Le tout petit monde de la haute société [PV]

Nicolas avait été à deux doigts du mariage jusqu’en août dernier. Il avait été fiancé à une française, qu’il n’appréciait que trop peu et qui lui pourrissait la vie dès qu’elle le pouvait. S’ils avaient été fiancés pendant près d’un an sur le papier, aucun fête n’avait cependant été célébrée, et même si tous les journalistes étaient au courant de la chose, rien n’était officiellement arrivé. Puis ces fiançailles avaient été rompues, seulement pour en apporter de nouvelles, de quoi ravir le jeune prince, bien évidement. Il détestait le fait que son père le trouve trop sauvage pour pouvoir lui faire confiance quant à ses relations. Il avait pourtant été un petit ami fidèle avec Caroline et aux dernières nouvelles, c’était elle qui s’était enfuie à l’autre bout du monde avec un autre homme, pas lui. Il n’avait pas non plus un comportement complètement inapproprié et avait jusqu’ici respect le serment qu’il avait fait à sa mère, ce dont il n’était pas forcément sûr concernant ses frères et soeurs. Enfin bref. Tout ça pour dire qu’il n’était sûrement pas le pire élément de la famille royale. Ou du moins, il ne l’était plus. Nicolas avait été un garçon égocentrique au possible et qui avait usé de tous les moyens possibles et imaginables pour arriver à ses fins. C’était comme cela qu’il avait intégré Poudlard à la place de Beauxbâtons, pour le plus grand plaisir de sa grande soeur qui avait déjà immigré au Royaume-Uni. Il s’était donné les moyens d’y parvenir et une fois là-bas s’était fait remarqué en tant que poursuiteur dans l’équipe de Quidditch de sa maison. On l’avait ensuite promu capitaine et sa maison n’avait alors plus jamais perdu la coupe de Quidditch. Tout cela pour dire que non, il ne méritait pas ce traitement spécial de la part de son père et encore moins une fiancée qui avait au moins quatre ans de moins que lui et qu’il ne connaissait même pas.

Cela dit, Nicolas était peut-être râleur au possible, il n’en n’était pas pour autant un mauvais ami. Bien au contraire. Malgré la distance, il avait gardé contact avec son ancien groupe d’amis de Poudlard. Il avait réussit à se réconcilier avec Emeric, qui occupait un poste de stagiaire au Ministère de la Magie, Ena était toujours à fond dans ses cours de chant et enfin, Romilly, qui venait de quitter Poudlard, un an après lui, s’était lancée dans l’évènementiel. Et il faisait toujours en sorte d’envoyer au moins un courrier par mois à ces derniers. Et ce fut donc sans grande-surprise qu’il reçu une énième lettre de la part de Romilly. Ce qui le surprit le plus fut l’invitation qui y était jointe. Bien évidement, il n’aurait loupé la soirée de la jeune femme pour rien au monde, il en allait de se devoir d’ami, ce qu’il appréciait moins, c’était la présence de ses beaux-parents, aussi inconnus du prince que la future princesse… Néanmoins, Nicolas, bien que peu enjoué à l’idée de les voir dans ces conditions, ne pouvait manquer cette soirée. D’une part, Romilly le tuerait s’il ne se montrait pas et d’autre part, son père prendrait cette non-apparition pour un affront de plus. Nicolas n’étant pas fou, il choisit donc l’option la plus sûre, qui était d’aller à cette soirée. Au moins, il y retrouverait Romilly, c’était déjà ça.

Une fois le jour J arrivé, Nicolas transplana, une fois son costume enfilé et qu’il fut prêt à affronter la belle-famille (qu’il espérait un peu ne pas croiser, ce qui semblait difficile, mais il pouvait toujours espérer non ?). Quand il arriva au niveau de Romilly, il lui rendit son baiser (en toute innocence bien entendu) et lui sourit.

« Tu es magnifique. Je suis ici pour toi, quoi que mon père m’aurait sûrement blâmé si je ne n’étais pas venu. »

Il esquissa un léger haussement de sourcils mais n’en dit pas plus. Romilly connaissait le roi son père, ou du moins l’avait-elle déjà vue quand elle était venue au château, pour les fêtes d’été de Nicolas. Elle savait également qu’il traitait son dernier fils comme le pire des cancres, mais cela uniquement par ce que lui écrivait ledit fils. Il laissa la brune prendre congés pour continuer son accueil et pénétra dans la salle. Il n’avait pas spécialement envie de se retrouver seul ici et de tomber sur les parents de sa promise dont il ne connaissait que le dossier que son père lui avait fourni. Heureusement, Romilly fit bientôt de nouveau son entrée et vint vers lui.

« Je te comprends totalement. Alors, c’est ta grande soirée, j’espère que tu sais ce que je vais endurer rien que pour toi, si je tombe sur les De Guise. D’ailleurs, je ne sais pas à quoi ils ressemblent, donc si tu les vois, préviens moi ! »

Nicolas esquissa un sourire malgré le fait qu’il soit très sérieux. Romilly étant une de ses plus proches amies -et amis tout court- elle avait droit aux vrais sourires du prince. Pas les sourires de façade qu’il offrait à son peuple ou aux photographes.

« Alors, racontes-moi un peu, quoi de nouveau dans la vie de Romilly Bradley, star de l’évènementiel ? »

Romy travaillait dur, il le savait, mais lui à côté n’avait clairement rien d’autre à faire qu’étudier -ce qui en soit, prenait déjà du temps, surtout quand on visait à être major de promo comme Nicolas- mais l’ancienne vipère était tellement prête à tout pour arriver à ses fins que Nicolas ne doutait pas d’elle une seule seconde.

Nicolas leva son verre et trinqua avec la jolie brune. romilly était de ce genre de filles, qui n’hésitaient pas à user de tous les moyens en leur possession pour arriver à leurs fins. Nicolas le savait et il n’allait pas la blâmer pour cela. Il était exactement le même. Déterminé à devenir l’héritier de son père, Nicolas avait redoublé d’efforts durant toute sa scolarité à Poudlard pour lui montrer qu’il en valait la peine. Si son père avait hésité à un moment, essentiellement parce que Joseph avait piqué une petite crise et avait déclaré ne plus vouloir de ce titre, il lui était maintenant sûr et certain qu’il ne le serait jamais. D’une part, Marie ne l’aurait sûrement pas laisser accepter le titre sans se revendiquer elle-même héritière par droit d’ainesse, et d’autre part… Maintenant que Joseph avait pleinement accepter son destin, Nicolas pouvait s’asseoir sur le sien… Enfin bref. Quand elle lui appris que les De Guise n’étaient pas loin, Nicolas tenta -vainement- de se cacher derrière la brune. Il faisait au moins une tête de plus qu’elle, ce qui ne menait à rien mais quand même.

« C’est vraiment eux ? Je ne comprendrais jamais mon père… »

Il ne les trouvaient pas spécialement bizarre, mais juste que, de les voir comme ça, pour la première fois… Il n’en n’était pas vraiment ébloui quoi. Oh, il avait vu à quoi ressemblait leur fille, elle était loin d’être moche certes, mais il les auraient pensé plus… Extravagants ? Non… Plus… Plus aptes à se mélanger aux autres, ce qu’ils ne semblaient pas vraiment faire pour le moment. Certes, Nicolas ne parlait qu’avec Romilly là, mais il connaissait pas mal de monde dans cette salle et irait forcément les saluer à un moment ou un autre… Mais bon, la soirée ne faisait que commencer et ils semblaient déjà perdus…

« Ah, c’est cool. Tu vois, tu t’inquiétais pour rien à l’école ! Vous êtes faits pour être ensemble. Comme ton frère et Joy, j’en ai bien peur. Ca se voyait trop qu’elle l’aimait, il était le seul à ne rien voir… Tu m’excuses, hein, mais oses dire que j’ai tort… Ils habitent ensemble eux aussi ? »

Si Nicolas était relativement proche de Romilly et d’Alek, ce n’était absolument pas le cas avec le frère et la belle-soeur (n’ayons pas peur des mots hahahaha) de l’ancienne Serpentard. Il voyait qui ils étaient, bien entendu, mais c’était tout. Il savait que Joy était le pire ennemi de Romilly -mais ça c’est parce qu’elle avait un souci dans sa tête, voilà tout, Joy était un bisounours enfin !- à un moment donné, mais maintenant cela semblait aller mieux. A moins qu’elle ne le cachait mieux qu’auparavant.

« Eh bien, pas grand chose. Je vise à nouveau le titre de major de ma promotion. Lucie, l’autre Lucie, ne me colle plus aux basques donc c’est génial… Quant à la nouvelle… A part une photo et un dossier visiblement très complet, je ne sais absolument rien sur elle. Enfin, Jade m’assure que c’est une fille très bien… Tiens, tu as des nouvelles d’Opalyne ? »

Non pas que Nicolas s’intéresse particulièrement à la vie d’Opalyne Hummingbird, hein, non loin de là. Ils avaient flirté à la fin de son année scolaire à lui, mais depuis qu’il avait quitté l’école, c’était le calme plat. Il n’avait aucune nouvelle de la rousse. La seule chose qu’il avait cru comprendre, c’était qu’elle avait quitté Poudlard avant la fin de ses études. Depuis, il ne savait absolument pas comment elle occupait ses journées. Nicolas étant un prince, il avait une certaine réputation à tenir, mais ce n’était pas le cas de tout le monde, il le savait. Si pour lui -comme pour Romilly- il fallait à tout briller, certains voulaient juste survivre dans ce monde un peu bizarre. Si c’était le cas d’Opalyne, il n’en savait rien. Alors qu’il finissait sa coupe de champagne, il posa une main sur l’épaule de la brune à ses côtés et lui accorda un magnifique sourire.

« M’accorderais-tu cette danse très chère ? J’ai cru lire qu’il s’agissait d’un bal… Et n’essaie pas de dire non juste parce que je suis un prince… »

Il avait chuchoté ces derniers mots car il la connaissait. Romilly était celle qui avait organisé l’évènement et une roturière. Si on la voyait si proche du prince, à lui parler comme si de rien n’était, elle serait sans aucun doute reprise par ses employeurs ou par quelqu’un d’autre qui se penserait plus intelligent que la moyenne. Or, il était impossible pour Nicolas de ne pas faire de la brune la reine de la soirée. Après tout, c’était bien ce qu’elle était. Et elle n’était pas une simple roturière, elle était son amie avant tout. Et Nicolas avait des tas de photos pour l’attester -et puis, Alek ne lui en voudrait pas de la sauver des mains baladeuses d’autres types ayant abusé du champagne, pas vrai ?

Si Romilly n’appréciait pas Lucie, Nicolas lui, avait finit par la haïr du plus profond de son être. Il se demandait encore pourquoi, avant la fin, il n’avait pas mis en place un sortilège sur son appartement pour éviter ses arrivées intempestives… Quoi que la connaissant, elle aurait bien trouvé un autre moyen de venir l’ennuyer…

« Et tu n'étais pas la seule, ne t’en fait pas. Lucie -la première, à croire que mon père adore ce prénom… Pourquoi ma soeur s’appelle donc-t-elle Marie, un mystère- me tapait sur les nerfs dès qu’elle arrivait. Et elle se faisait un malin plaisir à débarquer à mon appartement dès qu’elle s’ennuyait dans le Sud… Trop souvent à mon goût, si tu veux mon avis. »

Au moins, avec cette autre Lucy, Nicolas aurait encore quelques temps de répit avant qu’elle ne débarque elle aussi dans son appartement parisien sans crier gare. Bon, le fait qu’il ne la connaisse pas plus que cela -il n’était pas non plus ignorant, il voyait bien qui elle était de quand il était encore à l’école- aidait sûrement à l’idée qu’il se faisait d’elle, mais si Romilly disait qu’elle n’était pas pire que Lucie, première du nom, il avait peut-être un peu de chance d’y échapper… Promis, il prierait le Seigneur tous les soirs s’il le fallait -et après tout, il avait bien réussi à tenir le vœu de chasteté si cher à sa mère la Reine, prier Dieu tous les soirs ne devrait pas être bien plus compliqué !

« Et la vie sexuelle de ton frère ne m'intéresse pas non plus, donc l’ignorance me va très bien. La mienne se porte à merveille si tu te pose la question cela dit. »

Esquissant un sourire, Nicolas prit une nouvelle gorgée de champagne. Sa vie sexuelle étant similaire à celle d’un nouveau né, il n’avait pas vraiment de quoi se plaindre. Au moins, sa mère était content. Et en même temps, il n’avait pas envie de gâcher sa personne pour n’importe quelle fille qui passait dans le coin. Certes, la première Lucie était loin d’être un laideron et peut-être aurait-il pu y avoir quelque chose, si seulement elle n’avait pas été aussi chiante. Car au début, avant qu’il n’apprenne ses fiançailles forcées, Nicolas avait bien apprécié Lucie… Enfin, le passé était passé de toute façon.

« A Traverse, vraiment ? Et tu saurais où ? Tu as l’air de savoir plein de choses sur nos anciens camarades de classe… Oh, le major de promotion, c’était Emeric. De peu, je te l’accorde, mais il faut lui accorder cela tout du moins. Heureusement, je n’ai pas d’Emeric à l’université. C’est bien plus simple. Mais un peu moins marrant aussi, je dois te l’avouer. »

Même s’ils avaient fini leur scolarité en se disputant assez fréquemment et en se faisant souvent la gueule, Emeric ne restait pas moins le meilleur ami de Nicolas. Et cette constante compétition qu’ils avaient eut, à l’école, avait entretenu cette amitié, même si elle était parfois plus dangereuse que bienfaitrice. Surtout quand Emeric semblait réussir à avoir toutes les demoiselles que Nicolas courtisait…

« Enfin, ne trouves tu pas inconcevable que le Prince du Liechtenstein ne danse pas ? Cela sera une honte. Et il se doit de danser avec la plus belle demoiselle de la soirée. Il se trouve qu’il s’agit de toi, ce n’est pas ma faute… Pour ton patron, laisse-le moi, il ne pourra rien dire contre moi. Et puis, tu préfèrerais peut-être danser, je ne sais pas, avec ce gros à moustache et au nez sacrément rouge pour un début de soirée, peut-être ? Non, hein ? Je me disais aussi ! »

Nicolas, qui remarqua également le regard peu avenant du patron de son amie, lui décocha un magnifique sourire et un petit mouvement de tête. Oui, malgré son sérieux à l’université, Nicolas n’en restait pas moins ce garçon hyper prétentieux qui obtenait tout ce qu’il voulait et qui faisait plier tout le monde. Un patron n’allait sans doute pas être un problème pour lui !

Nicolas avait beau dire tout ce qu’il voulait, il était tout de même plutôt content d’être éloigné de Lucie. Certes, la jeune femme avait un corps de rêve et elle avait toute l’allure d’un mannequin. Se promener avec la blonde à son bras n’avait pas été un fardeau particulier. Cependant, l’avoir sur le dos dès qu’il était dans son appartement, il ne l’avait pas supportée bien longtemps. Maintenant qu’il était donc promis à une autre jeune femme, il espérait bien avoir un peu de répit. Et si la demoiselle en question pouvait être sympa et ne pas le faire suer plus qu’il ne le fallait, il ne disait pas non. Bien évidement, si elle était inintéressante, il était prêt à parier que leur couple ne serait qu’apparence, mais encore fallait-il connaître ladite jeune fille avant de penser cela.

« C’est une bonne chose à savoir. Lucie était vraiment un pot de colle sans nom… »

Et en plus de cela, elle lui avait vraiment casser les pieds. Et voilà que Romilly s’y mettait à son tour ! Décidément, les filles avaient un sacré problème avec cela. Et après, on venait dire que seuls les garçons ne pensaient à cela vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Non mais vraiment, c’était n’importe quoi ! En plus de cela, bien que Nicolas se fichait pas mal de parler de son voeux de chasteté, il n’avait pas envie d’en parler ce soir. Ou de parler de sa façon de le détruire éventuellement, avant le mariage. De toute manière, ce n’était pas vraiment les affaires de la brune.

« Merci de te soucier de tout cela, c’est adorable… Mais ne t’en fais pas pour moi, je sais ce que je veux. Et pour cette Lucy, on verra bien. Jade n’arrête pas de m’envoyer des lettres pour me dire qu’elle est vraiment géniale… Si Jade l’apprécie, je pense que je devrais pouvoir en faire de même… »

Et si Romilly l'appréciait aussi, ou du moins, pouvait en dire du bien, ce n’était pas plus mal non plus. Ses amis le connaissait, Nicolas était du genre à se sentir supérieur aux autres -chose tout à fait légitime, il était un prince enfin !- et n’accordait sa confiance qu’à de rares personnes. Emeric et Romilly faisaient partie de ces personnes. Pour le reste, il s’agissait plus de connaissances que de réels amis, mais que pouvait-il faire contre cela ? Il n’accordait pas son amitié si facilement, ce n’était pas sa faute !

« N’est-ce pas ?! Et Alek me remerciera, j’en suis sûr, de te garder loin de ces vieux pervers… »

Lorsque la danse s’acheva, Nicolas vit le patron de la brune se ruer sur eux. Il garda un bras autour de la taille de son ancienne camarade et tendit sa main droite au nouveau venu, un sourire faux sur le visage. Nicolas savait y faire avec les gens, ce n’était pas pour rien que le peuple de son père l’adorait… Et qu’il s’était su bien meilleur pour le trône que son frère, sauf qu’il semblait le seul au courant de ce dernier point.

« Bonsoir ! Ravi de vous rencontrer. Vous avez là une employée talentueuse. Saviez-vous que nous étions amis à l’école ? Déjà là, ses talents ne faisaient aucun doute. Et cette soirée est très bien réalisée, un vrai succès. Vous avez mis la main sur une perle rare. »

Nicolas avait toujours son sourire faux aux lèvres, mais il pensait sincèrement ce qu’il disait. Il savait que Romilly était capable de faire de grandes choses, et cela en était la preuve. Et si son patron avait quelque chose contre leur amitié, et bien Nicolas allait lui faire comprendre qui était le plus haut placé entre eux deux.