Ted était plus pensif qu'à son habitude, lorsqu'il quitta sa grand-mère Andromeda sur le quai 9 3/4 ce matin-là. Elle l'avait interrogé comme elle le faisait toujours : avec un détachement apparent qui ne cachait nullement sa sollicitude à un œil averti, et il avait aussitôt regretté de l'avoir inquiétée. « Je m'fais vieux c'est tout, t'en fais pas va. Je deviens grave avec l'âge. » lui dit-il en lui faisant un clin d’œil taquin, avant de la prendre dans ses bras. Si elle avait connu la véritable nature de ses problèmes, nul doute qu'elle se serait fait bien moins de souci. Ou bien, elle s'en doutait - ce qui était une hypothèse à ne pas écarter avec une grand-mère comme la sienne -, et c'était une raison supplémentaire pour ne pas épiloguer sur le sujet. Il ne tenait pas à parler de Victoire maintenant.
Il se tourna pourtant par réflexe pour voir si elle et sa famille étaient là, mais pas de Weasley en vue. Il ne savait pas s'il était plus soulagé ou déçu. N'attendant pas non plus de voir arriver Tempérance - il la connaissait : si elle n'était pas déjà là, alors elle était forcément en retard -, et prédisant que Jo' pouvait se trouver avec Cole oh les amoureux, il adressa un dernier signe à sa grand-mère, avant d'embarquer dans le train. Il avait passé ses vacances de Noël entre sa maison et celle des Potter, régalant les petits d'anecdotes sur Poudlard et militant avec ferveur en faveur de la maison Poufsouffle. Après tout, même avec une famille comme les Weasley/Potter, on pouvait toujours rêver...
Le souvenir du bal de Noël lui revenait néanmoins sans cesse en tête. Il avait été très, très près de tout faire voler en éclat, et de balancer à Victoire une bombe qu'il avait toujours prévu de garder pour lui. Mais son comportement, sa jalousie l'avaient induit en erreur. Il n'était que son meilleur ami, rien d'autre. Il était temps de se faire une raison et d'arrêter d'espérer bêtement. Il était surtout temps d'appliquer sa solution initiale : celle de sortir avec une autre fille, et de laisser ces fichus sentiments qu'il ressentait pour sa meilleure amie de côté, pour de bon.
Après avoir remonté le couloir pendant quelques instants, et fait signe à certaines têtes connues, il aperçut une tête rousse qui lui sembla familière. Quelques enjambées l'amenèrent à hauteur de nulle autre que la petite Dominique Weasley, dont il tapa amicalement l'épaule. « Hey, Dodo Dominique ! » Il lui adressa un sourire bienveillant. Il savait qu'elle détestait les surnoms - il l'avait entendue le répéter à Victoire bien assez souvent - et tâchait de taire le réflexe qui le poussait à vouloir l'appeler 'Dom' pour faire plus court. « Tu cherches un compartiment toi aussi ? Tu veux qu'on cherche ensemble ? Apparemment je n'ai plus d'amies ta sœur les a toutes assassinées » Ils s'étaient certes vus pendant les vacances, mais Teddy était alors souvent accaparé par les Potter. En outre, il s'était fait la réflexion que bien qu'appartenant - à son bonheur - à la même maison, il avait peu échangé avec sa cadette dans l'enceinte de l'école depuis qu'elle l'avait rejointe. Une situation à laquelle il fallait remédier : pas question d'abandonner la première Weasley à le rejoindre en tant que compatriote à Poufsouffle.
« Contente de reprendre les cours ? Tu t'es fait des copains et des copines à Poufsouffle ? » Il se garda bien d'évoquer le nom de Victoire. Il savait que c'était un sujet sensible avec Dominique. Pourtant, il lui manquait habituellement toute notion de préservation de soi. Il avait une légère tendance à asticoter les gens, même - et surtout - quand il ne le fallait pas. Peut-être que James héritait de lui, finalement. En temps normal, il lui arrivait donc d'évoquer la grande-sœur de Dominique devant cette dernière, se moquant même gentiment de Victoire quand il savait que celle-ci écoutait, parce qu'il savait qu'elle partirait au quart de tour une pierre deux coups et que ça pouvait faire rire Dominique. Mais là, dans l'immédiat, il préférait nettement taire le prénom de la blonde.
« Aha ! Un compartiment libre ! » s'exclama-t-il avec un enthousiasme plus forcé qu'à son habitude mes Poufsouffles sont en dépression ça y est. « Tu me tiens compagnie alors ? » Il adressa un regard interrogatif à la fillette : Merlin savait que rien ne l'y obligeait. Et puis : « Alors après vous, mademoiselle. » prononça-t-il avec un français des plus imparfaits, mais le sourire aux lèvres. Il tendit les mains pour qu'elle lui donne ses bagages pour les placer en hauteur, avant de se laisser négligemment tomber sur la banquette. « Allez raconte un peu ces premiers mois à Poudlard, maintenant qu'on est qu'entre nous. Tu t'y plais ? » Teddy avait vu naître pas littéralement heureusement tous les enfants du clan Potter-Weasley. Il les connaissait bien, même si de par leurs âges, c'était surtout avec Victoire qu'il avait le plus traîné. Mais il était impatient de les voir rejoindre Poudlard tour à tour, leur apprendre ses secrets, même s'il ne lui restait plus tant d'années d'études que ça à y passer.
Celle dont on ne doit pas prononcer le nomLes vacances représentaient un défi nouveau pour la jeune Dominique. Autant elle pouvait esquiver Victoire au château, autant elle devait bien assister à son cirque (toujours renouvelé) à la maison. Cet été, ça avait été sa nomination comme capitaine de l'équipe de Quidditch, maintenant, son titre de Miss Poudlard. Si on pouvait pourrir à force de suffisance et de perfection, Victoire se serait déjà transformée en bleu d'Auvergne ! Et bien entendu, elle ne comprenait rien des sentiments de Dominique, diminuée un peu plus à chacune des réussites de son aînée.
La petite Poufsouffle n’en était pas pour autant aveugle et elle avait remarqué que les choses n’étaient pas habituelles entre sa sœur et Ted au bal. Dominique n’en avait parlé ni à l’un ni à l’autre, si ce n’est pour lancer à son aîné un sibyllin « Qui veut avoir un gâteau avec du froment doit attendre la mouture. » que Victoire n’avait probablement pas compris. Parmi les nombreuses choses qui les différenciaient, il y avait le goût de Dominique pour les tragédies et plus particulièrement pour celles de Shakespeare, bien que celles d’inspirations greco-latines ne manquent pas de sel non plus. Peu probable, donc, que sa blonde, parfaite mais niaise grande sœur connaisse la pièce dont était issue sa phrase. Puis, puisque c’était elle qui avait parlé, Victoire n’avait sûrement pas pris la peine non plus de réfléchir à son sens. Elle n’était que Dominique, que pouvait-elle donc avoir à lui dire d’intéressant, hein ?
Dans le cadre d’une vraie conversation et pas d’une phrase lancée, comme ça, au pas d’une porte de chambre, Dominique aurait pu expliquer ce qu’elle entendait par là, à savoir que le temps faisait son œuvre et que quelque soit les remous que le bal avait pu provoquer, le destin se chargerait de régler la situation d’une manière ou d’une autre. Avec de la patience, les choses simples, comme la résolution d’un conflit (à tendance romantique, peut-être?), finissaient toujours par se produire. Mais Dominique n’avait pas eu l’occasion de développer sa pensée et, si ça avait été le cas, le manque de patience de Victoire pour tout un tas de chose aurait eu raison de la sienne. C’était d’autant plus dommage qu’elle avait une autre citation en réserve pour elle : « La jalousie est un monstre qui s'engendre lui-même et naît de ses propres entrailles. ». On accordait vraiment trop peu de crédit à la sagesse des pièces de Shakespeare dans son foyer : elles apportaient pourtant les solutions à chacun des problèmes qui pouvaient se poser dans une vie !
Le bal avait fini par disparaître de son esprit le reste des vacances mais réapparut quand Ted arriva à sa hauteur après qu’elle ait quitté ses parents sur le quai. D’habitude il était toujours avec Victoire… mais pas là. Cette étrangeté n’avait pas échappé à Dominique, elle se garda bien, pourtant, de la relever à haute voix. « Oui, je veux bien! Le train est quand même moins rempli qu’à la rentrée mais il y a du monde ! » Peu d’élèves restaient au château à Noël, mais ces exceptions existaient quand même et laissaient quelques places de plus dans le Poudlard Express.
Quant à avoir des copains et des copines, elle en avait autant qu’il était possible une fois qu’on avait éliminé les fans fanatiques fantoches de Victoire. « Quelques uns. Je crois que je m’entends assez bien avec Charlotte et Ash. » Elle avait plus de mal avec Douglas, qu’elle soupçonnait d’en pincer pour Victoire, il était typiquement le genre de cerveau creux qui pouvait tomber en pâmoison face au sang de vélane. Comme souvent, Dominique omettait ici qu’elle en possédait tout autant que sa sœur, le charisme en dehors d’une scène de théâtre – même quand cette scène était son jardin – n’avait que peu d’intérêt pour elle. Si elle se moquait souvent des admirateurs de sa sœur, c’était aussi pour se cacher à ses yeux qu’elle ne pensait pas être capable d’en avoir autant. Dominique n’avait jamais recours à son tout petit avantage de descendante de vélane, jamais consciemment en tout cas.
En effet, la jeune demoiselle avait toujours dégagé quelque chose de solaire. Elle n’avait pas vraiment de mal à se faire des amis non plus, elle classait seulement bien plus facilement ceux de sa sœur dans la catégorie des fans que les siens. Eux, ils l’aimaient pour elle, pas pour son physique de barbie tant mieux car elle n’en était pas tout à fait une malgré son charme. « Pour ce qui est des cours, je suis surtout contente de revenir à Poudlard, à Poufsouffle, loin de la maison quoi. » Elle avait mis toute sa hargne dans cette phrase. Même si être une Weasley ne permettait pas totalement d’être anonyme, à Poudlard, elle se fondait bien plus facilement dans la masse. Et comme elle n’était pas à Gryffondor, on la comparait peu avec Victoire. Elle ne laissait quasiment aucune chance à quiconque de le faire. Quant aux professeurs, ils avaient plutôt tendance, sûrement à cause de sa bouille rousse, à la comparer à son père ou à ses oncles. On lui souhaitait d’être aussi douée que Bill, de moins s’attirer d’ennui que George (et Fred, même si elle ne l’avait jamais connu), de voler avec autant d’aisance que Ginny… des comparaisons qu’elle prenait bien mieux que si on lui avait parlé de sa mère ou de sa sœur. Elle ressemblait aux autres Weasley, ça c’était vrai. Mais elle n’avait rien hérité de la perfection maternelle et Poudlard n’était pas une école à en prendre beaucoup compte. Peut-être sa maison aidait-elle aussi en ce que la tolérance et la loyauté étaient des valeurs des Poufsouffle, si elle avait été dans une autre maison, ça aurait peut-être été plus dur, qui sait ?
Les deux blaireaux finirent par trouver un compartiment. Comme Dominique avait toujours beaucoup aimé Ted mais pas comme le croit Victoire, c’est avec plaisir qu’elle le suivit à l’intérieur. « Bien sûr ! Merci Monsieur, vous êtes bien aimable ! » Termina-t-elle en français, enlevant son chapeau pour entrer et s’installer. Elle n’avait pas une trop grosse valise, elle avait laissé la plupart de ses affaires à Poudlard. Elle la tendit néanmoins à Ted pour qu’il la range. Il fallait bien que ça serve à quelque chose qu’il soit si grand ! Une fois assise, ils entrèrent dans le vif du sujet… si l’on peut dire vu qu’ils évitaient tous les deux de parler de Victoire, Dominique plus par habitude qu’autre chose car elle avait assez confiance en Ted pour discuter de sa sœur avec lui. Même s’il adorait Victoire, Dominique le connaissait depuis sa naissance, donc elle ne le pensait ni aveugle, ni bête.
« J’adore Poudlard ! Et Poufsouffle aussi ! Je sais bien que je suis une choixpeau floue, mais je me sens quand même parfaitement en phase avec nos valeurs ! Quelle qualité peut être plus importante que la tolérance après tout, aucune, non ?! » Attention, quand Dominique était lancée, on ne l’arrêtait plus. En ceci, au moins, elle était comme Victoire. « Et puis les cours sont géniaux ! Après toutes les histoires que j’avais entendu, je craignais que ce soit beaucoup plus dur que ça. La botanique est la meilleure des matières mais j’aime aussi beaucoup la métamorphose, c’est vraiment très simple de visualiser la transformation des objets, non ? » Elle interrompit son babillage, un grand sourire sur les lèvres. Dominique était globalement encore assez enfantine dans ses réactions et elle ne déguisait pas ce qu’elle pensait (sauf si s’exprimer au moyen de citation comptait comme tel), sa joie d’être enfin une petite sorcière en voie d’accomplissement la ravissait et ça se voyait.
Teddy était d'accord avec Dominique, le train était tout de même bien peuplé. Il avait passé plusieurs compartiments remplis avant de l'apercevoir, et il ne tenait pas à passer le voyage en compagnie d'inconnus. Généralement sociable, il restait plus à l'aise avec son propre groupe d'amis, ou ses connaissances de Poufsouffle. En outre, les rumeurs nées au cours de l'été les concernant Victoire et lui ne s'étaient semble-t-il pas entièrement éteintes - il supposait que leur dispute des plus discrètes au cours du bal n'avait pas aidé. Dans son état d'esprit actuel, il se serait bien passé de tout commentaire déplacé sur le sujet - Merlin savait que ses camarades savaient se montrer subtils.
Il sourit en apprenant que Dominique s'était fait des amis, plissant les yeux en essayant de replacer les deux prénoms qu'elle lui avait donnés. « Ash... Lloyd c'est ça ? Il a un frangin à Serpentard, lui. » nota-t-il en songeant qu'il serait préférable que le petit ne prenne pas trop, trop exemple sur le grand. Léopold était plutôt connu pour ses frasques amoureuses or, Dominique était une petite-fille qu'il connaissait depuis qu'elle n'était même pas haute comme trois pommes. Il ne voulait pas la savoir en train de traîner avec des Dom Juan émérites. « Tu crois ? Comment ça, t'es pas sûre ? » Il se souvenait de sa propre première année : il avait rencontré Tempérance en allant s'asseoir à la table des Poufsouffles. Elle s'était débrouillée pour mettre le coude dans un pichet de jus de citrouille trois secondes après que la nourriture soit apparue. Les choses étaient tout de même nettement plus simples à l'époque.
Quant à Poufsouffle, il était particulièrement bien placé pour comprendre l'intérêt de Dominique pour leur maison. Il lui adressa un sourire ravi, retrouvant ses airs de grand enfant ayant poussé un peu trop vite. « C'est super que tu sois à Poufsouffle, c'est quand même la meilleure maison. Je garde espoir pour James, mais avec le combo Potter-Weasley, Poufsouffle part avec un gros handicap... » Dans le fond, souhaitait-il réellement que James se retrouve dans sa maison ? Ce gamin était une véritable tornade chez lui, qu'adviendrait-il s'ils se côtoyaient nuit et jour ? Ça plus les crises de Victoire, c'est la syncope assurée pour Teddy. Il adressa un regard embêté à sa cadette devant la hargne placée dans ses dernières paroles. « Pas top à la maison ? » Le sujet 'Victoire' flottait nettement dans l'air à présent, et Teddy ne put s'empêcher de continuer : « Comment ça s'est passé ? Quand je vous ai tous vus ça avait l'air d'aller, non ? » Après, il n'avait pas passé les vacances avec leur famille. Teddy restait plus traditionnellement en compagnie de sa grand-mère pour les fêtes, tout en jouant la décoration attitrée de la chambre d'amis des Potter.
Soulagé d'avoir trouvé un compartiment libre, Ted étala toute l'étendue de sa culture en dévoilant quelques uns des mots de français qu'il maîtrisait, avant de déposer aisément les affaires de Dominique en hauteur. Comme à son habitude, il s'installa ensuite sur la banquette avec la décontraction qu'il aurait eue dans sa propre maison, avant de poursuivre, son humeur se détendant au fur et à mesure qu'il voyait l'excitation se dessiner sur le visage de sa cadette. « Moi je suis bien d'accord avec toi, mais après on me dit que je ne suis pas impartial... » Il haussa les épaules. C'était dur de lutter contre tous ces Gryffondors en puissance. Mais sa mère avait été à Poufsouffle, et il en était particulièrement fier. Quand il entendit que Dominique appréciait beaucoup les cours de Métamorphose, il n'aurait pas pu être plus ravi. « Aha, c'est trop bien la Métamorphose! Et pas difficile une fois que t'as compris le truc, t'as raison. Et les profs, ça va ? On n'en a pas des trop traumatisants normalement. » Gibson était peut-être la plus impressionnante, et encore, Teddy jugeait que ça allait.
Celle dont on ne doit pas prononcer le nom« Oui, c’est ça ! Et deux sœurs aussi, une à Serpentard et une à Serdaigle. Je crois que j’aime bien celle de Serdaigle… mais je ne lui ai jamais beaucoup parlé, c’est juste qu’elle a l’air cultivé. Elle connaît peut-être Shakespeare. » Songea-t-elle à voix haute. Connaître ou ne pas connaître les grandes tragédies du dramaturge anglais était une des échelles de valeur de la jeune Weasley. Elle-même avait commencé à apprendre des tirades entières dès qu’elle avait su lire. Tomber sur des tragédies grecques par hasard dans un coin de bibliothèque avait été ce qui lui était arrivé de mieux selon elle. « On ne peut pas juger la qualité d’une amitié au bout de seulement quelques mois. Il faut encore attendre pour être sûrs que nous allons bel et bien nous entendre les uns les autres. » Elle pointa un petit nez fier et repoussa quelques mèches de cheveux d’un air bravache : comme toujours, Dominique montait facilement sur ses grands chevaux ! Une fois qu’on en avait pris l’habitude, on comprenait que c’était surtout un genre qu’elle se donnait. Elle n’était pas particulièrement spontanée, au contraire, tout chez elle était réfléchi vu que chaque occasion était bonne pour tester son jeu. Ainsi, bien qu’elle ait une tendance au drama comparable, ses raisons de le faire étaient différentes de celles de Victoire. Dominique avait une parfaite maîtrise de ses sentiments, de la même manière, elle ne laissait pas n’importe qui entrer dans son cœur. Hors de question de se laisser influencer par qui que ce soit.
« Ne rêve pas. La patience et la tolérance ne sont des qualités présentes qu’à dose homéopathique chez James. » Puis, elle était très bien comme ça, avec juste Ted qui soit plus ou moins de sa famille dans sa maison de Poudlard. Elle aimait tous les Weasley-Potter mais préférait évoluer le plus loin d’eux possible, ceci était surtout valable pour sa sœur aînée, le parfait petit portrait de leur mère. Dominique aurait tout donné pour échanger ses cheveux roux et les tâches sur son visage contre la peau claire et la blondeur de sa sœur. Réaliste, elle savait qu’il lui faudrait composer avec le physique que sa naissance lui avait donné, ça ne l’empêchait pas d’avoir des hauts le coeur quand elle entendait Victoire se vanter. « Oh non ! Ne t’inquiète pas ! Tout va bien à la maison, c’est exactement comme d’habitude. C’est bien pour ça que j’avais hâte de revenir Poudlard. Avec les élections de Miss, tout ça… ce n’était pas de tout repos pendant les vacances, c’est tout. » Même si Ted était vraiment aveugle quand ça concernait Victoire, elle ne doutait pas qu’il comprendrait l’allusion. Il ne pourrait peut-être pas se mettre à sa place, lui qui pouvait changer son apparence selon son bon vouloir, mais il devait bien avoir remarqué qu’à chaque « victoire » de sa sœur, elle s’en retrouvait plus petite et amoindrie, elle, juste Dominique, celle qui ne portait pas en elle la réussite de ses parents. Tonton Ron, il comprenait, lui, ou en tout cas il en donnait l’impression… peut-être parce qu’il avait eu plein de frères brillants lui aussi !
Une fois dans leur compartiment, ils repartirent sur le sujet de Poufsouffle : « Ah oui ? Papa et maman avaient l’air de trouver que Poufsouffle était bien pour moi. Ils ont dit que n’importe quelle maison leur aurait été du moment que je m’y sentais à mon aise. Je ne peux pas partager des souvenirs de papa comme le fait Victoire, mais ce n’est pas très grave, après tout maman était carrément dans une autre école. » Elle se serait bien vu à Serdaigle aussi, mais Poufsouffle était devenu de plus en plus évident une fois qu’elle y avait trouvé sa place. Les gens étaient gentils avec elle là-bas et presque personne ne lui parlait de sa sœur. Puis, Ted y était, ça lui donnait une sorte de légitimité. Peut-être était-elle destinée à être à Poufsouffle, la maison qui acceptait tous les profils d’élèves pour peu qu’ils soient tolérants ? Cette idée lui plaisait.
« Tous les professeurs sont biens, je les aime tous ! J’espère être à la hauteur ! » Elle réfléchit un instant avant d’ajouter, car la question lui brûlait les lèvres depuis le début de l’année : « Il n’y a pas de club de théâtre à Poudlard ? Tu crois que ce serait possible que je monte une pièce indépendante ? J’adorerai monter le Roi Lear ! Ou une autre pièce pour commencer, je ne suis pas si difficile Mais comme je ne suis qu’en première année, je ne sais pas si j’arriverai à obtenir assez de confiance pour un projet aussi ambitieux... » Elle soupira exagérément. Elle aurait pu demander de l’aide à Victoire et ses amis de Sterne mais il en était Hors. De. Question. Mieux valait encore renoncer totalement à ce projet de monter une pièce que devoir supplier pour que Victoire l’aide.
Ted visualisait les jumelles Lloyd, elles étaient de la même année que Victoire - information qu'il se garda de partager. Il était davantage amusé par le fait que Dominique apprécie celle de Serdaigle pour sa potentielle familiarité avec Shakespeare. Lui-même ne les connaissait pas bien. Il les côtoyait essentiellement à la Brigade Anti-Menace, mais à part une capacité à enguirlander leur petit Poufsouffle de frère, et une forte tendance de Dahlia à apparaître à tout instant blasée par la vie ses camarades, il n'avait pas de piste à apporter à Dominique.
La réponse de Dominique concernant la valeur de ses récentes amitiés ne le déçut pas non plus. Ted esquissa un sourire médusé, jamais lassé d'entendre des tirades aussi dramatiques sortir de la bouche de la jeune Weasley. Plus terre à terre, il répondit : « Oui mais quand même, ça fait depuis septembre et on se côtoie tous les jours à Poudlard, encore plus parce qu'ils sont à Poufsouffle comme toi. S'ils comptaient devenir d'horribles personnages, tu le saurais déjà. » déclara-t-il avec simplicité. Il n'avait jamais eu de mal à sympathiser avec autrui. Il s'amusait de tout, et beaucoup de commentaires coulaient sur lui : la nonchalance même. Contrairement à Dominique, s'il s'entendait tout de suite avec quelqu'un, il le considérait comme un ami jusqu'à ce qu'on lui prouve le contraire, mais ne consacrait nullement d'énergie à en douter en amont. Et puis, il savait qu'elle aimait se montrer théâtrale. Qu'elle en dise ce qu'elle voudrait : Teddy considérait donc que cette Charlotte et ce Ash malgré sa fratrie douteuseétaient ses amis avec qui elle s'entendait bien.
Son commentaire sur James arracha un rire au grand Poufsouffle, qui ne pouvait pas entièrement contester ses dires. Pour le coup, il avait vécu avec le plus âgé des Potter, et s'il avait beaucoup de qualités, la patience n'en était nullement une. Il soupira d'un air dramatique. « Ah, tant pis, on tiendra le fort tous les deux alors. » Il lui fit un clin d’œil. En outre, ne pas avoir James à Poudlard serait probablement synonyme d'une économie de points pour leur maison. Les efforts combinés de Joaquín et Prudence étaient déjà bien assez suffisants sur ce front.
« Je comprends. Enfin, non pas vraiment, mais tant mieux si c'est plus facile à Poudlard alors. N'hésite pas si t'as besoin d'aide sur quoi que ce soit. » N'ayant pas de frère ou de sœur, Ted peinait à se mettre entièrement à la place de Dominique. Il était évident qu'elle souffrait de sa position de petite-sœur de Victoire, même son affection pour la blonde ne suffisait pas à le cacher à Teddy. Il avait grandi avec leur famille, il remarquait des choses. Le plus proche qu'il ait comme semblant de frères et sœur étaient James, Albus je ne me remettrai jamais de ce prénom et Lily, et c'était une dynamique très différente. Il avait eu son parrain et ses amis autour de lui pendant très longtemps jusqu'à la naissance de James, et ensuite, coup sur coup, il avait hérité d'une tripotée de petits Potter le suivant partout et imitant ses faits et gestes. Pas le même combat.
Il était quand même surpris que Dominique préfère encore le château suite aux élections de Miss et Mister Poudlard, car si à la maison, le sujet avait dû finir par se calmer, à l'école, il serait probablement dans toutes les bouches. Mais il ne jugea pas bon d'insister sur ce point, d'autant plus que Dominique semblait véritablement rayonner, et qu'il ne pouvait pas non plus regretter un événement qui avait rendu Victoire aussi heureuse. Si tout le monde finissait plus ou moins par y trouver son compte, alors tant mieux.
L'évocation du prénom de Victoire provoqua un saut périlleux dans l'estomac de Teddy, qui ne s'était pas attendu à l'entendre au milieu d'une discussion sur Poufsouffle. Repoussant les souvenirs que le simple prénom avait invoqué à son esprit, il força un sourire : « N'importe laquelle ? Même Serpentard ? C'est toujours un gros sujet dans la famille j'ai l'impression. Ma grand-mère y était, et c'est à peu près tout, non ? Il y a des Serpentards chez les Weasley ? » interrogea-t-il avec curiosité. Il savait que Ron blaguait toujours sur le sujet, et se demandait comment il réagirait si Rose ou Hugo venaient à y être répartis. Déshérité, pas déshérité, telle était la question...
Satisfait que Dominique se sente bien à l'école, Teddy prit le temps de réfléchir avant de répondre à sa question concernant le club de théâtre. Il se frotta le menton avec perplexité, ne voulant pas décevoir sa cadette. « Pas à ma connaissance. En même temps, je ne connais pas trop de pièce sorcière de qualité... » Il haussa les épaules. « En tout cas, possible ça l'est sûrement, il suffit d'en parler avec le professeur McGonagall. Si tu as une proposition solide, je ne pense pas que ça pose de problème, mais ensuite il faut voir quels élèves seraient partants. Tes copains aiment le théâtre ? » interrogea-t-il tout en luttant contre l'image s'imposant à lui d'un Derek Bradford en collerette en train de jouer Hamlet. Teddy serait prêt à payer pour voir ça.
Celle dont on ne doit pas prononcer le nomDominique n’épilogua pas sur la question des amis, elle ne voyait pas du tout les choses de la même façon mais sentait que Ted faisait parti, à cet égard, des causes perdues. Ce jeune homme faisait beaucoup trop confiance à tout le monde, il donnait son amitié alors qu’il n’était même pas sûr de comment les affres de l’adolescence allaient transformer ses soit-disant amis. La trahison n’existait que tant qu’il y avait de la confiance, ne faites pas confiance et vous ne serez jamais trahi ! Cela ne signifiait pas non plus qu’elle ne voulait pas avoir d’amis, elle avait juste besoin de les tester dans le temps, de voir si elles étaient solides et résistaient à son côté farfelu.
Il n’était pas non plus nécessaire de poursuivre le sujet de James, il ne les rejoindrait pas à Poufsouffle, et ce n’était pas un mal selon Dominique. Ted lui suffisait comme compagnie, même s’il était beaucoup trop proche de Victoire, c’était quand même un bon camarade. En plus, il était largement assez vieux pour l’aider à comprendre les cours qui pourraient éventuellement la bloquer. Tant qu’à faire d’avoir un membre de sa parenté étendue dans sa maison, Ted était le membre idéal surtout parce qu’il n’était pas Victoire.
« ça m’étonnerait que tu comprennes ou que tu puisses m’aider, c’est gentil de proposer hein ! Je vais t’épargner des explications, tu as sûrement assez entendu parler de ces fichus élections toi aussi. » Ted n’était pas embêtant avec elle, il ne la comparait pas avec Victoire, mais elle était sûre qu’il était content pour Victoire alors qu’elle, elle avait cru s’étouffer quand elle avait entendu le résultat des élections. Le pire étant moins d’entendre les autres commenter cette élection que d’écouter Victoire se vanter, elle avait hâte de s’isoler loin d’elle dans les dortoirs de Poufsouffle. Cela dit, même si Ted n’était pas méchant, il était comme le reste de sa famille : il ne voyait pas pourquoi Dominique était complexée. Elle n’avait pas besoin d’entendre qu’elle était mignonne dans son genre de la part du fan numéro 1 de Victoire, merci, mais non merci.
Plus tard, dans leur compartiment, ils reparlèrent de leur maison et Ted émit des doutes sur le fait que Serpentard aurait été bien accueillie. « Et bien, du moment qu’aucun de nous ne va à Serpentard parce qu’il devient tout à coup un partisan de MS, je suppose que ça passerait. Mais, effectivement, il n’y en a pas à notre connaissance chez les Weasley… Dans le temps, peut-être ! Avant que ça ne devienne un peu tabou à cause de Voldemort ? Difficile à dire. » Dominique avait confiance en ses parents et ne les imaginait pas la renier pour une histoire de maison. Il y avait de très gentils Serpentard comme il existait probablement des Poufsouffle désagréables. Le monde n’était pas nécessairement noir ou blanc, il était plein de belles nuances de gris que Dominique espérait pouvoir colorer.
« Je ne suis pas très calée en pièces sorcières non plus, j’ai toujours été plus attirée par les tragédies moldus. Elles n’ont pas la magie pour mettre en scène, ça laisse plus de place à l’imagination. » Elle hocha la tête d’un air décidé, aussi bien parce qu’elle était convaincue de ses goûts que parce qu’elle voulait se donner du courage pour demander à la directrice de Poudlard l’autorisation de monter une pièce. « Je suppose que je pourrais essayer de parler au professeur McGonagall… mais il resterait le problème des comédiens, je vois très mal Ash et Charlotte sur les planches. » Ils n’étaient pas assez sûrs d’eux, surtout Charlotte qu’on entendait à peine. « Tu ne connaîtrais pas des élèves qui aiment le théâtre ou jouer la comédie ? »
Ted était embêté. Il voyait bien que Dominique n'était pas à l'aise chez elle, et que sa relation avec Victoire était au cœur de tout ça. Mais la blonde était sa meilleure amie, et en cela il était conscient de ne pas être la personne la plus adaptée pour aider Dominique. S'il était conscient des défauts de Victoire - en tête de file : elle avait dernièrement jeté un Chauve-Furie dans la face de Joséphine, sans prévenir ni trop s'expliquer. Jalousie quand tu nous tiens -, ils n'avaient jamais été un souci pour lui. Il l'avait toujours acceptée telle qu'elle était, avec ses quarts d'heure de folie et son énergie à toute épreuve. Il comprenait que ça ne soit pas aussi évident pour Dominique. Il n'avait jamais à être comparé à Victoire encore qu'il puisse avoir de longs cheveux soyeux lui aussi s'il le voulait. Il acquiesça en adressant un sourire désolé à la rouquine. « Comme tu le sens. » dit-il doucement, avant d'ajouter : « Ne m'en parle pas. Grosse déception d'avoir perdu au profit de Louis Hazzard. » Il plissa brièvement les yeux, et ses cheveux prirent la même teinte rousse que celle du Gryffondor. « S'il fallait être roux pour décrocher la couronne, il suffisait de le dire ! » Il sourit de toutes ses dents à Dominique, prêt à réaliser des métamorphose plus exotiques si ça pouvait la faire sourire.
Les Weasley étaient une famille tolérante. Ted avait du mal à les imaginer déshériter un de leurs enfants en cas de répartition à Serpentard - malgré les avertissements dramatiques de Ron. Quant à la mère de Dominique, elle avait effectivement fait ses études à Beauxbâtons, aussi supposait-il qu'elle n'avait pas les mêmes a priori que d'autres sorciers anglais. « Du côté de ton père, ça semble quand même beaucoup tourner autour de Gryffondor. Mais dans votre famille étendue, il doit sûrement y avoir des Serpentards. » réfléchit-il posément. Après tout, toutes les grands familles de Sang-Pur étaient désormais liées d'une manière ou d'une autre. Sa grand-mère avait été une Black avant de devenir une Tonks, et il lui semblait que les Weasley avaient eux aussi des liens avec la famille Black. Mine de rien, heureusement que tout ça avait fini par se mélanger un peu !
La discussion bifurqua ensuite sur la grande passion de Dominique : le théâtre. Tandis qu'elle expliquait son amour pour les pièces moldues à Ted, la sorcière poussant le traditionnel chariot à friandises apparut devant leur compartiment, et Teddy se leva, adressant un regard interrogatif à sa cadette. « Tu veux un truc ? Je vais prendre des Fondants du Chaudron moi. J'ai l'impression qu'ils ne sont jamais aussi bons que quand je les achète ici. C'est psychologique, non ? » Il haussa les épaules, paya sa part et celle de Dominique, puis se laissa retomber sur la banquette. « Il faudrait que je me lance et que j'en lise une entière cette année. Tu me conseilles laquelle ? » Il n'avait jamais été un grand lecteur, et ses principales connaissances concernant le théâtre lui venaient de Dominique. Mais on disait toujours qu'il y avait une première fois à tout ! Quand Dominique lui demanda des noms d'élèves aimant jouer la comédie, une image lui apparut nettement en tête, mais il n'était pas sûr qu'elle apprécierait la réponse : « Victoire ? » Et paf, le mot tabou. Il se creusa la tête, en quête de noms supplémentaires et plus acceptables pour Dominique. « Tu peux peut-être tenter chez les Poufsouffles. Si t'arrives à avoir Prudence, la préfète, elle pourrait convaincre Alan et Joaquín éventuellement. Joaquín a beau ne pas être très sérieux, il a un sens inné pour le dramatique. Je connais moins les plus jeunes des autres maisons. Des Nés-Moldus avec un attrait pour le théâtre, peut-être ? » proposa-t-il avec incertitude. Difficile à juger en l'état. Lui-même n'était pas fait pour les planches. Trop de risque de se prendre les pieds dans quelque chose et finir dans la foule.
Celle dont on ne doit pas prononcer le nom« Au moins, tu sais quoi faire l’an prochain ! » Dominique rit un peu, autant à l’idée d’imaginer Ted faisant campagne qu’à cause de son changement de couleur de cheveux. Elle avait toujours envié le talent de Ted car elle-même aurait rêvé pouvoir changer son apparence. Néanmoins, elle n’avait pas très envie de se faire une vraie coloration… elle se disait que ce serait un peu comme un aveu d’échec. Les changements que Ted faisait sur son physique tenait de l’inné, il était né avec ce don. Si elle devait en passer par la magie ou la chimie pour devenir blonde, ça n’aurait pas le même sens. Victoire était blonde, leur mère aussi, elle, elle était rousse. Blond vénitien au mieux. « J’aimerais bien pouvoir changer mon apparence aussi naturellement que toi. » Admit-elle néanmoins car ils étaient entre amis. Il penserait peut-être que c’était parce qu’elle aurait voulu être élue Miss : que nenni, elle n’avait aucune appétence pour les mondanités. Cela ne l’empêchait pas de se lamenter tous les matins sur son physique ingrat tout est relatif mais l’exagération c’est de famille.
« C’est probable : le côté sang pur, tout ça. Mais je n’ai jamais fait de recherche en ce sens. » ça ne l’intéressait pas du tout de savoir si elle avait des Serpentard dans sa famille. Elle n’avait aucune envie, en plus, de découvrir combien de leurs membres avaient participé à la guerre en étant du mauvais côté de la barrière. Déjà que tonton Percy avait du y faire quelques bêtises, vu comment tonton Ron le charriait régulièrement… Dominique se demandait comment ils faisaient pour raconter, rire, repenser à cette période noire de leur existence. Mamie Molly paraissait encore beaucoup souffrir, pourtant, elle avait toujours répondu à leurs questions d’enfant. Est-ce que c’était parce qu’il était important que cette histoire perdure ? Pour éviter qu’elle ne se répète ? Dominique se dit qu’un jour, elle devrait aborder le sujet. Dommage qu’elle n’y pense que maintenant, alors qu’elle était avec Ted, tout aussi peu informée qu’elle sur ce que les adultes avaient dans le cerveau.
« Hum… des dragées surprises de Bertie Crochue. Ça fait longtemps que je n’ai pas tenté ma chance ! » Elle chercha de la petite monnaie pour payer, sourire à l’appui, la vendeuse de confiserie. « C’est sûrement psychologique, ce sont exactement les mêmes que ceux qu’ils vendent ailleurs. » Se moqua-t-elle sans grande bienveillance. Mais à côté de Victoire, elle était une petite joueuse. Sa grande sœur se montrait toujours si méchante… (du point de vue de Dominique en tout cas)
« Ma pièce préférée c’est le Roi Lear, de Shakespeare. Mais, de cet auteur, Hamlet est plus connue je crois. » Elle n’avait pas fait un audit, cela dit, dans son école moldue, ils connaissaient tous Hamlet de nom, alors que ce n’était pas le cas de sa pièce adorée. Sa chère Cordélia restait mal aimée aussi bien dans la fiction que dans la réalité… « Après, si tu n’as rien contre l’amour sirupeux, tu peux lire Roméo et Juliette. » Comme Ted lui proposait Victoire comme comédienne, elle grimaça : « Ah bah justement, Victoire aurait pu faire une parfaite Juliette. Aucune mesure, tout dans le physique, rien dans la tête. » Elle ne voulait pas spoiler la fin de l’histoire à Ted mais Juliette mourait bêtement (même si c’était un peu Roméo qui avait commencé, mais passons…).
« Je ne connais pas de né moldu… je crois… quoique… Douglas l’est il me semble, mais c’est un crétin. » Et en plus il était sûrement trop vaniteux pour pouvoir réellement interpréter un rôle dans toute sa complexité. Mais Ted n’avait sûrement quasiment jamais côtoyé le Serdaigle. Petit veinard va !
Ted avait l'habitude qu'on lui envie son don. Être métamorphomage était une capacité rare chez les sorciers, une habilité qu'il était bien content d'avoir hérité dès la naissance. Pourtant, il n'en usait pas nécessairement de la manière à laquelle Dominique faisait référence. Pour une personne capable de changer d'apparence à loisir, il arborait fréquemment la même couleur de cheveux - bleu électrique - et le même aspect général - grand, dégingandé, plutôt mince et pas forcément musclé. Il pouvait se fondre dans la masse s'il en ressentait le besoin ou la nécessité, mais il ne cherchait pas pour autant à changer, ou à se cacher. Contrairement à un certain nombre d'adolescents de son âge, il était bien dans ses baskets maintenant qu'un certain nombre de difficultés étaient derrière lui - la mue de sa voix en première ligne. Ne trouvant pas les mots pour apaiser sa cadette davantage, le grand Poufsouffle se concentra plutôt sur l'arrivée du chariot à friandises, dont l'apparition - pourtant attendue - suscitait toujours chez lui un enthousiasme presque enfantin.
« Ah, les dragées, un choix audacieux ! » s'exclama-t-il en adressant un regard appréciateur à la fillette. Comme elle lui tendait des pièces pour payer, il les écarta d'un geste léger de la main : « C'est le vieux qui paye. » avant de poursuivre, pas plus traumatisé que ça par les moqueries de Dominique (il avait vu pire genre Victoire) : « Pas drôle ! Je préfère croire qu'elles sont meilleures ici c'est le prix du luxe : elles coûtent deux fois plus cher dans le train c'est bien connu » s'entêta-t-il avec bonhomie, attrapant les dragées de Dominique et ses Fondants du Chaudron avant de s'installer à nouveau sur son siège.
Croquant joyeusement dans sa confiserie, il interrogea Dominique sur le théâtre moldu, hochant la tête d'un air pensif. « Ça parle de quoi le Roi Lear ? » Si c'était la pièce préférée de sa cadette, il se voyait en tout cas bien commencer par celle-là. Ses yeux s'éclairèrent cependant à l'évocation de l'une des pièces les plus célèbres de Shakespeare. « Ah, celle-là je connais. Mais ça finit mal, hein ? Pas sûr que ça soit trop mon truc. » avoua-t-il en méditant sur le mot 'sirupeux'. Il aimait bien les histoires d'amour, mais il préférait quand même plutôt lorsque ça finissait bien. Et puis, si ça n'était pas trop, trop niais, c'était quand même plus sympa. Basé sur le nom, le Roi Lear sonnait quand même mieux à ses oreilles, mais il réservait son jugement tant que Dominique ne lui aurait pas donné plus de détails sur le sujet.
Teddy fronça les sourcils aux paroles de Dominique concernant sa sœur aînée, et ce même s'il se gardait généralement d'intervenir dans les disputes entre les deux filles. « C'est pas vrai Dominique, sois pas injuste... » tempéra-t-il doucement. Victoire était loin d'être bête, et là, ça n'était pas que le biais de Teddy qui parlait. Mais dans le fond, sa sœur la connaissait tout aussi bien que lui. Enfant unique, il ne pouvait pas se targuer de comprendre toutes les complexités de leurs rapports. Le plus proche qu'il ait d'une fratrie étaient les enfants de son parrain, et ils avaient tout de même un certain nombre d'années d'écart. Pas pareil.
« Un crétin, c'est vrai ? Comment ça ? Il a été réparti où ? Tu veux que je lui en touche deux mots ? » proposa-t-il, faussement menaçant. Teddy n'était pas exactement connu pour sa réputation de caïd, même si Rita Skeeter l'avait présenté comme un grand rebelle dans la Gazette. Si ses tenues vestimentaires lui donnaient de faux airs désinvoltes, il restait finalement plutôt innocent, comme garçon. Ce qui ne signifiait pas qu'il n'aurait pas défendu Dominique si nécessité il y avait eue. Mais en l'occurrence, il sentait bien qu'il s'agissait plus d'une irritation enfantine que d'un cas de force majeure. « Ah, on arrive bientôt il me semble. » indiqua-t-il après un instant, désignant l'extérieur du train de l'index. Presque l'heure d'en retourner à cette nouvelle rentrée, et à tout ce qu'elle leur réservait - en bien ou en mal va de retro Alfie.
Ξ Sujet: Re: Celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom [ Dominique ] Ven 25 Oct - 12:40
Celle dont on ne doit pas prononcer le nom« Merci le vieux ! » Plaisanta-t-elle en prenant ses dragées. Dominique avait le goût du risque, c’était certain. En même temps, elle aurait pu aller à Gryffondor s’il n’y avait pas eu Victoire là-bas. Elle avait bien des côtés Poufsouffle mais elle ne s’illusionnait pas autant qu’eux. Il n’y avait qu’à voir Ted qui pensait que les bonbons avaient un goût différent quand ils étaient achetés dans le train.
« Le Roi Lear ? C’est l’histoire d’un roi âgé qui a trois filles et aucun fils, il doit choisir qui héritera. Il aime beaucoup Cordélia, sa plus jeune fille, mais c’est la seule à lui parler sincèrement. Ainsi, elle finit par s’attirer ses foudres alors que ses deux autres filles et leurs maris ourdissent contre lui. Peu à peu, il sombre dans la folie. C’est passionnant ! » Elle avait les yeux qui brillaient en résumant, succinctement, cette longue pièce de Shakespeare qu’elle adorait. Elle s’identifiait totalement au personnage de Cordélia, bien qu’elle-même ait un père bien sous tout rapport. Le côté tragique de la pièce lui laissait toujours une agréable sensation douce amère… « Hum… en fait, les tragédies finissent toujours mal, c’est un peu le principe. Mais Shakespeare a écrit des comédies aussi si tu préfères. J’aime moins... les fins heureuses manquent un peu de sel. » Elle haussa une nouvelle fois les épaules : elle avait lu tout Shakespeare (son grand domaine de spécialité) mais Ted pouvait bien commencer par ce qu’il préférait.
Pour Victoire, par contre, elle serai intransigeante. Ted ne s’en rendait peut-être pas compte, aveuglé qu’il était par ses sentiments pour elle, mais la sœur aînée de Dominique était idiote. Ou alors, ça voulait dire qu’elle agissait par méchanceté, ce qui serait bien pire, non ? Après tout, si elle avait assez de jugeote pour savoir qu’elle faisait de la peine à Dominique au départ, elle serait une sœur encore bien pire. « Parce que tu trouves que ce serait mieux si elle agissait en pleine conscience ? Je préfère penser qu’elle est bête. Ça rend ses piques plus supportables. » Par exemple, si Victoire était intelligente, elle se rendrait compte qu’en rajouter sur son élection de Miss faisait de la peine à sa sœur, non ? Non ? Alors, vous voyez bien qu’elle était bête (ou méchante) !
« C’est un Serdaigle. Il est juste pénible, t’inquiète. » Elle sourit : Douglas était simplement un petit macho. Comparé à Victoire, il n’était absolument rien. Même s’il était un peu inquiétant qu’il ait osé emmener la pauvre Charlotte au bal… « Ah oui, exact, il faut qu’on se prépare ! » Elle avait hâte d’arriver et de retrouver la tranquillité de son dortoir. 2981 12289 0