PV | Deux blaireaux au pied d'un tableau

Par cet après-midi pluvieux à Poudlard, Dylan était affalé dans un fauteuil de la salle commune de Poufsouffle, à lire tranquillement les quelques textes que les professeurs avaient exigés pour la semaine suivante. Ce n’était pas pour lui déplaire, il avait encore tant à découvrir sur la magie. Mais Poudlard regorgeait de secrets, de mystères, de quêtes en tous genre qui ne demandaient qu’à être decouverts. Dylan avait ainsi, en se mettant au travail, l’impression de se dérober à son devoir d’excursion et d’aventure. Il s’était résigné au travail, mais, après tout, il s’était déjà bien avancé en semaine. Il n’était donc pas suicidaire d’envisager passer le reste de l’après-midi dans le château, loin de ses manuels de magie. Il lui fallut cependant plus de dix minutes pour enfin prendre la décision d’abandonner son manuel, qu’il rangea soigneusement dans le meuble de son dortoir, se chausser convenablement et quitter la salle commune de Poufsouffle.

Il erra ainsi dans les couloirs pendant plusieurs minutes, sans but précis, à l’affût du moindre détail, du moindre signe susceptible d’attiser sa curiosité. Les nombreux tableaux sur les murs des couloirs qu’il traversait lui murmuraient parfois des paroles auxquelles il prêtait une grande attention. Ses aînés de Poufsouffle avaient pourtant conseillé aux premières années de ne pas se montrer très naïfs avec les tableaux, qui pouvaient parfois se montrer cruels avec les pauvres âmes innocentes qui s’aventuraient dans les couloirs, mais Dylan jugeait qu’il n’était pas suffisamment stupide pour accomplir bêtement ce qu’un tableau lui demanderait de faire. Il se résolut donc à les écouter sans forcément interpréter leurs paroles, et pour le moment, ce n’étaient que des murmures chaleureux de bienvenue, de sympathie à l’égard du jeune homme .

Il passa un énième couloir, avant d’arriver devant les escaliers de Poudlard, ces escaliers qui n’en faisaient qu’à leur tête. Il emprunta l’un des escaliers qui montaient, et se laissa guider par son inconscient. Il n’avait pas de réel objectif, si ce n’est de partir à l’aventure. Loin d’être un modèle de courage, Dylan était cependant un robuste aventurier, qui n’hésitait pas à se plonger dans les ennuis jusqu’au cou quand il en avait l’occasion. L’excitation de l’aventure était pour lui un délice dont on ne pouvait se priver quand elle se présentait.

Il arriva enfin dans un immense couloir. Il ne savait pas réellement où il était. Dans tous les cas, au bout de celui-ci, une grande fenêtre laissait passer quelques faibles rayons de lumière qui parvenaient timidement à éclairer l’intérieur du couloir. Les nuages au dehors, qui faisaient pleurer le ciel, assombrissait quelque peu le château. Il marcha doucement, les yeux rivés à la fois vers le plafond, où des arcades venaient régulièrement soutenir ce dôme de pierre, et vers les murs, où cette fois là, il n’y avait aucun tableau… sauf un. Il se trouvait près de la grande fenêtre, au fond du couloir. Après quelques dizaines de seconde de marche, Dylan l’atteignit enfin.

Ce n’était pas un véritable chef d’œuvre, mais dans tous les cas, il s’agissait du portrait d’un vieil homme. Celui-ci était représenté assis, les mains posées sur les bras du fauteuil, et regardant droit devant lui, vers l’observateur du tableau. Le jeune garçon s’était arrêté devant lui. S’il avait été entreposé dans un des couloirs précédent, avec tous les autres tableaux, il ne se serait probablement jamais arrêté, mais là, dans ce grand couloir, seul, ce tableau attirait l’attention.

« Qu’est-ce ‘ tu regardes, p’tit ? T’as jamais vu un p’tit vieux de ta p’tite vie de chaton ? »

Dylan, quelque peu troublé par la dureté des paroles du vieillard, répondit non sans douceur :

« Toutes mes excuses m’sieur, mais vous voyant tout seul dans ce grand couloir, je me suis dit que de la compagnie vous ferait du bien ! »

« Tiens donc ! V’la un bon samaritain ! Qui te dit que j’ai b’soin d’compagnie, mon garçon ? »

Dans tous les cas, qu’il le veuille ou non, il aurait eu de la visite ce jour là. Dylan entendait en effet distinctement quelqu’un d’autre s’approcher du tableau et de lui.

Assis à une des tables rondes de la salle commune des Poufsouffle, Dan avait décidément du mal à rester plongé dans ses devoirs. Les cours n'avaient pas commencé depuis longtemps qu'il était déjà un peu en difficulté. A vrai dire seulement les devoirs les plus rébarbatifs le boudaient soit à peu près soixante dix pour-cent de ce qu'ils avaient à faire pour la semaine prochaine. Il s'était imaginé qu'en venant à Poudlard il ferait principalement que de la magie, pas forcément qu'il allait devoir apprendre des trucs sur la naissance de l'école de Sorcellerie ou encore sur la position de telle constellation dans le ciel. En clair, entre l'astronomie, l'histoire de la magie et la pluie qui s'abattait dehors, il avait déjà fait son choix. Il contemplait ainsi les gouttes tomber sur l'herbe du parc de l'école et brouiller sa vue en barbouillant d'eau la fenêtre ronde de la salle commune devant laquelle il se trouvait. Il finit par abandonner, il ne pouvait plus rester là à essayer de distinguer le paysage à travers une vitre qui ne permettait plus de voir grand chose. Il tourna la tête en direction de son devoir d'histoire de la magie. Une étude de document qui lui prenait un peu la tête tant qu'il n'avait pas la méthode pour répondre aux questions. C'était leur première étude de documents, elle leur avait dit qu'elle ne notait pas, mais il tenait quand même à faire de son mieux.

" Aaah j'abandonne. " s'exclama-t-il. Décidément il n'y arrivait pas pour l'instant et ce n'était pas en se prenant la tête pendant une heure qu'il y arriverait. Il ne lui restait que ça à faire pour la semaine prochaine, il venait de s'en rendre compte, et c'est finalement satisfait qu'il pouvait quitter sa place pour la céder à un élève d'une année supérieure qui attendait qu'il bouge. Il alla ranger ses affaires dans son dortoir, dortoir dans lequel il avait finalement finit par prendre ses marques. Ses affaires n'étaient pas forcément bien rangées, il n'avait jamais vraiment été très soigné ou organisé, mais il arrivait tout de même à se retrouver dans ce petit bazar. Par exemple s'il voulait trouver son livre de sorts et enchantements, il n'avait qu'à fouillé en dessous de son étui à télescope. Il finit par quitter son dortoir pour aller prendre l'air.

Il ne savait pas vraiment ce qu'il allait faire au dehors, sans aucun doute déambuler à la recherche d'un quelconque mystère de l'école. L'école était plutôt grande, mais avec ce temps pluvieux hors de question d'aller dehors. Il avait de toute façon beaucoup de choses à voir déjà rien qu'en traversant un couloir. Il avait entendu dire par exemple qu'il existait des passages secrets qui permettaient de circuler plus rapidement à travers le château. Il devrait profiter de son temps libre pour les répertorier histoire de ne jamais arriver en retard à un cours, mais il avait le temps, il était à Poudlard pour sept années encore.

« Qu’est-ce ‘ tu regardes, p’tit ? T’as jamais vu un p’tit vieux de ta p’tite vie de chaton ? » lança une voix inconnue au loin. Dan ne faisait qu'arriver dans ce couloir et tomba sur une discussion entre un garçon et un tableau. Ce garçon avait un visage que Dan connaissait, pas parce qu'il faisait partie de ses connaissances, mais parce qu'il avait eu l'occasion tout de même de le voir un bon nombre de fois. Ce garçon là, celui qui était en train de discuter avec le tableau était un Poufsouffle lui aussi et mieux encore, il était de la même promotion que Dan, c'est à dire qu'ils partageaient le même dortoir. " Un problème ? " demanda Dan. Il avait entendu la discussion entre le Poufsouffle et le tableau et n'avait pas apprécié la façon dont le tableau avait répondu devant la bonne volonté de son camarade de classe.

" Dylan c'est ça ? " demanda Dan pour être sur de ne pas se tromper en le nommant. Puis il se tourna vers le tableau pour le sermonner : " Il était gentil avec vous, vous, vous n'êtes pas gentil ! " s'exclama le petit Poufsouffle devant le regard hautain de son interlocuteur. Ce dernier se contenta de répondre : " Mais je n'ai jamais rien d'mandé gamin, mais vl'a qu'maintenant je me r'trouve avec deux petits blaireaux. Vous voulez pas me lâcher la grappe un peu ! " lança-t-il. Il n'en fallut pas plus pour fâcher Dan qui donna un coup sec dans le tableau avec son poing.

( 759 mots )

PORRIDGE

» Deux robes, deux choix, deux filles [PV]
» Deux ames abimées, deux êtres fragilisés *pv*
» Tableau d'affichage
» Tableau d'affichage
» Tableau des points