Bet you wanna [PV]

Bet you wanna

Vanellope + Tony

Time to shine I bust down the AP The stakes is higher Let’s do what we both desire

Aux premiers jours de février, on put apercevoir Vanellope en grand débat avec une de ses proches amies, Viska, à plusieurs reprises. La raison en était que la lionne s’agaçait du comportement de la Serpentard – que cet agacement soit ou non légitime étant un tout autre problème -, en effet V avait eu espoir suite au bal de Noël et aux événements des vacances qui avaient suivi que Flynn et Viska allaient sortir ensemble, or aucun des deux ne paraissaient se décider. La préfète n’était pas connue pour être une grande romantique, au contraire, mais se concentrer sur ce point précis de la vie de son amie lui permettait de ne pas trop penser à tout ce qui s’était passé en un an pour Viska. On pouvait lui reprocher son entêtement, en revanche il était difficile d’oblitérer qu’elle agissait ainsi en toute bonne foi, simplement parce qu’elle se faisait du souci.

« Non mais… ‘Ska… je ne dis pas que ton idée pour la Saint Valentin est mauvaise ou quoi, au contraire, j’suis sûre qu’il va kiffer, mais est-ce que ça t’empêche de lui demander clairement d’être ton valentin ? Au final, ça r’vient au même, non ? » argumenta la rouge et or, un pli soucieux barrant son front, comme à chaque fois qu’elle constatait le déni dans lequel s’enfonçait Viska. Elle comprenait plus facilement les réticences de Flynn – en parti parce qu’ils avaient un fonctionnement plus proche – vu que l’ombre du passé de leur amie commune pouvait pousser à la prudence. Pour avoir eu des sentiments amoureux pour Viska, elle voyait bien ce que ça pouvait avoir de prise de tête. Ce n’était pas que la Serpentard soit difficile à vivre, c’était juste qu’elle avait l’esprit bourré de songes romantiques qui n’était leur came ni à Flynn, ni à elle. On notera à ce sujet que pour autant elle n’était pas convaincue que ce soit ça qui ralentissait le processus du côté de Flynn, c’était plutôt ce qui l’avait bloqué elle (entre autre) à l’époque… jusqu’à ce qu’elle se fasse tout simplement souffler ‘Ska par l’autre imbécile de capitaine de Serpentard. Mais ceci était une autre histoire, du passé qui plus est ! « Non. Ça gâcherait la surprise ! Et puis, ma petite V, plutôt que de t’occuper de mes affaires, tu ne devrais pas plutôt faire un petit point sur ta relation avec Thomé ? Est-ce que vous avez parlé depuis le bal ? » V grimaça à la mention de son cavalier au dernier bal. Elle ne savait pas vraiment où ils en étaient puisqu’elle évitait autant que faire se pouvait de le voir en tête à tête. Comme ce comportement relativement immature ne lui ressemblait pas, elle se doutait qu’elle allait devoir discuter avec le cinquième année à un moment ou un autre… mais est-ce que ça pressait ? Non ! Et puis, elle n’était pas dupe, Viska essayait juste de changer de sujet ! « Ne détourne pas la conversation ! C’est pas moi qui veux fêter la Saint Valentin hein ! » ‘Ska partit d’un éclat de rire et déposa une bise sur la joue de son amie « Allez, arrête de t’en faire comme ça, tout ce qui compte c’est que mon idée plaise à Flynn, tu crois pas ? Et toi, tu devrais aller voir Thomé, ce serait quand même plus correct. » Et sur ces paroles, la Serpentard laissa son amie seule.

V envisagea un instant d’aller à la bibliothèque avant de se raviser et de prendre le chemin de la salle commune des Gryffondor. Une fois dans celle-ci, elle aperçut Tony penché sur une liasse de papiers. Cette image était assez rare pour être remarquée, aussi s’approcha-t-elle de son ami et lui tapota-t-elle l’épaule pour attirer son attention. « Eh, salut toi ! Qu’est-ce que tu fais ? T’as l’air à fond, ça te ressemble pas. » Cette remarque n’avait rien de méchante : Tony n’était pas très scolaire, même s’il avait quand même réussi à atteindre sa septième année, ce qui n’était pas si mal. « Si tu as besoin d’aide, je peux t’offrir mes services : exceptionnellement, je n’ai absolument rien à faire. » C’était devenu rare ces derniers mois entre sa mission de préfète, sa collaboration avec l’entreprise qui avait acheté le brevet de sa tablette magique, les cours et les clubs… Un pour cette raison, mais aussi parce qu’ils n’étaient pas tout à fait dans le même cercle social, V et Tony avaient passé peu de temps ensemble depuis septembre. Comme elle n’avait pas des millions d’amis, cela faisait un peu culpabiliser la lionne. Tony quitterait Poudlard dans quelques semaines – et Fiona avec lui, V savait que sans sa meilleure amie, l’école de sorcellerie ne serait pas la même – et elle s’en voulait de ne pas plus profiter de sa présence tant qu’il était encore là.

Observant la liasse de papiers devant le septième année, elle remarqua qu’il s’agissait de brouillons de courrier : « Ce sont des courriers ? Tu fais des lettres de motivation ? » questionna-t-elle en songeant que c’était plutôt logique pour un élève en dernière année de devoir en passer par là. Elle n’aurait probablement pas à le faire, elle, puisqu’elle savait déjà où elle travaillerait après Poudlard, mais ça c’était uniquement parce qu’elle avait pris ses dispositions dès qu’elle avait terminé de mettre au point la tablette magique avec le professeur Flitwick. Malgré son talent dans l’ingénierie, cette année passée à jouer les consultantes avait confirmé qu’elle n’était pas faite pour bosser dans ce genre d’entreprise. Outre le manque d’aspect créatif, elle n’aimait pas le système hiérarchique sans porosité de cette industrie. Avoir vendu sa part du brevet et continué à travailler avec eux lui permettait seulement d’avoir un pécule pour se lancer après Poudlard sans se reposer sur sa mère – ce qui n’était pas négligeable -. Rapidement, V avait profité de sa place à Magic Mix pour postuler comme stagiaire dans la boîte de production Montgomery. Elle voulait devenir productrice de musique dans le monde magique, ce qui ne se ferait pas sans peine, mais elle avait tout de même déjà un stage. Ses économies lui serviraient à amortir le fait qu’elle serait très mal rémunérées pendant au moins la première année, si ce n’était plus. En mettant au point ce projet, elle espérait pouvoir aider à produire un album de Fiona… mais ce ne serait pas pour tout de suite, son amie s’envolant vers cette carrière avec un an d’avance sur elle.

Patiemment, V attendit la réponse de Tony. Elle aurait pu regarder les en-têtes pour satisfaire sa curiosité, mais ça n’aurait pas été poli, et elle ne voyait pas pourquoi son ami ne lui répondrait pas de toute façon.

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Feat. Vanellope

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Tony était un excellent batteur. Certainement l’un des meilleurs à avoir foulé les corridors de Poudlard, selon son propre avis. Le fait qu’il ne connaisse que peu ses prédécesseurs ne pesait pas, à ses yeux, dans la balance d’un quelconque biais. Il avait du talent, et pas qu’un peu. Ça lui semblait suffisant pour justifier ses certitudes mégalomanes. Ne lui en déplaise, il n’avait toutefois pas reçu la moindre lettre d’un recruteur. Pas encore, s’était-il dit durant des mois. C’était aux vacances de Noël que Michaella lui avait suggérer de leur écrire directement, et de prouver son intérêt. Les lettres de motivations étaient, selon elle, l’une des meilleures manières d’établir un premier contact avec un employeur potentiel. Ou, dans ce cas-ci, l’équipe de ses rêves. Il avait promis à sa sœur qu’il suivrait ses conseils. Elle n’avait pas insisté, se doutant bien qu’il tiendrait parole. La question était davantage de savoir quand.

Tony tint effectivement parole et suivit les conseils de Mich’. Il lui avait fallu une demi-douzaine de semaines avant de s’exécuter, mais le voilà enfin attelé à la tâche. Il avait griffonné ce qui s’apparentait à des brouillons dans le fond des salles de cours, et il avait réfléchi à des formulations et des tournures de phrases convenables et plus avenantes que son franc-parler naturel. Il s’était même demandé s’il ne devrait pas polir ce qui pourrait trahir ses origines socio-économiques. Enfin, il l’avait formulé plus simplement, évoquant mentalement ses origines de pêcheur irlandais.

Ce matin-là, Tony avait décidé de se lancer. Il jugeait avoir suffisamment cogité au cours des deux derniers jours et être prêt. Il ramassa ses quelques esquisses de phrases polies, ses brouillons encadrés de vagues notes prises dans ses cours, son encrier et la plus belle plume qu’il ait pu trouver dans le dortoir des garçons de septième année, puis il descendit à la salle commune. La plupart des élèves semblaient être en cours, et il en profita pour s’installer et s’étendre sur l’une des tables basses près du foyer. Il avait bien songé se rendre à la bibliothèque, mais il n’avait pas envie d’y être vu. Il n’était jamais certain, non plus, d’une visite presque qualifiable d’annuelle à la suivante, s’il se souvenait où elle était située.

Les fesses sur un coussin à même le sol, l’aspirant batteur professionnel relisait, raturait, comparait et personnalisait les parchemins devant lui. Il les avait pour l’instant adressés aux équipes les plus renommées de l’archipel britannique. Une seule d’entre elles ne s’y trouvait pas, outre évidemment les Harpies de Hollyhead. Tony voulait que la lettre pour les Pies de Montrose soit parfaite. Il rêvait de rejoindre cette équipe plus qu’aucune autre. Plus encore, même, que les Crécerelles, club local de son Kerry natal. Aussi, les lettres à destination de Kenmare, Portree, Appleby, Wigtown, Caerphilly et Tutshill ne lui serviraient pour l’instant que de pratiques. S’il ne recevait que des retours négatifs, il se résignerait à écrire aux équipes les plus faibles de la ligue, quitte à devoir même se résigner à quêter une place au sein des Canons de Chudley. Ça n’était pas la panacée, mais au moins serait-il dans la ligue.

Le septième année réprima un sursaut au geste de Vanellope. Il lui répondit d’un grognement et lui balança un regard mi-suspicieux mi-coupable. Il n’avait pourtant pas été pris sur le fait de quoi que ce soit, outre possiblement prouver qu’il savait se montrer assidu quand ça comptait véritablement. C’était simplement sa réaction première à l’arrivée d’un préfet, ou dans ce cas-ci d’une préfète, aussi amical fut-elle.

Tony prit la peine de terminer ce qu’il était en train d’écrire, avant que son idée ne disparaisse dans les abysses de son esprit. Il ne capta pas immédiatement la chance que lui offrait son amie à travers son aide, ne parvenant pas encore à détacher son esprit d’une question transcendante : devait-il écrire there, they’re ou their ?

« J’écris », répondit-il d’une voix un peu absente, alors qu’il optait pour une graphie au hasard.

Tony releva la tête dès qu’il eut posé le minuscule cercle qui ponctuait sa phrase. Il sourit à V, et répondit à ses nouvelles interrogations. Moins froidement qu’un instant auparavant, car il avait libéré son esprit des mots qui s’y étaient entassés avant d’être déposés sur le papier.

« Ouais, comme j’ai pas encore vu d’recruteur passer m’observer aux pratiques, j’m’ai décidé d’prendre les choses en main. »

On notera l’absence de mention ou de crédit pour la soeurette. C’était déjà suffisamment difficile d’admettre qu’il n’avait pas attiré l’attention des équipes de la ligue, alors il pouvait bien se prendre les mérites de cette idée. Tony ne s’était jamais attendu de devenir joueur étoile dès son dix-huitième anniversaire ; il savait bien qu’il débuterait sa carrière en tant que réserviste, le temps de faire ses preuves et monter en galons.

C’est environ à ce moment-là que l’offre précédente de V résonna à ses méninges. Vanellope était une élève brillante, mais au-délà elle était une personne intelligente. Elle pourrait certainement l’aider à rendre ses lettres plus attrayantes, et le connaissait suffisamment bien pour ne pas les dénaturer, ou du moins pour qu’elles lui ressemblent encore suffisamment, afin de ne pas paraître génériques et décharnées. Des pensées qui tenaient davantage de l’instinct et qui se traduisirent ainsi :

« Tu sais écrire, toi ! Tu voudrais les corriger avec moi ? »

Tony savait également écrire, bien évidemment, la preuve en était aux rouleaux de parchemin sur la table de salon. Il n’était toutefois pas dupe et savait que ses notes parfois basses n’étaient pas toutes reliées à un crâne trop épais pour y laisser s’immiscer l’information : il avait également du mal à ordonner ses pensées sur papier de façon claire et organisée. S’il ne pouvait ainsi prouver aux professeurs qu’il avait compris et retenu le contenu de leurs cours, ils ne pouvaient évidemment pas lui donner les points correspondants. Si, dans son quotidien scolaire, ça lui faisait une belle jambe, on ne pouvait pas prétendre que l’idée de ne pas être pris par son équipe favorite, en raison de ses incompétences en écriture coulait sur lui comme sur un impervius.

Orgueilleux comme un paon, Tony avait toutefois réussi à mettre de côté ce travers pour un moment, car il voyait bien que c’était ainsi qu’il obtiendrait le plus grand bénéfice à long terme. Également, c’était moins honteux d’avouer son inaptitude à une seule personne que de devoir annoncer à tous les gens qu’il connaissait qu’il ne jouerait finalement pas dans la ligue britannique et irlandaise de quidditch, alors qu’il le leur avait promis et leur avait rabâché les oreilles depuis des années.

Vanellope + Tony

On ne pouvait pas dire que V provoquait vraiment la peur chez ses condisciples : de ses cheveux régulièrement colorés dans des teintes pastelles à sa petite taille, elle n’était pas la plus imposante des préfets… et de fait, elle s’était assez vite retrouvée, dans l’équipe, préposée à la discipline des plus jeunes. Elle se chargeait donc de tirer les oreilles à Potter Junior et sa bande de potes mais s’occupait peu de ses camarades de septième années qui, d’après elle en tout cas, devaient rester le problème de Graham et Lucas, tous les deux dans cette année avec Tony et les autres. Pour cette raison, elle fut assez surprise du léger mouvement de recul de son ami. « Je vois ça » répondit-elle avec une pointe de suspicion dans la voix. Que pouvait faire de si secret le jeune homme ? Surtout par écrit, ce qui n’était pas vraiment son point fort d’après ce qu’en savait V. Et elle ne portait aucun jugement sur ce fait, ayant été dans ses années de primaire une élève très moyenne - si elle brillait désormais c’était uniquement par esprit de revanche (et c’est une motivation comme une autre après tout!) -, dans cet état d’esprit, elle laissa ses prunelles grises fixées sur le batteur, attendant une suite qu’elle espérait bien voir arriver.

Ce fut le cas et V répondit à la remarque de Tony par un sourire qui se voulait encourageant « C’est une bonne idée, certains arrivent à laisser faire le destin, mais parfois forcer un peu les choses c’est bien aussi. Surtout dans un domaine aussi concurrentiel que le sport ! » Tony n’était pas le seul à vouloir devenir pro’ alors il devait forcément s’être préparé aux difficultés d’un tel choix de carrière. Pour autant, V trouvait que cela lui correspondait bien : il ne se donnait jamais autant que sur un terrain !

Rebondissant à rebours sur sa proposition, son ami lui demanda si elle voudrait l’aider. Elle hocha la tête par l’affirmative et s’installa près du lion pour mieux voir ce qu’il écrivait. « Vas-y, dis-moi ce que tu voudrais que je fasse : autant que mon cerveau super génial te serve ! » V était à moitié sérieuse et à moitié en pleine plaisanterie. Elle était vraiment un petit génie dans son domaine, mais elle restait aussi une fille pour qui être non conventionnel était une qualité. « On est d’accord qu’en gros, là, il faut que tu blablates en mode regardez-moi j’suis le meilleur ? Donc moi ce que je te conseillerais, c’est de commencer par justifier les lacunes évidentes de ta candidature puis de terminer par une plâtrée de points positifs ! Une des bases d’une bonne argumentation c’est de toujours terminer par ce qu’on veut que l’autre retienne. » Même si elle n’avait pas eu besoin d’en faire beaucoup jusqu’ici – une seule en réalité -, une lettre de motivation n’était pas très différente d’une dissertation : en plusieurs parties, il fallait argumenter, sauf qu’il fallait le faire à son seul profit. Et, ce qui avantageait Tony à l’heure actuelle, c’est que si les dissertations n’étaient pas trop sa tasse de thé, en revanche V y avait toujours bien réussi (mieux qu’aux petits contrôles de connaissances basiques qu’elle avait volontairement oublié de bûcher car ils étaient d’un petit coef dans sa moyenne).

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Feat. Vanellope

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Tony se hissa sur une seule fesse, en un équilibre précaire, le temps de réajuster le coussin au sol qui, seul, permettait à son sang de voyager jusqu’à ses jambes. Il n’avait jamais été du style à rester en place très longtemps, et définitivement pas en position assise. Ne l’était-il pas suffisamment en cours, après tout ? Pourtant, il restait là, entêté, avec toute la discipline que le sportif pouvait avoir acquise sur le terrain comme seule stratégie pour ne pas prendre ses jambes à son cou. Bon. Il n’était pas resté parfaitement immobile à plancher, non plus : c’était le troisième coussinet qui servait sous son postérieur.

Un sourire crispé fendit son visage un court instant, alors que V lui confirmait que l’idée de Mich’ était bonne. Évidemment. Avoir pris le crédit lui semblait alors être un couteau à double tranchant, et il venait de s’y faire une estafilade à l’orgueil. Tant pis. Il avait la peau épaisse : ça cicatriserait, comme tout le reste!

Vanellope se rapprocha pour mieux voir l’œuvre qui s’étendait pêle-mêle devant eux. D’une moue un brin défaite, il répondit « J’sais pas… J’suis un peu perdu, là. » Ce n’était pas tout à fait honnête : il voudrait bien lui demander de tout faire le boulot à sa place, mais se doutait qu’il ne se prendrait pas seulement un mur, mais reviendrait à la case départ. Quant à sa confusion, il était plutôt clair à voir sa méthode de travail qu’un peu d’ordre pourrait l’aider à y voir plus clair. Heureusement, tous les gryffondors n’étaient pas des bourrins brouillons, et la préfète lui présentait un plan d’action digne de… ben, d’une élève attentive, en fait.

« Je suis le meilleur ! » s’insurgea à demi le batteur, alors qu’il jaugeait d’un regard suspicieux son amie. Voulait-elle dire qu’il fallait simplement qu’il emmène les recruteurs à voir cette vérité, ou qu’il devait le prétendre, comme si elle croyait que c’était une fausseté ? Bien qu’il ait raté quelques-uns des mots de V qui suivirent, Tony se redressa comme une ourse, sauf qu’il n’avait aucun ourson à protéger. Les sourcils barrés, il laissa terminer la préfète, en prenant bien soin de tourner la langue dans sa bouche. Un truc de sa mamie, quand il était piqué au vif.

« Quelles lacunes évidentes ?

Ses yeux passèrent de Vanellope au parchemin sur lequel était déposée sa plume, des ratures barrant une proportion inquiétante des mots qui y étaient inscrits. Bon. Peut-être qu’il n’était pas un modèle académique, mais en quoi est-ce que ça pourrait lui porter préjudice quand il serait question de voler sur un balai et taper sur un cognard ?

« J’ai pas b’soin de leur envoyer mon bulletin, t’jours ben? »

Et puis, sa calligraphie n’était pas la plus lisible de tout Poudlard. Pas la plus soignée, non plus, il fallait bien l’admettre. Pédro grommela pour la forme. Qu’avait-donc pu faire Vanellope pour qu’il se remette en question ainsi, tout à coup ?

Non! Ça n’était pas vrai que Tony O’Donnell se laisserait abattre. Il ferait l’école buissonnière et irait porter ces lettres en mains propres, s’il le fallait, mais il s’assurerait que chaque club le moindrement intéressant connaisse son nom et témoigne de son talent. Pardi! Dans quelques années, les équipes s’arracheront le joueur étoile qu’il sera devenu, et son maillot deviendra légendaire.

Tony se saisit de sa plume, repoussa les parchemins d’un geste négligeant, et après une petite visite de l’encrier, traça quelques mots sur le parchemin. Sans prendre de détour ni de gant blanc, il annonça avoir un niveau faible en orthographe, sans que cela n’affecte ses autres compétences. Il hésita un court moment, la plume tournant un instant sur elle-même entre son pouce et son index, avant de poursuivre sur sa maîtrise des matières académiques. Quand il en eut terminé – et ce ne fut pas très long -, il tourna le parchemin vers la lionne, pour qu’elle y lise les quelques lignes fraîchement rédigées.

Le silence du joueur de quidditch n’en posait pas moins bruyamment la question qu’il avait en tête : avait-il suffisamment traité de ses lacunes évidentes?

Vanellope + Tony

« C’est normal si tu n’as jamais eu l’occasion de faire de lettre de motivation avant » Vanellope se montrait rassurante envers son ami, sentant qu’il n’était pas à 100 % à son aise dans cet exercice de rédaction et de promotion de lui-même. Elle le comprenait, ce type de lettre, aussi technique que barbante à rédiger, n’avait pas de quoi illuminer une journée. Tony aurait probablement préféré s’entraîner sur le terrain ou aller passer du temps avec ses amis plutôt que de bûcher sur son avenir… cela restait malheureusement le lot de tous les septièmes années. Fiona aussi s’en occupait, même si c’était en préparant sa démo pour les producteurs plus qu’en faisant des lettres.

Face à Tony qui s’insurgeait, V songea avec amusement qu’elle connaissait un autre batteur de l’école – McGowan, aussi capitaine de Serpentard – qui ne serait pas du tout d’accord avec la remarque de son ami. Seulement, comme elle détestait Jensen alors qu’elle appréciait sincèrement son camarade de maison, elle ne souleva pas cette question et répondit à la place : « Oui, moi je le sais, mais pas les recruteurs, et c’est eux que tu dois convaincre ». Les places étaient chères, et dans leur génération beaucoup voulaient devenir joueurs professionnels : McGowan donc, mais aussi Victoire, et Tony… tout ce petit monde allait devoir se faire sa place dans des équipes déjà majoritairement constituées. Et contrairement à d’autres, en tant que né-moldu, son ami n’allait pas pouvoir être pistonné.

« Il paraît que les recruteurs regardent aussi le dossier scolaire, les résultats aux BUSES, aux ASPICS, les appréciations, le nombre de punitions, etc. » Or si Tony était doué sur le terrain, l’école n’avait jamais été autant son truc qu’il était celui de la préfète. Elle le savait, lui aussi devait bien en avoir conscience, donc il allait falloir qu’il camoufle un peu tout ça, ou en tout cas qu’il le fasse passer pour quantité négligeable. Vu qu’on ne demandait pas aux batteurs de réaliser les stratégies – sauf quand ils étaient aussi capitaine -, elle supposait que le dossier scolaire du lion ne devait pas constituer un trop gros handicap, il fallait seulement qu’il n’agisse pas comme si celui-ci n’existait pas du tout. « Tes bulletins, non, si ta candidature les intéresse, ils iront directement se renseigner ici. Par contre ce serait pas mal que tu obtiennes une lettre de recommandation de certains professeurs, et surtout du professeur Clarks. » Pour un joueur de Quidditch, une recommandation de celui qui leur enseignait le vol sur balais paraissait aller de soi.

« Ok, ça devrait aller. » dit-elle en lisant les quelques lignes écrites par Tony, en réalité elle n’en était pas si sûre, car elle n’aurait pas forcément mis l’accent sur l’orthographe mais plutôt sur les choix des matières conservées aux détriments d’autres. Victoire veillait toujours à avoir un bon bulletin pour passer ce genre de question sans mal dans l’avenir… mais elle sentait son ami mal à l’aise et jugea préférable de se concentrer sur les points positifs pour le remettre en confiance. « Maintenant les points positifs, qui doivent prendre la plus grande partie de ta lettre, et je pense que tu peux commencer par ton expérience dans l’équipe de Gryffondor. Vous avez gagné la coupe certaines années. » Même si pas l’an dernier, leur maison ayant perdu face aux Serpentard. « Tu peux aussi parler de tes capacités physiques, de ton amour du Quidditch, du poste de batteur, etc. Et après il y aura la partie de ta lettre qui devra changer en fonction de l’équipe à qui tu écris, c’est là que tu dis pourquoi tu voudrais intégrer leur équipe à eux plutôt qu’une autre. Tu as fait une sélection ? » interrogea-t-elle, regardant si sur la table une telle liste était posée sans la voir pour autant.

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Évidemment que c’étaient les recruteurs qu’il devait convaincre, et pas les élèves de Poudlard : le moindre d’entre eux possédant des yeux et un minimum de jugement se rangerait immédiatement de son côté. Et pas seulement pour éviter de se prendre « accidentellement » un cognard lors d’un futur match. Tony se contenta de lever ses pouces, pour confirmer qu’il suivait toujours, et était même sur la même longueur d’ondes. Des pouces qui s’abattirent rapidement au sujet de ses performances académiques.

Un nuage passait donc sur le visage blêmissant de Tony. Son dossier scolaire n’était pas glorieux, et il avait définitivement bien plus de punitions et de retenues que de félicitations, de manière générale à tout le moins. Son meilleur espoir était qu’il était certainement de tricher, ou de mentir, comme trop souvent dans la vie pour que ça reste drôle de le faire à toutes les sauces. L’essentiel serait que le jupon ne dépasse pas trop, et que sa présentation reste crédible. Un peu comme le maquillage de sa tante Grace, qui avait tendance à être appliqué trop généreusement pour détourner l’attention de ses imperfections.

Contacter directement Poudlard pour étudier ledit dossier de Tony venait bêtement contrecarrer ses plans trop peu mûris. Il ne pourrait donc pas simplement tout pousser sous le tapis, et heureusement pour lui, Vanellope lui présenta une solution aussi simple qu’élégante : quelques lettres de recommandations de la main de membres du personnel du collège de magie. Tony approuva d’un signe de tête vif à la mention de leur directeur de maison. C’était un choix doublement logique : non seulement était-il le membre du corpus enseignant qui le connaissait le mieux – et était responsable de lui, d’une certaine manière – mais il était également l’instructeur de vol. Quel autre professeur appréciait ses performances de quidditch et sa personne, ou duquel était-il suffisamment dans les bonnes grâces pour qu’il accepte d’écrire ses éloges?

Au moins, ce qu’il avait déjà écrit semblait convenir. Ce poids en moins sur ses épaules, Tony se détendit légèrement, souriant, et reprit de sa superbe habituelle. Il reprit de même sa plume et la trempa dans son encrier, comme s’il s’apprêtait à inscrire sur le parchemin ce que V lui dicterait. Si, réellement, ça avait été son intention, le batteur s’adapta rapidement et transcrit plutôt l’énumération de la préfète en reformulant avec sa touche personnelle, sans trop faire attention aux fautes : ils pourraient toujours les corriger plus tard. Jusqu’à ce que son écriture soit complètement illisible et qu’il abandonne. Ça allait trop vite pour lui, et Tony se contenta plutôt de noter les éléments à aborder.

« Mes coéquipiers m’aiment ben. Même Victoire est satisfaite d’mon jeu », énonça-t-il lentement alors qu’il inscrivait cette idée à la suite des autres points positifs. Il savait jouer en équipe et y être apprécié, donc. Seulement, il lui avait manqué les mots pour le dire clairement.

Quant à la dernière partie de la lettre, Tony se redressa et tourna un visage embêté en direction de Vanellope. Il n’avait pas songé à ce niveau de personnalisation, et ce n’était pas faute de ne pas avoir fait de sélection. Enfin. À son habitude, même le tri entre les équipes qu’il préférait, pour lesquelles il accepterait de jouer, et celles dont il ne voulait rien savoir était un peu brouillon.

« Euh. J’ai mis les Canons d’côté. Pis les Harpies, clairement. » Tony fit un rapide geste pour signifier qu’il avait trop de poil au menton pour espérer y décrocher un poste. « L’mieux, ce s’rait qu’Montrose me prenne. J’suis fan d’puis qu’j’connais l’quidditch. Sinon les Crécerelles, ce s’rait pas trop loin d’chez moi, j’aurais d’quoi être fier. J’pensais m’servir des lettres aux autres équipes cooles pour m’pratiquer, avant d’envoyer ma candidature aux Pies ou aux Crécerelles. »

Était-ce une stratégie qui tenait la route, et que Fiona, Mich’ ou V aurait suggérée, ou est-ce que ça le mettrait simplement en retard et…

« Vont penser qu’ils sont mon deuxième choix, si j’fais ça, hein? »

Tony poussa toutes les retailles de parchemin sur lesquelles il avait travaillé dans un coin, en ce qui était, à ses yeux, une pile ordonnée. Ne conservant que sa dernière ébauche, où les points à aborder, griffonnés, se trouvaient également et un rouleau vierge, le lion se concentra sur le morceau de papier devant lui. Il expira bruyamment, comme s’il s’apprêtait à sauter dans un bain d’acide frigorifique.

« Okay, je vais m’réessayer encore. Tu restes pas trop loin au cas où c’que j’aie des questions? Ou pour r’lire, quand j’aurai fini. Ou pas, faudra qu’tu dormes un moment donné. »

Il avait conscience que ça lui prendrait un bon moment, mais également qu’il avait besoin de l’aide, du soutien et de l’esprit critique de son amie.[/color]

Vanellope + Tony

Tony paraissait plus ouvert aux conseils de sa camarade qu’au début de la conversation, V sentait cependant que tout ce qu’elle lui disait n’était pas aussi bien reçu que sa proposition de demander une lettre de recommandation au professeur Clarks. Il faut dire que Tony, tout en n’ayant pas le plus mauvais dossier scolaire de sa promotion car la concurrence en matière de bêtise et/ou de fainéantise ~~bisous Graham~~ était rude (certains de ses camarades avaient même été renvoyés de Poudlard pour avoir harcelé Alan l’année précédente!), avait quand même quelques retenues et autres remontrances dans son dossier. Il ne devait cependant pas être le premier joueur de Quidditch à avoir du mal à se tenir tranquille sur le banc de l’école ! V elle-même faisait illusion parce qu’elle était plutôt douée mais elle n’était pas une grande passionnée des cours… c’était assez normal à l’adolescence ! Faisant ici preuve d’un optimisme relativement rare chez elle, mais c’était surtout car elle souhaitait le meilleur pour Tony, V se dit que quelques bêtises ne pouvaient vraiment décourager les sélectionneurs !

« C’est une bonne chose, dans un travail d’équipe, être apprécié de ses coéquipiers, c’est quand même très important ! » souligna la préfète avant de se concentrer sur la question des équipes : c’était bien joli d’écrire des lettres, mais il fallait bien savoir à qui Tony comptait les adresser ! D’autant que la brunette était persuadée qu’il valait mieux se concentrer sur une stratégie appréciative : complimenter au maximum, montrer que Tony était vraiment un passionné, ce genre de chose ! À ce titre, il était pertinent de soupeser la possibilité de faire deux envois ou au contraire de tout centraliser. Les recruteurs discutaient-ils entre eux ? V aurait été en peine de le dire, elle n’y connaissait rien au milieu du sport – même chez les moldus, elle avait de grosses lacunes dans ce domaine -, aussi prit-elle quelques secondes de réflexion avant de dire : « Je pense qu’il vaudrait mieux que tu envoies tout d’un seul coup, au cas où les recruteurs se parleraient entre eux des demandes qu’ils reçoivent. À mon avis, ça passera mieux d’avoir fait des demandes larges que de de leur laisser penser qu’ils sont un second choix. » Cette conclusion étant issue de celle faite par Tony lui-même. Il ne fallait pas que les équipes dans lesquelles il postulait pensent qu’il se fichait du résultat : maximiser ses chances, c’était la meilleure méthode pour obtenir un avis favorable ! À ce sujet, Tony avait-il pensé à postuler à l’étranger ? Et, en même temps, le voulait-il ? V garda cette question pour une autre fois : ils avaient déjà assez à faire avec les équipes anglo-saxonnes.

V corrigea encore quelques tournures, puis Tony se motiva pour poursuivre la rédaction des lettres. Alors qu’il demandait si elle pouvait rester pas trop loin, elle lui serra gentiment la main avant de désigner le fauteuil derrière elle : « J’vais me poser là, t’inquiète, je bouge pas tant que t’as pas fini ! J’vais lire, si t’as besoin de moi, t’appelle ! » Elle se cala dans l’un des énormes fauteuils rouges de la salle commune, prit un roman dans sa besace et se plongea dans sa lecture pour ne pas déranger Tony. Elle craignait de le perturber si elle le fixait alors qu’il écrivait. Ainsi, la soirée se passa, entre corrections et lecture pour V, toujours à la demande de son camarade. Finalement, elle avait peut-être bien fait de venir le voir, n’est-ce pas ?

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Terminé pour V

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