Commérages et bièraubeurre. PV Fiona Quincy

Commérages et bièraubeurre

Fiona & Graham

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Fiona prenait son petit-déjeuner dans la Grande Salle, accompagnée de ses camarades de dortoir. Comme toujours à cette période de l'année, le sujet phare était devenu le bal de Noël, et la blonde écoutait les commentaires et remarques de ses amies, négligeant le bol de muesli posé devant elle. Au cours de la dernière demi-heure, elle avait ainsi appris que Victoire Weasley et Ted Lupin se rendaient encore au bal ensemble - mais au vu des rumeurs qui circulaient depuis la rentrée, ça n'avait rien de particulièrement étonnant -, que Lucas y serait accompagné de Peony Lloyd, l'une des préfètes de Serpentard - ce qui était déjà plus nouveau -, et qu'apparemment, les rumeurs allaient bon train concernant le choix de cavalière de Graham. Ses amies se tournèrent d'ailleurs vers elle une fois le prénom du préfet évoqué, semblant s'attendre à ce qu'elle ait non seulement des informations exclusives à ce sujet mais qu'elle s'apprête en plus à les partager avec elles.

Elle n'eut même pas l'occasion de réfuter leurs théories - "bon ok, tu dis rien Fio', mais si on te donne le bon nom, tu clignes trois fois des yeux et tu te bouches le nez. T'es prête ?" - car Mister Poudlard en personne fit brusquement apparition auprès d'elle, "l'invitant" à l'accompagner à Pré-au-Lard. Fiona n'était pas dupe : Graham avait peut-être formulé sa phrase comme une question, mais ses yeux ne trompaient pas, elle n'avait pas vraiment le choix en la matière. Pas que ça la dérange outre mesure. Au contraire, elle était devenue proche du brun au cours de l'année précédente - plus qu'elle ne l'était de ses camarades de dortoir -, et elle sentait que s'il requérait sa présence immédiate, c'était parce qu'il voulait lui parler de quelque chose d'important. Faisant de son mieux pour ignorer les regards appuyés de ses amies - ce rapprochement avec Graham s'était accompagné de nombreux sous-entendus de leur part, et il était évident que cette invitation surprise à Pré-au-Lard ne faisait qu'appuyer leur théorie. - Fiona se redressa. "Si vous allez chez Madame Pieddodu, passez-lui le bonjour..." lança joyeusement la plus téméraire d'entre elles, ce qui lui valut un regard exaspéré de la part de Fiona. On n'avait pas idée d'avoir des amies pareilles.

Elle sourit néanmoins à Graham. « Avec plaisir. On y va ? Dis-moi que Rusard a abandonné son détecteur ridicule cette année. » Elle secoua la tête, le visualisant parfaitement brandir son stupide Capteur de Dissimulation et menaçant de le fourrer à des endroits particulièrement perturbants si l'on faisait mine de contester son autorité. Elle était en tout cas bien contente que les sorties à Pré-au-Lard aient pu reprendre cette année. Pouvoir sortir du château et battre à nouveau le pavé familier du petit village sorcier ne pouvait qu'être bénéfique après un semestre passé cloîtrés dans le château, sous le joug de Magicis Sacra. « On peut aller aux Trois Balais. » proposa-t-elle en resserrant son écharpe autour de son cou. Le froid hivernal menaçait de s'engouffrer par la moindre ouverture négligente offerte par ses vêtements.

« Bon alors, qu'est-ce qui se passe ? » Elle adressa un regard interrogatif à son ami, ne sachant pas tout à fait à quoi s'attendre. Graham tendait à se montrer un poil dramatique - il suffisait de voir sa réaction à chaque fois qu'il avait été élu Mister Poudlard. Peu importait la raison - et elle était prête à l'écouter s'exprimer, armée d'attention et de sens critique -, elle était heureuse de l'avoir sous la main. Les discussions sur le bal lui avaient fait prendre conscience que sa propre situation menaçait de devenir critique. Puisqu'elle n'avait personne en vue sur le plan amoureux, elle comptait nettement sur Graham pour s'y rendre entre amis. Il était le garçon dont elle était le plus proche à l'école, et il n'avait a priori pas de cavalière non plus que tu crois. En outre, les autres garçons qu'elle connaissait suffisamment bien pour se lancer dans une telle péripétie - Lucas, Louis, Noé - avaient déjà tous trouvé leur cavalière. Graham ne pouvait pas la laisser tomber.

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Fiona adressa une moue déçue à Graham tandis que celui-ici lui annonçait avec le plus grand des calmes qu'au contraire, Rusard serait cette année pire que d'habitude. C'était comme lui dire que les choux de Bruxelles seraient désormais encore plus malodorants que d'habitude. Que Victoire Weasley atteindrait un nouveau stade d'hystérie. Que Alfie Hartley avait découvert une forme d'humour encore plus beauf que celle dont il les faisait (généreusement) profiter jusqu'à maintenant. Bref, c'était une terrible nouvelle, et Fiona le lui fit savoir : « Comment ça une version améliorée ? Tu plaisantes ? Qu'est-ce qu'il peut bien améliorer ? C'est juste une tige qu'il menace de te planter à tout va. » se plaignit-elle, scandalisée. Mais qui avait donné autant de pouvoir à cet affreux personnage ? Qui ? Animée par la colère du Juste, elle éclata pourtant de rire devant l'imitation plutôt fidèle que Graham se mit à faire du concierge. C'est-à-dire, avant qu'elle n'aperçoive celui-ci derrière lui. Ouvrant des yeux ronds, elle échangea un regard avec le préfet de Gryffondor, avant d'éclater de rire de plus belle, et mit plusieurs secondes à retrouver son calme.

« Olala, tu aurais dû voir ta tête ! Ou la sienne. Toi, t'es bon pour la fouille au corps mon vieux. Bonne chance, hein ! » Elle haussa les sourcils, l'observant avec un amusement non dissimulé. Ah, ça c'était fort. Avec une telle prestation, Fiona n'aurait qu'à se glisser à la suite de Graham pour passer inaperçu. Rusard serait définitivement trop obnubilé par sa nouvelle cible pour prêter attention à une malheureuse Serdaigle innocente. Quel preux chevalier, ce Graham.

Souriant devant l'approbation de Graham à se rendre aux Trois Balais, elle acquiesça d'un hochement de tête concernant leur deuxième destination, qui s'avérerait être Honeydukes. « Pas de souci ! » Elle ne comptait pourtant pas se joindre à la supposée razzia prévue par le préfet. Pas question de s'empiffrer de friandises, Merlin savait que c'était mauvais pour la ligne - et ça donnait des boutons. « Attends, tu as déjà fini les stocks que tu t'étais procuré dans le Poudlard Express, ou tu en avais amené dans le train et tu les as finis ? » interrogea-t-elle en jaugeant son ami du regard. Quelle que soit la réponse, elle savait que leur programme resterait inchangé. Graham avait une passion pour les friandises qui n'était un secret pour personne.

Curieuse de nature, Fiona n'attendit pas plus longtemps pour se renseigner sur les raisons de ce quasi-kidnapping, et elle sentit son cœur accélérer en l'entendant évoquer le bal. L'opportunité idéale. « Ah c'est vrai ? C'est sûr que c'est super chiant mais bon... Du coup tu sais avec qui tu vas y aller ? Parce que si tu n'as encore personne je serais honorée d'accompagner Mister Poudlard 2014, personnellement...  » Elle adressa un regard plein d'espoir à son ami. Si elle était navrée que McGonagall le force à ouvrir le bal, cela voulait aussi dire qu'il devait forcément s'y rendre et pourrait donc être son cavalier tout trouvé. Pas qu'elle ait particulièrement envie de se retrouver sous le feu des projecteurs, mais ce n'était après tout que de courte durée.

Elle suivit Graham dans le pub par de petits pas empressés, accueillant la chaleur des Trois Balais avec soulagement. L'écharpe ne suffisait pas, il faisait froid. « C'est clair ! Ahhhh, il fait bon ici. » déclara-t-elle, ravie. « Hmmm, un thé s'il-te-plaît. » indiqua-t-elle avant de se séparer du brun pour leur trouver une place. Fort heureusement, ils semblaient se trouver parmi les premiers élèves ayant rejoint le pub sorcier. Se faufilant entre les tables, elle dégota deux places à l'écart et s'installa. Un tour d'horizon rapide lui apprit qu'aucune de ses connaissances n'était là pour l'instant et elle se détourna donc pour observer le paysage extérieur en attendant le retour de Graham.

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Fiona éclata de rire suite à l'hypothèse que lui proposa Graham concernant Rusard et son tristement célèbre détecteur. L'idée que ce psychopathe ait pu faire une chose pareille était étrangement à la fois très drôle, et très inquiétante. Quoique, s'il avait bien accroché une assiette au bout, il ne pourrait au moins plus menacer de l'enfoncer dans le premier orifice venu charmante école.

Compter sur McGonagall pour le sauver de l'humiliation semblait un brin illusoire à Fiona, mais elle ne voulut pas descendre son ami alors qu'il paraissait déjà être à terre. Il n'avait pas l'air désespéré, mais on ne pouvait pas dire que cette journée était bien partie pour lui. S'attirer l'ire de Rusard sans même avoir mis le premier pied à Pré-au-Lard était un très mauvaise présage. « Tu crois qu'elle te sauverait ? Le vrai truc qu'elle devrait faire, c'est le virer et prendre quelqu'un de plus compétent, et de moins psychotique. Une fois, je l'ai entendu menacer une élève Tempérance de la pendre par les orteils dans les cachots... » se remémora-t-elle d'un air sombre, ayant auparavant bien pris le soin de vérifier que ni Rusard, ni McGonagall ne se trouvaient à proximité d'eux. Elle était trop intelligente pour reproduire l'erreur de Graham trente secondes après qu'elle ait eu lieu. « Mon devoir en tant qu'amie ? » répéta-t-elle, amusée. « Bon, d'accord, mais ça n'a pas intérêt à me retomber dessus cette histoire. Je refuse d'être pendue par les orteils. » déclara-t-elle d'un ton ferme. Rusard ne lui faisait pas vraiment peur, mais il arborait parfois une lueur démente dans les yeux qui ne lui inspirait rien de bon.

Concernant les sucreries, Fiona haussa les épaules d'un air contrit. « Au risque de jouer l'avocat du diable, ils n'ont pas entièrement tort. Ce n'est pas très bon pour la santé tout ce sucre. En plus, ça donne des caries. » nota-t-elle en se mordillant la lèvre inférieure, pensive. « Peut-être qu'ils compensent là-dessus ? Genre, ils ne pouvaient rien faire quand Magicis Sacra occupait l'école, mais au moins ils peuvent plus ou moins contrôler que tu vis sainement. » Ce n'était pas très juste, elle en convenait. Mais c'était un peu un truc de parent de faire ça, non ? Sa propre mère était toujours très attentive à ce qu'elle mangeait, ce qui pouvait aussi expliquer ses rapports difficiles avec la nourriture, supposait-elle. Chacun sa croix !

Fiona avait nettement compté sur Graham pour être son cavalier au bal. Elle avait espéré très, très fort qu'il n'avait pas déjà quelqu'un, et que sa répugnance à être obligé de s'y rendre pourrait être compensée par le fait d'y aller avec une amie proche. Mais que nenni : Graham l'avait trahie. Ou pas vraiment, parce qu'il ne lui devait rien, mais il n'empêche qu'elle était dans la panade. « Une... dinde ? » répéta-t-elle lentement, tout en tâchant d'intégrer cette information. Graham avait une cavalière. Louis avait une cavalière. Lucas avait une cavalière. Elle était fichue ! « Tu y vas avec qui ? Sinon on lui dit que tu annules et que tu me préfères moi ? Et si tu trouves que c'est une dinde, pourquoi est-ce que tu y vas avec elle ? » Le reproche était absent de son ton, elle cherchait simplement à comprendre. Elle savait ce que Graham pensait de celles qu'il qualifiait de 'dindes', la plupart d'entre elles des filles qui le pourchassaient depuis qu'il avait été élu Mister Poudlard. De fait, pourquoi inviter l'une d'entre elles au bal ? Est-ce qu'à force de persévérer, l'une d'entre elles avait réussi à le convaincre ? Une sorte de syndrome de Stockholm finalement.

S'installant à la place avec vue directe sur la rue principale de Pré-au-Lard - ils pourraient observer leurs camarades à loisir, comme ça ça va bitcher -, Fiona demeura pensive jusqu'à ce que Graham ne la rejoigne avec son thé et sa propre Bièraubeurre. « Merci Graham, tu me diras combien je te dois ! » Elle souffla sur son thé, avant de poursuivre : « Oh, je suis foutue en vrai, je ne vois pas du tout avec qui y aller. Tous ceux à qui j'ai pensé ont déjà une cavalière : toi, Louis, Lucas, Noé... » Son visage s'éclaira en voyant apparaître une tête blonde familière devant l'enseigne des Trois-Balais. « Alfie Hartley, sinon ? Mais c'est le genre à vouloir aller au bal avec une conquête potentielle... » réfléchit-elle à haute voix, avant de ramener un regard interrogateur vers son ami. Ce n'était pas une option idéale, elle en convenait, mais dernièrement elle s'entendait plutôt bien avec le Serpentard. Pas sûre que ça suffise, surtout que connaissant la bête, il avait sûrement déjà plusieurs cibles en vue...

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Fiona laissa échapper un rire à l'explication que lui donna Graham concernant Rusard - bien que dans les faits, ça ne soit pas drôle du tout. Du moins, si McGonagall craignait vraiment une mort sur le coup de Rusard si jamais elle venait à le virer - ce dont la blonde doutait fortement. « Franchement, c'est pas trop son genre de faire de la charité, si ? Si ça se trouve elle a juste la flemme de chercher quelqu'un d'autre. Ou personne n'est partant pour prendre ce job ? » suggéra-t-elle en fronçant les sourcils. Elle pouvait imaginer que passer systématiquement derrière une bande de gamins chahuteurs et au potentiel destructeur ne soit le rêve de personne, mais d'un autre côté, ce n'était pas comme si Rusard avait l'air de faire beaucoup de rangement ou de nettoyage. Elle avait parfois l'impression que l'essentiel des tâches ménagères se faisait lorsque des élèves finissaient en retenue une pensée pour Derek Bradford. Quoi qu'il en soit, si Fiona acceptait de prêter main forte à Graham pour échapper aux foudres du concierge, elle espérait bien qu'il ne la laisserait pas couler à sa place par dessus le marché, aussi adressa-t-elle un regard très sérieux à son ami lorsqu'il lui en fit la promesse. Elle n'oublierait pas.

Devant l'indignation de Graham concernant ses parents, la blonde haussa les épaules, regrettant de l'avoir mis dans tous ses états. « Tu sais bien que je suis toujours de ton côté. » Elle lui adressa un sourire amusé alors qu'il se mettait à l'appeler par son nom complet - deuxième prénom compris. « Je ne pensais pas que tu te souviendrais d'Elizabeth. Et je suis d'accord avec toi Graham, je cherchais juste une explication à leur réaction ! Mais c'est pas juste, c'est vrai. Dans deux ans la majorité ! » lui fit-elle observer en haussant les sourcils. Du moins, chez les sorciers, car chez les moldus c'était une autre affaire, et ses parents à elle n'en avaient cure de lois qui ne s'appliquaient qu'à son 'nouveau' monde. De toute façon, elle était assez libre lorsqu'elle rentrait à Bristol. Ses parents étaient attentifs sans l'étouffer. Tant qu'elle ne s'illustrait pas par des frasques qu'ils ne pourraient lui pardonner, elle était plutôt tranquille.

Fiona vécut un véritable ascenseur émotionnel avec l'affaire du bal de Noël. Songeant d'abord que Graham l'y accompagnerait, elle apprit avec stupéfaction qu'il avait choisi une Gryffondor inconnue au bataillon pour être sa cavalière. Fichtre alors ! Levant les yeux au ciel avec affection devant son imitation de dinde, elle répéta : « Pequelque chose ? » avant de secouer la tête dans un soupir. « Tu m'abandonnes pour une dinde dont tu ne connais pas le prénom : super ! » Elle observa son ami avec circonspection tandis qu'il lui expliquait ne pas avoir eu le 'choix'. Ça, c'était surprenant. Et vaguement louche. « Tu veux dire qu'elle t'a supplié à genoux, la larme à l’œil, la morve au nez, d'y aller avec elle, et que tu as accepté ? » développa-t-elle, cherchant la faille. Quelque chose clochait, et elle comptait comprendre quoi. Graham ne l'aurait pas aussi facilement !

Attrapant son thé avec soulagement - c'est qu'il commençait à faire drôlement froid ! -, elle accepta la proposition de Graham d'un hochement de tête, avant d'en revenir à son casse-tête. « Je citais juste son nom parce qu'il est là. » répondit-elle dignement, désignant discrètement le Serpentard du doigt. « Mais je ne cherche pas à devenir l'une de ses conquêtes, merci bien ! Même s'il n'est pas moche en soi. » Elle adressa un regard entendu à Graham avant de poursuivre : « Puisque tu es si malin, tu proposes qui toi alors ? C'est la disette, Bishop. » Ô rage, ô désespoir et tout le tralala. Sinon, elle n'allait pas au bal du tout ? Elle avait encore l'option de rentrer plus tôt à Bristol et de passer une soirée de plus avec ses amis d'enfance. Méditant sur ces pensées, elle finit par adresser un regard malicieux à son ami. « Tu penses que tu vas être réélu cette année ? » Elle leva les sourcils, attendant la réaction - généralement explosive quand ce sujet était concerné - de son ami.

Fiona fut très amusée d'apprendre que Graham - ce fourbe - lui avait fait l'honneur de retenir son nom complet, deuxième prénom compris. Elle en avait presque honte, mais elle ne pouvait malheureusement pas en dire autant. Graham avait-il seulement un deuxième prénom ? Faisant fi de ses moqueries - plutôt inoffensives -, elle préféra se concentrer sur des choses plus sérieuses, comme par exemple la majorité, ou le comportement de leurs parents : « Si tu transformes ton père en crapaud, tu finiras à Azkaban, et je ne pourrai même pas venir te rendre visite. Et ça me rendrait fort triste. » lui fit-elle remarquer après qu'il ait volontairement pris le temps de la réflexion sur ce sujet. « Pour les problèmes financiers, c'est sûr que ça craint... Mais bon une fois qu'on travaillera, on sera déjà plus indépendants ! » nota-t-elle sans trop vouloir s'appesantir sur ce sujet. Après tout, ils n'étaient qu'en cinquième année. Même si elle avait hâte d'avoir son indépendance, elle ne voulait pas non plus sauter d'étapes.

Appréciant d'avoir fait rire son ami avec ses supputations concernant sa cavalière au bal (et les conditions dans lesquelles il avait accepté sa prétendue requête), elle reprit en fronçant légèrement les sourcils : « Alors c'est incompréhensible ! » Elle se tut, attendant plus d'explications que 'c'est compliqué', mais rien ne vînt. « Un jour tu m'expliqueras ? » demanda-t-elle en scrutant le visage de Graham, un peu déçue qu'il ne lui fasse pas confiance. Depuis l'année précédente, ils s'étaient tout de même nettement rapprochés. Elle lui disait à peu près tout, du moins lui semblait-il. Pourtant, voyant que son ami se montrait inhabituellement mal à l'aise, elle préféra lâcher l'affaire - pour l'instant. Ils n'étaient pas là pour passer un mauvais moment. « Bien sûr que non ! » lui rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel. Elle percevait que Graham était sincère, et pour le moment ça lui suffirait. Même s'il l'avait honteusement abandonnée pour le bal, pour une péronnelle qu'il ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Ah, faites vous des amis, qu'ils disaient ! Ça sera chouette qu'ils disaient !

Occupée à se chercher un cavalier pour le bal, de fait, elle éclata de rire à la description que fit Graham d'Alfie Hartley. Elle lui adressa une moue amusée. « Il n'est pas si terrible. Tu exagères. » Elle aimait bien Alfie - sauf quand il prenait ses airs de cador et commençait à draguer tout ce qui bougeait. En tout cas, contrairement à Graham, elle ne le trouvait certainement pas insipide. « Hudson ? » répéta-t-elle, pensive. « Eh bah dis donc, ça donne envie ! Je crois que je vais passer mon tour du coup, mais merci ! » rigola-t-elle, jugeant que décidément, si Graham était un très bon ami, ses conseils étaient en revanche plus que douteux. Elle espérait qu'il était un peu plus fiable lorsqu'il s'agissait d'orienter des petits première année perdus dans l'école ! "Et donc là tu passes par le couloir interdit. Mais non t'inquiètes, c'est un raccourci. Dis voir, t'es pas allergique aux chiens à trois têtes, hein ?"

« Bon, je vais voir si je peux dégoter un cas désespéré quelqu'un à Serdaigle. Ils ne sont pas tous très rigolos mais bon. » Elle soupira, prenant une gorgée de thé, avant de se moquer ouvertement de Graham et de son fameux titre de Mister Poudlard. « Le vote est secret Monsieur Bishop ! » lui répliqua-t-elle d'un air malicieux, se retenant bien de lui confier la vérité : qu'elle avait voté pour lui, bien évidemment. Ce petit air mi-constipé mi-méditatif valait tout l'or du monde. Comment y renoncer ? « Puisque tu seras Mister Poudlard, qui veux-tu comme Miss cette année ? Dis-moi tout... » enchaîna-t-elle, appréciant de plus en plus ce petit jeu. Cette journée à Pré-au-Lard s'annonçait forte en émotions (pour Graham) !


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