Dans sa quête pour réussir à inviter Ava à sortir avec lui pour un
vrai rendez-vous, Maximilien y avait laissé un peu de sa santé mentale. En l'espace d'un week-end, il s'était vu adopter un comportement qui aurait sans l'ombre d'un doute alerté le plus nonchalant des psychiatres. Sursauts - des plus virils, si, si -, bafouillages comiques, regards fuyants: l'ancien Serdaigle avait l'air prêt pour la camisole blanche dès que la rouquine était dans les parages. La faute au manque de sommeil et aux machinations toujours plus tordues se développant dans son esprit
malade dans l'espoir d'accomplir cet exploit inaccessible - du moins, à ses yeux
il paraît que McCornick trucide d'un coup de massue les inconscients l'invitant à sortir, d'où la terreur sourde.Et puis, après des hontes successives - il commençait à se dire qu'il n'était plus à ça près en sa présence -, des quiproquos ayant failli avoir raison de toute relation même amicale entre eux et une fuite pas particulièrement efficace, l'impossible était devenu possible.
Oui, c'est beau. Ils échangèrent un baiser inespéré, et Maximilien commença à se dire que si c'était pour aboutir à un tel résultat, elle pouvait bien lui rire au nez autant qu'elle le souhaitait. Peut-être en évitant que ça soit
juste après qu'il ait essayé tant bien que mal de lui ouvrir son cœur, la prochaine fois ? Histoire qu'il n'ait pas l'impression qu'elle riait
de lui mais plutôt
avec lui, si possible. Il avait beau tenir énormément à l'ancienne préfète de Poufsouffle - et énormément ne suffisait pas tout à fait à couvrir l'étendue de la situation, de son point de vue -, il restait un garçon très fier, et blesser son amour-propre ainsi était le moyen le plus sûr de le vexer pour de bon.
« Mince, et moi qui pensais avoir réussi à faire illusion du contraire jusqu'à maintenant ! » répliqua-t-il, faussement déçu après qu'Ava lui ait fait savoir qu'il n'y connaissait rien aux femmes. Eh, pourtant ce n'était pas faute d'essayer. Le fait était qu'il était déjà un peu perdu quand il s'agissait de membres du sexe féminin de manière générale, mais alors avec McCornick... Tous ses neurones semblaient s'envoyer vers des cieux plus cléments dès que leurs regards se croisaient. Et il n'aimait pas trop, trop ça. Du moins, il n'aimait pas trop ce que ça lui faisait
faire. Bredouiller, dire des bêtises, et globalement passer pour un ahuri fini. Il fut un temps où les choses étaient bien plus simples. Il était juste son binôme, se moquait gentiment d'elle quand il en avait l'occasion et supportait l'existence de Tyler-face-de-rat sans ressentir le besoin irrépressible de lui renverser le chaudron nauséabond de Rudy Spencer - assis nerveusement à quelques mètres de lui - sur la tête.
Un sourire stupide aux lèvres - mais ça, il n'en était pas conscient fort heureusement -, le blond laissa Ava l'entraîner à l'intérieur du bar à nouveau. Il ne se souvenait pas s'être senti aussi heureux, et léger, depuis bien longtemps. C'était comme si plus rien d'autre ne comptait en cet instant, et il se prit à espérer que la petite bulle de joie qui semblait l'entourer durerait le plus longtemps possible. Même si, en bon réaliste qu'il était, il savait que c'était impossible. Cependant, pour une fois, ce n'était pas l'évocation de cet affreux bonhomme de Tyler qui en serait responsable. Il sourit, s'empressant de détromper l'ancienne préfète. La réponse qu'elle lui adressa alors eût pour effet d'élargir encore son sourire, tandis qu'il sentait ses entrailles faire de joyeux sauts périlleux dans sa poitrine
elles s'entraînent pour les jeux olympiques.
« Tant mieux alors, parce que moi aussi je veux être avec moi, je ressens la même chose. » Il n'avait d'yeux que pour McCornick depuis un moment de toute façon, même s'il ne le lui avait jamais fait savoir, certes. Quelque part entre les séances de révisions tardives et les regards entendus après que Nasira ait assassiné Rudy du regard en cours
une journée standard quoi, elle était devenue l'une des personnes centrales de sa vie.
Mais le (les !) baiser, aussi attendu soit-il, n'avait pas fait perdre le nord à Maximilien. Le contenu d'un certain message l'intriguait toujours, et il ne se fit pas attendre pour poser à son tour une question à la jeune femme. Il lui fit les gros yeux
sexy quand elle se mit à (faiblement) protester sous prétexte qu'il ne voulait pas
vraiment savoir ce que disait le sms. Il n'était pas du genre à parler juste pour entendre le son de sa propre voix !
Et pourtant... La révélation le fit éclater de rire sans retenue, tant il ne s'y était pas attendu.
« Alors là, il faudra vraiment que tu me la présentes ! J'aurais dû insister davantage, au moins ça aurait détendu l'atmosphère... » songea-t-il, tâchant d'imaginer sa réaction à la vue du message. Cela étant, il avait été si stressé qu'un message aussi explicite aurait pu avoir raison de lui. Crise cardiaque foudroyante. Mouais, peut-être qu'il dramatisait un peu.
Tu crois ? « Ça aurait été drôle, en tout cas ! » conclut-il d'un air décidé. Mais bon, ils ne sauraient jamais comment ce scénario-là aurait terminé. Sauf qu'au fond, il était plutôt content (allez d'accord,
très content, c'est dit) de la tournure prise par celui qu'ils vivaient dans l'immédiat. Non, vraiment, pour rien au monde ne voulait-il tenter une autre version de cette soirée. Ava et lui, c'était peut-être une vieille histoire, mais ce chapitre-ci ? Il était tout nouveau, et il avait hâte d'en vivre les prochaines pages.
[ Terminé pour Maximilien <3 ]