Séduisantes, cultivées, polies... mais attention, il ne faut jamais se fier aux apparences, une femme est toujours bien plus que ce qu'elle laisse paraître.
Les rumeurs sur les Serpentards tapaient sur les nerfs de la belle Victoria Kostovak. Mariée depuis quelques mois seulement, elle avait aspiré à une vie plus tranquille, notamment pour éventuellement se lancer dans un projet bébé. Mais elle devait bien admettre que la situation actuelle ne lui permettait pas vraiment de se projeter dans des événements heureux. Peut-être parce qu'au fond elle n'avait pas la conscience complètement tranquille…
Il était vrai qu'elle n'avait jamais fait parti des Mangemorts, ni n'avait été partisane de Voldemort… en revanche, elle avait été la Justice, une des Sombracanes, et une de ceux qui ne s'étaient pas fait prendre. La raison de ce dernier fait était qu'elle avait abandonné l'organisation quand la magie était revenue, donc avant même sa dissolution, parce qu'elle avait commencé à fréquenter Damian et qu'elle n'avait pas voulu continuer la partie qui lui était attribuée dans ces conditions. En effet, à l'époque, elle séduisait des hommes pour de l'argent, permettant aux autres Sombracanes de financer leurs projets. S'engager dans une relation un minimum sérieuse avait stoppé tout ça et quelques temps après l'organisation s'était effondrée, lui prouvant qu'elle avait fait le bon choix. De toute façon, si elle s'était lancé là-dedans, à la base, c'était parce qu'elle était en colère et qu'elle avait besoin de se venger. Venger sa mère dont on salissait la mémoire, parce que c'était facile de dire du mal des gens morts…
Enfin, bon, maintenant elle était passée à autre chose, sauf que comme elle avait été à Serpentard, on la traitait comme une pestiférée. Cela avait tendance à faire remonter chez elle la colère et la hargne que Damian avait calmé ces dernières années. Son époux était toujours aussi calme, et il l'aidait vraiment à ne pas craquer rien que par sa présence, mais au travail il était dans un autre département, alors elle ne pouvait compter que sur elle pour se contrôler.
Quand elle entra dans son bureau et qu'elle vit tagué : « Mort aux Serpents !!! » Elle retint un hurlement de colère et elle passa dans la pièce à côté, le bureau d'une de ses collègues, son ancienne assistante. Elle constata qu'elle avait elle aussi été taguée. « Par Merlin ! Si je trouve celui qui a fait ça, je lui mets mon poing dans la figure ! » Elle s'approcha de sa collègue blonde, toutes les deux étaient passés par Serpentard, ce qui expliquait qu'elles aient été visés. Ernie, qui était un ancien Poufsouffle, devait sûrement avoir lui un bureau bien propre, le chanceux.
« Qu'est-ce que ce sera la prochaine fois ? Ils vont s'en prendre directement à nous ?! Et comment ils sont arrivés jusqu'à nos bureaux ?! Il n'y a donc aucune sécurité dans ce ministère ! » Elle savait bien qu'elle râlait pour rien mais au moins ça la soulageait et, quelque part, ça lui permettait de contrôler sa mauvaise humeur. Car si elle ne râlait pas dans le vide, elle allait s'en prendre aux stagiaires, ça ne faisait pas un pli. Elle avait mauvais caractère, et ça, contrairement à son passé de Sombracane, ce n'était un secret pour personne.
Bourdonnement des conversations se stoppant net à son passage, bruits de couloirs et regards méfiants, telle était devenue la vie de Maïlys au sein du Ministère de la Magie depuis la publication d'un certain article nauséabond durant l'été. Si en lisant celui-ci, l'Italienne s'était attendue à une évidente fébrilité, elle n'aurait jamais pu prévoir que celle-ci se prolongerait aussi longtemps. Il fallait reconnaître que les derniers développements de cette affaire n'aidaient aucunement: les tracts répandus comme une traînée de poudre dans les boîtes aux lettres du monde sorcier avaient eu raison de bien des esprits pourtant mesurés. On n'en était pas encore à réclamer de faire passer les Serpentard au bûcher, mais la blonde avait fini par admettre que tout espoir pour que cette crise s'apaise bien gentiment par elle-même était désormais révolu. Le monde sorcier traversait une nouvelle période difficile, et une fois n'est pas coutume, Maïlys était directement concernée - comme si la Disparition de la Magie n'avait pas été suffisamment pénible comme ça.
Elle était arrivée au Ministère comme tout autre jour, s'était séparée de Cameron lorsque l'ascenseur s'était arrêté au cinquième étage, la voix cristalline terminant d'énoncer les mots "Confédération internationale des sorciers, section britannique" tandis qu'elle tournait à l'angle du couloir. Elle venait de pénétrer dans son bureau, ses yeux se posant naturellement sur les mots inscrits à la peinture criarde quel manque de goût, franchement sur le mur lorsqu'une tornade - figurative et presque littérale, tout un tas de dossiers s'envolèrent à travers la pièce à son entrée. Qui est-ce qui va ranger tout ça, hein ? - fit irruption dans la pièce, faisant face au même spectacle que Maïlys. La blonde se tourna vers celle dont elle avait été l'assistante pendant plus de six ans. Victoria Montgomery, issue de l'illustre et très nombreuse famille Montgomery, qu'elle respectait énormément et auprès de qui elle avait eu la chance d'être formée à son entrée au Ministère. « C'est scandaleux. » acquiesça l'Italienne d'une voix blanche, faisant quelques pas pour déposer ses affaires sur la chaise placée près du mur.
Cette fois-ci, ça allait trop loin. La méfiance, admettons. Même à Poudlard en période post-guerre, Serpentard n'avait pas la plus reluisante des réputations. Tant qu'ils savaient ce qu'ils valaient et ne donnaient pas raison aux détracteurs, il n'y avait pas de quoi s'en faire. Mais faire l'effort de s'introduire dans leurs bureaux, taguer leurs murs de propos d'une poésie époustouflante ? On ne pouvait même pas parler de blague de mauvais goût, ça allait au-delà de ça à ce stade. Pensive, elle ramena le regard vers son aînée, qui s'échauffait sévèrement. « Au rythme où vont les choses, qui sait ? Un fanatique fait de nous les boucs émissaires idéaux, et ces imbéciles tombent bien volontiers dans le panneau. » Elle secoua la tête avec irritation, ses mèches blondes suivant le mouvement. « Je ne sais pas du tout, le fait qu'ils aient pu arriver jusqu'ici me donne l'impression que ça vient de l'intérieur. Charmante perspective de savoir que n'importe lequel de nos collègues pourrait souhaiter - pas si secrètement - notre mort. » Ironie versus angoisse, on ne change pas une équipe qui gagne. Les mots étaient une chose mais Victoria avait raison, et s'ils décidaient de passer aux actes ? Tant d'intolérance au sein du Département de la Coopération Magique Internationale, ça avait de quoi vous rendre un brin pessimiste concernant l'avenir de la société.
Accueil 
