Cérémonie de répartition [Côté Poufsouffle]

La jeune Pandore McAllister n'était pas sorcière à se démonter devant tant de nouveautés qui s'offraient à elle. Déjà, elle était en Ecosse, ce qui en soit avait de quoi profondément la déstabiliser. Elle n'avait jamais – jamais – quitté ô grand jamais son Irlande du sud natale et elle s'était toujours dit que la seule fois où elle le ferait, ce serait pour aller voir jouer les Crécelles de Kenmare qui auraient évolué en équipe nationale, en finale ou demi-finale de la coupe de Quidditch. Sauf que là, non. Il fallait dire que même sorcière depuis toute petite, l'optique de quitter le foyer familial pour rejoindre l'école de sorcellerie Poudlard qui n'était même pas en Irlande, une honte !, ne l'avait pas traversée plus que ça.

Et pourtant elle y était ! Loin de ses amis, loin de ses parents, la jeune Irlandaise aux longs cheveux chatains ne pouvait s'empêcher de penser à tous ceux qu'elle avait quitté et qu'elle ne reverrait pas avant au moins une année scolaire entière. Bien qu'un fort sentiment de manque s'installait en elle, Pandore ne pouvait cependant pas dire qu'elle était anxieuse. Elle était plutôt impatiente, à vrai dire. La cérémonie de répartition approchait à grand pas et elle ne pouvait qu'attendre avec grande impatience le moment où la directrice de l'école lui mettrait le Choixpeau Magique sur la tête. Choixpeau magique qui avait entre parenthèse – yeurk – appartenu à Godric Gryffondor déjà il part avec un handicap, lui...

Une fois qu'elle eut quitté le Poudlard Express, traversé le fantastique lac noir à dos de barques de bois, monté des centaines de marches pour arriver dans le grand hall, la jeune McAllister se retrouva, droite comme un piquet, devant les portes majestueuses de la grande salle. Et c'est alors qu'elles s'ouvrirent et que tous les premières années suivirent la directrice de l'école à travers l'allée centrale, devant tous les autres élèves de Poudlard.

Un profond sentiment de joie inonda Pandore, qui ne pouvait que se sentir revivre à la vue des élèves plus agés qu'elle qui la regardaient marcher avec la classe la droiture dûe à son rang Irlandais, donc, le rang. Elle aimait être observée, admirée et cette haie d'honneur qui lui était faite ne pouvait que la combler d'un profond sentiment de satisfaction. Pas une seule seconde l'idée que si elle s'était retrouvée en milieu de rang plutôt que seule et unique première de la file, aurait changé la chose.

Arrivés en bas de trois petites marches, Pandore attendit patiemment que les élèves situés avant elle dans l'alphabet soient répartis, regardant avec envie ceux qui étaient répartis chez les Poufsouffle, et avec un regard teinté de mépris ceux qui intégraient la maison de Gryffondor. Euh ils ne seraient pas amis, c'était bien clair !

« Pandore McAllister ! »

Comme si elle avait attendu ce moment toute sa vie, Pandore monta les marches d'un pas sautillant et s'installa sur le tabouret, les genoux serrés, ses mains posées dessus.

« Si vous me répartissez à Gryffondor, autant m'achever tout de suite.... »
« Ôh non, pas Gryffondor... Ce sera, Poufsouffle ! »

Sans attendre, Pandore se leva d'un bond, et embarqua presque avec elle le Choixpeau magique qu'on ne lui avait pas retiré. Ça y était, elle était à Poufsouffle, comme tous les membres de sa famille ! Le plus dur était passé, et maintenant, elle pouvait sans crainte prendre le risque de s'amuser. Elle allait pouvoir écrire à ses parents, maintenant, c'était sûr, ça !

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RENTREE

Annagovia Quirm était officiellement devenue « une grande ». C’était du moins son avis, et elle le respectait, merci pour elle. Pensez donc ! La petite rousse entrait en troisième année : ah ! Il était loin le temps où elle apprenait à lancer un bête lumos ou à soigner des mandragores ! Cette année, les choses sérieuses commençaient. La preuve ? Hé bien contrairement aux petits, elle avait désormais de nouvelles classes à suivre. Et pas n’importe lesquelles, s’il vous plaît, car, après moult tergiversations, la Poufsouffle avait fini par opter pour la divination (« Pour voir si Ophélia et Roman vont finir par se marier et avoir beaucoup d’enfants… Et aussi un peu pour savoir si je vais réussir mes ASPIC ! »), les soins aux créatures magiques (« Comme ça, si Ernestine tombe malade, je pourrai la soigner ! ») et l’étude des runes (« Ce sera très pratique d’écrire des messages codés en runes… »). Mieux ! Dès la rentrée, elle aurait à suivre des cours à Taliesin pour apprendre à maîtriser un talent dont elle ignorait tout jusqu’à présent, mais qui avait vraisemblablement attiré l’attention de sorciers plus aguerris qu’elle. Toutes ces nouveautés emplissaient la – désormais – jeune fille de joie et d’impatience, à tel point, d’ailleurs, qu’elle avait été parfaitement intenable durant tout le mois d’août : ses parents avaient beau être les personnes les plus conciliantes au monde, ce n’était pas sans un certain soulagement qu’ils avaient vu leur fille partir à bord du Poudlard-Express, ce matin-là.

Car si deux années s’étaient écoulées depuis qu’Annagovia avait découvert le monde magique pour la première fois, elle n’avait rien perdu de son enthousiasme à son égard, et avait eu bien du mal à se passer de baguette pendant deux longs mois. Pour tromper son ennui lorsqu’elle retrouvait la maison parentale, Anna se lançait donc à corps perdu dans des activités souvent bruyantes, toujours salissantes, et somme toute, très vite fatigantes pour quiconque avait le malheur de se trouver dans les parages. Cet été là, la rouquine s’était prise de passion pour le piano. Sa mère, qui avait longtemps pris des cours avant que son métier de libraire ne l’accapare trop pour qu’il lui fût permis de jouer régulièrement, laissait l’instrument prendre tranquillement la poussière dans un coin du salon et, bien qu’elle affirmât régulièrement qu’il faudrait s’en débarrasser pour faire de la place (et Merlin seul savait à quel point le salon des Quirm, croulant littéralement sous les livres, auraient eu bien besoin d’une bibliothèque supplémentaire !), ses paroles étaient restées, jusqu’à présent, purement velléitaires. Huit semaines à entendre sa fille unique massacrer les touches avaient peut-être eu raison de ses réticences… Sinon de son amour pour le piano tout court !

L’ennui, avec Annagovia, c’est qu’elle mettait toujours un enthousiasme immodéré dans tout ce qu’elle entreprenait, y compris lorsque s’y révélait, de toute évidence, dépourvue de talent. Ses camarades de chambrée, à Poudlard, auraient certainement eu beaucoup à dire sur les passions multiples qu’avait entretenues la rouquine depuis son arrivée au château ! Hélas pour elles, rien ne semblait indiquer que la Poufsouffle avait changé son fusil d’épaule durant les vacances. En réalité, elle venait tout juste de se découvrir un nouveau centre d’intérêt dans le Poudlard-Express : les bavboules. Nul doute que d’ici la fin de la soirée, elle chercherait à convaincre ses comparses de se lancer dans une partie – ou deux, ou trois, ou quatre, ou « ouuuups, il est déjà quatre heures du matin ? On reprend les cours à quelle heure, déjà ? ». Oh ! Et n’oublions pas les papiers de chocogrenouilles, qu’elle continuait à collectionner religieusement. Martha Flebistwich, qui partageait son dortoir, chuchotait souvent qu’il était heureux qu’elle n’ait pas (encore) songé à se lancer dans un élevage de vers de terre ou de plantes carnivores. D’un point de vue pratique, il était surtout heureux qu’Annagovia n’ait jamais entendu Martha tenir de tels propos : ils auraient pu lui donner des idées.

Pour l’heure, la jeune fille était assisse à la table des Poufsouffle, d’où elle avait suivi d’un œil inhabituellement grave la cérémonie de répartition : maintenant qu’elle était en troisième année, il était de son devoir de guider les plus jeunes sur la voie de la sagesse et de la magie. Hum… Ou, en tout cas, sur la voie des dortoirs de Poufsouffle et des salles de classe pour commencer, ce qui, au cours des prochains jours, intéresserait sans nul doute beaucoup plus les nouveaux venus. Toutefois, si elle avait attendu l’arrivée de Poufsouffle tout beaux, tout neufs, elle fut cruellement déçue : pour sa maison, ce serait une année creuse !

* Pfff, Serpentard, Serpentard, re-Serpentard…* énuméra-t-elle en fronçant le nez d’un air contrarié, tandis qu’elle suivait d’un œil morne un petit garçon qui rejoignait la table des Serpents, sans même prendre la peine de l’applaudir (elle avait un certain standing).

Mais peu importait ! Ils étaient peut-être moins nombreux, mais ils avaient sans aucun doute possible récupéré les meilleurs éléments. Après tout, les Poufsouffle étaient bien trop parfaits pour se permettre d’accueillir n’importe qui dans leurs rangs (« Pardon ? Comment cela, maison de la tolérance et de l’ouverture ? Non mais là, c’est juste le Choixpeau qui fabule… »). Cette pensée – comme on peut le constater, Annagovia croit encore au Père Noël – la rasséréna quelque peu, et, se penchant sans vergogne au-dessus de la table, elle s’adressa d’un ton enjoué à la fillette qui lui faisait face (et dont elle avait déjà zappé le prénom. Mais passons), et qui n’allait pas tarder à regretter de s’être assisse à cette place :

- Bienvenue à Poufsouffle ! Tu veux manger quelque chose ? Un peu de tourte aux rognons, peut-être ? (Ophélia, passe la tourte aux rognons. Et aussi la salade. Très important la salade) Ou alors de la panse de brebis farcie ? C’est typiquement écossais, tu sais… Même si personnellement je trouve ça un peu répugnant… On t’a servi en jus de citrouille ? acheva-t-elle en adressa un large sourire à la petite brune.


Non, Pandore, il n’est plus temps de changer de maison.

(1021 mots, à une première année traumatisée près.)

RENTREE

Bérénice n’aimait pas le banquet de début d’année, comme elle n’aimait presque aucune festivité où beaucoup de monde se retrouvait agglutiné comme des mouches sur un pot de miel, les yeux accrochés sur le vieux Choixpeau qui avait peut-être envie de prendre sa retraite (fin bon, on dit ça, on dit rien hein !). BB avait, de toute façon, passé de mauvaises vacances, c’était certes sa faute mais ça ne la consolait pas beaucoup pour tout dire… Elle se retrouvait donc en ce jour de rentrée, d’humeur maussade, à regarder d’un œil morne les élèves arrivés vers sa table. Cela dit, même quand elle était contente, elle n’était pas un modèle d’expressivité, du coup on ne pouvait pas voir la différence sans être un expert – et des experts, désolé, mais il n’y en a pas à cette table, ni même dans tout Poudlard ! -. Elle avait juste hâte que ça se termine et qu’elle puisse retrouver son lit pour se plonger dans sa propre misère et sa bêtise sans fond. C’était son unique souhait et elle le trouvait modeste… et le temps s’étirait, malgré ça, en longueur, encore et encore, comme pour la torturer un peu plus jusqu’à lui donner la migraine.

Elle chercha ses cachets dans sa poche de cape et les trouva non sans un certain soulagement. Elle remarqua au passage une nouvelle mais évita son regard, autant par habitude que parce qu’elle était trop déprimée pour lutter contre ses tendances. Finalement, comme elle était genre… bah à côté ! Elle finit par lâcher un « Bienvenue » sans grande conviction, uniquement pour ne pas avoir Roman ou – pire – Annagovia sur le dos. Elle jeta un coup d’œil derrière elle à la table des Serdaigles rassurez moi, elle est bien derrière et eut envie de pleurer. Heureusement, Tyler n’était plus à Poudlard depuis plus d’un an, même sa sœur n’était plus là, quelque part, elle ne s’en sortait pas trop mal. Elle était née sous une mauvaise étoile pour que tout aille toujours de travers mais elle n’avait pas à assumer ses actes. Faris ne dirait rien non plus, elle resterait juste mortifiée de honte jusqu’à la fin de sa vie quand elle verrait son ami, c’est tout. En tout cas, elle avait pris une bonne résolution en ce début de sixième année et à presque dix-sept ans, elle décidait qu’elle ne boirait plus, na !

« Anna’, au lieu de rameuter tous les plats de ton côté pour la nouvelle pense aux autres. » Elle désigna, de fait, l’autre côté de la table, sans savoir pourquoi elle avait fini par intervenir. Sûrement dans l’espoir que ça lui change les idées de s’occuper des petites, enfin, s’occuper était un grand mot connaissant BB (qui arborait ce jour là encore son look de métaleuse !) mais au moins elle avait fait une phrase entière. Sans bégayer. Faisant signe à Ophélia que le passage des plats ça allait suffire comme ça, elle ajouta, l’air toujours lasse derrière son maquillage noir « Si tu attendais simplement que cette demoiselle nous dise ce qu’elle désire ? » Puis c’était pas la peine de faire de la lèche aux nouveaux selon BB (bien négative décidément), ils étaient coincés à Poudlard pour sept ans quoi qu’il advienne… Bérénice ne savait plus comment ses parents avaient réussi à la décider de poursuivre ses études après l’été pourri qu’elle venait de passer mais le fait était qu’elle était là… et vous savez le pire ? Le nouveau préfet… c’est Roman !

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RENTREE

Annagovia était en train de faire passer le plat de tarte aux rognons lorsqu'elle fut interrompue dans son élan par Bérénice. Un peu surprise par la dureté de ton de sa camarade, la rouquine s'arrêta net et la dévisagea d'un oeil rond franchement perplexe Attends, tu es qui, toi déjà ? On se connait ? Tu ne te serais pas trompée de table, par hasard ?. Si elle connaissait Bérénice de vue, sinon de réputation ("La cousine de Bones, là, tu sais... Qui fait cours ou pas avec Flitwick... Tu crois qu'elle est favorisée au moment des examens ?"), elle n'avait jamais eu l'occasion de lui parler, et était donc un peu surprise que la jeune fille connaisse son prénom. Ceci étant il était vrai que la Poufsouffle avait acquis, en trois ans, une solide renommée d'agitée du bocal, si bien qu'il n'était, somme toute, pas si étonnant que cela que des élèves auxquels elle n'avait jamais adressé la parole la connaissent.

* Houlà, elle a dû passer un sale été, dites donc, la pauvre petite, pour être aussi grincheuse le soir de la rentrée ! La mauvaise humeur pour une cérémonie aussi importante, ça devrait être interdit ! * estima-t-elle, en adressant un sourire emplie de commisération à sa camarade. * Elle ne doit pas avoir la vie facile, quand on voit comment elle s'habille... Certainement la preuve d'un mal être profond... Mon Dieu, mon Dieu... Mais ce n'est pas une raison pour être aussi désagréable... Elle donne une très mauvaise image de Poufsouffle aux nouveaux élèves ! * songea-t-elle encore, en coulant un oeil prudent en direction de Pandore, comme si elle craignait de voir la fillette prendre ses jambes à son cou pour rejoindre une autre table.

- Non mais Ophélia, elle est au régime ! Hein Ophélia ?! On pourrait peut-être laisser Pandore se servir un peu de tout et ensuite repasser les plats, non ? répondit-elle prudemment, car elle n'avait pas très envie de voir Bérénice lui sauter à la gorge, En plus regarde, j'ai laissé la panse de brebis farcie de l'autre côté de la table ! Ils ne sont pas en manque... précisa-t-elle, avec un enthousiasme qui n'avait rien de forcé. Après tout, ce n'était pas parce qu'elle avait ce met en horreur que c'était le cas de ses camarades... N'est-ce pas ?

* En tout cas, elle est super agressive, cette fille ! Elle n'aurait pas digéré quelque chose que ça ne m'étonnerait qu'à... Oh ! * réalisa-t-elle soudain, en ouvrant la bouche de stupeur, * Je sais ! Elle est hyper vexée parce qu'elle n'a pas été nommée préfète ! Aha, mais avec une telle attitude, il ne fallait pas s'y attendre ! Roman était dix fois mieux placé pour avoir le poste ! * conclut-elle en son for intérieur, en fixant Bérénice d'un oeil triomphal. Bien fait pour elle !

Cette victoire mesquine, et, sans doute, totalement imaginaire, car nul n'avait jamais entendu dire que Bérénice Bones convoitait une place de préfète, fut cependant de courte durée. Annagovia appartenait, après tout, à Poufsouffle, et elle était, qui plus est, incapable de se montrer rancunière. Le petit ange qui se trouvait sur son épaule droite eut tôt fait de chasser le diablotin qui s'agitait sur son épaule gauche, pour mieux lui souffler qu'il fallait être très gentil avec les gens dans la douleur. Ce fut certainement la raison pour laquelle Annagovia, contemplant Bérénice d'un oeil humide de compassion, reprit d'une voix extrêmement douce, un peu comme si elle s'adressait à un enfant de quatre ans qui se serait écorché le genou :

- Tu as passé de bonnes vacances ?

A peine eut-elle formulé sa question, qu'Eva-Rose intervint à son tour dans la conversation. Elle, pour le coup, Annagovia voyait parfaitement qui elle était, et se trouvait même bien aise de pouvoir lui parler : une préfète, ce n'était pas n'importe qui pardon Bérénice et Eva-Rose lui avait toujours semblé absolument épatante.

- D'accord Eva-Rose ! claironna-t-elle d'une voix fluette, en poussant ostensiblement du coude le plat de tarte vers Ophélia, Je ne le ferai plus, sauf si quelqu'un me le demande ! assura-t-elle ensuite, avec candeur et en souriant angéliquement à sa préfète... Qui allait probablement finir par se demander si la troisième année ne se payait pas tout simplement sa tête. Ce qui n'était, soit dit en passant, pas le cas.

(732 mots, à une troisième année insupportable près)

RENTREE

« Allez les nains de jardin, on s'active ! Vous viendrez pas pleurer si on vous oublie sur le quai ! Allez go, go, go ! Toi là-bas, t'attends quoi, le déluge ? Vous suivez le professeur Hagrid, dépêchez-vous ! »

Mais visiblement, certains ne devaient pas saisir la fluidité du plan. Une petite fille se tenait dans l'encadrement d'une des portes du Poudlard Express et n'était pas très décidée à sortir du train. Elle pleurait.

« Allez jeune fille. Tu n'as pas envie d'aller à Poudlard, c'est ça ? »

Elle lui répondit qu'elle avait peur du noir, peur du lac et qu'elle se sentait bien dans le Poudlard Express. Roman lui attrapa la main et lui dit, d'un ton calme, pendant que les premières barques quittaient le ponton de Pré-au-Lard.

« Tu verras, une fois que tu seras dans le château, tu te rendras compte combien tes peurs étaient injustifiées. Il n'y a pas d'endroit plus sûr que Poudlard, tu peux me croire. A vrai dire, il n'y a pas de lac plus sûr que le lac noir, même ! Si jamais tu tombais à l'eau – ce qui arrive une fois tous les 150 ans, je te rassure - tu n'aurais même pas le temps de te noyer puisqu'on sortilège t'en ferais ressortir immédiatement, et tu serais toute sèche en plus ! Et puis, tu vas voir, une fois que tu seras répartie dans une des 4 maisons de Poudlard, tu vas pouvoir manger à peu près tout ce qui te fait envie. C'est quoi ton plat préféré ? »

Roman avait un peu enjolivé la réalité, mais parfois, on avait juste besoin d'un petit mensonge pour franchir le cap on n'a pas la même définition du petit mensonge, je pense, et visiblement, ça avait l'air de marcher.

« De la mousse au chocolat ? Je crois que c'est le dessert qu'il y'a en plus grosse quantité, à Poudlard ! Tu pourras en manger autant que tu veux, tu verras ! Tu es décidée à venir, maintenant ? Non parce qu'en plus de rater les barques sinon, tu vas retourner à Londres, parce que le Poudlard Express, lui, il ne reste pas là ! »

La jeune fille finit toute de même par se décider et suivit Roman, toujours en lui tenant la main, vers les barques, dont elle prit la dernière. Mais avec tout ça, c'était Roman qui était bon dernier. Il courut vers les calèches et sauta sur celle qui était en train de partir, autrement dit, la dernière.

[...]

« Ophélia, tu me gardes une place à côté de toi s'il te plait, je dois aller vérifier quelque chose ! »

Roman courut en effet jusqu'à une grande fenêtre qui donnait vers l'extérieur et tenta de voir si tout se passait bien pour sa petite protégée. Bien évidemment, avec la nuit, il ne vit rien et s'en retourna dans la grande salle, un peu déçu, où il prit place à côté d'Ophélia.
Après avoir échangé les dernières nouvelles de sa meilleure amie, la cérémonie de répartition commença, et Roman examina avec attention les élèves qui passaient. Par chance, il vit celle qu'il cherchait. Par malchance, elle ne fut pas répartie à Poufsouffle.

« C'est la grosse bamboula à Serpentard, quoi ! Ils ont été combien à être répartis ? Et on en a combien, nous ? »

Ophélia fit une réflexion comme quoi moins ils en avaient, meilleurs ils étaient, mais Roman était quand même relativement déçu. Pour sa première année en tant que préfet, il s'attendait à voir une ribambelle de nouveaux, et même pas. Il fut cependant content de compter un garçon dans ses rangs, parce que mine de rien à Poufsouffle, ça manque de mâles !

« Bienvenue Roy ! Bienvenue Pandore ! Je suis Roman Jones, votre préfet. Je vous laisse manger en paix mais sachez que je vous souhaite une bienvenue dans notre maison ! Vous serez choyés comme de petits anges, vous verrez ! »

Et vu le nombre qu'ils étaient, ils pouvaient !

C'est alors qu'Annagovia en face de lui, prit la parole (ils étaient ensemble dans le Poudlard Express) et Bérénice surenchérit, d'un ton qui ne plu pas du tout à Roman. D'un on ne parlait pas comme ça devant des nouveaux venus et de deux on ne parlait pas comme ça à Annagovia, how ! Elle se prenait pour qui la Bones, là ? Roman se faisait de plus en plus de soucis pour sa collègue d'année, parce que mine de rien elle était sacrément spéciale, et ce n'était rien de le dire.

« On est pas au pièces hein ! Prends donc un peu de panse de brebis Bérénice, ça te fera du bien... »

Roman avait eut bien envie de rajouter "ça te donnera des couleurs" mais il doutait qu'un morceau de viande ait cet effet. Dans tous les cas, il adressa un clin d'oeil discret et complice à Annagovia sa pote et profite lui-même du voyage vers Pandore pour se servir à manger. Pandore, tiens, c'était pas courant comme prénom ça...

« Et toi Eva, t'as passé de bonnes vacances ? »

Sans être autant amis qu'avec Kayliah et Ophélia, Roman et Eva étaient amis. Ils se connaissaient depuis la première année aussi, et avaient tous les cours ensemble, donc bien évidemment, ils étaient obligés de se parler. Roman l'aimait bien, comme toutes ses amies de 6ème année et bien qu'il ait de meilleurs affinités avec Abby, Ophy et Kay-kay, il appréciait également beaucoup Eva-Rose.

(922)

RENTREE

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'accueil de Pandore à la table des Poufsouffle fut bon. Après une minute de présence, Pandore pouvait déjà se féliciter d'avoir donné le top départ à la troisième guerre mondiale... Si on lui avait dit qu'on se battrait pour elle dès son arrivée, elle ne l'aurait pas cru. Non, non, vous ne vous trompez pas, malgré son jeune âge, Pandore a remarqué sans difficulté ce qui se tramait à la table des jaunes et noirs et vous le croirez si vous le voulez, dans un sens, ça lui faisait plaisir. Mine de rien en effet, cette Annagovia lui plaisir beaucoup et il y'avait fort à parier qu'elles deviendraient proches. Pandore le sentait et elle se trompait rarement sur ce genre de choses.

« Merci ! Euh... Je vais essayer la tourte à l'oignon, je ne connais pas la panse de brebis mon Dieu, ça se mange ça ?. C'est Ecossais, ah c'est pour ça, je suppose que je vais devoir me faire aux coutumes du pays, alors... Non pas encore, mais j'en veux bien ! »

Ouais, c'était clair, Annagovia lui plaisait, et on le voyait sur le visage de Pandore. Déjà la jeune jaune et noire était rousse, ce qui lui donnait nécessairement un bonus de points conséquent. Puis elle était souriante, extrêmement gentille et si elle était à Poufsouffle, c'était qu'elle était fidèle et loyale. Il n'y avait pas à dire, si elle ne devait pas une amie, c'était qu'il y avait un problème.

« Oui, Pandore McAllister ! Je viens de Waterford, Irlande du sud précisons. »

Super ta vie. Inutile de préciser que la plus grande fierté de Pandore, c'était ses origines et elle ne se privait jamais d'une occasion de les rapeller.

Mais pour l'heure, tandis qu'elle mangeait sa tourte avec un peu de salade, Pandore ne pouvait s'empêcher de dévisager de ses yeux verts les personnes qui l'entouraient et qui allaient nécessairement la croiser pendant un bon moment. Autant commencer sur de bonnes bases, non ? Oui, alors attaquons les festivités par un interrogatoire quelques questions, histoire de mieux cerner les personnages. Après tout, ils allaient devenir sa famille et sa famille Pandore voulait la connaître.

« Hum... Excusez-moi. Ça vous dérange si je vous pose quelques questions, à tous ? Non parce que mon papa et ma maman – ils étaient à Poufsouffle, eux aussi, comme toute ma famille – m'ont conseillé de faire connaissance dès le début avec les membres de ma maison, histoire de ne pas perdre de temps. Et, vu que vous m'avez tous l'air très sympathiques oui même toi Bérénice, j'aurai aimé ne pas perdre de temps... »

Elle regarda le grand garçon assis en face d'elle, qui lui sourit en lui répondant que ce serait avec plaisir qu'ils répondraient à leur question. Super !

« Vous pouvez juste me dire vos noms et vos années, ce sera déjà un bon début ! Je commence si vous voulez, Pandore McAllister, première année ! oui je sors. »

Elle n'allait quand même pas se priver de faire une petite démonstration de son fantastique humour, après tout ! Du haut de ses 11 ans, Pandore était une petite fille plutôt mature, c'est pour celà qu'elle n'éprouvait pas une grande gêne à parler à des gens bien plus grands qu'elle. Elle ne serait pas non plus gênée pour parler à son camarade d'année, Roy, qui avait l'air ma foi plutôt sympathique lui aussi.

(577)

RENTREE

Bwerf, si elle avait su, elle se serait tu. Après tout, elle n’avait que de bonnes intentions à l’origine ! Voilà pourquoi l’autisme était une maladie terrible, peut importe les efforts qu’elle faisait, on se tromper toujours sur ce qu’elle voulait dire parce qu’elle s’exprimait mal ! Et qu’elle avait aussi un look un peu sombre mais ces derniers temps c’était vraiment adapté à son humeur. Songeant ainsi, elle remonta ses mitaines à rayure sur ses bras.

« Pas vraiment. » Répondit-elle en toute honnêteté à Anna qui lui posait la question. Elle ne voyait pas pourquoi elle le cacherait alors que de toute façon, ça se lisait sur sa figure qu’elle n’était pas bien. Ce n’était pas le cas d’un autre première année que Roy et Pandore oui, oui, mon futur petit poufsouffle qui mangeait avec entrain un peu plus loin mais qui ne semblait pas assez à l’aise pour discuter avec eux. Dommage, mais ils auraient tout le temps de faire connaissance plus tard, pas vrai ?

« J’ai fais pas mal de concert mais en ce qui concerne ma vie personnel, comme d’habitude, je suis un boulet pour mon entourage. » Elle n’ajouta pas qu’elle aurait largement préféré ne jamais revenir à Poudlard pour pouvoir régler tous ses problèmes avec les garçons de sa vie qui étaient (tous !) adultes. Non seulement parce que Anna était trop jeune pour comprendre mais parce qu’en plus elles ne se parlaient pas vraiment si ce n’est comme aujourd’hui dans le cadre des activités de Poufsouffle.

« Désolée Roman, c’est gentil, mais je suis végétarienne… » Elle baissa les yeux sur son assiette, vide. BB ne mangeait plus de viande depuis quelques temps, ayant enfin fait comprendre à ses parents qu’on pouvait vivre sans et surtout que globalement elle n’aimait pas ça. En fait, dans les plats avec de la viande qu’elle aimait, ce qui lui faisait plaisir, c’était la sauce, et elle pouvait très bien la mettre avec des légumes ! Pour faire plaisir à son camarade de classe, elle se servit néanmoins de la salade, mais c’était vraiment histoire de !

« Enchantée Pandore. » Ou pas, mais puisqu’elle était prise au piège maintenant, elle allait bien devoir se montrer un minimum civilisée ! Elle ne se voyait pas expliquer à une première année qu’elle avait une maladie qui la rendait associable. Enfin, pour ce qui concernait ce jour, c’était surtout qu’elle n’était pas d’humeur à lutter contre la maladie. D’ailleurs, bien qu’elle parla à peu près normalement depuis quelques minutes, elle ne regardait personne dans les yeux, visant soigneusement à côté, le regard fuyant. Elle ne s’en apercevait même pas. C’était un exercice difficile pour elle de regarder les autres et elle n’en avait pas envie ce soir, surtout qu’elle n’avait pas encore pu prendre ses médicaments.

« Je suis Bérénice Bones, je suis en sixième année comme Roman et Eva-Rose. » Bon et puis voilà, c’était bon là, non ? Elle avait sa BA ? Au cas où ce ne serait pas suffisant, elle ajouta un petit sourire mais elle le sentit un peu forcé. Rah… vivement qu’elle retrouve son lit tiens !

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RENTREE

Avec un sourire à la troisième année obéissante et pleine de vie qu’était Annagovia, Eva-Rose attrapa elle-même le plat le plus proche d’elle pour se servir et commencer à manger, parce que mine de rien il commençait à se faire tard, et elle avait faim, les deux sandwiches et quelques bonbons qu’elle avait avalés dans le train ne l’ayant pas assez nourrie pour qu’elle puisse tenir si longtemps ; bien qu’elle ne fusse pas une grosse mangeuse. Bref, maintenant qu’un semblant de calme était revenu à la table des Poufsouffle, elle pouvait elle aussi participer à ce joyeux banquet de rentrée.

Roman, le nouveau préfet, celui qui remplaçait Elizabeth Harris, qui elle-même avait quitté Poudlard remarqua que beaucoup d’élèves avaient été répartis à Serpentard, du moins par rapport à ce qui était arrivé à Poufsouffle. Eva-Rose haussa les épaules : tout cela se passait si vite, elle n’avait pas pris la peine de compter, d’autant que vu le nombre d’élève on s’y perdait vite. Bref, se baser sur une impression n’étant pas son genre, la rouquine ne savait que trop en penser, et puis de toute façon, le nombre ne faisait pas la force. Même s’il était toujours encourageant de voir les nouvelles générations atterrir dans sa maison, il y avait aussi de temps en temps des générations creuses, il fallait s’y faire.

- Ca ne les empêchera pas de perdre, répondit-elle simplement. Eva-Rose n’était pas particulièrement chauvine, ce qui n’empêchait pas qu’elle avait été sacrément déçue par l’avance de Gryffondor l’année précédente, qui avait quand même été assez conséquente. Surtout, gagner la coupe des quatre maisons, c’était quand même une fierté pour toute la maison, aussi la rouquine espérait-ils que les blaireaux feraient tout leur possible pour récupérer le précieux trophée. Mais il n’était pas encore temps de stresser les nouveaux vis-à-vis de ça, ils auraient tout le temps le lendemain, « ils » comprenant la sixième année ainsi que Roman et Keith, la Préfète-en-Chef. Un petit speech pour expliquer ce qui serait attendu d’eux, combien la bonne conduite en cours était importante pour toute la maison, et peut être une visite du collège, qui sait ? Pour le moment, il ne fallait que se réjouir, même si ça pouvait sembler difficile à certains un soir de rentrée.

Eva-Rose eut un petit rire – discret, mais audible quand même – quand Bérénice signala à Roman qu’elle était végétarienne. Dans sa face, comme dirait l’autre. Non qu’elle ne fût pas d’accord avec son collègue, leur camarade n’avait pas forcément été des plus diplomates, mais la réponse était tout de même belle. Enfin, comme il n’était pas du genre de la rouquine de rire ainsi au milieu de tout le monde, elle connut une poussée de rougeur. Rien de grave, ça passerait, et avec un peu de chance elle pourrait faire passer ça sur le compte de la chaleur. Tandis que le blondinet enchaînait en lui demandant si elle avait passé de bonnes vacances, Pandore – la nouvelle – proposa quant à elle que chacun se présente, ce qui était une idée comme une autre. Bérénice commença, donnant par la même occasion le nom des deux Préfets. Profitant de cette occasion pour ne pas ouvrir la bouche, la demoiselle se contenta de lever la main avec un sourire, puis répondit à son collègue :

- Pas trop mal, même s’il y a eu de la tension dans l’air en attendant les résultats. Et les tiennes ?

Quels résultats ? Ceux des BUSEs, évidemment, ça semblait clair à Eva-Rose, et sans doute à la plupart des sixièmes années. Pour Roman, ça avait sans doute été plus exceptionnel encore, puisqu’il avait reçu son insigne à cette occasion.


RENTREE

- Je ne veux pas y aller ! Je ne veux vraiment pas y aller !

Les adieux avaient été déchirants. Fermement cramponnée au gilet de sa mère, arrêtée à quelques mètres à peine de la barrière qui séparait la voie 9 ¾ du reste de la gare, Louise refusait tout net de quitter ses parents. Tétanisée de terreur à l’idée de devoir plonger seule dans un monde totalement inconnu sans avoir au moins la consolation de se dire que, si les choses se passaient mal, elle retrouverait le confort de la maison familiale une fois la journée terminée, la fillette était visiblement au bord des larmes, et peu importait que tout King’s Cross le remarque ! Au contraire ! L’employé du Ministère qui était venu frapper à leur porte, un mois auparavant (et que, après réflexion, ils n’auraient jamais dû inviter à entrer), avait bien spécifié qu’il fallait à tout prix passer la barrière sans se faire remarquer des foldus... Dolfus... Bolrus... Enfin, de ceux qui ne pratiquaient pas la magie. Si le chagrin de la petite blonde attirait l’attention des autres usagers, elle ne pourrait pas traverser pour accéder au Poudlard-Express sans être vue : le train partirait sans elle et tout serait pour le mieux. Car, si la perspective d’agiter sa baguette en lançant des sorts avaient un peu (mais un peu seulement) attiré Louise tant qu’elle était encore en vacances, maintenant que l’heure était venue de quitter sa famille pour de bon, elle n’avait plus rien de réjouissant. En réalité, la fillette aurait volontiers troqué plumes et chaudrons contre l’uniforme de l’école 100% garantie sans sorcellerie dans laquelle elle aurait dû faire sa rentrée le matin même.

- Je ne crois pas que tu aies le choix, Louise, répondit Mrs Waugh d’un ton hésitant, visiblement troublée par le désarroi de sa fille, Souviens-toi de ce que nous a expliqué cet employé du ministère : ce serait une catastrophe, si tu n’apprenais à maîtriser ton… hum… Don convenablement…

Elle avait nettement hésité sur le qualificatif qu’il convenait de donner aux pouvoirs de Louise : moldus d’aussi loin que la mémoire familiale remontait, les Waugh avaient encore un peu de mal à digérer la nouvelle de l’existence d’un monde sorcier pour ainsi dire parallèle au leur.

- Mais je te jure, maman, renchérit aussitôt Louise d’une voix vibrante, je te jure que je ferai très attention ! Personne ne le saura ! rajouta-t-elle, suppliante, en gratifiant Rebecca d’un coup d’œil désespéré.

Louise aurait peut-être obtenu gain de cause car sa mère était, selon toute vraisemblance, de plus en plus mal à l’aise et, surtout, à court d’arguments – il était, de toute façon, difficile de trouver des éléments percutants en faveur du monde sorcier quand on était une moldue pure et dure – si une femme ne s’était pas approchée de leur petit groupe pour s’adresser à eux du ton un peu gêné de qui s’immisce dans une discussion qui ne le concerne pas.

- Excusez-moi… C’est très impoli de ma part, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’entendre ce que vous disiez et… Tu vas à Poudlard pour la première fois, mon chou ? demanda-t-elle, avec un grand sourire, en s’adressant directement à Louise…

… Qui lui lança un regard torve. Elle n’était certainement pas un chou, et elle sentait, rien qu’à voir la mine ouverte de cette femme, que le vent était en train de tourner pour elle. Fine analyse de la situation ! En quelques minutes, l’intruse s’était présentée comme sorcière, avait assuré au moins un millier de fois qu’il n’y avait aucune raison d’avoir peur, que Poudlard était un lieu absolument formidable, que d’ailleurs, son fils (un grand garçon malingre qui était resté un peu en retrait) était tout excité à l’idée d’y retourner, et qu’il se ferait un plaisir de s’occuper sa petite camarade (« Comment tu t’appelles, mon poussin ? ») pour son tout premier voyage vers l’école (ce dont la fillette doutait franchement au vu de la moue renfrognée que le jeune homme avait esquissé).

A son corps défendant, donc, et en grande partie poussée avec douceur mais fermeté par la sorcière, Louise s’était retrouvée au beau milieu du Poudlard-Express, dans un compartiment occupé par cinq ou six élèves bien plus âgés qu’elle et qui ne cessaient de la lorgner du coin de l’œil, un peu comme si elle était une sorte d’animal de foire. La fillette en était si gênée qu’au bout de quelques minutes de voyage à peine, elle courut s’enfermer dans les toilettes les plus proches pour leur échapper. Peut-être pourrait-elle rester là jusqu’à l’arrivée à Poudlard ? Peut-être même que, si elle demeurait cachée une fois le train à quai, personne ne remarquerait son absence ! Elle n’aurait alors plus qu’à attendre le retour à Londres, qui devait très certainement s’effectuer au cours de la nuit ! Malheureusement, tous les plans de Louise s’effondrèrent quand une voix, visiblement excédée, s’éleva de derrière la porte :

- C’est bientôt fini ? Il y a du monde à attendre la place, dehors !

La petite blonde fut donc obligée de sortir de sa cachette, et de retourner, la tête basse, dans son compartiment, avec le désagréable sentiment de déranger, ou, plutôt, de ne pas être à sa place.
L’arrivée à l’école n’avait pas été plus réjouissante : si la plupart de ses camarades s’étaient extasiés devant la beauté des lieux, Louise, elle, avait surtout redouté de se noyer, tant les coquilles de noix dans lesquels ils « naviguaient » lui semblaient au bord du naufrage. Et ne parlons même pas de la Cérémonie de répartition, qui avait lieu au vu et au su de tous : elle en était encore rouge de confusion, tant elle avait détesté enfiler le vieux Choixpeau devant toute l’école. Alors même que les rebords de l’antique chapeau l’empêchaient de voir la Grande Salle, elle avait eu le sentiment cuisant que tous les regards étaient braqués sur elle.
« Ohoh, » avait alors susurré le Choixpeau d’une voix que la toute jeune fille avait trouvé plutôt railleuse, « je vois que nous avons affaire à une grande timide, n’est-ce pas Mademoiselle ? Tu n’aimes pas trop la compagnie à ce que je vois… Et de toute évidence, tu préfèrerais être ailleurs que sur ce tabouret… Soit ! Que ton vœu soit exaucé, tu seras très bien à… Poufsouffle ! » A peine le dernier mot avait-il était prononcé que Louise s’était empressée d’ôter le Choixpeau de sa tête pour rejoindre, aussi vite que possible, la table où ses futurs camarades l’applaudissaient avec entrain.

Le soulagement de la fillette à l’idée de ne plus être sous les feux des projecteurs avait cependant été de courte durée : maintenant que le dîner à proprement parler avait commencé, elle se sentait de plus en plus mal à l’aise, coincée au milieu de tous ces visages inconnus, le plus déstabilisant étant sans doute que tout le monde semblait connaître tout le monde ! Elle avait rempli son assiette de salade pour se donner une contenance, et, la tête rentrée dans les épaules, triturait machinalement les feuilles du bout de sa fourchette, en s’efforçant de ne surtout pas croiser le regard de ses voisins de table... Des fois qu’ils auraient l’idée saugrenue de lui faire la conversation.

*Pitié, je ne veux pas rester ici ! Je veux rentrer chez moi !*

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