[THEME - PV] The world is quiet here.

Finie la vie de petite élève sorcière normale. Cette belle aventure n'aurait même pas duré un mois. A la place, l'Horreur reprenait ses droits. Après la frivolité du bal de Noël - et le stress conséquent l'ayant accompagné -, voilà que Magicis Sacra reprenait bruyamment et violemment ses droits dans la vie de la fillette - et de ses camarades de Poudlard. Bien sûr, Ilvermorny était déjà sous siège, ce qui n'était pas pour rassurer la petite Stef, qui d'un, craignait pour ses compatriotes Américains, et de deux, redoutait que pour des raisons de proximité géographique, MS ne décide de s'en prendre ensuite à Castelobruxo, où étudiait une grande part des cousins Kostas côté maternel. Eh bien qu'elle ne se fasse pas plus de soucis pour sa famille: les membres de Magicis Sacras ne connaissaient pas de frontières et se faisaient visiblement plaisir sur les frais de déplacement professionnel et il était désormais public que Poudlard s'avérait être leur prochaine destination voyage cible.

La fillette était entièrement désemparée face à la situation. Fallait-il céder aux demandes de MS ? Mais s'ils ne commençaient que par la suppression d'un cours, qu'est-ce que serait leur prochaine requête ? Il était évident que s'ils débutaient en leur demandant d'amputer un doigt, l'étape suivante risquait d'être le bras tout entier. Alors quoi, refuser et risquer d'être envahi ? Elle voulait croire que le personnel de Poudlard et ses élèves seraient capables de défendre le fort et d'éviter pareille situation, mais les événements récents poussaient à penser que MS était aisément capable de s'introduire dans l'école et d'y opérer des ravages - la preuve en était la malheureuse Payton Harris. Restait évidemment l'option de ne pas voter, et de laisser ses petits camarades prendre la décision pour elle, en bonne couarde, mais ça ne lui ressemblait pas tellement non plus. Sa solution de prédilection ? Recourir aux avis de son entourage.

C'était ainsi que Gabriel, aussi bien que Quino ou encore Victoire, Alan ou Derek Maribel, avaient eu droit à la vision de catastrophe imminente qu'était l'apparition d'une Stef à l'air angoissé, prête à les mitrailler de question. Elle avait besoin de savoir ce que comptaient faire ses proches pour mieux jouer les moutons prendre sa décision. Et quel avis plus important que celui de son amie Eurydice ? La Serdaigle était certes plus jeune qu'elle d'un an, mais elle était clairement supérieure en âge mental l'une de ses plus vieilles amies, et son opinion avait toujours beaucoup compté pour la brune. Lorsque son amie lui demanda son aide pour un devoir, c'est donc sans hésitation que la Gryffondor accepta sa requête - sans même se demander de quelle matière il s'agissait. Une petite erreur stratégique, car elle était loin d'être une adoratrice de l'Astronomie, bien qu'elle s'y débrouilla sans trop de difficultés. Apprendre ses cours par cœur ne lui posait pas de problème - c'était même facile: au moins ses points étaient-ils garantis - même si elle douta d'être une pointure capable de réellement aiguiller sa cadette. En revanche, elle avait déjà suivi le cours auquel en était Eurydice, aussi supposait-elle que c'était pour recopier son ancien devoir son expérience du sujet que la fillette voulait la consulter.

La plus haute tour de l'école n'était pas le lieu de villégiature préféré de la greco-argentine. Certes, elle apprenait petit à petit à lutter contre sa peur du vide en jouant au Quidditch, mais la pratique du sport restait le seul vrai moment où elle n'était pas tétanisée d'angoisse. Cependant, une carte du ciel devait se baser sur le ciel justement, et la brune se savait capable de sérénité tant qu'elle se maintenait bien gentiment loin du bord. Après avoir grimpé les escaliers avec pour seule compagnie la petite boule au ventre qui la suivait à chaque fois qu'elle s'élevait vers les altitudes du château, elle posa finalement les yeux sur Eurydice, et signa à son tour le mot "salut" qui était l'un de ceux qu'elle avait appris avec le temps.

« Aucun problème, j'espère que je servirai à quelque chose, je ne suis pas sûre d'être bien meilleure que toi ! » avoua-t-elle en adressant un sourire timide à sa cadette. Elle considérait Eurydice comme plus intelligente qu'elle - sa répartition à Serdaigle venait le prouver -, aussi ne tenait-elle pas à ralentir la fillette plutôt que de lui faire gagner du temps. Cela dit, malgré ses résolutions, elle ne put s'empêcher de partir sur une tangente plutôt attendue: « Tu sais ce que tu vas faire pour le vote ? Moi ça m'angoisse vachement. Tu crois qu'ils arriveraient vraiment à occuper Poudlard ? Sûrement, non ? J'veux dire, ils ont déjà envahi Ilvermorny, et ils avaient sûrement une très bonne sécurité eux aussi. » Elle se tritura nerveusement les mains tout en restant à une bonne distance de sécurité des rambardes de la tour. « J'ai demandé à d'autres gens, mais personne n'a l'air très sûr de lui. J'ai peur de faire le mauvais choix ! » confia-t-elle encore, espérant que - comme souvent - sa cadette serait plus à même d'apaiser ses craintes.

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Stef haussa les épaules, visiblement peu convaincue, tandis qu'Eurydice travaillait sur sa carte du ciel. Pour sa part, elle se satisfaisait tout aussi bien de tenir compagnie à son amie, même si elle ne s'avérait pas lui être d'une aide inestimable. Eurydice était l'une de ses seules vraies amies à Poudlard, et rien que le fait de savoir qu'elle la rejoindrait à l'école pour sa deuxième rentrée avait amélioré son humeur durant l'été. Sa famille - étendue - lui manquait, ses amis argentins lui manquaient, mais au moins avait-elle désormais une personne à qui se raccrocher en toute occasion Eurydice a sa propre sangsue.

La perspective du vote à venir angoissait la petite Stef, qui ne tarda pas à l'évoquer à haute voix. Elle ne se sentait absolument pas capable de prendre cette décision toute seule. Bien sûr, son petit vote à elle ne viendrait certainement pas faire la différence, mais si chacun pensait comme ça, alors personne ne voterait pour rien du tout. Pour sa part, elle n'avait jamais prévu de choisir l'Etude des Moldus comme option de troisième année - il y avait trop de choix plus tentants que celui-là -, mais en même temps, céder aux demandes de Magicis Sacra résonnait grandement comme une erreur à ses oreilles. « C'est vrai... Donc quoi qu'on fasse, on est foutus, non ? Peut-être qu'on devrait tous nous renvoyer chez nous... » murmura-t-elle timidement, n'osant pas ramener le regard vers son amie. Elle avait conscience que c'était une réaction de pure couardise, mais elle n'avait pas envie de vivre sous contrôle de MS, ou de subir ce qu'avait subi l'ancienne préfète de Poufsouffle. Elle voulait une scolarité normale - de préférence à Castelobruxo -, et c'est tout.

« Tu penses qu'ils peuvent facilement nous envahir ? Peut-être que McGonagall devrait mettre en place de meilleures protections, plutôt que de perdre du temps avec un vote qui ne mènera à rien, non ? » insista-t-elle devant les réponses trop courtes  pour la rassurer d'Eurydice. S'ils allaient être attaqués quoi qu'il advienne, autant les laisser retourner chez eux, ou bien, garantir qu'ils étaient en sécurité, non ? A quoi bon un vote, si comme le disait Eurydice, l'issue resterait la même ? « Tu sais pour quoi ton frère et ta sœur vont voter ? » reprit-elle en lançant un regard interrogateur à la Serdaigle. Elle-même comptait beaucoup sur les avis de Gabriel et Joaquín pour l'aiguiller. Elle avait beau ne pas toujours s'entendre avec eux, elle se reposait quand même souvent sur leurs conseils.

La fillette avait beaucoup compté sur la présence et la sagesse d'Eurydice pour la rassurer, mais malheureusement, les mots qu'elle voyait apparaître au fur et à mesure sur l'écriteau de son amie ne suffisaient pas à calmer ses nerfs. Il était bien sûr moins évident d'avoir une conversation fluide quand l'un des interlocuteurs devait écrire ses paroles, mais elle songeait qu'elle avait tout de même connu son amie plus loquace. Elle aussi était angoissée par le vote, songea-t-elle, peu habituée à connaître la Serdaigle dans un état autre que serein. « Tu crois qu'on aurait dû se rendre à la réunion organisée par la Brigade ? Victoire m'a demandé pourquoi je n'y étais pas allée, mais je ne vois vraiment pas en quoi j'aurais pu les aider... » demanda-t-elle après quelques instants, abordant un autre sujet qui lui avait beaucoup trituré les méninges. Si Eurydice s'y était rendue, peut-être l'aurait-elle rejointe. Mais en l'absence de son amie, elle ne s'était pas senti le courage de se coller à un groupe en grande partie constitué d'inconnus.

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