One last time [ Victoire ]

Ted supposait qu'une année sereine était peut-être trop demander, mais moins maléfique et violente apparaîtrait déjà comme un progrès à ses yeux. Surtout qu'il ne pourrait pas être là pour Victoire, pas aussi facilement qu'actuellement, et il voyait difficilement comment supporter un silence radio total, comme ce qui s'était produit lors de l'occupation de l'école par Magicis Sacra. « Parle pas de malheur. » répondit-il donc, l'air rembruni en songeant aux machinations de Blomberg et de ses sbires. Voudrait-elle vraiment réitérer une action qui avait fini plutôt négativement pour MS ? Certes, ça avait pris du temps, mais ils avaient quand même été chassés de l'école au final. A quoi bon reproduire le même schéma en espérant une issue différente ?

Il savait bien que Victoire persistait et signait au sujet du salon de thé de Madame Pieddodu par pur esprit de contradiction. Elle n'avait pas l'air d'avoir envie de s'y rendre plus que lui, et remettre en question les dires de Harry était clairement la preuve qu'elle arrivait au bout de ses arguments. Son parrain était une référence pour lui, et bien sûr qu'il devait avoir raison ! Rien que de l'extérieur, il sentait bien que cet endroit n'était pas fait pour lui. En plus, pour quelqu'un d'aussi grand et dégingandé que lui, un salon de thé embouteillé et surchargé de meubles variés et fragiles ressemblait vraiment à la pire des idées. « Jamais. » objecta-t-il dignement, bien conscient de la moquerie se lisant dans la voix de Victoire. Il se garda d'ajouter que Harry n'était pas un Weasley, lui, réalisant qu'il jouait déjà suffisamment avec le feu depuis tout à l'heure. La preuve : la mention de Madame Rosmerta lui valut une invitation à aller se faire cuire un œuf loin de Victoire, le genre de réaction à laquelle il était fort habitué depuis le temps et qui le poussa vers une envolée lyrique destinée à apaiser sa petite-amie. Bien sûr qu'il n'était pas intéressé par Rosmerta, ou par qui que ce soit d'autre ! Il n'avait d'yeux que pour Victoire, et depuis longtemps.

Quant à sa réputation, il ne mit pas longtemps à capituler là non plus : « C'est vrai. Si c'est comme ça, je vais t'écrire tellement de lettres que tu pourras en tapisser les murs de ton dortoir. » Et là pour le coup, c'était une déclaration aussi excessive que ce dont Victoire était habituellement capable. Il doutait de pouvoir tenir pareil engagement, sauf peut-être s'il écrivait extrêmement gros, mais au moins était-il sincère quand il disait que le bonheur de sa petite-amie lui tenait plus à cœur que sa pseudo réputation.

Ils arrivèrent enfin à Honeydukes, et Teddy se retrouva rapidement les bras chargés de sucreries, à la fois pour Victoire et pour lui. La remarque de sa petite-amie lui fit afficher un sourire quasi enfantin. « Franchement j'sais pas, je vais sûrement devoir me rationner. Mais au pire je piquerai des chocolats à ma copine. Elle est si généreuse. » déclara-t-il en toute innocence, et plutôt content de lui.

Leurs achats réglés, ils se retrouvèrent dehors à nouveau et Teddy passa naturellement le bras autour des épaules de Victoire. « Parfait. En route alors ! » Instinct de préservation ou début de sagesse : il garda pour lui la dernière pique qui lui vînt à l'esprit concernant Rosmerta (et invitant Victoire à éviter de crever les yeux à cette pauvre dame), préférant déposer un baiser sur la tempe de sa petite-amie, sincèrement heureux. Ils seraient bientôt séparés, il le savait, mais en attendant, il leur restait tout l'été.