Thème ↄ Knowledge is power ↄ Manon

Knowledge is power

Après les derniers jours d’août passés à Blackthorn –mais Karen tentait au maximum de s’y échapper et de se rendre à Oxford chez les parents de Michael pour ne pas rester dans la maison de son enfance, où les souvenirs de sa mère la poursuivaient- septembre s’était approché inexorablement. Et qui disait septembre, disait rentrée. Pour la première fois en cinq ans, Karen entrerait à Poudlard avec des alliés à ses côtés. Autant elle n’était pas tout à fait convaincue du potentiel d’espionne de Louisette, même si elle avait le potentiel de se passer pour une fillette mignonne que l’on voulait protéger, une gamine que personne ne songerait à soupçonner, autant elle était certaine que Niels ferait des ravages. Il semblait avoir à cœur d’enfin mener une mission pour le compte de Magicis Sacra [tandis qu’elle espionnait depuis ses onze ans, à sa grande satisfaction] mais peut-être dégageait-il un peu trop ce côté snob, que Karen savait qu’elle dégageait également, pour que beaucoup de monde l’approche. Care espérait qu’il saurait s’adapter. Au moins Niels pouvait compter sur deux facteurs pour attirer : le fait qu’il soit un nouveau lui faciliterait les interactions de base et le fait qu’il vienne d’un pays étranger, d’une école qui avait fort mauvaise réputation intriguerait les curieux. Il avait plutôt intérêt à supporter les questions. Karen garderait un œil sur lui, quoiqu’il en soit, même s’ils ne devraient pas se montrer trop ensemble pour éviter que certains se posent des questions sur leur proximité. Freja l’avait chargé de l’informer des progrès de Niels en espionnage et Karen comptait bien assurer cette mission, comme elle assurait toutes les autres.

Et cette année, sa mission prenait un tournant différent. Outre l’arrivée de Niels et de Louisette, qui signifiaient bien que Poudlard revêtait une importance cruciale pour l’organisation et que Karen ne pouvait assurer seule, en dépit de son talent, il y aurait les fameux cours spéciaux qui avaient été annoncés par la Sang de Bourbe de Ministre [qui se croyait si importante malgré sa naissance et son éducation, si fière d’être en partie moldue, presque plus que d’être sorcière, c’en était révoltant] et qui débuteraient prochainement. Autant Karen se tâtait encore sur les cours d’arts martiaux, tout en songeant sérieusement à ne pas y participer [elle avait peu de temps libre maintenant qu’elle devait gérer le club de duels], autant elle s’inscrirait probablement à tous les cours. C’était l’occasion unique d’apprendre de nouvelles formes de magie, une chance de voir de nouvelles pratiques de sorcellerie.

Le sujet de ces matières était sur toutes les bouches, bien évidemment. Karen et son groupe, formé de Michael, de Peony, de Jensen et d’elle-même, n’avait pas fait exception. Care avait surtout tenté de motiver son meilleur ami car elle savait qu’il pouvait se montrer aussi feignant que cet idiot de Mulligan parfois. A la fin du petit-déjeuner, enfin plutôt après avoir avalé un simple fromage blanc sans sucres et une pomme, Karen s’était levé, laissant ses amis à leur discussion. Elle voulait s’inscrire sur le tableau d’affichage avant que la longue queue des élèves actuellement en train de s’empiffrer ne se forme devant. Mais la brunette s’arrêta devant les portes de la Grande Salle en apercevant Manon Davies [Sang-mêlée, Serdaigle non engagée dans la Brigade Anti-Menace et plutôt sérieuse]. Karen s’entendait bien avec l’Aiglonne, et pas seulement parce qu’elles avaient en commun une animosité envers Ells. Manon n’était pas l’une de ces filles qui parlait pour ne rien dire et Karen trouvait ça réellement rafraichissant. Grâce à la Legilimancie, elle pouvait percevoir son histoire sombre et la trouvait forte. Une fille qui savait autant cacher son passé aurait sa place à MS. « Manon ! Ça va ? Tu as déjeuné ? Moi je me rendais au tableau d’affichage, je comptais m’inscrire pour les cours facultatifs. » Elle supposait qu’il serait de même pour Manon. Une Serdaigle comme elle ne laisserait pas passer de tels cours.

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La première fois qu’elle avait débarqué à Poudlard, Karen avait été effarée de constater à quel point les jeunes sorciers, et particulièrement les Gryffondors ou la maison des glandeurs, pouvaient vite se déconcentrer et consacrer leur temps à tout un tas d’activités qui n’étaient pas le travail scolaire -soit la raison même de leur présence dans l’école de sorcellerie. Sans en être profondément choquée, son propre meilleur ami n’était pas tout à fait un modèle en la matière même si elle faisait tout pour le tirer vers le haut [au contraire de cet imbécile de Mulligan qui l’entrainait très certainement vers le bas], elle avait tout de même été surprise. Elle s’attendait à un peu plus de sérieux de la part de jeunes qui recevait l’honneur de pouvoir apprendre à contrôler leur don de magie. Clairement, certains ne se rendaient pas compte de cette chance.

Des années après, Karen n’était toujours pas plus conciliante avec les flemmards, même si Erwin Foster figurait dans la liste de ses amis [mais à l’instar de Michaël, c’était très certainement lié à sa présence dans sa vie depuis sa petite enfance] bien qu’elle s’était habituée à ce que tout le monde ne montre pas la même assiduité qu’elle dans les cours et les devoirs. Heureusement, et notamment au sein de la maison des Serdaigles, Care pouvait trouver des personnes qui comprenaient son goût pour le savoir et le partageait. C’était le cas de Manon qui, comme la Vipère l’avait devinée, se dirigeait vers le panneau d’affichage pour s’inscrire aux cours spéciaux qui seraient donnés cette année. « Je vais bien, je te remercie », lui répondit Karen de son habituel ton froid, mais teinté d’une certaine chaleur et accompagné d’un sourire, deux éléments qu’elle réservait généralement à ses proches [autrement dit, ce n’était pas aujourd’hui qu’Ells parviendrait à faire naître cette expression sur son visage], ainsi qu’avec cette politesse qui faisait sa marque de fabrique. Karen avait beau ne pas être noble, contrairement à Lucas, elle était tout de même née dans une famille bourgeoise, de Sang-Pure de surcroît, et contrairement à certains [de Guise, pour ne pas les citer], elle n’oubliait pas d’où elle venait dès lors qu’elle se retrouvait en compagnie d’adolescents mal éduqués. « Je viens également de petit-déjeuner. Nous parlions avec Peony, Jensen et Michaël des prochains cours que nous aurions, justement. » Peony et Jensen avaient déjà passé leur BUSE, eux, mais s’ajouter des matières n’effrayait pas spécialement Karen. Ce n’était pas pour rien que les précepteurs qui avaient assuré sa scolarité dans son enfance et les professeurs de Poudlard lui assuraient qu’elle était brillante, elle l’était vraiment.

« Tu vas aussi t’inscrire aux arts martiaux magiques ? Je t’avoue que j’ai beaucoup hésité, mais je dois m’occuper du club de duels, alors j’ai bien peur de ne pas avoir le temps d’y assister. » Une expression amère se peignit sur visage. Elle feignait d’avoir l’air dégoûté de ce choix forcé, et personne n’aurait pu dire, hormis un très bon Legilimens, que c’était du faux. En réalité, elle avait préféré ne pas aller à ces cours donnés par Spingate et Alexandre car elle ne voulait pas qu’on la suspecte de quoique ce soit -et préférait se montrer un peu trop prudente que pas assez. Et puis, Niels se chargerait de l’espionnage, aidé de Louisette [même si d’après ce qu’elle avait pu constater, le fils de Freja n’appréciait pas tellement l’arrivée de sa tante]. « On m’a dit que le professeur invité ce mois-ci vient de Uagadou. C’est formidable, n’est-ce pas ? Leur école est sacrément réputée pour leur métamorphose, et bien sûr, ils arrivent à maîtriser leur magie sans baguette. » Dans leur année, et dans la maison de Manon d’ailleurs, deux élèves de Uagadou étaient arrivés l’an dernier et Karen songea que cela ferait sûrement drôle à celui qui était resté à Poudlard de revoir un de ses anciens enseignants.

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Comme à son habitude, Karen s’était immiscé dans l’esprit de Manon -sans aucune difficultés, remarquez, comme dans la plupart des esprits des autres élèves de Poudlard. Bien sûr, elle était tout à fait consciente d’utiliser son talent de Legilimens, c’était presque devenu un réflexe : dès qu’elle parlait à quelqu’un, elle vérifiait ses pensées. Il fallait dire que beaucoup de personnes étaient hypocrites [et elle était certainement la maître en ce domaine] et qu’il était toujours bon de savoir ce qu’ils avaient réellement dans la tête. Cet examen était, en plus, sans danger aucun pour son interlocuteur qui ne s’en rendait pas compte, en tout cas pour la plupart. Thomé l’avait senti, mais le Russe avait déjà eu affaire à des Legilimens alors forcément...Karen sentait donc que Manon était réfractaire aux politesses d’usage et elle retint un sourire amusé. Elle même était polie à l’extrême car elle avait été éduquée ainsi, et elle aimait les bonnes manières, mais elle n’était pas loin de partager l’avis de la Serdaigle. Tout le monde se fichait bien de savoir comment vous alliez réellement. Sans doute était-ce pour cela que la Sang-mêlée avait trouvé grâce aux yeux de la Sang-Pure, elles se ressemblaient beaucoup.

« Tu as raison. Je n’aurai jamais pensé que je m'entendrai avec quelqu’un comme Peony, sourit Karen. Mais c’est la meilleure amie de Jensen alors forcément, nous avons tout de suite passé beaucoup de temps ensemble. J’ai pu voir qu’elle était loin d’être juste superficielle et bruyante, comme je le pensais au départ. » Elle considérait même la rousse comme sa meilleure amie désormais ! Néanmoins, elle n’avait pas la même tolérance envers toutes les personnes bavardes qui peuplaient les couloirs de Poudlard [et Merlin savait qu’il y en avait beaucoup trop]. Elle appréciait plutôt Lucrecia, qui était l’une de ses camarades de chambre, mais elle ne parlait avec Victoire Weasley que par intérêt. « Ton frère est avec ses amis ? », demanda-t-elle car Manon se trouvait tout de même assez régulièrement avec lui. « Au moins il est facile d’être au calme quand tu déjeunes à la table des Serdaigles. » Karen jeta un regard mauvais à la table des jaunes et noirs où, comme d’ordinaire, régnait un bazar monstre et un brouhaha insupportable. Clairement, Care n’aurait jamais pu supporter cette ambiance si elle avait été répartie dans cette maison et elle se demandait régulièrement comment un garçon comme Lucas pouvait déjeuner dans un tel chaos. Vraiment, ça aurait pu être un motif légitime pour demander à changer de maison.

« Clairement, tu vas pouvoir remplacer Viska pour les entraînements », rétorqua-t-elle avec ironie. Cela étant dit, elle ne sous-estimait pas le talent de Manon, elle avait déjà pu constater, notamment lors de devoirs en binôme, que la jeune fille était douée et brillante [encore deux caractéristiques qu’elles avaient en commun]. « Probablement, il saura t’aiguiller sur ce qui nous attend. » Karen n’avait jamais vraiment parlé au Sénégalais mais forcément, ce dernier était plus proche de Manon. Les maisons aidaient nécessairement à créer des liens même si Karen devait souvent sortir de son cercle de Serpentards pour le bien de sa mission. « Je me demande quels points ce professeur va aborder et comment les cours vont se passer. Ils ne vont pas pouvoir coller tous les volontaires dans la même salle, ça n’aurait aucun sens. » On ne pouvait pas aborder les mêmes points avec des premières années qu’avec des septièmes années, c’était évident.

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Karen sourit intérieurement lorsque les pensées de Manon affleurèrent dans son esprit. Elle trouvait cela très audacieux [et illusoire] de vouloir en terminer avec l’hypocrisie. L’être humain était hypocrite de nature. La vérité n’était pas toujours bonne à dire. Il fallait souvent prendre des formes lorsqu’on s’adressait aux autres. Evidemment, Karen maîtrisait l’art de s’adresser de la meilleure des manières aux autres. C’était son travail, sa mission d’espionne, et puis c’était facile de savoir ce qu’il fallait dire lorsqu’on percevait les pensées et les souvenirs de son interlocuteur. C’était déjà assez facile comme ça de collecter des informations alors si tout le monde se mettait à être honnête…Finalement, Manon, elle-même ne respectait pas vraiment ses propres paroles, puisqu’elle évitait de proclamer son véritable avis au sujet de Peony. Mais c’était la preuve d’un raisonnement qui avait du sens et qui prouvait aussi l’intelligence de la Serdaigle, alors Karen ne pouvait que le respecter. « Et elle est vraiment très bavarde », confirma Karen. Après, Manon n’avait pas tant de raisons de côtoyer Peony. Elles n’étaient pas dans la même maison, ni dans la même année, et Manon avait deux préfets parfaitement capables de l’aiguiller en cas de besoin. Karen elle-même n’aurait peut-être pas approché Peony si elle n’avait pas été la meilleure amie de Jensen.

En étant amie avec Peony, et en ayant accès à son esprit, Karen s’était demandé comment elle aurait été, elle, si elle avait eu un jumeau. La relation de Peony avec Dahlia semblait différente de celle de Manon et de John, par exemple. Les jumelles Lloyd étaient fusionnelles, elles passaient beaucoup de temps ensemble sans être dans la même maison, et il était évident qu’elles auraient été prêtes à tout pour l’autre. Manon, par contre, et ce même si elle passait beaucoup de temps avec son jumeau, ne lui avouait pas à quel point elle l’aimait, et elle retenait aussi son agacement pour lui. Les relations fraternelles étaient décidément bien curieuses et Karen se disait qu’elle préférait être à la rigueur une fille unique. Elle ne s’était jamais ennuyée dans son enfance, côtoyant par ailleurs deux garçons quasi fils unique, Michael et Jensen, élevé comme tel, et si frère ou sœur elle aurait eue, il aurait fallu entrer en compétition pour le leadership du clan et elle avait déjà assez à faire avec certains de ses cousins qui louchaient sur la place qui lui revenait de droit.

Revenant aux nouveaux cours auxquels ils avaient droit cette année, et qui apportaient enfin un peu de nouveauté et d’innovation à l’école, Karen acquiesça aux paroles de Manon. « Après, est-ce que le professeur va seulement nous transmettre de la théorie ? Ou est-ce qu’on pourra s’entrainer et passer à la pratique ? J’ai hâte de voir ce que cela va donner en vrai. Les cours facultatifs vont rendre cette année véritablement enrichissante, tu ne trouves pas ? » La force de Magicis Sacra résidait dans le fait que l’organisation, et Sabriye, avait construit sa magie à partir de diverses pratiques locales et Karen se doutait qu’enseigner de nouvelles techniques aux élèves de Poudlard était une stratégie pour tenter de contrer la magie de MS [qu’ils essayent, leurs efforts étaient bien vains, mais mignons]. « Comment tu sens cette année de BUSEs ? Je trouve qu’on a été bien préparés. Pour le moment, le niveau des cours ne me paraît pas trop dur. » Bien sûr, son cas n’était pas une généralité. Karen était très intelligente et passer les BUSEs ne représentait qu’une sorte de formalité à ses yeux. Au moins après l’examen elle serait débarrassée de tous les flemmards et les incapables du genre de Mulligan.