On parle et nous sommes interrompues... [PV]

« Eden ? Tu peux me prêter tes ciseaux s'il te plaît ? » Alice était très concentrée, elle faisait un devoir de métamorphose et pour que sa copie soit plus originale que celle des autres, elle avait dessiné les différentes étapes. Mais elle n'avait pas fait ça directement sur le parchemin final, elle avait fait ça sur une feuille à part au cas où elle se planterait, et là, il ne lui restait plus qu'à faire le montage final. Alice éprouvait une grande fierté à être une bonne élève. Elle n'était probablement pas la meilleure (pas assez d'argent pour s'acheter des livres à potasser l'été), mais elle ramenait de bons bulletins, ce qui lui suffisait. Elle aimait voir ses parents s'extasier sur ses résultats scolaires. Elle était une « bonne petite », une « future grande dame ». Et Alice se promettait qu'effectivement un jour elle ferait un vrai métier qui payerait assez pour sortir toute sa famille de la misère dans laquelle ils avaient toujours été. Elle ne travaillait pas que pour elle, elle le faisait pour ses parents adoptifs, pour Mattew, Nasira et Micah. Elle ne doutait pas vraiment que ses frères et sœur se débrouillerait peut-être très bien sans elle, mais juste au cas où, elle préférait voir large. S'ouvrir un maximum de portes pour l'avenir n'était pas une mauvaise chose, n'en serait jamais une.

S'étirant pour évacuer les tensions dans ses épaules après tout ce travail, elle soupira et regarda ce que sa camarade – d'un an plus âgé – faisait. Mais elle ne voyait pas bien. « Tu fais quoi ? » Demanda-t-elle donc. Simple curiosité, et moyen de papoter un peu, histoire de ne pas trop rester figée dans ses bouquins. Ce n'était pas parce qu'on était à Serdaigle qu'on n'avait pas envie de se détendre un peu après avoir fini un (trop) long devoir.

Les deux filles étaient – comme beaucoup d'élèves de petites années – dans la Grande Salle pour l'étude. Le calme régnait plus ou moins. Enfin ça, ce fut jusqu'à ce que Elena (ou Cruella pour les intimes) ne fasse son apparition et se dirige vers Eden et Alice. Comme d'habitude, l'ennemie jurée de la blondinette avait un œil de lynx, elle remarqua tout de suite qu'elle avait les ciseaux de quelqu'un d'autre dans les mains vu qu'on part du principe que Eden lui a prêté, si, si. « Bah alors la pouilleuse, on n'a même pas de quoi s'acheter une paire de ciseaux ? » Elle gloussa. Elena avait un rire irritant. Cette fille était dans la même année qu'Alice, et un an plus jeune que Eden, mais elle était dans leur maison et sa petite cour ainsi qu'elle, la reine des abeilles, étaient on ne peut plus détestables. A se demander ce que ces nanas faisaient à Serdaigle. C'était à Serpentard qu'elles devraient être ces vipères. « Et toi Eden, tu devrais faire attention à qui tu prêtes tes affaires, tu pourrais bien te faire voler... » Alice serra les poings mais ne répondit pas. Récemment, elle avait été puni parce qu'elle s'était vengé d'Elena... alors mieux valait attendre qu'elle se lasse ou qu'Eden réagisse. Elle, elle ne tenait pas à être encore collée. Elena n'en valait pas la peine.

« Ah, oui, c'est pour mon devoir de métamorphose. J'ai dessiné les différentes étapes, mais comme je voulais pas avoir à ré-écrire mon devoir si je me plantais, j'ai fait ça sur une feuille à part. D'où les ciseaux. J'ai oublié les miens. » Parce qu'elle avait des ciseaux hein, il ne faut pas croire que ses parents ne lui fournissaient pas une vraie trousse quand même. Elle était parfois un peu raide en consommable (genre l'encre ou les parchemins) mais elle avait sa propre plume, des stylos, un crayon à papier, des crayons de couleur, une gomme, des ciseaux et une règle, comme tout le monde. Elle avait même des surplus parfois quand Nasira se lassait d'un crayon aux couleurs aussi exotiques qu'elle. Seulement, là, une partie de ses affaires était dans la tour de Serdaigle, c'était un peu loin pour juste un ciseau (les serdaigles ne risquaient pas l'obésité vu le nombre de marches qu'ils se coltinaient tous les jours...).

« Je n'aime pas tellement les potions non plus. La plupart du temps, je trouve qu'elles sentent mauvais. » Remarqua Alice tout en découpant avec le matériel que son amie venait de lui prêter. Elle était relativement satisfaite du résultat. Ça c'était une bonne note assurée. Un sourire éclaira son visage mais il disparut bien vite à l'arrivée d'Elena la peste. A cause de cette fille, elle avait été punie, et c'était aussi à cause de ça qu'elle était dans la serre au moment de la Vague Noire et qu'elle avait été obligée de se procurer un nouvel uniforme. De la récupération, certes, mais ça ne l'empêchait pas d'être énervée rien que d'y repenser. Bien entendu, à l'origine, c'était sa faute puisqu'elle avait piqué un parchemin à Elena, néanmoins, ça la dérangeait d'être toujours celle qui était punie alors que Elena – en dépit de ses méchancetés fréquentes – s'en sortait à chaque fois. Elle n'était pas contre la justice de manière générale, elle détestait seulement qu'il y ait deux poids, deux mesures. Et elle continuait aussi à se demander ce que sa pire ennemie faisait dans la même maison qu'elle, elle mériterait d'être exilée à Serpentard avec son sale caractère ! (Il y avait des Serpentards très bien, elle ne disait pas le contraire, c'était seulement une question de proportion, et Elena lui semblait plus à sa place chez les vipères que chez les aigles)

« Laisse tomber Eden, elle n'en vaut pas la peine. » Finit par dire Alice, les poings toujours serrés. Elle en aurait pleuré de rage, mais elle ne pouvait pas se permettre de répliquer sous peine de risquer d'être encore punie et de décevoir ses parents. En revanche, il faudrait peut-être à un moment ou à un autre qu'elle organise une réunion avec sa fratrie pour un conseil de guerre. Elle ne faisait peut-être pas le poids toute seule contre Elena, mais la blondinette doutait qu'Elena puisse tenir ne serait-ce qu'un round contre Nasira. Au jeu de la reine des abeilles, c'était la jaune et noire qui l'emporterait (logique en plus, non?). « Et bien, pas très combative Orwell, je suis presque déçue. » Et elle repartit d'un éclat de rire. Heureusement, elle était un peu trop bruyante et, en plus, debout, donc un professeur se racla la gorge, l'invitant à aller s'asseoir. Elle disparut un peu plus loin au grand soulagement d'Alice.

« Cette fille est une plaie. Un jour, elle me le paiera. » Grommela Alice avec mauvaise humeur. Dire qu'elle était si contente voilà quelques instants !