Stay with meOn ne pouvait pas dire que se remettre de Noé avait été très simple. Erin était sortie avec Ted dès le mois de janvier, mais il lui avait en réalité fallut jusqu’à l’été pour sentir qu’elle était vraiment passé à autre chose, et même là, elle ne pouvait pas dire qu’elle s’était réjouie en voyant apparaître le couple Dahlia/Noé. Une jalousie trop familière l’avait alors envahie, qu’elle avait chassé, parce que ce n’était pas le moment, pas l’endroit, pas approprié. Puis, comme elle s’était faite aux sentiments de Noé pour Tempérance qui l’avait décidée à passer à autre chose, elle s’était habituée au nouveau couple. L’annonce de leur rupture récente l’avait laissée de marbre, ni spécialement triste pour Noé, ni heureuse d’apprendre qu’il était libre : après tout, elle, elle ne l’était pas.
« Et oui, on ne saura pas ! Je crois que ce qui est le plus dommage c’est qu’on ignorera toujours si la réalité est à la hauteur de mon imagination. » Elle était toujours détendue à ce stade de la conversation, sinon, elle n’aurait jamais dit une chose pareille, sur ce ton amusé. À ce moment-là, précis, elle pensait que Noé avait un comportement étrange, mais ça n’avait pas d’incidence sur elle. Comme il l’agaçait un peu, elle répondait à ses remarques par de la provocation pure et dure… mais celle sur Bartley, qui la fit se lever et le rejoindre, fut visiblement celle de trop. Il faut dire qu’elle n’aurait pas pu anticipé une telle réponse : ce n’était pas logique qu’il soit jaloux de Bartley, non ?
« Non mais ça c’est la meilleure de l’année… donc comme avec Ted ça ne pouvait pas marcher, rien à foutre, et qu’il m’ait quitté pour cette blondasse peroxydée de Victoire, tout le monde s’en cogne, mais quand je sors enfin avec un garçon qui est amoureux de moi, là par contre tu te rends compte que j’existe ! » Elle leva les yeux et les mains au ciel avant de serrer les poings en marmonnant : « Je sais pas ce qui me retient... » De le frapper ? Oui, ça devait sûrement être ça la fin de cette phrase qu’elle ne termina pas. À moins que ce qu’elle ait failli dire, c’est la liste de tous les sacrifices qu’elle avait consenti pour faciliter la vie de tout un chacun, mais c’était pas son genre de tout foutre en l’air simplement parce qu’elle était un peu contrariée si elle l’était beaucoup par contre...
Elle passa donc les mains dans ses cheveux, soufflant pour contenir une vague de franche colère. « Oui, en effet, il va falloir que tu l’acceptes Noé, parce que c’est comme ça : j’ai essayé qu’on soit plus que des amis et ça n’a pas fonctionné. Et ça n’a rien à voir avec Bartley, ou même avec Ted, le problème c’est toi. Tu ne voulais… veux… pas de moi, parce que… parce qu’on est nous, Erin et Noé. J’étais trop proche de toi pour que tu me remarques, et je suis toujours à la même place. Tu ne peux pas te payer le luxe d’être jaloux, ou de douter, parce que si on n’est pas un couple ça a moins à voir avec Tempérance qu’avec le fait que nous deux, nous sommes… inséparables. » Même si c’était paradoxal, c’était ce qu’elle avait compris durant ces derniers mois. Noé avait considéré sa présence auprès de lui comme une évidence, et c’était ça, bien plus que Tempérance, qui ne leur avait pas permis d’être ensemble. Bien entendu, elle savait aussi qu’il ne s’était pas intéressé aux filles au moment où elle, elle avait réalisé ses sentiments pour lui, mais quand il s’y était éveillé, il avait regardé devant lui, plutôt qu’à ses côtés. Et c’était là qu’elle était, à côté de lui, encore maintenant. La seule explication un tant soit peu rationnelle au comportement de Noé – car à son sens il y avait toujours une bonne raison pour ressentir de la jalousie, ça ne tombait pas juste comme ça de rien – c’était qu’il craignait qu’elle s’éloigne si elle était amoureuse de quelqu’un d’autre comme elle l’avait été de lui. Mais il s’en faisait pour rien, parce que quoi qu’il arrive, elle serait toujours auprès de lui, du moins en tant qu’amie. 2981 12289 0
Noé Montgomery
Parchemins : 1512Âge : 19 ans ✗ 22 mai 1998 Actuellement : Assistant stagiaire dans le cabinet de la sous-secrétaire d'Etat Points : 0
Il fallait le dire : Noé se sentait nulet en même temps c’est le cas. Ce n'était pas la première fois que ce ressenti l’envahissait avec Erin, et ce n’était clairement rien par rapport à la discussion où elle lui avait avoué qu’elle était amoureuse de lui depuis des années. N’empêche que cela restait désagréable, d’autant qu’il ne s’était pas du tout attendu à cet échange lorsque son amie était venu le rejoindre auprès de la cheminée il va l’éviter maintenant. La chanson, puis les paroles d’Erin l’ébranlait, lui, ses certitudes, ses doutes et ses regrets et il n’arrivait pas tout à fait à faire face à tous les sentiments contradictoires qui le traversait. « Je crains que j’aurais fini par te décevoir d’une manière prodigieuse », répliqua-t-il, la voix teintée d’une amertume qu’il ne s’efforça même pas de cacher. Il lui avait brisé le cœur, pas seulement en ne lui retournant pas son amour, mais en étant amoureux de sa meilleure amie, et il avait arrêté de s’aveugler sur l’évidence quand elle lui avait dit les fameux trois mots. Quoiqu’il en soit, quoiqu’elle puisse en dire, quoiqu’il puisse faire désormais, il l’avait forcément déçu. Il n’était forcément pas à la hauteur de ce qu’elle avait pu imaginer à l’époque où elle l’aimait encore.
Noé ne s’était clairement pas attendu à ce qu’elle s’agace autant de ses réponses sur sa jalousie envers Bartley. Aurait-il mieux valu qu’il lui mente ? Il pensait qu’après tout ce temps, elle méritait un minimum d’honnêteté de sa part, même s’il reconnaissait lui-même que l’envie qu’il ressentait envers l’ancien préfet en chef Cancan pourquoi t’es pas sorti avec lui plutôt ? J’aime beaucoup Dede mais ça m’aurait quand même bien arrangé cette histoire était illogique, et surtout, complètement malvenue. « Arrête avec ça putain ! », lâcha Noé, dont le taux d’agacement avait atteint un certain niveau pour qu’il sorte un juron. Sa langue claqua le fond de son palais et il passa de nouveau sa grande main dans sa chevelure blonde. « Tu sais très bien que t’as toujours existé à mes yeux. C’est pas Ted, Bartley, ou je ne sais quel garçon qui m’a fait réaliser que tu étais là. » Il l’avait toujours su. Il n’avait juste pas réalisé qu’il comptait d’une manière différente pour elle. « Je suis content que Bartley soit amoureux de toi, qu’il te donne ce que tu mérites », affirma-t-il de nouveau en référence à leur conversation d’après bal où elle affirmait qu’elle donnait trop par rapport à ce qu’elle recevait. Cette fois ci, il semblait que c’était plutôt l’inverse. Noé ne disait même pas cela pour se rattraper, il le pensait vraiment. Ce n’était pas parce qu’il éprouvait de la jalousie qu’il ne souhaitait pas le bonheur d’Erin, bien au contraire. Il avait beau douter de ses choix, il les avait faits parce qu’il sentait qu’il n’aurait pas pu la rendre heureuse.
Un de ses sourcils se haussa à la prochaine remarque d’Erin et lorsqu’il remarqua ses poings fermés. Sans doute avait-il mérité une bonne claque pour son comportement qui n’avait aucun sens. « Je m’excuse Erin. Je ne voulais pas t’énerver. Je voulais juste me montrer honnête avec toi. » Mais à croire qu’il n’adoptait jamais la bonne attitude avec elle. Noé n’aurait jamais pensé que la chanson d’Erin conduise à un moment aussi tendu et il se sentait coupable de ne pas réussir à se contrôler impassible mes fesses oui. Il se retint de bouger, il avait envie de se rapprocher d’elle, peut-être pour déposer ses lèvres sur sa joue poser son bras sur son épaule mais il sentait que ce n’était pas le bon moment et il doutait que réduire la distance entre eux lui ferait du bien. Non, il pensait définitivement plus clair kreuh kreuh alors qu’elle se tenait à un petit mètre de lui faut respecter la distance sociale Erin.
« Ouais je sais que le problème c’est moi », confirma-t-il d’une voix rauque et grondante de colère. C’était bien pour ça qu’il s’en était voulu, et qu’il s’en voulait toujours, d’ailleurs. Parce que même si certains de ses mots le rendait furibond, l’idée qu’il ne veuille pas d’elle par exemple, comme s’il avait choisi de de tomber amoureux de sa meilleure amie, ou cette idée qu’il ne l’avait pas remarqué, elle avait raison, encore une fois. Ils avaient été si proches, d’une telle manière que la seule personne avec qui il connaissait une relation de proximité encore plus forte n’était autre que sa sœur jumelle, il l’avait toujours tellement considéré comme son amie, et rien d’autre, qu’il ne l’avait jamais perçue, pas avant qu’elle ne lui révèle son amour, comme une potentielle petite amie. « Et je peux pas me payer le luxe d’être jaloux, ni de douter, car c’est égoïste, ridicule, que ça n’a aucun sens, tout ce que tu veux, mais c’est le cas. Alors au lieu de m’enfermer dans le déni, j’essaye de faire face. Mais promis, je vais mettre ça derrière moi et je te jetterai plus ce genre d’aveux à la figure à l’avenir. » Sa voix avait repris son calme habituel. Il avait fourré ses mains, toujours tremblantes dans les poches de son pantalon mais ses yeux foncés restaient fixés sur la silhouette d’Erin. Avait-il encore fait tout foirer ?
Erin Hazzard
Parchemins : 666Âge : 19 ans {01.07.1998} Actuellement : Chanteuse et mannequin Points : 0
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Stay with meErin était persuadée que si histoire il y avait eu, ça aurait été une belle histoire. L’ennui avec eux, c’était moins ce qu’ils étaient que leur absence totale de timing. Sûrement aussi qu’à trop vouloir se préserver l’un l’autre, ils se trompaient souvent aussi, se faisaient du mal alors qu’ils cherchaient tout le contraire. Exactement comme en cet instant, où ils avaient tous les deux atteints les plus haut plafond de leur agacement – alors qu’ils n’étaient pas prompte à l’énervement l’un et l’autre -, alors que pourtant Erin s’était sentie parfaitement sereine ces dernières semaines par rapport à lui, à leur passé. Pourquoi les choses devenaient-elles subitement de nouveau compliqué ? Pourquoi Noé regrettait-il maintenant des événements qui avaient plus d’un an ? Car c’était de ça qu’il s’agissait pour ce qu’elle en comprenait – mais elle ne pouvait être sûre de rien, elle avançait un peu dans le brouillard ce soir-là -.
« En fait, c’est ça qui t’énerve : j’étais là, tout le temps, j’étais disponible et tu l’as réalisé quand c’était trop tard. Alors que Bartley, lui, il a saisi sa chance au vol à la première ouverture ! Ce que tu lui envies, c’est sa rapidité d’action ! » Mais est-ce que c’était sa faute à elle si Noé s’était embourbé dans sa relation avec Dahlia (qui ne transpirait pas le romantisme si on voulait son avis) et qu’il n’avait donc, de ce fait, pas pu non plus profiter de sa rupture avec Ted ? Parce qu’il avait été le tout premier à savoir qu’ils avaient rompu, ici même, dans la salle commune. Et il avait eu beau avoir des doutes sur lui, sur eux, sur à peu près tout… il n’avait rien tenter cette nuit-là pour la récupérer elle. C’était bien, il avait été respectueux envers Dahlia. Mais c’était pas sa faute à elle si ce n’était jamais le bon moment ! Et elle ne savait pas pourquoi exactement, pourtant ce qui la mettait le plus en colère était ces espèces de vœux de bonheur qui commençaient à être sacrément en décalage avec le reste de la conversation. Il ne faisait aucun doute qu’elle méritait Bartley, mais l’apprenti médicomage n’était pas le prix d’une course hippique ! On ne sortait pas avec les gens au « mérite » et si elle avait accepté de sortir avec lui c’était avant tout parce qu’elle l’appréciait, à défaut de l’aimer.
« Ce qui m’énerve Noé ce n’est pas ce que tu dis mais ce que tu ne dis pas : à un moment il va falloir que tu admettes que les regrets n’ont pas lieu d’être et qu’on n’a juste pas eu de chance ! » dans la liste des choses qu’elle avait apprises en thérapie, il y avait celle-ci : contrairement à une pensée tenace dans leur société actuelle, la plupart du temps, les événements (positifs ou négatifs) arrivent sans raison. Il n’y a pas de coupable, ça arrive, c’est tout. Le fait que Noé n’ait pas été amoureux d’elle alors qu’elle s’était languie de lui depuis ses treize ans faisait parti de ces coups du sort avec lesquels il fallait apprendre à vivre. Parfois, on a beau vouloir quelque chose très fort, on ne peut pas l’avoir, encore plus s’il s’agit d’une personne. Alors on met des « si » et des « peut-être » dans l’espoir de réécrire l’histoire, sauf que le passé est déjà écrit et qu’il ne restait que l’avenir à tracer.
Ceci étant dit, elle baissa les bras, desserra les poings, et hésita pendant quelques secondes sur la marche à suivre. Elle regarda les flammes, cherchant l’inspiration, et les muses étant avec elles, elle vint. Elle s’approcha de Noé et se mit entre la cheminée et lui, les mains sur son visage. « Ce n’est pas ce que je voulais dire, ce n’est pas par rapport à moi que tu ne dois pas penser ainsi, mais pour toi… tu vois bien que ça te perturbe. » Dit-elle avec douceur, ayant chassé toute trace de sa colère momentanée. Elle avait bien plus de peine pour Noé que pour elle, après tout, il semblait qu’elle allait beaucoup plus de l’avant que lui dernièrement. Et c’est pour ça qu’elle chanta de nouveau, mais un morceau existant, qui n’était pas de sa composition, et que Noé connaissait peut-être. Elle ne prit pas la chanson au début - ça aurait été trop long -, démarrant au dernier couplet : « ♫ Ça n'est pas pour celle que tu embrasses, Pas pour ça que je pleure Si c'est ce que tu crois. Tu t'es trompé. Ça n'est pas parce qu'elle a pris ma place, Pas pour ça que je t'en veux Si tu ne veux plus de moi : Autant se quitter... Avec une chanson d'ami, D'ami, pas d'amour, Avec cette chanson d'ami, D'ami, pas d'amour. Ce n'est qu'une chanson Promis, mon amour... Je ne t'aime pas, Je t'aime bien. Tu ne m'aimes plus... Mais ça fait rien ♫ » Les paroles ne collaient pas à 100 % et en même temps, elle faisait quand même écho depuis toujours à la situation qu’elle vivait avec Noé. Laissant mourir son chant dans le crépitement de l’âtre, elle embrassa Noé sur la joue : « ça va aller, on reste ensemble. » 2981 12289 0
Noé Montgomery
Parchemins : 1512Âge : 19 ans ✗ 22 mai 1998 Actuellement : Assistant stagiaire dans le cabinet de la sous-secrétaire d'Etat Points : 0
Noé avait l’impression persistante que tout ce qui sortait de sa bouche depuis qu’il avait entendu la chanson d’Erin lui faisait du mal. Pourtant, c’était sans doute la dernière chose qu’il voulait faire. Il lui avait déjà infligé tellement de mal…Et les revoilà, un an et demi après l’épisode des grandes révélations, devant la cheminée, à se rapprocher, à s’éloigner, à se brouiller, à ne pas se comprendre ni l’un et l’autre ni tout à fait eux-mêmes. En tout cas, Noé ne se comprenait pas tout à fait lui-même. Pourquoi les paroles d’Erin l’avait-il tant retourné ? Il avait décidé de laisser tous ses doutes, tous les peut-être derrière lui. Maintenant qu’il se retrouvait célibataire, ses pensées tourbillonnant autour de Dahlia ces derniers mois laissaient désormais son esprit aux proies à toutes les questions qu’il avait reléguées dans un recoin de son cerveau et avait refusé de s’attarder dessus avant qu’elles ne reviennent le hanter subitement, sans doute réveillées par l’histoire qu’avait chantée Erin. Tout ça était si stupide. Il était si stupide. Il embrouillait Erin, la forçait à se replonger dans un passé dont elle avait réussi à se détacher. Elle avait réussi à avancer et lui que faisait-il ? Il l’obligeait à faire face à ses sentiments à lui, contradictoires, flous, pourtant il savait qu’il n’était pas amoureux d’elle, pas plus qu’il ne l’avait été il y a un an et demi. Mais il était jaloux, indéniablement, et cela le perturbait, car ce n’était pas un sentiment qu’il lui était familier. Il avait envié Julian, à l’époque où il était amoureux de Tempérance, mais ce n’était pas tout à fait de la jalousie. Là, il savait qu’il avait en face quelqu’un qui l’avait aimé, pour qui il était, sans qu’il ne comprenne tout à fait pourquoi, sans qu’il ne le cherche, sans qu’il ne se passe un acte ambiguë. Qu’il aurait pu connaître une histoire avec elle. Qu’elle pouvait être la bonne, et qu’il l’avait laissé s’échapper non pas une, mais deux fois. Même s’il savait qu’on ne pouvait pas forcer l’amour, même s’il se le disait depuis un an et demi, il ne pouvait en cet instant s’empêcher d’être complètement bouleversé. S’il réagissait comme ça…qu’est-ce que ça voulait dire ? Qu’est-ce que cela signifiait sur ce que son cœur ressentait ?
Il refusait de lui laisser croire et de croire lui-même qu’il ne la considérait que comme un second choix, que comme une fille qu’il gardait sous le coude faute de mieux, et que de la savoir avec un jeune homme amoureux d’elle l’embêtait parce que cela pouvait contrarier ses plans. Ce n’était pas du tout ça. Il était sincèrement heureux pour Erin, mais il aurait aimé être celui qui pouvait la rendre heureuse. Mais au vu de leur conversation aux relents houleux, il ne pouvait que lui attirer des complications. « Ce n’est pas…Je ne suis pas… » Autre claquement de langue. Noé était connu pour son éloquence à toutes épreuves. Les bégaiements, ce n’était pas son style. « Je ne te voyais pas juste comme quelqu’un de disponible. » Sinon, il aurait fait un geste, avant, non ?
Peut-être que ce qu’il enviait, en revanche, c’était le timing impeccable qu’avait Bartley et Erin. Un timing impeccable qu’ils n’avaient jamais eu. Mais c’était comme ça. C’était une réalité avec laquelle il devait composer, comme elle venait très justement de le rappeler. Il devait arrêter une bonne fois pour toutes de vivre dans les regrets. Mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Bien plus facile à dire qu’à faire. « Je sais ! D’accord ?! Je sais ! Je sais que ça ne sert à rien de regretter, que les choses sont comme elles sont et que je devrais arrêter de m’appesantir sur ce qui ne s’est pas passé, sur ce qui aurait pu se passer. J’aimerais réussir à ne plus penser à tout ça, et j’essaye vraiment d’oublier. » Mais ses doutes revenaient constamment. A chaque moment où il pensait qu’il avait enfin réussi à passer à autre chose, tout revenait. Ses sentiments pour Tempérance, ceux d’Erin pour lui, son couple avec Ted, le sien avec Dahlia…Il aurait juste aimé être capable de faire taire la voix dans son cerveau la même que celle de Candys tiens tiens qui lui criait qu’il n’effectuait que les mauvais choix.
La tension était descendue d’un cran. Enfin, en ce qui concernait leur énervement à tous les deux car Noé se sentait toujours tendu, comme sur le bord d’un précipice. Erin s’approcha de nouveau et il suivit sa silhouette des yeux, se plantant devant lui. Les tremblements le reprirent de plus belle car cette proximité accentuait son trouble, et il ne put retenir un frisson de l’agiter lorsqu’elle posa ses mains douces sur son visage rasé. Ses yeux se posèrent sur ses lèvres, quelques interminables secondes avant de revenir là où ils devaient être : ancrés dans son regard sombre. « C’est juste la chanson qui fait remonter des souvenirs. Ça va aller. Ça va passer. » Sauf qu’il avait déjà prononcé ses phrases, il y a à peine deux mois, et qu’au final, non seulement il avait fini par bel et bien rompre avec Dahlia, mais ses remords lui revenaient désormais en pleine face on appelle ça le karma mon lapin. Mais il savait bien que ce n’était pas sain et qu’il fallait une bonne fois pour toutes qu’il tourne la page, toutes les pages. Il avait eu l’impression pourtant que le livre avait été refermé mais il fallait croire qu’il continuait à le rouvrir constamment, et bien malgré lui.
La voix d’Erin l’enveloppa de nouveau et il ferma les yeux, se laissant complètement bercé par son chant. Il baissa la tête pour poser le haut de son front contre celui de la jeune fille, réduisant encore l’écart entre eux, et il laissa échapper un soupir. Les paroles, cette fois ci, avaient toujours ce goût d’amertume qu’il avait trouvé à la première chanson, mais se terminaient de manière moins ambiguë. Des amis. Voilà ce qu’ils étaient. Voilà ce qu’ils avaient toujours été. Voilà ce qu’ils resteraient. Il sentit que ses lèvres se déposaient sur sa joue lorsque le couplet se termina et il rouvrit les yeux. L’agitation ne semblait désormais plus régner dans le noisette de son regard. Sa phrase le renvoya au début de la conversation, lorsqu’elle lui avait affirmé qu’il ne pouvait pas rester avec elle, du moins pas au sens où l’entendait sa chanson. Aussi fit-il la moue avant de dire : « Au moins on aura toujours les cheminées. » Son regard se porta sur la cheminée derrière eux, où le feu continuait de brûler intensément. Relevant la tête, il posa le menton sur les cheveux pâles de la Vipère, posa la main contre son dos et la rapprocha de lui dans une étreinte. Un câlin devant les braises rougeoyantes et voilà tout. C’était comme ça que se terminait toutes leurs conversations ici, non ?
1 160 mots
Dernière édition par Noé Montgomery le Dim 21 Mar - 15:04, édité 2 fois
Erin Hazzard
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Stay with meCe fut au tour d’Erin de claquer la langue contre son palais avec agacement. « Bien sûr que si, tu n’avais pas complètement tord d’ailleurs, non seulement j’étais disponible, mais j’étais déjà entièrement à toi, sans que tu aies besoin de faire quoi que ce soit. J’étais là, c’est tout. Et maintenant, c’est plus compliqué, parce que ce n’est plus seulement toi et moi : il y a Tempérance, Ted, Dahlia Emma est vraiment intrusive, Bartley… Ce n’est plus juste nous. » Quand ils étaient plus jeunes, avant toutes ces histoires, leur relation paraissait immuable et éternelle, mais elle n’avait pas résisté aux affres de l’adolescence… pas dans son état originel. D’ailleurs, à la base, il y avait même plus un trio qu’un duo. Erin avait sa place avec les jumeaux, meilleure amie de l’une et une place pas si différente de ça avec l’autre. Ils avaient été ce eux, proches et en confiance. Désormais ce n’était plus possible, car s’ils faisaient de leur mieux pour maintenir leur amitié et une certaine forme de proximité, il y avait d’autres personnes : leur monde s’était agrandi, pour le meilleur comme le pire.
« Tu devrais peut-être arrêter d’essayer d’oublier justement. Moi je n’oublierai jamais : ces sentiments font parti de moi, ce qui s’est passé entre nous aussi. Ça n’a pas nécessairement à être douloureux. » Elle ne souffrait plus d’ailleurs pour le moment, elle ressentait parfois de la nostalgie pour cette histoire d’amour qui aurait pu être et elle savait aussi qu’elle n’aimerait plus jamais comme elle avait aimé Noé. Pourtant, ce n’était pas grave. Il existait des tas d’histoires et des tas de forme d’amour, il fallait juste qu’elle trouve celle qui lui correspondrait, qui serait réciproque, indépendamment de ce qui existerait toujours entre Noé et elle. Couper les ponts, elle y avait songé, puis renoncé. En dehors des problèmes pratiques que ça aurait supposé (et de Candys!), elle avait fini par réaliser via la musique que ce n’était pas la solution. Aller de l’avant ce n’était pas se séparer des wagons les uns après les autres pour ne se retrouver qu’avec la locomotive. Ils avaient un passé avec lequel composer (dans tous les sens du terme dans son cas à elle), et c’est parce qu’ils étaient encore tous liés les uns aux autres qu’ils pouvaient se partager le poids de ce bagage.
Il paraissait néanmoins évident qu’Erin était plus apaisée que Noé sur ces questions. « Je suis désolée que ma chanson t’ait troublé. » insista-t-elle. Vraiment, ça n’avait pas été son intention. Malgré leurs échanges, elle ne comprenait toujours pas comment ils en étaient arrivés à ce résultat. Elle était plus dans le constat de ce qui venait de se passer que dans la pleine compréhension. Elle pensait qu’ils s’étaient déjà tout dit, ne serait-ce qu’après le dernier bal.
Elle essaya cependant d’apaiser cette drôle d’ambiance à sa manière, avec une autre chanson. Quand elle eut terminée, ils étaient front contre front ce qui était, elle voulait bien l’admettre, un peu troublant. En apparence, elle resta pourtant parfaitement maîtresse d’elle-même, c’était pas vraiment le bon moment pour lui sauter dessus ce qui veut dire qu’il y aurait éventuellement un bon moment, notez-le. Elle se demandait si toutes les amitiés filles-garçons avaient autant de mal que la leur à rester asexuée, probablement que non vu que même si elle en avait peu, elle avait quelques autres amis garçons Ted, comme quoi être sorti avec quelqu’un c’est très surfait côté alchimie et ils ne lui faisaient pas le même effet. Mais elle avait six ans d’expérience, dont la dernière, très intense dans ce domaine, pour savoir parfaitement feindre l’indifférence. Noé paraissait enfin calme, ce n’était pas le moment de faire retomber l’ambiance dans le drame. Et elle était en couple, avec un autre garçon. Vous sentez poindre les ennuis si quelqu’un descendait des dortoirs à cet instant et les trouvait désormais enlacés, dans les yeux l’un de l’autre ? Si c’est Candys, elle couine, si, si.
« Oui. » répondit-elle sans oser ajouter la promesse de sa chanson : quand l’obscurité viendra, je serai ton feu. Elle se laissa aller à son étreinte qui permettait au moins de se laisser au trouble qui l’envahissait. Ils avaient définitivement un très mauvais timing. Elle fut la première à se dégager, réinstaurant une légère distance entre eux, bien que ses mains à elle soient sur ses bras à lui. « Il est tard, on devrait aller se coucher, tu ne penses pas ? » murmura-t-elle finalement, levant de nouveau le visage vers celui de Noé. Ils n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre… mais elle s’éloigna un peu plus, se repliant sur elle-même comme si ses bras pouvaient la protéger de l’alchimie entre eux. Alchimie qui arrivait trop tard, ils n’en étaient que trop conscients tous les deux, surtout après ce soir. « Bonne nuit Noé. » Et comme parfois, c’était la seule chose à faire, elle partit, le laissant seul.
Noé tiqua lorsqu’Erin lui affirma qu’elle avait été à lui, sans qu’il n’ait besoin de faire quelque chose, et surtout, sans le savoir lui-même. Cela se manifesta par un froncement de sourcils et un bouillon de surprises scintillant dans ses yeux marron. Il n’aimait vraiment pas l’idée qui recouvrait ces mots : l’idée que quelqu’un puisse appartenir à un autre, juste parce qu’il était amoureux. C’était un peu comme s’oublier soi-même, non ? Et quand on s’oubliait…Noé supposait que ce n’était jamais bon car on finissait par faire tout en fonction de l’autre et non plus pour se rendre soi-même heureux. Quelque part, même si cela s’était accompagnée de souffrance, il était content qu’Erin ait arrêté de vouloir être cette fille parfaite pour lui (d’autant qu’il n’était lui-même pas sûr de ce qui était parfait pour lui et ses précédentes actions et décisions au niveau sentimental le prouvait bien). Elle avait trouvé sa voie, sa passion, elle s’était trouvé, tout simplement et Noé était content qu’elle ait réussi à s’accepter et à s’affirmer. Il acquiesça en revanche lorsqu’elle souligna très justement que tout était plus compliqué désormais, et différent, car d’autres personnes avaient fait leur apparition dans leur histoire. Décidant de ne rien ajouter, car cela tournerait au débat stérile, il garda le silence.
Le conseil suivant d’Erin tourna dans son esprit. "Ça n’avait pas à être douloureux", non c’était sûr. Mais comment cesser cette peine ? Comment réussir à accepter l’évidence qu’il y avait eu un peut-être, qu’il s’en était rendu compte trop tard, bien trop, et que cela resterait toujours ainsi ? Erin gérait ça de manière plus paisible que lui. Sans doute était-ce parce qu’elle était restée longtemps seule avec ses sentiments, y réfléchissant, les acceptant, puis décidant d’en faire son deuil après les lui avoir avoué –parce qu’il était amoureux d’une autre, sa meilleure amie en plus, et que tout devenait bien trop difficile soudainement. Noé, lui, n’arrivait toujours pas à déterminer ce qu’il ressentait exactement ou peut-être ne voulait-il pas se l’avouer : il ne pouvait pas de nouveau s’intéresser à une fille en couple, n’est-ce pas ? L’interdit c’est excitant, et tout le tralala, c’était bien gentil mais il avait assez donné, et écorché son cœur au passage, merci bien. D’autant que c’était très égoïste de potentiellement vouloir Erin maintenant qu’elle était avec un autre alors que ce n’était pas le cas lorsqu’elle était célibataire –même s’il avait eu ses raisons, après sa déclaration, pour ne rien tenter. Bref : tout était confus et embrouillé dans son cerveau et encore une fois, il aurait voulu revenir à ce Noé imperméable et inaccessible qu’il avait été pendant tant d’années. Mais l’avait-il vraiment été ? Erin avait percé sa carapace bien avant qu’il ne s’intéresse aux filles. « Tu sais, ce qui s’est passé entre nous, ça restera en moi à tout jamais aussi. » Aussi sûr qu’il partageait son âme avec Candys, il porterait toujours Erin dans son cœur.
« Ne t’excuse pas ! Jamais. Ta chanson est magnifique. Je suis juste…un idiot. » Il n’y avait vraiment pas d’autres mots à dire Cancan et Erin confirment. Noé n’aurait su dire lui-même pourquoi la chanson l’avait tant troublé mais c’était ainsi. Il fallait qu’il arrête de se poser des questions tout le temps et pour tout. Ça n’avait aucun sens, et c’était tout. Il s’en voulait juste d’avoir peut-être blessé Erin au passage en remuant encore une fois le passé et en avouant sa jalousie, mais même si elle avait semblé énervée, sa colère était retombée et elle avait l’air bien moins perturbée que lui.
Alors qu’ils étaient front contre front, Noé se fit vaguement la réflexion que si quelqu’un les surprenait, il allait penser qu’ils étaient sur le point de s’embrasser et qu’il interrompait un moment intime –ce qui n’était pas tout à fait faux, ce n’est pas parce qu’ils ne s’embrassaient pas, et de toutes manières ce n’était pas possible, Erin était en couple et il était un jeune homme droit avec un grand respect on en reparle dans un mois mon lapin à défaut de pouvoir contrôler son cœur, que le moment en était moins intense- et que si ce quelqu’un était l’un de ses camarades de dortoir, il était carrément foutu. On pourrait croire qu’après six ans, il était habitué aux blagues lourdes, mais pas tout à fait quand même. « Monte toi », répondit-il sobrement, la voix rauque, comme figé par l’alchimie du moment. Elle se dégagea de ses bras et il sentit qu’il reprenait pied. « Bonne nuit Erin. » Il la suivit du regard alors qu’elle se dirigeait vers l’escalier puis repartit dans la contemplation de la cheminée avec la vague sensation que tous leurs instants passés ici se terminaient décidément de la même façon. Au moins, n’avait-il rien commis d’irréparable cette fois.