Là-bas [PV]

Joy n’était pas vraiment dans son assiette depuis le début de l’année scolaire. Même avant cela en fait, ça n’allait pas trop bien. Elle avait compris qu’elle n’aimait pas assez Kolia, qu’elle aimait Roy bien plus qu’elle n’aurait du l’aimer, et tout ça la rongeait intérieurement. En parler à Ruby durant les vacances d’été lui avait aussi bien du mal que du bien. Elle s’était rendue compte que pour ne plus faire souffrir personne, elle devait rompre avec Kolia, mais ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Elle savait qu’elle le blesserait en lui disant que tout était fini entre eux deux, mais elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire d’autre. Continuer et finir par le rendre encore plus triste, quand il s’apercevrait qu’elle lui mentait sur toute la ligne ? Non, ce n’était sûrement pas la meilleure des solutions, loin de là même ! Et elle ne serait de toute façon pas capable de mentir à Kolia. Il était son ami d’enfance, celui qui l’avait sorti de son jardin enneigé de Bulgarie… Alors lui mentir ? Non, c’était impossible !

Joy errait donc un peu comme une âme en peine depuis la rentrée, ne sachant pas vraiment quoi faire avec tout cela. Du coup, depuis la rentrée, elle évitait Kolia, sans parfois s’en rendre réellement compte. Elle passait beaucoup de temps avec Bonnie, Opalyne, Ehawee ou Ruby, mais presque plus avec Kolia. Emmett et Roy eux, avaient aussi vu leur temps passé avec Joy diminuer, car elle ne savait plus vraiment quoi faire, et cela l’énervait au plus haut point. Elle n’avait pas l’habitude d’avoir de telles choses en tête, et elle n’arrivait pas à faire avec. C’était peut-être stupide, oui, mais c’était le seul moyen qu’elle avait trouvé pour ne pas crier après l’un de ses amis, Roy le premier, car elle était sûre que s’il ne faisait que de lui parler de Nina, elle n’allait pas très bien le supporter.

Enfin bref. Aujourd’hui, Joy voulait aller faire un tour près de la Forêt Interdite, pour aller retrouver Inga et Fenrir, avec qui elle passait énormément de temps, surtout quand elle était vraiment perdue. Etrangement, quand elle était avec sa louve et le loup de son cousin, elle allait mieux, elle était plus calme. Quand elle rentrait ensuite au château, elle remarquait que ses yeux étaient dorés, et non plus verts. Joy n’avait toujours pas compris pourquoi elle réagissait comme ça, et comme son père ne trouvait pas non plus, elle s’était dit que c’était normal, quelque chose dans ce genre. Alors qu’elle passait par la cour du château, sans regarder où elle allait, elle entendit qu’on lui parlait.

« Hein ? » Baissant les yeux à ses pieds, elle remarqua une photo, sur laquelle elle marchait. Pas beaucoup, puisque seul le coin droit était sous sa chaussure. « Oh, pardon ! Je suis désolée ! »

Joy se dépêcha de retirer son pied et de prendre la photo, regardant avant tout si elle ne l’avait pas abîmée. A première vue, non, après tout, ce n’était pas comme si elle avait marché dessus avec des chaussures pleines de boue. Tendant la photo au jeune en face d’elle, Joy esquissa un sourire gêné.

« Je suis désolée, je ne regardais pas où je marchais… C’est ta famille ? »

Joy était curieuse, oui, mais généralement, quand on lui faisait comprendre qu’on ne voulait pas parler d’un sujet en particulier, elle savait le comprendre et passait à autre chose. Loin d’elle l’envie de s’attirer des ennuis !

« Pas grave. » Arlan n'étant pas vraiment le genre de mec qui avait du mal à s'excuser, il comprenait mal qu'on puisse le faire trois fois de suite. Pas mal de monde dans sa maison était comme lui, en plus, ce qui augmentait encore sa surprise lorsque quelqu'un en rajoutait en la matière. Bref, sa photo était sauve, la jeune fille s'était stoppée avant que les dégâts soient irréparables. Il n'avait pas de double de cette photo, elle était trop vieille et elle datait d'avant l'apparition de l'appareil numérique dans la vie de sa famille (apparition récente au demeurant). Sa mère ne savait peut-être même pas où étaient les pellicules.

« Oui, ce sont mes parents et moi lorsqu'on était au Togo. C'était pendant la guerre, tu sais, quand il y avait des gens qui faisaient du mal à d'autres gens juste à cause du sang. J'ai des grands-parents moldu, et en plus mon père travaille au... » Il s'arrêta parce qu'il se rendait compte qu'il ne savait pas du tout pourquoi il racontait ça à une parfaite inconnue. Il s'était laissé entraîné par les souvenirs de la photo. Il avait bien aimé toute cette période même s'il en avait vraiment peu de souvenirs. Souvent, il était dans la minorité des personnes de couleur, là-bas, il était le moins bronzé de tous mais il était tout de même à peu près comme les autres. Il n'avait jamais souffert de son métissage, cependant, voir d'autres horizons, les lieux où sa famille paternelle avait été, voilà qui était magnifique, qui lui avait fait se sentir proche d'une autre nation que l'Angleterre.

« Désolé, je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça. » Il soupira et tendit la main pour reprendre la photographie. Il sourit plutôt gentiment (à son niveau) à la jeune fille qui devait être dans une autre année que la sienne (en plus de pas la même maison) puisqu'il ne la connaissait pas, même pas de vu, or même s'il était un peu solitaire, il voyait quand même à peu près les visages de ses camarades d'infortunes Arlan n'est pas un très grand fan de l'école.

« Je suis Arlan Hamilton, de Serpentard, et toi ? » Il trouvait que c'était plus sympa de faire les présentations, surtout qu'il avait envie en ce moment de se faire des amis, ou du moins des connaissances positives en dehors de Ruby. Il fallait qu'il progresse de cette façon dans sa vie ! S'ouvrir un peu quoi ! Heu... enfin, pas trop quand même parce qu'il restait méfiant et très suspicieux avec les gens qu'il ne connaissait pas. Ce qui motivait cette soudaine amabilité c'était surtout qu'il se sentait un peu seul et même si son livre était relativement passionnant (pour un livre du moins), il n'était pas certain de vouloir le continuer comme ça. Arlan n'était pas le type qui trouvait sympa de lire un bouquin en une seule journée, loin de là. Comme il n'avait pas une passion folle pour les études, la lecture n'était pas non plus complètement son truc. De fait, il était las là.

Joy s’en serait extrèmement voulu si elle avait abimé la photo du jeune garçon. Parce qu’elle aussi avait des photos auxquelles elle tenait plus que de raison, celles de sa mère en particulier. Elle n’en n’avait qu’une seule où ils étaient tous les trois dessus, juste avant la mort de cette dernière, et Joy la choyait comme s’il s’agissait d’un enfant. Du coup, elle était vraiment désolée de ne pas avoir fait attention quand elle marchait. Si jamais elle l’avait déchirée, elle s’en serait voulu à jamais ! Rassurée que le jeune homme ne lui en veuille pas, elle l’écouta sans rien dire, se demandant tout de même pourquoi il se dévoilait tant alors qu’il ne la connaissait pas du tout.

« Moi aussi je viens d’un autre pays ! Mais il n’y a pas de guerre là-bas… »

Oh, elle avait bien connu la guerre, mais celle des sorciers seulement. Et encore, elle était trop petite pour comprendre ce qu’il se passait. Du coup, elle ne s’en rappelait pas. Tout ce dont elle se souvenait, et qui n’avait pas été simple à traverser, c’était l’année sans magie. Là, elle avait vraiment cru que le monde des sorciers était fini à jamais, et pourtant, tout était revenu, d’un seul coup. Ecoutant attentivement le Serpentard, le laissant se présenter, Joy eut comme un flash. Mais elle se présenta avant de dire quoi que ce soit, pour ne pas dire de bêtises.

« Je m’appelle Joy Vodianovskaia, à Gryffondor ! Je crois qu’on m’a parlé de toi… Tu ne serais pas un ami de Ruby ? »

Si Joy se souvenait bien, Ruby lui avait déjà parlé une ou deux d’un de ses amis à Serpentard. Elle s’était dit que si ce garçon était un ami de Ruby, elle pourrait peut-être l’être, elle aussi. Bien évidement, vu la trouille qu’elle avait dès qu’elle croisait un vert et argent, elle doutait pouvoir en accoster sans avoir les jambes qui tremblaient, mais là, il ne l’avait pas agressée, du coup, elle était calme. Pourtant, elle avait bien vu l’écusson orné d’un Serpent sur sa poitrine… Cependant, puisqu’il se présentait, qu’elle en avait fait de même, et qu’il ne semblait pas plus dangereux qu’un lapin nain, Joy décida de continuer la conversation. Après tout, ce n’était pas en évitant les Serpentard toute sa vie qu’elle deviendrait un jour aussi courageuse que le voulait sa maison !

« Tu es parti depuis longtemps du… Comment as-tu dis ? Désolée, je ne suis pas très bonne en géographie… »

Elle connaissait tout ce qui était voisin de la Bulgarie, les grandes villes de Russie aussi, et le Royaume-Uni –quoi que bien moins que la Bulgarie- mais bien moins le reste du monde. Du coup, elle se trouvait un peu stupide de demander à Arlan de répéter le nom du pays d’où il venait. Elle se doutait bien qu’une guerre n’était pas facile à vivre, et qu’il était parti de là-bas pour sa propre survie, mais elle se doutait également qu’Arlan ne devait pas forcément apprécier la chose. Si Joy avait été ravie de revenir en Angleterre, pour éviter d’avoir à intégrer l’école de Sorcellerie de Durmstrang, elle avait également beaucoup de mal à apprécier ce pays. C’était celui où sa mère avait trouvé la mort… Alors forcément, avoir de bons comme d’affreux souvenirs, ce n’était pas évident.

Il n'était pas dans les habitudes d'Arlan de parler beaucoup, encore moins à des gens qu'il ne connaissait quasiment pas, mais le fait était qu'il était plutôt sentimental à certains égards... sa famille par exemple était réellement très importante pour lui, de fait, il était toujours un peu plus bavard lorsqu'il était plongé dans ses souvenirs, mais c'était aussi parce que c'était comme s'il se parlait à lui-même. Le fait que Joy était là finissait par tenir du hasard, et il décida que de toute manière il n'avait rien dit de compromettant donc que ce n'était pas très important. Il se promit cependant d'être plus attentif à l'avenir parce qu'il ne voulait pas causer de problèmes à son père qui devait faire attention à cause de son métier.

« Je parlais de la guerre avec les mangemorts donc celle d'ici, cela étant, au Togo, c'est un peu tout le temps la guerre côté moldu. La guerre civile. Mais je n'ai jamais trop compris pourquoi. » Il avait fui l'Angleterre (pas de son propre chef, il était trop petit) pour se protéger de la guerre contre celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom purée Rowling a dû en chier pour ne jamais louper un tiret, cela dit, au Togo, ce n'était jamais terrible non plus de ce côté là. Car il y avait pas mal de batailles, mais lorsqu'on était sorcier, les conflits moldus prennent moins d'importance, il suffit de cacher sa maison par magie et de la protéger de la même façon pour éviter tout problème. Après, pour la population « normale » Arlan savait que ce n'était pas du tout simple. Son père était souvent déprimé lorsqu'il regardait les infos de son pays d'origine. Comme il aimait celui-ci, Arlan aurait voulu faire quelque chose pour le consoler, mais en même temps, s'il y avait un remède pour la bêtise humaine (car la guerre, surtout civile, qu'est-ce d'autre qu'une bêtise?), ça se saurait depuis le temps que ça durait...

« Si, c'est ça, Ruby est ma meilleure amie. » précisa-t-il avec un sourire, content que Ruby parle de lui de temps en temps parce qu'elle avait une vie sociale de plus en plus importante contrairement à lui.

« Du Togo. C'est un tout petit pays sur la côte africaine. J'en suis parti il y a hum... » Il calcula rapidement. « Six ans je dirais, peut-être six et demi, mais le temps de déménager, pas plus. Je n'y suis pas retourné depuis, mon père avait trop de travail et ma mère a remonté sa propre boite alors... » Il haussa les épaules, l'air de dire qu'on n'y pouvait rien. Cependant, sentir les souvenirs s'effacer de plus en plus lui faisait un peu mal.

« Et toi, tu viens de quel pays ? » Demanda-t-il, un peu curieux. C'était toujours intéressant les autres cultures, lui qui était métis prenait ce genre de questions très aux sérieux. Il n'était pas fanatique non plus c'est pas Ehawee autrement dit, mais il aimait bien quand même le fait que les êtres humains sachent aussi parfois faire se côtoyer leurs différentes origines et traditions. Les horloges de sa mère par exemple s'inspiraient de plein de pays différents. Lui qui pensait parfois que la race humaine était perdu retrouvait espoir lorsqu'il voyait les œuvres de sa mère.

Joy était parfois à la masse, surtout quand il s’agissait de violence. Elle qui était contre toute forme de violence n’avait pas pu comprendre Arlan lorsqu’il avait sous entendu la guerre des sorciers, du bien contre le mal. Evidemment, Joy savait que cette guerre existait, elle était d’ailleurs du côté des gentils, normal. En même temps, vu la crème qu’elle était, il aurait été bien compliqué de la voir dans la partie noire de ce combat, mais qui sait… Parfois, les anges cachaient de vrais petits diablotins, un peu comme Opalyne, qui, en soit, pouvait être vraiment infecte quand elle le voulait –par exemple, quand elle critiquait sa petite sœur que Joy ne connaissait pas.

« Oh, d’accord ! A part le moment où il n’y a plus eut de magie, je ne sais pas trop ce qu’il se passe, ici. »

Et le moment où il n’y avait pas de eut de magie, lors de sa seconde année –et donc lors de la première année d’Arlan- elle l’avait senti passé. Joy n’avait pas tellement apprécié cette période de sa vie, non pas qu’elle n’aimait pas le monde moldu, loin de là, elle l’était à moitié, rappelons le, mais elle n’en n’avait simplement pas l’habitude. Elle, elle était habituée à vivre au cœur de la magie. Sa grand-mère, du côté paternel passait rarement ses journées sans faire ni utiliser la magie. A bon escient, bien entendu –et si le contraire arrivait, Joy n’était pas au courant de toute façon !

« Oh, c’est dommage. Il fait beau là-bas non ? Sur la photo, il y a du soleil dehors. »

Joy ne connaissait pas le Togo. D’ailleurs, elle ne connaissait pas d’autres pays que le Royaume-Uni et la Bulgarie. Enfin, si, elle était déjà allée en Russie, à Moscou plus particulièrement, et avait un peu voyagé aux alentours de la Bulgarie, mais c’était tout. Le reste du monde, elle ne le connaissait absolument pas. Bien évidement, elle savait que le Togo se trouvait en Afrique, mais après, elle ne savait pas très bien où. Au nord ? Au sud ? Au centre du continent peut-être ? Elle n’en savait absolument rien ! Quand Arlan lui demanda d’où elle venait, elle, la petite brune esquissa un sourire et commença son récit :

« Moi je suis bulgare. Mais je suis née ici, ma mère était anglaise. Mais a cinq ans je suis repartie en Bulgarie avec mon père, chez mes grands-parents, et on est revenus ici juste avant mon entrée à Poudlard. Mais j’y vais très souvent là-bas. »

Joy n’avait pas honte de dire que sa mère était décédée. Elle n’aimait pas le crier sur tous les toits, bien évidement, mais des fois, elle n’avait pas d’autre choix. La plupart du temps, du coup, elle le sous entendait, après, on posait des questions ou non, cela dépendait des gens avec qui elle était ! Et puis, Arlan savait ce que c’était, que de quitter un pays, donc elle pouvait bien se confier un peu, non ?

« Avec mon cousin, Alek, qui est dans ta maison, on y a été pendant les vacances d’été, il y fait beau l’été, mais très froid l’hiver ! »

Joy adorait la Bulgarie, même si elle était souvent toute seule quand elle y était, parce qu’elle n’avait ni frère ni sœur et que son seul cousin, Alek, n’était pas souvent à ces côtés et elle l’avait retrouvé seulement quand elle était arrivée à Poudlard. Mais bon, l’essentiel était que maintenant, elle n’était plus toute seule et qu’elle passait de très bonnes vacances avec son cousin dans ce beau pays qu’était la Bulgarie !

« Parfois, je ne sais pas trop non plus. J'étais petit à l'époque... mais mes parents ont été assez marqués par cette période de leur vie. Mon père surtout est devenu très méfiant. » Il haussa les épaules d'un air nonchalant. En même temps, vu comme était sa mère, mieux valait que son père se méfie pour deux. En effet, la mère du jeune homme était parfois un peu exubérante (même si elle savait être sérieuse quand il le fallait) donc son père devait la temporiser car son métier à lui était dangereux. C'était autre chose que de fabriquer des horloges magiques même si, en soi, il adorait ces machines. Sa mère avait beau passer pour une originale, lorsqu'elle était penchée sur ses horloges, elle était d'une minutie qui ne pouvait que pousser au respect. Arlan se disait qu'il avait vraiment dû prendre de ses deux parents, il était sérieux en tout comme son père et méticuleux comme sa mère. Par contre, il était moins drôle que cette dernière et il n'avait pas la mentalité un peu étrange de son père par rapport à la famille. Au Togo ils ont un genre de noyaux familial vraiment particulier. Ses grands-parents, par exemple, n'étaient pas vraiment ses grands-parents biologiquement parlant. Son père avait été vendu à un couple riche (relativement, le coût de la vie n'est pas le même en Angleterre et au Togo). C'était assez courant en Afrique Noire, même de nos jours, et ça semblait normal à tout le monde, y compris au père d'Arlan lui-même, car ce genre de transaction permettait à l'enfant de bénéficier d'une bonne éducation (la preuve, il avait pu aller étudier puis travailler en Europe) et aux parents de nourrir le reste de la fratrie. Mais attention, il ne faut pas confondre avec l'esclavage, l'enfant vendu n'est pas esclave, il est vraiment adopté. Malgré ce dernier point, sensé rassuré les européens bien pensants, Arlan continuait à trouver que c'était bizarre... parce qu'il avait vécu en Europe la majorité de son existence et puis parce qu'il était métis de toute façon. Heureusement, tout de même, que son père était monogame... parce que ça non plus ça ne coulait pas de source. Son grand-père l'était depuis plusieurs années cela dit. Ouf ?

« Oui, il y fait beau en général, c'est même souvent la sécheresse. » Et le côté chaud était mis en valeur par le fait qu'en Angleterre il pleuve souvent. C'était évidemment quelque chose qu'on ne pouvait pas complètement occulté. Pour Arlan le Togo restait le pays du soleil, surtout par la grisaille Poudlardienne.

« Oh ! Alors toi aussi c'est ta mère qui est anglaise ! Moi aussi ! Et c'est sympa que tu puisses retourner régulièrement en Bulgarie, c'est important de ne pas oublier ses racines. » Ce qui expliquait pourquoi il gardait toujours la photo de son enfance avec lui.

« Ah oui, Alek, je vois qui c'est, vite fait du moins. Je n'ai pas beaucoup d'amis dans ma maison. » le fait était qu'il n'avait pas beaucoup d'amis tout court, mais puisqu'il arrivait à discuter avec la lionne c'était probablement qu'il était en plein progrès, non ?

Oh, comme Joy pouvait comprendre Arlan ! Son père était tout sauf un marrant avec les gens qu’il ne connaissait pas, la petite fille était bien placée pour le savoir ! Il était méfiant au possible, et s’il avait pu, la première fois où Roy était venue à la demeure campagnarde de la petite fille, il lui aurait volontiers poser trente mille questions, et peut-être même lui aurait-il fait boire du Veritasérum pour être que le brun lui dise la vérité, toute la vérité ! Bon, Joy en avait rit avec son meilleur ami, mais elle avait réellement eut peur que son père régisse ainsi. Il avait peur que son petit bébé ne soit mal entouré, qu’on lui veuille du mal... C’est pourquoi, quand Alek avait fait son apparition à l’école, il s’était apaisé. Parce qu’Alek aimait sa cousine et que l’inverse était plus que vrai. Donc forcément, si quelqu’un cherchait des noises à la brunette, le grand brun apparaîtrait et leur mettrait une bonne raclée...

«Mon père n’est pas du genre à faire confiance à tout le monde non plus. Je pense que je tiens de ma mère sur ce point...»

Enfin bref, Joy n’avait pas trop envie d’en parler. Son père était peut-être bizarre parfois, mais elle l’aimait plus que tout, puisqu’il était le seul parent qui lui restait -sans compter grands-parents etc- et que c’était avec lui qu’elle aimait passer le plus de temps. Quant à sa mère, Joy ne s’en souvenait pas trop. La plupart des choses qu’elle connaissait à son sujet, c’était son père qui les lui avaient apprises, ou alors sa grand-mère anglaise. Parce que même si Kelly était décédée, Joy ne cessait pas pour autant de voir ses grands-parents du côté maternel. De tout manière, Dmitri devrait être suicidaire pour tenter ne serait-ce qu’une seconde d’éloigner sa fille de ses grands-parents, peu importe de quel côté ils étaient.

«Bah comme j’ai été élevée là-bas, c’est normal je pense. Et puis, ils sont vraiment gentils ! J’aime bien y aller à Noël, parce qu’il y a toujours plein de neige c’est beau !»

Joy aimait la Bulgarie, c’était un fait. Elle y avait vécu pendant six ans, alors forcément, elle ne pouvait pas arrêter d’y aller tout simplement parce qu’elle était désormais scolarisée en Angleterre. Bien sûr, elle passait plus de temps au Royaume-Uni qu’en Bulgarie désormais, mais ça n'atteignait pas tout l’amour que Joy pouvait porter à ce pays, même si son enfance là-bas n’avait pas été des plus roses et des plus sociales... Bref !

« Ah bon ? Moi j’en ai plein ! Mais aussi dans les autres maisons, comme pour Ruby ! Mais mon meilleur ami, Roy, il est à Poufsouffle ! Peut-être que tu vois qui c’est ? Il fait toujours des farces, je crois qu’il veut succéder aux jumeaux Weasley. De ce qu’il m’a dit, ils étaient les rois des farces ici ! Peeves devait sans doute bien s’entendre avec eux...»

Joy était arrivée à Poudlard en étant très timide. Puis elle avait rencontré Roy, qui l’avait rendue plus ouverte, plus attentive aux autres. Maintenant, il était assez facile pour la petite brune de se faire des amis. Elle avait même été surprise quand Ruby lui avait demandé des conseils là-dessus, parce qu’elle n’était pas forcément la mieux placée pour cela... Mais bon, ça avait pu les rapprocher toutes les deux.

« Sûrement. » Confirma-t-il à propos de la ressemblance entre Joy et sa mère plutôt que son père. En fait, il n'en savait rien, mais si la jeune fille le disait, c'est que c'était quelque part sûrement vrai. Sinon, elle ne le lui aurait pas dit (oui, ça tourne en rond, je l'accorde, mais Arlan n'est pas fin analyste en ce qui concerne la gent humaine). Ensuite, en ce qui le concernait lui, il ne croyait pas que son père était né méfiant, mais qu'il l'était devenu, ce qui expliquait que Arlan – sans être très chaleureux – pense toujours à mal vis-à-vis des gens. En fait, il avait même tendance à laisser sa chance aux autres la plupart du temps.

« Ah oui, c'est vrai que c'est joli la neige, mais je crois que quelque part, mes propres racines me poussent à plutôt aimer le soleil. » Et ça pour le coup, il le tenait de son père, de son rêve de soleil africain, enfin, après, sûrement qu'en Afrique c'était quand même un peu trop. Arlan aimait la chaleur, lézarder au soleil pendant des heures, mais il fallait de la mesure en tout, y compris en température. L'été sur la côte d'azur en France correspondait peut-être plus à ses attentes. Il faudrait qu'il arrive à y aller un de ces quatre, lorsqu'il serait plus grand peut-être ?

« Je crois que je vois qui est Roy, il a une sœur jumelle dans ma maison, c'est ça ? » Arlan ne connaissait pas beaucoup plus Romilly que les autres personnes de sa maison (d'ailleurs il serait bien en mal de donner son prénom, original qui plus est), mais il voyait vaguement son visage lorsqu'il essayait d'y réfléchir, celui de Roy aussi, difficile à manquer vu qu'il était très remuant.

« Je ne crois pas que Peeves puisse apprécier qui que ce soit, même dans l'optique de faire des farces. » Arlan grimaça, il ne portait vraiment pas l'esprit frappeur dans son cœur. Regardant sa montre, il observa que cela allait être l'heure de rentrer dans sa salle commune. « Je vais y aller, tu me montreras une photo de la Bulgarie à l'occasion ? Ça m'intéresserait. » Il adressa un sourire discret à la jeune gruffondor et s'éloigna avec un certain naturel pour quelqu'un qui mettait fin à la conversation. Il n'y avait pas de raison de traîner, mais il avait apprécié de ne pas être seul ces dernières minutes : le temps était passé plus vite ainsi.