Poker Party chez Barjow & Beurk [Pv]

La pluie tombait fortement depuis déjà deux jours sur la vieille Angleterre. Personne dans les rues. Les magasins vides. Tout était triste... et propice à la sortie de tout fugitif, qui plus est, de tout Mangemort qui venait de s'évader brillament d'Azkaban. Smocking sombre et rayé sur chemise et cravate blanche, canne noire au pommeau d'argent, long manteau noir, gants noir également, capuche rabattue sur la tête et ne laissant paraître que la pointe du menton : il semblait être la seule personne humaine à se promener des les étroites rues sombres de l'Allée des Embrumes. Seuls les rats déguerpissaient à chacun de ses pas martelant les flaques d'eau. Tant mieux. Personne ne risquerait de le remarquer, ni de le dénoncer. Ayant une destination bien précise, le Mangemort se hata de s'y rendre pour ne pas rester plus longtemps sous la pluie même si son manteau avait été imperméabilisé par sortilège. Les débris de bois pourris contre les murs ainsi que le silence qui régnait dans l'allée lui donnait comme à son habitude une atmosphère mal famée. Angoissante pour ceux qui n'avaient rien à y faire et qui s'y perdaient par mégarde, accueillante pour toutes les créatures de la Nuit.

Le cadet passa devant une affiche mouillée collée contre un mur sur sa droite, où la photo centrale laissait voir un personnage hystérique aux yeux émeraudes portant une tenue de bagnard et une camisole de force. L'affiche avait été un peu déchirée sur le côté mais cela n'empêchait nullement tout passant la regardant de se trouver face à cet homme à la barbe rèche et aux lèvres bleuies par le froid, qui riait et riait encore en se balançant de tous les côtés, comme s'il était animé d'une folie si sombre et si profonde qu'il en provoquait des frissons à vous glacer le sang. C'était exactement le même homme qui marchait sous la pluie. Rabastan Lestrange. Un nom qui ne pouvait plus être ignoré par qui que ce soit désormais, depuis qu'il avait réussi à s'évader de la célèbre prison d'Azkaban. Certes, il était le deuxième, mais cela restait tout de même un exploit de grande envergure ! Sa renommée chez les Mangemorts s'était accru, y compris auprès de son vénérable maître qui avait été la seule source de sa détermination si farouche !

On le savait déjà extrêmement intelligent, à présent le terme de "génie" était bien ancré à son noble nom de Sang-Pur. Son Maître l'avait félicité lors de son retour, et depuis Rabastan avait envie de faire le double pour lui prouver de nouveau sa fidélité ! Il était fier de cette reconnaissance que le Lord avait eut à son égard lors de cette fameuse soirée célébrant son retour ! Les autres n'avaient eut que ce qu'ils méritaient ! La torture, la mort suivant les cas... Ils avaient fui, les lâches ! Alors que Rabastan avait gravi depuis sa fuite et le retour du Lord plusieurs échelons en un coup ! Un de ses plus fidèles Mangemort ! Presqu'au même rang que ce vautour de Rogue ! Soi-disant bras droit...

Rabastan arriva enfin devant la boutique de Barjow & Beurk, miteuse d'apparence et très ancienne. Un lieu réputé dans le milieu de la Magie Noire, on pouvait y trouver ce qu'on voulait, et même demander quelques "services" au gérant de temps en temps étant donné qu'il soutenait Vous-savez-qui. Ou plutôt qu'il y était forcé. La clochette à l'entrée tinta tandis que le fugitif poussait la porte et entrait. Il abaissa sa capuche et s'avança au comptoir où un petit homme plus large que haut le fixait avec des yeux exhorbités. Visiblement, il ne s'attendait pas à le voir, lui, ici. Rabastan sourit, ravi de son petit effet de surprise. Il écarta les bras avec grande cérémonie, comme s'il était un vieil ami revenant après une longue absence et ayant envie d'enlacer un membre de sa famille. Ce geste associé à son large sourire moqueur et inquiétant laissait clairement voir que le Mangemort plaisantait. Rabastant méprisait ce genre de vermine. L'homme devint livide. Hihihi ! Il était fou. Le marchand paniqua et essaya d'atteindre la porte noire derrière lui qui menait sur l'arrière boutique, comme s'il voulait s'y réfugier. Ses mouvements pour tenter d'ouvrir la poignée étaient plus que maladroits tellement ses mains tremblaient.

Vif et agile, avec une sacrée envie de se dérouiller depuis qu'il était libre, le fugitif prit le premier poignard qu'il trouva à sa portée sur l'étagère de gauche et le balança en plein milieu de la porte où il se planta en vibrant. Une seconde plus tard, le Mangemort le saisissait de dos par l'encolure de sa veste crasseuse et lui écrasait la tête contre la porte. Oui, il avait quelque peu oublié les "bonnes manières" depuis son séjour en prison...

"Et bien, depuis quand fuit-on devant les clients, hein Barjow ?"

De sa main libre, il décrocha le couteau planté dans la porte et le pressa contre la joue rondouillarde du pauvre homme, suant de peur. Il était carrément prêt à pisser dans son fronc ! Sa face écrasée lui donnait l'apparence d'une grosse masse dont l'importante densité s'étalait en plis de peau sur les côtés à cause de la pression. Rabastan se mit à ricaner tandis qu'il s'amusait à frapper doucement la tête de Barjow contre la porte en de petites pressions régulières et rapides. On aurait dit une balle rebondissante ! Hihihihi ! Et une balle rebondissante qui gémissait de petits "Aïe !" à chaque collision avec le bois. Et Rabastan qui riait...

"Aïe ! Aïe ! S'il vous... Aïe ! Pitié ! Aïe ! Je vous en pris ! Aïe ! Arrêtez ! Aïe !"

Le Mangemort, qui ricanait comme un dément depuis qu'il venait de trouver son nouveau jeu de la ba-balle snore rebondissante, s'arrêta, intrigué. Penché près de son oreille gauche par-dessus son épaule grasse, le Mangemort fit la mou, entre deux petits rires.

"Quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu n'aimes pas ce jeu ? Moi je m'amuse bien pourtant ! Hihihi ! Oh, voyons, pourquoi cet air si sérieux ? Ce n'est pas une manière d'accueillir les clients... Mettons donc un sourire sur ce visage !"

SLASH ! Rabastan lacéra la joue de l'homme du coin de la bouche jusqu'aux trois quarts, un peu au-dessous de l'oreille. Il poussa un cri strident, mais Rabastan ouvrit la porte et le poussa violemment à l'intérieur avant de refermer derrière lui la porte d'un coup de peid, et d'allumer la lumière. Le gérant alla se réfugier tout au fond de la grande pièce au plafond bas, se recroquevillant contre le mur en gémissant, tenant sa joue mutilée. Du sang dégoulinait à travers ses doigts boudinés.

"Fais-moi voir ça un peu... Ah, oui, c'est beaucoup mieux ! Vraiment, rien de tel qu'un laaaarge sourire pour embellir le quotidien ! Hihihi ! Ne me remercie pas, c'est tout naturel voyons ! La prochaine fois, je veux voir un joli sourire à mon arrivée, okay Barjow ? Barjow, hihihi, quel nom stupide ! Hihihi ! Bon, peut-être ai-je oublié de te prévenir, mais j'attends un vieil ami qui ne devrait plus tarder, nous allons utiliser cette salle, comme autrefois ! Hihihi ! N'est-ce pas merveilleux !"

D'un revers de main, Rabastan déblaya la table ovale au tapis vert qui se trouvait au centre de la pièce, sous l'unique lampe basse qui pendait du plafond et qui éclairait faiblement. Une table de poker ! Celle qu'il avait l'habitude d'utiliser avant la chute du Mage Noir, avec ses confrères. Elle était certes un peu poussiéreuse, car bien sûr Barjow n'avait pas osé y toucher en leur "absence", mais elle était là, intacte. Tournant sur lui-même les bras écartés, laissant échapper son rire démoniaque et satisfait, le Mangemort alla s'installer sur l'une des chaises, croisa les pieds en coin de table et sortit de sa poche intérieure un jeu de carte qu'il commença à battre pour s'occuper. Archibald n'allait plus tarder maintenant...

"Mr Barjow, vous devriez aller nettoyer votre plaie infecte afin d'accueillir convenablement Mr Waxler. Et n'oubliez pas de fermer la boutique afin d'éviter tout dérangement !"

Le petit homme s'exécuta en gémissant, sa joue ruisselant toujours et tâchant ses habits. Oui, Rabastan s'était remis à le vouvoyer, comme à l'époque. Inutile d'y chercher quelque logique, car il n'y en avait aucune ! Disons juste que son moment d'euphorie provoqué par le "jeu" de la ba-balle contre la porte se calmait. Il allait reprendre ses bonnes manières, après tout, il était un aristocrate. La prison ne l'avait pas rendu amnésique ! Il fallait qu'il reprenne soin de son image.

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