Aïe ! (PV)

Habituellement, Gabriella n'était pas le genre de fille à se plaindre des animaux, bien au contraire. Elle les adorait. Peu importe lesquels. Chiens, chats, hippogriffes, hiboux, crapaud (en particulier Gilbert) ... Elle les aimait tous. Mais cette fois ... Cette fois, c'était différent. C'était la première fois qu'elle se faisait mordre par l'un d'entre eux, raison pour laquelle son enchantement s'était un peu terni. Lequel d'entre eux porterait sur lui la haine de la petite Poufsouffle ? Eh bien, il s'agissait de nul autre animal que le ~~stupide~~ chat d'Ellyanna, une de ses deux soeurs. Si on lui avait déjà souligné que cet animal était totalement associal, elle ne l'avait pas cru ... Jusqu'à maintenant. En le voyant dans les bras de la Serdaigle, elle avait voulu l'approcher pour le flatter ... Mais elle l'avait bien vite regretté. Le chaton lui avait griffé la figure, juste à côté de l'oeil gauche. Elle avait tenté d'arrêter les saignements mais rien n'y avait fait. Ellyanna était alors allée reconduire Gabriella à l'infirmerie, n'ayant peur que ce ne soit plus grave que toutes deux ne le croyaient (c'était Ellyanna Lee ; toujours à s'inquiéter pour les autres). En attendant l'infirmier, la fillette avait fusillé l'animal du regard pour ensuite planter son regard dans celui de sa soeur.
"On te l'avait déjà dit qu'il était sauvage, celui-là, fit-elle, en colère. Tu le vois bien, maintenant ?"
Sa soeur jumelle avait froncé les sourcils avant de répliquer :
"Il n'est pas comme ça avec moi. Vous avez une mauvaise approche, c'est tout. Il ne faut pas planter ton visage à deux pouces du sien. Ça lui fait peur. C'est pour ça qu'il réagit comme ça."
Gabriella avait détourné le regard, ne souhaitant pas se mettre en colère contre la Serdaigle, qui avait la mauvaise habitude de toujours croire qu'elle avait raison. Mais visiblement, dans ce cas-ci, on ne pouvait nier que le chat était pour le moins qu'on puisse dire assez sauvage.

Ellyanna resta avec elle jusqu'à ce que l'infirmier n'arrive. Après quoi, elle se rendit à son cours de vol, que Gabriella allait, une fois de plus, rater. (Comme quoi ce genre d'incident nous empêchait toujours de faire ce qui nous plaisait le plus ...) L'homme observa sa blessure puis partit chercher (chercher quoi, au juste ?) quelque chose à l'arrière. Entre temps, une autre élève poussa la porte de l'infirmerie. La voyant, Gabriella se dit qu'une petite discussion ne lui ferait sans doute pas de mal, bien que ce visage ne lui fut guère familier. Et puis, si l'autre fille était là, probablement elle aussi trouverait-elle plus agréable de discuter plutôt que de se concentrer sur sa blessure ... Elle n'hésita donc pas longtemps avant de la saluer.
"Salut ! s'exclama la Poufsouffle. Ça va ?"
Elle ne se rendit compte que par la suite que cette question était un peu inappropriée vu le lieu où elles se trouvaient toutes deux en ce moment-même. Mais elle passa vite sur ce détail.
"Je m'appèle Gabriella, fit-elle, avec un grand sourire. Et toi ?"
Elle s'interrompit un instant, le temps d'entendre la réponse de son interlocutrice. Puis, elle ajouta, en pointant sa blessure :
"Le chat de ma soeur m'a griffé. Il est vraiment sauvage, celui-là. On lui avait déjà dit à Ellyanna qu'il était dangereux avec tout le monde mais elle ne veut rien entendre. La seule personne qui puisse l'approcher, c'est elle, alors ..."

Un soupir s'échappa des lèvres de Ruby alors qu'un nouvel éternuement lui échappait. Au début, elle ne s'en était pas alarmée, elle n'avait rien fait. Elle avait continué à aller en cours, elle avait également fait comme si rien ne s'était passait mais après tout, on ne pouvait pas non plus vraiment dire que c'étati facile pour tout le monde. Les gens la prenaient très certainement pour une dingue qui aurait sans doute mieux fait de creuser un trou et de s'y cacher. Bon, okay, elle allait un peu trop loin. Même vraiment trop loin. Les gens ne la pensaient pas dingue et si c'était le cas, ce n'était pas par rapport à ce qu'elle faisait là tout de suite, mais uniquement parce qu'elle.. Parce qu'elle était un peu méchante et froide. Oui voilà, c'était surtout de ce côté là qu'elle était insupportable, uniquement là dessus. Mais pour le reste bah.. Ca pouvait très vite devenir une toute autre histoire. Même si ce n'était pas si facile que ça. Enfin bon, pour le reste, bah elle s'en foutait un peu de tout ça.

Enfin bref, tout ça pour dire que depuis quelques semaines, elle avait la grippe. Bon, okay, elle éternuait et ça ennuyait tout le monde, mais ce n'était pas tout hein! Figurez vous qu'à côté de ça, elle était également en pleine crise de toux et qu'elle était totalement insupportable. Suivre un cours était comme impossible. Ca énervait tout le monde. Et du coup, elle pouvait très bien comprendre que ouais, il était absolument insupportable pour elle de se laisser faire de ce genre de manières, elle ne le supportait pas. Certes oui, être malade était insupportable. Mais à côté de ça, elle s'en moquait. Elle détestait aller chez le médecin, elle détestait avoir à se soucier de ça mais au final, elle se rendait aussi compte qu'elle n'avait absolument pas le choix et c'était surtout sur ça qu'il allait falloir que l'on se concentre, même si ce n'était pas aussi facile à chaque instant. Elle était parfaitement en mesure de faire avec. Aucun doute sur la question oui. Et elle allait parfaitement être capable de faire avec. Sans le moindre doute. Oui. Que cela soit facile ou non, d'ailleurs. Elle n'avait pas peur de casser les oreilles des gens pour la simple et bonne raison que ça, c'était une chose pour laquelle elle était très douée. Donc.. Bah ouais, donc voilà.

Mais, après tout ce temps, elle en avait eu marre et elle avait fini par se rendre compte d'une chose bien précise, c'était que si elle ne se rendait psa à l'infirmerie, elle n'allait pas pouvoir se soigner, elle n'allait pas être en mesure d'aller mieux. Trop de temps était en train de filer sans qu'elle ne parvienne à se soigner. Donc.. Donc ouais, c'était difficile de croire que ça allait aller. Elle faisait de son mieux pour le penser mais non, ça ne marchait pas comme ça. Du haut de ses douze petites années, elle allait être contrainte de faire avec. Elle devait aller à l'infirmerie, quoiqu'elle en pense et oui, ça lui cassait les pieds parce que oui, elle n'avait pas envie d'y aller. Même si elle n'avait pas le choix. Enfin.. Bon.

Du coup, là, devant la porte, elle n'était déjà plus en train de faire la maligne parce que c'était sincèrement en train de lui casser les pieds. Mais bon, comme elle le disait si bien, elle n'avait pas d'autre choix que de s'y rendre. Elle se moquait de casser les pieds des gens mais elle s'était bien vite rendue compte du fait que bah.. C'était ainsi. Point final. Elle pénétra dans les lieux et alors qu'elle venait d'arriver, une fille était déjà en train de lui sauter dessus ( ou presque ), pour lui faire la conversation. Euh, bien gentil mais on ne se rendait pas à l'infirmerie uniquement pour faire la conversation avec quelqu'un. Et quand elle était malade, le mieux était de ne pas trop casser les pieds de Ruby, c'était un conseil oui. Totalement même. « Okay. Je sais pas si t'es au courant, mais on ne va pas à l'infirmerie pour taper la causette. Où est l'infirmière ? ». Parce que pas qu'elle soit patiente mais en faite.. Pas du tout. Alors si Pomfresh pouvait se pointer, ça aiderait. Et voilà qu'en plus de ça, elle cherchait à lui raconter sa vie. La jeune Hummingbird n'avait vraiment pas que ça à faire non. Impossible. Et si cette fille n'était pas en mesure de s'en rendre compte bah.. Elle était incapable de lui dire un truc gentil hein. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait pour réputation d'être insupportable hein, à côté de ça. « Moi c'est Ruby. Hm.. Moi je suis malade. Et en faite, je suis trop malade pour parler. Je veux dire.. Tu parles trop en faite ». Ouais voilà, elle parlait trop là ! La même chose mais en moins condensé, aucun problème. Mais là, c'était trop. Point final.

Gabriella avait toujours été ainsi depuis le jour où elle avait apprit à parler. Comme chaque parent en ce monde, les siens avaient été particulièrement heureux le jour où elle avait prononcé son tout premier mot. Ce n'est que quelques mois plus tard, lorsqu'elle avait apprit à parler davantage qu'ils avaient commencé à revenir sur leurs premières impressions. Oui, elle parlait beaucoup, c'était indéniable. À vrai dire, il semblait difficile de trouver une personne qui puisse parler davantage qu'elle-même, raison pour laquelle elle pouvait finir pas tomber sur le système de certaines personnes (bien que pour sa part, ce que les autres pensaient d'elle ne lui importait que peu). Heureusement, elle avait rencontré Ava, une autre Poufsouffle de première année, qui parlait pratiquement autant qu'elle et donc, qui était en quelque sorte destinée à bien s'entendre avec Gabriella. Enfin, bref ... Tout cela pour dire que de l'entendre faire un monologue et partir sur différentes divagations n'était en soi par tellement rare. Cette fois, elle était visiblement tombée sur une personne qui n'aimait pas causer mais bon ... Elle n'allait certainement pas s'en offusquer, après tout, tout le monde avait ses préférences, hein ? Elle se contenta donc de lui répondre sur un ton calme :
"Oui mais ça fait passer le mal. Enfin ... Ça change les idées."
Pour elle, c'était vrai car lorsqu'elle parlait, elle oubliait un peu qu'elle avait mal. Ce n'était peut-être pas pareil pour tout le monde, il fallait croire ... Certains préféraient avoir la paix lorsqu'ils ne se sentaient pas bien, ce qui semblait être le cas de cette fille. Gabriella n'était pas idiote ; bien que dans sa bulle, elle s'en rendit compte. Et ce fut précisément la raison pour laquelle elle ne prit pas mal sa réplique un peu brusque.
"Elle reviendra bientôt, dit-elle, en réponse à sa question. Elle est partie chercher un baume."
Puis, en réponse au dernier commentaire de sa camarade, elle se contenta de marmonner un :
"Ah bon ..."

Parler était donc censé faire passer le mal. Bon, okay, l'idée n'était peut être pas aussi stupide qu'elle ne voulait bien le faire croire, sans l'ombre d'un doute. Mais à côté de ça, elle devait bien avouer que elle, quand elle était malade, elle n'était absolument pas dans la capacité de faire la conversation avec quelqu'un, sans l'ombre d'un doute, oui voilà. Quand elle était malade, elle n'était absolument pas dans la capacité de parler avec les gens sans s'énerver et avoir envie de tout casser, ce n'était pas dans son caractère ! Oui bon, en même temps, quand l'écoutait, on avait surtout l'impression qu'elle n'avait rien d'aimable et de gentil en elle. Ce qui était parfaitement impossible, sans l'ombre d'un doute. Oui voilà. Quoique l'on en dise, d'ailleurs. Il fallait juste savoir faire avec, tenter de faire avec, du moins. Même si c'était loin d'être facile. Elle faisait de son mieux, pour être gentille. Mais quand elle était malade, elle n'était absolument pas en mesure d'être sympa. Il ne fallait ABSOLUMENT PAS la chercher quand elle n'était pas d'humeur, elle ne le supportait jamais, elle n'en avait jamais la force non plus. On aurait beau dire ce que l'on voulait, ça resterait toujours comme ça, sans l'ombre d'un doute oui voilà. « Moi, ça ne me change pas les esprits, ça me casse juste les pieds ». Elle haussa les épaules et s'installa dans le lit le plus prêt mais à la fois le plus loin de ce stupide blaireau. Méchante ? Oui, sans l'ombre d'un doute, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher, malgré tout. Et on ne pouvait pas le lui reprocher de toute manière.

Et cette idiote d'infirmière qui a pris le large. Non mais sérieusement, est-ce qu'i ly avait quelqu'un de responsable dans cette école ? Elle était bien plus mal que cette imbécile qui avait besoin d'un baume hein ! Oui bon, peut être que lorsqu'elle était malade, elle avait tendance à un peu à tout dramatiser et aussi, à avoir l'impression qu'elle allait mourir. Oui, okay oui, c'était un comportement parfaitement irrationnel, mais elle ne parvenait pas à s'en empêcher, elle ne parvenait pas une seule seconde à faire le contraire, quoi que l'on en dise. Elle se laissa tomber sur le siège qu'elle avait choisi, s'y allongea et soupira. Non mais franchement, quelle idiote cette infirmière ! Elle voulait quoi au juste hein ? Qu'est-ce qu'elle espérait hein ? Comment est-ce qu'elle avait pu trouver ce boulot alors qu'elle n'était pas une seule seconde dans son infirmerie hein ? C'était du délire sérieux. Du bon gros délire. C'était à n'y rien comprendre, pas une seule seconde on ne parvenait à saisir où elle voulait en venir. Mais bon, à côté de ça, me^me si elle ne réussissait pas vraiment à saisir.. bah, c'était comme ça, il n'y avait pas d'autre choix, pas d'autre solution, quoi que l'on en dise. Sans l'ombre d'un doute. « Et t'as quoi au juste pour avoir besoin d'un baume hein ? ». Bah oui, elle voulait savoir parce que même si elle lui avait déjà dit ce qu'elle avait ( alors que ça ne l'intéressait pas, qu'on soit d'accord ), bah elle ne voyait pas trop où était le problème ! Une petite égratignure, non mais franchement, pas de quoi en faire tout un foin !

Et ouais, que cela plaise ou non à cette fille, elle n'avait absolument pas envie de lui parler. Elle n'était là que depuis quelques minutes et déjà, elle s'ennuyait sérieusement. Si jamais l'infirmière ne se pointait pas plus vite, hors de question qu'elle reste là, elle prendrait la tangente sans l'ombre d'un doute. Hors de question d'attendre trop longtemps. Impossible ! Surtout pas avec une aussi mauvaise compagnie, en plus.