Ma déclaration [PV]

Nicolas avait rendez-vous avec Emma. Jusque-là, me direz-vous, pourquoi pas ? Mais il y avait quelque chose d’inhabituel à ce rendez-vous. Tout d’abord, il n’était pas destiné à travailler, avec Emma, c’était toujours pour travailler qu’ils se voyaient, enfin, ça faisait du moins parti de leurs occupations principales puisque en classe ils étaient en binômes dans plusieurs matières (les potions notamment). Là, il avait dit à Emma qu’il voulait la voir, et il l’avait invité à le rejoindre dans la salle commune à une heure tardive… il y avait bien encore quelques élèves qui traînaient de ci, de là, mais c’était loin d’être l’heure de pointe. Normal, l’heure du coucher (et donc du couvre feu) approchait dangereusement. Nicolas s’en fichait, il était assez stressé en fait… cela ne se lisait pas sur son visage, aussi souriant qu’à l’habitude, mais il avait l’air un peu plus crispé que la normale.

Quand enfin Emma arriva, il quitta le mur près de la cheminée auquel il s’était adossé pour rester dans l’ombre (contrairement aux autres jours, il n’avait aucune envie qu’on vienne lui taper la discussion) et s’approcha de la jeune fille, la tirant délicatement (oui, ce n’est pas une brute vous savez) dans l’ombre avec lui. Là, il lui tendit un bouquet de fleur (vive la magie parce qu’en cette saison, des fleurs c’est pas ce qui se trouve le plus facilement) et se pencha sur elle. Il déposa un léger baiser sur sa joue, ayant vaguement effleuré ses lèvres au passage. « Tu veux bien sortir avec moi ? » Il se doutait que cette demanda allait un peu surprendre Emma mais cela faisait un petit moment qu’il y pensait puisqu’il en avait parlé avec son frère en tout début d’année… sans préciser de nom toutefois. A ce moment là, il n’était pas sûr de pouvoir y arriver, il ne l’était pas beaucoup plus ce jour mais il s’était passé quelque chose dans la matinée qui l’avait décidé. Un garçon de son dortoir avait des vus sur Emma et il comptait bien griller la politesse à Nicolas, à sa décharge, il ne savait pas que son camarade avait des sentiments pour la jeune préfète, néanmoins, il s’était pris un coup de poing de la part de Nick (réaction purement impulsive, il s’était excusé juste après qu’on l’ai collé pour jusqu’à la fin de la semaine). Cette mésaventure (dont il ignorait si Emma avait été mise au courant) l’avait décidé à se bouger. Cela pouvait mal se passer mais ça pouvait aussi se passer très bien, après tout… et puis il ne voulait pas voir Emma avec un autre que lui, ça avait tendance à l’énerver. Il n’était pas certain d’être fou amoureux mais par contre il était sûr d’être fou de jalousie. Il ne lui restait donc plus qu’à attendre la réaction de la jeune fille pour savoir si elle allait le jeter ou pas. Elle n’avait jamais montré de signe qu’elle était intéressée après tout (lui non plus remarquez !), il était donc un peu anxieux, mais au moins il était sincère, et ce pour la première fois depuis très longtemps… Au moins depuis la mort de Marina.

Laissant un peu d’espace entre elle et lui, il se remit contre le mur, son visage caché par l’ombre mais son regard vairon posé avec intensité sur la jeune fille. Il ne souriait plus, il était même on ne peut plus sérieux… parce que pour une fois, il n’était pas en train de blaguer.

Ça avait été une journée plutôt ordinaire jusque là pour Emma. Les cours, les devoirs pendant les temps libres, le déjeuner. Tout s'était déroulé exactement comme d'habitude, rien n'était venu bouleverser son petit train-train quotidien, et même si elle était bien du genre à se plaindre de la monotonie de sa triste existence, ça lui allait plutôt bien. La Serdaigle vivait mal le changement, du moins avait-elle quelques difficultés à voir son petit monde correctement ordonné être dérangé par un évènement inopiné, quelque chose qui échappait à son contrôle. Si chez elle tout, absolument tout échappait à son contrôle, ce n'était pas le cas à Poudlard, et ça avait du bon. Elle avait l'impression de gérer, bien plus que l'année précédente d'ailleurs, et pour l'instant la brune restait dans un état mental des plus tolérables. Pas d'agressivité, pas de cris hystériques, pas de panique, elle était dans un état presque normal en somme.

La seule chose qui aurait pu la bouleverser, c'était ce flottement bizarre qu'elle ressentait en songeant à sa relation avec Nick. En soi rien de particulier, mais depuis qu'elle était allée chez lui cet été, elle avait le sentiment que les choses étaient différentes. Elle n'était pas très sûre de l'effet qu'il lui faisait, et oui, ça la dérangeait. Mais peut-être tout cela n'existait-il que dans sa tête. Après tout, elle avait souvent tendance à faire une montagne de peu de chose. Quoiqu'elle ressente envers Nick au-delà de la simple amitié ne pouvait être que le résultat de ses hormones, rien de plus. Elle était une fille, il était un garçon, et il était loin d'être hideux, alors oui, il était attirant. Mais ça s'arrêtait là, et très honnêtement elle n'avait pas cherché à y réfléchir davantage depuis sa rentrée à Poudlard. Quoi que ce soit, ce ne pouvait être réciproque parce que Nick était... Nick, et qu'elle était elle, Emma Carter, préfète et élève obsédée du boulot. Il n'y avait la place pour rien d'autre dans sa vie !

C'était exactement là où s'était arrêtée sa réflexion concernant le blondinet qui lui servait de meilleur ami. Et au final, elle avait plutôt bien réussi à se convaincre de tout ça. Son petit monde allait bien. Et voilà que le blond leur fixait une sorte de rendez-vous top secret dans la salle commune, le soir même. "Viens seule. Un seul mot à la police et même sa mère ne pourra plus reconnaître ton ours en peluche Teddy." Habituellement, lorsque Nick demandait à ce qu'ils se voient, c'était pour faire leurs devoirs, et inversement. Seulement là, il n'avait pas parlé de devoirs, et cela avait été nettement piqué la curiosité de la brune. De quoi comptait-il lui parler ? C'était la question que se posait la préfète tandis qu'elle arrivait à proximité du heurtoir à tête d'aigle. Elle avait quelques hypothèses en tête, bien sûr, la première étant qu'il avait un service quelconque à lui demander. Fermer les yeux sur un arrivage intempestif de whisky pur feu dans leur salle commune, par exemple. Ou le couvrir parce qu'il comptait sécher le prochain cours d'histoire de la magie avec Binns. Soupirant, elle donna la réponse à l'énigme et entra dans la salle commune.

"Tu veux sortir avec moi ?" Les mots résonnèrent étrangement dans sa tête, lui faisant écarquiller les yeux de surprise. Le bouquet de fleurs dans la main et la sensation encore très nette des lèvres de Nick sur sa joue, elle resta comme bloquée pendant un instant, incertaine. Avait-elle correctement entendu ? Etait-ce une blague de mauvais goût ? Elle déglutit difficilement, trouvant la blague bien lourde et méchante si c'était le cas. Mais le blond semblait sérieux, et elle n'entendait aucun rire derrière elle. « Quoi ? » lâcha-t-elle spontanément, son cerveau carburant à toute allure à la recherche d'une explication à cette situation irréelle. « Non ! Enfin non, pas non, je ne voulais pas dire ça... C'est-à-dire que oui, j'ai bien entendu ta question et... » Les joues sensiblement rouges, elle bégayait tel un troll attardé songea-t-elle tristement. « Ce que je voulais dire, c'est oui, Nick. » rectifia-t-elle dans un souffle, les yeux brillants. Son cœur avait vraisemblablement pris le dessus sur la raison. Agitée, elle secoua brusquement la tête. « Est-ce que... tu es sûr ? » Elle n'était elle-même pas très certaine de ce qu'il venait de se passer. Elle n'était pas amoureuse de lui, pas à proprement parler, mais elle ne voulait pas souffrir, ça elle en était sure, et elle espérait qu'il ne se faisait pas non plus d'idées à son sujet. Elle n'était pas forcément la petite amie idéale, elle était angoissée, tendue, mentalement instable avait souvent mauvais caractère... Mais ça, il le savait déjà, bien entendu. Et au fond, pourquoi pas ?

[789]
[796]

NEIGE

Nicolas ne s’angoissa pas beaucoup pour les bégaiements de la jeune fille. Il savait que sa question ferait l’effet d’une bombe donc il fallait qu’elle digère, et Emma faisait parti de ces gens qui sont naturellement stressés. Tout le contraire de Nicolas qui, sans être flegmatique, était un garçon qui ne paniquait jamais, les examens il les vivait sereinement, la vie de tous les jours n’était qu’un fleuve tranquille qu’il descendait en regardant vaguement ce qui se passait autour, sans jamais vraiment s’y intéresser non plus. Nicolas était quelqu’un d’ouvert et de gentil en apparence, mais en fait il se moquait du monde, il trichait, il cachait à tout le monde combien ses pensées étaient tristes. Ce n’était pas parce qu’il ne faisait pas confiance aux autres, même pas, c’était seulement parce qu’il avait fait cette promesse à Marina et qu’il s’y tenait autant que possible. Autrefois, il ne se sentait pas obligé de faire semblant, il se fichait du monde (à un point inquiétant pour un enfant) et il assumait le fait que sa mère lui dise sans cesse qu’il était méchant ou froid, ou les deux, c’était sûrement plus simple pour tout le monde… mais il avait pris une décision dans le passé et ne comptait pas changer d’avis, les habitudes étaient prises maintenant de toute façon. C’était tellement simple de parler pour ne rien dire ! Il ne l’aurait jamais soupçonné avant ça, sinon il l’aurait fait, rien que pour faire plaisir à sa mère ! Enfin, là n’était pas le sujet, encore que si, puisque ça lui faisait un peu peur d’entamer une relation sérieuse avec une fille alors qu’il n’était pas franchement fiable… mais bon, chaque chose en son temps, il verrait bien ce qui découlerait de tout ça !

« Super ! » Dit-il avec un léger sourire sur les lèvres alors qu’il tendait la main pour prendre la sienne. Cependant, son geste ne se termina pas parce qu’elle lui demandait s’il était sûr, et c’était une question qu’il trouvait étrange, allez savoir pourquoi. « Bien sûr que je suis sûr. » Il fronça un peu les sourcils, cherchant ce qu’il pouvait répondre à ça, sachant qu’il avait lui aussi des choses à dire à Emma, beaucoup même, parce que finalement, elle en savait si peu à son sujet ! Et il préférait la prévenir de son propre caractère pour qu’elle n’ait pas de mauvaise surprise, parce qu’elle le connaissait certes depuis longtemps, et certes encore ils étaient proches tous les deux, mais il y avait une chose qu’elle ne savait pas, et c’était très important pour l’avenir. « Ecoute Emma, je ne doute pas de ce que je veux, encore moins de ce que je ressens, et je suis content que tu ais dit oui, mais parce que tu l’as fait, je dois te parler de quelque chose. Cela a rapport avec ce que je t’ai raconté la fois où tu es venue chez moi, tu t’en souviens ? » Nul doute qu’elle s’en souvenait, après tout, ils avaient presque failli se disputer parce qu’il s’était inquiété à cause du fait qu’Emma soit venue seule dans son quartier.

Ainsi, joignant le geste à la parole, il déboutonna le poignet de sa chemise et la remonta jusqu’au coude, ensuite il enleva pour la première fois devant quelqu’un qui ne soit pas de sa famille le brassard qu’il portait toujours et qui couvrait son bras sur cinq centimètre environ. Une fois fait, il montra ses cicatrices à Emma, elles étaient roses et bien visible mais il n’était pas nécessaire d’être médecin pour remarquer qu’il y en avait plusieurs couches, certaines plus ou moins récentes, d’autre beaucoup plus anciennes. « Je me scarifie. Enfin, je ne le fais presque plus depuis que je suis à Poudlard, mais je l’ai beaucoup fait après la mort de Marina. » Baissant les yeux et évitant soigneusement le regard de celle qu’il avait choisit pour partager son secret, il remis son brassard, ne voulant pas que quelqu’un d’autre puisse remarquer ses marques. « J’ai des tendances à l’autodestruction et si je ne me suis pas déclaré avant… c’était à cause de ça. » Avant parce qu’il en avait envie depuis quelques temps mais il avait peur de tout gâcher à cause de ses problèmes alors il avait hésité et s’était tu. Mais finalement, il lui était intolérable que quelqu’un la lui vole ! Alors il prenait le risque, pas sans la prévenir tout de même.

Pour la première fois de sa vie *kof kof* Emma constatait à quel point elle avait eu tort, et surtout à quel point elle avait pu être à côté de la plaque. Elle pensait qu'il voulait encore la voir pour quelque chose de futile, du travail en retard, une infraction au règlement, ou encore cette histoire de bagarre dont elle avait vaguement eu vent en arrivant. Et au lieu de tout ça, Nick lui demandait de sortir avec elle ? Et à son plus grand étonnement, elle avait répondu oui. Elle n'avait pas vraiment réfléchi, les mots étaient tout simplement sortis d'eux-mêmes. Elle avait marmonné des trucs incompréhensibles, et elle avait dit oui. Mais si elle avait vraiment pris le temps de réfléchir à la question, sans doute n'aurait-elle pas répondu aussi spontanément, alors le blond avait sans doute bien fait d'attaquer par surprise.

Elle aurait pu refuser. En fait elle aurait peut-être même dû et il y avait une petite voix dans sa tête qui le lui disait en ce moment même. Elle ne croyait pas en des relations amoureuses qui fonctionnent, de plus elle aimait Nick, certes, mais de là à en être amoureuse... Elle n'aurait su le dire, et c'était peut-être mieux comme ça, elle aurait moins de chances de souffrir. Et surtout, pouvait-elle être sûre qu'il était fiable ? Par définition, les mecs n'étaient pas fiables et de ce qu'elle savait, Nick n'était même pas la meilleure version d'entre eux à ce niveau là. Seulement, la préfète fit taire toutes ces petites voix. Nick avait pris sa main, et pour une fois dans sa vie, elle avait envie de tenter le coup, sans penser aux conséquences. Après tout, ils vivraient peut-être quelque chose de merveilleux, et ce n'était pas en jouant les fillettes effrayées qu'elle le saurait. Elle avait envie de donner une chance à cette histoire, alors elle le faisait. Elle adressa un large sourire à son petit ami Merlin, ma petite Emma est devenue une femme ! *snif* Mouchoir s'il vous plait ?

La question lui avait échappé. Il fallait juste qu'elle sache. C'était tellement inattendu... Il pouvait encore changer d'avis, se rétracter avant qu'ils n'aient à aller plus loin. C'était stupide, parce que s'il lui avait demandé de sortir avec elle, il y avait forcément réfléchi, même s'il s'appelait Nicolas Jones, il devait avoir réfléchi aux conséquences. Mais elle avait besoin d'être sûre... qu'il était sûr. Et il répondit avec un sérieux qu'elle ne lui connaissait pas et qui eut le don de la rassurer un petit peu. Elle hocha la tête, mais elle se sentit d'autant plus tendue lorsqu'il parla de ce qu'il avait évoqué pendant les vacances. La brune se mordit les lèvres, soucieuse. « Oui bien sûr, je me souviens parfaitement. Je t'écoute... » C'était important, elle le savait, rien que parce que ça concernait ce dont il lui avait déjà parlé. Et il arborait ce même air qui le rendait presque méconnaissable.

Incapable de parler, elle porta la main à sa bouche, sous le choc. Sous ses yeux, des cicatrices s'étalant sur le bras de Nick, des marques qu'il s'était infligé lui-même, un lourd secret qu'il avait décidé de partager avec elle. Elle approcha doucement la main de son bras, fronçant les sourcils, toujours silencieuse. Il se scarifiait, et elle ne l'aurait jamais soupçonné. Elle se prétendait son amie, mais elle n'aurait jamais cru que sous ses airs joyeux et blagueurs pouvait se cacher de telles blessures, et sans doute était-ce le but recherché justement. Emma déglutit difficilement. « Nick... Tu continues à le faire ? Certaines ont l'air récentes... » murmura-t-elle d'une voix étonnamment calme. Elle n'avait pas manqué le "presque plus" et elle était réellement inquiète à présente, ses doutes futiles complètement écartés de son esprit. « Ça ne change rien à ma réponse, je veux toujours sortir avec toi. Je veux juste... que tu me promettes d'être honnête avec moi, d'accord ? Et que tu arrêtes de faire ça aussi... » Elle était déjà trop angoissée à l'idée qu'il se fasse du mal sans qu'elle le sache, elle préférait encore être au courant de tout, même si ça devait être difficile. Elle voulait l'aider, c'était tout ce qui importait réellement en cet instant.

[707]

-TOUS COMPTES-
NEIGE

Nicolas avait déjà caché ses plaies avant de répondre à sa petite amie. Ces deux mots lui faisaient un peu bizarre mais en même temps, ils lui faisaient plaisir ! Bien sûr, une relation d’amoureux (enfin, on se comprend) c’est toujours plus compliqué qu’une relation d’amis, mais malgré ça il pensait qu’après tout, ça se tentait. Nicolas n’était de toute façon pas de ceux qui se préoccupent du futur, à chaque jour suffit sa peine et pour le reste, on verra demain, telle était sa philosophie ! Cela ne l’avait pas empêché d’hésiter, mais c’était sûrement aussi parce qu’il avait un peu peur de se faire jeter et qu’il cherchait des excuses pour reculer.

« Les dernières datent de cet été, j’ai eu besoin d’une piqûre de rappel. » Il se pencha sur elle et effleura ses lèvres, quand il se releva son grand sourire était là. Il était tellement doué pour faire semblant que s’en était presque un art. Mais son sourire disparut tout aussi rapidement. Il passa la main dans les cheveux longs d’Emma et il soupira. « Sourire, faire semblant, c’est beaucoup plus facile que je ne croyais… mais je pense que je peux être honnête avec toi. » Seulement, comme souvent dans ces cas là, il y avait un « mais » qui restait suspendu dans l’air, pourtant il ne le prononça pas tout de suite, se contentant de la regarder intensément. En cet instant, il était le vrai Nicolas, quelqu’un qu’Emma ne connaissait pas, qu’elle n’avait croisé que furtivement lorsqu’elle était venue chez lui durant l’été… celui qu’elle côtoyait tous les jours n’était qu’une contrefaçon créait pour tenir une promesse, pour palier à une forme de peur dévorante, c’était devenu une partie intégrante de Nicolas qui avait évolué avec depuis son entrée à Poudlard, mais il n’empêchait que ce n’était pas le vrai Nick.

« Je ne peux pas arrêter. » Finit-il par dire. « Déjà ce n’est pas quelque chose qui se contrôle, sinon tu penses bien que mes parents auraient agi. Ensuite, c’est un peu comme une drogue… Le Nicolas que tu vois chaque jour ne peut exister que grâce à quelques bouffés d’adrénaline de temps en temps… » Grattant un peu son brassard, geste machinal juste parce qu’il pensait à ses cicatrices, il eut un nouveau soupir et termina « Mais tu sais, ce ne sont que des lésions superficielles, on voit les marques uniquement parce qu’à force j’ai la peau abîmé, ça n’a rien de dangereux ou de grave. Il ne faut pas que ça t’inquiète… surtout que ça ne m’arrive jamais à Poudlard. » C’était plutôt quand il était chez lui et que quelque chose le remettait en situation qu’il commençait à paniquer. C’était le cas par exemple le jour où Emma était venue chez lui. Oui, ce jour là, il avait eu mal… il avait eu un tel coup au cœur lorsqu’il avait compris qu’elle était venue seule !!! Les cicatrices les plus roses étaient d’ailleurs de ce jour là, parce que sinon, tout le monde chez lui faisait bien attention à ne pas provoquer de panique chez Nicolas. Sa sœur Megan par exemple ne se baladait jamais seule dans leur rue, et en rentrant du travail, elle transplanait directement chez eux. Ce n’était peut-être pas grand-chose, mais ça suffisait à éviter que Nicolas ne panique…

En l'occurrence, Emma ne pensait même au fait qu'elle venait de devenir la petite amie de quelqu'un, pour la première fois, alors qu'elle ne croyait pas franchement aux relations amoureuses. Non, elle était trop préoccupée par ce que venait de lui apprendre Nick pour réellement se soucier de ce qu'impliquait être sa petite amie. En tout cas, cela impliquait au moins qu'il soit honnête avec elle, et c'était visiblement ce qu'il essayait d'appliquer là tout de suite. Et Emma n'était pas du genre à s'enfuir lorsque les choses devenaient trop difficiles à entendre, alors elle ne bougea pas d'un pouce, inquiète. Elle se sentait coupable de n'avoir rien vu plus tôt, rien senti de la détresse du blond, et elle était à présent prête à faire tout ce qu'elle pouvait pour lui venir en aide.

Lorsque Nick lui dit qu'il s'était infligé ça pendant les vacances d'été, la préfète fronça les sourcils, déglutissant avec difficulté. Etait-il possible que... ? « Cet été ? Nick ! Après que je sois venue c'est ça ? Oh non... C'est de ma faute... Je suis tellement désolée Nick... » murmura-t-elle d'une voix faible alors que le garçon, lui, avait retrouvé son sourire habituel. Le sourire de façade, elle connaissait, elle pratiquait ça tout le temps, et effectivement, ça suffisait, toujours. Personne ne voulait s'encombrer des détails sordides de la vie d'autrui, derrière la question "Tu vas bien ?" c'était toujours un oui accompagné d'un sourire qui était attendu. Rien de plus, rien de moins. C'était tellement plus facile comme ça. Et elle avait agi exactement comme ça, elle avait négligé les craintes de Nick, et il s'était scarifié par sa faute, du moins en était-elle à l'origine, elle en était sûre. Elle hocha la tête lorsqu'il dit qu'il pouvait lui faire confiance, bien qu'elle commença à en douter. Elle était digne de confiance, oui, mais était-elle capable de gérer ça ? « Oui, tu peux. Je ne trahirai jamais ta confiance Nick. » ajouta-t-elle malgré tout. Et en cet instant il ressemblait tellement peu au Nick qu'elle connaissait qu'elle se demanda si elle savait réellement qui il était, au final.

Lorsqu'elle lui demanda d'arrêter de se scarifier, elle se doutait bien que ce ne serait pas aussi facile, que jamais la réponse ne serait un simple oui. Elle le savait, mais elle avait essayé. Cela dit elle s'affaissa quand même un peu lorsqu'il lui dit qu'il ne pouvait pas. « Tu veux dire que ça va durer éternellement ? Il n'y a vraiment rien à faire ? » demanda-t-elle doucement. Un traitement, quelque chose, elle n'avait aucune idée de quoi, mais il n'y avait aucun doute à avoir, elle irait faire un tour à la bibliothèque d'ici peu. Il était impossible qu'il continue à se faire du mal indéfiniment, ça ne pouvait pas être une fatalité. Elle leva les yeux au ciel lorsque le blond lui dit qu'il n'y avait rien de grave à ça. « Nick, tu te fais mal volontairement, alors si, ça m'inquiète... Et je ne suis pas une spécialiste, mais certaines ont l'air plus que superficielles... » répondit-elle dans un soupir, passant négligemment une main dans ses cheveux bruns. Elle ne pouvait pas ne pas être inquiète. Déjà qu'il était dans sa nature d'être angoissée, maintenant, rien que l'idée que Nick puisse se blesser sans qu'elle n'en sache rien lui était carrément insupportable.

Mince, elle avait compris ! Ne jamais sous-estimer l’intelligence d’un des membres de sa maison, c’est justement de sa part en être indigne ! Nicolas grimaça et porta la main à son brassard comme s’il voulait cacher ses cicatrices alors qu’elles n’étaient justement plus visibles depuis quelques minutes. Que pouvait-il répondre à ça, hein ? Mentir n’était pas trop son genre, il était plutôt honnête comme garçon malgré sa mauvaise habitude de faire semblant d’être beaucoup plus souriant que son caractère ne le laisserait faire normalement. Tout ça pour dire qu’il allait devoir répondre et plutôt sincèrement si possible.

« Laisse tomber, il a juste fallu que je me calme un peu, mais je sais très bien que tu n’avais aucune mauvaise intention. » Et il ajouta parce qu’il avait un peu envie d’alléger la conversation. « Et puis je sais que tu ne recommenceras pas, parce que sinon je te punirais. » Il la colla contre le mur et cette fois il l’embrassa sérieusement, un vrai baiser de petit ami avec un brin de passion contenu (parce que notre Nicolas il avait été bien éduqué et au milieu de quelques filles tout de même !). « Ce genre de punition… » Lui murmura-t-il, jetant un coup d’œil derrière son épaule pour vérifier que personne ne les observait. Mais non, ils étaient tranquilles, personne n’avait même remarqué qu’ils étaient là tellement chacun s’occupait de ses petites affaires… et puis tellement ils s’étaient planqués dans l’ombre.

« Je suppose que je pourrais entamer une thérapie, ma mère a essayé, mais tu as vu où je vis, on a pas les moyens, et puis chez moi ils ont fini par s’y habituer, mes cicatrices ne les choquent plus tant que ça. » C’est du moins l’impression que lui avait fait sa dernière conversation avec Roman, c’était comme s’il s’en fichait plus ou moins, faut dire que son frère et lui n’avaient jamais été vraiment proches, c’était peut-être pour ça, en tout cas c’était pas grâce à l’attention du seul frère qui lui restait à Poudlard qu’il allait réussir à guérir. Quant à Megan, elle était à Pré-au-lard, elle s’inquiétait sûrement beaucoup plus que Roman ou Jenny mais elle était tellement naïve qu’elle était la première dupe de son sourire avec leur mère… bref, au final, comme son brassard cachait quand il recommençait à se scarifier et qu’il était entouré de gens très… innocents ? Oui, quelque chose comme ça, alors la question de l’obliger à se soigner avait fini par être oublié, peut-être parce que de toute façon tout le monde savait que c’était au-dessus de leurs moyens. Même quelqu’un qui se coupait le bras n’était pas considéré comme un cas psychiatrique assez grave pour que la sécurité rembourse un traitement.

« Ne lève pas les yeux au ciel comme ça, ça te donne l’air tellement sérieux. » Sourit-il, amusé. Tout était drôle pour lui, y compris sa propre situation, et voir la vie en rose était dans son cas le premier des symptômes de sa maladie qu’on pouvait presque appeler de l’obsession. Mais c’était au moins u aspect de lui que Emma connaissait bien qui lui était familier, contrairement au côté autodestructeur… qui allait pourtant avec.

Il lui caressa la joue avec douceur avant de lui répondre pour de bon (sa phrase précédente ressemblant à s’y méprendre à un moyen de détourner la conversation) : « Je n’étais pas aussi doué au début, il arrivait que je touche des endroits plus sensibles, mais c’est un coup à prendre. Franchement, dis-toi que si c’était si grave que ça, je n’aurais pas pu le cacher à tout le monde, hors personne ne le sait ici à part mon frère… et toi maintenant. » Ce qui était une marque importante de confiance non ?

Emma était horrifiée. Elle avait participé à ça, certaines de ces cicatrices étaient dues à son comportement lorsqu'elle était allée chez lui. Bien sûr qu'il fallait relativiser, bien sûr qu'elle ne savait pas, qu'autrement elle aurait agi avec bien moins de légèreté mais malgré tout... Elle se sentait responsable, et la réponse de Nick ne la rassura en rien. Du moins ses paroles, parce que le baiser, lui, eut de quoi lui faire tout oublier. Elle s'apprêtait déjà à répliquer lorsque les lèvres du blond se posèrent sur les siennes, et, la surprise passée, la préfète ne put que répondre au baiser. « Fais gaffe, je pense pouvoir m'y accommoder... » prévint-elle, le sourire aux lèvres. Suivant malgré tout le regard du garçon, elle vérifia à son tour qu'ils étaient bien à l'écart des autres. Pas qu'elle ne veuille pas que les élèves sachent, après tout on était à Poudlard, d'ici le lendemain tout le monde serait au courant mais... Elle était trop réservée pour s'afficher comme ça, et puis, ils avaient droit à un peu d'intimité, non ?

Se mordillant la lèvre tandis qu'elle réfléchissait, Emma fronça les sourcils lorsque son petit-ami lui dit que ses cicatrices ne choquaient personne chez lui. Comment cela pouvait-il être possible ? C'était choquant, impossible de dire le contraire, et il était indispensable d'essayer d'y remédier, elle n'en démordrait pas ! « Tu plaisantes ?! Tu dois te faire des idées Nick, c'est impossible de ne pas s'en soucier... Et pour la question financière... Je pourrais peut-être... t'aider ? Ou on pourrait voir si Madame Pomfresh a des connaissances à ce sujet, les soins sont gratuits à Poudlard... » répondit-elle précautionneusement, incertaine concernant la réaction du Serdaigle. Sa mère gagnait plutôt bien sa vie, et même si on ne pouvait pas non plus dire que la famille roulait sur l'or, elle avait quand même un train de vie aisé. Assez pour se permettre de vivre dans un grand appartement au centre de Londres, payer une partie des soins de son père, et pourquoi pas participer aux frais d'une thérapie pour Nick... Bon, déjà c'était pas dit que sa mère soit d'accord, et puis surtout, elle doutait que le blond accepte. Bien sûr qu'il allait prendre ça pour de la charité ou quelque chose comme ça, mais elle, tout ce qu'elle voulait, c'était l'aider, peu importait le moyen !

Lorsqu'il lui reprocha son air sérieux, la brune ne put s'empêcher de sourire, se détendant un peu. « Mais ne suis-je pas sérieuse, justement ? » répliqua-t-elle du tac-au-tac, sans se départir de son sourire. Il n'était peut-être pas non plus la peine d'afficher un air d'enterrement dès maintenant. Ce n'était pas la fin du monde, c'est vrai. N'empêche que ça l'inquiétait énormément, et que contrairement à Nick, elle était incapable de jouer l'insouciance. Pour commencer, il était certain qu'elle comptait faire énormément attention à son comportement et à ses actions dès maintenant. Pas question d'être à nouveau à l'origine de ses blessures, elle s'y refusait.

Elle soupira devant les paroles du Serdaigle destinées à la rassurer. Elle était contente qu'il lui fasse confiance, ça la touchait énormément, mais maintenant qu'elle savait, rien ne serait plus tout à fait pareil. Elle garderait son secret, oui, mais elle espérait surtout qu'au bout d'un temps, il n'y aurait plus rien à garder, tout simplement. Elle attrapa la main du blond, la serrant doucement. « 'Doué' ? Désolée, mais je n'arrive pas à me réjouir du fait que mon petit ami ait appris à mieux se couper la chair désormais. Quoiqu'il en soit, je suis contente que tu m'en aies parlé Nick. » conclut-elle en lui adressant un demi-sourire, pas convaincue par les paroles pseudo apaisantes du Bleu et Bronze.

Nicolas mit une mèche des cheveux bruns de sa petite amie (toujours ce terme étrange !) derrière son oreille dans un geste lent, tendre, il la regardait avec beaucoup de douceur. Son sourire était moins brillant que d’habitude, moins joyeux peut-être, mais il avait quelque chose de plus naturel. A force de parler tout le temps à tord et à travers et d’être toujours en mouvement, Nicolas avait fini par être considéré comme quelqu’un d’hyperactif qu’on ne pouvait jamais arrêter, tout chez lui était dans l’exagération, la façade tombée, il n’était plus que Nicolas. Bon, il se forçait un peu à sourire quand même, c’était un peu son truc, tenir la promesse faites il y a un peu plus de quatre ans était et resterait malgré tout sa priorité absolue.

« Moi aussi… je trouve que c’est une manière très agréable de te punir. » Il déposa d’ailleurs un nouveau baiser, plus furtif, sur les lèvres de la demoiselle. C’était sympa quand même d’avoir réussi à obtenir ce genre de relation avec la fille qui lui plaisait non ? Cela lui permettait au moins de ne plus se cacher avec au moins une personne qui ne soit pas de sa famille.

Pour la suite et surtout la proposition d’Emma, Nicolas ne s’offusqua pas spécialement de son offre. Il ne voyait pas ça comme une proposition de charité, simplement comme de l’inquiétude de sa part. Il savait qu’elle vivait dans un quartier bien plus aisé que le sien et que si elle, elle en avait eu besoin, elle aurait pu payer une thérapie, mais pour ce qu’il en savait, il préférait quand même vivre pauvrement mais avec sa famille. Surtout que bon, ils n’avaient pas assez d’argent pour lui payer un psy’ mais il avait des vêtements pas trop fripés, de quoi manger et même des loisirs, c’était loin d’être si horrible que ça d’être sans argent, c’était frustrant parfois, mais sans plus. Surtout qu’il était le dernier de la famille donc il avait toujours été gâté par ses frères et sœurs beaucoup plus vieux comme Daniel ou Megan. Moins Jenny mais lorsqu’elle était à l’autre bout du monde, elle ne pouvait pas s’occuper de son frère hein !

« Tu ne côtoies pas assez Roman toi, sinon tu saurais que chez les Jones on est un peu… inconséquent. » Ce n’était pas exactement le terme mais il n’en avait pas trouvé de plus adapter. « Madame Pomfresh n’y peut rien, ce n’est pas magique… c’est psychologique. Enfin je crois. Mais si tu veux vraiment que j’aille consulter, j’irais. » Il haussa les épaules, s’il n’y avait que ça pour faire disparaître ce petit air inquiet de la figure de sa copine, il pouvait faire l’effort d’aller raconter sa vie à un psy’. Maintenant, il fallait qu’elle en trouve un gratuit ou qu’elle se débrouille comme elle voulait, sa bonne volonté n’allait pas jusqu’à faire les recherches lui-même. Cela dit, il la connaissait, il savait que comme elle le souligna juste après, elle était sérieuse, si elle se mettait en tête qu’il devait se faire soigner, il n’allait pas passer longtemps avant qu’elle trouve un moyen (même un qu’il jugerait stupide) pour ça.

« Oh si tu es sérieuse ! C’est pour ça que tu es ma petite binôme préférée ! » la taquina-t-il, il adorait la charrier, ça ne changerait pas ça au moins. Il continua d’ailleurs lorsqu’elle s’offusqua, non mais elle n’avait pas compris ce qu’il avait dit à priori ! Il eut un petit rire, un peu aigre, et se pencha pour n’avoir pas à parler trop fort. Il ne voulait pas que leur conversation tombe dans des oreilles indiscrètes. C’était son secret après tout. « J’ai failli me couper les veines sans faire exprès la deuxième fois, alors si, c’est bien que je sois devenu doué. » Il lui fit un clin d’œil, se dévoilant comme le je-m’en-foutiste dans toute sa splendeur.

« Et si on arrêtait de parler de tout ça et qu’on s’embrassait plutôt ? » Bah quoi ? c’est mieux non ?

Est-ce qu'Emma était heureuse ? Oui. Est-ce qu'elle était inquiète ? Oui. Bien sûr qu'elle était ravie de sentir le contact des lèvres de Nick sur les siennes, et bien sûr qu'un sourire un brin niais s'était un instant glissé sur ses lèvres. Mais, car il y avait bien, cela n'effaçait en rien la nouvelle qu'il venait de lui révéler. Elle voyait le blond sous un nouveau jour, au-delà des apparences, et cela l'amenait à se faire du souci pour lui. Et s'il finissait par se couper vraiment gravement, et s'il manquait de se tuer ? Elle ne pourrait que s'en vouloir à elle-même de ne pas avoir prévenu des personnes qualifiées plus tôt. Mais sa mère était au courant visiblement, tout comme le reste de sa famille. Ils savaient, et pourtant rien n'avait été fait pour l'empêcher de se blesser ainsi, et elle trouvait ça aberrant, même s'ils manquaient de moyens.

Elle sourit faiblement à Nick, frissonnant un peu au nouveau contact, pas parce que c'était déplaisant mais plutôt parce que c'était nouveau, et grisant, en quelque sorte. Seulement elle continuait à scruter le visage du garçon avec une certaine inquiétude, parce que non, elle n'oublierait pas. Et justement, elle l'écouta lui parler de son frère aîné, ses paroles lui faisant froncer les sourcils. Comment ça 'inconséquent' ? Même quand il s'agissait de la santé de son propre frère ? « C'est un collègue, sans plus, alors effectivement je ne sais pas grand chose de lui. Mais j'ai quand même du mal à croire qu'il s'en fiche... C'est insensé ! » commenta-t-elle non sans une certaine irritation. Elle avait bien envie d'aller faire part de ses quatre vérités au préfet de Poufsouffle, là tout de suite. Comment se faisait-il qu'il n'ait jamais cherché à aider Nicolas à trouver un quelconque traitement ou une aide quelle qu'elle soit ? Indifférent ? Ce n'était pourtant pas l'impression qu'il donnait lorsqu'elle le voyait. Enfin, si, bien sûr, mais pas comme ça. Du genre à oublier de faire ses devoirs ou balancer des bombabouses sur d'autres élèves, peut-être, mais à négliger son frère, non, et ça altérait un peu la considération qu'elle pouvait avoir pour lui.

Elle hocha la tête avec soulagement lorsqu'il accepta de consulter. Bien, c'était déjà un premier pas, tout petit certes, mais au moins il ne s'opposait pas à être soigné. Si Madame Pomfresh n'y pouvait rien, il n'était pas dit qu'il n'existait personne en mesure de l'aider pour autant. Dans un premier temps, elle commencerait par rassembler le maximum d'informations possibles sur le sujet, à l'appui des livres de la bibliothèque si nécessaire, et dans un second temps elle tâcherait de trouver un spécialiste, lors des prochaines vacances qu'elle passerait chez elle. Il n'était pas question de laisser Nick se faire du mal indéfiniment. Et si lui n'était pas décidé à agir, Emma, elle, ne comptait pas rester tranquillement de son côté sans rien faire. « Hey ! Dois-je comprendre que tu ne m'aimes donc que pour mes capacités académiques ? » fit-elle semblant de s'offusquer, bien que le sourire ne trompa pas. Elle ne l'admettrait peut-être jamais oralement, mais elle aimait (entre autres) être reconnue pour ses performances scolaires. Elle ne s'en vantait pas pour autant, c'était certain, mais être considérée comme l'une des meilleures élèves de son année n'avait rien pour lui déplaire.

En revanche, lorsqu'il lui expliqua pourquoi le fait qu'il se soit amélioré dans le domaine du découpage de chair était une si bonne nouvelle, elle perdit aussitôt son sourire, un air indéfinissable sur le visage. « Nick ! Ne fais pas l'insouciant... Il faut vraiment qu'on trouve un moyen pour que tu arrêtes, que tu sois devenu 'doué' ou pas. Tu ne peux pas continuer comme ça... » décréta-t-elle en se mordillant la lèvre d'un air soucieux. Elle céda néanmoins et sourit avec amusement à la proposition du blondinet, mettant sa préoccupation de côté pour un instant. « Qu'est-ce qui te dit que j'ai envie de retenter l'expérience ? Si ça se trouve le premier baiser n'était pas à la hauteur de mes espérances... » le taquina-t-elle, un sourire espiègle sur les lèvres. S'il se permettait de se moquer d'elle, elle pouvait bien inverser les rôles une fois de temps en temps, non ?

[711]

TOUS COMPTES
NEW YEAR