- Vielles peaux (eu copines de longue date) - PV

« Non, Rowen Lone-Corner ! Tu-n’en-lè-ve-ras-pas-cette-fi-chue-bague ! » cria Michael à l’autre bout de la maison, tandis que Rowen courrait dans tous les sens en enfilant robe, collants, sous-vêtements, veste et manteau –pas forcément dans cet ordre là-.

La jeune fille s’arrêta un instant devant le charismatique et surtout très modeste ancien Serdaigle avec qui elle sortait depuis sa 4ème année à Poudlard, et plissa les yeux d’un air menaçant.

« Et pourquoi je ne pourrais pas l’enlever ? » demanda Rowen en gonflant des narines comme un phacochère enragé.

« Parce que nous sommes fiancés, tu t’en rappelles ? » répondit Michael en levant les yeux au ciel. « Les Gryffondors n’ont-ils vraiment que leur bravoure pour euOUAILLE ! »

« Tu l’as mérité. » renifla Rowen d’un air dédaigneux, tandis que Michael sautait à cloche pied pour essayer de rapidement faire passer la douleur localisée au niveau de son tibia –le célèbre coup-de-pied-meurtrier de la joueuse de Quidditch était toujours aussi impressionnant-. « Je le sais bien, mais Keira vient de rompre avec Kaïn. Ce serait un peu mal vu de me pointer là-bas avec ma bague de fiançailles. Surtout qu’elle n’était pas au courant, on ne l’a dit à personne. »

« Bon, bon, certes. Mais ne te fait pas emmerder par de gros lourds si vous allez au bar ! Regarde les avec ton expression spéciale ‘Corner-tu-vas-passer-un-sale-quart-d’heure’ et grogne. Ok ? »

« Si ça peut te rassurer, on va seulement à son hôtel. Et je ne grogne pas. » marmonna Rowen en enfilant sa veste et en glissant quelques gallions dans sa bourse en peau de Moke –un précieux cadeau de ses parents pour son 17ème anniversaire-.

Michael eut une espèce de ricanement sceptique, mais retourna à ses occupations –c’est-à-dire essayer de donner à manger sans perdre un doigt à Scar, la machine de guerre qui leur servait de chat- sans faire de commentaire supplémentaire, et en boudant un petit peu. Il avait déjà du mal à accepter le fait que sa fiancée ne prendrait jamais son nom de famille, même après le mariage, à cause de son travail de joueuse de Quidditch professionnelle qui l’en empêchait. Alors qu’elle enlève carrément sa bague ?

Rowen le regarda un instant, puis soupira devant sa mine déçue de gamin un peu trop gâté.

« Bon, je suppose qu’un sortilège de Désillusion suffira à faire disparaître la bague. » concéda-t-elle en l’embrassant avant de sortir de l’appartement pour rejoindre sa vieille amie. Elle se glissa ensuite derrière son volant, et appuya sur un peu tous les boutons pour essayer de se souvenir de la façon dont on démarrait une voiture moldue.

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L’ancienne Gryffondor mit plus de temps que prévu à se garer dans une rue à proximité de l’hôtel de Keira –elle avait embouti plusieurs voitures au passage, mais l’avantage d’être une sorcière permettait d’excuser le fait de ne pas savoir se garer en créneau ou celui d’être une véritable psychopathe au volant-, et arriva donc avec légèrement de retard à l’endroit où logeait son amie. Après avoir demandé au réceptionniste le numéro de la chambre, Rowen monta quatre à quatre les escaliers et frappa à la porte de la rouquine. Elle s’était attendue à voir la jeune chanteuse complètement déprimée de sa récente rupture, bien frustrée et à la recherche d’une partenaire pour cracher sur tout et n’importe quoi ou d’un Godzilla de combat surenragé pour régler son compte à ce stupide Kaïn. Aussi fut-elle surprise de voir une Keira complètement bourrée venir lui ouvrir. A peine eut-elle le temps d’ouvrir la bouche que Keira lui avait déjà sauté dans les bras en lui demandant pourquoi elle n’avait pas prévenu qu’elle viendrait.

« Mais c’est toi qui m’a demandé de venir d’ailleurs, le hibou que tu m’as envoyé s’est explosé contre ma fenêtre, tu ne te souviens pas ? Je t’ai renvoyé ton hibou dès ce midi mais bon ça se trouve, il s’est perdu. A mon avis, il devait avoir un important déficit neuronal. Désolée pour le retard en tout cas, on m’a retiré mon permis de transplanage pour excès de vitesse alors j’ai pris la voiture moldue.»

Elle jeta ensuite un regard vers la chambre d’hôtel, qui contenait assez de bouteilles vides pour pouvoir faire plusieurs parties de bowling avec.

« Ne t’inquiète pas, je ne bois pas, tu te rappelles ? Je tiens vraiment mal l’alcool la dernière fois, j’ai fait exploser notre appart’, et Michael avec. Mais lui ça va, il a l’habitude. Sinon, j’ai rien fait de spécial à mes cheveux je les ai juste lavés, c’est rare, hein ? »

Rowen se laissa ensuite diriger vers le canapé sans grand ménagement, et s’assit docilement pour ne pas froisser son hôte. Après tout, il fallait toujours se montrer extrêmement patient avec les gens fortement alcoolisés. Et la brune était persuadée que si un moustique venait à piquer Keira, il tomberait immédiatement dans un profond coma éthylique.

« Non pas de cigarette, je ne fume pas j’aurais trop peur de mettre feu à ton tapis. D’ailleurs il est sympa, faut que je me prenne le même. Par contre je veux bien un verre d’eau, si tu as. »

Elle esquissa ensuite un sourire poli, puis lança discrètement un Sortilège Imprononcé de Têtenbulle transparente et indétectable afin de lutter contre les vapeurs d’alcool qui émanaient de la pièce, et qui auraient pu aisément la rendre inapte à reprendre le volant au retour. La nuit risquait d’être longue.

Rowen, confortablement assise sur le canapé de la chambre d’hôtel de Keira, écoutait sa jeune amie dire qu’elle n’avait pas reçu son hibou. Elle se retint de faire remarquer qu’à la base, il s’agissait du hibou de Keira, et non pas le sien –Edwin, son grand-duc, était un volatile de compet’, voyons. Ne mélangez pas les torchons et les serviettes . Lui ? S’exploser contre une vitre ? Peuh ! par contre, bouffer des doigts, ça il savait faire -. Elle ne remarqua cependant pas la lettre posée sur la table basse, trop occupée à essayer de garder une dose suffisante d’oxygène dans sa Têtenbulle. Et accessoirement, à écouter Keira.

Visiblement, la rouquine n’était pas au courant qu’il était possible de retirer des permis de transplanage. Et après tout, c’était bien normal. Rowen non plus n’en savait rien, avant qu’un membre de la Brigade de Police Magique ne vienne lui mettre une contravention bande de rats, je me vengerai. Elle eut cependant un petit sourire à l’évocation de son permis moldu. C’était un petit peu sa fierté, étant donné qu’elle avait eu un mal fou à l’avoir. Conduire une voiture était bien différent de voler sur un balai. C’était un exercice qui impliquait tout un tas de paramètres, comme changer les vitesses, appuyer sur les pédales, freiner, enclencher le clignotant, et pire… regarder partout autour de soi. Une vraie torture pour cette habituée des balais volants qui pensait qu’il suffisait de se pencher en avant pour que l’appareil prenne de la vitesse –et qui, en général, fonçait dans le tas sans se préoccuper de ce qu’il y avait devant elle #PAF#-. Rowen arrêta cependant de se perdre sans ses glorieux souvenirs, et répondit à la rouquine.

« Je savais pas non plus. Mais bon, c’était à Noël, je suis sûre que le département de la Justice Magique avait besoin de récolter un peu d’argent. Après tout, on ne peut pas installer d’aussi beaux sapins de Noël avec neige éternelle et tout le tintouin dans son bureau, sans sortir les gallions de quelque part. N’est-ce pas ? Et oui j’ai eu le permis moldu, ça peut être pratique parfois, et puis c’est drôle de rouler et de voir tous les piétons se pousser sur ton chemin. C’est vraiment magique, une voiture ! Tu en as une toi ? Tu conduis des fois ? »

Elle eut un énorme sourire, vraiment persuadée que la fameuse « voiture » moldue servait à écarter les gens de son chemin.

« Je n’aime pas trop le transplange d’escorte par contre… et puis j’aurais eu à l’attendre une heure avant qu’il ne puisse choisir une chemise qui lui donne le look ‘décontracté-mais-pas-trop’. Il est vraiment agaçant parfois. Oh et rassure toi, Michael NE sers à rien. Heureusement que tu m’as appelée à sa place, il aurait été d’une cruelle inutilité. Il t’aurait juste montré sa nouvelle collection de chemise en vantant les mérites de ses boutons de manchette. »

Rowen occulta volontairement le passage sur Kaïn. Après tout, elle n’avait pas envie de rappeler à Keira toutes les trois secondes qu’elle venait de se faire larguer. Lui parler et essayer de plaisanter avec elle lui permettrait au moins de penser à autre chose. Même si, vu l’état d’ébriété avancé de la bassiste, tenir une conversation censée relevait pratiquement du miracle.
Elle se contenta donc de sauter directement au sujet de Michael.

« Il va bien, il va bien. On n’a pas de soucis particuliers non plus. A vrai dire, il est souvent en déplacement pour ses concerts –ah oui, je ne sais plus s’il t’avait dit qu’il était batteur professionnel, maintenant-, et c’est la même chose de mon côté –le Quidditch, tout ça…-, donc quand on se voit… tout se passe bien. enfin y’a intérêt, sinon il sait que je serai capable de l’étrangler dans son sommeil »

Il y avait bien évidemment des hauts et des bas. Mais dans l’esprit de Michael comme dans celui de Rowen, il n’était pas concevable qu’ils fassent leur vie avec quelqu’un d’autre. Ils s’étaient bien trouvés…

« On est loin de l’époque de Poudlard, où on voulait mettre des sacs papiers sur la tête de nos copains pour ne pas qu’ils se fassent draguer, hein ? »

Elle esquissa un sourire, à l’évocation de ce vieux souvenir. Chouette souvenir, d’ailleurs… Rowen ne comprenait toujours pas pourquoi Keira avait lâché Liam –qui était un chic type-, mais bon… Qu’importe.

Keira eut l’air assez contrariée lorsqu’elle lui annonça qu’elle ne buvait ni ne fumait. Elle lui demanda même si, de façon plus poétique, elle pratiquait un autre sport que le Quidditch. Rowen leva les yeux et éclata de rire.

« Voyons, voyons. Je sors avec Michael Corner. Tu devrais avoir ta réponse, non ? c’est pas pour rien que tu l’appelles Lapinou, d’ailleurs.
Et sinon, pour mes cheveux, j’étais en rade de shampoing, alors j’ai appelé ma sœur pour lui demander ce que je pouvais utiliser, et elle m’a conseillé les œufs. Je ne savais pas que ça aurait un effet particulier. »

Elle caressa ses cheveux sans vraiment se rendre compte qu’ils étaient plus doux ou quoi que ce soit. Après tout, c’était Rowen Lone. Elle était toujours bien loin des occupations purement féminines.

Keira se leva et alla remplir une bouteille d’eau pour Rowen –qui jeta un coup d’œil suspicieux à la bouteille de Vodka, en se demandant si les gouttes qui restaient au fond ne seraient pas suffisante pour la rendre complètement saoule-. Elle s’affala ensuite sur le canapé, et aborda un sujet un petit peu plus sérieux que leurs banalités précédentes.

« Tu aurais dut demander à une de nos anciennes connaissances de Poudlard, non ? Je suis sûre que beaucoup t’aurais accueillie à bras ouverts. Nous aussi, si on n’était pas autant en déplacement. Mais cette fille, tu as des infos sur elle ? C’était quelqu’un de Poudlard ? Ou une moldue ? oh mon dieu, une moldue ! Elle m’apprendra à faire des trucs de moldus, comme la glissade bizarre sur la neige ! Trop chouette, quand est-ce qu’on va la rencontrer ? Enfin si tu veux, tu peux toujours venir passer quelques jours à la maison, avant de trouver ton propre appart’. Je suis sur Londres pour au moins deux semaines encore… »

Elle lui tapota doucement l’épaule comme pour lui signifier que tout irait bien. Même si elle n’en était pas vraiment persuadée. Après tout, une rupture était toujours désagréable à vivre…