Aux âmes tourmentées [PV]

« Vous craignez qu’on ne dise que c’est à cause d’Emma ? » Etrangement, bien qu’ils soient tous les deux très différent vu de l’extérieur, Charisma avait l’impression qu’elle comprenait parfaitement Nicolas. Lui était vivant, joyeux, très bavard tandis qu’elle était renfermée, glaciale et très mesurée dans ses propos… mais malgré ces aspects qui faisaient d’eux des personnes à part, ils restaient proches par le fait que tous les deux étaient marqués par le destin. Pas de la même façon, à l’évidence, mais elle se sentait plus proche de Nicolas que de bien des personnes dans Poudlard, ce qui expliquait en grande partie sa présence en ces lieux.

« A peu de choses près. Ce n’est pas à cause d’elle, enfin… j’ai du mal avec les trop plein d’émotions alors… en un sens c’est lié, mais comme je n’ai pas essayé de me suicider, pour commencer, forcément ce n’est pas sa faute. Tu comprends ? En fait je suis juste ici parce que j’ai un peu tiré sur la corde, mais les imbéciles se gaussent de peu de choses sur peu d’éléments. » Charisma trouva que tout à coup, il était bien sérieux, mais sur un lit d’infirmerie, c’était sûrement chose normal, même pour le plus boute-en-train de tous. Cependant, elle n’était pas très douée pour consoler les gens et elle mit un moment à trouver quoi dire, finalement, elle ne répondit pas exactement à ce sujet et dévia légèrement pour en revenir à une conversation qu’ils n’avaient pas tout à fait pu finir un peu avant noël, voilà donc quelques mois de ça.

« C’est parce que vous voyez les sombrals ? Que vous tirez sur la corde je veux dire. » Charisma fixait Nicolas de son regard azur avec sévérité. Ce n’était pas parce qu’elle le jugeait (elle était tout de même très mal placée pour ça) mais parce que c’était son idée de la neutralité. Ce n’était pas pour rien qu’on la surnommait (Nicolas le premier) la princesse des glaces ! Elle était froide par habitude, et puis il lui semblait que c’était le mieux pour tout le monde, y compris dans ce genre de situation, car personne n’aimait inspirait de la pitié (pensait-elle du moins).

« Oui et non. J’ai perdu les pédales à un moment donné dans l’année et j’ai été moins prudent que d’habitude par la suite… Mais la personne que j’ai vu mourir, ce n’était pas ce qu’elle m’avait demandé. Toi c’est ta mère c’est ça ? » Charisma hocha la tête de manière positive, ça ne servait à rien de nier, elle avait fait une crise d’hallucination devant Nicolas.

« Oui, ma mère est décédée dans un incendie que je pense criminel et j’étais dans le jardin quand ça s’est produit, elle a essayé de sortir et j’ai pu assisté à ses derniers instants. Les voix m’avaient prévenue mais à l’époque je ne maîtrisais pas assez mon don pour réagir en conséquence, j’étais jeune aussi. » Elle parlait rarement de ça mais c’était elle qui avait amené le sujet sur ce terrain et elle considérait aussi la plupart du temps n’avoir rien à cacher. Et en ça, elle était très différente de Nicolas qui sous ses dehors très avenants était en réalité le plus secret des deux.

« Moi c’est ma voisine… Elle s’appelait Marina, elle était plus vieille que moi et parfois on se promenait ensemble. Ce jour là, on m’a agressé et elle m’a défendu, sauf que ces… ordures… en ont profité pour s’en prendre à elle. Ils… lui ont fait des choses horribles… et après… après ils l’ont poignardé parce qu’elle… luttait. Et ils l’ont laissé. Elle est morte peu après. » Il parlait rarement de ce qui s’était passé ce jour là, mais Charisma était si détachée que c’était presque comme se parler à soi-même, et puis, elle n’irait pas le répéter, et c’était toujours mieux que de parler de ses cicatrices ou plus précisément de la raison pour laquelle il portait un bandage au poignet.

« Les morts violentes sont les pires. » Oui, il était bien d’accord. Il aurait pu faire son deuil normalement si sa voisine n’était pas morte dans ces conditions, en se faisant traiter comme un objet et en souffrant horriblement à cause de ces types. Parfois, dans ses rêves, Nick réécrivait l’histoire et il donnait tout de suite le peu d’argent qu’il avait et sa chaîne en argent à ces types qui s’en allaient, Marina était toujours vivante et tout allait bien, mais Nicolas savait que ce n’était pas vrai lorsqu’il se réveillait. Dans le monde où il vivait, il y avait de la souffrance et pour y survivre, il fallait s’y habituer.

« Tu penses que… qu’un jour on aura moins mal ? » Cette question était stupide et il la posait en regarda le tissu blanc du drap sur ses genoux, il n’osait pas lever la tête de peur de croiser le regard pur de tout sentiment de Charisma.

« Je ne sais pas. Je m’accroche à ma haine, elle me fait vivre, mais vous êtes différent de moi, peut-être que vous trouverez une autre réponse que la mienne à votre deuil. En tout cas… Emma est mon amie, et elle s’inquiète beaucoup pour vous. Elle ne me le dit pas, mais c’est le cas, alors essayez de vite guérir s’il vous plaît. » Il la regarda enfin et poussa un profond soupir, que répondre à ça ? Il savait qu’elle avait raison, que Emma tout comme sa mère se faisait actuellement beaucoup de soucis et qu’il ne pouvait pas rester dans cet immobilisme, mais il vivait de promesse depuis si longtemps, qu’il ne voyait même pas comment faire autrement. Il était devenu le personnage qu’il avait créé, il ne pouvait plus revenir en arrière.

« Je ferais de mon mieux… » Murmura-t-il tout en souriant avec douceur à la princesse des glaces qui le jaugeait toujours avec la même sévérité. Elle se leva et posa une main sur son épaule.

« Vous savez, je suis la première à penser qu’on ne peut compter que sur soi-même, mais l’être humain ne peut pas vivre seul, c’est biologiquement impossible, alors vous devriez lâcher la bride et accepter qu’on vous aide. » Sur quoi elle tourna les talons et arrivée à la porte, elle lança « Je vais prévenir mademoiselle Carter que vous désirez la voir, n’oubliez pas de lui faire votre plus beau sourire monsieur Jones, je sais que vous le pouvez. » Et elle disparut, le laissant seul, en proie à une réflexion nouvelle.