Maximilien tombait des nues. Il continuait à observer Jeremy d'un air décontenancé, tâchant tant bien que mal d'intégrer la nouvelle que son frère aîné venait de lui annoncer. Leur père... avait une petite-amie ? Il avait toujours pensé - stupidement réalisait-il à présent - que si ses parents étaient restés célibataires chacun de leur côté pendant si longtemps, c'était parce que, peut-être, un jour, ils seraient amenés à former un couple à nouveau ? Il savait que c'était un espoir ridicule. Son esprit cartésien prenait connaissance des faits - leurs disputes incessantes, les éclats de voix terribles résonnant à travers leur maison de Manchester, l'incompatibilité indéniable - et était arrivé à une conclusion logique il y a quelques années (quelque part entre le moment où il avait décidé qu'il ne pouvait pas être le seul responsable de leur rupture et la réalisation que le mariage de ses parents était loin d'avoir été aussi idyllique qu'il l'avait jadis pensé, même avant la découverte de ses pouvoirs et de ceux d'Alexandra). N'empêche qu'apparemment, une petite partie de lui avait continué d'y croire dur comme fer, envers et contre tout, parce qu'autrement il ne sentirait pas aussi trahi qu'il l'était actuellement.
Jeremy, le seul enfant Bowman vivant encore régulièrement avec leurs parents avait été le premier à l'apprendre, bien sûr. Des plans avaient sans doute été élaborés pour mettre au courant les deux autres, mais leur aîné n'avait visiblement pas tenu le coup suffisamment longtemps. Les vacances de Pâques commençaient sur les chapeaux de roue. Debout face à face dans le salon de l'appartement de leur père, les deux garçons Bowman semblaient échanger une conversation muette. Et puis, sans qu'il ne comprenne vraiment comment, ils en arrivèrent à se disputer, une fois de plus approximativement la millième mais qui garde les comptes ? Une trahison qui aurait pu (dû ?) les unir ne parvenait pourtant pas à vaincre des années de ressentiment et de méfiance. Au fond, Maximilien comprenait le raisonnement de Jeremy. Si, si. Tout était tellement plus facile avec un bouquet mystère bouc émissaire. Et le blond rendait la chose si aisée: plus son aîné lui lançait de regards noirs, plus il se montrait revêche et pire, allait même jusqu'à le provoquer.
En quelques minutes ils en étaient venus aux mains, et après un coup violent dans le visage, Maximilien sentit une douleur aiguë le percer juste au niveau de l'arcade sourcilière. Un brin sonné, il tendit distraitement la main pour évaluer les dégâts, et un liquide écarlate vînt aussitôt colorer ses doigts. Crétin de joueur de foot de seconde zone complètement décérébré. A la réflexion, peut-être qu'exprimer cette pensée à haute voix n'avait pas été la plus sage des décisions. Ils n'étaient plus des enfants. Et Jeremy avait toujours été bien meilleur que lui à ce jeu-là. Il prit un nouveau coup et se retrouva au sol, évitant de justesse la table basse. Il se sentait bouillir de rage. Son frère avait l'ascendant sur lui. Encore et toujours. C'était vraiment ça son destin ? Se prendre raclée sur raclée, même devenu adulte, même après avoir quitté la maison de sa mère pour lui échapper, même après passé un réveillon relativement civilisé et pensé que peut-être, ils avaient réussi à atteindre un genre de statu quo ?
Furieux et blessé, la douleur lancinante au niveau de son visage ne faisant que l'énerver davantage, il porta machinalement la main à sa poche où se trouvait sa baguette, qui projetait des étincelles incandescentes. Il savait que c'était la ligne à ne pas dépasser. Il utilisait la magie sur son frère et c'était définitivement terminé. Pas de retour en arrière possible. Il vit Jeremy, haletant, suivre son mouvement du regard et profita de l'instant de panique mêlé d'indignation qui immobilisa le brun pour se redresser précipitamment et faire quelques pas en arrière sans pour autant lui tourner le dos. Il était échevelé, et meurtri, mais de tout ce qui venait de se produire durant les dernières secondes, c'était la trace de peur qu'il avait lue dans les yeux de son frère qui le remuait le plus. Sans ajouter un seul mot, il tourna les talons et quitta la pièce, puis l'appartement, fourrant sa baguette dans sa poche avec précipitation.
Il n'avait pas à rester là. Il n'avait pas à endurer cette situation. Il avait son propre appartement désormais. Il ne rentrait que pour voir sa sœur - et accessoirement ses parents enfant indigne - et il s'en voudrait très certainement de l'avoir laissée là une fois qu'il aurait retrouvé son calme, mais en l'occurrence tout ce qu'il souhaitait, c'était mettre le plus d'espace possible entre son frère et lui. Il courut pendant quelques minutes, laissant ses pas le guider par automatisme jusqu'au stade de quartier où leur père les emmenait tous les trois, lorsqu'ils étaient plus petits. Quelques jeunes se faisaient des passes un peu plus loin. Essoufflé, il alla s'asseoir dans les gradins les plus proches et porta à nouveau la main à la blessure. Et dire qu'il devait aller travailler le lendemain. Pour un peu il aurait pensé que son frère l'avait fait exprès. Servir la clientèle avec des faux airs de boxeur s'étant pris un sale crochet du droit, ça ne faisait pas vraiment professionnel. Pas que Jeremy en ait grand-chose à faire. Dans sa ligne de travail il passerait sûrement pour un dur avec ce genre de blessures de guerre.
Il venait d'en arriver à la conclusion qu'il lui faudrait requérir à l'assistance de quelqu'un - il ne pouvait pas vraiment se soigner tout seul en l'occurrence, il risquerait d'y laisser un œil, ou même un sourcil chacun son sens des priorités - lorsqu'il aperçut une petite silhouette familière approcher au loin. Bien qu'étant enfin devenue majeure (du moins aux yeux des sorciers), Alexandra ne pratiquait pas la magie en dehors de l'école, aussi devait-il éliminer cette option. Il lui fallait quelqu'un sur qui il pouvait compter. Et surtout, quelqu'un qui ne poserait pas de questions. Il demanderait donc à Arthur, conclut-il avec raison. Il aurait pu s'adresser à Ally, bien entendu, mais sa meilleure amie tiendrait à comprendre ce qui s'était passé, et il ne voulait pas avoir cette discussion. Rien ne lui garantissait qu'Arthur ne lui en parlerait pas, bien entendu - après tout les jumeaux Bey étaient connus pour tout se dire, bien plus qu'Alex et lui, par ailleurs never forget - mais l'ancien Serpentard lui devait bien une faveur. Il n'oubliait quand même pas qu'à une époque il avait entraîné illicitement sa sœur au Quidditch, se passant bien de partager avec lui cette information vitale ? Et puis, même s'il le disait à Ally, peu importait tant qu'il le sortait du pétrin actuel. Quant à Ava, il refusait catégoriquement qu'elle le voie dans cet état. Ses rapports avec son frère étaient une chose qu'il ne discutait avec personne. Alex' était au courant étant donné qu'elle vivait avec eux, mais il n'en abordait même pas les détails avec Aélys. Jamais. Depuis le temps, la blonde ne pouvait néanmoins ignorer qu'entre les deux aînés Bowman, c'était loin d'être l'amour fou (elle avait elle-même pu constater les regards de phacochère constipé belle image que lui adressait Jeremy lorsqu'il entrait dans son champ de vision, de toute façon. Leurs familles se connaissaient depuis longtemps à présent.) mais c'est tout. C'était trop humiliant, et douloureux, et il ne voulait pas avoir à en parler.
Alex' finit par arriver à ses côtés, ce qui eût pour effet de lui évoquer un profond sentiment de déjà vu. Comme d'habitude, ce n'était pas comme si toute cette agitation avait pu échapper à sa sœur, malheureusement. Au moins ne saignait-il pas du nez pour une fois, songea-t-il avec amertume. Ils avaient beau avoir changé durant ces trois dernières années, certaines situations semblaient destinées à se reproduire, encore et encore. « Désolé. » souffla-t-il dans un soupir, bien plus calme qu'il ne l'avait été une demie heure plus tôt. Désolé pour tout, vraiment. Pour cette énième bagarre, pour son air meurtri, pour la situation de leurs parents, pour toujours être à la source de problèmes et pas assez souvent de solutions... « Il ne me le pardonnera jamais, tu sais ? Et encore moins après ça. Pourquoi est-ce qu'il ne peut pas se comporter de manière normale pour une fois ? » grimaça-t-il en réalisant que son frère se disait probablement la même chose à l'heure qu'il est.
Il ne se voyait pas retourner chez son père après tout ça. Son propre appartement n'était pas loin, de toute façon - c'était là-même son attrait principal (et non, ce n'étaient pas le manque d'espace et les fenêtres mal isolées qui l'avaient séduit, surprise surprise !) -, ce serait plus simple comme ça. Il observa sa petite-sœur en silence, songeant à tout ce qui s'était passé ces dernières années majoritairement sous forme d'hallucination collective, aux révélations et aux difficultés, et se dit qu'elle aurait dû avoir droit à une après-midi normale au lieu de ce nouveau désastre. « Tu me parles un peu de Poudlard ? » proposa-t-il en lui adressant un petit sourire timide. Il s'était pas mal inquiété pour elle en début d'année, livrée à elle-même pour la première fois depuis qu'ils avaient découvert l'existence de la magie. Certes, il restait Linwood et Jade et d'autres de ses amis à Poudlard. Mais Alex', les jumeaux Bey et lui, ils se connaissaient depuis toujours. Au fond, il savait qu'elle était parfaitement capable de prendre soin d'elle-même du moins quand elle ne traînait pas avec les alcooliques du coin, ou qu'elle ne se pointait pas au bal de Noël avec des pervers notoires d'au moins trois ans son aîné mais elle avait longtemps été sa responsabilité. C'était plus fort que lui, il s'inquiétait.
Dernière édition par Maximilien Bowman le Lun 26 Oct - 14:59, édité 1 fois
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Ξ Sujet: Re: [ Manchester ] Family portrait [ PV ] Mar 6 Oct - 0:11
FAMILY PORTRAIT ϟ feat. Maximilien Bowman
Something you said was about the pen and the paper ; You can always write it, it's something you'll have to do. They say that it's gone now ; you know that I disagree. I barely hear you, your signal is cold now. So turn it into video
Elle était là à écouter aux portes ; petite silhouette gracile camouflée derrière la barrière d’acajou. Etrangement, le fait de se retrouver dans cette position la ramenait plusieurs années en arrière, quand elle n’avait encore que 13 ans. Oh, entendons-nous bien. Mily et Rémy n’avaient jamais cessé de se battre durant ces quatre dernières années leur déficit neuronal ne leur permettait pas d’être doué d’abstraction. Mais au moins avaient-ils toujours eu la décence de le faire quand Alexandra ne se trouvait pas dans les parages. Après avoir eu cette dispute digne de la seconde guerre mondiale avec Mily à Poudlard, lorsque ce dernier avait appris qu’elle s’était entraînée en cachette à son sport préférée, Alexandra lui avait promis d’essayer de ne plus rien lui cacher. Chose plutôt difficile, puisqu’elle menait toute une vie secrète lorsque ses deux frangins avaient le dos tourné ! Pourtant, après qu’il ait digéré sa trahison honteuse de son avis, hein. Alexandra, elle, trouvait tout cela parfaitement normal ! la petite Serdaigle avait tenté de lui faire passer la pilule pour l’histoire du Baseball. Autant dire que la révélation avait fait beaucoup de bruit et que cette histoire était même remontée jusqu’aux oreilles des hautes instances –à comprendre, de Rémy et des parents Bowman.- Oh par Merlin, que son désespoir avait été grand ! Il y avait eu des prises de bec incroyables, des larmes, et beaucoup de cheveux arrachés. Malgré tout, Alexandra avait réussi à les convaincre que non, si elle n’était toujours pas défigurée après plus de 5 ans de pratique, c’était que ce sport n’était pas si dangereux que ça. Et qu’elle était de toute façon assez douée pour éviter de se prendre un coup de sa propre batte de Baseball dans la figure. Son argument principal ? S’ils étaient siii fiers d’elle lorsqu’elle faisait de la Gymnastique –à savoir, un sport où elle se balançait sur des barres asymétriques à parfois plus de quatre mètres du sol, youhouuuu les Bowman, où est votre sens des priorités ?!-, ils ne pouvaient pas lui refuser le Baseball. Et cas contraire, elle cesserait de leur faire d’aussi cadeaux faits mains pour Noël ! De son avis, c’était surtout cette dernière menace qui avait fait tourner le vent dans sa direction Pauvre Alex si tu savais. Mais qu’importe. Depuis qu’elle n’était plus obligée d’inventer des excuses stupides pour aller s’entraîner, et que ses frères avaient eu vent de son planning, ils avaient pu planifier leurs petites bagarres stériles sur ces créneaux-là. « Hey Jérémy, Alex est pas là, ça te dirait qu’on se foute sur la gueule, là, maintenant, tout de suite ? Ce serait si drôle ! »
Quoi qu’il en soit, cela devait faire pas mal d’années qu’Alexandra ne s’était pas retrouvée dans cette situation. En général, elle retrouvait ses frères complètement amochés lorsqu’elle rentrait de ses entraînements, et se chargeait donc de les soigner après coup enfin surtout Mily, parce que Rémy, défiguré ou non, avait toujours la même sale gueule. C’était toujours aussi douloureux, mais pas autant que de les entendre se jeter l’un sur l’autre comme des lions enragés, et se balancer mille horreurs, comme aujourd’hui. Tremblante de peur, la jeune fille pria pour que tout s’arrête rapidement. La dispute avait commencé comme toute autre dispute, même si cette fois, la raison était un peu plus dramatique. C’était Rémy, qui avait commencé les hostilités. Pourtant, la conversation aurait presque pu les rapprocher, cette fois-là. Alexandra avait été choquée d’apprendre que son père fréquentait une autre femme. Après tout, elle n’avait jamais supposé que son père puisse les « abandonner » avec une tierce personne. Et possessive envers les membres de sa famille comme elle était, elle s’était jurée de monter un plan diabolique pour précipiter cette péronnelle du haut d’un building avec un sourire candide. Mais le problème n’était pas là. La discussion avait rapidement tourné au vinaigre sans qu’elle ne puisse les stopper, et ils avaient commencé à abandonner les mots pour parler avec leurs poings. Ce qui semblait être le seul moyen de communication valable entre ces deux-là. Ses longs doigts crispés sur la poignée de la porte, la blonde se demanda ce qu’il convenait de faire. Elle aurait voulu entrer dans la pièce et les arrêter. Leur dire que ce n’était pas la peine de continuer ces batailles qui ne faisaient que réduire en pièce les derniers fragments de leur famille. Elle se voyait se jeter dans leurs bras en pleurs et les calmer immédiatement de par sa présence. Elle aurait voulu. Réellement.
Mais elle n’avait pas pu. Même à 17 ans, elle était la même gamine lâche qu’autrefois. Alors elle avait pris sur elle. Elle avait fermé ses yeux bleutés, espérant que les coups cessent. Et brusquement, une porte avait claqué et Maximilien avait quitté la maison. Peut-être temporairement. Peut-être définitivement. Alexandra n’en savait rien, mais, après avoir récupéré rapidement la trousse de soin, elle avait ouvert doucement la porte pour constater le carnage. Dans le salon des Bowman, Rémy restait debout, les yeux fixés sur un point imaginaire. Son expression était inhabituelle. Tant et si bien que la blonde ressentit une bouffée de panique lui monter dans la poitrine. Rémy avait-il dépassé les bornes cette fois-ci ? S’étaient-ils dit par le regard quelque chose qu’Alexandra n’avait pas pu saisir ? Elle avisa les traces de sang sur le plancher, et étouffa une crise de larmes. Il ne fallait pas qu’elle craque maintenant. Se coulant doucement auprès de Jérémy, elle le regarda sans mot dire. Ses grands yeux bleus l’interrogèrent, mais l’aîné des Bowman semblait trop sonné pour esquisser le moindre geste. Au bout d’un moment, il leva la tête vers elle, et prononça trois mots. Puis, sans lui laisser le temps d’en dire plus, Alexandra quitta la maison en courant pour essayer de retrouver Mily.
Au dehors, le temps était Printanier. Alexandra passa sous un rideau de glycines, ses fleurs préférées, puis bifurqua le long d’une allée. Elle ne savait pas où Maximilien était passé, et se refusait à utiliser la magie en dehors de Poudlard pour le localiser. Elle n’était pas encore prête à se comporter comme une sorcière dans le monde Moldu, même si elle en avait l’autorisation. Elle était bien trop réticente à la magie pour la pratiquer hors de l’enceinte du château. Son habituel sixième sens fit cependant le travail à sa place. Levant le nez, Alexandra dirigea automatiquement ses pas sur les traces de son frère un don qu’elle avait acquis après des années de stalkage intensifs. Puis, au bout de quelques longues minutes, elle le trouva et trottina vers lui. Son habituelle trousse de soin sous le bras, elle examina rapidement ses blessures. Encore une fois, Rémy avait dépassé les bornes. Mais c’était plutôt l’expression de Mily qui l’inquiétait. Esquissant un sourire factice, celui-là même qu’elle revêtait à chaque fois qu’elle était confrontée à cette situation qu’elle détestait tant, elle vint s’assoir près de son frère. Sans qu’elle ait pu dire quoi que ce soit, Maximilien s’excusa. Il avait un air de biche blessée, ce qui était presque aussi douloureux pour Alex que le coup qu’il s’était pris plus tôt. Elle sortit son matériel pour le soigner, sans rien dire, et commença à humidifier les cotons avec du désinfectant. Ça n’allait pas être un moment agréable, mais il n’était plus à ça près. Toujours en silence, elle écouta Maximilien lui dire que Rémy ne lui pardonnerait pas, et pester sur son comportement. Piquée à vif, elle lui appliqua sans ménagement la compresse sur sa blessure. Mily, bien plus amoché après les soins d’Alex qu’avant
« Vous ne pouvez vraiment pas communiquer, tous les deux. » soupira-t-elle, tandis qu’elle jetait le coton imbibé de sang dans un petit sac poubelle sans plus s'émouvoir des mimiques de vache constipée de Mily. « Je pense qu’il s’en veut bien plus que tu ne le penses. Quand tu as quitté la maison, il avait vraiment une expression inhabituelle, et un air beaucoup moins crétin sur le visage. Je pense que ça l’a pas mal affecté, d’une façon ou d’une autre… » Elle arrêta son discours ici. Maximilien allait sûrement embrayer sur autre chose, et lui démontrer par A plus B qu’elle avait tort. Qu’importe. Elle avait bien vu l’expression de Rémy, quand elle était venue le rejoindre dans le salon. Son air complètement perdu. Et ses quelques mots. « Il est parti. » Comme s’il n’en revenait pas. Comme s’il était persuadé que cette dernière dispute marquait un point de non retour. Et pourtant, Mily avait souvent quitté la maison en claquant la porte, à l’issue de leurs disputes, autrefois. Mais jamais l’aîné Bowman n’avait eu autant l’impression que ce simple geste marquait la fin d’une ère. Alex secoua la tête pour essayer de chasser cette image désagréable de son esprit. Elle scruta les réactions de son aîné, tandis que mille scénarios défilaient dans sa tête. Elle avait peur que Mily s’en aille vraiment. A présent qu’il avait son appartement, il n’avait plus vraiment besoin de rester à Manchester dans leur maison, n’est-ce pas ? Cette pensée la pétrifiait. Elle ne voulait pas que leur famille s’entredéchire plus. Ils étaient déjà en pièces. Inutile de piétiner les morceaux.
Maximilien sembla cependant vouloir changer de conversation. Avec un sourire léger, il lui demanda de lui parler de Poudlard. Ah, Poudlard… C’était vrai que depuis la rentrée, Alexandra avait dû y retourner seule. Sans Arthur. Sans Aélys. Sans Nasira. Et surtout, sans Maximilien… Dire qu’elle avait mal vécu la chose aurait été un euphémisme. A dire vrai, elle avait vraiment souffert de l’absence de ses aînés. Le collège lui semblait morne, sans eux autour. C’était la première fois qu’elle était vraiment seule. Avant d’entrer à Poudlard, même si Mily n’était plus là avec elle, Rémy avait été présent. Puis, une fois sa scolarité entamée, elle avait pu passer 6 années en sa compagnie. Même Maison, même table le matin, comme chez eux… Et pourtant, depuis Septembre, elle avait dû reprendre le chemin du Poudlard Express, incroyablement seule. Elle qui se plaignait souvent de la surveillance constante de Mily, avait ressenti un énorme vide… Et même si elle continuait de correspondre avec Nasira et Aélys, elle avait l’impression que ce n’était plus comme avant. Et ne serait plus jamais comme avant, d’ailleurs. Chacun empruntait un chemin différent. Même quand elle serait diplômée, ils ne seraient jamais plus tous ensemble dans la même école, à se croiser tous les jours, à se raconter les mêmes potins. Si c’était cela, grandir, Alexandra ne voulait pas. Et au-delà de tout ça, il y avait Arthur…
Ah Arthur. Son ami d’enfance. Elle l’avait un peu perdu de vue pendant un certain temps, jusqu’à ce que leur phase adolescente de scission fille/garçon soit passée. A partir de là, ils avaient repris leur amitié d’antan, se voyant dès qu’ils le pouvaient. Mais depuis le fameux bal de sa quatrième année, tout avait basculé. Elle l’avait vu embrasser Nasira enfin l’inverse en fait, mais quelle importance ?, et depuis, leur relation s’était dégradée. Ils avaient réussi à mettre la tête hors de l’eau au bout d’un an de guerre froide. Mais à présent qu’il était parti, Alexandra n’osait même pas lui écrire. Pour lui dire quoi, au juste ? Les choses étaient trop bizarres entre eux. Et les tactiques d’Aélys et de Nasira pour les mettre ensemble ne faisaient qu’aggraver les choses. Arthur et elle, ensemble ? De une, ce n’était que des amis d’enfances. Rien de plus, rien de moins. Et de deux, il aurait déjà fallu qu’ils arrivent à se parler, avant d’envisager quoi que ce soit… Frustrée et blessée plus qu’elle n’aurait voulu l’avouer, la jeune fille haussa les épaules et vint poser sa tête sur l’épaule de Mily. Comme ça, elle se sentait au plus proche de lui. Comme ça, elle avait l’impression qu’il n’y avait rien qui pouvait les séparer. Ni sa scolarité à Poudlard sans lui. Ni ses disputes avec Rémy. Ni l’Avalanche de problèmes qui l’éloignait progressivement d’elle… A cette pensée, Alex se crispa, et elle se promit de retourner donner un coup d’aiguille dans la poupée vaudou qu’elle avait confectionnée pour l’ex préfète de Poufsouffle dès qu’elle retournerait dans sa chambre. Juste pour s’assurer que la rousse ressentait la même douleur qu’elle. Alexandra, psychopathe du dimanche
Alors, lui parler de Poudlard… C’était à la fois tellement compliqué, et tellement simple. Elle n’avait pas grand-chose à lui dire. « Oh, eh bien… la routine, tu sais. Les professeurs nous font crouler sous les devoirs, et il s’est passé plein de trucs depuis le dernier bal. Connor et Linwood sont toujours ensemble, et Aiden et Jade se sont fiancés ! Serdaigle a gagné son dernier match contre Gryffondor, mais je n’ai pas joué. Enfin, je n’ai pas rejoué depuis la dernière fois… » Elle fit une courte pause. Depuis que Maximilien avait quitté Poudlard, Alexandra n’avait plus eu envie de jouer au Quidditch. « C’est… un peu vide sans vous tous. » commenta-t-elle inutilement en baissant la tête. Même cet empoté de Rudy lui manquait. C’était dire ! Dépitée, la blonde posa son matériel de soin à côté d’elle. Sa dernière année n’avait pas été des plus intéressantes. Sans ses aînés, Alexandra se sentait perdue. D’autant plus qu’elle détestait faire partie des plus grands. ben oui, elle peut pas stalker du vieux vu qu’il n’y a pas plus vieux qu’elle !. « Enfin bon… et toi le Ministère alors ? Comment ça se passe ? » demanda-t-elle, espérant que l’année de son frère était plus intéressante que la sienne.
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Maximilien Bowman
Parchemins : 629Âge : 23 ans {26/08/1992} Actuellement : Poursuiveur dans le Club de Flaquemare Points : 0
Ξ Sujet: Re: [ Manchester ] Family portrait [ PV ] Lun 26 Oct - 14:58
Durant les vacances de Noël de sa dernière année à Poudlard, il avait espéré, même cru que les choses pouvaient s'arranger entre Jeremy et lui. Ils s'étaient entendus comme ça n'avait plus été le cas depuis plus de six ans, et pendant quelques (trop) brèves journées, Maximilien avait pensé avoir retrouvé son frère aîné. Et puis, tout avait dégénéré, comme toujours. Mais retrouver l'amitié de son frère, même si elle avait été éphémère, lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Il lui était difficile à présent de faire comme si Jeremy n'était qu'un gros babouin décérébré, dont l'absence dans sa vie ne lui faisait ni chaud ni froid. Pas quand il avait pu entrapercevoir la différence que connaîtraient leurs rapports s'il n'avait pas reçu une certaine lettre de Poudlard le jour de ses onze ans.
En quittant Poudlard, il avait quitté la maison où il avait grandi, et les regards assassins de Jeremy. Et il ne s'en portait pas plus mal - la plupart du temps. A quoi bon se morfondre sur une situation qui était désastreuse depuis bien trop longtemps désormais, et qui - il en était certain - ne s'arrangerait plus jamais ? Il lui fallait aller de l'avant. Mais ce genre de décision était plus facile à prendre qu'à réaliser, et quelques mots de son frère avaient suffi à le déstabiliser plus que de raison. Les réflexes prenaient le dessus, et la querelle habituelle pointait perfidement le bout de son nez. Une petite voix au fond de son esprit lui soufflait que l'appartement n'était pas si grand, et qu'Alexandra ne pouvait être bien loin, qu'il ferait mieux d'arrêter les dégâts et lui éviter d'assister à cette reconstitution pathétique des bagarres qui s'étaient déjà produites ces sept dernières années. A peine avait-il cette pensée qu'il se retrouvait au sol, le visage ensanglanté, et tout semblant de raison quitta son esprit.
Le regard de son aîné gravé dans son esprit au fer rouge, Maximilien quitta l'appartement pour un décor familier de son enfance. Les gradins, la pelouse, les enfants jouant un peu plus loin, rien n'avait changé sauf peut-être les enfants. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour être rejoint par sa petite-sœur - qui était loin d'être si petite que ça désormais, il devait le reconnaître - à qui il adressa un regard résigné. Il n'avait pas vraiment l'énergie nécessaire pour faire bonne figure, pour le coup. Dans quel but ? Alex' savait. Il s'excusa cependant, ayant distinctement l'impression de retrouver un rôle de martyr dont il ne semblait jamais pouvoir se débarrasser indéfiniment. Le fait qu'Alex' soit venue équipée de sa trousse de soins pour arranger son visage amoché n'aidait certainement pas. Il ne commenta pas, se laissant faire avec l'attitude de quelqu'un qui ne vivait pas cette situation pour la première fois. Le sentiment de déjà vu s'amplifiait à la seconde.
Maximilien serra les dents suite aux paroles de sa sœur concernant leur aîné, déglutissant avec difficulté. Elle avait tort. Il savait pourquoi Jeremy avait une telle expression sur le visage, mais il ne voulait pas le dire tout haut. Cependant, ça s'était produit, et il ne pouvait plus revenir en arrière à présent. C'était déjà une réalité. L'exprimer ne ferait que le confirmer, mais il ne voyait pas d'intérêt à retarder cette échéance. « C'est pas ça. » marmonna-t-il tout en tirant négligemment sur une brindille récalcitrante qui émergeait du banc. Délinquance juvénile. Elle finit par lâcher, et ne pouvant plus feindre d'intérêt pour cette dégradation évidente de matériel, il soupira. « J'ai failli utiliser la magie sur lui. » lâcha-t-il très rapidement, évitant consciencieusement le regard de sa sœur. Il avait toujours su que c'était la ligne à ne pas franchir, une règle implicite dont Jeremy et lui étaient tous deux conscients. Mais il avait été si furieux, si frustré de ces raclées cuisantes qu'il avait laissé ses instincts prendre le dessus et porté presque naturellement la main à sa baguette magique. Le regard de Jeremy n'y trompait pas. Il n'avait peut-être pas franchi la ligne proprement dit, mais c'était tout comme. Et l'avouer à sa sœur lui en coûtait. Il se sentait comme un gamin pris en faute. « J-je - je ne l'ai pas fait. Je ne lui ai pas jeté de sort, mais j'aurais pu et t'as vu son regard... C'était tout comme. » reprit-il en trébuchant sur ses mots, enfouissant le visage dans ses mains. C'était inévitable, supposait-il. Tôt ou tard, un tel événement se serait produit. Il était même surprenant que ça n'ait pas eu lieu plus tôt après que Maximilien ait atteint sa majorité.
Il n'y avait pas un seul scénario où il se voyait retourner chez son père, à présent. Il aimait Alexandra de tout son cœur, et il ne souhaitait pas la faire souffrir davantage, mais il ne pouvait pas. C'était physiquement impossible. Jeremy ne lui pardonnerait pas, et lui-même n'était pas sûr d'en être capable. Lui qui était d'habitude si mesuré, il avait failli commettre l'irréparable. A haute voix, il blâmait Jeremy, parce que c'était bien lui qui avait instigué cette énième dispute, mais au fond, il se demandait encore et toujours si ça n'était pas simplement lui le problème. Après tout, Alexandra et Jeremy s'entendaient parfaitement bien. Il n'y avait que lui qui préférait le monde sorcier au monde moldu, que lui qui avait le sentiment d'y avoir trouvé sa vraie place. Et si c'était lui l'intrus dans cette histoire ?
Retrouvant un calme relatif, le blond se redressa pour adresser un faible sourire à sa petite-sœur. Il ne voulait plus penser à tout ça. Il préférait parler de sa vie à elle, sans lui, à Poudlard. Dans ses lettres, il ne parvenait pas à déceler son état d'esprit réel. Un semestre entier était passé à présent, et le deuxième était bien entamé. Bientôt elle quitterait l'école de sorcellerie à son tour, et le rejoindrait dans le monde des (soi-disant) adultes. Plus rien ne serait jamais comme avant, ça semblait être le thème du jour. « Jade et Aiden se sont fiancés ? » hoqueta-t-il d'un air effaré, ne s'étant clairement pas attendu à une telle nouvelle. Il avait vu la jeune préfète lors d'une précédente sortie à Pré-au-Lard, et rien n'avait alors laissé transparaître l'arrivée d'un pareil événement. Faudrait pas que ça aille donner des idées à Alex' tout ça !« Quand ? » demanda-t-il plutôt que de poser la vraie question qui le taraudait: Pourquoi ? Ils étaient encore tellement jeunes ! Pourquoi se précipiter ainsi ? Enfin bon là on parle du garçon qui a mis approximativement trois ans à avouer ses sentiments à la fille qui lui plaît, donc forcément le concept de précipitation lui échappe un peu.
Il écouta silencieusement sa sœur tandis qu'elle lui annonçait ne pas avoir participé au dernier match de Quidditch de leur maison. La tête posée sur son épaule, elle ne le regardait pas, mais il était difficile de ne pas remarquer que sa voix était empreinte de tristesse. « Je sais que j'avais mes... réticences au début, mais tu jouais vraiment très bien Alex'. C'est dommage que tu aies arrêté. Je crois que je n'ai jamais vu de joueur capable de faire des acrobaties pareilles sur un balai, le tout en marquant des points au passage ! Tu as pensé à une carrière professionnelle après tes études ? » plaisanta-t-il en lui donnant un petit coup d'épaule inoffensif. S'il cherchait à ramener la conversation vers des territoires un brin moins déprimants, il tentait aussi de faire preuve de subtilité pour en apprendre davantage concernant l'état d'esprit d'Alex' vis-à-vis de sa future carrière.
Sincèrement désolé de réaliser que cette dernière année était plus morne pour Alex' qu'il ne l'aurait souhaité, il lui donna un nouveau coup d'épaule la violence chez les Bowman, un vrai problème, désireux de lui faire retrouver un semblant de sourire. « Eh, au moins tu ne m'as plus sur le dos, à piquer des crises au milieu des couloirs ou à te mettre la honte en glissant des marches du Grand Hall. Rien que ça, ça doit être une amélioration, non ? » Il ne voyait pas ce qu'il pouvait lui dire d'autre. Le problème était que beaucoup de ses proches se trouvaient dans l'année supérieure à la sienne, et c'était insoluble. « C'est bientôt fini, essaye quand même d'en profiter un peu, d'accord ? Après tu nous rejoins dans ce truc pas si drôle que ça qu'ils appellent le monde des 'adultes' ! » promit-il en lui adressant un sourire en coin.
Alexandra ne tarda pas à lui retourner sa question, et à l'interroger concernant les aléas de sa vie au Ministère de la Magie. Il haussa les épaules, gardant néanmoins le sourire. « La routine, ces derniers temps. Je continue mon stage au siège des ligues britanniques et irlandaise de Quidditch. C'est définitivement la partie du Département qui m'intéresse le plus, mais je crois que Bob me manque un peu, parfois. » confessa-t-il avec amusement. Bob, ou son superviseur durant son séjour au bureau des brevets saugrenus. Amateur d'alpagas et d'histoires rocambolesques. Le crâne dégarni et les glandes sudoripares un peu trop efficientes.
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