C'est ma déclaration [PV]

Camille venait de fêter ses quinze ans. Avant de se faire griller par un autre mec dans le genre de Axel, mais après avoir atteint un âge correct à ses yeux pour ne pas être ridicule, il allait faire sa déclaration à Alix. Il ne savait pas comment amener le sujet, la seule chose de sûr, c'est qu'elle ne devait en aucune façon croire qu'il lui forçait la main. Même si elle le rejetait (ce qui était plus que probable), il continuerait à être un bon ami pour elle. Il savait se tenir, il ne la laisserait pas tomber juste parce qu'il était tombé amoureux. Non. Il avait juste besoin de... de quoi au juste ? De se décharger de ce secret peut-être, ou bien de suivre les conseils de sa soeur, après tout, il n'avait jamais eu sa chance de la séduire puisqu'elle ne le voyait pas comme une cible potentiel, abandonner sans combattre n'était pas dans son caractère. Il fallait qu'il tente, au moins une fois, pour se dire qu'il avait réellement grillé toutes ses cartouches.

Pour être à son avantage, il avait troqué son habituel tee-shirt toujours unis et de couleur variable selon ce qui lui tombait sous la main pour la chemise blanche qu'il mettait normalement avec son uniforme. Sauf qu'il portait juste la chemise, légèrement ouverte en haut, avec un jean noir, et c'est tout. Il avait tenté aussi de discipliné ses mèches brunes, en vain, tant pis, de toute façon ça aurait fait premier de la classe.

Assis à la terrasse d'un café du chemin de traverse, il désespérait qu'Alix arrive enfin tant il était nerveux. Lorsqu'elle pointa enfin le bout de son joli nez, il se leva un peu vite mais sans rien frapper/toucher, ce qui lui semblait déjà pas mal comme miracle. Il fallait, impérativement, qu'il se calme.

"Salut Alix !" Il lui fit une bise et l'invita à s'asseoir du geste. Il n'avait pas voulu qu'elle vienne chez lui pour son anniversaire et lui avait donné rendez-vous le lendemain parce qu'il voulait lui parler avec du monde autour. C'était la seule méthode qui lui permettrait de ne pas pleurer. Il n'était pas très expansif en public, trop de monde, ça le bloquait, et pour le coup, il comptait un peu sur ce trait de son caractère pour ne pas se ridiculiser.

"Ecoute, s'il te plaît, je sais que c'est bizarre que... on se voit aujourd'hui, plutôt qu'hier, et que je n'ai pas voulu qu'on se voit chez moi. Mais j'ai une bonne raison, et là, j'aimerais, vraiment, que tu m'écoutes jusqu'au bout, sans parler, sans m'interrompre." Il reprit sa respiration. Camille était de ces mecs qui ne gaspillent pas leur salive pour ne rien dire, de fait, il envoyait souvent les gens bouler en leur répondant par mono-syllabe.

"Je t'aime. Mais pas comme un ami, enfin si, évidemment, je t'aime comme un ami, mais je t'aime aussi comme un garçon aime une fille. Et toi, tu ne t'en rends pas compte parce que j'ai deux ans de moins, alors tu sors avec des loosers qui te font pleurer et ça me rend triste de te voir triste. Si encore tu trouvais des garçons biens, je pourrais me faire une raison, mais ce n'est pas le cas, et, et..." Il ne savait pas quoi dire après ça. Il ne comptait pas parler des ex de son amie à la base, mais avouons-le, si elle avait été heureuse en amour, si avec Axel ça avait marché, il ne lui aurait jamais dit qu'il l'aimait. Il voulait son propre bonheur, assez pour se déclarer en sachant que Alix ne s'y attendait pas, mais il voulait le bonheur de Alix bien avant le sien. Et à ce propos :

"Moi je suis sûr que je suis capable de te rendre heureuse. Si tu me laissais ma chance... je pourrais te prouver que je suis... plus que ce que tu crois." Si, en effet, il ne pleurait pas, une certaine émotion transparaissait sur son visage tandis qu'il fixait de ses yeux clairs sa meilleure amie. Il voulait qu'elle comprenne, qu'elle voit qu'il était un garçon, un homme, et que lui, il serait toujours là pour elle.

Nous étions le 29 Juillet. Alix n’avait pas pu souhaiter son anniversaire à Camille hier (il avait dû péter un câble son pauvre petit Camille, tiens ! Dire qu’ils pouvaient se voir n’importe quel jour de la semaine, et que non, il refusait de la voir le jour de son anniversaire… m’enfin, tant pis, Alix se contentait du lendemain ce n’était pas comme si elle avait vraiment eu le choix, de toute façon, non plus !.

Bref, Alix était partie d’Amérique par poudre de cheminette, débarquant chez son cousin Jason et son abominable femme blondasse puis ce dernier l’avait emmenée à Traverse. Le remerciant chaleureusement, la jeune fille allait partir, quand Jason posa une question qui fit mourir de rire la sorcière : Si elle allait voir un nouveau petit copain ??? Ben non, du tout, c’était son meilleur ami, voyons kof kof, douce ignorance !. Bref, elle partit, son cousin aussi (bien que peu convaincu). Et Alix trouva Camille déjà sur place. Elle était à la bourre ? Un petit coup d’œil à son poignée lui indiqua que non (enfin pas un retard indécent en tout cas !) aussi fut-elle soulagée ha mince ça fait une heure que tu poireautes ?.

« Coucou Camille !!! Joyeux Anniversaire avec un jour de retard !!! Pourquoi on ne s’est pas vus hier ? »

La jeune fille l’avait embrassé sur la joue, tout naturellement et avait parlé en prenant place face à lui. Camille se mit à parler et il était si sérieux, que la jeune lionne demeura bouche bée, ne trouvant rien (mais alors vraiment rien) à répondre à part un petit :

« Eu ok… »

Puis il lui jeta une énorme bombe à la figure et partit en courant après avoir joyeusement accompli cet infâme méfait (on reste dans l’imagé bien sûr…). Très honnêtement, Alix ne s’attendait pas du tout à ça de la part de Camille ! Enfin elle ne s’y attendait pas du tout de la part de personne sur terre actuellement… mais Camille avait un côté plus exotique que tous les autres hommes de la planète, dans le sens où jamais, ô grand jamais, elle avait envisager Camille comme un vrai garçon dans sa tête. Elle ne le prenait pas pour une fille, non… Mais avant d’être un garçon, il était son meilleur ami. Alors forcément, une déclaration comme ça, là, de but en blanc… Et bien ça la prenait de court !

Les larmes montaient aux yeux d’Alix sans qu’elle ne sache trop pourquoi… c’était la référence à Axel ? C’était parce qu’elle se sentait très bête de ne jamais avoir vu Camille comme il l’était réellement ? Ou c’était parce qu’elle l’avait blessé, méchamment, et ce pendant très longtemps, sans même en avoir ne serait-ce qu’un tout petit peu conscience ? Il y avait un très vilain mélange des trois… Tétanisée, Alix fixait Camille sans savoir quoi dire. Déjà qu’elle n’arrivait même pas à penser, alors : parler ???

Il avait beau faire chaud, parce que nous étions en été, Alix tremblait comme une feuille à présent, et le soleil ne répandait aucune chaleur sur sa peau hâlée. Elle avait froid, et elle était totalement perdue.

« Je… »

Oui bon… Là elle devait parler, mais franchement, elle ne voyait pas quoi répondre à tout ça… c’était juste tellement fou, tellement… incroyable et tellement… inattendu !

« Je ne savais pas… »

Oui bon… Elle cherchait quoi répondre, mais il n’y avait que du vide dans sa tête actuellement ça ne change pas de d’habitude, en gros !. Toute gênée qu’elle était, Alix avait du mal à regarder Camille, fixant donc la table, sans trop oser lever la tête, elle souffla timidement :

« Je suis désolée… je voulais pas te blesser… Je… ça fait longtemps ? »

D’un côté, elle avait peur de la réponse qu’il allait lui donner, là… mais bon, elle devait savoir.

Ce n’était pas parce qu’il n’avait pas demandé d’excuses qu’elle n’était pas en droit d’en formuler tout de même… n’est-ce pas ? Soupirant, la jeune femme répliqua d’une petite voix, sans oser regarder Camille :

« Ce n’est pas parce que tu n’en demandes pas que je n’ai pas le droit de me sentir débile… Et donc désolée, par rapport à toi, d’avoir rien vu. Je suis vraiment trop stupide… »

Son meilleur ami ! Celui dont elle était la plus proche !!!! Comment avait-elle pu ne rien remarquer ??? Surtout qu’à présent, en y repensant un petit peu (beaucoup voire même passionnément) il y avait eu PLEIN d’indices, et ça sautait limite aux yeux, d’ailleurs… C’tait peut-être pour ça qu’Axel avait rompu ? Le comportement de Camille portait à confusion ? Alix s’en fichait, de toute façon, maintenant… Elle avait certes toujours un pincement au cœur, en repensant à Axel. C’avait été son premier grand amour. Si elle avait un peu aimé Haven, ce n’était rien à côté de ce qu’elle avait éprouvé pour l’Aigle… Il avait fait chavirer son cœur… Et rien ne lui ferait jamais oublié cette relation, même si après la violente rupture, elle avait le goût métallique du sang et l’amertume des sentiments périmés.

Un gémissement désespéré traversa les lippes de la lionne quand il lui avoua que ça faisait un an que ça durait… Un an… Ce n’était pas possible !!!! Et dire qu’à ce moment là, elle arrêtait pas de chanter le bonheur d’être amoureuse, quand elle était en pleine phase amour fou avec Axel… Elle se serait repassé les doigts après s’être gifflé une bonne quinzaines de fois, tiens…

« Oh non… je suis vraiment trop co**e… Je… je m’en veux d’avoir rien remarqué, Camille… Franchement… »

Serrant les mâchoires, pour ne pas pleurer (parce que tout ça, ça lui brisait le cœur, franchement… Elle avait été si cruelle avec Camille… Comment avait-elle pu lui faire ça ???? Quant au fait qu’il ne se soit pas déclaré pour la faire culpabiliser… Et bien l’un n’empêchait pas l’autre ! Elle se sentait vraiment très très très bête là… Sérieusement ! Et c’était sûr, cela dit qu’elle ne le regarderait plus de la même façon à présent (enfin à partir du moment où elle allait enfin se décider à le regarder, parce que pour l’instant, elle n’en n’avait pas la force du tout…)

Finalement, Camille sembla se lasser du regard plus que fuyant de la jeune fille qui lutta contre ses sentiments (très difficiles à analyser pour l’heure) pour (enfin) regarder son cadet. Elle se sentit rougir (et ce pour une bonne petite dizaine de raison, allant de la gène au désarroi) :

« Pardon… Mais tu ‘mas vraiment prise de court, Camille… Tu as raison pour le point de vue ceci di… je ne te verrais plus jamais de la même façon qu’avant… mais pour l’instant, je ne sais pas quoi te répondre. J’ai besoin d’un peu de temps pour mettre de l’ordre dans mes idées, et dans mes sentiments… Parce que franchement, je suis plus perdue qu’autre chose là… »

Elle avait di ça en essayant de le regarder dans les yeux. Son regard avait quelques ratés parfois, fuyant plus que nécessaire, mais il y avait un très net progrès. Elle osa une question, cependant :

« J’aimerais bien savoir quelque chose, quand même… C’est toi qui a fait courir le bruit qu’on était ensemble toi et moi l’an dernier ? »

Si sur le coup, elle aurait eu envie de tuer Camille pour avoir menti aussi égoïstement, à présent, elle avait seulement besoin de savoir la vérité. Alix avait pris du recul sur sa relation avec Axel, et elle était fermement convaincue que ce n’était pas fait pour durer.

Visiblement, Alix tenait absolument à s'excuser, et comme ce genre de débat avait tendance à épuiser les nerfs de Camille (surtout en une telle situation), il céda, et la laissa dire. Il ne comptait pas protester, ce n'était pas forcément dans ses habitudes – Camille est du genre têtu – mais soit. Au fond, peut-être que ces excuses lui semblait justifier mais qu'il n'avait pas envie qu'elle en fasse seulement par amour pour elle. Il refusait de lui faire le moindre mal et cela avait toujours été sa ligne de conduite.

« J'ai fait mon possible pour que tu ne le remarques pas. J'avais renoncé à te le dire... et puis, les choses ayant changé, je me suis dit que ce serait peut-être plus simple pour moi... surtout que tu sais ce qu'on dit, qui ne tente rien, n'a rien, n'est-ce pas ? » Il tentait de parler le plus légèrement possible pour ne pas la blesser plus. Il voulait faire comme s'il ne souffrait pas de cette réaction qui, à ses yeux, prouvait qu'elle n'éprouvait pas pour lui autre chose que de l'amitié.

« Bien, au moins, tout n'est pas perdu dans cette affaire. Le plus dur, ce n'était peut-être pas tant tes histoires d'amours avec d'autres garçons que le fait que je n'en sois pas un. Donc bon, c'est déjà ça. » Ou pas, mais ce serait sa version officielle. Cela a déjà du vous arriver, d'avoir des raisons officielles de faire quelque chose, et de garder pour soi les raisons officieuses. Camille avait vraiment espérait qu'elle éprouvait aussi quelque chose pour lui, même rien qu'une étincelle d'amour, mais ce n'était pas le cas... sinon, elle ne se serait sûrement pas autant excuser.

La suite vexa Camille qui se renfrogna, comment pouvait-elle à ce point douter de lui ? Il lui avait caché qu'il l'aimait, c'est vrai, mais c'était pour son bien. Et il n'aurait jamais fait une chose qui pouvait la faire souffrir comme cela avait été le cas lors de sa rupture avec Axel. En effet, elle était folle amoureuse de l'ex serdaigle, cela le rendait malade rien que d'y penser, mais c'était la vérité. Jamais il n'aurait brisé son couple ! Preuve était faite, par ailleurs, que cela n'aurait servi à rien.

« Évidemment que non. » Tout en disant, il se redressa de toute sa hauteur sur sa chaise, l’œil comme la mine sévère. Peut-être que des personnes étaient assez lâches pour agir médiocrement par jalousie, mais pas Camille. Il aspirait à des valeurs morales bien plus noble.

« Presque tout le monde à Gryffondor avait deviné que j'étais amoureux de toi, mais je n'ai jamais rien laissé entendre qui aurait pu faire croire que cela était réciproque. Cela ne m'aurait même pas traversé l'esprit. Je te l'ai dit, tant que tu étais heureuse, je pouvais accepter que tu sois avec un autre. » Bon, certes, à condition qu'elle ne lui en parle pas trop souvent quand même. Mais ça, Alix l'avait déjà sûrement compris toute seule.

Un petit (mais vraiment tout petit hein !) sourire étira les lippes d’Alix tandis qu’elle écoutait Camille… Franchement, elle ne s’y était vraiment pas attendue, et pour l’instant, elle avait beaucoup de mal de se remettre de cet aveu. Alix aimait énormément Camille, elle lui faisait totalement confiance et pouvait absolument tout lui confier, elle le savait depuis un petit moment… mais elle n’avait jamais vraiment pris en compte le fait qu’il soit un garçon. Pour elle, c’était Camille. Ni un garçon, ni une fille, juste son meilleur ami. Il y avait eu quelques situations qui avaient pourtant fait palpiter son cœur ou qui l’avaient faîte rougir de gène (ce qui ne lui serait pas arrivé si ç’avait été une fille)… Elle n’avait pas la tête à les citer, mais elle devait admettre que parfois, elle avait entrevu le garçon chez Camille. Et… et puis il ne lui avait pas déplu. Mais ne s’étant jamais vraiment étendue sur la question… Elle n’avait pas les armes pour répondre à une telle déclaration. Pas aujourd’hui.

Quant à la réponse de Camille, directe, incisive et on ne peut plus franche… Et bien cela soulagea quelque peu Alix. Dans le cas inverse, elle n’en n’aurait pas voulu à Camille malgré tout. Sur le coup, elle l’aurait profondément détesté et ce de tout son être. Mais les choses avaient changé. A présent, celui qu’elle détestait n’était nul autre que celui qu’elle avait tant aimé : Axel. Alix soupira. Trop d’informations en trop peu de temps pour elle là… Elle était lessivée d’un coup. Et d’un côté elle était en colère après les autres lions. Pourquoi personne ne lui avait fait la remarque bon sang ??? Une fois rentrée, elle allait devoir parler avec martin, c’était urgent, à présent.

« Je ne sais pas quoi dire de plus. J’ai besoin de réfléchir. »

Oui, elle avait besoin d’assimiler toutes ces informations, là… Et elle avait besoin de son jumeau plus que jamais (enfin plus que depuis un sacré bout de temps en tout cas…). Se mordillant la lèvre, la sorcière poursuivit :

« On va bientôt revenir en Angleterre, Martin et moi… On se verra à ce moment là, d’accord ? Parce que pour l’instant, je ne sais pas du tout quoi penser. »

Elle allait poser sa main sur celle de Camille avant de se dire que ce n’était sûrement pas une bonne idée. C’était affreux… Elle venait de perdre son meilleur ami ? Ramenant ses deux mains sur ses propres genoux, elle ajouta, encore extrêmement gênée :

« Ecoute… je vais devoir y aller… »


……………….


Le 15/08

Cela faisait 5 jours que les jumeaux étaient majeurs. 5 Jours qu’ils avaient quitté l’Amérique pour retrouver la maison de leur enfance. Et cela faisait 18 jours très exactement que Camille s’était déclaré à Alix. Dès qu’elle fut chez elle (en Amérique), la jeune fille s’était confiée à Martin. Ce dernier n’avait pas trop semblé fâché par le cours de évènements, et avait fini par lâcher ‘fais comme tu veux’. Certes ce n’était pas le conseil du siècle, mais venant de Martin, hyper possessif avec sa sœur, c’était limite une incitation à un futur mariage ! Alix avait pris son frère dans ses bras, et l’avait doucement embrassé sur la joue, chuchotant des remerciements.

Elle avait ensuite réussi à joindre Nina. Elle aurait dû joindre directement Camille, mais en fait, elle avait trop peur qu’il n’ait pas envie de la voir, alors elle passait par l’intermédiaire de sa sœur fourbe comme l’était la jeune demoiselle, aucun doute qu’elle serait une super alliée si Alix l’avait dans son camp !!! *paf*. Alix avait donc envoyé un patronus à Nina la veille. Le renard argenté avait prononcé ces quelques mots à l’intention de la jeune Moreau : 'Salut Nina, c'est Alix. Je suppose que Camille t'a déjà tout raconté sinon il va me tuer, ou vous allez d'abord vous entre tuer... je sais pas.... J'ai réfléchi depuis qu'on s'est vus tous les deux, et je veux lui en reparler. Mais j'ai un peu peur qu'il ne me fuit étant donné les circonstances, et je me demandais si tu pourrais m'aider à avoir un rendez-vous avec lui sans qu'il ne se doute de rien ? Je t'en serais vraiment très reconnaissante tellement que jpeux te céder Martin, si tu es sage !'. Finalement, Alix reçut un hiboux… Nina était de la partie, elle retrouverait Camille sur le Chemin de Traverse le lendemain (le 15 août donc).

Alix avait reprit le cadeau de Camille avec elle (avec tout ça, elle avait oublié de le lui donner la dernière fois !). Elle avait enfilé un short, un débardeur très basique (comme toujours, faut pas rêver !). Elle avait mis des baskets et avait pris son sac à bandouillère avec elle. Dans lequel se trouvait le cadeau de Camille. Elle s’assit à la même table que la dernière fois et attendit Camille qui n’allait pas tarder (et qui ne savait pas encore qu’il la verrait cet après midi).

Il était là… Alix se sentit un peu rougir, tandis que son souffle se faisait un peu plus court. Il pris place, face à elle, Nina n’était pas restée, mais Alix lui était vraiment reconnaissante. Elle le lui revaudrait… Nina, je te présente mon frère Martin, Martin voici Nina, la seule fille que tu es autorisé à fréquenter…. Elle offrit un pâle sourire en réponse à la question de Camille, chuchotant doucement :

« J’avais un peu peur que tu préfères éviter de me voir… »

Ce n’était vraiment pas du tout évident comme situation, dîtes donc ! Alix n’avait jamais vraiment eu ces soucis, parce que avec Haven ou Awel tout s’était fait assez rapidement, et plutôt naturellement. Là, en revanche, elle s’était préparée mentalement, et la pression était vraiment toute autre du coup !!! (Conclusion : ne jamais, ô grand jamais se préparer avec un rancard !). Se tordant nerveusement les mains, la jeune Lionne reprit :

« Je pensais pas que ce serait aussi compliqué, quand j’y penser chez moi… »

Merlin que c’était dur d’être amoureuse ! Se mordillant la lèvre, elle réfléchit, et finit par se lancer, envoyant en l’air tout ce qu’elle avait pu ‘préparer’ avant :

« Je voulais te parler au sujet de notre dernière conversation… J’ai vraiment bien réfléchi… Et très honnêtement, je n’ai jamais été aussi proche de quelqu’un que de toi… je suis toujours perdue sans toi et je n’aimerais vraiment pas qu’on suive des chemins différents… Qu’on s’éloigne. »

Elle se trouvait un peu cruche, là, pourtant elle le pensait hein…

« Je veux qu’on reste ensemble, toujours ensemble, toi et moi. »

Elle lui offrit un pâle sourire. Elle l’avait di. Elle ne voulait plus être juste son amie.

« Je ne veux pas te voir avec une autre fille que moi à ton bras. Je ne veux pas que tu en aimes une autre et je ne veux pas qu’on soit séparé. »

Elle sentait son cœur battre à tout rompre contre sa poitrine. Mon dieu… elle l’avait enfin di… Tout était sorti… Elle ne savait pas du tout si Camille pensait toujours pareil ou s’il avait déjà essayé de l’effacer… De tout son être, elle souhaitait que ce ne soit pas le cas. Elle ne voulait pas le céder. C’était égoïste, oui, mais franchement ? Elle s’en fichait pas mal ! Elle était trop attachée pour penser aux autres avant eux. Elle voulait être heureuse, avec lui, et le rendre aussi heureux que possible… Elle voulait qu’ils aient leur chance, tous les deux…

« C'est toi qui es parti la dernière fois, je ne vois pas pourquoi je t'éviterais. » Il haussa les épaules d'un air tranquille. Le plus simplement du monde, Camille se disait que sa meilleure amie avait enfin décidé d'accepter les choses telles qu'elles étaient. Une bonne nouvelle. Il fallait arrêter de croire qu'amour rime forcément avec désespoir. Camille était sincèrement amoureux, pour autant, il ne se sentait pas suicidaire, ni même malheureux. En réalité, il était plutôt soulagé depuis qu'il avait fait sa déclaration. Cela n'avait pas été un moment facile et c'était clair que cela lui avait fait un peu mal sur le coup, mais il préférait l'honnêteté. C'était dans son caractère d'être franc. Les cachotteries n'avaient que trop duré, et il ne s'inquiétait pas spécialement pour la suite. Il le lui avait dit, il acceptait qu'elle ne l'aime pas, en revanche, il pensait qu'il le méritait. Cela dit, si l'amour se jouait au mérite, cela se saurait, et l'humanité aurait fait de plus gros progrès que ça.

« Compliqué ? » Il répéta ce mot qui ne lui plaisait pas beaucoup en fronçant les sourcils, plus du tout souriant. Qu'est-ce qu'elle voulait lui dire ? Cela ne sentait pas bon du tout... Quand les filles commencent à dire que c'est compliqué ça peut vite tourner au drame, pour le coup. Elle ne voulait quand même pas mettre aussi fin à leur amitié, hein ? Parce que ça, ce n'était pas du tout dans ses projets par contre ! Il pensait d'ailleurs s'être montré très clair à ce sujet. Il voulait bien la jouer cool, mais il y avait des limites quand même.

Heureusement, la suite le rassura. Et la boule qui commençait à se former dans son estomac se détendit et disparut au fur et à mesure des paroles d'Alix. « Whaou... » Il ne savait pas quoi dire d'autre que ça tellement il en était estomaqué. Il ne s'y était pas attendu il faut dire. Entre l'épisode Axel (qui était, genre, l'antithèse de Camille!), et leur dernière entrevue, il avait abandonné tout espoir qu'Alix revienne à la raison. Ou du moins à lui. Encore que dans ce cas c'est le verbe revenir qui ne convient plus. Mais comme Camille ne doute jamais de lui (ou très rarement, sur son âge surtout il a des soucis), on se comprend quand même. Il avait toujours pensé qu'il était celui qui comprenait le mieux la jeune fille, même mieux que Martin (qui était parfois vraiment à côté de ses pompes), alors il avait trouvé rageant qu'elle ne le choisisse pas, mais finalement, c'était peut-être aussi parce qu'elle n'était même pas au courant qu'elle avait le choix ? Question à approfondir, parce que là, ce n'était pas la priorité. Il se pencha sur Alix, et l'embrassa. Le reste du monde ? Il s'en foutait. Normal. On n'allait pas le refaire ! Il avait un caractère pourri c'est tout ! Ce qui ne l'empêchait pas d'aimer sincèrement Alix. La preuve, quand il se décida à la laisser respirer (ce qui n'était pas une évidence après tant de mois à fantasmer ce moment), il resta penché au-dessus de la table, accrochant son regard avec le sien. « Je n'irais jamais voir personne d'autre, tu ne me verras jamais avec une autre fille à mon bras – si ce n'est Nina -, et je ne pourrais jamais aimer personne d'autre. » Ce n'était pas la première fois qu'il lui assurait l’immuabilité de ses sentiments, mais c'était peut-être la première fois qu'elle pourrait en apprécier toute la portée. C'est parce qu'il en était amoureux qu'il avait toujours pu lui dire sans l'ombre d'un doute qu'il ne la quitterait jamais. Un sentiment aussi fort, cela ne peut pas s'effacer en un claquement de doigt... et il n'y comptait pas, en plus. Être amoureux d'Alix le rendait heureux, et là, il planait carrément... alors il ne pouvait qu'être sincère.

Oui bon d’accord, elle était partie, mais justement, il aurait pu lui en vouloir après coup… Elle se sentait bien mal d’être partie comme ça, d’ailleurs… Mais il l’avait mise devant le fait accompli et elle avait eu besoin de réfléchir et on sait tous que ce n’est pas sa discipline de prédilection à la miss…. C’était trop inattendu pour qu’elle puisse se décider comme ça d’un coup !

Puis Alix tenta de s’expliquer. Bien sûr, Camille s’imaginait tout à fait autre chose que ce qu’elle essayait de dire (en même temps depuis le temps qu’ils sont en phase de totale incompréhension tous les deux…). Et Alix était beaucoup trop concentrée oui oui c’est possible, ça lui arrive une fois par an, en moyenne. Elle finit par dire ce qu’elle avait sur le cœur. Forcément, ce n’était pas aussi bien que lorsqu’elle s’était visualisée en train de le dire (d’ailleurs ce n’était pas du tout ces mots là qu’elle comptait employer à la base, comme quoi, préparer un discours tout prêt ça ne sert à rien –prend notre pour la prochaine fois, des fois que…-). Franchement, elle avait peur… Et si jamais il l’envoyait balader ??? Et s’il lui en voulait ??? Evidemment, elle se faisait des films (qui ne s’en ferait pas ???) et son cœur était tout serré dans sa poitrine… Et quand elle eut enfin fini de parler (elle n’y croyait plus !) la réponse de Camille fut à peu près aussi éloquente que lorsqu’elle avait répondu à sa déclaration à lui et on est partit pour se faire une troisième déclaration….

Puis, finalement, il n’ajouta rien (verbalement) puisqu’il se pencha vers elle pour l’embrasser. Toute surprise par ce contact, elle ne tarda pas à passer sa main droite dans les cheveux du sorcier qui venait de faire imploser son cœur, tandis qu’ils s’embrassaient. Non ça n’avait rien de bizarre d’embrasser Camille… Pourtant au début elle s’était demandé ce que ça pourrait faire… Ils avaient grandi côte à côte depuis qu’il était en première année… Mais ils avaient un lien plus fort que tout. Et tout ce qu’il manquait, c’était le réveil d’Alix (qui s’était longuement faîte priée…). Ce baiser était tout naturel. C’était logique. Ils avaient été faits pour se rencontrer, pour vivre tout ce qu’ils avaient vécu jusqu’à aujourd’hui, ensemble… Tout ça pour, finalement, en arriver là… Ils étaient amoureux et ils étaient prêts à tout pour garder l’autre.

Quand Camille mit fin au baiser pour prendre la parole, Alix ne dévia pas le regard, bien que toute rouge. Pourtant elle avait aussi embrassé Axel devant une masse de monde… Des tonnes d’inconnus (puisque pas uniquement à Poudlard). Mais Axel n’était pas Camille. Il avait cette façon d’être qui poussait Alix à se démener pour ne pas se sentir en décalage. Oui, elle s’était beaucoup dévergondée à son contact… Mais avec Camille, elle retrouvait son vrai ‘elle’, sa légère réserve, et son cœur battant en folie contre son sein… Ciel qu’elle aimait ce regard, ces mains, ces lèvre,s ce visage, ce garçon… Oui, c’était vrai… sans conteste. Doucement, elle lui offrit un sourire, puis un murmure confesseur :

« Je t’aime Camille. »

Plus que tout, et pour toujours. Son cœur en folie n’était là que pour asséner cette vérité à intervalles réguliers (avec parfois, de légers ratés néanmoins).