Histoire de famille

Le bal de Noël s’était relativement bien passé, pas de gros dégâts à signaler en tout cas, du côté de Joy. Elle avait fait de son mieux pour ne pas regarder Nikolaï, avant d’avoir envie d’aller lui mettre une grosse claque sur la joue. Du coup, comme elle n’avait pas dévié, et qu’elle était restée très calme toute la soirée, il n’y avait eut aucun problème. La petite Bulgare était ensuite rentrée dans sa campagne anglaise, pour retrouver son père, afin de fêter Noël en sa compagnie. Corann n’était pas là, et pour le plus grand bonheur de la demoiselle, elle ne serait plus jamais là. En effet, Corann et son père avaient rompus il y a quelques mois plus tôt, donc plus de Corann à l’horizon, et il fallait bien le dire, Joy en était très contente. Elle n’avait jamais apprécié cette relation, parce qu’elle voyait Corann en tant que mauvaise belle-mère, comme dans les dessins animés ou les films moldus. Elle la voyait comme tentant de voler la place de feu sa mère adorée, donc non, elle ne l’avait jamais aimée.

Depuis qu’elle était rentrée à Poudlard, Joy vivait tranquillement. Elle évitait Nikolaï un maximum, ne voulant plus entendre parler du rouquin, de quelque manière que ce soit, et se contentait de vaquer à ses occupations habituelles, sans trop se prendre la tête. Aujourd’hui, elle avait voulu envoyer une lettre à son père, comme elle le faisait si souvent, pour lui donner des nouvelles, lui dire ce qu’elle avait fait à l’école, en cours, mais aussi pour lui parler de sa colère pour l’instant inexistante, par Godric Gryffondor merci ! En effet, quand elle avait été fortement influencée par l’objet qui trainait dans les méandres d château, elle en avait parlé à son père, parce qu’elle avait peur. Et il lui avait ordonné de le tenir au courant si quoi que ce soit se passait. Alors pour l’instant, elle le rassurait, il n’y avait pas de problèmes à l’horizon. Cependant, son hibou faisait des aller-retour entre la volière et les grilles du château, incapable d’aller plus loin. La demoiselle était perturbée et inquiète, et une Joy inquiète, ce n’était pas évident à vivre. Aussi, elle était retournée dans le château, serrant sa lettre contre elle. Elle rencontra Samara, qui lui dit qu’elle avait eut le même problème, et lui confia sa théorie. Lorsqu’on l’apostropha, elle leva la tête, posant son regard vert mordoré sur une petite blondinette, qu’elle ne reconnut pas tout de suite.

« Oh... Je ne sais pas trop, mon père n’est jamais resté sans nouvelle de moi... Il va se faire un sang d’encre... Pourquoi tu n’as pas peur ? Enfin, tu as l’air... Calme...»

Oui, c’était étrange... La Gyffondor en face d’elle était calme, alors que, maintenant que Joy y faisait un peu plus attention, tout le monde en parlait, de ce problème de hiboux. Aucun n’entrait, aucun ne sortait... C’était étrange, et pas franchement rassurant !

«Je suis Joy, toi c’est Tamarah c’est ça ?»

Joy connaissait le nom de la demoiselle parce qu’elle était préfète, c’est tout. Elle ne lui avait jamais vraiment parlé, elle n’avait jamais vraiment pris le temps de discuter avec cette dernière... C’était un peu dommage, non ? Mais bon, c’était peut-être parce qu’elles avaient deux ans -si Joy ne se trompait pas- d’écart. Ou tout simplement parce que la brunette ne faisait pas attention à ceux qui l’entourait. Il y avait trop de problèmes dans son entourage ces derniers temps aussi... Sa guerre froide avec Ehawee, ses disputes fréquentes avec Roy, sa grosse dispute avec Nikolaï... Non, ce n’était pas évident, dans ces cas là, de faire attention aux autres !

Joy n'avait pas de souci particulier à parler avec d'autres personnes, même si elle ne les connaissait pas vraiment. A son arrivée, elle était super timide, puis elle avait connu Roy, et ce dernier l'avait fait sortir de son cocon. Ce n'était pas plus mal, Joy pouvait au moins profiter pleinement de sa petite vie d'apprentie sorcière... Depuis qu'elle s'était fortement disputée avec Nikolaï, l'ambiance entre eux deux était plus froide, et elle ne pouvait pas nier que rencontrer de nouvelles têtes lui faisait du bien. Tamarah semblait d'ailleurs adorable ! Tiens, maintenant qu'elle y pensait, elle lui rappelait un peu Ehawee... Il faudrait qu'elle aille la voir pour s'excuser prochainement aussi...

« Bah je peux quand même aller à Pré-Au-Lard normalement... Des fois mon père m'y retrouve... Bon, il y a mon cousin à l'école, ça va, mais bon... Je ne sais pas, je n'ai pas... L'habitude... »

Et elle avait peur, aussi. Lorsqu'elle avait eut cinq ans, que sa mère était morte, assassinée par un loup-garou, Joy avait été confiée à sa grand-mère paternelle, en Bulgarie. Cette dernière l'avait gardée dans une cage dorée, en la faisant sortir le moins possible. La crainte du retour du loup-garou étant énormément présente, et ce dernier ayant traumatisé la demoiselle, c'était sans doute mieux pour elle. Oui, mais voilà, suite à ce retour en Bulgarie, son père avait prit la poudre d'escampette. Il revenait, parfois, mais jamais bien longtemps, et Joy avait peur que cette nouvelle forme d'éloignement ne détruise tout ce qu'ils avaient pu réussir à construire depuis que Dmitri avait officiellement repris la garde de sa fille. C'était peut-être stupide de la part de Joy de penser à cela, mais elle était fille unique et malgré son jeune âge, elle avait déjà beaucoup souffert... Et à vrai dire, elle n'avait plus vraiment envie de souffrir ! Alors que Tamarah lui confirmait son identité, tout en lui confiant son surnom, Joy esquissa un sourire.

« Friday ? C'est mignon, j'aime bien ! »

Friday était étrangement rassurante. Peut-être parce qu'elle était très -trop?- calme, et que cela influait sur Joy. En tout cas, la brunette le ressentait, et elle se sentait apaisée également. Oh, elle avait toujours peur de ce qu'il pouvait arriver, maintenant qu'ils n'avaient aucun moyen de sortir de l'école ou de contacter l'extérieur, mais avec une préfète aussi calme, elle pourrait peut-être retrouver un peu de sérénité, ce qui ne serait pas trop mal avant quelques examens et autres contrôles. Si Joy perdait les pédales maintenant, elle pouvait dire adieu à ses BUSEs, c'était clair et net !

« Ils ne vous disent rien de plus, à vous les préfets ? On ne sait pas du tout à quoi c'est dû ? C'est encore l'objet caché dans l'école tu crois ? »

Et bien quoi ? Elle pouvait bien essayer d'avoir quelques informations supplémentaires non ? Son cousin n'était plus préfet, et malheureusement pour elle, Ava restait assez discrète ces derniers temps... Joy l'aimait beaucoup, et même si elle trouvait qu'elle parlait trop et trop vite, elle appréciait passer du temps avec la demoiselle de Poufsouffle, mais visiblement, cette dernière était trop occupée par ses tâches de préfète... un peu comme Tamarah peut-être... Après tout, la situation n'était pas des plus simples à gérer !

Joy n’avait pas une très grande famille, elle n’avait pas de cousins du côté de son père, et le seul qu’elle avait était du côté de sa défunte mère. Mais elle l’aimait quand même sa famille, et surtout, elle tenait énormément à Alek, qui était plus qu’un cousin pour elle.

«Oui, Alek, il est en dernière année, à Serpentard ! Il était préfet avant lui aussi ! Si tu n’as pas de famille ici, tu peux toujours compter sur tes amis ! Moi ils m’aident beaucoup !»

Bon, Nikolaï ne l’aidait plus des masses, il la haïssait jusqu’au plus profond de son âme visiblement, et ne comptait plus jamais lui adresser la parole, mais tous les autres comprenaient que Joy puisse avoir du mal. Ils savaient tous que sa mère était morte, qu’elle n’avait plus que son père, et Alek, alors forcément, parfois, ils avaient un peu pitié d’elle... Mais bon, elle survivait, ce n’était pas si grave que cela non plus, elle avait déjà vécu pire. Ce qui la blessait le plus de toute façon, c’était le comportement de Kolia. Elle méritait d’être en colère contre lui, lui ne faisait qu’une crise... Il lui avait mentit après tout ! Depuis le début ! Alors franchement, les rôles étaient bien inversés ! Mais bon, elle ne pouvait rien faire, donc elle se contentait de râler en silence. Quand Friday lui demanda si elle avait un surnom, Joy dû se creuser les méninges. A part le nom qu’Ehawee lui avait donné, et ceux que son père lui donnait, elle n’en n’avait pas, du moins, pas à sa connaissance...

«Euh, bah non, je ne crois pas... Enfin, Ehawee m’a donné un nom de sa tribu, c’est Maka, mais après, je crois que c’est tout ! Enfin, mon père m’en donne plein, mais c’est normal, c’est mon père...»

Mais comme son nom était déjà très court, elle ne voyait pas trop comment il était possible de lui donner un surnom. A part si on l’appelait «J» mais bon, elle trouvait cela un peu étrange et pas forcément mignon comme surnom... Enfin bref. L’objet qui était caché dans l’école faisait peur à Joy. Il avait beaucoup trop d’influence sur elle, et elle avait pu le remarquer à la rentrée de Septembre. Il la rendait anormalement colérique et nerveuse, et le premier à en avoir fait les frais avait été Roy, hélas pour lui. Depuis, ils s’étaient réconciliés, par Merlin merci, mais bon, Joy redoutait toujours d’être à nouveau sous l’emprise de ce satané truc maléfique ! C’est pourquoi elle poussa un soupir quand Friday lui assura plus ou moins que l’isolement de l’école devait venir de cette babiole. Elle s’en était douté, mais avait préféré éviter d’y croire pour de bon, tant pis... Quand Tamarah fit allusion à un brun qui portait du jaune, il fallut quelques secondes à Joy pour comprendre qu’elle parlait de son meilleur ami, Roy Bradley, Poufsouffle très porté sur les farces et attrapes.

«Hein ? Oooh, tu veux parler de Roy ? Il aime bien faire des bêtises, mais il n’est pas méchant ! Il essaye juste de s’amuser quoi... Et puis, peut-être que ton excuse peut marcher oui... Ca l’arrangerait sûrement, pour avoir ses cours de batterie...»

Hélas pour Joy, Roy était un peu trop porté sur ses jouets explosifs à son goût. Bon, ça ne l’avait pas empêchée de lui en offrir tout un assortiment pour Noël -il avait été ravi !- mais comme il se faisait parfois pincer par Rusard, Joy était un peu déçue pour lui. Il avait tellement envie de faire de la batterie, qu’à chaque fois qu’il se retrouvait en retenue, à astiquer les trophées dans la salle du même nom, ses cours tant désirés s’éloignaient un peu plus de lui... Bon, il faisait du piano, c’était déjà ça...

«Ca se passe bien, avec les autres préfets ? Je veux dire, t’es encore jeune, t’es en deuxième année, alors des fois, comme ils sont plus vieux, ça peut être dur non ? En tout cas, Ava est une crème, tu peux lui faire confiance, elle est adorable !»

Quand Ava avait commencé, elle aussi était en deuxième année, et elle avait dit à Joy qu’elle avait un peu de mal à se faire respecter, que ça soit par les autres élèves ou par les autres préfets, à cause de son âge. Mais maintenant, ça se passait mieux, elle était respectée par tout le monde, du moins, Joy le pensait, puisqu’elle voyait rarement la demoiselle avoir des soucis de ce côté là ! Alors si Tamarah avait un peu de mal, il ne fallait pas qu’elle baisse les bras !