La nostalgie du Quidditch... {PV Rory}

Le terrain de Quidditch.
Cela faisait des années qu’elle n’y avait pas mis les pieds. Elle se rendait à chaque match, n’en ratant aucun, et les gradins lui étaient parfaitement familiers. Mais pour ce qu’il en était du terrain, elle ne le faisait que le voir. Elle ne l’empruntait plus. Elle y avait pensé de reprendre ce sport pour sa dernière année à Poudlard. Mais elle y avait juste pensé. Elle voulait profiter de tout durant cette année mais elle ne voulait pas être surbookée. Et surtout, il lui était hors de question de manquer une de ses minutes précieuses avec sa compagne qu’elle avait du mal à quitter ne serait-ce pour un cours qu’elles n’avaient pas en commun ou pour une des activités qu’elle pratiquait l’une ou l’autre.
Parfois, la jeune LeeRoy se disait que si elle n’avait pas arrêté ce sport, elle aurait eu l’esprit assez occupé pour ne pas plonger dans le gouffre qu’elle avait été ses dernières années. Trois ans à faire du Quidditch, trois autres sans. C’était comme une étape dans sa vie, le fait d’en faire ou pas. Elle aimait ce sport mais sans doute pas au point de s’y spécialiser. Elle avait été une joueuse moyenne. Elle n’avait pas excellé dans son poste de Batteur. Elle était persuadée qu’on ne l’avait pas regretté. Elle ignorait donc si s’était vrai ou pas.

« Sweet love, sweet love
Trapped in your love
I’ve opened up, unsure I can trust
My heart and I were buried in dust
Free me, free us…

You’re all I need when I’m holding you tight… »

Munie de sa batte et de son balai qu’elle n’avait pas sorti de sa malle depuis son dernier match, et d’un Cognard qu’elle tenait fermement, elle s’était retrouvé, en pleine réflexion, face à ce grand terrain et dos aux portes des vestiaires qu’elle avait traversé rapidement. Respiration, expiration. Elle avait fermé les yeux et les paroles de cette chanson lui étaient immédiatement venues en tête. S’était la seconde fois qu’elle se permettait ce genre de folie. Au rythme des battements de son cœur, elle ressentait toutes les sensations d’avant un match. Le cri des supporters, les encouragements de ses coéquipiers, les commentaires de Lee Jordan à l’époque où il était encore à l’école. Elle inspira, soupira. Cela lui manquait, il en était certain, mais elle ne regrettait rien.

« So much, so young
I’ve faced on my own
Walls I built up became my home
I’m strong and I’m sure there’s a fire in us
Sweet love, so pure…

I catch my breath with just one beating heart… »

Avançant doucement jusqu’au centre du terrain, elle avait une bonne heure pour taper quelques balles avant de retrouver la réalité. A l’époque où elle faisait partie de l’équipe, elle n’était pas du genre à avoir la rage. Elle jouait pour s’évader mais elle calculait trop ses frappes. Elle rapportait chacun de ses coups à des réflexions extraordinaires et ainsi, elle ne ratait jamais sa cible. Position de batte, vitesse de frappe, trajectoire de la balle, emplacement de l’adversaire. Elle était si précise qu’elle pouvait rester immobile au milieu du terrain au grand étonnement de tout le monde. Elle était déjà bien étrange à l’époque et elle ne s’en était jamais rendu compte. Elle se moquait bien des commentaires des autres. Ce qui l’importait était le résultat du match et ce qu’elle pouvait faire pour mener son équipe à la victoire. Mais l’autre batteur était plus acharné et plus vif qu’elle. Si vif qu’il réalisait de plus de la moitié des chutes des autres joueurs. Ce qui n’était pas toujours le cas à elle. Mais elle s’en contentait, elle faisait partie de l’équipe. On l’avait accepté et s’était tout ce qui comptait pour elle. Faire partie d’un groupe, d’une équipe. A présent, elle ne faisait plus partie de rien de tout ça.

« Suddenly the moment’s here
I embrace my fears
All that I have been carrying all these years
Do I risk it all… »

Sa chanson résonnait dans ce stade vide et isolée. La musique avait tellement envahi son être qu’elle ne parvenait plus à s’en détacher dès qu’elle se retrouvait seule. Elle s’en donnait à cœur joie, aussi fort qu’elle ne l’avait fait jusque là. Elle se croyait seule. Elle profitait de l’occasion. C’était pour cela qu’elle ne craignait pas de donner le maximum de ce que ses poumons pouvaient donner. Sa voix portait merveilleusement au loin, roulant par moment, mais n’étant jamais fausse. Elle se laissait donc porter par l'ampleur de sa chanson avant que la rage ne la prenne au moment où elle s’élancerait sur son balai.

« I found a girl I can trust
And girl, I believe in us
I am terrified to love for the first time
Can you see that I’m bound in chains
I finally found my way
I am bound to you
I am bound to you… »

Spoiler:

La Serpentard, qui entre temps avait déposé sa batte et son balai à ses pieds à côté du coffre renfermant les balles, sursauta en entendant une personne la saluer. Se retournant vivement, prise sur le fait, elle se retrouva face à face avec une jeune fille qu’elle ne connaissait que par ses compétences de batteur. En effet, elles avaient joué l’une contre l’autre durant les trois années de Quidditch où elle avait fait partie de l’équipe de sa maison. Elle n’était pas sur de son nom. Rory sans doute...

« Salut… Non… Je… merci… »

Mais la jeune LeeRoy savait qu’elle ne pouvait pas se remettre à chanter. A chaque fois qu’elle chantait ou jouer sa musique, elle le faisait seule. Si on la surprenait, elle s’arrêtait nette, incapable de reprendre. Là s’était le cas, elle n’allait pas pouvoir reprendre même face à une seule personne, de plus une personne qu’elle ne connaissait que trop peu. Elle n’avait pas l’habitude qu’on la complimentait. Et s’était la première fois qu’on le lui faisait directement au sujet de sa voix. Elle n’avait jamais pensé en avoir une jolie. Elle chantait juste car elle aimait ça. Car ça lui permettait d’extérioriser ses émotions qu’elle ne savait pas faire ressortir normalement, comme tout le monde savait pourtant si bien le faire.

Mais une chance que la Serdaigle, au lieu de poursuivre sur ce sujet qui visiblement la gênée au plus au point, décida de parler Quidditch. Elle put se détendre alors que son ancienne adversaire lui souriait. Cela faisait tant de temps qu’elle n’avait pas pu aborder le sujet qu’elle allait prendre un grand plaisir de discuter avec elle. Voir à se confronter si elle le lui proposait.

« Non… Je ne pense pas être capable de reprendre… J’ai arrêté car je n’avais plus l’esprit à ça… Pour moi, il faut une parfaite concentration pour se mettre d’y jouer… Et cette année, cette dernière année, je veux tout vivre à fond… je n’aurais jamais le temps de concilier Quidditch et tout autre chose… Et puis, à coté des autres 7ème année, je ne suis plus à la hauteur… je n’ai plus joué depuis deux ans… »

Elle aimait le Quidditch. Elle en avait une vraie passion quand elle y jouait. Elle n’avait pas été excellente, mais passionnée, et cela avait fait toute la différence. Elle aimerait tout faire et ne rien faire à la fois. Elle ne voulait pas perdre les minutes qu’elle pouvait passer avec Maureen. Mais elle voulait pouvoir profiter au maximum des bienfaits de cette école avant de la quitter définitivement. Rien que d’y penser, elle en avait une boule au ventre, une sensation qu’elle ne connaissait pas et ne comprenait pas...

Frédérique n’y avait jamais pensé à l’idée du redoublement mais dans son cas, ça ne serait pas vraiment crédible bien que l’idée était réellement tentante. Bonne élève, presque modèle, elle avait eu aux ASPICs des résultats fameux. 5 Optimals (Arithmancie, Défense contre les forces du Mal, Etude des Runes, Histoire de la magie, Sortilèges), 2 Efforts Exceptionnels (Métamorphose, Potions), 4 Acceptable (Astronomie, Divination, Botanique) et sans étonnement, 1 Piètre (Soins aux créatures magiques) 1 Désolant (Etude des Moldus). Elle aurait pu entrer à Taliesan sans peine mais elle n’avait jamais pris en compte l’opportunité que cela pouvait lui faire ni l’importance de ses capacités magiques.
On lui avait souvent dit qu’elle pouvait devenir Auror avec ce genre de résultat. Mais personne ne pouvait imaginer que c’était une belle insulte pour elle. Autre point, elle ne risquait pas de redoubler vu les nouveaux projets qu’elle avait pour l’année suivante. Nouveaux projets qui l’avait fait exclure son envie de devenir professeur. Depuis, elle n’avait plus d’idée de profession. Elle avait toujours craint ce qui avait à présent changé. C’était de ne pas avoir d’autre foyer que Poudlard.

« Il est angoissant de quitter un cadre commun et réconfortant pour être confronté à ce que l’on connaît finalement que trop peu…
Tu voudrais donc être voyante… intéressant, original… Pour moi, le choix n’est pas réellement défini… »

Ses premiers propos annonçaient des généralités, pas d’avis personnels. Elle avait tendance à reprendre ses vieilles habitudes quand elle était en présence de personnes qu’elle ne connaissait pas, ou du moins qu’elle n’avait pas l’habitude de côtoyer. Et puis elle n’allait pas se dévoiler et confier ses questionnements sur son futur à celle qui n’était qu’une vague connaissance jusqu’à il y avait quelques minutes.

Frédérique ramassa sa batte et son balai. Elle comptait quitter le stade de Quidditch pensant que la présence de la Serdaigle annonçait la préparation pour un entraînement avec son équipe. Mais alors qu’elle n’avait fait que quelques pas, elle l’interpella lui faisant stopper sa lancée. Elle lui demandait d’attendre avant de partir en courant à toutes jambes en direction des vestiaires. Elle n’était pas de sa maison, elle n’allait pas lui demander de passer des tests pour la recruter. Jamais personne n’avait cherché à la trouver pour la reprendre chez les verts et argents et si elle en avait fait partie, elle n’aurait pas cru en cette éventualité. Pourtant, elle respecta ce qu’on lui avait demandé et par politesse, elle attendit son retour.
Ce ne fut pas long. Essoufflée, elle lui demanda de faire quelques frappes avec elle. La LeeRoy haussa un très léger sourire en coin, ce qui était plus qu’elle n’aurait fait il y avait quelques temps et acquiéça d’un signe de la tête. Elle serait même enchantée de pouvoir jouer un peu à son sport favoris. Et bien qu’elle ne le montrait pas ouvertement, elle lui remerciait de cette attention.

« Je vais faire en sorte d’être à la hauteur de ta demande... »

Alors qu’elle s’élevait dans les airs avec son balai, elle montra qu’elle n’avait perdu ni de son alerte, ni de sa souplesse. Son sourire en coin s’accentua affichant un regard malicieux et provocation. La jeune LeeRoy la dévisagea, ressentant aucune pression, alors que son adversaire faisait un petit tour de balai. Les calculs qu’elle faisait autrefois emplissaient déjà son esprit. Rapport entre vitesse et dextérité. Entre distance et l’air ambiant. Rory semblait plus menue qu’elle ne l’était, donc sa force de frappe ne serait pas grande, mais son habilité n’était pas à négliger.

« Tu peux lâcher le cognard quand tu veux… »

La petite était ravie de pouvoir pas simplement voler sur son balai au milieu du stade de Quidditch, mais aussi de faire un petit un contre un avec celle qui avait été son adversaire il y avait quelques années. Plus que des souvenirs, elle allait retrouver les sensations qu’elle avait eu peur d’oublier un jour.
La Serdaigle lâcha le cognard à son invitation et immédiatement son esprit fut emplis de calcul. Trajectoire, vitesse, position, force. Comme si des lignes imaginaires se dessinaient devant elle, elle savait exactement ce qu’elle voulait obtenir et ne bougea pas tant que le moment approprié ne se présenta. Elle leva enfin sa batte et cogna. L’impact électrisa tout les muscles de son bras. Elle avait perdu l’habitude et accusait un sérieux manque d’entraînement. Pourtant la balle repartait en direction de Rory et elle put ainsi lui répondre.

« Je m’intéresse à la musique… Je joue de divers instruments et peux en apprendre d’autres très rapidement.… Je compose aussi… Avant je voulais être professeur, je suis brillante dans n’importe quelle matière… mais les choses font à présent que bien que je ne veuille pas me retrouver coincée à Poudlard dix mois par an… »

Frédérique avala doucement sa salive calmant l’irritation qu’une simple question pouvait avoir sur elle. Rory posait tout de même la question à une Serpentard convaincue. Il n’était pas question qu’elle puisse travailler du coté moldu. Qui pouvait imaginer qu’elle aurait rien qu’un instant l’idée de se mêler à eux ? Elle le prenait comme une insulte mais une chance que sa camarade avait déjà lancé le cognard et son attention était plus grande pour cette balle que pour toute l’importance de cette question qu’elle ne finissait finalement pas car il fonçait droit sur elle comme elle l’avait calculé. Elle put ainsi lui répondre sans qu’elle ne se préoccupait de l’intonation de sa voix.

« Coté sorcier… Je veux travailler coté sorcier… »

Elle les suivait du regard, elle et le cognard. Les calculs reprirent dans son esprit. Trajectoire, vitesse, position, force. Elle ne se ferait pas avoir par ce facteur pour ce deuxième coup.
La Serdaigle riait. Peut-être était-ce du à l’euphorie du jeu. Elle ignorait. En tout cas, il n’y avait rien de drole que cela ne soit dans le tir qu’elle avait fait mais aussi dans les propos qu’elle lui avait adressé. Elle la vit ensuite filer après la balle et une fois rattraper, elle ne le ménagea pas. Elle s’était largement améliorée depuis qu’elle avait joué contre elle. Elle ne manquait aucun match mais depuis les tribunes, on ne voyait pas tout le monde ni les matchs de la même manière que lorsqu’on les jouait directement. Elle l’enviait mais non pas pour sa technique qui était, il fallait l’avouer, meilleure que la sienne, mais aussi pour avoir continué à jouer à ce sport fabuleux.

« Joli oui… ! Et je crois que je n’ai pas tant perdu la main que ça… »

Frédérique était fière d’elle, elle n’était pas encore tombée de son balais et alors qu’elle renvoyait enfin la balle en se positionnant et bougeant presque au dernier moment, elle constata que ses anciens instincts de batteur étaient toujours là. Leur match improvisé allait se trouver plus intéressant qu’elle ne l’aurait pensé…

Frédérique ne portait pas attention aux expressions de sa rivale de ce match amical. Elle était concentrée sur la balle et ses mouvements, et semblait s’être mise des eyère sur le reste. Si elle prenait le temps de voir ce qui se dessinait dans son regard, elle aurait vu qu’elle était impressionnée par son jeu. Elle aurait peut-être revu ce qu’elle pouvait penser d’elle au profil de ce sport qu’elle avait toujours pensé avoir quitté trop tôt. Mais elle était bien passée à autre chose et finalement ce n’était pas plus mal.

« Merci bien… Tu es douée toi aussi… même très douée… »

En fait, elle ne pensait pas être trop forte. Elle ne pensait pas être forte du tout. Frédérique ne s’appréciait pas. Elle ne savait pas se metre en valeur. Elle ne savait pas montrer la force qu’elle pouvait avoir. Pessimiste, sombre et renfermée, elle s’était toujours montrée discrète sur un terrain. Pourtant fière, elle ne faisait pas de fausse modestie. Mais elle pensait que sa camarade était bien meilleure qu’elle au Quidditch. Et pas qu’un peu. Et puis, elle, elle avait eu des années de pratique en plus qu’elle. La petite ne serait jamais au niveau. Si elle suivait un match toutes les deux, elle serait la première a déclarer forfait. Il lui manquait de l’entraînement et de l’endurance, ce qu’on ne pouvait voir qu’après de très nombreuses minutes.

« I were buried in dust…
I’m sure there’s a fire in us… »

La jeune LeeRoy se permettait de marmonner quelques mots de la chanson qu’elle avait chanté un peu plus tôt. Elle se sentait à l’aise dans son échange de balle et ses pensées reprenaient place sur sa concentration. Chant, guitare, pour une ancienne passionnée de Quidditch, elle était méconnaissable. Si en plus elle devenait célèbre pour sa musique, chose qu’elle craignait mais n’empêcherait pas d’arriver si cela arrivait, elle imaginait les rires et étonnements que sa vie allait pouvoir apporter. Mais on en était pas là. Pour l’heure, elle n’était qu’une simple élève de Serpentard de dernière année qui échangeait quelques frappes avec une autre élève, elle de Serdaigle.

La balle revenait vers elle et n’était pas immédiatement concentrée sur ses calculs. Elle ne connaissait pas la technique que venait d’utiliser Rory. Elle se demandait si cela ne venait pas des Irlandais, champion en titre, ou ce n’était pas une nouvelle invention des sportifs en herbe que l’on pouvait avoir à Poudlard. Trois ans qu’elle ne faisait plus de Quidditch et dans le milieu sportif, il pouvait se passer beaucoup de chose en très peu de temps.
Mais la balle revenait plus vite qu’elle ne s’y attendait. Quand elle voulut la frapper, presque à l’instinct comme tout batteur ordinaire, elle ne positionna pas son bras comme il fallait et se rendit compte à la dernière seconde que son poignée pouvait en pâtir. Elle se pencha immédiatement sur le coté et le Cognard percuta sa batte de plein fouet. Sous la force de cette balle en furie, le bout de sa batte se brisa et elle dut la lâcher pour ne pas se tordre le poignée. Elle avait été à deux doigts de se faire éjecter de son balai.

« Fabuleux… ! Tu as appris ça où… ? »

Frédérique respira doucement. Elle avait oublié à quel point ce sport pouvait être grisant et dangereux. Ça aussi ça lui manquait. Elle se redressa et se massa doucement le poignée. Plus de peur que de mal…