Quatre murs et un toit [PV]

« C'est plus compliqué que ça Billie. Les gens aiment pouvoir mettre leurs congénères dans des cases. Si j'avais été maudit mais d'une manière différente, même si par exemple j'avais hérité d'un physique disgracieux, j'aurais eu moins de problèmes. Je ne suis ni vraiment un homme, ni vraiment une femme, et je ne sais moi-même pas ce que j'étais à ma naissance. Je pense même que ce secret mourra avec mes parents. Je suis inclassable, c'est ce qui les rend méchants. C'est un comme du racisme ou comme ce que les sang pur disent des enfants de moldu. Cela n'a rien de logique, c'est simplement de la haine... » Et l'être humain était rempli de haine. Même s'il n'était pas encore prêt à oublier sa partie féminine, il remerciait chaque jour le ciel de lui avoir permis de rencontrer Billie. Avec elle, il se sentait pleinement accepté. Malheureusement, ce n'était pas encore le cas avec le reste du monde. Il se demandait si un jour, il le serait. Quand il aurait demandé en mariage Billie et l’emmènerait à l'autel ? Quand il serait « normal » selon les critères de toutes ces bonnes gens bêtes et insipides ? Il n'était pas sûr, qu'à ce moment là, il serait capable de pardonner. Il avait un grand cœur, mais ceux qui l'avaient traîné dans la boue, jamais il ne pourrait plus les regarder en face sans grimacer. C'était trop facile de retourner sa veste quand, enfin, on pourrait le classer dans une catégorie, hein ?

« Merci, ça me rassure de savoir que tu seras là. En plus, tous les garçons m'envieront d'avoir une copine aussi jolie. » Il embrassa avec tendresse sa petite qui était effectivement à ses yeux la plus merveilleuse de toutes. Il faudrait qu'il s'arrange pour être en homme à la réunion, cela n'allait pas être facile, il n'était pas toujours maître de la malédiction... Il avait appris à la gérer au quotidien avec le temps, mais là-bas, il serait tellement en stress, il se demandait si rien que de poser un pied dans la ville n'allait pas le faire se changer. Enfin, ils n'y étaient pas, pas de raison de paniquer donc.

« Je ne peux pas y croire, je veux dire, je suis content de t'avoir aidé, comme toi tu m'as aidé, mais quelque soit les ténèbres de ton cœur, j'ai l'intime certitude que tu aurais fini par t'en sortir. Tu sais, tu savais, et tu sauras toujours la différence entre le bien et le mal, à partir de là, tu peux être fière, car ce n'est pas si courant. » Lui-même ne savait pas toujours bien la faire. Il était calme et non violent par nature mais sous le coup de la colère, tout pouvait disparaître, et il se retrouvait à nager en eau trouble avant d'avoir eu le temps de dire « ouf ». On avait failli le tuer, maintenant, peut-être que c'était lui qui pourrait tuer. Si on faisait du mal à Billie, ou à ses parents, il savait qu'il y avait un peu de noirceur en lui, mais qu'il ne la contrôlait pas. Sa tendre amie était plus pure à certains égards... et puis, elle avait le droit de s'être trompé. C'est parce qu'elle l'avait fait qu'elle était maintenant celle qui l'acceptait. On n'accepte les gens avec leurs différences, certes, c'était son grand combat, mais aussi avec leur passé, quel qu’il soit. Ce qui compte, c'est d'évoluer après tout.

Les gens étaient pathétiques, ridicules et insupportables. Bien sûr, on aurait beau dire ce que l'on voulait, cela ne changerait rien, ça ne changerait absolument rien. Oui voilà. Mais bon.. En dehors de ça, il fallait quand même faire avec, on aurait beau faire ce que l'on voulait, on n'avait pas d'autres solutions que de faire avec. Quoi que l'on puisse en dire, de toute évidence. Mais rien n'était vraiment facile et c'était souvent ça qui pouvait en énerver plus d'un. Quoique l'on puisse en dire ou faire, c'était toujours comme ça. Jamais facile, jamais simple, jamais aisé non plus. Ce n'était jamais facile et on avait beau faire ce que l'on voulait, ça continuait encore et encore à taper sur les nerfs des gens.  « Je sais bien oui, que ce n'est pas facile. J'imagine assez bien la difficulté de ta situation et je peux aisément comprendre que ce n'est pas facile. Face à tout ça, il faut que tu te relèves, il faut que tu avances et que tu continues de te relever. Je sais que ce n'est pas facile, je le comprends totalement. Mais à côté de ça, je sais aussi qu'il n'y a pas d'autres solutions que de faire avec, que d'essayer d'évoluer. Il faut les ignorer, même si ce n'est pas facile.. Je ne sais même pas quoi dire pour t'aider, il n'y a sans doute pas de mot pour te consoler et plaider ta cause d'une quelconque façon. Je suis sûre que je m'y prends mal, en plus de ça.. ». Billie n'avait jamais vraiment été douée pour consoler les gens. Elle faisait de son mieux, elle cherchait ses mots mais elle ne parvenait presque jamais à les trouver et elle donnait l'impression d'être une sans cœur pour bien des gens. Même si elle faisait de son mieux pour que les choses n'aillent pas trop mal. Elle faisait de son mieux oui voilà, même si ce n'était que très rarement suffisant.

Et bien sûr qu'elle serait là. Ce n'était pas comme si elle allait se montrer absente, comme si elle n'allait pas être là, à ses côtés, pour une telle épreuve, pour affronter tout ça quoi. Impossible, parfaitement impossible et en plus de ça, il en était hors de question. Absolument hors de question. Billie voulait vraiment que le jeune homme comprenne qu'elle serait toujours là pour lui, qu'elle ferait toujours tout son possible pour être là, peu importait l'épreuve, peu importait la situation, ou même ce qu'elle pourrait bien être contrainte de faire pour que les choses soient comme Indiana le voulait. Elle était tout simplement prête à tout. Prête à tous les sacrifices pour lui. Mais vraiment tous hein. Il était la personne la plus importante de toute sa vie. Et elle ne pourrait jamais le remercier suffisamment pour sa présence à ses côtés. Oui, c'était sans doute aussi simple que ça.

Il était sans doute difficile de réaliser la merde dans laquelle Billie avait bien pu se trouver, avant tout ça. Et elle le savait très bien. Elle avait sombré dans les bas-fonds. Elle n'avait pas pu s'en sortir sans lui. Elle s'enfonçait, encore et encore. Elle rencontrait des gens peu important, elle rencontrait des gens insupportables, énervants aussi. Oui voilà. Mais à côté de ça.. Il fallait juste apprendre à faire avec. Billie s'était certes, relevée, à côté de ça, si elle venait à nouveau à sombrer, la chute n'en serait que plus douloureuse encore. Et ça pouvait facilement être un lourd problème. Même si elle avait longtemps appris à faire de son mieux, par rapport à tout ça. Ce n'était jamais facile et on aurait beau faire ce que l'on voulait, il faudrait continuellement faire avec, quel que puisse être la solution. L'ancienne Gryffondor était tombée très loin et qu'on la croie ou non, il fallait juste faire avec ça.  « J'ai été loin Indiana, tu n'imagines même pas à quel point et je n'oserais jamais t'en parler, de peur que tu te mettes à réaliser que je ne suis pas la fille que tu aimes et que tu mérites bien mieux.. Même si je ne le sais que trop bien déjà.. Et avant toi, je ne connaissais pas la différence non.. ». Parce que toutes les choses qu'elle avait fait étaient mal...

« Non, tu ne t'y prends pas mal, ne t'en fais pas. » Il l'embrassa sur le front. Billie avait un don, mais elle n'était pas bizarre comme lui, ou comme son meilleur ami illusionniste, elle pouvait s'intégrer à la société, juste avec son joli minois et sa bonne foi. Il savait qu'elle avait eu aussi son lot de problème, mais lorsqu'il disait ça, il pensait à la Billie actuelle, pas à l'ancienne. Elle avait changé en bien, et maintenant, il n'y avait aucune raison pour que la société la rejette. Vraiment aucune, elle était si formidable ! Peut-être que l'amour l'aveuglait, il n'en savait trop rien pour tout dire, parce qu'il la voyait à travers un regard que personne d'autre ne pouvait poser sur elle... car dans un concours à celui ou celle qui aimait le plus Billie, il gagnait forcément.

« Billie, tu ne devrais pas te tourmenter avec ton passé... du moins, pas par rapport à moi. C'est celle que tu es devenu qui compte. On a tous eu notre lot d'erreurs, et sans vouloir paraître pessimiste, il nous arrivera encore de nous tromper par moment... je ne veux pas que tu crois que je ne t'aimerais pas si je savais. Tu m'acceptes comme je suis, je t'accepte comme tu es. » Il leva les yeux vers la pendule nouvellement accrochée, l'heure tournait, celle de leur nouvelle vie aussi. Il serra Billie contre lui, fermant les yeux pour respirer son parfum. Ici, ils se reconstruiraient tous les deux, ils tournaient une page de leur histoire, de celle des autres, de leur passé. Au fond, plus rien ne serait comme avant maintenant et dans leur cas, ce n'était pas plus mal. Certaines blessures, les siennes, celles de Billie, ne pouvaient guérir qu'avec du temps. Ils étaient jeunes, ils en avaient devant eux, c'était déjà ça...

« Allez, arrêtons de nous déprimer. Que dirais-tu que nous rangions encore un peu et qu'ensuite je t'invite à manger dehors ? De toute façon, le frigo est vide et ce serait dommage qu'on s'empoisonne avec notre cuisine dès le premier jour. » Il lui sourit d'un air taquin, leur frigo serait sûrement souvent vide vu que ni l'un, ni l'autre n'étaient très doués en cuisine. Indiana faisait de son mieux pour ne pas brûler les plats tout prêts, et Billie était à peine mieux. Heureusement, Indiana maîtrisait la technique qui consistait à mettre des céréales et du lait dans un bol, sinon il serait mort de faim depuis bien longtemps déjà ! Il fallait chasser les idées noires, aujourd'hui était un jour heureux pour eux deux, ils emménageaient ensemble, qu'est-ce qui pourrait être mieux que ça, hein ? Rien du tout, parce que Indiana s'était trouvé – enfin – un endroit où il pourrait se sentir bien et tranquille, tout simplement en paix avec lui-même. Prochaine étape : être en paix avec les autres.

Indiana avait raison. Il fallait avant tout qu'elle arrête de déprimer sur sa vie d'avant et qu'elle avance. Mais c'était justement la partie la plus compliquée, au milieu de tout ça parce qu'il ne savait absolument pas comment est-ce qu'elle devait se comporter. Elle l'ignorait totalement parce que tout ça faisait peur, ça lui faisait vraiment peur et ça avait tendance à sincèrement lui taper sur les nerfs. Mais que pouvait-on vraiment faire avec tout ça hein ? Que pouvait-on vraiment dire alors qu'au milieu de tout ça, on ne pouvait pas vraiment faire grand chose. Elle avait peur, peur d'avancer parce qu'au final, elle savait aussi que ça ne pouvait pas être si simple que ça. Ca ne pouvait jamais être si simple, d'ailleurs. Et ça lui tapait sur les nerfs. Elle en avait assez de se morfondre. Et elle avait l'impression que ça n'allait pas s'arrêter une seule seconde. Elle avait vraiment l'illusion que tout pouvait s'écrouler à tout instant. Elle avait, encore aujourd'hui, bien du mal à croire que ça pourrait être si simple que ça, que ça pourrait s'arranger sans accroche. Elle était perdue, justement parce que tout semblait aller bien. Bizarre hein, elle en était convaincue. Mais pour autant, elle ne parvenait pas à penser le contraire. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, en fin de compte. Et donc non, elle ne se tourmentait pas uniquement par rapport à Indiana hein. Disons juste qu'après toute cette souffrance, elle ne pouvait pas s'empêcher de mal vivre le bonheur. C'était peut être un peu con mais ouais, c'était ça son problème. Elle avait peur du bonheur, elle avait du mal à y croire aussi.  « J'ai juste peur, en réalité, je crois. Peur de toute cette chance que j'ai, peur de voir le malheur derrière moi. Du coup, je n'arrive absolument pas à croire à tout ça. Je sais que tu m'accepte comme je suis, j'en suis parfaitement convaincue et je n'ai pas de doute là dessus. Mais oui, j'ai un passé, un passé qui fait que par instant, je ne suis presque plus moi-même.. ». Et elle pouvait vite se montrer insupportable, d'ailleurs. Même si elle ne le faisait pas exprès, en faite.

Enfin bref, il avait raison, il fallait vraiment arrêter de déprimer et la situation serait sans doute plus sûre comme ça, en plus. Oui voilà, c'était sans doute ce qu'il y avait de plus important, ce qui comptait le plus, elle en était convaincue, en plus de ça. Mais ça commençait vraiment à lui faire peur, à lui exploser le moral aussi. Mais ouais, l'idéal était surtout de ne pas se casser la tête avec tout ça. Et tout irait mieux. Pour l'heure, il fallait surtout qu'ils remettent le nez dans les cartons, surtout s'ils voulaient se bouger le cul, s'ils voulaient.. Disons, finir assez vite. Et comme il l'avait si bien dit, l'idéal serait ensuite de prendre la route pour se nourrir en extérieur. Et un jour, peut être, ils seraient tous les deux en mesure de faire à manger. Mais pas tout de suite. Et puis tiens, tant qu'à faire, autant prendre la route et aller fêter ça ensemble en ville.  « Tu as raison ! Calmons nous et sortons manger. Enfin.. D'abord on termine oui ! Comme ça, quand on reviendra, on n'aura pas à trop se casser la tête ». Oui autant faire en sorte que, au moment où ils reviendraient, tout soit à sa place. Tout serait bien mieux, de toute évidence.

Terminé pour Billie
Ce n'est pas bien glorieux, je sais.