Une équipe mais pas que sur le terrain.

Reprenons la métaphore à un sens bien plus littéral.
Astrid jonglait littéralement avec de vraies balles. Assise en tailleur au milieu du terrain de Quidditch, elle suivait des yeux le petit Vif d'Or, qui virevoltait avec son aisance habituelle, dans tous les sens. Ce faisant, la jeune fille continuait de lancer en l'air deux Souaffles, alternant balles courtes et balles longues afin d'avoir le temps de renvoyer en l'air le premier ballon rouge avant que l'autre ne lui atterrisse dessus. Ce devait être drôle à voir de l'extérieur, étant donné qu'elle se ratait très souvent. Bonne sportive ne voulait pas dire d'une dextérité époustouflante.
Le froid finit par atteindre sa chair, et un frisson parcourut son échine. Elle laissa tomber les deux Souaffles près d'elle et se releva pour attraper le Vif. Il fit deux-trois tentatives pour lui échapper, mais n'insista pas, comprenant bien qu'il ne s'agissait pas d'un match, et qu'elle n'était pas d'humeur à jouer. Elle s'était livré à cet exercice relativement inutile et pourtant fort fatigant pour se changer les idées. Elle bloquait sur trop de trucs en ce moment, il lui fallait voir son cousin d'urgence. Le soutien McFall lui semblait une bonne issue à son trop-plein dans la tête.
Elle rangea le matériel et rentra rapidement dans le Château, tout en se frottant les bras pour évacuer le froid de son organisme. Pour peu, elle aurait expirer de la fumée blanchâtre. L'artifice n'avait pas fonctionné. Si son esprit s'était mis sur pause pendant qu'elle concentrait toute son attention sur les trois balles, dès qu'elle les eut rangés, les fourmillements intellectuels auxquels elle tentait d'échapper recommencèrent. N'en laissant rien paraitre, elle sourit à tout le monde jusqu'à ce qu'elle parvienne à la Salle Commune des Jaunes et Noirs. Là, son sourire s'élargit et prit une couleur plus sincère. Ces enfants de 11 à 17 ans étaient comme une seconde famille pour elle. Elle les aimait tous - même si elle ne les connaissait pas tous. Comprenez dans la globalité enfin ! Et dans cette salle ronde et accueillante, elle se sentait bien, même quand elle avait des problèmes.
Elle alla se poster devant le feu qui brûlait paisiblement, réchauffant les pieds bleuis de petits premières années qui avaient trop joué dans la neige. Quand son organisme eut atteint une température qu'elle jugea correcte, elle embrassa d'un regard circulaire la Salle Commune, et envisagea plusieurs options. Monter au dortoir dormir, récupérer son sac et tenter d'avancer dans son fichu devoir de Potions, aller parler à la jolie fille là-bas au fond... Non. Elle repéra Rhys, seul dans un coin qu'il s'était aménagé. Les piles de livres et de parchemins vierges comme annotés de partout formaient un rempart quasi infranchissable derrière lequel le petit brun se réfugiait quand il travaillait. Si cela rebutait les trois quarts des gens, on peut dire qu'Astrid faisait partie de la minorité. Mais, dans son esprit, il s'agissait d'une minorité ayant raison.
Chassant ses idées noires de sa petite tête, la blondinette s'avança d'un pas décidé. Elle saisit au passage une chaise - un obstacle de plus à franchir pour atteindre le seigneur Ellis - et s'installa à califourchon dessus comprenez évidemment qu'elle la mise à l'envers, donc le dossier est contre son ventre, ses jambes de chaque côté... ça va ça suit là-bas au fond?
« Alors mon p'tit bonhomme, on joue les inaccessibles pour attirer les filles? » Elle avait connu Rhys lors des entrainements de Quidditch. Récemment d'ailleurs, ils avaient réussi un match du tonnerre ! Entre leur parfait esprit de coopération à tous les deux, les buts enchainés par le petit brun, et l’attrapage de Vif magistrale de la Capitaine, il s'agissait surement de l'un des meilleurs souvenirs qu'Astrid garderait de Poudlard, même si elle n'avait pas été l'homme du match. Au contraire, elle appréciait encore davantage de féliciter le jeune garçon.
Malgré les signes évidents qui montraient qu'il ne voulait pas être dérangé, la sixième année s'était permis une intrusion sans bonnes manières. Eh bien oui, que voulez-vous, on ne change pas une Astrid qui gagne ! qu'est-ce qu'elle gagne, on en sait rien, mais soit