[Première année] Introduction à la botanique

L’air était frais en cette matinée de septembre tandis que j’attendais, planté devant la serre numéro 1, mon premier cours de l’année. Après avoir passé une partie du banquet de bienvenue à mettre mes idées au clair, je me sentais fin prêt à endosser mes nouvelles responsabilités. L’anxiété qui me taraudait ces dernières semaines avait laissé place à une assurance limpide, et à une pointe de détermination. Apprendre à ces petites têtes blondes les bases de la botanique et les règles élémentaires de sécurité n’était pas seulement mon métier ; je m’en étais fait une mission, un but à atteindre coûte que coûte.

Comme cela avait été évoqué lors de mon entretien avec la directrice et la Ministre, le fait que ma propre scolarité se soit déroulée sans accroc n’était pas forcément une bonne chose pour moi en tant qu’enseignant puisque, n’ayant pas été confronté aux difficultés que certains de mes élèves rencontreraient certainement, j’allais devoir redoubler d’efforts et de créativité pour les aider à les surmonter. Pour autant, je n’étais pas inquiet. J’étais convaincu, par simple logique ou par pure vanité, que je serais suffisamment compétent, créatif et à l’écoute pour venir à bout de ces épreuves.

Mais l’heure n’était pas à ces questionnements. Je voyais les premiers élèves arriver dans ma direction, et je me tenais prêt à les accueillir d’une façon professionnelle, bien que cordiale. Si je m’attendais à un certain sérieux de leur part, mon objectif n’était pas pour autant de les effrayer ou les intimider dès la première heure.

J’attends les dernières secondes avant le début du cours pour entrer à mon tour dans la serre, espérant que tous les enfants ont trouvé le chemin de la serre. Debout derrière mon bureau, je ferme la porte d’un mouvement de baguette, profitant de la chaleur moite de la serre. Je fais l’effort de me redresser, espérant que je tiendrai cette posture pendant les deux heures qui viennent sans avoir besoin de trop y penser.



Je laisse passer quelques secondes, laissant le temps à ces quelques éléments d’information de s’ancrer dans leur esprit. Je me rappelle que ma première année de botanique n’avait pas été des plus fascinantes, mon père s’étant chargé de mon éducation dans ce domaine bien avant mon entrée à Poudlard. Pour autant, j’ai appris à mes dépens que la sécurité n’était pas simplement là pour ennuyer les enfants, et c’est la raison pour laquelle je préfère perpétuer les traditionnels cours théoriques de première année qui, s’ils sont loin d’être passionnants, sont un passage obligatoire pour tout botaniste en herbe.



En réfléchissant à mon plan de cours pour ces étudiants, j’avais rapidement défini qu’il allait falloir que je cerne leurs intérêts, et plus spécifiquement vis à vis de cette matière, si je voulais acquérir et conserver leur attention, garantissant que mon mentorat ne leur serait pas vain. C’était donc la première question à me poser, et à leur poser.



De fait, sitôt informé du handicap dont souffrait Eurydice, je m’étais mis en quête d’un genre de parchemin à double sens. J’avais fini par trouver un enchanteur capable de m’en fournir, et je lui avais demandé d’en faire un véritable cahier, potentiellement apte à survivre à cette année scolaire -à moins que la jeune femme, pour compenser son mutisme, se révèle une écrivaine prolifique.

Gardant un œil sur mon propre carnet, veillant à ne pas louper la réponse de la demoiselle, j’adresse un regard scrutateur à ma classe, curieux de voir comment cette année se déroulera.