Pause déjeuner dans les serres - Themba & Charlotte

"A plus tard! Bon appétit!"

Devant la porte du grand hall, une élève habillée en jaune et noir, un sac de cours sur l'épaule droite et un baluchon de nourriture (deux sandwichs, une pomme et une petite flasque de jus de citrouille) dans la main gauche, prend congé auprès d'un petit groupe de troisièmes années aussi enjoués qu'affamés. Pleine d'enthousiasme, elle manque d'éborgner un élève de cinquième année (après duquel elle s'excuse par un "Désolée, désolée!" accompagné d'un sourire) en saluant ses camarades de la main avant de se détourner du repas commun pour se diriger une nouvelle fois vers les serres. Le professeur Longdubas lui a donné la permission d'y passer occasionnellement, mais uniquement dans la serre numéro 1 en son absence (la soirée du chou mordeur de Chine l'ayant laissé à la fois impressionné et mort d'inquiétude lorsqu'elle et Lucrecia lui ont raconté ce qu'il s'était passé), et même d'y déjeuner si elle le souhaite à condition de ne rien donner à manger aux plantes. Ce midi sera donc le premier repas qu'elle prendra dans cette serre, ce qui évidemment, réjouit d'avance la jeune fille. Sa mise en danger quelques jours plus tôt n'a nullement amoindri son amour des plantes - magiques ou non. Au contraire même, elle a hâte d'être à nouveau invitée à venir participer à l'entretien des serres, et brûle d'envie de découvrir le contenu de la cinquième et dernière serre dont elle n'a jamais franchi la porte pour le moment. Si la numéro 4 contient des choux mordeurs et des tentacula vénéneuses, que peut donc contenir de plus dangereux - et passionnant - ce lieu interdit? Elle sait bien sûr qu'elle n'y pénètrera sans doute pas avant plusieurs années encore, mais après tout, tant qu'il y a de la vie, on dit qu'il y a de l'espoir, elle peut donc bien espérer tant qu'elle le veut, non?

Le pas sautillant, fredonnant un air moldu, Themba sort donc du bâtiment principal, et après quelques minutes de marche, arrive devant la première serre dont la porte est grande ouverte. Les plantes qui s'y trouvent n'étant absolument pas dangereuses, et ne risquant pas de sortir de leurs pots, cette serre est rarement fermée, pour le plus grand bonheur de la née-moldue. A l'entrée de la serre une autre silhouette noire et jaune, à peu près de la taille de Themba, se tient debout. La brune la reconnaît immédiatement. "Hey, Charlotte! Toi aussi tu viens déjeuner ici?" Il s'agit d'une camarade de dortoir que la Nuit Latine "(comprendre ici Themba, Nox signifiant "nuit" en latin oui c'est tiré par les cheveux, désolée!) apprécie malgré sa discrétion qui contraste franchement avec son propre caractère parfois exubérant. Au cours de leurs deux années de vie commune à Poudlard, entre les cours, les repas et la salle commune, elles avaient eu l'occasion d'échanger assez pour que Themba connaisse son goût pour la botanique, qu'elle partage avec la jeune Follet. Elle n'est donc pas surprise de la croiser là sur un temps de pause, d'autant qu'elle imagine sans peine que, discrète comme elle est, elle puisse ressentir parfois le besoin de manger dans un espace moins animé que la grande salle de banquet. Sans se départir de son sourire, Themba demande: "ça te dérange si je me joins à toi?"

Charlotte avait fréquemment prit l'habitude, depuis sa première année, de s'éclipser auprès de ses amis pour se rendre dans les serres. Ce n'était un secret pour personne, l'ex-Américaine passait beaucoup de temps auprès des fleurs et autres plantes carnivores magiques  : quand ce n'était pas pour les entretenir, arracher les feuilles mortes ou les arroser avec soin, c'était juste les peindre, parfois, mais aussi très souvent pour y perdre son regard pendant qu'elle pensait à autre chose et rêvasser avec savoir-faire.
Et ça arrivait, il fallait bien l'avouer, plus souvent qu'elle ne voulait bien l'avouer.

Avec le temps, la timide sang-mêlée avait fini par se faire à la présence constance de personnes autour d'elle : en cours, dans la Grande Salle mais encore plus fréquemment dans la salle commune, où elle passait finalement très peu de temps seule, toujours entourée dans son dortoir de Dominique, de Themba, ou des deux quand les astres sont alignés.
Elle ressentait toujours cependant tout autant qu'avant le besoin se retrouver seule : comme à la maison, les plantes avaient sur elle un pouvoir calmant et elle se revoyait dans ces moments là passer du temps avec sa mère, pour prendre soin des nombreux pots et des non-moins nombreuses plantations du cottage Follet. De tout temps, ça avait eu un pouvoir apaisant sur elle, particulièrement quand maman avait été gravement malade et que la seule vue d'un bouquet de fleur illuminait instantanément son visage.
De plus, passer du temps seule lui garantissait d'avoir l'énergie nécessaire pour honorer toute ses activités tout le reste de la semaine.

Après avoir  flâné avec déférence parmi les fleurs en pots de la serre numéro 2 (Neville – qu'elle se forçait depuis son arrivée à l'école, à appeler professeur, était un ami de maman depuis l'Armée de Dumbledore – lui avait laissé le droit de s'y rendre en son absence) et avoir de ci de là ôté quelques feuilles sèches des plantes les moins dangereuses (elle préférait encore n'approcher les dangereuses qu'en présence d'un adulte), la jaune et noir regagna la serre numéro une – la plus jolie à ses yeux – pour y prendre son déjeuner. Elle avait dès le petit matin commandé un unique sandwich et une part de gâteau aux cuisines, comme tous les jours où elle prenait son repas dans les serres. Le seul jour, d'ailleurs, où les options des uns les séparait de celles des autres : elle sentait qu'elle ne faisait insulte à personne dans la mesure où ses amies lui avait déjà dit qu'il n'y avait aucun problème pour qu'elles mangent sans elle à la réflexion ça avait d'ailleurs plutôt l'air de les réjouir. Il n'en fallait pas plus pour que la Poufsouffle disparaisse sous une touffe géante de feuilles et de fleurs multicolores à l'abris de la lumière.

Alors que la 3ème année s'apprêtait à déballer son déjeuner, elle sursauta quand quelqu'un entra dans la pièce.
Elle se retourna vivement et reconnu alors Themba, son amie depuis maintenant trois ans : elle savait qu'elle aussi passait parfois du temps dans les serres, ça leur était d'ailleurs déjà arrivé de jardiner ensemble (entre autres élèves, ceci dit, elles étaient loin d'être les seules). Accueillant son amie avec un grand sourire, ravie de voir quelqu'un qu'elle connaissait bien, elle tapa doucement avec le plat de sa main sur le banc sur lequel elle était assise et lança :

- Coucou ! Viens manger avec moi.

Elle ne savait pas si Themba l'avait rejointe délibérément, ce qu'elle savait en revanche c'était qu'après une heure passée seule sous le vaste édifice en verre, ses batteries étaient rechargées pour la journée.

- Non, non, au contraire !

Avec le temps Themba était entrée dans le cercle très fermé des personnes avec qui Charlotte était parfaitement à l'aise. Il lui avait fallu du temps pour s'ouvrir après son arrivée à Poudlard, la diversité et la multiplicité de sorciers dans l'école l'avait d'abord beaucoup intimidée pour ne pas dire traumatisée. Elle pouvait à présent se vanter d'avoir plusieurs amis à Poudlard, et ce, dans toutes les maisons et même dans plusieurs années.
Si on lui avait dit ça avant d'arriver au château, pour sûr, jamais elle ne l'aurait cru.

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Themba répond à l'invitation de sa camarade de Poufsouffle par un grand sourire. Elle sait que Charlotte cherche régulièrement à passer du temps seule, ce qui constitue une autre différence importante entre les deux jeunes filles. Themba aime être entourée, pas être au centre de l'attention particulièrement, mais être avec d'autres personnes, discuter d'absolument tout, ou tout simplement travailler en groupe. Ce n'est pas que la solitude l'effraie, elle sait s'occuper seule sans s'ennuyer, et d'ailleurs elle dit souvent que tant qu'elle est avec une plante, un animal (magique ou non), ou même rien que sa baguette magique elle n'est jamais vraiment seule. Elle ne craint donc pas l'isolement, mais n'est pas non plus du genre à le rechercher, aussi a-t-elle du mal à imaginer ce qui peut pousser son amie à tant s'y réfugier. Mais ne pas comprendre ne veut pas dire ne pas respecter, du moins dans sa conception des choses, et elle tient donc à ne pas s'imposer lorsque Charlotte (ou quelqu'un d'autre) semble à la recherche d'un moment de tranquillité solitaire; et de ce fait, elle sait apprécier d'autant plus lorsque sa présence est acceptée, comme ce midi. "Merci, c'est sympa. Que manges-tu ce midi?" Demande-t-elle en s'installant sur le banc et en ouvrant son propre baluchon de nourriture.
Puis, jetant un oeil au déjeuner de sa voisine, elle ajoute. "Oh, ça va te suffire? Je peux couper mon deuxième sandwich en deux si tu en veux un peu." Themba étant plutôt une bonne mangeuse, elle est parfois surprise des petites quantités consommées par ses camarades féminines, particulièrement celles des années supérieures.

Finalement bien installées, la brunette entame son premier sandwich, tout en observant les multiples plantes de la serre numéro 1 qu'elle connaît pourtant désormais par cœur. Si elle a une préférence pour les plantes qui lui donnent un peu de fil à retordre (elle espère avoir une nouvelle occasion de rendre visite aux choux mordeurs avant qu'ils ne soient transformés en ingrédients pour potion), elle doit reconnaître que cette serre a un charme unique, de par son alliance de plantes magiques et non magiques, parfois jusque dans les mêmes bacs. "Tiens, les jonquilles klaxonnantes ont été rassemblées avec l'actée à épis. Je me demande pourquoi. Tu crois qu'elles ont un effet l'une sur l'autre? Je sais que pour les plantes non magiques, ça arrive que deux plantes s'entraident." Si elle était seule, Themba se serait levée pour aller voir de plus près le bac à une table d'elles, indifférentes au vacarme que les fleurs jaunes produiraient inévitablement à son approche. Mais comme elle est avec Charlotte, et qu'elle sait que cette dernière préfère le calme, elle s'abstient et continue de grignoter son déjeuner, en gardant son interrogation dans un coin de son esprit, bien décidée à la ressortir la prochaine fois qu'elle verrait le professeur de botanique.
Tout en mangeant, elle poursuit son observation, avant d'interroger sa voisine sur sa matinée. "Ça a été toi ce matin? Les cours se sont bien passés? Tu avais quoi déjà comme matières?" Si Themba apprécie le fait de partager ses cours avec des élèves de différentes maisons et années, elle est obligée d'admettre que ça ne lui permet pas toujours de repérer qui de sa maison est avec elle en cours, d'autant plus que, malgré son tempérament, la jeune Poufsouffle fait toujours un effort pour ne pas trop bavarder en classe, par respect pour ses professeurs. Du coup, et bien que l'année ait démarré depuis maintenant un mois, il lui arrive encore de découvrir que tel élève est ou n'est pas dans le même cours qu'elle. De son côté, ce matin, elle a eu Histoire de la magie, Soins aux créatures magiques et Arithmancie.

Les batteries de la jeune pré-adolescente rechargées à bloc, elle accueillait à nouveau toute visite amicale avec grand plaisir. Pas qu'il lui arrivait de refuser d'ordinaire la compagnie de quelqu'un ou même de prendre congé quand elle était entourée  - elle appréciait également beaucoup qu'on veuille bien de sa présence, c'était déjà un miracle – mais elle ne rechignait pas à passer quelques minutes seules dans la journée. Pas trop longtemps non plus ceci dit : sans ça, elle avait peur de se sentir abandonnée la gamine pas compliquée.

- J'ai ce sandwich et une part de gâteau au chocolat. Confia t-elle avec un sourire, pas inquiète le moins du monde de savoir si elle tiendrait jusqu'au goûter : elle n'avait pas un gros estomac, elle savait donc que oui. Oui je pense, j'ai une Chocogrenouille dans mon sac, au pire... Ça, mieux valait en avoir trop que pas assez !
Ne vous y trompez pas, sous ses airs de sorcière fine et svelte au petit gabarit, Charlotte avait une descente incroyable quand il s'agissait de Chocogrenouilles. Alasdair ne s'en était pas encore remis.

Les deux sorcières se mirent donc à table et Charlotte, ravie que son amie lui parle d'un de ses sujets préférés, les plantes, écouta très attentivement tout ce que la jaune et noire avait à dire.
Pas affolée le moins du monde à l'idée de parler la bouche pleine (dans leur année, ils avaient fait pire), Charlotte répondit du tac-o-tac :
- Ch'normal, le Professeur Londubat n'avait plus de plache pour les Figuiers Abichiniens... Elle avala finalement la dernière bouchée de son sandwich, consciente que parler en égrainant de petits morceaux de pain devant elle était loin d'être poli pourquoi tu t'en vas Themba ?. Alors il a réuni les actées à épis et les jonquilles. Je crois qu'elles ont besoin du même arrosage et des mêmes conditions lumineuses, aussi. Après tout, Neville ne se serait pas amusé à réunir ces fleurs dans le cas contraire : il était bien trop passionné et compétent (lui avait dit maman) pour prendre le risque de ne perdre ne serait-ce qu'une feuille.

- Soins aux créatures magiques, comme toi et Études des moldus. Et ça se passe très bien, oui ! Confia t-elle, pas farouche, en ouvrant le petit sachet qui contenait le gâteau au chocolat, tout en ne perdant pas une miette de la saveur qui s'en dégageait.
A l'inverse de Themba, Charlotte, elle, avait retenu quelles options ses camarades de dortoir avait choisies : elle avait été longuement indécise avant de faire son choix, cet été, mais maintenant qu'elle avait pesé le pour et le contre, elle était très contente de ses choix. Et toi, comment s'est passé ton cours d'Arithmancie ? Les deux jeunes sorcières ne s'étaient pas quittés de la matinée – exception faite des cours communs où il n'y avait pas que Poufsouffle – sauf pour le cours optionnel d'Arithmancie de Themba : Charlotte, elle, n'avait Étude des moldus que le lendemain matin. J'ai longtemps hésité à prendre Arithmancie, moi aussi, ça avait l'air sympa... Mais il fallait faire des choix et pour le coup, la rencontre avec Lowell cet été à Traverse avait aidé à trancher : elle jugeait qu'une matière comme l'Etude des Moldus l'aiderait à mieux comprendre son ami, et c'était ça qui avait motivé son choix. Et elle ne le regrettait pas le moins du monde !

"Oh! Si tu as une chocogrenouille alors, tu ne cours aucun risque de mourir de faim. C'est fou comme ces petits chocolats calent l'estomac. Tu sais ce qu'il y a dedans?" Mi-rieuse, mi-sérieuse, Themba sourit à sa voisine de banc avant d'entamer son repas.

Ayant lancé la discussion sur les plantes, Themba voit avec plaisir le visage de Charlotte s'éclairer comme à chaque fois que quelqu'un lui parle de ce sujet ou de celui des créatures magiques. Dans ces moments-là, il lui semble que sa camarade oublie sa réserve timide, et elle aime la voir s'exprimer avec entrain. Nullement formalisée par sa réponse bouche pleine, la brune écoute attentivement l'explication qui lui est donnée. "Oh, d'accord, c'est juste pour gagner de la place du coup? Hm, c'est presque décevant, j'aurais trouvé ça cool qu'une plante magique et une plante moldue "travaillent ensemble". M'enfin, c'est peut-être le cas d'autres plantes, qui sait?" Elle termine son premier sandwich rapidement, avant de reprendre. "D'ailleurs, comment tu sais ça? C'est le professeur Londubat qui te l'a dit?" Si elle-même passe un temps non négligeable dans les serres, Themba sait que ce n'est rien comparé à l'autre Poufsouffle qui lui semble bien partie pour devenir la futur professeur de botanique (quoi que, le professeur n'étant pas si âgé que ça, peut-être que le poste ne sera pas vacant d'ici qu'elle quitte Poudlard).

La conversation (et le repas) avançant, les filles discutent de leurs cours respectifs. "Ah oui, tu suis le cours sur les moldus! C'est intéressant? J'avais envie de m'inscrire, mais mes parents m'ont dit que ce serait tricher... Ils ont raison hein, mais j'étais super curieuse de voir comment les sorciers enseignent le mode de vie des moldus." La jeune fille s'est effectivement souvent posé des questions sur cette option un peu particulière. D'un côté, elle trouve pertinent d'apprendre aux sorciers comment vivent ceux qui n'ont pas de pouvoirs et qui ignorent tout du monde magique, ne serait-ce que pour éviter de trop se faire remarquer lorsqu'ils se trouvent parmi eux. Mais d'un autre côté, l'idée d'étudier certains humains presque comme s'il s'agissait d'une autre espèce la dérange un peu, du fait que ses parents soient moldus. Même en découvrant et maîtrisant sa magie, Themba ne s'est jamais sentie différente de ses parents, elle n'utilise d'ailleurs le terme "moldu" qu'au sein de l'établissement magique, pour être comprise de tous, mais jamais à la maison ou pour elle-même. C'est pour ça qu'elle a tant envie de voir comment se passe un cours d'étude des moldus, pour voir comment le sujet est abordé à Poudlard. Si elle pouvait se transformer en un petit animal...
Tirée de ses réflexions, Themba grimace à la mention de l'arithmancie. "Honnêtement? C'est une catastrophe, comme à chaque fois. J'ai vraiment du mal avec tous ces calculs, ces symboles. C'est tellement abstrait... Mais c'est une matière utile, alors je m'accroche." Elle a un petit rire peu convaincu, et soupire. "Les autres élèves ont tous l'air de vraiment trouver ça cool. Ça t'aurait plu je pense! Dommage que l'entrain des autres ne soit pas contagieux avec moi."

Le regard de Cha' se fit immédiatement interrogatif quand Themba lui demanda de quoi était composée la Chocogrenouille. S'agissait-il d'une question piège ? Parce que jusqu'alors, naïve qu'elle était, l'Américaine avait toujours cru qu'il ne s'agissait que de chocolat Ah bon, on ne t'avais pas dit qu'on mettait dedans aussi une substance addictive très cancérigène ? Flûte !. Beuh de chocolat, ch'imachine... Répondit-elle la bouche pleine, l'air franchement bovin : hormis un délicieux chocolat au lait et un petit sort lui permettant de faire un bond gracieux une fois sur deux, elle ne voyait pas ce qu'il y avait d'autre.
En parlant de bond, Charlotte parvint comme à chaque fois d'ailleurs à éviter celui de sa confiserie préférée, dès son ouverture, en maintenant avec ses deux doigts l'abdomen du batracien : les pattes étaient programmées pour sauter, mais se fichaient royalement de savoir si le reste du corps suivait.

- Oh, mais ne soit pas déçue, je sais que ça arrive très souvent ! Je sais qu'il existe une plante qui perd ses feuilles assez fortement en automne. Il ne faut surtout pas les ramasser puisqu'avec l'humidité, elles forment ensuite un compost qui aide à la pousse des plantes magiques alentours. Et ça arrive plus souvent qu'on ne croit ! Charlotte s'apprêtait à avaler un autre morceau de Chocogrenouille quand sa camarade de dortoir lui demanda alors si c'était le professeur Londubat qui lui avait appris tout cela. Elle ne voyait aucune raison de cacher à son amie la vérité, d'autant plus que Dominique était déjà au courant et qu'il n'était plus un secret pour personne qu'elle passait beaucoup de temps dans les serres. Oui c'est le professeur Londubat. Il était un ami de maman, à l'époque. Elle s'abstint de parler à nouveau de l'AD : tout le monde n'était pas au courant et c'était surtout sans rapport avec le sujet.

Le sujet de l'étude des moldus arrivé, Charlotte répondit du tac-au-tac, sans même trop réfléchir tellement le geste lui paraissait évident. Je pourrai te passer mes notes, si tu veux ! Elle réfléchit ensuite au dilemme de sa camarade et ouvrit inconsciemment dans sa tête un petit débat qui aurait de quoi l'occuper pendant plusieurs jours. Est-ce que les enfants de moldus avaient intérêt ou non à participer au cours d'études des moldus ?
Dans un premier temps la jaune et noir aurait pensé à une perte de temps : inutile de choisir un cours dont on connaissait toutes les réponses, ce n'était pas le but de la manœuvre. Mais il est vrai qu'elle n'avait pas pensé au côté 'triche' évoqué par Themba.
A ses yeux, c'était avant tout plus un enjeu d'apprentissage : qu'on soit bon ou pas n'avait pas d'importance, on allait surtout dans un cours pour y apprendre des choses. Cha' elle, avait justement hésité à faire un choix  tellement tout l'interessait parmi les options proposées.
C'est très intéressant oui... Mais je pense que tu t'y serais ennuyée, justement. Tu as bien fait de prendre un autre cours. Conclut Charlotte, afin d'essayer de rassurer son amie.

La sorcière sourit quand Themba parla ensuite de l'Arithmancie : pour sûr, elle avait plus d'une fois entendu ses camarades se plaindre d'une matière ou d'une autre, la jeune Knox n'était pas la première. Je suppose qu'il te faudra un peu de temps pour t'y familiariser ! Ne t'inquiète pas, je sais que tu y arriveras. Et en plus de ça, Themba n'était apparemment pas entourée de ses semblables : au contraire, tous semblaient y prendre beaucoup de plaisir. Tu peux demander de l'aide à un de tes camarades en plus : s'ils sont à l'aise ils n'y verront surement aucun inconvénient à t'aider ! Dans son esprit, l'entraide faisait partie de la vie à Poudlard : mais elle était à Poufsouffle, ce n'était peut-être pas aussi automatique pour tout le monde. A voir !

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Themba cligne lentement des yeux deux fois, bouche légèrement ouverte, avant de rire de bon cœur à la réponse aussi franche que simple de sa camarade. Elle ne rit pas pour se moquer, mais juste parce que, bêtement, elle ne s'était pas attendue à cette réponse pourtant évidente. Elle rit presque plus d'elle-même que de la réponse de son amie. "Ha ha, bien vu, oui, il doit effectivement y avoir avant tout du chocolat dans les chocogrenouilles!" Elle rit encore un peu avant de reprendre. "Je voulais dire qu'est-ce qu'il y a dans le chocolat. Tu sais comme un fourrage, ou un ingrédient magique. Je trouve que ces sucreries calent beaucoup par rapport à leur petite taille, plus que des chocolats moldus, alors je me dis qu'il y a peut-être un ingrédient magique. Ils n'utilisent peut-être pas le même cacao que nous? (le "nous" désignant les moldus, auquel Themba s'identifie encore régulièrement) Ou ils prennent du lait d'un animal magique plutôt que d'une simple vache? Je me demande si la recette est trouvable dans un livre." Themba, ou l'art et la manière de se poser des questions inutilement existentielles incarnés.
Tout en parlant, elle suit des yeux la vaine tentative de fuite de la grenouille en chocolat. "Jolie maîtrise!"

La noir et jaune sourit d'entendre Charlotte essayer d'atténuer sa (négligeable) déception. Elle apprécie vraiment sa camarade, aussi discrète soit-elle au quotidien, parce qu'elle a indéniablement un très bon fond. Au point que, même si elle respecte son envie d'être seule de temps à autres, elle ne peut s'empêcher de se dire parfois que c'est dommage parce que "le monde" (aka "les élèves de Poudlard susceptibles de la croiser", oui ça fait tout de suite un monde plus restreint) gagnerait à passer plus de temps avec elle. Elle retourne son regard vers l'autre troisième année pour lui répondre. "C'est chouette! Les arbres moldus aussi font ça, leurs feuilles servent de compost lorsqu'elles tombent, autant pour eux que pour les plus petites plantes. Tu t'y connais vraiment en tout cas!"
Themba se contente volontiers de cette réponse, ne cherchant pas à avoir des détails privés. "Ah, d'accord, c'est cool. Il est vraiment sympa, il y a quelques jours il m'a laissé aider à l'entretient des choux mordeurs avec Lucrecia, je ne sais pas si tu vois qui c'est? Elle est à Serpentard. Je ne sais pas si tous les professeurs accepteraient de recevoir des élèves hors des heures de cours."

Lorsque Charlotte offre de lui prêter ses notes sur le cours d'étude des moldus, Themba saute presque de joie sur le banc de pierre. "Vraiment, ça ne te dérangerait pas? Tu es géniale! Il faudra que je trouve un moyen de te remercier!" Puis elle hoche la tête, pensive, lorsque sa voisine lui assure qu'elle se serait ennuyée à ce cours et qu'elle a bien fait de prendre l'autre. C'est aussi logique que difficile à croire pour la née moldue, étant données ses difficultés en arithmancie.
Mais elle sourit à nouveau en entendant les encouragements bienveillants de son amie. Oui, bien sûr, elle va persévérer, elle ne compte pas laisser tomber même si elle a souvent l'impression de ne pas progresser du tout. Elle répond simplement "Oui tu as raison, je demanderai aux autres si..." avant de s'arrêter, frappée par l'évidence de cette solution. Demander de l'aide, travailler avec d'autres élèves qui comprennent. Elle qui est la première à proposer son aide lorsqu'un camarade avait du mal en botanique, soins aux créatures magiques, ou même occasionnellement en potion, elle qui vante les bienfaits de l'entraide, n'a même pas cherché à se faire aider à son tour. Elle se fait intérieurement une pichenette sur le front, avant de rire en récitant à moitié une vieille expression moldue. "Les cordonniers..." Merci Cha'!