Un éternel recommencement [PV]

Fredericke avait laissé partir Vincent. Elle était loin d’avoir deux pieds gauches et elle aurait pu facilement le rattraper avant qu’il n’arrive à l’hôtel pour lui donner les explications qu’il voulait, mais elle ne l’avait pas fait. Elle n’était pas prête à lui parler de ce qu’elle avait sur le cœur, et elle était trop proche de Vincent pour continuer à le lui cacher, alors c’était mieux qu’il s’en aille. Presque deux semaines s’étaient écoulés depuis et Fred’ sirotait un cocktail à la piscine du château, plutôt sereine, sûrement trop pour être honnête. Elle portait des lunettes de soleil plus pour cacher ses yeux que pour les protéger du soleil, et elle attendait. Zane ne tarderait pas à arriver avec l’information qu’elle avait demandée.

« Maîtresse Fredericke ? » Fred’ tourna la tête vers son (très) jeune serviteur et lui sourit. « Ils l’ont trouvé ?
- Oui maîtresse, mais il semblerait que maître Vincent soit encore d’assez… heu… mauvaise humeur.
- Hum… oui. C’est pour ça que je ne l’ai pas fait enlevé, ça l’aurait mis encore plus en colère. Il est vraiment caractériel. » Elle ouvrit l’enveloppe que lui tendait Zane et y lu les informations qui s’y trouvaient. « Je pars demain. Fais préparer une limousine à l’aéroport et demande à ton père de passer à la pharmacie renouveler mon traitement. »

Le lendemain, elle brossa ses cheveux un long moment tout en réfléchissant à ce qu’elle allait lui dire. En fait, si elle ne l’avait pas fait cherché avant, c’était justement parce qu’elle ne le savait pas, maintenant elle en avait une idée, mais elle ne savait pas encore si les mots sortiraient de sa gorge ou non. Heureusement, elle était une vraie gryffondor, rien ne lui faisait peur, et sûrement pas Vincent. Elle avait déjà eu peur pour lui mais jamais de lui ! De fait, une fois prête, elle partit accompagnée de Zane qui lui tenait compagnie depuis que Vincent n’était plus là. Le petit garçon était toujours content d’être avec elle et au moins il lui donnait moins l’impression d’être toute seule… dans un château, vous me direz que de toute manière elle pouvait avoir toute la compagnie qu’elle désirait, mais Fred’ s’était toujours sentie seule en Allemagne. Son rang la séparait des autres…

Une fois devant chez Seth, Fred’ retira un instant ses lunettes de soleil. « C’est moche non ? Il vaut mieux que je les garde tu ne crois pas ?
- Vous savez bien que vous êtes toujours belle maîtresse Fredericke ! » Oui alors par contre Zane ne servait à rien quand on attendait un avis objectif ! Remettant ses lunettes noires, elle descendit de la voiture aidée du chauffeur et contourna la maison, certaine de trouver Vincent en train de faire la sieste dehors. Gagné. Elle enleva ses talons et sauta par-dessus la barrière, frappé aurait été plus simple mais voir Seth non merci ! Vincent et elle se compliquaient suffisamment la vie sans que quelqu’un s’en mêle.

Elle se pencha sur lui et lui tapota gentiment la joue. « Vincent, Vincent ! » Quand il ouvrit les yeux, elle se releva, un sourire en coin sur le visage, les bras croisés sur sa poitrine. Vincent la connaissait assez pour savoir que c’était sa manière à elle de se donner de l’assurance quand elle prenait ce genre de pose. « Salut chéri, j’t’ai manqué ? » Elle fit ensuite un geste de la main pour l’empêcher de répondre. « Pas la peine de répondre, c’était purement rhétorique comme question. » Elle enleva finalement ses lunettes de soleil et les remonta en serre-tête sur son crâne pour retenir ses cheveux laissés libres. Elle avait les yeux rouges, légèrement violacés sur le côté, un peu comme si elle s’était battue, sauf que c’était aux deux yeux.

« Tu m’excuseras du retard mais j’ai eu quelques problèmes à régler avec moi-même avant de venir. » Bravade, bravade ! Elle faisait la fière mais à l’intérieur elle n’en menait pas large. Ce n’était pas la première fois qu’ils étaient dans cette situation pourtant, ça leur était arrivé plusieurs fois que Vincent prenne la fuite quand il était dépassé par les évènements et qu’ensuite la conversation commence de cette façon… sauf qu’en général c’était lui qui avait un problème à la base, là c’était elle. Cela changeait beaucoup de choses.

« Puisqu’il faut en venir aux explications et que je viens d’Allemagne exprès pour ça, il faut que je te pose une question très importante. Est-ce que tu as déjà pensé à m’épouser quand tu seras majeur ? » Elle avait posé cette question sans intonation particulière, le seul signe de son malaise étant qu’elle pressait trop fort le bras qu’elle tenait avec sa main pour paraître vraiment naturel. Elle pensait que Vincent lui répondrait non, ce qui au fond l’arrangerait (puisqu’elle avait un gros problème avec l’idée du mariage en elle-même), et elle avait un peu basé toute sa tirade dessus, en espérant vaguement que Vincent avait eu la curiosité de se renseigner sur les problèmes de nationalité durant les deux semaines écoulés (mais là encore, il était permis de douter, c’était Vincent quoi !).

Pourquoi il avait fui, il se le demandé encore aujourd'hui. Mais au final, il sentait que c'était le genre de chose qui lui avait réellement fait du bien. Aucun doute là dessus, vraiment aucun, mais que pouvait-il faire hein ? Revenir vers elle et s'excuser ? Il n'avait pas la moindre raison de s'excuser. S'il était parti, c'était parce qu'il savait que la situation aurait dégénéré. Et c'était bien la dernière chose qu'il voulait. Cela aurait été courir le risque de la perdre et c'était bien la dernière chose qu'il voulait, cela allait de soi. Donc il avait fui, il était parti et ne l'avait pas regretté une seule fois. Ca lui avait réellement fait du bien. Non pas de s'éloigner de Fredericke. Mais de pouvoir être seul, quelque temps. Bon, okay, il avait squatté chez Seth. Mais il n'avait pas été collant, il avait souvent été absent. Heureusement, en réalité, qu'il avait réussi à se faire des amis, à la fin. Pourquoi ? Et bien... Tout simplement parce qu'au moins, il savait qu'il pouvait comptait sur certaines personnes quand les choses n'allaient plus. Enfin bref. Il avait pu compté sur Seth donc, il avait eu la compagnie des cousins Griffins, avait été au concert du groupe du plus jeune des deux et c'était même mis à plutôt bien l'aimer ( on y croit ! ) ... Il avait bougé, il avait été bien. La compagnie masculine lui avait fait le plus grand bien.

Il avait pensé attendre... La rentrée. Bêtement oui, mais il pensait que... Qu'il n'aurait pas trop de mal pour tout ça. Enfin bon, tout ça pour dire qu'il n'avait pas avancé, qu'il n'avait pas osé, d'une certaine manière. Seth ne semblait pas déranger d'avoir un ami sous son toit, si ce dernier ne se mettait pas à râler niveau sorti et tout ça. Et en faite, bien que très différent l'un de l'autre, ils avaient un tas de points communs. Et c'était bien ça qui faisait du bien, évidemment.

Aujourd'hui, Vincent était seul dans la maison, surpris, au début, de voir que la famille Griffins lui fasse autant confiance, au point de le laisser seul dans la maison. Tant mieux, de toute manière, ce n'était certainement pas lui qui allait se plaindre de ce genre de chose, bien sûr. Un soupir s'échappa de ses lèvres, un soupir d'aise, alors qu'il commençait à s'endormir tranquillement, installé dans le jardin. Ce n'était pas le domaine Maiden, bien sûr. Mais Vincent ne s'était tout simplement jamais habitué à tout ça, à toute cette luxure. Alors un peu moins de moyen, ça faisait du bien, aussi bizarre que cela ne puisse paraître, bien entendu ! Mais alors qu'il plongeait dans un doux petit sommeil, une claque sur la joue, douce quand même, le réveilla. Il s'apprêtait à injurier Seth ( qui ne se serait jamais contenté d'une claque pourtant ) quand il fit face à Fredericke. Surprise !  « Fredericke, qu'est-ce que tu fais là ? ». Bon okay, niveau cachette, il aurait pu trouver mieux mais non, il n'avait pas trouvé mieux. Quel idiot hein ! C'était bidon en faite de le retrouver, mais il n'avait pas dix mille choix ! Et non, il ne prit pas la peine de répondre. Oui, elle lui avait manqué quand même. Mais il ne fallait pas le lui dire. Dans le sens où ce n'était vraiment pas nécessaire, pas demandé non plus. Ca pouvait être stupide mais il savait très bien que ouais... Il n'était pas temps de lui dire ça.

Des problèmes avant de venir ? Il lui aurait bien demandé pourquoi mais il savait que ce n'était pas nécessaire et que ça serait pitoyable, de lui poser ce genre de question. Pourquoi ? Bah très simple, il n'avait pas été là, il n'avait pas non plus donné la moindre nouvelle. Mais ses yeux... Il devait bien dire que c'était le genre de chose qu'il n'avait pas souvent vu et ça n'annonçait rien de bons !  « Tu t'es battue ou quoi ? Tu verras ta tête, tu fais peur ». Il essayait de prendre un ton indifférent, raté, on sentait l'inquiétude bien sûr. Quoi de plus normal.

L'épouser ? Euh... Bien sûr qu'il y avait pensé. Bon, la tronche surprise qu'il était en train d'afficher laissait à croire que non mais pourtant et bien si, il y avait songé. Lorsqu'il aurait un travail, lorsqu'il aurait une situation potable aussi... Ce n'était qu'un truc officiel pour une histoire qu'il pensait durer une éternité... Si bien sûr, les choses s'arrangeaient. Ce qui ne pourrait pas être si simple.  « Oui. J'y ai songé. Pourquoi ? ». Sinon, non, aucune curiosité, il n'avait rien regardé. Et aussi et bien... La pression sur son bras ne lui faisait pas mal. Enfin si, un peu, mais c'était tout.

« Je me suis plutôt fait battre si on y réfléchit, mais bon je l’ai un peu cherché, et je suppose que c’était un mal nécessaire. » Répondit-elle au sujet de ses yeux, qui la piquaient d’ailleurs, mais d’une voix monocorde, presque désintéressé. Elle avait décidé qu’ils discuteraient sérieusement et surtout qu’elle serait honnête jusqu’au bout, pas que sur ce qui s’était passé en France, mais en général. Parce que ça ne datait pas d’hier qu’elle n’allait pas bien, cela faisait des mois qu’elle vivait avec son mal être… peut-être que la mort de sa mère, qui n’avait pas un an, y était aussi pour quelque chose. Fredericke souffrait, pas à cause de Vincent bien sûr, en règle général il était plutôt gentil avec elle, même s’ils se prenaient parfois la tête, elle avait pleine confiance en lui… le problème ce n’était donc pas Vincent, mais plutôt ce qu’elle n’osait pas lui dire. Finalement, elle se frotta les yeux et soupira. Ce n’était pas facile de garder la posture de la fille sûre d’elle et de son bon droit… parce que contrairement aux autres fois où Vincent l’avait fui, elle était autant en tord que lui, si ce n’est plus. Elle avait eu tellement peur de lui parler qu’elle avait laissé les choses pourrir leur relation. Mais bon, il n’est jamais trop tard pour bien faire hein…

Par contre pour le mariage, la pauvre Fred’ tiqua. Faisant un pas en arrière sans s’en rendre compte. Mais elle respira à fond pour ne pas oublier ses bonnes résolutions… elle avait été obligée d’en arriver à s’abîmer le visage pour trouver le courage de venir lui parler, elle ne pouvait pas reculer maintenant. Et puis, de toute façon, il ne semblait pas faire le rapprochement… N’empêche qu’elle avait peut-être vraiment été méchante quand elle lui avait dit qu’il était trop jeune, puisqu’elle n’aurait jamais pensé qu’il ait songé à l’épouser, elle croyait qu’il ne pensait jamais au futur en fait, mais peut-être que si finalement…

« Et bien… pas moi. C’est ce que j’essayais de te dire la dernière fois. » Puis comme elle ne voulait pas qu’il se méprenne sur ses paroles, elle s’approcha à nouveau et lui prit les mains. « Mais ce n’est pas parce que je ne t’aime pas, tu sais que je t’aime plus que tout n’est-ce pas ? C’est juste que… que… tout ce que je connais du mariage ce sont des cris et des coups… des infidélités aussi… alors… j’ai repoussé l’idée du mariage très très loin dans mon esprit. » Elle secoua la tête et remit ses lunettes de soleil avant de se laisser tomber sur l’herbe, couché au sol. Cela lui permettait de ne pas regarder Vincent, avantage non négligeable dans la mesure où ce qu’elle allait lui dire ne lui plaisait pas particulièrement.

« Sauf qu’on a pas de chance. En plus d’être né à huit mois d’intervalle, on est aussi de nationalités différentes. Je suis restée plus de trois ans dans ce pays, je pourrais prendre la nationalité anglaise et ainsi ne pas me faire jeter dehors par la ministère… mais la seule solution pour ça c’est que tu m’épouses. » Elle leva les bras et cacha le soleil de sa vue. « Je ne veux pas être séparée de toi mais j’ai peur de me marier. Et le pire c’est que je sais que c’est idiot… je ne suis pas ma mère… je suis différente d’elle, et je sais que jamais tu ne lèverais la main sur moi… et pourtant, ça m’angoisse. » Et elle se releva et s’assit, attrapant un brin d’herbe qu’elle cassa et passa autour de son index. « Je suis perdue Vince’… » Et le hic c’est que ce n’était pas nouveau d’hier.

Faite battre... Le genre de chose qui pouvait sans problème le mettre en rogne... Mais que pouvait-il bien dire devant tout ça hein. Mis à part subir, affronter les choses, sans rien savoir. Enfin bon, bien sûr, il n'était pas sûr d'avoir son mot à dire, il ne voulait pas la blesser alors que la situation était à ce point bancal. C'était la perdre, que de faire des remarques désobligeantes et bien sûr, c'était la première chose qu'il voulait éviter. Avec le temps, elle était réellement devenue importante à ses yeux. On ne pouvait pas lui en vouloir juste parce qu'il s'inquiétait pour elle quand même non ? Cela aurait été prise de tête que d'imaginer qu'en s'inquiétant, il lui faisait du mal... Bien que s'il avait été plus délicat, dans certaines situations, il y avait fort à parier que la situation aurait été bien plus simple. Mais une nouvelle fois, il préférait ne pas trop y penser, c'était toujours mieux comme ça d'ailleurs. Et en quoi se faire cogner aurait bien pu être un bien nécessaire ? Une nouvelle fois, il ne comprenait pas les choses. Et ne pas comprendre, c'était ce qu'il y avait de pire à ses yeux. Alors il cherchait et il se mettait à poser encore plus de question. Le pauvre, donc !  « Je ne vois pas en quoi se faire cogner pourrait être un bien nécessaire. La meilleure amie de Griffins s'est faite cogner pendant les vacances, et je ne pense pas que ça lui ait fait du bien tu vois ? Qui t'as fait ça Fred.. ? ». Oui bon, aborder un sujet que Seth avait voulu garder secret craignait un peu. Mais bon... Ce n'était pas de sa faute si Vincent avait été là quand Billie et Seth avaient parlé de tout ça !  « Enfin... Garde ça pour toi, s'il te plaît ».

Pas prête pour le mariage ? Vincent ne voyait pas vraiment pourquoi. Ca pouvait paraître stupide, bien sûr, mais à ses yeux, le mariage n'était pas important. Du moins, ce n'était qu'une minuscule signature sur un bout de papier. Il s'en était toujours moqué en faite. Donc il ne pouvait pas comprendre quelle était l'importance que certaines personnes pouvaient y porter.  « Ce n'est qu'une signature sur un papier Fredericke. ». Peut être que la chose était différente pour beaucoup de monde, c'était peut être lui la personne la plus bizarre. Mais en réalité, il s'en foutait plutôt pas mal hein.  « Tu sais, s'il doit y avoir de l'infidélité dans un couple, il y aura. Ce n'est pas à cause d'un mariage qu'il y en a, certainement pas... ».

Et en réalité, il se moquait complètement des différences qu'il pouvait bien y avoir entre eux, il s'en moquait totalement. Il n'y avait jamais porté la moindre différence et ce n'était pas près de changer. Oui, bon, okay, la différence au niveau de l'argent, ça posait certaine problèmes et ça se voyait. Oui, voilà.  « On s'en fout Fredericke... De nos différences, des choses qui ne vont pas entre nous, on s'en fout... On fait avec, et c'est ça le principal. On peut aussi simplement signer un papier, tu n'es pas obligée de prendre mon nom, au jour d'aujourd'hui en plus de ça... Je ne vois pas où sont les problèmes d'un mariage, à l'heure actuel. Après oui, je suppose que chacun a sa vision du mariage ». Et c'était bien ça qui était le problème. Mais bon, il ne voulait pas qu'elle lui en veuille, en tout cas. Oui, voilà.

Fredericke avait décidé de dire la vérité mais elle n’avait jamais aimé parlé de tout ça avec Vincent, il le prenait toujours mal et même si elle aimait qu’il la protége (après tout, c’était une preuve d’amour, non ?) ça la mettait mal à l’aise quand c’était contre cette personne là en particulier. « Mon père, enfin, c’était surtout un accident. Tu sais comment ça se passe chez moi de toute façon… et j’ai insulté ma belle mère. Alors mon père a voulu me raisonner et puis je me suis débattue et à un moment il m’a poussé pour me forcer à m’asseoir mais je suis tombée à côté, contre la table, sur laquelle il y avait une bouilloire… » Elle effleura ses lunettes de soleil. « Je te déconseille l’eau bouillante sur les yeux, c’est assez douloureux. » Mais bon, c’était pas trop pour parler de ça qu’elle était venue alors elle allait pas s’étendre des siècles non plus hein ! Surtout qu’elle savait que c’était un sujet sensible et ils n’allaient pas résoudre un problème pour en créer un autre… de toute façon, c’était sa faute, elle n’aurait pas du insulter la comtesse, ça ne se faisait pas, peu importait ce qu’elle pensait.

« Je sais bien que ce n’est pas le mariage qui provoque l’infidélité, c’est juste que… quand j’étais petite j’ai lié les deux, et j’ai du mal à m’en défaire, surtout que… » Elle réfléchit à comment tourner sa phrase, elle parlait très bien l’anglais maintenant, mais quand elle était un peu troublée, ça ne lui venait pas forcément tout de suite. Là, en plus, elle hésitait… Elle se sentait un peu ridicule de le dire à voix haute, surtout à Vincent qui n’était pas du tout comme ça. Du coup elle rougit légèrement. « Tu vois… moi… quand j’étais petite, avant que ça tourne au drame chez moi… je rêvais de heu… beaucoup de choses. » Si elle commençait à parler de prince charmant, il n’allait pas juste se foutre d’elle, il risquait de lui faire remarquer qu’elle s’était aussi trompée de copain ! Encore que pour elle Vincent soit son prince charmant, il avait juste son propre style c’est tout qu’elle est mignonne !. « Et aussi d’un beau mariage avec celui que j’aimerais et une jolie robe blanche… enfin, le classique quoi. Le problème c’est qu’après il y a eu l’histoire de mes fiançailles avec Franz et des infidélités de papa… mais il n’empêche que ma vision du mariage entraîne un peu plus qu’une simple signature. »

Elle sentait qu’elle n’était pas très claire et elle chercha comment s’expliquer sans passer pour une pauvre fille trop fleur bleue (malheureusement, sur ce coup, c’était un peu aussi ce qu’elle était, mais ça fait de mal à personne hein !). « En fait ce que je j’essaie de te dire, c’est qu’une partie de moi a envie de se marier parce que c’est hyper romantique, mais que l’autre pense que je finirais aussi aigri et méchante que ma mère, ce qui me bloque un peu. Alors si tu ajoutes à ça l’année où on va être séparé et bien j’ai parfois l’impression d’imploser… » faisant mine de réfléchir, elle se rapprocha de Vincent et planta à travers ses verres teintés son regard dans le sien « Tu crois que c’est possible de se marier en blanc à la mairie ? Et tu crois que mon prêtre y survivrait ? » Elle réalisa alors un truc et elle tendit les bras à Vincent avec une petite moue. « Et je sais qu’il y a encore des choses à dire… mais j’ai envie d’un câlin. » Et il faudrait qu’elle songe à lui faire remarquer à l’occasion qu’avec tout ça, ils avaient manqué son anniversaire !!!

Vincent afficha un rictus méprisant, au moment où elle se mit à lui dire que c'était un accident. Quoi, son poing était entré à plusieurs reprises en contact avec son visage sans qu'il ne s'en rende compte ? Qu'on ne le fasse pas rire, ce n'était pas possible, tout simplement. Il ne voulait pas la blesser, il ne voulait pas monter le ton, mais bon, qu'on ne vienne pas lui dire qu'elle s'était pris des coups par accident. On ne frappait pas quelqu'un par accident et il était le premier à le savoir... De l'eau bouillante dans les yeux... Oui, bon, okay, ça pouvait être un accident, la conséquence aurait dû être minime à côté de ça. Mais cela n'avait pas été le cas, et c'était bien dommage, oui voilà. Enfin bon... Il supposait que ça finirait par passer, si on s'en occupait sérieusement. Et il était certain qu'elle avait déjà été voir un médecin. Cela aurait été vraiment stupide sinon. Et il ne pensait pas du tout ça d'elle.  « Hm... En effet... Au final, cela aurait pu être super dangereux... Okay, tu es effrayante, désolée hein. Mais ça finira par passer... Ca aurait vraiment pu être pire mon ange... ». Surnom affectif de trop ? Oui, probablement mais il n'avait pas pu s'en empêcher, tout simplement.

Lié les deux était possible. Lorsque l'on est enfant, on ne se casse pas la tête oui, voilà, on a tendance à faire en sorte que les choses aillent plus simplement, aillent plus vite. Enfin bon, après en grandissant, il était offert aux gens de se bouger les fesses et de se remuer, oui voilà. Enfin bon... Il n'était pas apte à décider des choses, il n'était pas de ce à se remuer, oui, bon, voilà quoi. D'une certaine manière en tout cas. Enfin bon, ce n'était pas comme s'il allait lui en vouloir pour ça, ça aurait été tellement ridicule en plus ! Bref !  « Je suppose que... Nous verrons ça quand tu le voudras. Je me moque de la gueule du mariage. Je sais que je veux être à tout jamais à tes côtés, alors si tu veux que l'on se marie... C'est quand tu veux chérie... ».

Il n'était jamais difficile de se départager au milieu de deux opinions qui nous sont propres, et ça se comprends, c'est aussi simple que ça.  « On se mariera comme tu le voudras Fredericke. Je me moque de tout ça. Je ne veux qu'être à tes côtés, le reste ne m'importe pas et je veux vraiment que tu t'en rendes comptes. ». Se marier en blanc à l'église ? Bien sûr que c'était possible, il n'y avait même pas un seul doute à se faire. Après pour le prêtre, très peu de chance qu'il puisse bien le prendre. Bien qu'il n'ait jamais été en mesure de le comprendre, il savait parfaitement que Fredericke était croyante et il ne voulait pas qu'elle puisse s'imaginer qu'il se moquait de ses croyances. Si c'était important pour elle, il ne pouvait pas faire comme si ce n'était pas important, oui voilà.  « Pas sûr que le prêtre apprécie mais pour la robe dans la mairie, je n'ai aucun doute ». Mais il sourit, au moment où elle lui demanda un câlin il se leva alors, lui attrapant la main pour la lever à son tour et il la prit dans ses bras.  « Je t'aime »

Fredericke grimaça quand Vincent lui dit qu’elle était effrayante. C’était lui qui revenait toujours couverts de contusions de ses multiples bagarres qui lui disait ça ? tsss… en même temps c’est vrai que l’une des grandes qualités qu’elle possédait c’était sa beauté, classique certes, mais toujours efficace (trop peut-être pour Vincent !), et là ses yeux en avaient pris un sacré coup. Malheureusement, lâchez Fred’ deux semaines toute seule en Allemagne et ce genre de petites choses arrivent forcément. « J’avais dit à Zane que ça me rendait horrible ! Mais celui là tu sais… Enfin, à l’hôpital ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas trop utiliser la magie parce que les yeux c’est très fragile mais qu’il n’y avait pas de soucis à se faire, ça guérirait assez vite. En attendant je me la joue duchesse snob. » Elle sourit et joua avec la monture de ses lunettes noires. L’ambiance s’était grandement détendue depuis son arrivée et elle se sentait du coup beaucoup moins sur la défensive. Vincent lui avait beaucoup manqué et elle était heureuse de le voir, d’autant plus qu’il n’avait pas crier une seule fois, ce qui aurait pu potentiellement arrivé le connaissant !

« Moui, bah… quand tu auras fini Poudlard et surtout que tu seras majeur. De toute façon tu as raison, puisqu’on veut rester ensemble toute notre vie, je ne devrais pas me poser autant de questions et faire les choses au plus simple. Comme ça j’aurais la double nationalité et on ne sera pas séparé. » Mais on pouvait sentir que si en parler avec le principal concerné avait aidé une partie de ses angoisses à s’en aller, elle ressentait encore comme une légère réticence. Mais pour le coup, elle venait peut-être du fait qu’ils n’aient respectivement que seize et dix-sept ans et qu’ils parlent déjà mariage. De son côté, il était prévu depuis qu’elle était née qu’elle se marie jeune (en fait elle aurait même dû se marier à Franz là, cet été, puisqu’elle venait de fêter sa majorité) mais Vincent ce n’était pas son cas… pourtant il prenait vraiment la chose avec facilité. Ça forçait presque le respect.

« Tu dis ça mais si j’organisais un mariage de duchesse tu aurais encore l’impression que je t’entretiens. Cela dit, les mariages de mon rang sont assez ennuyeux, moi je veux un mariage de conte de fée quand j’serais plus grande. » Parce que là, elle est petite, c’est évident. Fredericke soupira et lissa une mèche de cheveux, le côté romantique adoucissait tout, d’autant qu’elle était croyante et vivait pour l’instant encore dans le péché, mais elle se demanderait si ça suffirait à tout lui faire oublier. Est-ce qu’il suffisait qu’elle mette un peu d’eau dans son vin pour que l’idée lui paraisse d’un coup correct, voire agréable ? Bah… c’était son cœur de midinette qui parlait ! « Tant mieux. Mais si je ne passe pas à l’église, je continuerais à être dans le péché. Il faudrait que j’en parle à mon prêtre quand même. » Et réalisant qu’elle parlait sérieusement, elle se rendit compte de quelque chose « Hum… en fait, maintenant qu’on en parle, ça ne me fait plus si peur, c’est différent de quand on me parlait du mariage avec Franz. Comme quoi, je suis bien bête de ne pas avoir voulu t’en parler avant… mais c’est qu’on est encore à l’école et tout ça… alors je ne voulais pas t’ennuyer… et à la fin, c’est devenu n’importe quoi. »

Mais maintenant qu’elle pouvait se blottir contre Vincent, elle se sentait bien mieux. « Tu vas rentrer avec moi hein ? J’ai envie d’un autre genre de câlins aussi mais chez Seth ça ne va pas le faire. » Elle plaisantait bien entendu, comme le prouva le baiser qu’elle lui donna aussitôt en riant avant d’ajouter « Je t’aime aussi mon cœur, tu m’as manqué. » Surtout le huit août mais bon, ils étaient pas doués, c’est pas de leur faute.

Zane... Un petit gosse qui avait décidé de servir la famille Maiden. Ca pouvait paraître chiant et tout ça, mais en faite... Ca pouvait vraiment être sympathique. Et puis il n'était qu'un gamin, ce n'était donc pas Vincent qui allait se sentir menacé par ce garçon. Heureusement d'ailleurs, sinon, les choses auraient réellement pu paraître compliqué. Et difficile à comprendre aussi mais une nouvelle fois, il n'était pas dans ses intérêt de s'en occuper, de s'y intéresser. Tout simplement, oui voilà. Enfin bref, le sujet de cette conversation n'était certainement pas de parler à propos de ce gars, mais si Fredericke était venue vers lui, c'était peut être pour le voir revenir auprès d'elle. Et c'était bien ça le plus important, au milieu de tout ça, tout simplement. Ce n'était pas elle qui allait se prendre la tête avec tout ça, il en était hors de question, oui voilà !

Enfin bref, dans tous les cas et bien oui, il n'avait pas pour mission de mentir à la jeune fille alors il lui avait directement dit que ce n'était pas très sexy, les yeux comme ça. Bien sûr que ça allait passer et il n'en doutait pas un seul instant. Mais pour autant, les choses étaient loin d'être aussi simple que ça, oui voilà. En plus, si les médecins lui avaient eux-mêmes dit que ça allait finir par s'envoler, c'était bien ça le plus important et ce n'était certainement pas lui qui allait se mettre à dire n'importe quoi, d'une certaine manière, en tout cas. Oui, voilà.  « Grande duchesse snob hein ? Sympa. Enfin bon, du moment que ça finit par partir, tu t'en fous tu sais ? C'est ça le plus important, c'est vraiment ça le plus important, tout simplement. ». Enfin bien sûr, après, il était hors de question qu'il se prenne la tête avec tout ça. Voilà tout. Au moins, l'ambiance était maintenant détendue, et c'était bien ça le plus intéressant, le plus cool. Après tout ce qu'il avait bien pu se passer, et bien ouais, c'était bien mieux. Enfin bon, quoi de plus normal. Il lui était impossible de se prendre la tête avec elle pour la simple et bonne raison qu'elle lui avait vraiment beaucoup manqué, voilà tout.

De tout manière, il était impossible de se tromper un seul instant, il ne pouvait pas se passer d'elle alors oui, ça voulait dire qu'il comptait bien passer sa vie à ses côtés. Pour toujours oui. Bien sûr, il ne fallait pas croire qu'il allait s'envoler en Allemagne pour y vivre toute sa vie, bien sûr qu'il n'allait pas se laisser berner et se laisser dicter un quelconque mode de vie. Pour autant, et bien, ne pouvait pas se passer d'elle un seul instant, il avait du mal à voir comment les choses allaient pouvoir être. Deux maisons ? Une dans chaque pays ? Allez donc savoir. De toute manière, avec le transplanage, il était uniquement question de trouver un lieu de vie et le reste serait considérablement facilité. Vivement qu'il soit majeur, d'ailleurs, pour pouvoir en bénéficier, ainsi, il était clair que les choses seraient bien plus faciles. Mais ce n'était pas encore pour aujourd'hui, malheureusement d'ailleurs ! Enfin bon, il n'aurait pas non plus une dizaine d'année à attendre et ce n'était pas au sein de Poudlard qu'il allait en avoir besoin !  « Oui voilà ! Tu as tout compris, c'est moi qui te le dis ! Et donc, hm... Ca me donnera aussi la double nationalité ? Je t'avoue que je ne saisis pas tout ». Voilà qu'il se mettait à lui dire qu'elle avait tout compris mais que lui, il n'en avait pas été capable. Bah bravo tiens ! Mais de toute manière, Vincent n'avait jamais dit qu'il était un être doué d'intelligence hein ! A quoi bon mentir sur un point pareil, de toute manière ?

Un mariage de duchesse hein ? Oui bon, il était clair que si elle lui faisait un truc gigantesque, ça changerait un peu la donne ! De son côté à elle, il y aurait plein d'invité mais du sien, il n'y aurait pas grand monde ! Et c'était ce genre de truc qui promettait de vraiment être stupide. Ca pouvait paraître ridicule, dis comme ça, super ridicule même. Mais... Bon, il n'allait pas se prendre la tête, c'était impossible, oui voilà. D'une certaine manière, en faite. Parce qu'on ne pouvait pas vraiment dire que les choses seraient si simples que ça, non, du tout même.  « Oh bah merde hein ! Tu pourras bien faire le mariage que tu veux, je m'en tape en faite ! ». Enfin bon, il ne s'en tapait pas tant que ça mais un peu quand même ! En tout cas, une chose était bien sûr, c'était qu'il ne comptait pas se prendre la tête avec tout ça, il en était hors de question, tout simplement ! Et pour ce qu'il en était de se marier à l'église pour le péché et tout ça, il s'en foutait aussi. En faite, il se moquait bien d'à quoi pourrait bien ressembler le mariage, au final. Ca serait comme ça serait et pour le reste, il ne s'en souciait pas. Mais pour autant, il ne voulait pas non plus se retrouver sur le cul, sinon, imaginez un peu ! Et voilà qu'elle n'avait déjà plus peur du mariage ! Enfin bon, ce n'était certainement pas lui qui allait s'en plaindre hein ! Que l'on soit bien d'accord, il n'allait pas se prendre la tête avec tout ça, ce n'était pas son genre, pas son genre du tout, tout simplement !  « J'ai un effet thérapeutique on dirait ! Mais tant mieux, si tu n'as déjà plus peur du mariage ! C'est ça le plus important on va dire ! ».

Rentrer avec elle ? Oui, bien sûr qu'il comptait le faire. Il ne pouvait même pas en douter un seul instant en faite ! Ca pouvait paraître bizarre mais il se sentait bien plus chez lui au sein du manoir Maiden que chez Seth. Bon, bien sûr, le jeune Serdaigle était sympa et tout ça et se retrouver entouré de mecs, ça pouvait faire du bien et s'il pouvait reproduire la chose, il le ferait sans problème mais, sinon, pour ce qu'il en était du reste, il s'y intéressait plutôt pas mal ouais ! Et il ne fallait pas en douter, quoi. A quoi bon en douter, de toute manière ! Bref ! Il avait grandement hâte de repartir, tout simplement parce qu'être avec la personne que l'on aimait était ce qu'il y avait de plus important, tout simplement.  « Bien sûr... La compagnie de Seth est sympa mais je ne peux pas l'embrasser, tu vois le hic ? Enfin bon... C'était sympa de sa part quand même, je ne vais pas m'en plaindre ! »