C'est malin! (PV)

Arya était furax contre les garçons de sa maison. Elle traversait tout le château pour se rendre au septième étage, là où on lui avait expliqué que se trouvait la salle sur demande qu’évidemment, la brunette ne connaissait pas jusqu’alors. Comment aurait-elle pu, elle avait débarqué un an plus tôt, toute nouvelle et n’avait pas vraiment passé son temps à chercher les passages secrets. Celui-ci, par exemple, elle s’en serait bien passée – ou du moins de cette façon d’en apprendre l’existence. Non mais sérieusement, à quoi pensaient-ils tous ? Le couvre-feu était passé, à présent. Heureusement qu’elle avait un badge de Préfète à la poitrine qui disait qu’elle pouvait éventuellement être en ronde. Ca passerait avec Elyna, sans doute avec Felix ou Samara – après, il fallait simplement espérer que les Gryffondor et les Serpentard ne l’embêteraient pas. Remarquez, elle ne savait absolument pas qui faisait la ronde cette nuit là.

- Ils sont vraiment pas possibles, marmonna-t-elle pour elle-même alors qu’elle passait au coin du couloir qui devait la mener à la salle sur demande. La porte était là. Elle ne l’avait jamais vue, jusqu’à présent, mais la brunette supposait qu’en partant les autres Serdaigle n’avaient pas pris la peine de la cacher. Arya ne voulait même pas imaginer ce qu’il se serait passé si quelqu’un d’autre – au hasard, Rusard ! avait trouvé la pièce avant elle, et Corey à l’intérieur. Sérieusement, à quoi avaient-ils pu penser ? Sans doute n’avaient-ils même pas un seul instant réfléchi aux conséquences que leurs actes pouvaient avoir. Arya poussa la porte.

Une puissante odeur d’alcool la prit tout de suite aux narines. C’était une porcherie, à vrai dire. Les cadavres de bouteilles traînaient par terre, de même que le liquide qui s’en était échappé. De vrais enfants qui jouaient avec ce qu’ils ne devraient pas. Cela n’était pas pour améliorer l’humeur d’Arya envers Nicolas et sa bande. Heureusement, dans l’état où il était, affalé dans un canapé qui au moins était propre, Corey pourrait éviter d’en faire les frais.

- Récurvite, murmura Arya qui ne connaissait pas encore toutes les propriétés de la salle sur demande afin de nettoyer le sol de l’alcool et des bouteilles histoire que si quelqu’un les surprenne, on ne puisse l’accuser de rien. Elle s’approcha ensuite de son meilleur ami et s’agenouilla en face de sa tête.

- Eh ! Corey ! Ca va ?

La question n’était pas des plus intelligentes : évidemment que ça n’allait pas au mieux, sinon il serait d’ores et déjà rentré dans la salle commune et Arya n’aurait pas eu besoin d’être là, mais que pouvait-elle dire d’autre ? La Serdaigle n’était pas une moralisatrice et elle n’allait certainement pas se mettre à dire à son ami que ce qu’il avait fait n’était pas bien. En tout cas, pas comme ça et pas maintenant. Le plus important était de le remettre à peu près debout – au moins sur ses deux jambes - et qu’ils rentrent à la salle commune. Le chemin serait assez long comme ça pour qu’ils ne s’embêtent pas à débattre avant d’être arrivés à bon port. Quoiqu’elle dise, Arya sentait qu’elle aurait de toute façon raison puisqu’elle était venue chercher Corey, qu’elle était plus vieille et qu’elle était Préfète.

[540 mots]

Corey ne savait pas exactement pourquoi, ni comment, il en était arrivé là. Nicolas lui avait proposé de le rejoindre avec une bande de copain et comme notre jeune Heap était plutôt sociable, il avait suivi le mouvement. Ils avaient commencé à boire, Corey écoutant les histoires des autres garçons, leurs histoires de cœur surtout, ce qui lui confirma qu'il faisait bien de rester tout seul. Mais c'était la première fois que le jeune serdaigle buvait plus qu'une petite coupe de champagne au dessert. Il avait continué au rythme des autres pour ne pas passer pour un petit joueur, mais, rapidement, la tête lui avait tourné. Et puis, cela avait été le blackout, il avait sombré dans un profond sommeil et il dormait maintenant comme un bienheureux, couché de tout son long sur le canapé de la salle sur demande. Il commença à émerger lorsqu'une voix familière résonna à ses oreilles, une voix qui lui fit immédiatement mal à la tête. Il regretta d'avoir ouvert les yeux et d'être sorti de sa confortable inconscience. Cette dernière l'avait jusque là protégé de ce que l'on nomme communément la gueule de bois... et encore, comme ils n'avaient pas fait de mélanges douteux, il ne s'en sortait pas trop mal, il se sentait nauséeux, mais pas près à vomir. Il papillonna des cils deux ou trois fois, tentant de faire le point sur le visage d'Arya. Il lui semblait un peu flou. Il voulu répondre, sa bouche était pâteuse. Pouah... Cela lui prit donc quelques secondes supplémentaires pour réussir à parler.

« Ouai, ouai... ça va... mais parle moins fort s'te plaît... j'ai un de ces mal au crâne ! Merlin ! On dirait que des lutins jouent de la cornemuse quelque part dans mon cerveau. » Il se releva, précautionneusement, avec une belle marque sur la joue faite par le tissu du canapé. Il voulu se lever, mais il sentit ses jambes se dérober et il retomba douloureusement sur les coussins, un air ahuri accroché à sa bouille angélique. Trop angélique pour quelqu'un qui se prenait une cuite d'ailleurs.

« Wahou ! Ça taaangue ! » Il eu le cerveau qui bugua encore une fois, le mettant momentanément sur pause (et Corey étant plutôt intelligent, c'était rare qu'il ait l'air aussi bête). Lorsqu'il eut repris ses esprits (façon de parler) au bout d'une ou deux respirations profondes qui, certes, l'aidèrent à penser, mais augmentèrent la nausée, il réalisa que quelque chose clochait.

« Qu'est-ce que tu fais là au fait ? » Bah oui, leur réunion entre mec, c'était sensé être un secret, qui avait cafté ? Nicolas ? Un des autres ? Il n'était pas fier que Arya le voit dans cet état même s'il était encore sous le coup de l'euphorie que lui provoquait l'afflux d'alcool, toujours présent dans le sang. Quelque part, même s'il adorait Arya, que c'était sa meilleure amie et tout, il regrettait qu'elle soit celle qui l'avait trouvé, il aurait préféré avoir affaire à un mec. Enfin, à Serdaigle, c'était délicat, il n'y avait pas de préfet, juste des préfètes... Mais il se serait senti quand même plus à l'aise avec quelqu'un possédant le chromosome Y comme lui (car l'alcool c'est viril ~~et non pas idiot~~ comme chacun sait).

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Corey émergeait – ou tentait de le faire – des brumes dans lesquelles l’alcool l’avait plongé. Jones était vraiment un imbécile : lui, il avait seize ans donc pouvait faire ce qu’il voulait mais qu’il n’entraîne pas Corey dans ses conneries et surtout qu’il ne l’abandonne pas ainsi ! Les autres n’étaient pas mieux, aucun plus intelligent pour rattraper les autres. Ca n’était pas plus étonnant que ça qu’il y ait deux filles à la tête de Serdaigle et pas un seul garçon, s’ils réfléchissaient tous autant que ça. Arya tenta toutefois de se calmer afin de ne pas causer plus de douleur que nécessaire à son ami, même si celui-ci l’avait plutôt méritée. Elle baissa donc la voix.

- Ca t’apprendra pour la prochaine fois, dit-elle gentiment. Je crois qu’il y a un sort pour ça, mais je m’en souviens plus…

Peut-être, d’ailleurs, ne l’avait-elle jamais appris. Il devait pourtant bien y avoir quelqu’un qui lui en avait parlé pour qu’elle ait eu cette idée ; ça ne lui serait jamais venu tout seul. Sinon, il fallait mettre cela sur le compte de l’heure tout de même tardive. Bref, on n’allait pas s’en prendre à Arya parce qu’elle ne savait pas comment mieux aider son ami dans une telle situation qu’elle ne le faisait déjà. Après tout, personne n’avait forcé Corey à boire.

Corey tenta de se lever mais sans succès puisqu’encore totalement imbibé, il retomba aussi vite avec une face qui aurait pu le faire traiter d’idiot. Comme le garçon le supposait, Arya aussi aurait préféré ne pas le voir dans cette situation mais puisqu’apparemment il n’y avait personne d’autre pour s’occuper de lui, elle était là. La demoiselle choisit de prendre positivement la situation – après tout, ce serait une bonne histoire à raconter quand ils seraient plus grands.

- Calme-toi, te lèves pas trop vite, on a le temps.

En fait, ils ne l’avaient pas vraiment mais ça ne changeait rien au problème : le jeune homme venait de se réveiller il n’allait certainement pas être disponible tout de suite pour une course à travers les couloirs. Le mieux serait peut-être qu’il reste là jusqu’au matin mais Arya ne savait pas du tout comment cacher la salle aux fouineries de Rusard. Même si la Serdaigle avait caché les preuves, il ne fallait pas que le concierge irascible trouve Corey seul en-dehors du dortoir.

- Je suis venue te chercher, qu’est-ce que tu crois ? Personne savait où t’étais, j’ai dû faire parler tes potes. Ils avaient tellement bu que c’était pas difficile.

Du moins, c’est ce qu’imaginait Arya puisqu’elle n’avait jusqu’à présent pas trouvé Jones très loquace – pas avec elle en tout cas, d’autant plus depuis que l’ancienne Préfète avait quitté l’école. Cette fois-ci, en revanche, ça avait été tout seul. Sa propre expérience avec l’alcool étant plus limitée (pas avant ta majorité, disaient ses parents adoptifs), Arya n’était pas vraiment sûre des effets qu’il pouvait avoir sur les gens. Voir Corey ainsi risquait en tout cas de la dissuader de jamais abuser sur la boisson. Nous savons tous cependant que ce genre de résolutions ne dure jamais vraiment longtemps.

[521 mots]

FLECHES
TOUT COMPTÉ

« Houla... pas de sort hein... je ne veux pas en plus me retrouver avec un troisième bras. » ce n'était pas tellement qu'il pensait que sa meilleure ratait souvent ses sorts (il pensait plutôt tout le contraire), mais il n'avait pas envie de les tester aujourd'hui, c'est tout. C'était bien assez douloureux d'avoir la gueule de bois sans en rajouter avec des expériences incertaines... et puis, elle disait elle-même qu'elle ne s'en souvenait plus, même si la voix d'Arya parvenait tout de même comme très lointaine dans l'esprit de Corey. Il était encore embrumé dans les vapeurs d'alcool et il ne voyait pas clair alors qu'il avait plutôt une vue correcte d'ordinaire (il était question qu'il porte des lunettes pour lire, mais rien de plus pour l'instant).

« Le temps ? » Oui, nous l'avons dit, son cerveau avait quelques bugs, donc il avait un peu de mal à réaliser ce dont il était question exactement. En effet, il était partagé entre le fait qu'il comprenait les mots mais, étrangement, le sens de la phrase lui restait inconnu. En conséquence, il s'en fichait parce qu'il était dans le brouillard, et en même temps, ça l'énervait de ne pas avoir l'esprit clair, comme toute personne habitué à vite comprendre.

« Il est quelle heure déjà ? » une question claire, il trouvait qu'il progressait, c'était déjà pas mal, non ? Exceptionnellement, ce soir, il allait se contenter de peu, parce qu'il ne pensait pas pouvoir être pire un autre jour dans sa vie. La boisson, c'était terminé ! Ok, ok, il disait ça maintenant et il était loin d'être sûr qu'il s'y tiendrait quand il serait plus vieux, mais s'il attendait d'être majeur, ce serait déjà un gros progrès. Car la majorité, il en était loin, il n'avait que quatorze ans après tout ! Et pour l'instant, il était toujours américain (même si ses parents étaient en train d'essayer d'obtenir la nationalité anglaise), donc il n'avait même pas le droit de boire jusqu'à ses vingt-et-un ans !!!!

« Mes potes ? Ah... oui... eux. Bah... je... je peux te dire un truc... » bafouilla-t-il, cherchant ce qu'il voulait dire, parce qu'il l'avait déjà oublié, tellement il était encore imbibé. Cependant, ce problème d'élocution l'inquiétait moins que de perdre ses idées, parce que ça, c'était réellement déstabilisant.

« Ils... ils tiennent mieux l'alcool que moi... » Voilà qui était comme d'enfoncer une porte ouverte puisqu'il s'était retrouvé tout seul, endormi dans la salle sur demande, complètement incapable de sortir puisqu'il n'était pas fichu de tenir sur ses deux jambes. Sans Arya, il aurait même continué à dormir encore un peu et il se serait peut-être seulement réveillé le lendemain matin avec quelques heures de colle avec Rusard à la clef... parce que quelqu'un aurait fini par se rendre de compte de son absence, quelqu'un de plus gênant que sa meilleure amie. Elle, elle allait lui passer un savon (elle n'avait pas l'air ravie de le trouver ici), mais elle n'était pas du genre à le faire punir, enfin, il ne pensait pas. Et la punition, pour l'instant, ce n'était pas sa préoccupation non plus pour être francs.

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- Vive la confiance, murmura Arya tout souriant pour la première fois de la soirée puisqu’elle savait bien que Corey ne savait pas vraiment ce qu’il disait ; ou plutôt, elle se doutait (sinon elle espérait) que le jeune homme était au courant qu’elle était capable de réussir un sort dans des conditions normales. En même temps, la brunette elle-même avait précisé qu’elle n’était pas sûre de s’en souvenir et dans ces conditions il valait peut-être mieux s’abstenir de tenter un sort, en effet même si Arya était sûre de ne pas réussir à faire pousser de bras à Corey (remarquez, ce serait amusant).

Ce qu’Arya ne comprit pas en revanche, c’est la question que lui posa son ami sur le temps. Le temps ? Comment ça, le temps ? La Serdaigle n’avait pas de diplôme en traduction de propos incompréhensibles alors s’il vous plait, un peu de cohérence, merci pour elle. Il lui fallut donc un peu de temps pour que tout cela fasse son chemin vers son cerveau et qu’elle mette en relation la question de Corey avec ce qu’elle-même venait de dire, un nouveau problème se posant alors : comment expliquer les choses les plus simples du monde à quelqu’un qui, apparemment, n’était pas capable de les comprendre ?

- Oui, on n’est pas pressés…

Pas sûr qu’il comprenne mais Arya ne pouvait faire plus : elle n’avait jamais appris à parler aux gens ayant une gueule de bois, ne l’ayant jamais eue elle-même. D’ailleurs, ça n’aurait pas dû être à elle de se retrouver là mais bien aux copains de Corey, si on pouvait les appeler ainsi. Oui, Arya radotait mais en même temps il n’y avait rien de très agréable dans la situation où elle se trouvait, le fait d’être avec un ami mis à part.

Arya écouta avec toute la patience dont elle était capable Corey commencer et tenter de finir une phrase comme il le pouvait ; mais alors qu’elle s’attendait à quelque chose de… elle ne savait pas trop à quoi elle s’attendait, mais certainement pas à ça. Elle poussa un soupir des plus indiscrets :

- Oui, j’ai cru remarquer.

Acerbe, la remarque ? Oui, certainement, c’était un peu le but, en même temps : Arya ne viendrait pas chercher Corey dans la salle sur demande – ou n’importe où – à chaque fois qu’il se mettrait une mine si ça lui chantait. La prochaine fois, il n’aurait qu’à se débrouiller seul et il fallait qu’il comprenne cela.

- J’espère que t’avais une bonne excuse, au moins…

Arya n’était pas sûre de savoir ce qu’était une bonne excuse pour boire jusqu’à s’endormir seul au beau milieu du château, mais elle en avait une petite idée. La déception amoureuse venait en tête, suivie d’une très mauvaise note (en même temps, ils étaient à Serdaigle…). Bizarrement, elle ne pensait pas qu’il s’agît d’une mauvaise nouvelle ayant rapport à la famille ou à quelque chose du genre ; dans ce genre de moments, on avait probablement d’autres réactions. En tout cas, ce n’est pas ce qu’elle avait fait, à l’époque. En même temps, elle avait onze ans.

[521 mots]

Ce n'était même pas un problème de confiance, seulement un problème de clarté. Si elle n'était pas sûre, elle n'essayait pas, c'est tout, mais ça leur semblait tellement évident à tous les deux qu'il ne prit pas la peine de rebondir sur la question, il jugeait que c'était complètement inutile à bien des égards, surtout celui que moins il parlait, moins il se ridiculisait. En plus, il avait posé une question claire, une seule, et elle n'avait pas répondu, alors il était un peu frustré, parce que ça allait l'obliger à la reposer, et il n'en avait pas envie. Honnêtement, là, son rêve, c'était de retrouver la salle commune, son lit, et d'y rester jusqu'à ce que les lutins arrêtent de tambouriner dans son cerveau.

« Est-ce que tu aurais l'heure s'il te plaît ? » Répéta-t-il avec une autre formulation, tellement plus complexe qu'il s'en augmenta sa migraine. Il avait du mal à parler, à tenir debout, ça commençait à sérieusement l'agacer le petit Corey ! Il n'avait aucune envie de continuer à être aussi maladroit, d'où, certainement (plus que la migraine) ce désir de se coucher et de dormir. Une fois que la gueule de bois et les effets de l'alcool se seraient dissipés, il irait sûrement mieux. Il avait entendu dire que l'alcool pouvait griller des neurones, mais il ne pensait quand même pas avoir assez bu pour que ce soit le cas. Il était loin du coma éthylique (la preuve, il parlait, il bougeait, même s'il avait du mal), enfin, en tout cas, il espérait que sa bêtise n'aurait pas de conséquence, mais qu'on se rassure, non, en effet, il n'y en aurait pas... si ce n'est que, probablement, son image auprès d'Arya n'en sortait pas grandie.

« Non. » Non, il n'avait pas de bonne excuse, il s'était laissé entraîné par les autres, qui étaient globalement plus vieux que lui, et c'était tout. Il avait voulu faire comme les copains, c'était une erreur courante, et il ne pensait pas que cela puisse mériter le fouet !

« On discutait... on jouait... et il y avait des bouteilles... j'ai voulu suivre mais... » Il tenta de hausser les épaules et arrêta son geste dans une grimace, cela ne faisait qu'augmenter son mal au crâne. Il n'avait pas de chagrin, pas de problème, sa vie était tout ce qu'il y avait de plus banale. Peut-être, s'il fallait une raison, qu'il avait seulement voulu la pimenter, mais il n'y en avait pas d'autres... croyez le bien.

« C'était pas une bonne idée. » Point. Il avait déconné quoi. Conscient de la chose malgré la brume qui l'entourait et qui paralysait ses fonctions cognitives (habituellement efficace), il tenta de marcher, il ne pouvait pas rester là, son lit n'y était pas, et il était son unique objectif de la soirée. Quand il aurait les idées plus claires, ils en reparleraient et il lui raconterait les détails, mais là, il n'en était pas capable, ce n'était pas plus compliqué que ça, il aurait beau essayé, ce serait un flop. Il en était le premier contrarié. Certes il avait bu, mais celui qui avait mal maintenant, c'était lui aussi.

Oui, l'alcool est de mauvaise foi, toujours.

{535}

FRIENSHIP
TOUS COMPTES

Comment ça ? L’heure ? Arya réfléchit vite fait avant de se dire qu’effectivement, Corey avait dû lui poser la question mais que toute occupée par les soucis qu’il lui causait (enfin, il n’était pas non plus l’unique responsable mais elle n’allait pas le plaindre lui !) elle l’avait escamotée. La Serdaigle sourit en guise d’excuse puis secoua son bras pour laisser apparaître sa montre. Ses yeux se posèrent sur l’aiguille qui trottait le long des douze chiffres avant de se poser sur l’autre, plus petite, qui indiquait les minutes et était le trois tout à droite. Arya n’avait nul besoin de regarder la toute petite : elle savait quand elle avait quitté la tour de sa maison et, dès lors, l’heure qu’il devait être.

- Dix heures et quart.

Le couvre-feu était donc passé et il fallait espérer qu’ils ne tomberaient pas sur un professeur ou un Préfet de Serpentard ; Arya ne savait pas ce qui était le pire. Sans doute les professeurs, la jeune femme n’ayant rien à leur opposer. Sans compter qu’ils n’aimeraient pas trouver Corey dans l’état où il était. Il ne fallait pas leur en vouloir : ça ne plaisait pas plus à la Serdaigle mais comme elle était l’amie de l’Américain, elle pouvait s’y faire.

Corey n’avait donc pas d’excuse pour être sorti se mettre mine, sinon l’envie de faire comme ses potes. Bon, Arya pouvait difficilement l’en blâmer ; elle n’était pas sûre qu’elle y aurait elle-même échappée si elle avait été à sa place. De toute façon, au risque de me répéter, ça n’était pas tant l’attitude de Corey que celle de ses amis qui avait embêté la demoiselle.

- Heureuse que tu t’en rendes compte. Dommage que ce soit un peu tard.

Encore une fois, ça n’était pas très cool pour elle de faire la morale à Corey qui se trouvait sans doute bien assez puni à son goût mais il devait comprendre qu’elle ne viendrait pas le chercher à chaque fois qu’il serait bourré, à Poudlard ou ailleurs. Il devait se trouver une petite copine pour ça. Ou de meilleurs potes, garçons s’entend. Bref, Arya ne comptait pas être la préposée aux alcolos puisqu’elle se doutait bien qu’il recommencerait à un moment ou à un autre. Sans doute pas tout de suite, la leçon lui aurait suffi, mais ça viendrait. C’était d’ailleurs le moment pour placer une autre petite pique mais au moment d’ouvrir la bouche pour parler de nouveau, Arya se rendit compte qu’elle ne pouvait décidément pas dire ça. C’était au-delà de sa fierté personnelle, même s’il était probable que Corey ait trop bu pour s’en souvenir le lendemain ou pour la comprendre. En tout cas, il valait mieux que cela reste entre elle et elle.

- Préviens-moi quand tu peux marcher.

Je l’ai dit, ils n’avaient pas forcément le temps de traîner mais Arya ne pouvait de toute façon pas forcer Corey à marcher et ne comptait pas le porter jusqu’à la salle commune de Serdaigle. Au pire, elle irait réveiller Jones pour qu’il assume les conséquences de ses actes. Et de ceux qu’il avait fait faire à Corey.

« En même temps... » En même temps quoi déjà ? Il fronça les sourcils. Il avait un truc à dire, mais c'était quoi ? Il se frotta les tempes d'un air absent tentant de retrouver la suite de sa phrase. Lorsque cela lui revint, il prit une profonde inspiration. Mal lui en prit, il se sentit immédiatement nauséeux. Bon, l'alcool, ce n'était vraiment pas pour lui. Au moins était-il fixé sur la question maintenant, ce n'était pas si mal, au fond, de savoir ce genre de choses.

« En même temps... si je l'avais su avant... je ne l'aurais pas fait... et on n'aurait pas cette conversation. » Il n'était pas encore assez ivre pour avoir perdu toute logique, même s'il l'était trop pour comprendre la réaction d'Arya. Cela viendrait plus tard, lorsqu'il aurait décuvé. Dans l'immédiat, il rêvait de son lit, et ce n'était pas si mal déjà, parce que du coup, il était très motivé pour marcher. Le premier couvre feu était déjà passé, le second ne tarderait pas, après la punition était grande pour celui qui se balade après dix-heures et demi dans le château car même à l'intérieur des salles communes, il devrait être couché à cette heure-ci ! Couché ! Ah ! Il en rêvait ! Son lit était si confortable !

Il hésita. Il fit quelques pas. Son équilibre était très loin d'être folichon mais ça allait encore par rapport au moment de son réveil. « ça va aller. Je pense qu'on peut y aller. » Il se tint quand même à Arya et les deux amis sortirent de la salle sur demande. Ils avancèrent lentement mais sûrement vers le chemin de la salle commune des Serdaigle qui n'était, malheureusement, pas la plus proche, loin s'en faut. Monter les escaliers se révéla plutôt laborieux, mais lorsqu'ils arrivèrent enfin à destination, Corey fut bien content car son objectif n'était plus très loin. Il ne restait plus qu'un seul escalier à gravir, celui qui menait aux dortoirs des garçons, et ce serait bon ! Une nouvelle fois, avec l'aide d'Arya, il les monta. Une fois dans la chambre, il avança seul vers son lit, défit ses chaussures d'un geste sec et se laissa tomber sur le matelas. Il attrapa un coussin et mit sa tête dedans d'un air heureux. « Merci Arya. » Souffla-t-il en baillant avant de fermer les yeux. « Bonne nuit. » Si elle devait le gronder encore, ce serait pour demain car il sombrait déjà dans le sommeil.

{Terminé pour Corey}

Arya attendit calmement que Corey continue à reprendre ses esprits et finisse la phrase qu’il avait à peine commencée. Sa colère était plus ou moins retombée et elle n’allait pas continuer à s’acharner sur son ami. On ne frappe pas un homme à terre, dit l’adage et Arya devait lui reconnaître une certaine vérité, particulièrement quand l’homme à terre était supposé être son meilleur ami. Si la Préfète était quelque peu déçue par l’attitude de Corey, elle n’allait pas en faire un plat pendant encore six mois. Ce qui était fait était fait et le plus tôt ils seraient dans leur dortoir, le mieux ce serait.

- Logique imparable, murmura donc Arya une fois que Corey eut exprimé sa pensée. Au moins, tu es prévenu.

Et avec un peu de chance et de bon sens, Arya n’aurait plus à aller le récupérer vacillant. Cela lui rappela d’ailleurs qu’elle devait passer un savon à Nicolas Jones pour avoir abandonné Corey dans la salle sur demande sans le raccompagner. Sérieusement, pouvait-on avoir seize ans, être à Serdaigle et être aussi irresponsable ? Comme elle ne pouvait de toute façon rien y changer là maintenant, la Préfète chassa aussi cette pensée désagréable de son esprit : Corey était prêt à repartir et c’était tant mieux. Enfin, elle allait pouvoir elle aussi aller se coucher.

- C’est parti alors, ajouta-t-elle, toujours à voix basse. Il n’y avait aucune raison de crier ; Corey était à côté d’elle.

Accrochés l’un à l’autre – ou plutôt avec Corey accroché à son bras, Arya sortit de la salle sur demande dont la porte, une fois refermée, disparu dans le mur selon la magie qui était la sienne.

Cahin-caha, leur étrange équipée parvint à arriver à la tour de Serdaigle sans encombre – comprendre sans rencontrer de représentant de l’autorité, ce qui aurait pu forcer à Arya à quelques tours de passe-passe ou de négociation qu’à tout prendre, elle préférait éviter. Elle n’eut plus ensuite qu’à amener Corey à son dortoir, autre paire de manche dans la mesure où il était préférable de ne pas réveiller les autres garçons, même si la Préfète aurait volontiers été chercher Jones pour lui passer son savon maintenant. Enfin, ils se séparèrent.

- De rien, grogna-t-elle alors que Corey tombait dans son lit. Bonne nuit.

Même trajet pour elle : Arya se rendit elle aussi dans son dortoir pour se poser sur son lit – sauf qu’elle passa par la case pyjama puisqu’elle était loin d’accuser la même fatigue que son ami. Elle finit par s’endormir en ruminant sa vengeance contre Jones et ses semblables.

[TERMINE]

» Le lionceau malin //
» Faux somnambule, vrai p'tit malin [PV]