Entretien au sommet [PV]

Aujourd'hui, Félix avait les yeux bleus.

Mais plus la nuit approchait, plus le bleu électrique tendait vers le bleu marine, un bleu que Félix n'affectionnait pas particulièrement, certes, mais un bleu qu'il était dans tous les cas bien obligé de porter.

L'étape des carrosses franchie, Félix passa naturellement à la suivante : tout était nouveau pour lui et tel une vision au ralenti, il visualisait tout, passait tout au peigne fin et voulait graver chacun de ses premiers souvenirs dans sa mémoire. Rien ne devait être laissé au hasard, il devait tout contrôler, tout gérer, tout, comme d'habitude. Il avait vu le lac noir et même les lumières de Poudlard s'y reflétaient dedans. Il avait eut cette première magnifique vision magique du château écossais scintillant et puissant, sa toute première et il ne l'oublierait jamais.

Après avoir longé la forêt interdite, Félix avait rapidement rejoint le château et ses interminables escaliers. Penny lui en avait déjà parlé, mais le voir c'était autre chose. Quand on savait que Beauxbâtons étaient plus large que haut c'est qu'on a de la place en France, on est pas obligé de construire des building magiques archaïques, nous !, ça changeait.

Le petit quatrième année (enfin, techniquement pas encore, mais ça allait venir d'une minute à l'autre), enfin vêtu comme un élève de Poudlard lambda (pantalon noir, chemise blanche, pull gris (sans blason pour l'instant), robe de sorcier noire), le badge de préfet en plus, et la cravate en moins, avait rendez-vous avec la directrice peu avant la cérémonie. Il allait être briffé en un temps record sur son rôle de préfet (qu'il connaissait déjà, certes, mais ça faisait toujours du bien de l'entendre et de voir qu'on avait confiance en vous) et surtout, surtout, il allait être réparti. C'était bien joli d'être préfet, mais être le chef spirituel, le guide d'une maison, ça demandait en premier lieu : une maison.

Félix était de nature quelqu'un d'assez curieux, ainsi quand il avait intégré Beauxbâtons, il avait immédiatement fourré son nez dans les livres parlant de choses aussi diverses et variées que les animaux magiques, les potions et philtres, l'évolution du Quidditch à travers les siècles, l'histoire de son académie à lui et bien évidemment les écoles magiques du monde entier. Poudlard était la plus proche école de sorcellerie de Beauxbâtons, était une des plus importantes du monde magique, et surtout, était celle de sa cousine Penny : elle attira donc toute son attention.

Félix savait ainsi que Poudlard avait été construit et dirigé par les quatre plus grands sorciers anglais de l'époque. Godric Gryffondor était un homme fort, courageux, qui prônait la fierté et l'hardiesse chez tous ses élèves et en ça, Félix l'aimait beaucoup. Il aimait les gens sûr d'eux et qui incitaient les autres à donner le meilleur d'eux-même. Rowena Serdaigle était une femme d'une grande intelligence, qui prônait la sagesse et le savoir, c'est d'ailleurs dans sa maison que Félix se voyait bien réparti. Il se cultivait tous les jours un peu plus et la sagesse était un trait de caractère qui le caractérisait assez bien, on le lui avait toujours dit. Helga Poufsouffle était une sorcière généreuse, loyale, particulièrement travailleuse qui lui ressemblait bien plus qu'il ne pensait et ne le savait encore, mais sa douceur lui plaisait, bien qu'il ne l'ait jamais connue. Enfin Salazar Serpentard était un sorcier puissant, très intelligent, qui malgré ses défauts évidents (Félix était bien trop altruiste pour classer les gens dans des catégories et les juger sur un seul critère) avait quand même toute l'admiration de Félix pour les grandes œuvres intellectuelles qu'il avait accomplies bousiller des moldus, par exemple.

Il demanda sa direction à une jeune fille qui semblait travailler au château (puisqu'elle était plus âgée que les autres élèves) et Félix commença donc presque aussitôt sa marche vers le bureau de la directrice. Un mélange de stress et d'excitation pris rapidement le contrôle du jeune homme. Tout ça était tout nouveau pour lui et même s'il avait réussi à se faire comprendre dans un anglais qu'il espérait correct, il savait que la terre qu'il foulait, les dalles de pierres sur lesquelles il était en train de marcher, n'étaient pas les siennes. En fait ici, rien n'était à lui, il ne connaissait absolument rien, ni personne, à part lui même. Et c'est d'ailleurs à ça qu'il se rattachait. A ce qu'il était, à ce qu'il faisait de mieux, à ce qu'il aimait faire : à lui. C'était sa seule base dans cette nouvelle vie qui commençait. Ses parents n'étaient pas là pour le guider, Olympe Maxime, sa précédente directrice avait certes envoyé une lettre à la directrice de Poudlard pour promouvoir Félix, mais elle n'était pas là non plus pour le soutenir, tout comme ses amis. Tout ce qu'il avait fait à Beauxbâtons, tout ce qu'il avait été, repartait ici de zéro. Personne ne le connaissait, personne n'avait jamais entendu parler de lui, il avait tout à prouver, tout à prouver encore une fois.

Et c'était sa foi en la nature humaine oui c'est beau, je sais qui lui faisait croire qu'il était capable de mener à bien la mission qu'on lui avait attribué : préfet n'était pas un rôle ingrat, bien au contraire, il avait aidé plus de monde qu'il ne le saurait jamais et avait eut bien trop de satisfactions pour croire que « le » cas irrécupérable, existait. Tout le monde était différent et tout le monde avait une chance de changer, Félix le savait bien, il avait aidé des personnes qui ne pensaient jamais pouvoir être aidées, des personnes qui ne le voulait pas, des personnes qui rejetait tout en bloc. A force d'écoute et de persuasion, il y était arrivé, alors si avait marché dans sa patrie d'origine, ça marcherait ici aussi.

Le petit garçon de 14 ans trouva enfin la statue de gargouille qui indiquait l'entrée du bureau de Minerva McGonagall. Il annonça le mot de passe que lui avait soigneusement donné la directrice dans sa lettre d'inscription (celle qui contenait aussi son insigne de préfet) et assista médusé à l'ouverte du mur derrière la gargouille. Un escalier en colimaçon apparut et bien que Félix était épaté de ce système magique, il le trouvait néanmoins moins impressionnant que les dizaines d'escaliers mouvants qui bougeaient sans cesse qu'il avait du prendre quelques secondes plus tôt au fond du couloir.

Une fois arrivé devant une massive porte en bois, Félix réalisa qu'il n'était plus stressé mais impatient. Il avait tant entendu parler de Minerva McGonagall, la directrice qui n'avait ou presque rien à envier à l'illustre Albus Dumbledore, tout comme lui répartie à Gryffondor, qu'il avait à présent hâte de la rencontre. Il savait que c'était une femme de fer et avait compris dans sa lettre qu'elle était aussi une femme particulièrement soignée et sérieuse. Félix n'avait toujours connu que ça, et le modèle de la femme leader (aussi bien à la maison qu'à l'école) était depuis toujours le seul qu'il avait eut, et apprécié.

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