On ne se serait pas déjà vu par hasard ? [Quentin]

La journée d’Abell avait été bien occupée. Le matin, il avait eu divers rendez-vous à New York, sa ville d’adoption, pour organiser son travail sur toute la dernière moitié de 2013. Abell était passionné par son métier. Longtemps, il n’avait vécu que pour ce dernier et pour le sexe, bien évidemment. Aujourd’hui encore, cela se ressentait dans son planning extrêmement chargé. Même s'il avait réussi à faire de la place pour passer du temps avec Lena, comme il le lui avait promis lorsqu’il avait cru qu’elle voulait rompre avec lui, deux ans auparavant. Abell s’accordait désormais des week-ends entiers sans jamais regarder son téléphone du boulot et même de longues vacances en amoureux. Il s’aurait jamais cru qu’il ferait un jour passer sa vie personnelle avant sa vie professionnelle mais il avait conscience de ne pas être un très bon petit ami. Pour sa défense, Lena n’était que la deuxième fille avec laquelle il se posait sérieusement, aussi n’avait-il pas beaucoup d’expériences en la matière, moins même que Lena. Enfin, il faisait des efforts quotidiens pour rendre heureuse celle qui n’avait été longtemps que sa meilleure amie à ses yeux. Bien que le brun n’ait jamais cru à l’amour ou au bonheur éternel, il était parfaitement heureux avec Lena et se voyait très honnêtement finir sa vie avec elle. Bien sûr, on parlait de Lena et Abell, il était hors de question de parler de mariage ou de bébé – Merlin merci. Pourtant, tous leurs amis, hormis Keira et Harrison, avaient formé une famille. Même Erwan et Luca, que l’ancien Serpentard n’aurait pourtant jamais cru voir en couple. Même Lexy son modèle, sa vie. Et ça, ça faisait carrément flippé Abell. Lexy était probablement celui de ses amis qui lui ressemblait le plus. Or, il était désormais enfermé dans ce qu’Abell considérait comme du pur esclavage moderne : le mariage. Il était même papa depuis le début de l’année. Toute cette horreur était due à cette Kostovakor ce monstre, elle l’avait ensorcelée, ce n’était pas possible autrement. Lexy n’avait jamais voulu se marier, ni surtout avoir un enfant. Même après des années, il semblait improbable dans l’esprit d’Abell, qu’il ait pu changer d’avis. C’était comme si lui se décidait à avoir des enfants ! C’était impossible. Bien qu’en réalité, le simple fait qu’il soit en couple était un sacré bouleversement en soi…

Après un shooting pour le British Vogue dans les rues calmes de Whitehall et de Westminster, Abell avait d’ailleurs rendu visite à Lexy. Heureusement, Dawn s’occupait de leur fille aussi il avait pu tranquillement discuter avec son ami sans voir sa femme. Eh oui, le brun n’éprouvait toujours pas de meilleurs sentiments à l’égard de cette dernière…Après une bonne discussion, Abell transplana direction le Chemin de Traverse. Son travail était terminé, Lena bossait à 4Dreams toute la soirée et lui ne savait pas encore comment il occuperait les prochaines heures. Le Chemin de Traverse lui semblait être un bon point de départ. Il se baladait donc tranquillement, les manches de sa chemise bleue claire remontées sur ses coudes, les lunettes de soleil vissées sur sa tête Abell Crowford, la bogossitude incarnée, lorsqu’il passa devant une boutique qui semblait être en plein travaux. Un mec brun était posté devant et supervisait leur avancée. Abell s’arrêta. Ce mec lui disait vaguement quelque chose. N’ayant rien de mieux à faire sur le moment, il l’aborda : « Salut. On se connaît non ? » Ce type lui rappelait son préfet à Poudlard, un type un peu insignifiant, un peu méprisant, toujours dans les pattes de cette chère Dawn Kostovak. « Il me semble qu’on était dans la même année, même maison à Poudlard. Je suis Abell, Abell Crowford. » Abell avait passé des années relativement discrètes à Poudlard. Il avait été un élève remarquable, avait haï Harry Potter comme la majorité des Serpentards à cette époqu et avait passé une septième année relativement épouvantable sachant qu’il n’était que sang-mêlé. Il avait donc été parfaitement content de finir ses études de sorcellerie et de commencer sa vie d’adulte. Aussi, hormis les amis qu’ils côtoyaient encore aujourd’hui, il était rare qu’il accorde une importance à ses anciens camarades de classe, particulièrement s’ils étaient insipides. Cependant le photographe n’avait rien de prévu et rattraper le temps perdu avec un ancien camarade de classe ne lui semblait pas particulièrement être une mauvaise idée sur le coup.