Les doigts dans le nez ! songea la jeune Tempérance Biel en sortant de son cours de Sortilèges, où dans un - trop - rare moment de gloire, elle avait pu s'illustrer en maîtrisant à une vitesse détonante le sortilège de Stupéfixion - qu'elle s'était après tout entraînée à lancer au cours de ses participations au Club de Duel. Loin d'elle l'idée de s'attribuer tout le mérite. Même si le fait de s'attirer un regard satisfait du professeur Bones plutôt qu'un air vaguement empli de commisération en apprenant sa dernière bourde était une victoire en soi. Finalement, malgré la retraite de Flitwick, elle ne s'en sortait peut-être pas si mal que ça la saga continue.
Forte de ce succès, la blonde rejoignit en quelques enjambées rapides sa grande copine José', qui, comme d'habitude, avait su être plus prompte qu'elle à ranger tout son barda. Il faut avouer que Tempérance n'était pas connue pour sa rapidité, surtout lorsqu'il s'agissait de réunir tout ce qu'elle avait étalé pendant un cours - comprendre: écharpe plaid, rouleaux de parchemin, plumes, énorme sac et autres babioles variant avec le temps - et il n'était pas rare que ses petits camarades, lassés, quittent la salle bien avant elle. « Au moins une BUSE pour laquelle on n'a pas trop de souci à se faire, hein ? » lança-t-elle gaiement à son amie, tout en jouant les équilibristes le temps de balancer son baluchon d'une taille conséquente sur son épaule. « On retourne à la salle commune ensemble, ou t'as des trucs à faire ? » Après tout, même si leur journée de cours était finie, Joséphine avait peut-être d'autres amis ? Comment ça ? obligations. Tempérance savait notamment que la jeune fille s'était inscrite au cours optionnel de Vol, aussi était-il tout à fait envisageable qu'elle aille s'entraîner avec Allistair plutôt que de se préparer à aller jouer les cachalots échoués dans un fauteuil de la salle commune - comme s'apprêtait joyeusement à le faire Tempérance.
Profitant de l'acquiescement de son amie, Tempérance enchaîna sur un sujet qui la préoccupait dernièrement: « Tu vas au bal de Noël, n'est-ce pas ? » Ce qui n'était pas tant une question qu'une affirmation. Bien sûr que Jo' viendrait au bal. Après tout, Tempérance y allait, et elle ne pouvait décemment pas l'abandonner ! « Tu sais avec qui ? » Tempérance, pour sa part, aurait aisément visualisé un duo Jo'/Allistair, mais elle ne voulait - comme souvent - pas trop s'avancer. De son propre côté, le choix de son cavalier était plutôt évident, puisqu'elle sortait avec Julian depuis l'été. En revanche, un autre problème lui trottait dans l'esprit. « Je ne sais pas quoi acheter à Julian pour Noël. Il fait toujours les choses tellement en grand ! J'ai peur de lui offrir un truc tout naze en comparaison. » confia-t-elle en fronçant le nez avec inquiétude. Comprendre par là qu'elle espérait sincèrement que Jo' aurait une idée pour la sortir de ce pétrin.
Au vu de tout ce qui se passait actuellement, Tempérance était consciente de s'être lancée dans une conversation particulièrement frivole, mais pour une fois, elle voulait avoir ce genre de conversation. Pas de menace, ni de Menace, de drames en tous genres, de rumeurs d'attaque ou d'attaque bel et bien confirmée... Juste une discussion normale avec son amie, même si ça ne durait que quelques précieux instants. Histoire d'avoir au moins l'impression de vivre une scolarité standard, où son amie ne se faisait pas oublietter dans un couloir, où son petit-ami et l'une de ses meilleures amies n'étaient pas manipulés par une organisation maléfique, et où elle ne se lançait pas dans des vadrouilles nocturnes dans le château, au risque d'être arrêtée par son grand et éternel némésis: Argus Rusard.
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Joséphine De Guise
Parchemins : 833Âge : 18 ans (03/11/97) Actuellement : Stagiaire au Département des Mystères Points : 0
Informations supplémentaires SIGNE PARTICULIER: RELATIONS: SORTS & ARCANES: GALLIONS EVENT: 24 FACECLAIM: Jane Levy
Ξ Sujet: Re: Radio potins [ PV ] Sam 9 Juin - 15:59
Pétard, j’ai failli le rater ! songea une Joséphine plus distraite que d’ordinaire, alors qu’elle venait de lancer pour la première fois en cours d’Enchantements, un Stupéfix pas trop dégueulasse. L’esprit de la jeune fille – d’habitude très concentré en classe – vagabondait allègrement dans des spéculations à la fois rassurantes et profondément angoissantes. Les derniers mots de son cadet, Alan Carmichael, sur son futur cavalier de Noël, avaient au moins eut le mérite de la faire réfléchir ’’ Ne t’inquiète pas, je vais te trouver un cavalier !’’. Mais rien n’était plus stressant que l’attente et le doute. Ce cavalier, allait-il être un tranquille et flegmatique Poufsouffle dont elle n’avait jusqu’alors jamais entendu parler Lucas ? ou alors un 7ème année de Serpentard – ou pire, de Gryffondor – bien bruyant, extraverti et populaire, qui n’allait pas lui laisser en placer une de toute la soirée un calvaire quoi ! ? Les relations du petit capitaine des jaunes et noir étaient si larges dans Poudlard, que Joséphine n’aurait été surprise d’aucun de ses choix. Même de voir Rusard rappliquer dans un costard miteux, les cheveux gras, les dents clairsemées exceptionnellement brossées pour l’occasion, une rose à la main, l’aurait laissée de marbre. Quoique non, Merlin, quelle horreur ! Une remise à l’ordre du professeur Montgomery-Bones la sortit de sa torpeur et eut le mérite de la propulser définitivement dans la salle de classe, parmi – bienvenue mademoiselle ! – ses camarades de classe. Les réflexions frivoles, ce serait pour plus tard ! Elle avait un Stupéfix à maîtriser maintenant, merci bien.
Sortie de classe, toujours perdue dans ses pensées, Jo réalisa à peine qu’elle s’était engagée dans le couloir le pas tranquille, sans avoir réellement attendu Tempérance. Les sortilèges ne l’avaient jamais trop angoissée en fait – jamais, pour tout dire – elle adorait cette matière depuis sa première année à Beauxbâtons et son entrée dans le club de duels n’avait fait que renforcer son intérêt pour eux. Ainsi, les BUSEs en sorts et en DCFM ne lui posaient aucun problème, à l’inverse d’autres matières moins évidentes, peut être.
- C’est clair. La nouvelle prof est super en plus, je trouve.
Répondit-elle à sa meilleure amie qui venait d’arriver. Dire que le professeur Montgomery-Bones était l’idole de Joséphine était peut être un peu exagéré, mais on s’en approchait quand même, Temp’ête le savait bien.
- Salle co’… pas envie d’aller à la bibliothèque ce soir.
Le silence religieux qui baignait dans l’antre de la bête d’Irma Pince était certes reposant, mais peut être un peu trop éloigné des envies de deux adolescentes en mal de papotages. La salle commune se prêtait très bien à des discussions animées autour d’une séance de révision intensive, des cookies dans une main et un verre de gin tonic lait dans l’autre.
C’était décidé, les deux 5èmes année passeraient leur soirée dans le QG des jaunes et noir. Tempérance – plus télépathe qu’il n’y paraissait – lui demanda ensuite si elle comptait se rendre au bal de Noël, et si oui avec qui. Il allait de soi que la jeune fille s’y rendait avec son petit ami, mais pour les âmes seules à qui le célibat seyait toutefois très bien, le problème se posait : avec qui y aller ?
- Oui j'y vais, mais avec qui, c'est la grande question ! Seul Merlin le sait. Et Alan.
Soulagée d'en parler, Jo' fut heureuse d'ouvrir un peu les vannes. Autant Alan pouvait lui ramener un Apollon sympathique et intelligent rêve, ma fille, autant elle était tétanisée à l'idée de se retrouver avec un 2ème année pas dégourdi, boutonneux, qu'elle ne pourrait hélas pas envoyer bouler, la faute au pacte 'j'ai pas de cavalier donc par pitié merci beaucoup par pitié Alan trouve-moi en un' !
Elle espérait avoir piqué la curiosité de son amie, mais ne fut pas déçue d'apprendre par la même une convention sociale pour le moins incroyable, dont elle ignorait l'existence : sortir avec quelqu'un vous obligeait à lui offrir régulièrement des cadeaux ? Sans déconner, qui avait décidé ça ! C'était hyper lourd cette histoire, surtout qu'en recevant un cadeau régulièrement, on se sentait carrément obligé d'en offrir un en retour ! Et c'était le serpent qui se mord la queue.
- Ça c'est carrément la faute aux mecs qui manquent de confiance, ils te couvrent de cadeaux gigantesques dans l'espoir de te garder. Ahlala, c'est limite pathétique...
Joséphine de Guise, aigrie ? Noon.
- T'as deux choix : où tu lui offres une connerie, une carte de Chocogrenouilles ou un truc que t'as pas à acheter, un mégot un cookie... et tu lui glisses subtilement que les cadeaux, c'est bien, mais ça va un peu, tu vois. Que c'est bien pour les anniversaires mais que ça doit pas devenir systématique. Parce qu'au bout d'un moment, s'il faut 'cogiter cadeau' à chaque équinoxe du printemps ou à chaque tombée des premières neiges, on va pas s'en sortir.
Pas consciente pour un sous qu'elle était aussi hermétique à l'amour qu'un vampire à la lumière du soleil, Joséphine persistait et signait : elle savait de toute manière que tout ce qu'elle dirait ne pourrait jamais transformer la lumineuse et pétillante Tempérance Biel en la funeste et ténébreuse Dark Joséphine de Guise qu'elle était une adolescente normale, en somme.
- Ou alors, tu le pièges la tromperie, la base du couple : tu lui offres un cadeau démesuré, un truc genre... une licorne, ou un hippogriffe, bref, un truc bien hors-sujet. Il va pas comprendre. Et là, lui tu lui sors qu'il a mis la barre tellement haut, que ça t'as angoissée, que tu savais pas quoi lui offrir et que tu t'es rabattue sur les licornes parce - ô maman mais regarde moi ça - elles sont trop mignonnes ! Là, il va piger qu'il a merdé, et vous allez repartir sur les traditionnelles boites de chocolats et bouquets de fleurs que les couples s'échangent depuis le néolithique. Des cadeaux sûrs.
Fière de ses idées, Jo finit par conclure par un magistral :
- Et si tu t'en sors bien, tu pourrais même arriver à lui faire dire quel cadeau dans ton budget lui ferait plaisir ! Paf, t'es pénarde pendant un an.
Si avec ça elle ne s'en sortait pas, c'était carrément de la mauvaise volonté !
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Tempérance Biel
Parchemins : 823Âge : 19 ans { 24/02/1998 } Actuellement : Assistante de Sortilèges Points : 0
Si Tempérance avait pendant un temps été vaguement traumatisée par le départ à la retraite de Filius Flitwick, la jeune Irlandaise commençait pourtant enfin à s'en remettre. Elle ne pouvait que donner raison à Jo': leur nouvelle prof' était très bien et une victoire pour Susan ! Le cours de Sortilèges demeurait ainsi son préféré malgré l'apparition inopinée du prof' de Botanique super canon, et une tradition de désormais cinq longues années n'était pas interrompue. Elle adressa donc un sourire enjoué à sa meilleure amie - qui semblait vouer un culte à la limite de l'alarmant à l'égard de leur directrice de maison -, hochant la tête.
« Tu m'étonnes ! On sera bien mieux dans la salle commune. » acquiesça-t-elle, ravie. L'antre d'Irma Pince n'était pas son lieu de villégiature préféré - ou un lieu de villégiature tout court. Il y faisait sombre, les étagères étaient poussiéreuses, et la vieille bibliothécaire semblait se nourrir du désarroi des élèves. Ajoutez-y le fait qu'elle paraissait entretenir un lieu tout particulier avec Argus Rusard et le compte était bon: Tempérance ne la portait pas dans son cœur. Et non, le fait qu'elle s'était faite engueuler comme du poisson pourri pour avoir corné la page 6 d'un manuel de Soin aux Créatures Magiques en troisième année n'avait rien à voir avec cette aversion, merci bien qui a dit que les Poufsouffles n'étaient pas rancuniers ?
Laissant les cours et les professeurs s'envoler de son esprit, Tempérance aborda bien vite le sujet qui lui tenait réellement à cœur: le bal de Noël. Il lui paraissait évident que Jo' s'y rendrait. Pas question de l'abandonner à son triste sort à la veille de Noël ! Cependant, elle s'était attendue à ce que son amie ait déjà choisi un cavalier, aussi ouvrit-elle des yeux ronds en apprenant que ce n'était pas le cas. « Comment ça, Alan ? Tu y vas avec un cavalier surprise ? » Elle adressa un regard intrigué à son amie. Drôle d'idée ! « Je pensais que tu y irais peut-être avec Allister... » se permit-elle d'avancer, l'air de ne pas y toucher. Et puis, histoire de ne pas trop s'attarder sur cette invasion éhontée de la vie privée de sa meilleure amie: « En tout cas pas de surprise du côté de Teddy, hein ! Il y retourne encore avec Victoire. Ils ne trompent personne ces deux-là. » Et paf, on ragote sur quelqu'un d'autre pour noyer le poisson. Technique éprouvée. D'ailleurs, Teddy le méritait bien: la dernière fois que le chemin de Tempérance avait eu le malheur de croiser celui de Victoire, elle s'était pris un coup de fesse qui lui avait laissé un sacré bleu. La demoiselle manifestait une force étonnante pour une personne de son gabarit.
Mais si Tempérance évoquait le Bal de Noël, ce n'était pas uniquement pour se mêler des affaires de Jo'. C'était aussi, et surtout, pour lui demander conseil. Julian était un grand romantique, et si la blonde appréciait énormément le genre d'attentions dont il faisait toujours preuve, elle était aussi tétanisée à l'idée de le décevoir. Comment rivaliser avec lui ? C'était impossible, voilà tout. Ce qui ne l'empêcherait pas pour autant d'essayer. Si elle avait espéré que Jo' saurait l'aiguiller, elle déchanta pourtant bien vite. En effet, la rousse partit au quart de tour dans une tirade dont elle seule avait le secret, et qui sembla figer de manière presque irrémédiable les lèvres de Tempérance en un sourire mi-enjoué mi-alarmé. « Mais j'aime bien les cadeaux, moi. » casa-t-elle d'un air penaud, une fois que Jo' eût arrêté de brasser de l'air se fut tue. Elle n'avait pas songé que la rousse allait partir dans une telle croisade envers les cadeaux. Il fallait admettre qu'elle était toujours pleine de névroses surprises.
« J'veux dire, je ne veux pas qu'il se sente mal de m'offrir un cadeau, tu sais ? Surtout si c'est juste moi qui suis nulle pour lui en choisir un... » reprit-elle précautionneusement, s'attendant à ce que Jo' reparte dans une tirade enflammée à tout instant. « Même si l'idée de la licorne pourrait marcher, je suppose ? Et ce ne serait pas entièrement faux. Cela dit, ça ne rentre aucunement dans mon budget. T'en aurais pas une sous le coude à me prêter ? » plaisanta-t-elle en haussant les sourcils, songeant que ça restait dans l'ordre du possible pour une famille comme celle des De Guise. « Sinon, tu pourrais tâter le terrain auprès de Julian ? Essayer d'évaluer quel genre de cadeau il compte m'offrir, pour que je puisse m'adapter en conséquence ? » Elle adressa un regard plein d'espoir à sa meilleure amie - le genre golden retriever rencontre le Chat Potté. Elle était consciente que Julian et Joséphine n'étaient pas les meilleurs amis du monde, mais dans sa situation, elle commençait à songer que l'espionnage industriel était peut-être la meilleure solution.