de la jeune fille… ceci dit, il se doutait que cela avait un rapport quelconque avec la gymnastique ou il ne savait trop quel sport qu’elle pratiquait. Contrairement à lui, clairement plus intellectuel que physique, son amie était sportive et autant dire qu’il préférait ne pas faire la course avec elle, elle gagnerait sûrement.

« Enfin, sinon, pour répondre à ta question, je vais bien. » Même s’il avait été presque jeté dehors de chez lui parce qu’on lui préparait une fête d’anniversaire dont il ne voulait pas ! Mais bon, que voulez-vous, c’est la vie ! Et Camille était du genre à se résigner facilement, surtout lorsque c’était des femmes de sa famille (autant dire de sa vie) qu’il s’agissait. Il ne savait tout simplement pas leur dire non, pas pour des choses aussi futile, oui parce que quand il s’agit de pousser Nina à faire ses devoirs d’été, c’est une tout autre affaire vous vous en doutez. Il était hors de question que les notes de sa sœur passent en dessous de la moyenne et qu’elle redouble, alors il serait tout seul et ce serait tout simplement dramatique !

« Hum… non. Mais mes parents biologiques étaient plutôt grands alors je ne pouvais pas rester petit pour toujours. Par contre j’espère que je n’ai pas l’air aussi gauche que Hugh. » Cette idée – pour le moins désagréable – provoqua une grimace sur le visage habituellement régulier de Camille. L’idée de ressembler à son frère ne lui plaisait pas du tout, non que Hugh soit moche, mais d’après son cadet, il manquait de prestance. Cet avis manquait-il d’objectivité ? Peut-être… Les rapports entre les deux frères n’étaient pas forcément au beau fixe en ce moment, même si ça allait mieux avec l’arrivée des vacances. Hugh était jaloux de la relation privilégiée de son frère et sa sœur, Camille trouvait que son grand frère se couvrait d’un ridicule fini à longueur de temps, surtout à cause de son amour impossible pour la préfète Billie Ziegler… Du coup, ils se tiraient dans les pattes l’un l’autre presque tout le temps à Poudlard quand Camille n’ignorait juste pas superbement Hugh, parce que bah Camille avait tendance à trouver que se disputer ça demandait trop d’énergie donc que ça ne valait pas le coup…

« Et sinon, quoi de neuf de ton côté ? Tu as perdu Martin ? » Non mais parce qu’Alix elle était encore plus mordue à son frère que lui de Nina ! Et croyez en ces deux là, ce n’était pas peu dire ! Parce que Nina pour Camille c’était presque une déesse, pas au sens de la perfection (encore que…) mais au niveau de l’amour qu’il lui portait qui tenait presque de l’adoration. Quand on ne le connaissait pas ça ne se voyait pas trop parce qu’il était plutôt discret dans les démonstrations d’affection, mais ça se sentait quand il en parlait à quelqu’un qu’il aimait bien, ce qui était désormais le cas d’Alix, sa complice du crime, la seule à pouvoir comprendre ce qu’il ressentait pour Nina !

Alix eut un instant de pose, ne sacahnt que faire face à l’étonnement (apparent) de son cadet… C’était la prmeière fois qu’elle lui parlait de son sport favoris et elle ne s’en rendait compte que maintenant ! Bon, il était vrai que d’ordinaire, ils parlaient surtout de leurs petits projets pour domine rle monde concernant leurs frères et sœurs respectifs… Aussi finit-elle par reprendre contenance et reprit-elle souriante, et (très visiblement) passionnée par ce qu’elle annonçait :

« Oui, les agrées !! C’est un sport moldu… Peut-être que tu connais mieux le nom de gymnastique ? j’en fais depuis que je suis toute petite et j’avais un bon niveau d’ailleurs… mais avec Poudlard maintenant c’est complètement cuit, je ne retrouverais jamais toute la souplesse et l’habilité que j’avais avant… »

On pouvait sentir un brin d’amertume dans sa voix… ceci étant, elle reprit, avec vivacité et plaisir :

« Il s’agit de différents… ateliers en fait ! Pour les filles, ce sont les barres asymétriques, le saut de cheval, le sol et la poutre. Ca demande beaucoup d’entraînement et de temps, mais j’adore vraiment ce sport ! Il faudrait que tu regardes à la télé un jour… Enfin, tu connais la télé ? »

Oui, parce que lorsqu’on était enfant de sang mêlé on savait tout ça… mais pour les autres, les sorciers… Ce n’était pas forcément (voire même pas du tout, en fait…) évident ! Puis, la discussion se poursuivant sur le sujet initial (ne l’oublions pas !!!) Alix sourit doucement à Camille :

« Je ne te trouve pas gauche. La preuve, c’est qui qui a risqué de ce casser la figure en plein milieu de cette librairie ? Et le pire, c’est que moi je n’ai même pas tellement grandi que ça ! Donc bon… je pense que tout va bien pour toi, Camille, de ce côté-là ! »

Et quand le jeune lion parla du jumeau d’Alix, cette dernière poussa un soupire à fendre l’âme (oui oui rien que ça !!!) :

« Oh… ne m’en parle pas, je souffre… Oui oui, je le cache plutôt bien là, mais je passe un après midi absolument atroce, et encore ce n’est rien à côté de celui qui arrivera d’ici un petit moment… Bien que le fait de te croiser ici rend l’instant bien plus agréable qu’auparavant, crois-moi !! »

La sorcière glissa ses doigts dans ses (très) longs cheveux châtain et reprit (histoire de s’expliquer genre un tout petit peu quand même parce que là ce n’était vraiment pas clair ce qu’elle racontait, quand on était totalement hors contexte –ce qui était le cas de Camille, jusqu’à preuve du contraire ?-)

« Laisse-moi t’expliquer. Mon cousin, Jason, va se marier avec une blondasse de m*rde sa copine… sans opinion à haute voix, mais je n’en pense pas moins, hein…. Résultat… Me voilà, cet après-midi, obligée de me coltinée la fiancée et sa fille. Parce que oui, en plus ils ont une fille de 2 ans… La totale, quoi… tandis que Jason a emmené Martin de son côté… Oui, parce que pénélope, la fiancée, veut que je sois sa demoiselle d’honneur. Honneur dont je me serais mais alors trèèèès volontiers passé, tu voies… bref, ça m’agace ces essayages tout ça pour une robe, quoi… Quelle perte de temps. »

Et oui, Alix, toujours aussi garçon manquée, elle n’avait assurément pas changé de ce côté-là ! La jeune fille esquissa un sourire, à l’intention de son cadet, néanmoins :

« Elle m’a donné de l’argent, aussi… pour acheter mon silence, je le sais bien, je ne suis pas naïve… Elle me prend pour qui ??? mais je ne voie pas quoi en faire. Tu veux que je t’invite voire un verre ou manger une glace du coup ? »

Ben oui, fallait bien l’utiliser (sinon ça allait encore être THE guerre mondiale dans la famille, merci bien !). Enfin, Alix proposait ça, mais…

« Enfin, je te dis ça, mais tu es tout seul ??? Nina n’est pas là ? »

Camille écouta son amie lui expliquer toutes les subtilités de son sport favori. Une chose était certaine, si le jeune lion n'était pas des plus doués qui soient pour entretenir une conversation, il était parfaitement capable en ce qui concernait l'écoute, il aimait bien ça, d'ailleurs, écouter les autres parler, alors une amie, vous imaginez bien ! Une fois qu'elle s'interrompit pour lui poser uen question, il hocha la tête dans un mouvement qui se voulait affirmatif.

Oui, mes grands parents en ont une. Pour être tout à fait honnête, ils en avaient eu une aussi il y avait quelques années, puis elle s'était cassé et ils n'en avaient pas encore changé, ses parents d'adoptions ne la regardant pas et tous les enfants étant désormais à Poudlard. Cela dit, peut-être qu'un jour ça leur reprendrait d'en avoir une, avec la maman de Camille, on peut s'attendre à tout.

Tant mieux, rien ne me blesserait plus que de devenir comme Hugh. Son référent dans le mauvais sens, cela dit, il l'aimait quand même, mais vous savez ce que c'est entre frères, on adore se chercher des poux ! DEt avec ça, ces deux là sont véritablement des opposés, il est donc normal que Camille, froid et réservé, ne se voit pas devenir comme Hugh, bavard et extravertie. Il se sentait bien comme il était, vous comprenez.

Je n'en doute pas, pour moi aussi la journée s'est améliorée depuis que je t'ai aperçu. Qu'ils sont mignons ! Et totalement innocents aussi ! Parce que tout ça était dit sans la moindre arrière pensée, c'était ainsi qu'ils vivaient leurs vies, avec beaucoup de franchise et peu de prises de têtes (sauf quand il s'agissait de leurs frères et soeurs respectifs).

Effectivement, je compatis. Surtout que je suis certain que n'importe quelle robe t'irait parfaitement, pas besoin d'en essayer des milions. Même si au regard du petit brun (plus si petit que ça au demeurant), aucune fille n'était aussi belle que sa soeur adorée qu'il aime tant, Alix était un jolie brin de fille, il était un garçon et il avait des yeux pour voir donc ne le prenez pas pour plus aveugle qu'il n'est, il le savait. Fort de cette conclusion, il ne pouvait qu'en déduire qu'Alix pourrait mettre n'importe quelle type de robe, elle serait toujours mignonne, ce n'était pas un simple compliment dans la bouche d'un ami, non, chez lui c'était juste la conclusion la plus logique qui s'imposât.

Pourquoi pas, on va pas rester planté là indéfiniment de toute façon. Pas qu'ils gênaient mais presque, c'est qu'ils étaient dans le milieu du passage quand même !!! C'est alors que la question fatidique tomba... il grimaça, comme il n'était pas du genre à mentir, il allait être obligé de dire pourquoi il avait été envoyé loin de chez lui par sa chère soeur. Et oui, aussi seul que toi... Nina m'a viré de la maison pour me préparer une surprise. C'est le jour de ma naissance, tu vois le genre... C'est à dessein qu'il n'avait pas prononcé le mot anniversaire. Pour lui, le nouveau était le jour où il avait été adopté par les Moreau, c'était Camille Taillebourg qui était né en juillet, pas lui... mais c'était un peu trop subtil pour le reste de sa famille il faut croire.

« Ha chouette ! Parce que j’aurais aps été dans la m*rde si j’avais dû essayer de t’expliquer ce que c’est la télé… Je suis super nulle pour expliquer ce genre de choses… »

Elle se mit à rire. Voir Camille lui avait fait (et lui faisait encore) tellement plaisir ! Il était sa source lumineuse pendant cette (atroce) sortie avec sa future… cousine ? Belle Cousine ? Comment elle devait l’appeler cette blondasse ? (oups, ce n’était pas un terme très correct…). Pendant doucement la tête pour regarder son jeune ami, la Lionne s’étonna :

« Tu le hais à ce point ? »

Oui, parce qu’elle savait que les frères étaient très différents, mais Martin et elle aussi étaient plus qu’opposés et pourtant, leur relation était très loin (mais vraiment très très loin) d’être conflictuelle ! Aussi était-elle quand même étonnée que Camille puisse à ce point détester son frère… (surtout quand on sait à quel point il aime sa sœur !).

Quand Camille lui retourna les douces paroles qu’elle lui avait adressées, la jeune Anglaise lui adressa, pour seule réponse, un sourire rayonnant : oui, vraiment elle était très contente d’être là finalement… pas de quoi remercie Pénélope, fallait pas exagérer, mais disons qu’elle n’essaierait pas (forcément) de la liquider sur le chemin du retour… La jeune lionne donnait (très généreusement) un sursis pour la blonde…

Quant aux robes… Les dires de Camille arrachèrent un (énorme) soupire d’agacement à sa jeune amie, qui répondit avec frustration :

« Merci… mais le pire dans l’histoire, c’est que je déteste les robes ! On est déjà obligées d’être en jupe tout le temps, à Poudlard, en plus, on va m’imposer une robe pendant mes rares semaines passées loin de l’école… Si ce n’est pas se foutre de moi, ça ! »

Alix était de celles qui trouvaient les robes et jupe peu pratique… D’où les disputes avec pénélope qui voulait quelque chose d’élégant pour sa demoiselle d’honneur, tandis qu’elle cherchait le ‘pratique’. Pénélope ne pouvait pas comprendre que pour Alix, il était vital de pouvoir courir un 200 mètres haie sans risque de s’entraver dans sa robe !

« On est partit alors ! »

La jeune fille prit tout naturellement la main de son ami, l’entraînant en dehors de la librairie. Ils traversèrent la foule formée par adultes et élèves de toutes années et toutes maisons confondues, pour, finalement, arriver à destination sans encombres à 2 3 corps près, trouvés morts derrière eux… ça leur apprendra à ne pas se décaler, haha !.

C’est à ce moment là qu’Alix apprit qu’il s’agissait de l’anniversaire de son ami ! Toute étonnée, elle battit des cils, fixant le jeune garçon avec une incompréhension plus que lisible dans ses traits. Elle eut la décence de réfléchir avant de parler (ce qui est assez rare pour valoir la peine d’être signalé, tout de même) et c’est avec un étonnement qu’elle ne pouvait cacher, qu’elle s’enquerra :

« Mais… Tu n’es pas content ? Enfin… Moi j’aime bien fêter mon anniversaire avec Martin… »

Un serveur vint alors prendre la commande des jeunots. Alix s’empressa de survoler les glaces (elle les préférait largement aux jus de fruit, vu le temps !) et elle choisit une coupe glacée à la menthe et au chocolat fondu, laissant Camille faire son propre choix de son côté…

Camille secoua la tête négativement, il ne haïssait pas son frère, c’était un sentiment bien plus subtil que ça en vérité qu’il ressentait vis-à-vis du lion son aîné d’un an. C’était un mélange subtil de jalousie – Hugh passait bien plus facilement pour le vrai fils des Moreau que lui ! -, de méfiance (on ne pouvait pas être aussi naïf pour de vrai, non ?) et de lassitude (car Hugh était quelqu’un de très fatiguant), le tout teinté de l’amour fraternel que Camille ressentait pour la seule personne sur cette terre dont il puisse dire qu’elle était de son sang.

« Je ne le déteste pas, mais je n’aimerais pas être comme lui. On est trop différents et la plupart du temps je le trouve ridicule. » Un seul Hugh dans la famille, c’était amplement suffisant ! Et quand on voyait la composition du reste des membres, on se disait qu’il en fallait bien un qui garde la tête sur les épaules, Camille quoi. C’était un peu le rôle qu’il s’était donné depuis qu’il était tout petit… Et il s’y tenait.

« Pas de chance d’être une fille. » Il ponctua cette remarque sibylline d’un sourire un peu moqueur. Le monde des filles était obscur pour le jeune homme depuis toujours et il trouvait amusant d’entendre Alix se plaindre comme si elle avait préféré être un garçon (c’était même peut-être le cas, comme ça, elle aurait été dans le dortoir de Martin !). En tant que fille, elle était pourtant pourvue de certaines qualités, il ne voyait pas pourquoi elle se plaignait autant. Lui la préférait en fille en tout cas même s’il ne serait pas capable d’y donner une quelconque raison.

Serrant délicatement (non en fait, il lui broie *paf*) la main de son amie, ils se dirigèrent ensemble vers un endroit un peu plus tranquille pour discuter qu’une librairie bondée, pleine d’élèves un peu pressés qui venaient acheter leurs fournitures. Les fous ! Ils avaient encore un mois avant de retourner à Poudlard !

« Je ne suis pas un fêtard par nature… » Mais ce n’était pas vraiment la raison qui faisait que comment le demandait avec surprise Alix il n’était pas heureux que ce soit le jour de son anniversaire. En même temps, si c’était pour qu’on le sépare pour la journée de sa précieuse sœur, à quoi bon que cela fût son anniversaire, on vous le demande ?

« Je n’aime pas cette date parce que c’est Camille Taillebourg qui est né le 28 juillet, ce n’est pas Camille Moreau, et je ne suis plus un Taillebourg, pas complètement du moins, et je ne le serais plus jamais. Ma véritable date de naissance c’est le jour où mes parents sont venus me chercher à l’orphelinat. Mais c’est un peu trop poussé comme réflexion pour Nina. » Pas qu’elle soit idiote mais elle n’était pas vraiment empathe, il faut dire à sa décharge que l’être avec Camille relevait d’un véritable défi parce qu’il ne montrait pas vraiment ce qu’il ressentait et gardait presque tout scellé à triple tour au fond de son cœur. C’était sa manière à lui de gérer, c’était plus simple pour tout le monde… comme ça il ne dérangeait pas.

« Et puis, toi, ton anniversaire te rappelle que tu es la sœur jumelle de Martin, moi ça me dit juste que je ne suis pas le frère de Nina. » Ce qui était, peut-être, le fond du vrai problème. Mais il cessa de parler et se concentra sur la glace qu’il venait de commander, préférant lui aussi prendre quelque chose de frais, et qui était presque semblable à celle d’Alix, si ce n’est qu’il y avait une boule chocolat et une boule menthe au lieu d’un tout menthe. Au moins, il n’aurait pas tout perdu en venant sur le chemin de traverse.

« Je crois qu’il y a très peu de chance que tu finisses par être comme lui, tu sais.. »

Et c’était une remarque on ne peut plus innocente ! Alix le pensait sincèrement. Pour elle, Camille était bien trop différent de son frère pour lui être vraiment ‘comparé’ alors de là à dire qu’il était ‘comme’ lui, ce n’était juste pas envisageable, quoi ! Et la remarque su’il fit sur son sexe fut ponctuée par un rictus agacé de la jeune sorcière :

« A qui le dis-tu ! J’aurais vraiment préféré être un garçon, tu as beaucoup de chance, tu sais… tiens, on échange ??? »

La jeune fille partit rapidement avec son ami en direction du glacier/café le plus proche. S’installant, elle écouta avec étonnement le jeune lion lui expliquait ses sentiments, et la demoiselle ne trouva rien à répondre d’autre que :

« Ha… »

Oui oui c’est constructif ! Mais quand on est à court d’idée, on fait avec les moyens du bord saperlipopette ! Quant à la remarque qui suivit, là elle su expliciter d’avantage son sentiment !

« Hum… tu sais, j’aurais préféré ne pas être la sœur de martin, moi, justement… parce que… c’est pas très ‘bien’, enfin, conventionnel on va dire… la façon dont… je l’aime. Mais si ce n’était pas mon frère, alors ça ne choquerait personne, je serais vraiment libre d’agir comme bon me semble avec lui ! Mais peut-être que dans ce cas, je ne l’aurais pas autant aimé… je ne sais pas si je te l’ai di, mais mon don de légilimens est beaucoup plus puissant avec lui qu’avec les autres… Je n’ai jamais aussi bien pu sonder un esprit que le sien… Et peut-être que si je ne lisais pas aussi bien en lui, je ne l’aurais pas autant aimé, qui sait… »

Pensive, la jeune fille observa les glaces qu’on venait de leur servir… Puis, elle reprit, retrouvant un sourire jovial :

« En tout cas moi j’aime beaucoup le Camille que je connais. Et peu importe sa date d’anniversaire ! Tu restes le même pour moi, et je pense que Nina veut te faire plaisir en faisant cette petite fête… Parce que si tu n’étais pas né ce jour là… Tu ne l’aurais jamais connue non plus. Enfin, pas comme tu la connais maintenant en tout cas, c’est certain. »

La sorcière se mordilla la lèvre, hésitant, puis, finalement, elle se décida, interrogeant son ami :

« Camille ? Je… je ne t’ai jamais demandé… Pourquoi tu avais été adopté ? Si tu préfères ne pas en parler je comprendrais, ne t’en fais pas... »

Simplement qu’elle était intriguée…

Tant mieux qu’il ne puisse pas devenir comme Hugh ! Camille ne voulait jamais être comme lui, surtout sur le point de vu sentimental, peut-être que son amour pour Nina n’était pas très sain mais au moins il avait conscience des limites. Hugh, trop peu réfléchi, n’en avait aucune ! A un moment donné, il fallait cesser de se ridiculiser et se rendre compte que ça ne marcherait jamais. Camille avait d’ailleurs accepté ce fait pour Nina et lui. Il était son frère, et c’est tout, maintenant ça ne l’empêchait pas de la vénérer et de l’aimer plus que quiconque, mais pas la peine d’en faire toute une histoire quoi ! Surtout qu’il y avait d’autres poissons dans l’océan, des poissons qui n’étaient pas sa sœur, un avantage certain faut le dire…

« C’est sûr qu’on ne porte pas de robes, enfin, sauf les vieux sorciers qui ne se sont pas rendus compte que c’était absolument pas discret… mais je crois que je préfère que tu sois une fille. J’ai un problème avec les garçons, c’est qu’ils pourraient me piquer Nina. » Il fit un clin d’œil à son amie, sachant qu’elle comprendrait parfaitement ce qu’il voulait dire par là. C’était bien comme ça qu’ils étaient devenus amis après tout. Au début, il ne pensait pas qu’ils deviendraient si proches d’ailleurs, mais avoir les mêmes problèmes provoque souvent un sentiment d’intimité… et d’ailleurs, Nina exceptée (elle ne pouvait avoir aucune concurrence), Alix était la fille préférée de Camille. En toute amitié bien sûr. Ce qui compte c’est de s’en persuader mon petit, c’est sûr qu’être amoureux de deux filles en même temps, c’est un peu trop pour lui.

« Tu sais, je ne suis pas le frère de Nina et je suis quand même obligé de renoncer à elle. Je pense que tu finiras par t’y habituer aussi. De toute façon, qu’on soit ou non les personnes les plus proches d’eux, on n’a pas le choix… » Il soupira et avala une bouchée de sa glace. Il était heureux dans sa famille, il n’avait aucun sujet de plainte. Il mangeait à sa faim, avait un toit, des parents adoptifs aimant, pas de traumatisme du fait de son passage par l’orphelinat, bref aucun problème quoi, et pourtant, ce qu’il ressentait pour sa sœur venait lui pourrir la vie ! Et contrairement à Alix, lui aurait préféré être le vrai frère de Nina parce qu’il était sûr qu’il ne serait jamais tombé amoureux d’elle s’ils avaient été vraiment frère et sœur…

« Au fait, en parlant de ton don, j’vais à Taliesin moi aussi cette année, et dans la même maîtrise que Martin et toi. » Et comme son don le protégeait de celui de Martin (et d’Alix par la même occasion), il allait pouvoir penser comme bon lui semblait. Parce que oui, il adorait Alix et il l’aiderait toujours à éloigner les autres filles de lui, mais le Martin en lui-même… bah bof quoi.

« Oui, je sais qu’elle le fait pour me faire plaisir, mais bon, c’est drôle qu’un temps de me balader tout seul. » Cela dit, Alix comprenait sûrement puisqu’elle aussi avait été séparée de son frère pour la journée. C’était un peu la loose quoi ! Enfin, ce n’était pas le moment de s’écarter du sujet puisqu’Alix embrayait sur tout à fait autre chose. Il répondit à la question de son amie – il n’avait pas à avoir de secret avec elle – mais se mit à contempler sa glace plutôt que le visage de la jeune fille.

« Mes parents biologiques sont morts quand j’avais deux ans. Un voisin avait ensorcelé la balançoire de mon frère pour faire une blague mais elle a mal tourné, ma vraie mère a été obligée d’intervenir pour secourir Hugh et elle s’est retrouvée sous la balançoire avec une fracture du crâne. Mon vrai père a été prévenu par hibou express, il a traversé la route sans regarder, et il est mort écrasé par une voiture. Hugh et moi on a été un an en orphelinat jusqu’à ce que mes parents actuels viennent nous en sortir… ils étaient amis avec mes vrais parents et après Nina, maman ne pouvait plus avoir d’autres enfants, alors qu’elle avait toujours souhaité une famille nombreuse. Alors voilà, ils nous ont adoptés tous les deux et je suis devenu le frère de Nina. Mais je ne me souviens pas de mes vrais parents, juste de l’orphelinat, très vaguement. » Parce qu’il était encore petit, c’était d’ailleurs aussi pour ça qu’il s’était très vite habitué à sa nouvelle famille à l’époque.

La demoiselle esquissa un sourire, répondant plus par réflexe que suite à une réelle réflexion :

« Et moi j’ai un problème avec les filles. »

Quand on dit qu’ils s’étaient bien trouvés les deux jeunots ! Ce n’était quand même pas courant ce genre de comportement (ah, si, ça l’est ? Je n’étais pas informée o_O). Mais bon les lionceaux n’avaient pas mis des années lumière à devenir amis proches, grâce à ce lien commun des plus particuliers. Et c’était là, tout ce qui comptait. La demoiselle s’anima quand Camille lui parla de Taliesin :

« Non ??? Vraiment ??? C’est formidable, on aura des cours en commun alors !!!! Et je peux savoir quel est ton don ? »

Et ce n’était pas déplacé, comme question, dans l’esprit de la sorcière, elle était réellement intéressée. Ce n’était pas spécialement de la curiosité, mais plutôt un geste d’intérêt dans le sens amical. Ils étaient proches, c’était donc logique de demander ce genre de chose… Quant au fait de renoncer à Martin, la jeune fille se contenta de répondre, agacée par l’idée :

« Je n’ai pas di que je comptais renoncer. »

Et ça c’était plus que clair pour la lionne ! Elle était plutôt butée dans son genre en bonus, donc la faire changer d’avis (contre sa volonté) était généralement peine perdue… Ceci étant, tout le monde pensait qu’elle finirait par ‘grandir’ et que son brother complex lui passerait un jour ou l’autre (ou pas… haha !). Alix écouta ensuite l’histoire de Camille, en silence. D’un côté elle l’enviait d’avoir perdu ses parents si tôt, il y avait moins d’attaches, comme ça… d’un autre côté, ne jamais avoir vraiment connu ceux qui nous ont donné la vie, ce devait être affreux… Et tout bien réfléchi, elle ne savait pas vraiment ce qui était préférable… A eux deux, ils formaient l’alliage parfait, puisqu’Alix avait perdu les siens à l’âge de 12 ans. quand on di qu’il sont complémentaires, on ne raconte aps que des bobards non plus !.

La Lionne ne donna pas al réponse bateau que tout le monde donnait toujours dans ces cas là (et qu’elle trouvait particulièrement ridicule, avec un peu de recul) ‘je suis désolée’. C’était tellement stupide ! Désolé de quoi d’abord ? La vie était faîte ainsi, on ne pouvait rien y faire. On ne pouvait pas dire qu’on était désolé… Tout simplement parce qu’il y avait une équation… des données à suivre avec précisions. Des personnes devaient mourir pour que d’autres puissent naître. Peu importe l’âge, le sexe, les idéaux… L’égalité était là, dans cette subtile balance entre vie et mort… Si ce n’était pas ses parents ce jour là, ç’aurait peut-être été le lendemain. Voilà tout. Aussi, la jeune fille répondit simplement :

« D’accord. Tu étais tout petit, en effet. »

Décidant de changer de sujet, elle ajouta, d’une voix plus gaie :

« Et dis moi, tu dessines toujours ? Tu as pris quelles options pour cette année ? »

Et bien oui, il entrait en 3ème année et le temps de choisir ses options était venu !