Révélation Irlandaise de l'année [PV]

Quino avait toujours été du genre à prendre la vie du bon côté et tenter de faire sourire ses amis. Même quand il était atteint par des sentiments inexplicables relatifs à la proximité d'une certaine demoiselle de quatrième année, il essayait de garder cette image d'un garçon joyeux en public. De par ses expériences en farces et attrapes, il avait bien dû apprendre à mentir et à jouer le rôle de l'innocent, même si, à force de vouloir se forger une réputation, il ne restait que peu de personnes qui tombaient dans le panneau. La preuve lorsque le Poufsouffle avait sauvé Dahlia des griffes de Mme Pomfresh connue dans toute la Grande-Bretagne pour torturer ses patients par des ingurgitations forcées de sirop pour la toux : pour faire diversion, Joaquín avait fait appel à Peeves et était même venu annoncer son arrivée à l'infirmerie. Personne n'avait cru à ses clameurs. Ils auraient dû pourtant. Le fait que la pièce se soit retrouvée sans dessus dessous après le passage de l'esprit frappeur sera passée sous silence. Dès lors, lorsqu'il entendit la révélation d'Alan, le gréco-argentin décida de prendre ça à la rigolade. A priori, il n'y avait aucun mal à aimer quelqu'un mais bien sûr, c'était toujours plus gai quand c'était réciproque. Le manque de conviction de son meilleur ami était aussi visible que le manque de passion dans le couple Ted-Erin oui c'est gratuit mais on adore le drama.

Sur le coup plutôt impatient, Quino n'attendit pas la réponse d'Alan pour dévoiler qu'il y avait aussi quelque chose qui le tourmentait. Il fallait que ça sorte. Au final, les deux quatrième année se retrouvaient dans le même pétrin : celui d'être tombé amoureux, passage limite obligé pour un adolescent de leur âge. De plus, le sujet de leur conversation n'était certainement pas le plus facile à aborder. Du coup, le jeune Kostas était content que ce soit son interlocuteur qui ait lâché le morceau en premier. Il avait auparavant cogité pendant des heures sur la manière d'engager la conversation. Il semblait aussi que c'était la première fois que les deux amis se confiaient à ce propos et ce, à quiconque. Du coup, comment déterminer quel "problème" était prioritaire ? Jusqu'à présent, les deux élèves semblaient jouer à part égale.

Évidemment, Alan fut étonné par la révélation de Quino. Au fond, ce dernier ne savait même pas ce que représentait vraiment "être amoureux". À force d'être entouré de toutes ces histoires à l'eau de rose, il avait fini par se poser des questions sur lui et son intérêt pour le sexe opposé c'était donc tout simplement la faute de son entourage s'il était lui aussi tombé dans le panneau. Il y avait forcément une explication aux étranges sensations qu'il ressentait désormais chaque fois qu'il croisait une jolie brune en particulier et comme Alan avait apparemment déjà vécu cette situation, il semblait le plus apte à venir en aide à son meilleur ami. « Non, c'est pas vrai, je te fais marcher, allez, salut ! » C'est alors que le capitaine demanda l'identité de la concernée. C'était là tout le problème. Quino flippa un moment. Peut-être qu'il aurait dû commencer à en parler à Prudence ou même à Gabriel, histoire d'avoir un avis externe. Et si l'annonce de cette confession ruinait leur amitié à jamais ? Alan était tolérant mais peut-être pas assez pour laisser son meilleur pote aller batifoler avec Dahlia, la principale source d'une flamme ancienne maintenant éteinte.

Bien sûr, pour que ce scénario ait la chance de voir le jour, il fallait encore que la préfète des Serdaigle soit elle aussi attirée par Joaquín. Jusqu'à maintenant, on ne pouvait pas vraiment dire que le quatrième année avait eu du succès avec les filles, bien que cela n'ait clairement pas été son objectif mais il ne s'en plaignait pas pour autant. Seulement, s'il arrivait à savoir s'il plaisait à certaines de ses camarades, il pourrait ensuite jauger l'intérêt qu'il pourrait avoir aux yeux de Dada. Tout ça était tellement compliqué, pourquoi Diable personne ne voulait laisser Quino tranquille avec ses gadgets de chez Weasley, Farces pour sorciers facétieux et basta ? Saloperie de puberté. Le jeune Kostas inspira un grand coup. Il cherchait ses mots la chanson de Sheryfa Luna en tête, c'est gratuit. « Je suis amoureux du professeur McGonagall. Voilà. C'est dit. » Puis il poussa un profond soupir. Il n'avait jamais été du type "courageux". Il ne pouvait pas être le premier à annoncer ce lourd secret. « Non, je peux pas. Dis-moi toi d'abord. » souffla Quino, désespéré. Appelez-le "Super-lâche". Prenant conscience de son manque d'empathie, il proposa « Ou alors on fait un "pierre-papier-ciseaux" ?». Il fallait relâcher la pression, c'était impératif, alors autant le faire sous forme de jeu.

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Vu comme c'était parti, les deux Poufsouffle allaient passer toute la soirée en haut de la tour d'Astronomie à chercher la meilleure façon de dévoiler le secret qui les tourmentait alors qu'au fond, en tant que meilleurs amis, ils ne devaient pas avoir peur de se confier l'un à l'autre. Le seul problème, c'est que Quino avait peur qu'Alan ne veuille plus lui parler après avoir entendu la révélation. Si le capitaine lui avait assuré que ses prétendus sentiments pour Dahlia étaient maintenant révolus, cela ne voulait pas dire qu'il tolérerait parfaitement que son pote le plus proche se soit épris d'elle. En fait, le gréco-argentin n'en savait rien. La maison des blaireaux était quand même connu pour comprendre dans ses rangs des gens tolérants, aussi l'Irlandais s'en ficherait peut-être et mieux encore, il pourrait être content pour Quino ! Ce n'est pas la première fois qu'ils partageaient des confessions, alors pourquoi stresser autant ?! Hélas, sur le coup, Joaquín manquait cruellement de courage. Il ne put se résoudre à révéler l'identité de son crush en premier. Alan répliqua qu'il avait demandé d'abord, ce qui était vrai, mais il était aussi celui qui avait abordé le sujet. Du coup, comment désignait-on le fautif ?

Quino proposa alors de régler ça avec l'un des jeux les plus anciens de tous les temps, le "pierre-papier-ciseaux". Les deux amis semblèrent d'accord d'utiliser cet échappatoire. Seulement, le jeune brun avait des années d'entraînement à ce jeu et il ne se souciait pas tellement de l'issue de cette mini-compétition. Oui, c'était très lâche de proposer un jeu dans lequel on excellait mais il n'y avait plus mille solutions. Il fallait que ça sorte d'une manière ou d'une autre. « Pierre, papier, ciseaux ! » dirent-ils en chœur. Les deux garçons se mirent alors à faire les célèbres gestes avant de révéler le choix de leur "arme". Sans surprise, ce fut Quino qui remporta la manche. « Yes ! » cria-t-il. Les ciseaux étaient, la plupart du temps infaillible. Comme la pierre faisait partie des choix les plus récurrents, le capitaine des Poufsouffle avait sûrement pensé que son adversaire allait la jouer et avait donc opté pour la feuille. Seulement, ça, Joaquín l'avait anticipé.

Évidemment, Alan ne prit pas sa défaite à la légère et sembla encore plus angoissé qu'avant. Face à cette vision, le visage de son meilleur ami s'adoucit et il décida de revenir sur sa parole. « Bon ok, t'as jamais été bon à ce jeu. J'ai une autre solution : on écrit chacun le nom de la personne concernée sur un bout de papier. On se l'échange et puis on le découvre en même temps. Ok ? Je te laisse pas le choix, c'est la dernière option parce que j'ai des couloirs à détruire et un concierge à pousser à bout moi, l'air de rien ! » annonça-t-il, avant d'attraper son sac de cours et de fouiller dedans pour en sortir un bout de parchemin qu'il déchira d'abord une fois, puis une seconde fois afin d'avoir deux parties plus ou moins égales. Il sortit également deux plumes et de l'encre. Il donna le matériel à son meilleur ami et procéda à sa phase d'écriture. Six lettres, c'était pas compliqué. Une fois le nom écrit, il plia le papier et se tourna vers Alan. « Allez, fais pas cette tête ! T'inquiète, tant que c'est pas ma soeur, tout va bien, mais si c'est le cas je te pète les dents ! » dit-il pour détendre l'atmosphère, le tout accompagné d'un léger coup de poing dans l'épaule. Quino ne savait pas vraiment si des garçons s'intéressaient déjà à Stef et il ne préféra pas citer Tina car ça aurait été vachement bizarre qu'un garçon de quatrième année tombe amoureux d'une fille si jeune, et de surcroît, sa petite soeur chérie. « Si ça tombe, on est tous les deux victimes d'un philtre d'amour et du coup on n'y peut rien ! ». Il se releva ensuite afin de procéder à l'échange des petits papiers. « Prêt ? » demanda-t-il à son ami en tendant son bout de parchemin.

Est-ce qu'on pouvait vraiment parler d'amour lorsqu'on avait quinze ans, que notre principale occupation était de mettre le château sans dessus dessous et qu'on n'avait jamais ressenti cette sensation avant ? Quino n'était pas sûr de l'intitulé qu'il devait donner à cette sensation qui le traversait désormais quand il était en compagnie de la jeune préfète de Serdaigle. De ce qu'il avait observé chez ses camarades, ça avait pourtant tout l'air d'être des "sentiments". Beurk, quel mot dégoutant. Le fait que son meilleur ami soit dans la même panade que lui le . Sans doute d'autres élèves dans le château traversaient cette même situation. Récemment, pas mal de baisers avaient pu être aperçus un peu partout autour d'eux coucou Alfie et son harem, preuve presque irréfutable que la grippe sorcière qui avait sévi il y a plusieurs semaines était en réalité une sorte d'indigestion à un philtre d'amour. Pourtant, Quino pensait y avoir échappé. Il faudrait peut-être qu'il aille voir Pomfresh, au final.

Comme des adolescents pas doués, les deux Poufsouffle essayaient de retarder le plus possible l'heure de vérité. Cependant, c'était quand même le but de leur conversation. Le jeune Kostas avait donc pris les choses en main en décidant d'écrire le nom de la personne concernée sur un bout de papier, en mode old school. Alan fut le premier à découvrir le secret de son meilleur ami tandis que ce dernier était fixé sur le prénom indiqué sur son papier. Graham ? Le préfet de Gryffondor ? Le blondinet lui jouait-il un tour l'arroseur arrosé ? Quino secoua sa tête et leva les yeux vers le capitaine des blaireaux. Ce dernier ne semblait pas forcément content de la fille que le coeur de son ami avait choisi, ce qui n'était pas une surprise. Lui-même était tombé sous son charme l'année précédente et l'idylle ne semblait pas avoir abouti. « Elle est quoi ? Dis-moi ! » s'empressa de répondre le quatrième année. Pourquoi n'avait-il pas fini sa phrase ? Était-elle déjà en couple ? Était-elle trop obsédée par ses bouquins pour s'intéresser aux garçons ? À cause de cette phrase non achevée, le jaune et noir commença à se poser encore plus de questions qu'avant. « Non, personne ne le sait. Et puis, je suis pas vraiment amoureux. L'amour, c'est pour les nazes. Elle me plait, c'est tout. » déclara-t-il en haussant les épaules. Toute personne connaissant un minimum l'énergumène savait qu'il passait les trois quarts de son temps à fomenter des plans pour mener la vie dure à Rusard et aux professeurs de Poudlard. Dès lors, peu de monde pouvait se douter que le garçon avait été touché par la flèche de Cupidon.

Maintenant que le verdict était tombé, il était temps de se pencher sur la blague qu'Alan lui avait faite. Quino secoua le papier au cas où il y aurait un autre prénom caché derrière celui du lion mais il n'en était rien. Il fronça les sourcils. Il pensait qu'ils étaient sérieux depuis le début mais ça ne semblait pas être le cas du jeune blond. Si l'Irlandais était intéressé par les garçons, il l'aurait forcément déjà dit à son meilleur ami, non ? Avec tous les moments qu'ils avaient passés ensemble, Joaquín aurait quand même pu s'en rendre compte. « Graham ? » interrogea-t-il, mais Alan lui fit immédiatement signe de parler moins fort. «  Oups, pardon. Tu sais, je rigolais quand je disais que j'allais te péter les dents, tu peux me le dire si c'est ma soeur ! » dit-il, pas convaincu que son ami lui ait dit la vérité vraie. Après, si tout ça était sérieux, Quino n'y voyait aucun mal. Comme Alan l'avait si joliment dit, on ne choisit pas !

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