Il est nécessaire de se confier pour avancer... {PV Heaven}

Frédérique était seule dans son dortoir ce soir là. Les répartitions ont été faites. De nouveaux élèves. Une nouvelle année. Sa dernière année. Elle avait été souvent seule l’année précédente. Elle s’était isolée des autres, elle s’était isolée de soi. Il faisait bon ce soir là, comme une agréable soirée de fin d’été et tout le monde était soit dans leur salle commune, soit s’était retrouvé dans leur dortoir pour parler des vacances pour ceux qui ne s’étaient pas revus de tout l’été. Elle, elle préférait restée enfermer et chanter. Elle avait de gros examens cette année là et elle n’avait pas vraiment envie de s’avancer comme certains autres. Bien que bonne élève, elle n’était plus du genre à s’enfermer dans le travail ni à réviser.

A défaut du magnifique piano à queue présent dans le grand salon de ses parents, en plein cœur de leur demeure qu’elle avait hérité à Glastumbury et qu’elle pourra récupérer à sa majorité, elle tenait sa guitare tout contre elle, assise en tailleur sur son lit. Elle grattait les cordes les yeux totalement clos et perdue dans ses pensées portées par la musique, elle fredonnait quelques paroles.

« I don't like to, be alone in the night.
And I don't like to, hear Im wrong when I'm right.
And I don't like to, have the rain on my shoe… »

Depuis deux ans, elle développait un véritable goût pour la musique et l’année précédente en était devenue une véritable obsession. Il y avait quelque temps, elle n’aurait jamais imaginé écouter et surtout apprécier ce genre de musique. Mais à force qu’on lui en parlait, elle s’y était lancée, titillée par la curiosité. On aurait dis que cela faisait des années qu’elle en jouait. Pourtant elle n’y avait jamais touché avant et donc n’avait jamais pris de cours. Mais elle apprenait vite et avec les livres qu’elle s’était en même temps procurée, elle savait déjà jouer quelques morceaux intéressants. Elle jouait de sa guitare partout où elle allait, qu’importe si les gens aimaient ou pas, et le pire c’était qu’elle jouait juste. Elle avait appris à jouer de deux instruments de musique depuis qu’elle était capable de mémoriser des morceaux. La guitare et le piano étaient comme une continuité d’elle quand elle se mettait à jouer. Elle n’avait jamais pris le temps de remercier Bérénice ou Maureen de lui avoir fait découvrir la beauté de la musique.
Ce n’était que des passions. Des passions qui lui tenaient pour l’instant bien à cœur.
Elle regrettait qu’il n’y avait pas de club de musique dans Poudlard. Il fallait dire qu’il n’y avait que très peu de club, il y en avait, mais limité. A part celui de journalisme, d’échec, de danse et de Quidditch, il n’y avait rien d’autre. Elle avait déjà joué au Quidditch avec l’équipe de Serpentard en tant que Batteur dans ses premières années. A la mort de ses parents, elle avait arrêté ce sport qui lui avait pourtant tenu à cœur pour s’enfermer sur elle-même. Plus d’enthousiasme, plus de rire, plus d’expression.

« I don't like to see the sky painted gray.
And I don't like when nothing's going my way.
And I don't like to be the one with the blues… »

Vêtue toujours de son uniforme, des mèches de ses cheveux ondulés et mi-courts retombant en cascade sur son visage, cela devait faire déjà quelques instants qu’elle s’était réfugiée sur son lit, dans l’obscurité de la pièce qu’elle n’avait pas pris la peine d’éclairer.
Elle aurait voulu que le diner à la Grande Salle se finisse au plus vite. Elle aurait voulu être prise de fatigue soudaine pour être déjà au lendemain. Maureen avait été à la table de sa maison, aussi chaleureuse qu’elle avait toujours été. Elle était restée avec elle durant tout le trajet avec le Poudlard Express. A leur arrivée, elles durent se séparer pour retrouver leurs camarades. Dès cet instant, le regard de Frédérique s’était assombrie. Elle l’ignorait encore, mais elle développait son coté jaloux et possessif. Tant qu’elle ne la retrouverait pas, elle n’aurait pas confiance, pas en Maureen, mais en elle-même et aux autres. Elles étaient un couple assez peu commun à Poudlard et elles ignoraient comment tout cela allait se passer, comment elles allaient parvenir à le vivre.

« I don't like to turn the radio on.
Just to find I missed my favorite song.
I don't like to be the last with the news… »

Personne n’avait semblé faire attention elle quand elle avait traversé la salle commune de Serpentard. Enfin s’était toujours ce qu’elle pensait. Elle avait été si souvent seule, ce qui était étonnant de la part de cette fille qui était de nature si calme et au visage chaleureux. Chaleureux oui, mais tout dépendait avec qui et elle avait du mal à s’entendre et à comprendre les filles de son âge. Alors elle préférait jouer de la guitare. Pourtant, elle aimait discuter, elle aimait s’amuser, mais elle était encore trop introvertie, trop peu sur d’elle, trop sombre et sauvage. Elle s’était améliorée depuis ses derniers mois et encore plus prodigieusement ses dernières semaines, mais elle était toujours trop anxieuse pour se lancer vers les autres et faire partie à part entière d’un groupe.
Elle continuait donc à chanter et qu’importe si les gens aimaient ou pas. Elle était tellement plongée dans sa musique qu’elle n’y pensait pas. Le pire était qu’elle chantait juste et que sa voix était mélodieuse et agréable.

« Love everything about the way you're loving me.
The way you lay your head.
Upon my shoulder when you sleep.
And I love to kiss you in the rain.
I love everything you do… »

Elle n’entendit donc pas qu’on venait d’entrer dans la pièce…

Les vacances venaient de se finir, et Heaven avait enfin retrouvé Poudlard. Pour sa dernière année au château, elle avait beaucoup changé, et tout ça, rien qu’en un été. Bien sûr, sa relation avec Raphaël s’était ébruitée depuis qu’ils l’avaient rendue publique lors des dix-sept ans de la vipère, mais durant l’été elle était partie habiter avec lui. Ils étaient un vrai couple maintenant… Qui aurait pu le croire, il y a sept ans de cela ? Personne, assurément. La vipère l’avait d’ailleurs laissé sur le quai 9¾ alors qu’elle rejoignait son frère. Elle avait passé tout son voyage avec le Rouge et Or d’ailleurs, pour le plus grand bonheur du jeune homme qui râlait, car il n’avait pas assez vu sa sœur pendant les vacances. Il lui raconta ce qu’il avait fait, ainsi que les idées qu’il avait eut pour son nouveau prototype, et aussi que Nicolas, Hainoa et lui pensaient faire une réunion Tamagotchi… Heaven était contente qu’il ne pense pas à Cherise, mais il fallait aussi avouer qu’il se dévouait un peu trop, s’investissant trop dans son travail… Tellement qu’il en oubliait de s’amuser !

Lorsqu’elle était enfin arrivée au Château, elle prit place aux côtés de sa meilleure amie, la princesse blonde du Liechtenstein, et regarda la cérémonie se faire. Elle avait entre-aperçu Alix à la table des Rouge et Or, et pensa qu’elle devrait aller lui parler un de ces jours. La répartition achevée, le repas pu commencer. La Vipère n’avala pas grand-chose. Le strict nécessaire, elle attendait les gâteaux –bien plus intéressant qu’un porridge ou de la dinde, si vous vouliez son avis !- et s’en régala. Elle avait repris du poids durant l’été –Raphaël l’engraissait, il devait vouloir la manger à Noël…- Puis, quand le banquet fut terminé, elle laissa Marie, accompagnée par Cristal guider les premières années. Elle voulait dire bonne nuit à son frère avant qu’il ne retourne dans son dortoir, et ce dernier l’attendait dans le hall. Quand les adieux furent fait, elle prit la direction de la salle commune, mais à peine eut-elle mit un pied dedans qu’elle fut de suite aggressée.

« Heaven ! Je t’ai cherchée partout ! Tu vas bien ?! »
« Nicolas… Bonsoir… Marie n’est pas là… Oui je vais bien, merci. »
« Je me fiche de ma sœur ! Tu m’as manqué tu sais ?! »
« Oh… Euh, désolée Nicolas, je dois y aller, on m’attend en haut… A bientôt ! »

La brune passa sa main dans la chevelure châtain du jeune vert et argent, avant de prendre la direction des escaliers pour se rendre dans son dortoir. Personne ne l’y attendait en vérité, elle ne savait même pas si quelqu’un était déjà monté d’ailleurs, mais bon, Nicolas était peut-être un simple deuxième année, il avait la tête comme une pastèque, ne se prenait pas pour un moins que rien, et savait ce qu’il voulait. Manque de bol pour Heaven, il semblait que depuis son entrée à l’école le jeune prince ait décidé de jeter son dévolu sur elle… Ca l’avait fait sourire au début, mais il devenait tellement insistant avec le temps, qu’elle commençait à en avoir assez. Et ne parlons même pas de Raphaël qui n’avait qu’une seule envie, étriper le môme s’il s’approchait trop près de sa petite-amie… Pas réellement jaloux, il savait bien que le petit prince n’avait rien qui pourrait séduire Heaven, mais sait-on jamais qu’il n’use de stratagèmes sombres et coriaces ! La vipère salua quelques connaissances et grimpa rapidement les escaliers. Alors qu’elle allait entrer en trombe dans son dortoir, elle entendit une mélodie, puis une voix. Elle se stoppa donc dans son élan, et écouta un peu la musique avant d’ouvrir doucement la porte. Elle trouva derrière cette dernière une jeune fille brune qu’elle connaissait bien. Et elle était seule dans ce dortoir.

« Freddy… Elle était jolie ta chanson… Tu l’as composée ? »

Heaven avait pris l’habitude d’écouter Raphaël jouer, quand ils étaient à l’appartement elle lui demandait de temps à autre de jouer pour elle, et des fois elle l’accompagnait au piano… Mais il fallait avouer qu’elle aimait aussi beaucoup ce que son amie venait de jouer. Elle savait que la brune s’était réfugiée dans la musique depuis deux ans… Connaissait-elle le professeur de Traverse ? C’était lui qui avait enseigné à la Sang-Pur ce qu’elle savait… Enfin, son père à vrai dire, mais le jeune homme qui avait repris le flambeau –un ex Serpentard en plus – était bourré de talent !

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Frédérique continuait à gratter sa guitare. Ses gestes étaient fluides, comme si son instrument faisait partie intégrante de son corps Ses doigts fins et pâles glissaient sur les cordes sans mauvaise note. Sa voix douce dénotait avec le ton qu’elle employait quand elle parlait. Ses intonations donnaient au frisson, pire selon les chansons. Celle ci se trouvait romantique, tendre et doux. Personne n’aurait imagine de telle chose venant d’elle. Il fallait croire que Poudlard, son univers et sa propre magie, pouvait aider à changer une personne.
Elle n’avait donc pas entendu entrer celle qui était devenue au fil de ses années sa meilleure amie. Elle était arrivée doucement et la musique couvrait tout bruit.

« I love everything about the way you're loving me.
I love the way you lay your head upon my shoulder when you sleep.
And I love to kiss you in the rain.
I love everything you do… »

A l’arrivée d’Heaven, les lumières du dortoir s’allumèrent. Sa camarade ne sursauta pas. Elle se contenta de stopper sa musique et de relever doucement le regard vers elle. Elle était contente de la revoir. Elle l’avait croisé à plusieurs moments depuis qu’elle s’était rendue à la gare pour prendre le Poudlard Express mais elle n’avait pas pris le courage d’aller lui adresser la parole. Ce n’était pas l’envie qui lui avait manqué. Elle appréciait son amie et avait trouvé beaucoup de réponses à ses questions quand elle avait eu besoin de se confier.

« Heaven… ? Salut… »

La soirée qu’avait organisé les deux préfètes batait encore son plein dans leur salle commune. Leurs camarades de chambrée n’allaient pas faire leur apparition avant quelques instants encore. Elles allaient pouvoir se parler un peu, elles n’avaient sans nul doute besoin de se parler un peu.
Heaven lui parlait de sa chanson qu’elle avait écoutée. La jeune LeeRoy n’avait pas besoin de s’étaler. La question était simple, elle allait quand même parvenir à y répondre simplement. On ne lui demandait pas de faire un discours. Elle craignait toujours les conversations avec les autres. Mais là il ne s’agissait pas des autres, mais d’une amie. Et elle s’était améliorée dans ce domaine depuis qu’elle avait essayé de l’aider.

« Oui… Je l’ai composé durant l’été… Et elle m’est revenue ce soir… donc je n’ai pas pu résister de la jouer un peu…
Tu aimes… ? »

Elle ignorait si Heaven aimait la musique ou pas. Elle ignorait beaucoup de chose sur elle. Il fallait dire qu’elle n’était pas du genre à poser des questions et se trouvait très peu curieuse. Elle était plus observatrice qu’autre chose.
Elle dévisagea son amie, de son air désespérément neutre bien que son regard mélangeait quelque peu la tristesse mais aussi la joie. Le mystère et l’ambigüité demeuraient désespérément aussi en elle.

« Je suis désolée de n’être pas venue de parler avant ou de n’avoir pas donné du tout de nouvelle durant les vacances… »

Oui elle prenait la peine de s’excuser à présent. Frédérique avait changé… dans la forme, certes, mais peut-être pas dans le fond...

Quand elle était entrée, sans faire de bruit, Frédérique ne l’avait pas entendue. Le bruit qui provenait de la petite fête en bas devait sans aucun doute cacher tout autre bruit. Plus le fait que la guitare produisait un son relativement fort, il était compréhensible que Frédérique n’ait rien entendu. En tout cas, ce qui était sûr était qu’Heaven avait beaucoup aimé la musique que sa camarade avait joué. Et il fallait vraiment qu’elle lui présente son professeur de musique ! Il pourrait peut-être lui donner de bons conseils, et l’écossaise était sûre que cela profiterait énormément à la demoiselle. Finalement, Freddy leva la tête, visiblement surprise d’avoir été prise la main dans le sac… Ou plutôt, la main sur la guitare ! Mais qu’elle se rassure, cela ne dérangeait aucunement Heaven !

« Oui, beaucoup, elle est belle… Raphaël est musicien, et comme je joue du piano, on a joué un peu cet été nous aussi… Et avec mon frère aussi, nous en avons composé une…»

Un sourire, et Heaven repensa à cet été. Elle avait composé un jour –trois quatre années plus tôt- une chanson avec Haven, et ils l’avaient rejouée cet été, quand Heaven avait passé un samedi entier avec son frère jumeau, qui se languissait de sa sœur, bien trop absente. Et même s’ils ne l’avaient plus interprétée depuis longtemps tous les deux, le Gryffondor comme la Serpentard se souvenait des notes exactes… Et le mélange piano et guitare rendait parfaitement bien. Peut-être qu’un jour ils la feraient entendre à leur professeur de musique… Puis son amie s’excuse d’avoir été absente cet été, niveau nouvelles. Heaven pouvait-elle vraiment lui en vouloir ? Cet été, à part Marie, qu’elle avait invitée dans son nouveau chez elle, et Keira, qu’elle voyait quand elle accompagnait Raphaël au studio, elle n’avait vu personne d’autre, en dehors de sa propre famille, bien entendu… Alors Freddy était toute excusée !

« Ne t’inquiète pas pour ça. Je suis aussi à blâmer… J’ai été débordée cet été, avec le déménagement et tout… »

Et elle s’en voulait sincèrement ! Car elle savait que son amie n’était pas très bien, et cela depuis quelques temps déjà, elle l’avait bien remarqué, même si elle n’avait jamais trop fait de commentaire –vu les problèmes de nutrition qu’elle avait, mieux valait qu’elle évite de lancer les sujets qui fâchent !-. Mais les rares moments de la journée où elle avait entre-aperçu Frédérique, elle avait pu déceler une petite touche de bonne humeur sur le visage de la brune, d’habitude impassible. Elle ne savait pas comment elle avait pu remarquer cela, mais bon… Elle avait bien vu que le regard de sa camarade de classe et de chambre brillait d’une toute autre lueur, bien plus chaleureuse que celle qui existait avant. Donc forcément, quelque chose avait changé… Oui, mais quoi ? Là était tout le mystère voyez-vous ! Et Heaven n’étant pas vraiment du genre patiente, elle n’allait pas y passer par quatre chemins. Poser la question directement, ça allait, d’une/ aider Frédérique à se lancer –Heaven savait qu’elle avait quelque peu du mal avec les conversations- de deux/ cela satisferait plus rapidement la curiosité de l’écossaise !

« Mais dis-moi, comment vas-tu ? Ces deux dernières années, je t’ai vue sombrer… Mais tu m’as l’air plus joyeuse… Aurais-je manqué quelque chose ?! »

Et bien oui, la question était directe. Mieux valait ne pas tourner autour du pot ! Et en fait, Heaven espérait une bonne nouvelle. Elle savait que Frédérique avait eut des problèmes familiaux quand elle avait perdu son père, et elle espérait vraiment qu’elle ait enfin quelqu’un dans sa vie. Quelqu’un qui ne la prendrait pas pour une idiote, car Frédérique était loin d’en être une. L’écossaise trouvait sa camarade très intelligente, et quand on apprenait à la connaitre, elle était très gentille. Une fille adorable quoi ! Alors elle méritait bien quelqu’un de bien, non ?!

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Frédérique dévisagea son amie, de son air désespérément neutre bien que son regard mélangeait quelque peu la tristesse mais aussi la joie. Elle l’écoutait lui affirmer qu’elle trouvait bien sa musique. Elle fut étonnée de la suite de ses propos. Etonnée, pas tant que cela. Il était évident qu’elle ne pouvait pas être la seule à aimer la musique et jouer d’un instrument. C’était quelque chose de courant. De si courant, qu’elle s’étonnait encore d’avoir pu dire un jour qu’il s’agissait d’une chose inutile, faite pour des gens banales, pour des idiots du style des moldus. Oui elle avait pu dire cela un jour.

« Merci… Je l’ai composé d’une traite… Tu sais quand l’inspiration vient…
Raphaël est musicien… ? Tu crois que je pourrais jouer un jour avec vous… ? J’ignorais que tu jouais du piano… J’ai un piano chez mes parents… Je compte retourner dans notre demeure de Glastonbury à Noel… Nous avons un piano à queue dans le salon… Ma mère aimait y jouer… »

C’était la première fois qu’elle parlait ainsi de ses parents. Elle n’en avait plus parlé depuis leur mort, il y avait maintenant trois ans de cela, à l’aube de sa 4ème année à Poudlard. Elle n’en avait plus parlé comme si ils avaient subitement disparu de sa mémoire, comme si ils n’avaient jamais existé pour elle. Leur mort avait été aussi brutal que son comportement. S’était à partir de là qu’elle était devenue de plus en plus froide, de plus en plus solitaire, de plus en plus étrange. On aurait dit qu’il n’y avait pas que son humeur qui avait changé durant l’été. C’était son être qui avait subi une modification et plus le temps passé, plus elle parvenait à retrouver celle qu’elle avait pu être avant. Une fille agréable, ouverte et pleine de vie. Enfin, tout ceci était en cour. On ne changeait pas du tout au tout du jour au lendemain. Pour ce qu’il en était de son coté étrange et ambigu, il était trop tard pour y faire quoi que ce soit. Il s’était forgé en elle certaines idées et convictions qu’on ne pouvait pas retirer aussi facilement.
C’était la première fois qu’elle retournerait dans sa maison depuis la mort de ses parents. Elle y avait pensé tout l’été. A sa majorité, elle hériterait de la demeure et elle souhaitait y mener sa compagne. Elle voulait redécouvrir le lieu de son enfance. Elle espérait se laisser envahir des bons moments qu’elle avait pu y avoir avant que tout ne bascule dans sa vie. Elle n’avait pas le courage d’y retourner seule. Frédérique ne se sentait pas assez forte pour affronter seule toutes les émotions que pourrait lui procurer ce retour chez elle. Trois ans qu’aucune expression n’avait touché son visage. Deux ans qu’elle avait subi une véritable descente aux enfers. Un an où elle en était arrivée à deux doigts de tout quitter, de fuir cette vie qui l’emprisonnait.

« Oui ton déménagement… tout s’est bien passé… ? Raconte-moi ce que ça fait de s’installer enfin avec la personne qu’on aime… »

Heaven avait toujours été tout ce dont elle voulait être. Une fille forte, indépendante et sur d’elle. Elle avait plus d’expérience de la vie qu’elle ne pourra avoir un jour. Elle voulait savoir ce que ça faisait que d’emménager avec la personne qu’on aimait. C’était une chose qu’elle envisageait aussi, après Poudlard. Mais comment aborder le sujet ? Comment mettre en œuvre ce projet ? Elle avait déjà un lieu où vivre, sa demeure de Glastonbury. Mais elle ne savait toujours pas ce qu’elle aimerait faire après Poudlard. Elle n’était douée que dans les études et dans sa musique. Passé un moment, elle voulait devenir professeur. Etudier était une chose, enseigner en était une autre. Elle ne s’en sentait pas véritablement capable. Elle allait devoir rapidement faire un choix. On ne pouvait pas vivre d’amour et d’eau fraiche.

« Je vais bien… Je ne dirais pas joyeuse… tout est relatif… Je suis encore loin des éclats de rire… Mais j’y travaille… »

Sa camarade lui avait demandé comment elle allait, lui rappelant que ses dernières années elle l’avait vu sombrer. Oui tout le monde l’avait vu, mais personne n’avait rien fait. Personne, pas véritablement. Un être merveilleux avait été là pour elle, sauf l’année dernière où elle avait cru être abandonnée même par elle.
Un mélange d’états avait fait qu’elle avait sombré. Elle s’était confortée dans sa haine des moldus et des sangs impurs. Elle réprimait sa tristesse à la mort de ses parents. Et elle refusait l’amour qui grandissait en elle. Tant de sentiments qui se bousculaient en elle et qui avaient été à l’origine de son état. Elle avait franchi deux des étapes, la dernière se trouvant trop présente au fond d’elle pour se changer.

« Je suis amoureuse… »

Ça se n’était pas vraiment un scoop. Cela faisait trois ans qu’elle se mourrait d’amour pour la jolie blonde de Poufsouffle. Trois ans à tourner autour du pot, à ne jamais parvenir à se lancer, à faire marche arrière au dernier moment, s’était à croire qu’elle était plus patiente et aussi peu courageuse qu’on le disait. L’essentiel était l’instant présent.
Un léger sourire en coin, tendre et timide, faisant rougir doucement ses joues, se forma sur ses lèvres. Frédérique ne souriait jamais d’ordinaire, son visage restant aussi neutre et triste qu’une statue. Elle pencha légèrement la tête sur le coté, le regard posé sur sa guitare afin d’éviter celui de son amie. Elle la connaissait et savait qu’elle était du genre à ne pas aimer les cachoteries. Elle n’apprécierait pas qu’on ne soit pas directe avec elle. Elle ne savait plus si elle lui en avait parlé. Mais elle se souvenait de cette longue discussion avec Siegfried qui avait réussi à lui ouvrir les yeux sur ses sentiments.

« Je sors avec Maureen McEngel… »

Elle soupira et posa d’une main tremblante sa guitare à coté d’elle. Depuis le début de leur relation, elle n’en avait parlé ouvertement à personne. Elle avait déjà eu droit à quelques regards, des rumeurs mal dissimulées, mais elle ne l’avait jamais annoncé officiellement. Elle était à la fois soulagée d’en avoir parlé, mais aussi craintive de la réaction que cela pouvait apporter. Trop tard, elle l’avait dit et elle ne voulait pas s’en cacher. Et puis, elle voyait Heaven comme sa meilleure amie et il en fallait déjà beaucoup pour qu’elle considère quelqu’un comme son amie, donc tout pouvait bien se passer. Elle lui faisait confiance malgré ce qu’on pouvait dire sur elle. Frédérique considérait que son amie était quelqu’un de bien, sur qui on pouvait compter. Elle serait donc la première à lui dire en face ce dont elle en pensait, comme elle avait fait jusque là avec elle...

Frédérique avait du talent, il fallait le reconnaitre… Et peut-être avait-elle trouvé dans la musique sa voie future ? En tout cas, si tel était le cas, Heaven était sûre que son amie réussirait à être connue ! Car le talent qu’elle avait était indéniable ! Enfin bref. La brune semblait surprise d’apprendre que Raphaël était musicien… Elle ne suivait pas l’actualité musicale ? Car là, elle était vraiment larguée de chez larguée, vue l’ampleur que prenait Carnal Spark est les multiples photos de Raphaël dans les magasines… Mais bon, elle pouvait être excusée, ce n’était pas parce qu’Heaven s’intéressait énormément à son petit ami que tout le monde devait s’y intéresser !

« Oui, tu ne le savais pas ? Il joue dans le groupe Carnal Spark ! Il devient une star… Mais tu sais, il est assez… froid… Mais on pourra jouer toutes les deux, avec mon frère même, si tu veux ! Et je peux te présenter mon professeur si tu veux ! Il est génial ! »

Hop, c’était placé pour Asher ! Mais elle devait bien l’avouer, Asher avait vraiment du talent ! C’est lui qui lui donnait ses cours de violon depuis cinq ans, pendant les vacances, et elle aimait vraiment sa façon de faire. En plus, comme il était un ancien Serpentard, quand elle avait eut quelques questions à lui poser pour certaines choses musicales, elle savait toujours où le trouver ! Et cela permettait aussi à la brune et à son double masculin d’avoir des cours privés à Poudlard, dans la salle sur Demande. Enfin bref. Pour que Freddy joue avec Raphaël par contre, cela serait bien plus compliqué, si la chose n’était pas desuite impossible… Car Heaven connaissait son petit ami… Et il était déjà compliqué de l’aborder quand on était son ami, alors quand on ne le connaissait que très vaguement, jouer de la musique avec lui s’avérait une chose bien peu aisée…

« Oui, ça a été ! Raphaël est vraiment génial, donc tout s’est bien passé… Et pour l’instant… Enfin, là je me fais difficilement à l’idée de ne le voir que très peu… Mais bon, je vais survivre, pas vrai ?! »

Elle sourit à son amie. Heaven rayonnait vraiment depuis qu’elle sortait avec Raphaël… Bon, il leur avait fallut du temps pour que cela se fasse, mais au final, ça n’était pas si mal, au contraire même ! Ils ne se disputaient pas, et Heaven avait même prit du poids sans trop râler ! D’ailleurs, à cause de ces deux kilos en plus, elle avait du jeter quelques jupes… Et bien oui, dans le genre petite taille, elle avait fait fort, et du coup, elle était un peu trop compressée dans certains habits… Mais comme Raphaël semblait ravit qu’elle ait pris deux kilos, elle avait pris la chose sans trop de blabla. Ca ne lui faisait pas de mal de toute manière, quand on y repensait ! Au moins, elle retrouvait un peu de rondeur, et ce n’était sûrement pas Raphaël qui allait se plaindre ! Puis son amie lui affirma qu’elle était amoureuse… Hinhin, c’était donc ça ! Puis elle lui dit le nom de l’heureux… Heureuse pardon ! Elue !

« Oooooh, vraiment ?! Mais attend, c’est avec elle que t’étais allée au bal, en cinquième année, non ?! C’est génial ! »

Heaven se rappelait du bal de la cinquième année. Enfin, elle se rappelait en avoir parlé à Frédérique, car elle, elle n’y était pas allé, mais la brune avait été invité par ladite Maureen au bal de Noël… Et déjà là, Heaven avait compris que Frédérique aimait la blonde plus que de raison, et bien plus qu’elle ne voulait bien l’avouer également. Mais sur le coup, Heaven n’en n’avait pas trop parlé. Elle étrangère à ces sentiments, envers quelqu’un du même sexe, même si elle s’en fichait pas mal que son amie soit en couple avec un garçon ou une fille. Frédérique avait le droit de faire ce qu’elle voulait, quoi qu’en dise, ou quoi qu’en pense les autres ! Et si elle en avait besoin maintenant, Heaven serait là pour l’aider et pour la réconforter. Car elle savait que tout le monde n’était pas comme elle…

« Raconte-moi tout ! Je veux tout savoir ! Tu l’aimes depuis tellement longtemps ! »

Et bien quoi ? C’était vrai ! Frédérique était amoureuse de la blonde depuis la cinquième non ? Peut-être même plus ! Alors bon, si elles avaient enfin réussit à se trouver, Heaven voulait savoir ! Car ce n’était pas une chose anodine ! Et puis, elle était la première petite-amie de Frédérique, non ?

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Frédérique la dévisagea, surprise de ce qu’Heaven lui racontait au sujet de son compagnon. Parfois on pouvait croire qu’elle avait hiberné durant quelques mois, quelques années même. Eternellement dans son univers, elle ne se rendait jamais compte de ce qui se passait autour d’elle, et pire même quand ça se présentait pile face à elle ou quand ça la concernait directement.

« Il joue dans le groupe Carnal Spark… ? J’en ai entendu parler… mais j’ignorais que c’était ton Raphaël… Je n’ai pas cherché à voir les photographies ni à connaître son nom de famille… Si j’avais su… Mais tu me pardonneras, j’étais prise par tout autre chose cet été…. »

Oui si elle avait su, elle aurait eu de belles occasion de faire râler la fille de sa famille d’accueil ainsi que ses groupies d’amies. Elles n’étaient pas bien méchantes, gamines, mais pas méchantes et elles l’avaient plus agacé qu’autre chose au sujet de ce groupe. Si agacée, qu’elle ne voulait jamais en entendre parler. Peut-être est-ce en partie pour cela qu’elle n’avait pas saisi l’identité véritable des membres de ce groupe. Dans tous les cas, bien qu’elle adorait jouer de sa guitare et chanter, elle ne s’intéressait absolument pas à l’actualité musicale, ni en tout autre genre d’actualité. Eternellement dans son monde, dans sa bulle, elle avait toujours eu du mal à faire partie des réalités qui l’entouraient. Sans doute qu’à cause de cela, elle avait raté de nombreuses choses dans sa vie, comme elle avait failli raté le bonheur qu’elle vivait avec sa Poufsouffle.
Le sourit léger qui s’était formé sur ses lèvres restait toujours aussi visible. Elle avait été en effet prise par tout autre chose cet été là et son occupation à ses yeux était bien plus importante que tout le reste. Alors coté actualité, elle était bien plus que larguée. Mais cela ne la dérangeait pas. Elle avait été si bien sur son petit nuage qu’elle se demandait si elle en était réellement descendue.

« Dommage qu’il soit froid comme tu le dis… Mais pour être avec toi, il ne peut pas être si froid que ça… Moi qui pensais être la seule à être un véritable glaçon…
Tu es avec une star alors… Je savais que tu aimais la popularité, mais à ce point…
Excuse moi… ! Je ne dis pas ça pour te blesser… Quelle idiote… ! Désolée… C’était mieux l’époque où je ne parlais pas… au moins je n’étais pas amenée à dire de telles bêtises… »

Elle avait aligné plus de paroles et quelques secondes qu’elle ne l’avait fait en une semaine à la même période l’année dernière. Passant une main dans ses cheveux, elle se sentait honteuse. Elle ne voulait ni blesser ni contrarier son amie. Mais elle n’avait jamais su mentir. Si elle avait quelque chose à dire, elle le disait en toute sincérité. Une des choses qui lui avait causé son isolement il y avait deux ans comme avec sa dispute avec Eva-Rose qui n’était pas une si mauvaise fille que ça en fin de compte.

« Tu as un professeur de musique particulier… ? Je serais ravie de le rencontrer… mais tu crois qu’il voudrait enseigner à quelqu’un comme moi… ? Mais je veux bien jouer avec toi, ou avec ton frère même, bien qu’on ne se connaisse pas du tout lui et moi… »

Frédérique aurait voulu aider sa camarade quand elle allait mal, comme elle se doutait que Heaven aurait voulu aider sa camarade quand se trouvait mal. Mais elles avaient été mal aux mêmes moments, ou presque et les soucis de l’une et l’autre ne leur permettait pas d’avoir la force de s’occuper d’autrui. Peut-être que cela aurait permis de les rapprocher, peut-être au contraire que cela les aurait définitivement éloigné. L’essentiel était pourtant le moment présent où tout allait bien pour chacune et qu’elle continuait à se parler comme avant.

« Je suis contente que tout se soit bien passé pour votre emménagement à Raphaël et toi… ça fait plaisir à voir à quel point il te rend heureuse… Et tu as si bonne mine… !
Je peux te comprendre que ça soit difficile l’idée de voir que très peu la personne qu’on aime durant une certaine période… »

On ne pouvait pas dire qu’elle vivait la même chose que son amie. Mais elle était à la fois si proche mais si éloignée de sa Maureen qu’elle avait l’impression que la vie les séparerait à nouveau si il lui arrivait de baisser sa vigilance. Elle attendait avec impatience les moments où elle la retrouverait et voulait à ces retrouvailles que le temps si fige pour elles. En tout cas, à force d’y penser et d’en discuter avec Heaven, cela faisait naître en elle l’envie de suivre les même projets. Elle ne voulait pas qu’elle croyait qu’elle la copiait en quoi que ce soit, mais c’était un peu un but qu’on voulait tous atteindre quand on était en couple.
Parlant de sa compagne, Heaven n’en eut aucune réaction négative, bien au contraire. Elle montrait un véritable contentement pour elle que ça lui faisait chaud au cœur. Elle pouvait lâcher la pression et respirer un peu. Frédérique voulait autant qu’elle lui parle de Raphaël que elle pouvoir lui parler de Maureen. Elle avait l’impression d’être ainsi comme tous les autres, chose qu’elle n’avait plus été depuis beaucoup trop de temps à son goût. Différente, marginale, elle s’était souvent dit qu’elle ne faisait peut-être pas partie de ce monde qui lui paraissait à la fois si commun et pourtant étranger.

« Oui c’est elle… Elle m’y avait elle même invité à ce bal à l’époque et j’avais été incapable de voir les signes… Il est vrai que je l’aime depuis tellement longtemps… A croire que j’étais la seule à ne pas l’avoir remarqué… ou plutôt, à accepter une telle évidence… »

Frédérique lui expliqua tout. Elle lui parla de l’absence de Maureen à Poudlard durant toute l’année précédente ce qui avait provoqué son mal-être et la maladie qui avait été à l'origine de son absence. Elle lui indiqua le manque de nouvelle de la part de l’une, de la part de l’autre et de l’impression qu’elle en avait eu, comme si la blonde l’avait rayé de sa vie bien que la Serpentard ne se résolvait pas à l’oublier. Elle arriva donc à la fameuse lettre tant attendue qu’elle avait reçu au début des vacances et son déplacement sans hésitation vers le lieu de rendez-vous. Les yeux brillants, elle lui raconta comment elle lui avait enfin parlé, bien qu’elle avait peur d’un rejet de la part de la jolie blonde. Mais sa déclaration ne fut pas veine, cette dernière ne la repoussait pas, bien au contraire.

« Et nous avons passé tout l’été ensemble, incapable de nous séparer trop longtemps… »

Elle venait de tout lui raconter, revivant chaque instant si fortement que son cœur s’en était emballé. Frédérique avait encore du mal à croire que quelque chose de merveilleux puisse se passer dans sa misérable vie. Et finalement elle n’était pas mécontente que ce bonheur soit grâce à une fille car il fallait que cela se passe ainsi à ses yeux. Plus elle y pensait, et moins ça l’étonnait. C’était comme si elle s’était toujours cherchée et que ses réponses, pourtant évidentes, étaient ce qu’elle avait toujours été : mystérieuse, ambigu… celle d’un peu de tout, d’un peu de rien…

Heaven aimait Raphaël depuis longtemps, Freddy le savait bien, aussi, sa remarque sur la popularité, même si elle vexa légèrement Heaven, ne l’atteint pas plus que ça. Après tout, Freddy n’avait pas réellement tord, l’écossaise aimait quand on parlait d’elle… Mais comme la brune à lunettes savait ce qui était vrai, sa camarade ne se faisait pas de soucis. Ca ne serait sûrement pas Frédérique qui irait dire qu’Heaven sortait avec Raphaël par intérêt ! Ce n’était de toute manière pas conseillé, si la brunette ne voulait pas perdre une amie –et tout le monde le sait, quand Heaven ne supporte pas quelqu’un, elle est capable de tout, et même du pire !

« Je te préfère maintenant… Et puis tu sais, beaucoup disent que je suis avec lui par simple intérêt… Mais tant que lui et moi, nous savons la vérité, c’est le plus important… Mais j’aurais préféré qu’il ne soit pas si connu… »

Si Heaven prenait plutôt bien la chose, et qu’en soit, elle était ravie pour Raphaël, il fallait avouer que cette soudaine popularité l’énervait de temps à autre. Oh, Raphaël n’était au courant de rien, mais toutes ces photos avec d’autres filles, toutes ces rumeurs qui circulaient, elles lui prenaient la tête. Mais elle avait confiance en Raphaël, et elle savait qu’elle pouvait compter sur sa meilleure amie rousse, Keira, la chanteuse de CS, si quelque chose clochait… Mais à force d’entendre tout et n’importe quoi, même si la plupart des choses qui se disaient rentraient par une oreille et ressortaient par l’autre, Heaven devenait folle. Pas folle au sens propre du terme, mais elle en avait assez, et parfois, oui, il lui arrivait de vouloir que tout cela ne soit qu’un rêve…

« Je joue du piano et du violon, et un tout petit peu de guitare. Haven lui, il joue du piano, de la guitare et de la batterie ! Et puis, Haven est super ouvert d’esprit, c’est un Gryffondor, ça explique peut-être la chose… Mais il est adorable… »

Ca, c’était clair et net ! Le jour où Haven serait une peau de vache, Heaven en serait réellement surprise. Elle connaissait son jumeau presque par cœur, et elle savait que, même si au fond de lui il avait un côté serpentard qui dormait, si on le cherchait de trop, il pouvait s’éveiller… Mais encore fallait-il le chercher assez pour le réveiller ! Car Haven était relativement patient, bien plus que sa jumelle en tout cas ! Et il était bien plus calme, ce qui faisait sûrement toute la différence ! Car évidement, on ne pouvait pas être odieux avec tout le monde si la plupart des choses qui se disaient vous passaient au dessus de la tête ! Heaven admirait beaucoup son frère d’ailleurs... Même si elle aurait préféré qu’il se trouve une autre copine plutôt que de ruminer H24 sa rupture avec Cherise, qui datait tout de même de l’été de l’année dernière…

« Oui ! Asher Peterson, de La Gamme d’Or sur Traverse ! Tu connais la boutique ? Avant, j’avais son père, mais maintenant, Asher a repris les rennes… Tu devrais aller le voir, il est vraiment cool ! En plus, c’est un ancien Serpentard ! Il me donnait des cours avant, à l’école quand il était encore élève ici ! »

Asher Peterson… Un nom qui n’avait pas brillé à Poudlard, et elle se demandait même si ses élèves savaient dans quelle maison il était allé… Elle, elle le savait car elle le connaissait pas la boutique de musique, mais bon… Il était vrai qu’il était un Serpentard relativement effacé, lors de sa scolarité… Mais il était comme ça, donc Heaven s’en fichait pas mal. Quant au fait qu’il donne des cours à Freddy, c’était sûr qu’il accepterait ! Asher adorait tellement la musique, qu’il ne laisserait sûrement pas un tel potentiel inexploité !

« C’est génial ça, Freddy ! Oh, mais j’y pense… Si jamais tu as un problème, avec des idiots qui vous embêtent, tu me le dis, d’accord ? Marie est de mon côté, et de toute manière, ils n’ont pas à interférer dans votre vie amoureuse… »

Bah oui ! Car si Heaven elle, acceptait la chose sans trop de problème, elle n’était pas vraiment sûre que tout le château accepte le fait de voir deux filles sortir ensembles. Même si ce genre de choses devenaient plus fréquentes ces derniers temps, les sorciers étant du genre borné de chez bornés, il était fort probable que tout le monde ne voit pas cela d’un bon… Mais bon, tant que les deux concernées étaient heureuses, c’était l’essentiel non ?

Frédérique dévisageait son amie. Elle la trouvait réellement rayonnante et son bonheur, qu’elle ne cachait pas et qu’elle avait bien raison de faire partager, était un soulagement quand on se rappelait par quoi elle était passée. Contrairement à elle même qui était encore dans la réserve. C’était plus facile durant l’été quand elles étaient seules, elle et sa Maureen. La rentrée était une véritable épreuve et elle voyait que s’en était de même pour sa camarade. Donc bien qu’elle lui avait dit, tentant de faire de l’humour, que Heaven aimait la popularité, elle s’était trouvée maladroite de l’annoncer ainsi, surtout elle qui présentait aucune intonation ou presque dans sa voix quand elle parlait. Heureusement que s’était différent quand elle chantait, ce qui semblait étonnant. Elle ne pouvait que la remercier d’un signe de tête quand elle lui affirma qu’elle la préférait maintenant.

« Je sais depuis combien de temps tu l’aimes et, à cet époque, il n’était pas connu… Malheureusement, les gens ne commentent que par ce qu’ils voient, ou croient voir… »

Et malheureusement, elle avait peur de devoir elle même constater la véracité de ses dires. L’essentiel pour elle était le bien être de ceux qui lui étaient proches. Heaven allait bien, elle était amoureuse et s’était réciproque. Elle n’en avait pas besoin de plus.
Cela lui faisait beaucoup de bien de pouvoir enfin de discuter de tout cela avec quelqu’un bien qu’elle ne lui disait pas toutes ses interrogations de peur de l’ennuyer. Elle se demandait si ce n’était pas ce qui lui avait fait défaut ses dernières années. On avait toujours besoin de quelqu’un pour parler, se confier, pour conseiller à son tour. Elle avait trop fuit les contacts, les gens, la vie en générale. Elle ne pouvait pas rattraper le temps perdu, mais elle pouvait faire en sorte de s’améliorer de sorte de ne plus tomber dans le cercle infernal où elle avait été.

« Que ton frère soit de Gryffondor ou d’ailleurs, cela n’a guère d’importance… Tu sais, avant j’avais des appriories sur les maisons… Je sors bien à présent avec une fille qui se trouve chez ceux que je méprisais le plus en première année…
Ça serait donc super de jouer avec vous un jour… Et peut-être que ton professeur me convaincra définitivement de percer dans ce domaine… car je ne sais plus à présent ce que je vais faire après Poudlard… Quand on croit qu’on n’a plus de problèmes, d’autres nous rattrapent rapidement… »

Elle connaissait la Gamme d’Or sur le Chemin de Traverse. Kaïn le lui avait conseillé il y avait plus d’un an de cela déjà et elle n’avait pas été déçu par cette boutique. Elle y avait même repéré une basse qu’elle voulait s’offrir pour Noël. Par contre, bien qu’elle se souvenait à quoi ressemblait son propriétaire, elle ne rappelait plus qu’il faisait parti de Serpentard.
Quand elle parla de problèmes qui vous rattrapaient, elle parlait de sa future orientation professionnelle et de ses convictions qui allaient s’y raccrocher. Elle n’avait plus pensé à ses parents, n’abordant jamais le sujet, et d’ici la fin de l’année, l’accessibilité de son héritage allait lui rappelait la vengeance qui ne s’était pas tout à fait éteinte en elle.

« Tu sais, je suis chez les verts et argents pour beaucoup de qualités… qui sont des défauts pour certains… Je reste aussi fière qu’avant… Je crains que si j’ai un problème, je ne chercherais à voir personne… »

Marie était une bonne Préfète. Bien qu’elle l’avait jalousée il y avait quelques années car elle était plus proche d’Heaven qu’elle ne le sera jamais elle même, Frédérique trouvait qu’elle faisait bien son travail au sein de leur maison. Elle n’irait pas jusqu’à dire qu’elle l’appréciait vu qu’elles ne se connaissaient pas en fait. Mais elle était prête à ranger sa rancune et d’accepter son aide si jamais il lui arrivait d’avoir des problèmes à cause d’idiots qui pourraient l’embêter comme lui disait son amie.
Malheureusement Frédérique était persuadée que si on venait l’importuner, elle ou sa compagne, elle pourrait régler ça par ses propres moyens…

Oui, elle était folle de Raphaël… Mais elle n’allait pas parler que de lui toute la soirée, n’est-ce pas ? Raphaël lui-même n’aimerait pas ça, et puis leur couple avait aussi le droit à un peu de confidentialité et de pudeur ! Déjà qu’un des deux était sous les feux de la rampe presque tous les jours… Donc bon, autant taire le sujet dès qu’elle le pouvait. Non pas qu’elle ne voulait pas en parler plus longtemps à Frédérique, loin de là, elle ne voulait simplement pas l’ennuyer avec cela. Surtout qu’elle lui avait déjà raconté son été avec son petit ami, donc il n’y avait plus grand-chose à dire. Si jamais elle avait des nouvelles choses à raconter à son amie, elle lui en parlerait volontiers ! Mais revenons au sujet du jumeau, très intéressant lui aussi !

« Oh, Haven lui il s’en fiche… Mais bon, je ne peux pas t’en vouloir pour tes préjugés… J’avais les mêmes… Et pourtant, je suis sortie avec un Poufsouffle, et un Né-Moldu… Mais tant que tu te sens heureuse, c’est l’essentiel ! »

Adrien Sallers et Enry Stanley… Deux personnes avec qui Heaven ne serait sûrement jamais sortie si elle avait gardé son horrible petit caractère de fille de Sang-Pur de la haute aristocratie sorcière… Qui plus est avec une famille maternelle étant sans aucune exception passée à Serpentard… Enfin bref. Ces épisodes de la vie de la Serpentard étaient connus de tous élèves étant à Poudlard lors de la troisième et de la quatrième année de la vipère. Mais ce n’était pas vraiment l’important… Quoi que… Heaven passait plus pour la briseuse de cœur que pour la Sang-Pur souillée, puisqu’Adrien s’était, lors de leur rupture, murer dans un silence d’outre-tombe, et Enry n’était passé à une autre fille que depuis les vacances… -Mais ça, Heaven n’en savait rien, en tout cas pour le moment-

« Asher ? Il est juste génial ! Tu devrais aller le voir à la Gamme d’Or, vraiment ! Dis que tu viens sur mon conseil… Il crée ses propres instruments, tu le savais ?! Un conseil, évites de t’approcher du piano blanc… C’est le piano personnel d’Asher, et personne ne peut y toucher… »

Ah le piano blanc… Un piano que même Heaven n’avait pu toucher ! Le piano d’Asher Peterson était sacré, et à vrai dire, un peu enchanté. Asher lui avait raconté les nombreuses fois où le piano l’avait fait recommencer ses mélodies, quand il s’était trompé d’une note… Et le piano était d’une violence rarement connue pour un piano ! Asher avait même accueilli la brune avec une marque rouge sur le front… La marque d’une touche noire qui s’était envolée pour lui coller une bonne correction –elle devait être vexée qu’il se soit trompé et qu’il ait appuyer sur sa voisine…- Bien sûr, ces petites anecdotes étaient drôles… Tant qu’elles ne s’appliquaient pas à vous, cela ne faisait aucun doute !

« C’est toi qui choisit… Mais souviens-toi que je suis là, hein ? Je ne voudrais pas que tu déprimes à cause d’idiots sans cervelle… Bien sûr, pour des familles comme les nôtres, c’est une chose aussi importante que le statut de sang mais… Le monde évolue… Et les sorciers aussi, mais bien plus lentement… »

Oui… Frédérique était bien plus radieuse maintenant qu’en juin dernière, c’était clair et net ! Et si de sombres petits crétins se croyaient supérieurs à la vipère parce qu’ils aimaient des personnes du sexe opposé, et bien Heaven leur collerait une bonne correction… Elle pourrait même les noyer, si jamais ils l’énervaient un peu trop… Bien sûr, elle savait que cela arriverait, elle n’était pas idiote, mais elle espérait que Frédérique lui en parlerait, un jour ou l’autre… Elle n’était pas seule, elle devait s’en rendre compte !