Ma bienveillance à ton égard [PV]

Romilly vérifia une dernière fois dans la glace qu’elle était prête pour une nouvelle journée. Elle avait vernis ses ongles d’un beau rose pastel qui ne jurait en rien avec sa tenue, quant à son uniforme, il n’avait pas un seul pli de travers. Ses cheveux bruns tombaient en cascade légère sur ses épaules (ce qui avait demandé un certain temps, c’est que des cheveux c’est très loin d’être docile !) et elle leur donna encore un peu de volume en les secoua d’un faux air négligé. En réalité, ce geste elle le perfectionnait depuis des jours, le copiant sur des grandes qu’elle avait vu le faire. Elle était plutôt contente d’elle-même, mais chez Romilly ce n’était pas chose rare. Elle avait deux grandes ambitions dans la vie, la première était de rester toute sa vie avec son jumeau adoré et sa famille chérie, la seconde était encore moins réalisable puisqu’elle voulait carrément devenir maître du monde ! Mais à onze ans on a des rêves de grandeur, et puis n’est pas à serpentard qui veut (encore que…), elle était donc surtout dans la maison des vipères parce qu’elle ne manquait pas de ressource et de motivation pour atteindre ses rêves de grandeur. Notons au passage que piétiner les autres pour parvenir à ses fins ne lui posait guère de cas de conscience, elle oubliait de toute façon assez vite tout ce qui pouvait la déranger. Ravie de son reflet qui ne pourrait être critiqué par quiconque, elle sortie de la salle de bain des serpentards puis de la salle commune pour se diriger vers la grande salle où elle comptait bien prendre son petit déjeuner. Si elle pouvait voir Roy, son jumeau et frère adoré, ce serait encore mieux, mais elle avait remarqué qu’ils avaient rarement les mêmes heures pour déjeuner, sûrement parce que Roy n’avait pas besoin de deux heures pour se préparer chaque matin. En effet, ça devait jouer… Elle se consola en remarquant que le premier cours de la journée était commun à toutes les maisons et que donc elle pourrait se mettre avec lui en classe avant de repartir d’un bon pas. A ce moment là, elle ne savait pas encore qu’elle n’allait pas réussir à parvenir jusqu’à la grande salle.

Alors qu’elle continuait sa route du même pas régulier et plein de bonne humeur que toute petite fille heureuse de onze ans peut prétendre avoir, elle tomba nez à nez avec un problème de taille. Romy n’avait rien contre les imprévus, mais elle préférait tout de même les imprévus qui ne risquaient pas de la décoiffer… Hors là, il s’agissait d’un garçon de sa maison qui s’en prenait à une gryffondor. Dans l’absolu, l’égoïste qu’était Romilly se fichait pas mal des guerres entre maison et encore plus (si c’était possible) de la fille qui se faisait racketter de bon matin, mais elle était dans un bon jour, un de ceux où elle considérait que les oiseaux devraient chanter en chœur avec elle et que le monde doit être formidable parce qu’elle l’a décidé ainsi. En futur maître du monde (même si elle est la seule au courant), elle décida donc de mettre bon ordre à cette situation. Elle se racla la gorge pour faire remarquer sa présence, le garçon tourna les yeux vers elle et plus particulièrement vers son insigne. Franchement, un grand garçon comme ça qui s’en prend à une fille seule, c’était complètement inégal, serpentard ou non, ça ne se faisait pas. « Excuse-moi, je crois que j’ai vu les professeurs dans le couloir adjacent, je pense que tu ferais mieux de reporter ton occupation à plus tard. Tu sais combien MacGonagall déteste qu’on s’en prenne à ses petits chéris, pas vrai ? » Elle décocha à la brute son plus joli sourire. Il hésita un instant, échangea encore quelques mots avec Romilly et décida moins de deux minutes plus tard de laisser tomber l’affaire et de partir. Il l’avait cru. Mieux, il la remercia. Romilly continuait à lui sourire comme une bonne petite serpentard le ferait à un aîné et le regarda partir, faisant mine de le suivre et de bifurquer simplement un peu plus tôt. Elle revint ensuite sur ses pas lorsqu’il eut disparu et s’approcha de la jeune gryffondor, la jaugeant de toute sa supériorité (imaginaire, certes, mais ce qui compte c’est qu’elle y croit hein !).

« Tu devrais faire plus attention à toi, on a pas idée quand on est une gryffondor de traîner seule dans le coin. Tu as eu de la chance que j’arrive. » Cela dit, peut-être qu’elle aurait réussi à s’en sortir seule, mais ça, on ne le saurait jamais puisque Romilly était venu arbitrairement à son secours… ce qui aurait pu être pire, car dans un mauvais jour, elle aurait pu participer au racket, Romilly était, on ne le dira jamais assez, une grande lunatique !

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Une belle journée s'annonçait. D'abord c'était un lundi, le jour le plus génial de la semaine pour Eli, qui avait dont au moins une raison d'être joyeuse dès le réveil. Elle s'était donc levée du bon pied avec un sourire stupide gravé sur le visage avant toutes les autres filles de son dortoir, elle adorait être la première parce que personne ne pouvait savoir ce qu'elle faisait le matin. Pourtant il n'y avait rien de honteux à ça.
Eli se précipita sous la douche, écouta le silence un instant et alluma l'eau. Le but du jeu, c'était de se laver le plus rapidement possible et récitant chaque chose qu'elle savait sur l'endroit du corps qu'elle frottait, le jeu aurait pu être très long si elle ne se posait pas des règles chaque matin, aujourd'hui : muscles et innervation, c'est ce qu'Elisabeth préférait par dessus tout !
"Grand pectoral, grand dentelé, grand droit, large oblique droit, large oblique gauche, large transverse"
Pouvait-on l'entendre dire tout en se lavant, oui, si quelqu'un l'avait entendue elle aurait pu passer pour la folle de service. En sortant de la douche, Elisabeth récita les os du poignet dont elle se souvenait, c'est ce qu'elle détestait le plus. Les articulations c'était vraiment une horreur apprendre. Elle s'habilla rapidement, passa une main dans ses cheveux qui étaient emmêlés comme jamais, depuis qu'elle était à Poudlard, son sommeil était extrêmement agité, Lili rêvait de bêtes magiques qui voulaient lui bouffer les yeux, d'hommes qui volaient, de sortilèges de torture, sa tête était remplie par les horreurs que les élèves s'échangeaient pour s'effrayer et parfois pour rire, mais Lili ne riait jamais à propos de la sorcellerie, elle était bien trop effrayée pour pouvoir réagir autrement, tout était effrayant, plus effrayant que l'état de ses cheveux à propos.
"Pas la peine de faire du zèle."
Se dit-elle d'un air désespéré en observant la masse informe de ses cheveux ondulés qui se terminait dans un fouillis informe au milieu de son dos.
"Vertèbre T10 ?… Peut être."

Eli repassa rapidement au dortoir pour prendre sa baguette, et un ou deux livres histoire de lire pendant le petit déjeuner et aller directement en classe après. Elle croisa deux compatriotes de première année, riant toutes deux, Eli leur lança un bonjour plein de bonne volonté auquel elles répondirent sans la regarder. Elisabeth commençait à être habituée aux comportements plus qu'intransigeants vis à vis d'elle et son statut de fille de Moldus. En effet, il semblait maintenant permis à Elisabeth de penser que quelqu'un comme elle qui avait tout à apprendre et qui ne pouvait pas appréhender la magie du même oeil qu'eux avait tout d'un poids. Peu importe, après tout elle se permettait de penser qu'au fond, elle était bien plus intelligente qu'eux, ce qu'elle avait prouvé… Enfin en théorie. Elle passait la moitié de ses cours la main en l'air à répondre aux questions et l'autre moitié, terrifiée, baguette à la main. Sauf en cours de potions où tout, absolument tout lui plaisait, la matière avait quelque chose de plus technique et moins imprévisible qui lui plaisait vaillent beaucoup. D'ailleurs elle avait justement un cous de potion pour débuter ses lundis matins, et elle trouvait ça génial, voilà une deuxième raison d'être de bonne humeur.

En sortant de la salle commune, Elisabeth pris le seul escalier dont elle avait la certitude qui le mènerait au moins à l'étage inférieur (le seul dont elle connaissait maintenant les mouvements). Arrivée à l'étage voulu, elle fouilla les poches de son uniforme à la recherche de son plan, qu'elle ne trouva pas, dans sa joie toute matinale, elle avait dû oublier son plan sur sa table de nuit, ce qui l'embêtait au plus haut point. Même si après les quelques temps passés à Poudlard elle aurait dû être capable de descendre sans encombre les escaliers, Eli n'était pas assez ancrée dans le réel pour avoir un semblant de sens de l'orientation. La voilà donc coincée, mais coup de chance, un garçon un peu plus âgé passe par là
"Hé ! S'il te plaît ? Vas-tu à la grande salle ? Je me suis encore perdue, depuis que je suis ici je me perds."
Le garçon la regarda avec un air condescendant ce qu'Eli n'apprécia guère et qu'ensuite elle associa très vite à la couleur de son blason… "Ah non ! Ca ne va pas recommencer !" Se dit-elle, ça ne pouvait pas se passer encore une fois mal avec un Serpentard ! Elle en avait plein le dos de ces petites raclures. Le garçon s'approchait de plus en plus.
"Alors… Comment se fait-il que tu te perdes ? Tu es une sang-mêlé à qui l'on a rien appris ou bien pire encore une fille de Moldus qui débarque ici comme on débarque sur Mars ?
- La dernière solution doit être la bonne, et toi tu es qui ? Un débile profond qui continue des gué-guerres stupides dont il ne connaît pas le sens profond et qui juge donc juste sur le blason ? Belle mentalité."
Bien sûr le provoquer était la dernière chose qu'Elisabeth devrait faire, mais l'ambiance insupportable de la rivalité Gryffondor - Serpentard commençait à la fatiguer et le racisme sous-jacent à ses origines Moldues était à la limite de la faire craquer.
"Si tu l'entends comme ça sang-de-bourbe on va régler ça très simplement, tu vas me servir de cobaye pour les nouveaux sortilèges que j'ai appris, tu verras, tu vas t'avancer sur le programme"

C'est à ce moment qu'une fille qui ne semblait pas très âgée approcha d'eux, ce qui ne plaisait pas à Elisabeth qui avait tout de suite remarqué son blason. "Oh non ! Pitié qu'ils ne s'y mettent pas à deux…" Mais à la grande surprise d'Eli, la fille fit déguerpir le garçon en disant qu'il allait avoir des ennuis car MacGonagall approchait, le garçon parut convaincu et s'éloigna non sans lancer un regard en coin à Eli, qui contenait sa joie. Quant à la fille, elle commença à le suivre comme un petit chien tout fier, Eli n'en fut que plus rassurée jusqu'à ce qu'elle voit celle-ci revenir sur ses pas. "OH NON !"
Voilà qu'elle avait monté un plan pour passer ses humeurs sur Eli. Lili se sentait exactement comme une gazelle que des lions s'échangent pour la rendre folle. Mais à sa grande surprise, ce qui sortit de la bouche de la jolie fille en face d'elle ne fut pas des menaces mais bien un conseil…
"Et bien, si tu vois ça comme ça, merci. Mais je m'en serais très bien sortie toute seule enfin après avoir subi quelques sortilèges"
Eli sourit en essayant d'exprimer toute la gratitude qu'elle n'avait pas mise dans ses mots.
"J'ai pris la mauvaise habitude de me perdre dans ce foutu château et d'être toujours là où je ne devrais pas être. J'ai hâte d'être un peu plus expérimentée et plus vieille pour que tes confrères arrêtent de me prendre pour une espèce de gibier, ça a tendance à me fatiguer"
Lili resta perplexe après avoir dit ces mots, mais que fichait-elle là, au milieu d'un couloir, ses livres de potions sous le bras à parler d'elle à une Serpentard ? En effet il y avait bien plus d'une raison pour être en pleine confusion.

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NEIGE

Contrairement à ce qu’on aurait pu croire d’une fille aussi superficielle que l’était Romilly, elle n’était pas susceptible. Pourquoi ? Parce qu’elle avait bien trop confiance en sa petite personne pour ça. Le moindre de ses défauts était un orgueil sans borne qui ne l’empêchait pas de travailler sa perfection chaque jour. En effet, elle pensait être gâtée par la nature avec une famille aimante, un frère jumeau qui ne la quitterait jamais, un physique agréable et aucune maladie spécifique à signaler, mais elle savait aussi (étrangement) qu’on obtient rien sans rien sur cette terre et que si elle voulait obtenir un statut envié de tous, il faudrait qu’elle y travaille le plus dur qu’elle pouvait. C’est pourquoi elle passait chaque matin ces deux heures à se préparer et qu’elle s’entraînait à minauder pour faire croire à tout un chacun qu’elle était une simple et adorable première année.

De fait, elle ne prit pas mal ce que lui dit la Gryffondor qui ne montrait guère de reconnaissance selon Romy. Mais peu lui importait, elle avait fait sa bonne action du jour et elle avait permis au monde de rester aussi rose qu’elle voulait le voir en cette belle et fraîche journée ! Rien n’importait plus à Romy (en dehors de son jumeau Roy) que de faire tourner les choses à sa façon, et pour ce qui était de ce matin, c’était une réussite, nul n’aurait pu le nier, et surtout pas elle (surprenant hein ?).

« Autant éviter les sortilèges, surtout pour un début de journée. » Puis, observant les cheveux de la jeune fille qui étaient complètement fades et mal coiffés (selon Romy du moins), elle fronça les sourcils et ouvrit son sac, en sortant un nécessaire de coiffure de base : brosse, démêlant et élastiques. « Tourne-toi, je suis dans un bon jour, après t’avoir sauvé des sortilèges de ce malade, je vais sauver ta réputation. Tu ne peux pas aller en cours de potion comme ça, tu es encore plus mal coiffée que la prof ! » Et ce n’était pas une question mais bel et bien un ordre. Un tel manquement au soin corporel était une honte d’après Romilly qui était elle-même extrêmement soigneuse, et ce n’était pas que parce qu’elle aspirait à dominer le monde, c’était dans sa nature d’être maniaque (vaniteuse, superficielle et ambitieuse aussi remarquez). En plus de ça, Romy faisait toujours très attention aux cheveux, étant très fière de sa propre crinière brune qui tombaient toujours en cascade bien propre et bien ondulés sur ses épaules, mais ne croyez pas que ça se faisait tout seul ! Si elle avait son matériel dans son sac, ce n’était pas sans raison, elle se recoiffait à chaque pause.

Tournant d’autorité la jeune fille pour s’occuper de ses cheveux, elle poursuivit, un élastique au coin des lèvres. « N’est un gibier que celui qui en a l’apparence, et avec une coupe pareille, tu portes presque un panneau ‘je suis une victime’ dans ton dos. Mais ne t’inquiète pas, je vais t’arranger ça et après je t’emmènerais à la grande salle. Tout va très bien se passer, avec moi tu ne risques rien. » Réalisant soudain une vérité basique, elle ajouta. « Au fait, j’ai oublié ton nom. Moi c’est Romilly, Romilly Bradley. » Elles étaient de la même année et avaient des cours en commun, mais bon, Romy s’occupait généralement trop de son nombril pour se souvenir des noms de ceux qu’elle jugeait habituellement inintéressants.

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-TOUS COMPTES-
NEIGE