Stef n'avait pas l'habitude de lâcher l'affaire, même (et surtout) quand la discussion devenait parfaitement ridicule comme c'était le cas actuellement. Il fallait admettre que c'était souvent comme ça lorsqu'elle se perdait dans un débat sans queue ni tête avec Quino. Puisqu'il fallait toujours qu'elle ait le dernier mot, ça pouvait durer très, très longtemps.
« Comment tu peux savoir qu'il est consentant, puisqu'il ne parle pas. » lui rétorqua-t-elle donc en haussant les sourcils, sûre d'elle. L'important avec Quino (et avec tout le monde, vraiment), c'était de ne jamais perdre la face
les parents Kostas ont élevé des monstres.
Bien décidée à se montrer difficile maintenant qu'elle réalisait l'ampleur des trahisons commises par son frère (jamais de mi mesure), Stef en vînt ensuite à remettre en cause ses talents de papa poule - du moins, en ce qui concernait son prétendu Botruc de compagnie. Pour les vrais enfants, on repasserait : elle attendait déjà de le voir s'occuper de lui-même de manière totalement autonome avant ! Cependant, la réponse de son aîné la plaça dans une situation délicate. Férue de créatures magiques, elle savait qu'il avait raison, mais ça revenait aussi à lui accorder un point, ce qu'elle aurait préféré éviter dans le contexte actuel. Soupirant tout de même, elle finit par acquiescer :
« Oui, c'est vrai. » La mort dans l'âme. Elle en déduisait donc que contrairement à ce qui s'était produit avec Roberta, cette fois-ci, Quino avait un minimum préparé son coup. Peut-être était-ce même
grâce à feu Roberta ?
Ne sachant plus tout à fait
pourquoi elle prenait tant à cœur la cause des plantes en cet instant, la fillette pointa le doigt sur son propre crâne, qu'elle tapota doucement en répliquant à son frère :
« La photosynthèse tu connais ? Si t'avais plus d'oxygène, Roberta aurait pu te sauver. J'aimerais bien voir ton Botruc produire de l'oxygène. » Ce n'était même plus une question de règne animal contre règne végétal, c'était tout bonnement une question de
principe. Et le principe était très simple : Stef avait raison, et Quino avait tort. Simple vous dit-on.
« Comme par exemple ? » demanda-t-elle concernant ses activités
si importantes qu'il n'avait même pas eu une minute à accorder à Roberta par semaine.
Justice pour Roberta ! Ignorant sciemment les conclusions suivantes de son frère (elle
avait de l'humour, elle était juste jalouse, et ça elle ne le dirait pas plus explicitement que ça, elle avait encore son honneur), elle préféra se concentrer sur la suite de ses investigations. Comme Quino s'offensait qu'elle n'ait pas cru à son mensonge concernant Prudence, la fillette haussa les épaules.
« Alors tu n'as qu'à sortir avec elle. » CQFD. Elle s'en fichait assez, elle, qu'il sorte avec Prudence ou avec Méfiance, tant que cette personne n'était pas horrible.
« Rhooo, t'énerves pas comme ça Quinoa, il n'y a pas de mal à être mignon. » Elle haussa les épaules, particulièrement amusée par la tournure que prenaient les événements. Surtout qu'elle n'était pas au bout de ses surprises : contre toute attente, l'évocation des jumelles Lloyd sembla déclencher quelque chose chez son aîné. Pensant tenir le bon bout avec la préfète de Serdaigle, la fillette tenta un coup de bluff digne des plus grands joueurs de poker (si les joueurs de poker avaient été des enfants de treize ans enquêtant sur les histoires amoureuses de leur grand frère). Mais - comme il fallait s'y attendre - Quino ne se laissa pas amadouer aussi facilement, et non content de plébisciter le prétendu couple Dahlia/Jensen, il maintînt à la place qu'il sortait avec Peony.
Stef fronça à nouveau les sourcils.
« Si c'est vrai - ce sur quoi j'ai encore mes doutes -, tu aurais pu me le dire dès le début. Je te l'aurais dit moi si je sortais avec quelqu'un. » lui reprocha-t-elle doucement. Buvant silencieusement son chocolat chaud, elle réfléchit à ses perspectives. Peony semblait être une personne sympathique, même si elle ne la connaissait pas particulièrement bien. Peut-être pourrait-elle se renseigner discrètement auprès de Tina ? La rousse était après tout sa préfète.
Finalement fatiguée par toutes ces chamailleries, Stef finit par avouer certains de ses torts, recevant pour toute récompense une blague toute pourrie de son frère. Elle leva pourtant les yeux au ciel, vaguement attendrie par ses enfantillages si caractéristiques.
« T'es bête. » déclara-t-elle en se levant pour se réfugier dans les bras de son aîné, car le bougre fournissait quand même d'excellents câlins, elle devait le lui reconnaître.
« Bon, je vais retourner dans ma salle commune moi, j'ai pas fini mon devoir de Potions pour demain. » dit-elle en se détachant vers lui.
« Evite de tuer le Botruc. » réitéra-t-elle en lui adressant un dernier regard semi sérieux avant de traverser le passage ramenant vers les sous-sol. Elle n'était pas tout à fait sûre de ce qu'elle avait découvert cet après-midi, mais ce qui était certain, c'était qu'elle n'allait pas oublier les prétendues confessions de Quino de sitôt. Stef comptait garder l’œil bien ouvert, et le bon !
Et à bientôt pour un nouvel épisode de Steflock Holmes ![ Terminé pour Stef ]