Qui me fait préférer l'erreur à l'envie X Lola [Topic terminé]

Emrys & Lola

Quand il prit conscience que la réaction de Fiona n’était pas à l’origine de sa soudaine panique, la gorge d’Emrys se noua. Tout était intimement lié, bien entendu. D’ailleurs, il n’avait pas menti à Lola en affirmant qu’il ne souhaitait pas que Fiona se méprenne sur son geste. Seulement, certains problèmes n’étaient que le miroir aux alouettes de maux bien plus profonds.

Alors, bien sûr, il se souciait de la façon dont la Serdaigle allait juger son acte ... Le considèrerait-elle comme un ami soucieux de son honneur ou comme un macho qui ne voyait en elle qu’une petite chose fragile ?

Bien que souhaitant ardemment que la bleue et bronze penche pour la première option, le jeune homme ne pouvait ignorer que le fond du problème ne se situait absolument pas dans les sentiments que Fiona avait- ou pourrait avoir - pour lui, mais bien les sentiments qu’il avait pour elle.

Complètement démuni, Emrys tentait tant bien que mal de s’accrocher au présent, à Lola. La voix de son amie lui semblait lointaine, comme atténuée par des kilos de ouate. Alors qu’il se serait habituellement soustrait à son contact, il se surprit à accepter sans rechigner la marque de tendresse.

"Une vraie mauviette", persifla la voix de son père dans sa tête.

Son cœur se serra douloureusement. Depuis qu’il avait embrassé Fiona, il lui arrivait de faire et dire des choses qui auraient été totalement inconcevables ne serait-ce qu’un mois auparavant. Lui, celui que rien ni personne n’atteignait jamais. Lui, toujours fort, toujours droit, toujours calme. Sans jamais faillir. Lui qui s’endurcissait jour après jour pour pouvoir enfin mettre son père hors d’état de nuire … avait perdu le nord pour un simple baiser. Il ne se reconnaissait plus et ça lui flanquait une trouille monumentale.

Viscérale.

Le gallois essaya de revenir à l’instant présent, de lutter contre ces même idées noires qui le tenaient éveiller jusqu’à l’aube, mais c’était trop tard. Ses pensées le menèrent là où il s’empêchait continuellement d’aller depuis la fameuse nuit où Il avait ouvert son coeur à Fiona Quincy.

Cela commença par une drôle de sensation au creux du ventre. Comme une lame buttant contre son sternum à chaque inspiration. Ses mains se mirent à trembler imperceptiblement. Il était incapable de parler. Incapable de respirer. Un frisson glacé courut le long de son dos alors que son cerveau si brillant lui faisait miroiter l’implacable vérité … S’il avouait à Fiona ses sentiments, s’il la laissait entrer dans sa vie, s’il s’attachait, si elle s’attachait, si son père l’apprenait …

Il la lui prendrait …
Comme il lui avait prit sa mère.
Maintenant Emrys en était sûr.

Le gryffon ferma les yeux et serra les dents, luttant de toutes ses forces pour que l’angoisse s’éloigne. Il essayait de se consoler en se disant que sa peur était irrationnelle, qu’il ne permettrait jamais à quiconque de faire le moindre mal à Fiona et encore moins son père... Mais il n’était pas dupe. Baughan Senior était l’un de ces rebus de l’humanité, ceux dont tous les crimes restaient à jamais enterrés dans l’ombre.

Les paroles de Lola recommencèrent à se frayer un chemin jusqu’à lui.

“Non, vraiment, j'ignore pourquoi elle se m'éprendrait sur ton geste, mais il vaut que ce soit ta bouche qui explique ce qui s'est passé. Sinon ça risque d'être pire.”

En effet, peut-être que Fiona comprendrait l’amour derrière ce geste … mais son père le pouvait aussi.

Emrys savait que son père le surveillait. Il ne savait pas tout, bien heureusement, mais l’essentiel de ce que faisait son fils à Poudlard ne lui était malheureusement pas inconnu. Le jeune homme ignorait toujours comment il s’y prenait, mais c’était un fait. Le récit de cette bagarre allait finir par lui parvenir... Et cela rendait le rouge et or malade de penser qu’il avait peut-être mis Fiona dans le collimateur de son père juste parce qu’il était apparemment incapable de contrôler ses nerfs.

Il se pencha en avant et se prit la tête entre les mains.

“Je ne sais pas Lola... Parfois les gens s’imaginent des choses et te prêtent des sentiments qui n’existent que dans leur imagination … ”

Bien sûr, il n’était pas là question de Fiona, ou du moins pas complètement. Si son père soupçonnait la jolie blonde de détourner son fils du destin qu’il avait tracé pour lui depuis sa naissance … Emrys se sentit pâlir davantage si, toutefois, c'était encore possible. Le plus ironique dans cette histoire c’est que plus il luttait pour s’éloigner d’elle et la protéger, plus il crevait d’envie de la voir, de l’embrasser … Cette situation était insoluble.

Avouer et la perdre. Nier et la perdre.

“Et cela a, parfois, des conséquences… irrémédiables.”

“Rappelle-toi, il y a Ciara. Tu n'as pas défendu QUE Fio'. Pourquoi elle interpréterait ton geste d'une manière autre que ce que tu as fait ? Défendre deux filles des connards ?”

Cette phrase le réconforta quelque peu. Lola venait de lui offrir une échappatoire sans le savoir. Après tout, peut-être que son père ne soupçonnerait rien. Emrys pria pour que ce soit le cas, implorant le ciel qu’il ne cherche pas en savoir plus sur les motivations derrière le coup de sang de son fils. Hochant la tête de façon presque imperceptible, le 5e année affirma d’une voix rauque  :

“Tu as sans doute raison. Je dois m’inquiéter pour rien.”
“On va manger ? Peut-être qu'on réfléchira mieux le ventre plein.”

Le gryffon lui adressa un faible sourire, inspirant un bon coup avant de s’extirper du banc. Petit à petit, il sentit ses muscles répondre à nouveau à ses sollicitations. La crise était passée, ne laissant derrière elle qu’un malaise diffus et une profonde fatigue.

Désireux de changer de sujet, il questionna son amie :

"Alors, comme ça, tu veux enseigner ?"


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