PV | A la table des Poufsouffle...

Très pressé, Dylan descendait un des multiples escaliers de Poudlard. C’était l’un de ces midis où la faim se faisait sentir. Dylan avait eu une rude matinée de cours, et vers les coups de onze heures, son ventre avait commencé à émettre des gargouillis très audibles et qui avaient fait froncer les sourcils de son professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Malgré tout l’intérêt qu’il portait aux cours, il avait tout de même trouvé la dernière heure de cours de la matinée très longue. La matinée avait pourtant bien commencé, il s’était levé tôt pour terminer à la hâte un devoir qu’il n’avait pas eu le courage de faire la veille, et il l’avait fini à temps. Il avait pris un copieux petit-déjeuner, avant de se rendre à son premier cours, où le devoir qu’il avait terminé le matin même à la hâte avait satisfait le professeur.

Il était quasiment arrivé au bout de l’escalier, lorsque celui-ci se mit à bouger et à se déplacer, pour s’arrêter au niveau de l’entrée d’un étage que, non seulement Dylan ne connaissait pas, mais n’avait aucunement l’envie d’explorer. Le jeune homme poussa un grognement de désespoir, donna un coup de pied contre l’escalier avant de ressentir une violente douleur au pied. Il poussa un gémissement, et partit dans le mystérieux étage, à la recherche d’un moyen de redescendre vers la Grande Salle. Après plus d’une demi-heure de recherches, il trouva enfin un moyen de retomber sur l’immense salle des escaliers, et continua sa longue descente vers le hall du château.

Après avoir atteint le hall, il prit la direction de la Grande Salle. La majorité des élèves étaient déjà en train de manger. Les tables étaient garnies de plats succulents et qui donnaient le tournis à Dylan, que la faim tiraillait plus que jamais. Il rejoignit la table des Poufsouffle, s’assit brusquement sur une place au hasard, laissa tomber ses affaires, et mangea goulûment les plats qui lui tombaient sous la main. Il ne prit même pas la peine de faire attention à être propre, ce genre de précautions lui semblant dérisoires par rapport à son état de profonde et insatiable faim, à tel point qu’au bout d’un moment, il s’empara de la cuisse de poulet qu’il avait attrapée sur le buffet, et se mit à la décortiquer voracement avec les doigts.

Habituellement, à table, Dylan était quelqu’un de plutôt distingué et soigné, qui faisait attention aux quelques règles élémentaires de bienséances, évitant le plus possible le recours à ses doigts pour déguster la nourriture, et mangeant de manière à apprécier chaque repas avant de satisfaire sa propre faim. Mais il s’était résolu à faire fi de ses bonnes manières dès l’instant où l’odeur des nombreux plats avait charmé son odorat, en entrant dans la Grande Salle.

C’était sans compter sur ses camarades de table. Au bout d’un moment, Dylan se rendit compte qu’il attirait quelque peu l’attention, et tenta tant bien que mal de reprendre une posture et un comportement normaux. Ce n’est que lorsque quelqu’un se mit à lui adresser la parole que Dylan s’arrêta enfin de manger pour se retourner vers son interlocuteur.

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Dylan se retourna vers sa voisine lorsque celle-ci se mit à soupirer. Ses cheveux roux attachés avec un ruban en dentelle et ses gants noirs lui inspirèrent rapidement l’idée d’une fille soignée –c’était en tous cas la première chose qui lui vint à l’esprit. Il ne la connaissait pas encore, peut-être l’avait-il déjà entraperçue pendant des cours ou dans la salle commune, mais dans tous les cas, elle lui rappela étrangement une précédente rencontre, sur les berges du lac de Poudlard. Ce n’était pas pour lui déplaire, la propreté était pour lui quelque chose de tout à fait normal et important, sans qu’il n’y attache une grande fascination. Se laver les mains, avoir une bonne hygiène, voilà des choses normales, mais au-delà de ça, il lui semblait inutile (sans pour autant condamner ceux qui y consacraient une plus grande dévotion) de prendre des initiatives telles que ranger fréquemment sa chambre, passer l’aspirateur tous les jours,… Peut-être était-ce due à son jeune âge, mais, dans tous les cas, il avait fait de la propreté une tâche normale sans pour autant lui accorder trop d’importance.

C’est peut-être la raison pour laquelle il ne put s’empêcher de se remettre en question lorsque sa voisine lui suggéra de manger lentement. Il apprécia sincèrement sa délicatesse et la manière dont elle s’était exprimée, mais, le regard dégoûté et la mine déconfite de ses autres voisins de table (et de sa voisine par la même occasion) furent plus explicites et riches en signification que son invitation à diminuer la cadence. Il n’était pas réellement blessé, mais il se rendit compte que si sa faim se révélait profonde, malgré tous ses principes et ce qu’il pouvait bien penser, il y avait des règles élémentaires de politesse et de bienséance, et se comporter de la sorte, que l’on ait la faim d’un lion ou d’un oiseau était purement puéril et indigne de son âge. Il ne se résigna pas pour autant à présenter des excuses, c’était un exercice qu’il détestait et auquel il ne se confrontait que lorsqu’on le forçait, et il préféra continuer à reprendre progressivement le comportement le plus normal et le plus posé qu’il puisse avoir en de telles circonstances, c’est-à-dire, celui d’un élève affamé mais qui parvient tant bien que mal à maîtriser ses pulsions primaires.

Lorsqu’il vit sa voisine prendre un morceau de pain qu’elle réduisit en boule et qu’elle se mit à mâcher lentement et résolument, il confirma ses premières idées concernant son attitude posée et soignée et comprit par la même occasion qu’elle ne pouvait se résoudre à manger d’avantage –sûrement car il lui avait coupé l’appétit. Il décida alors que présenter ses excuses ne serait finalement démesuré et qu’il lui devait au moins ça. Cette jeune fille de sa maison lui paraissait tout à fait respectable et il n’était pas question de passer pour un goujat, d’autant plus qu’il n’en était pas un.

« Oh, excuse-moi, j’ai une faim terrible depuis ce matin… Je te promets que je mange très proprement d’habitude ! »

Malgré la délicatesse de la situation et la tension apparente qui semblait quelque peu (ou qui, en tous cas, paraissait exister pour Dylan) pesante, le jeune garçon parvint à faire un sourire amical à sa voisine –dont il ne connaissait toujours pas le prénom–, comme pour lui signifier qu’elle n’avait pas à se méprendre à son sujet. Il avait trop de fois fait preuve de maladresses avec ses amis pour se permettre de montrer une telle insouciance à son arrivée à Poudlard.

« Puis-je faire la moindre chose pour m’excuser ? Je sais faire de très bonnes charlottes à la fraise, je pourrai t’en cuisiner un jour, si tu veux ! »

Le plus discrètement possible, Dylan attrapa une serviette et s’essuya frénétiquement les doigts, en veillant du coin de l’œil à ce qu’aucune trace de nourriture ne persiste sur ceux-ci. Il était totalement sincère dans ses propos, Dylan était quelqu’un de gentil par nature et il comptait bien se rattraper. Il ne savait pas exactement comment il pourrait cuisiner une charlotte à la fraise sans avoir accès aux ingrédients et au matériel, et il se promit d’y réfléchir. Il lui arrivait parfois d’avoir des paroles en l’air, de faire des promesses qu’il ne tenait pas, mais il y tenait vraiment. On n’achète pas une relation, il est vrai, mais cuisiner une charlotte à la fraise restait tout de même un excellent moyen de se faire pardonner…


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PORRIDGE

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