La vie en communauté [PV]

♛ La vie en communauté

Electric lights, blow my mind. I feel alright. Never stop, it's how we ride. Coming up until we die. You catch my eye. Bitch, you wanna fly? I'm so alive. I don't wanna go to school. I just wanna break the rules.

Arriver en retard à la gare : fait.
Correction : arriver en retard à la gare après s'être disputée avec Aurore : fait.
Plus exactement : après s'être disputée avec Aurore, qui était censée l'accompagner jusqu'à la gare.
Et pour être tout à fait exhaustif : s'être disputée avec Aurore pour une histoire d'argent. Non : de prêt. Ok. D'emprunt non porté à l'attention de sa sœur aînée.
Ce n'était pas idéal, elle en convenait (vaguement, et maintenant qu'elle était dans le confort de la Grande Salle, flanquée de Léon à sa droite, et observant avec un intérêt quasi scientifique le plat de boudin se trouvant directement face à elle - black pudding avait rectifié quelqu'un à côté d'elle, s'attirant un regard des plus perplexes). Toujours était-il qu'elle avait besoin d'argent, et ce n'était pas comme si elle était financièrement indépendante. Et : les rouages financiers familiaux semblaient vaguement rouillés - c'est-à-dire que sa précieuse rente (ou thune, ou flouze) était bloquée au niveau paternel, et n'avait pas suivi le chemin traditionnel jusqu'à elle. Bref certainement pas de quoi taper un scandale au beau milieu de la rue. Ou l'abandonner à son sort jusqu'à King's Cross. Néanmoins, elle s'en était sortie. Pile avant que le Poudlard Express ne démarre.

Elle savait qu'elle avait pris la bonne décision. Du moins, une fois répartie dans la même maison que Léon, et assise à côté de lui au banquet de début d'année, elle savait qu'elle avait pris la bonne décision. Beauxbâtons sans lui aurait simplement été déprimant. Et puis, c'était une aventure. Dans un pays grisâtre aux passions alimentaires douteuses, mais une aventure tout de même.

Avantages de Poudlard d'après les savantes observations de Madeleine Alima Blanchard au 2 septembre 2016 :
- Présence de Léon Brunel.
- Répartition dans la même maison que Léon Brunel.
- Possibilité de suivre des cours de divination.
- Rumeur selon laquelle une élève pratique couramment le tirage de cartes.
- Opportunité d'améliorer son anglais.
- Capacité à continuer à jouer de la musique avec Léon Brunel.
Inconvénients de Poudlard d'après les savantes observations de Madeleine Alima Blanchard au 2 septembre 2016 :
- Château poussiéreux à l'air très peu moderne.
- Météo écossaise pouvant faire passer Paris pour une ville ensoleillée.
- Choix alimentaires douteux (qu'est-ce qu'un haggis, et pourquoi ?)
- Présence de gourdasses visibles, et tendant à concentrer nettement trop de leur attention sur Léon Brunel.
- Absence de toute ville de taille raisonnable à proximité ("Vous appelez cet endroit Pré-au-Lard ? Volontairement ?")

Pour l'instant, ses préfets avaient au moins l'air plutôt acceptables (même si elle demeurait sceptique de la prononciation de Peony. Mais les britanniques passaient par les noms de famille, non ?)
Ces dernières réflexions étaient venues alors qu'elle suivait ladite Peony en direction des cachots ? Elle avait jeté un regard incrédule à Léon ("elle a parlé de donjon là ou je rêve ?"), se demandant s'il s'agissait d'un genre de punition. Ou d'un bizutage du genre : on jette les deux français dans les cachots, vengeance pour la guerre de cent ans ! Est-ce que c'était les français qui avaient gagné au final ? Elle n'en était plus trop sûre et elle jugea que ça n'avait pas d'importance. On ne la bizuterait pas impunément.

Dix minutes plus tard, elle débarquait dans le dortoir des filles de quatrième année, après s'être séparée à regret de Léon. Une fille s'y trouvait déjà, et Madeleine lui fit signe alors qu'elle l'apercevait à son tour. Il était temps de sortir son meilleur anglais.

« Madeleine, enchantée. » répondit-elle avec un accent français notable, mais compréhensible. « Tu peux m'appeler Mad. » précisa-t-elle dans la foulée, car ça lui semblait nettement plus simple. Elle tendit une main aux ongles tout aussi noirs à sa camarade. Au moins étaient-elles accordées. La dénommée Aoi était occupée à ranger ses affaires, et Madeleine constata qu'en effet, sa propre malle avait été déposée au pied de ce qui devait être son lit. « Mon père est français, et ma mère burkinabè, mais elle est née en France. » Elle se laissa tomber avec nonchalance sur le lit qu'elle avait identifié comme le sien. « J'habitais à Paris, quand je n'étais pas à Beauxbâtons - donc presque tout le temps. C'est très stylé. » approuva-t-elle en prenant une note mentale de cette preuve de bon goût de la part de sa camarade. Elle étudia silencieusement la tenue d'Aoi. « Oh tu pourrais sûrement. Il faut juste savoir comment se présenter. » conclut-elle mystérieusement.

« Et toi, tu as toujours été à Poudlard ? J'ai entendu dire qu'il y avait pas mal d'échanges dernièrement. » A voir Aoi aussi affairée, elle se demanda distraitement si elle n'aurait pas dû ranger ses vêtements à son tour. Mais elle songea aussi qu'elle avait le temps : les autres filles n'étaient même pas encore là. « Merci pour les infos ! Tu as parlé d'une tablette ? Elles fonctionnent ici ? » A priori, les objets moldus ne réagissaient jamais très bien avec la magie. Raison pour laquelle elle avait laissé son portable au fond de son sac jusqu'à maintenant. Mais s'il y avait une combine pour le faire marcher, elle était extrêmement preneuse.

« Et du coup, il y a qui d'autre dans notre dortoir ? » Histoire qu'elle sache un peu à quoi s'attendre (par exemple : l'un des merlans frits ayant observé Léon pendant le dîner allait-il arriver dans les prochaines minutes ?)

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Madeleine posa un regard intrigué sur Aoi, avant que la compréhension ne prenne le dessus. En français, ça lui paraissait logique. En anglais, c'était moins... désirable comme surnom, supposait-elle. « Peut-être pas. En français ça ne veut rien dire de spécial. » détailla-t-elle en grimaçant légèrement. « Je te laisse décider alors. Tu peux juste garder Madeleine en soi. » reconnut-elle dans un haussement d'épaules désinvolte. C'était plus long et ça faisait très... formel, mais ça restait son prénom. Et puis, avec l'accent anglais c'était un peu différent. Comme un sentiment de renouveau. « Ils s'appellent comment ? Ils sont à Poudlard eux aussi ? » se renseigna-t-elle ensuite, car Aoi évoquait un frère et une sœur. Elle savait que son cas n'était pas le plus commun : Aurore et elle avaient beaucoup d'écart. Mais elle n'était pas sûre qu'il eût été raisonnable qu'elles soient dans une même école en même temps. Leurs rapports étaient suffisamment complexes sans avoir à partager les mêmes couloirs constamment.

« Faute de finance, il y a toujours le transplanage. » nota-t-elle au sujet de Paris, se heurtant à la difficulté de faire de belles phrases dans une langue dont elle avait une maîtrise encore toute relative, et surtout, où les termes magiques différaient. Faisant appel à ses souvenirs (et au fait qu'en fin de compte, c'était peut-être plus transparent en anglais), elle répéta la mot, dans la langue de Shakespeare cette fois. Sans pour autant perdre de son aplomb - le culot ou rien -, elle poursuivit : « Il suffit d'y aller avec quelqu'un qui y a déjà été. Et qui est majeur. » concéda-t-elle, pensive. Aurore, par exemple, même si sa sœur aînée n'était pas une grande adepte du transplanage. Elle avait obtenu son permis avec difficulté et en faisait donc rarement usage, lui préférant le système de cheminées voire mêmes les avions pour les trajets longue distance.

Assise sur son lit, Madeleine écouta Aoi lui citer le nom de plusieurs villes britanniques. Elle essaya de visualiser la carte du Royaume-Uni dans son esprit. « C'est où, Galouais Galway ? » Pas qu'elle se sentit capable de situer Manchester précisément, mais au moins connaissait-elle la ville de nom. « Je ne connais que Londres ici, ma sœur aînée y habite. Je crois qu'on avait été voir une tante vers Brighton quand j'étais petite, mais je ne m'en souviens pas. » admit-elle sans que ça l'émeuve plus que ça. Elle aurait bien l'occasion d'y retourner un jour ou l'autre après tout - si ça valait le coup.

L'idée que les portables puissent fonctionner à Poudlard ravit Madeleine, mais malheureusement, l'enchantement fut de courte durée. Se redressant pour observer la tablette tendue par Aoi, celle-ci piqua malgré tout son intérêt : « Partout comme où ? Je pourrais en avoir une tu crois ? Je peux regarder ? » Histoire qu'elle ne s'enflamme pas à nouveau pour rien. De quel genre d'application disposait-elle ? « Elles permettent de communiquer partout ? Même à l'extérieur ? » Ça semblait trop beau pour être vrai. Si les barrières magiques de l'école empêchaient les objets moldus de fonctionner, comment une tablette pourrait-elle les contourner ? « Gryffondor... C'est ceux avec les lions, c'est ça ? C'est vrai qu'il y a toute une rivalité avec - nous ? » Elle avait failli dire "vous", mais s'était ravisée. C'était le premier soir, certes, mais c'était désormais officiel : elle était aussi Serpentard qu'Aoi, à partir de maintenant. Restait à savoir si c'était un sort qui lui convenait (mais puisque ça lui permettait de rester avec Léon, ça paraissait déjà être un bon départ).

Comme Madeleine aimait avoir tous les paramètres, elle voulut ensuite en savoir plus sur leurs autres camarades de dortoir. La description de la première fille - Milly - la fit sourciller. Super, une hystérique. Quant à celle qui était de bonne compagnie, elle supposait que c'était au moins un plus. Pour l'instant elle s'entendait bien avec Aoi, alors ça ne partait pas sur de trop mauvaises stats. En plus, Madeleine avait beau être critique, elle n'était pas si difficile que ça à vivre. « Emeraude, c'est français ? » Histoire de savoir à quoi s'attendre : il ne faudrait pas qu'elle commence à se croire libre de parler en français avec Léon pour ensuite être espionnée par une compatriote sous couverture. Ce ne serait pas apprécié (bien que compréhensible, sans doute aurait-elle fait de même !) « Ok, c'est noté ! Je verrai comment ça se passe du coup. » conclut-elle plutôt sereinement. Elle trouvait le style d'Aoi tout à fait acceptable jusqu'à maintenant, donc si Saphir et Billy (oui, elle était mauvaise, mais c'était son esprit, donc elle y pensait ce qu'elle voulait !) n'étaient pas cool, elle n'aurait pas besoin de traîner avec elles.

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Madeleine haussa les épaules avec indifférence à la question concernant la meilleure façon de l'appeler. Son prénom était un peu long, mais si Aoi le préférait à un surnom, ça ne la dérangeait pas outre mesure. Elle se hissa plus haut sur son lit pour pouvoir appuyer son dos, tout en observant les rideaux verts destinés à la cacher à la vue de ses camarades de dortoir. Poudlard était un peu vieillot, mais elle devait reconnaître que ça semblait confortable. Finalement, elle ramena les yeux vers Aoi : « Et c'est cool de les avoir avec toi à l'école ? Ma grande soeur a sept ans de plus que moi donc on n'a jamais été en classe ensemble. Mais ça vaut mieux je pense ! » Ça aurait créé trop d'embrouilles entre elles, Madeleine en était persuadée. Mais on pouvait supposer que si elles avaient eu moins d'écart d'âge, leurs rapports auraient peut-être été différents. Seulement ça, elle ne pourrait jamais se le voir confirmer. « Oui, pas trop de diversité, non ? J'ai vu ça pendant le banquet. » poursuivit-elle en regardant Aoi terminer de ranger ses affaires.

Souvent, Madeleine proposait la magie comme alternative aux problèmes - un raccourci utile, que certains avaient parfois trop de réticences à utiliser de son point de vue. Cependant, Aoi lui opposa un argument rationnel et plutôt raisonnable. Elle fronça les sourcils, pensive un instant. « Est-ce que c'est vraiment si loin ? Moi je pensais surtout qu'il fallait connaître l'endroit de sa destination. Genre y avoir déjà été une fois. » Elle supposait que ça n'était pas critique, comme question. Au diable le transplanage, restaient les balais, les Portoloin... Quand on voulait, on pouvait toujours trouver des solutions, elle en était convaincue. La preuve, elle avait bien réussi à suivre Léon à Poudlard, n'est-ce pas ?

« Tu pourrais venir avec moi un jour, ma sœur a le droit de transplaner. » Elle grimaça. « Mais elle a eu du mal à l'avoir, on risque d'y laisser un morceau. » Elle secoua la main, pour signifier que ça n'avait pas d'importance. « Je connais d'autres gens qui peuvent transplaner de toute façon. » Après, elle n'en était pas encore au stade où elle considérait Aoi comme une copine : elle venait tout juste de la rencontrer. Parler d'un futur voyage à Paris n'engageait à rien. Cela dit, si elle venait vraiment à devenir amie avec sa camarade de dortoir, ça pourrait être une option tout à fait envisageable.

La géographie et Madeleine faisaient deux de manière générale, mais alors la géographie spécifique du Royaume-Uni/Irlande... Incapable de visualiser où se trouvait "Galway", elle interrogea Aoi, qui lui fournit une réponse fort... optimiste ? Idéaliste ? Haussant les sourcils, Madeleine lui répondit d'une voix teintée de surprise : « Pourtant ça ne rigole pas avec les indépendantistes en général. En plus c'était chaud en Irlande, non ? Genre dans les années » Temps de pause pour retrouver le nombre en anglais. « soixante-dix ? » Faute d'être forte en géographie, elle avait été plus attentive en histoire jadis, surtout qu'Aurore - qui était en relation longue durée avec les insomnies - avait développé une sorte de passion inexplicable pour les documentaires historiques le nom de Stéphane Bern flotte dans l'air.

La possibilité d'utiliser les technologies moldues à Poudlard intéressait grandement Madeleine, qui fut cependant déçue d'apprendre qu'il s'agissait d'une version adaptée pour fonctionner avec la magie. « OK, stylé. » convînt-elle en prenant la tablette pour la manier avec expertise. Elle se demandait combien elle pouvait coûter : avait-elle assez d'économies avec elle pour s'en procurer une ? « Je crois que je demanderai à... Vané...lope ? où en commander une. Mais il faudrait que Léon en achète une aussi... C'est mon meilleur pote, il vient aussi de Beauxbâtons. » précisa-t-elle avec une assurance non dissimulée. Elle était là avec son meilleur ami : c'était un point très important pour elle. Le commentaire suivant d'Aoi - avec une pause dramatique savamment employée - fit s'élargir le sourire de la française. Elle haussa les sourcils. « Moi aussi. » confia-t-elle en accompagnant ses paroles d'un petit jet de cheveux visualiser Ernie Macmillan maîtrisé.

Madeleine était avide de ragots, et tant qu'elles n'étaient que deux dans le dortoir, elle était à peu près sûre qu'Aoi pourrait lui en fournir. Sa camarade lui faisait déjà une très bonne impression c'est le commentaire sur le narcissisme qui a fait pencher la balance pour de bon aussi était-elle à peu près convaincue qu'elles allaient bien s'entendre. « OK, c'est bizarre quand même ces trucs de maisons, on n'avait pas du tout ça à Beauxbâtons. En France de manière générale. » C'était un truc anglo-saxon, elle le savait, car c'était également commun aux moldus. De son côté, tant qu'elle n'était pas injustement séparée de Léon (car il était évident que s'il fallait catégoriser les élèves, ils étaient censés être ensemble, non ?), elle s'en fichait un peu.

Ensuite, Aoi lui donna des informations supplémentaires sur leurs autres camarades de dortoir. Tant qu'elles évoquaient encore Emeraude - qui était donc anglaise mais avait un prénom à consonance français -, Madeleine posa sa question suivante d'un air malicieux : « Et pourquoi on n'aime pas Emeraude, exactement ? » se renseigna-t-elle sans gêne aucune. Cependant, elle fut distraite par les paroles suivantes d'Aoi. « Ah mais oui, je les connais ! Mes parents étaient amis avec leur mère, on se voyait souvent pendant les vacances. » Avant le divorce, mais aussi depuis, seulement, sans son père à elle. « Tu les connais bien ? » interrogea-t-elle, l'air de ne pas y toucher. Elle s'entendait bien avec les deux filles Weasley (même si elles ne s'entendaient pas toujours entre elles, mais qui était-elle pour leur jeter la pierre ?), cependant, elle ne savait pas du tout quel genre de réputation elles pouvaient avoir à Poudlard. Elle avait aperçu Dominique pendant le dîner, mais n'avait pas eu l'occasion de lui parler. Etaient-elles populaires ? Comment étaient constitués leurs groupes d'amis ? Les savoir présentes au château était rassurant et confortable, mais elle ne voulait pas se tirer une balle dans le pied avec Aoi non plus.

Ayant rendu la tablette à Aoi, Madeleine se réinstalla sur son lit, tout en méditant à sa question sur les clubs. « Je ne sais pas trop. Je fais du piano et je chante un peu. Mais vous n'avez pas de cours de musique, n'est-ce pas ? » Elle rappait même, plus exactement, exercice qu'elle comptait poursuivre même hors du cadre familier de Beauxbâtons. « C'est quoi comme style Magic Mix ? Pop du coup ? » Son ton était tout à fait curieux : elle n'était pas très difficile quand il était question de musique, elle écoutait de tout, même si la pop n'était pas ce qu'elle préférait.

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Madeleine fronça le nez à l'évocation d'Aurore. « Ça dépend des moments. Parfois on s'entend comme les meilleures amies du monde, et parfois on se dispute tellement qu'on ne se parle plus pendant des semaines. » répondit-elle avec nonchalance. La dynamique qu'elle avait avec sa sœur avait toujours été compliquée, mais elle y était habituée. Les Blanchard étaient une famille faite de dysfonctionnements, de contradictions et de beaucoup de conflits. Quand elle était plus petite, ça la dérangeait davantage, mais elle avait fini par se faire une raison. Elle ne changerait aucun d'eux, croire l'inverse serait illusoire.

Quant à la question de la diversité, elle n'en était pas trop surprise : elle avait pu faire ses propres observations lors du dîner. Hochant la tête à la réponse d'Aoi, elle parla ensuite de la France, de l'Irlande, et des modalités du transplanage. Un dernier point qu'elle n'avait pas forcément anticipé aborder dès son premier soir à Poudlard. « OK, on verra ça alors ! Je pourrai faire jouer mes contacts. » conclut-elle au sujet de leur capacité à se rendre ensemble à Paris. C'était une synthèse qui avait un pré-requis incontournable : celui qu'elles deviennent vraiment amies au cours de l'année. Mais pour l'instant, ça lui semblait plutôt bien parti. Aoi n'avait pas l'air prise de tête, voire même, elle la trouvait plutôt cool, ce qui était rassurant. Elle n'avait pas envie de partager son dortoir avec des personnes insupportables !

Faute d'être douée en géographie, Madeleine était davantage intéressée par l'histoire. Celle récente de l'Irlande était un brin tendue, et sanglante, mais cela ne semblait pas affecter Aoi directement. Etant elle-même française, elle n'avait pas de parti pris particulier sur la question, aussi opina-t-elle du chef, souriant au terme citoyenne du monde. C'était une façon de voir les choses.

La découverte de l'existence d'une tablette magique à Poudlard venait ravir Madeleine. Etait-elle accro aux réseaux sociaux ? Quelque peu, oui, et la perspective d'en être coupée jusqu'aux prochaines vacances la désolait. Seulement, voilà qu'Aoi lui révélait qu'elle avait des options ! « Ah oui grave, je veux bien ! » approuva-t-elle concernant Va-né-lope ?, avant de poursuivre, visiblement enjouée alors qu'elle parlait de Léon. « Oui il a été réparti à Serpentard lui aussi, heureusement ! » Car sinon, nul doute qu'un scandale se serait produit. D'autant plus qu'elle avait été répartie avant lui, donc ça n'était même pas comme si elle aurait pu se calquer sur son affectation. « Je suppose que ça peut compter oui, si vous êtes très proches ! » ajouta-t-elle par rapport au frère de sa camarade.

Ravie de se découvrir un point commun avec Aoi - le narcissisme avoué, il n'y avait que ça de vrai -, Madeleine continua à se renseigner sur Poudlard. Maintenant qu'elle y était, il s'agissait de ne pas trop détonner (pas en mal, en tout cas !). « Je n'en doute pas, je m'adapte vite. » répondit-elle avec simplicité, haussant les épaules d'un air décontracté. C'était une qualité pas si facile à avoir, il ne fallait pas croire ! Après l'école, il s'agissait surtout d'en savoir plus sur leurs autres camarades de dortoir, et Madeleine se rangea assez naturellement du côté d'Aoi : après tout, c'était avec elle qu'elle se trouvait en cet instant, et rien dans le comportement de la jeune fille n'avait déclenché chez elle de signaux d'alarmes particuliers.

« Une enfant esclave ? » répéta-t-elle, surprise. C'était - forcément - ce qui se démarquait le plus dans le discours d'Aoi. Le reste paraissait plus classique : Emeraude et Milly = petites bourges coincées (elle se ferait sa propre idée quand elle les verrait, mais ça ne serait pas forcément bloquant, supposait-elle, ça dépendrait surtout de leur comportement vis-à-vis de sa personne). Que Aoi soit boursière ne lui importait pas : ce n'était pas comme si elle accordait de l'importance à la solvabilité de ses amis. Par contre, qu'elle ait été esclave n'était pas un point auquel elle s'était attendue, ou préparée. « Je ne vois pas pourquoi ça leur paraît honteux. Elles sont bêtes ou quoi ? » demanda-t-elle de façon rhétorique, car la réponse paraissait assez évidente (oui). Elle appréciait en tout cas beaucoup la conclusion d'Aoi : elle réfléchissait tout à fait de la même manière.

Outre Léon, Madeleine connaissait deux autres personnes à Poudlard : Dominique et Victoire Weasley. Poursuivant donc ses investigations, la Française recueillit l'avis d'Aoi à leur sujet espionnage à fond. Satisfaite de celui-ci, elle acquiesça en souriant : « Ok, cool alors ! » Elle était donc tranquille. Pas de problématique particulière, du côté d'Aoi, ou des Weasley. Elle se serait débrouillée s'il l'avait fallu - tout était question de stratégie et de doigté -, mais ça restait plus simple quand tout le monde s'entendait - relativement.

Aoi lui parla des clubs et des cours, et Madeleine fut déçue - mais pas surprise - d'apprendre qu'il n'y avait pas de cours de musique. Elle grimaça. « Une chorale ? Non merci ! » Elle visualisait les choristes, et ça ne lui faisait vraiment, vraiment pas envie !  Son visage s'éclaira soudain. « Tu rappes ? Moi aussi ! Tu penses que je pourrai passer à une répétition pour vous voir ? Je suis assez curieuse. » Elle ne savait pas si elle s'impliquerait pour autant - elle n'était pas très danse, mais ça ne coûtait rien de regarder. « Oui vas-y montre ! J'ai hâte d'avoir ma propre tablette. » confirma-t-elle vivement, s'étant redressée pour revenir se poster auprès d'Aoi.

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Inévitablement, Madeleine en vînt à parler de son meilleur ami. Si Léon et elle étaient très différents en termes de personnalités, ils étaient aussi très proches, et la brune se sentait particulièrement protectrice envers son meilleur ami - surtout dernièrement. Elle ne voulait pas trop faire sa pub non plus, mais l'intérêt d'Aoi semblait pour l'heure plutôt innocent, aussi Madeleine acquiesça-t-elle aisément à sa remarque.  « Oui ça aurait été nul d'être séparés. En plus ça n'aurait pas dépendu de moi, parce que j'étais répartie avant lui. On m'a dit qu'on pouvait influencer le Choixpeau ? » Question qu'elle avait évidemment posé à Dominique et Victoire lorsqu'elle avait décidé qu'elle irait à Poudlard, car il n'était pas question de débarquer sans avoir toutes les cartes en main sur son orientation future par contre les cours...

Quant à la relation qui unissait Aoi à son frère et à sa sœur, Madeleine la trouvait intéressante, même si elle avait du mal à s'y projeter. Ses rapports avec Aurore étaient trop compliqués pour qu'elle puisse la considérer comme sa meilleure amie, et ce quand bien même elle se disait très proche de son aînée. D'autre part, elle ne savait pas si elle aurait aimé avoir un petit-frère ou une petite-soeur. Elle était assez habituée à sa position de petite dernière, même si elle était arrivée au milieu d'un ouragan familial et du chaos qui s'en était suivi.

La suite de la conversation prit une tournure que Madeleine n'aurait jamais pu anticiper. Savoir qu'Aoi avait été esclave était choquant, savoir que c'était arrivé quand elle avait quatre ans ne faisait rien pour arranger les choses. « Ça a duré trois ans ? T'as vu je sais compter ! Mais quel enfer... Qui fait ce genre de chose ?! » A savoir, réduire des enfants en esclavage. Il y avait vraiment des gens complètement détraqués, elle ne voyait pas d'autre explication, et en même temps, elle ne comprenait pas comment on devenait comme ça. Quant à leurs camarades de dortoir - sur lesquelles son a priori se faisait de plus en plus mauvais - : « Je ne m'inquiète pas, mais du coup je suis assez curieuse de les rencontrer. Elles ont l'air d'en tenir une sacrée tranche. » formula-t-elle dans un anglais discutable, puis décidant que ça n'avait pas d'importance : Aoi comprendrait l'idée.

Sans surprise, Madeleine ne fut pas enthousiasmée par la mention d'une chorale et elle n'est même encore au courant pour les crapauds, par contre l'existence d'un groupe l'intriguait davantage, tout comme le fait qu'Aoi rappait - un point commun de plus. « Cool, tu me diras quand est votre prochaine répèt' ? J'en parlerai aussi à Victoire. » promit-elle, bien contente d'avoir ce contact qui s'avérait utile dès son premier jour. Enthousiaste, elle s'approcha ensuite pour contempler la vidéo proposée par Aoi, bougeant la tête au rythme de la musique.

« Je kiffe. Si ça se trouve on pourra se faire un featuring un de ces quatre. Tu écris toi-même tes paroles ? Et la musique ? » interrogea-t-elle, tout en enviant l'aisance visible d'Aoi en danse - c'était un point sur lequel elle ne s'était jamais focalisée, d'autant plus qu'elle se trouvait généralement derrière son piano. Rendant sa tablette à Aoi, Madeleine tourna paresseusement le regard vers ses affaires posées au pied de son lit, alors que la porte du dortoir s'ouvrait bruyamment. « Oh oh. » nota-t-elle à l'attention de sa camarade, tandis que deux filles qui ne pouvaient qu'être Emeraude et Milly faisaient leur entrée dans la pièce. « Bon, je vais faire semblant de ranger un peu tout ça moi. Et faire connaissance avec nos deux autres colocataires...  » dit-elle à mi-voix tout en haussant les sourcils avec une certaine malice. L'heure du show avait sonné !