Une soirée de rêve [Terminé]

Si les parents de Susan avaient choisis l'option “rouquine rougissante” à la naissance, il ne faisait aucun doute que la préfète des Poufsouffle ne serait jamais en couple avec Quentin Montgomery. Déjà d'un, Quentin n'aimait pas les blondes. Il trouvait “ça” superficiel et souvent pas très intelligent. Mayan étant le spécimen le plus parlant qu'il conaisse. Ensuite regardez ses amis, pas une seule blonde ne s'y cache, Léa, Dawn, autant de filles qui peuvent briller par leur intelligence. Et surtout, détail des plus importants, Quentin a toujours été attiré par les rousses, quelles qu'elles soient. Susan était donc toute prédisposée à sortir avec Quentin quand on sait qu'en plus de ça, il adore les filles timides. “Destinée” avait donc déjà tout écrit, il ne restait plus qu'à se laisser guider.


Les deux adolescents étaient à présent assis à table, se faisant face, commençant à manger le repas préparés par les soins de Quentin et des elfes de maison. En fait, le Serpentard avait plus pensé au menu en lui même, pendant que les elfes s'étaient occupés de la phase “réalisation”. Et oui, n'est pas cuisinier qui veut... Surtout Quentin. Il avait beau vouloir y mettre tout son coeur quand il était chez lui, le moindre soufflé au fromage ressemblait d'avantage à une crèpe qu'à ce qu'il avait attendu. Enfin bon, par chance, Quentin était plus penseur qu'acteur et la preuve en était que quand on combinait des mains, et un cerveau, on arrivait à d'excellents résultats. Les elfes ayant fournis leur petite pates pour façonner le repas imaginé par Quentin.

« Hum... Disons que je me suis occupé de la phase théorique qui la précède. Je n'ai jamais été un très bon cuisinier... » Ca, c'était le moins que l'on pouvait dire. Quentin avait un goût certain pour la cuisine (pour la manger hein, pas pour la faire), d'autre vous dirai qu'il a un certain goût (ça c'est ma grande vanne du moment) pour celle ci. Dans tous les cas, Quentin était un bon mangeur et s'adonnait souvent chez lui à déguster des plats étranger particulièrement succulants. Comme pour en mettre plein la vue à sa petite amie (qui n'avait pas franchement besoin de ça disons le nous), Quentin avait fait préparer une entrée des plus copieuses. Tranche de saumon fumé avec une salade des plus savoureuses, mélés à des (hum hum, s'il vous plait) toasts de paté foie gras, directement venu (ben ouai en fait, il vient d'où?) des cuisine de Poudlard.

Laissez vous régaler Miss Bones, le meilleur reste à venir... « Oui je suis venu, ça aurait pu paraitre bizzare que je ne vienne pas, même si je ne suis pas un très bon danseur. En plus, ça aurait éveillé les soupçons de Raphaël. Il est déjà assez méfiant comme ça. Il faudra que je lui dise un jour, le mensonge devient trop lourd à tenir. Surtout envers lui en fait... » Quentin savait que sa petite amie comprennait ce qu'il disait. Ils parlaient de leurs amis respectifs presque à chaque fois qu'ils se voyaient et Raph' y était presque à chaque fois mélé. En temps que meilleur ami de Quentin, il n'y avait rien de plus normal... Voulant en fait couper cours au sujet de son meilleur ami, qui avait tendance à le mettre très mal à l'aise dès qu'il en parlait, Quentin poursuivit.

« Pour ma famille, c'est différent, je pense pouvoir leur mentir aisement. Ce n'est pas comme si c'était la première fois et surtout, ce n'est pas comme si j'étais du genre à ramener mes petites amies à la maison, ça c'est plus le genre d'Ed et de Christian. En parlant de ma famille, j'ai dansé avec mes soeurs après, pour faire figuration. J'ai du passer un savon à Izzie. Je déteste quand elle joue au Quidditch... C'est valable pour toi aussi d'ailleurs... » Ca, Susan le savait, Quentin détestait la voir sur un balai. Le jeune homme avait le vertige et au delà de sa peur du vide, il ne supportait pas de voir quelqu'un qu'il aimait en danger sans que lui, puisse rien y faire.

Quentin écouta Susan parler, elle parla de l'ouverture du bal. Une fois de plus, Quentin s'en voulut. Si elle avait eu un petit ami normal, elle aurait pu danser avec lui, mais là, elle était obligée de faire “comme si” constamment. Le jeune homme s'en voulait, mais ne le montra pas, ça, c'était sa devise, un Montgomery ne montre jamais ses sentiments. Une devise qui sonnait étrangement “Gibson” mais qui se reportait surtout aux Serpentard de la famille, à savoir surtout Christian et lui, même si Chris était plus expressif que Quentin. Comme pour changer de sujet (en fait oui oui, c'est bien le cas) Quentin dit. « Dis moi au fait, Shinku ne se fait pas trop indiscret? Après tout, c'est peut être le seul de tes amis qui ne te jugera pas, j'ai vu après qu'il embrassait une Serpentard... » Quentin venait de dévoiler sans faire exprès que ses amis jugeraient Susan, en réalité, il n'en savait rien. Mais étant donné que sa plus grande peur du moment était de voir Susan mal, il imaginait constamment tout les cas de figure, ce qui revenait à dire que dire la vérité à quelqu'un n'était pas à l'ordre du jour...

Croyez-le ou non, au fur et à mesure que la soirée avançait la langue de Susan se déliait. Dans la mesure des possibilités que lui laissait sa légendaire timidité, bien entendu (oui, parce que d'ici à ce que Susan se mette à chanter en dansant un French Cancan, debout sur la table, il y avait une marge. Ou alors c'est que Quentin l'avait sérieusement faite boire).
Il existe une très belle phrase qui dit "Nil, Nil, Nil ! Fleuve impétueux et tumultueux..." "Mais toute leur intimité était faite de pareils instants de rapprochements muets, où, étonnés et attendris, ils rencontraient le bonheur comme s'ils eussent surpris un papillon dans les bois dénudés et neigeux." (Edith Wharton).
Ce qui n'a strictement aucun rapport avec le contexte, nous sommes d'accord, c'est vraiment n'importe quoi. Admirez au passage le superbe subjonctif plus-que-parfait de la citation, temps dont l'usage - hélas cher Corneille ! - se perd de nos jours. Quoique...
Susan avait beau être une brave petite anglaise dont la pudeur flirtait - et ce plutôt deux fois qu'une - avec la pudibonderie, elle n'était pas (encore) suffisamment coincée pour ne pas avoir le sentiment plus qu'agréable de vivre un moment magique. Pensez donc, son premier tête à tête romantique ! Merlin, que c'était émouvant ! Elle en aurait presque écrasé une larmichette si elle n'avait pas tant craint de faire couler son mascara. Hé oui, voilà ce qui arrive, lorsqu'on est une rouquine à la sensibilité exacerbée par des lectures enfantines pour le moins mielleuses, lectures dans lesquelles un gentil prince hyper gentleman, vachement beau et, pour ne rien gâcher, bon cuisiner finissait toujours par venir enlever la princesse qui s'ignore (de préférence aimable, douce, blonde et siliconnée) pour l'arracher à sa pauvre vie d'humble fermière martyrisée par son affreuse belle-mère et l'emmener, sur son preux destrier (blanc si possible), au loin, vers son palais de cristal, sur lequel un soleil flamboyant se couche. Une apothéose bisounoursesque, en somme. Certes, Quentin n'était pas - à ses dires - un chef pâtissier hors pair. Mais nul n'est parfait. Et l'un dans l'autre, Susan (ni blonde, ni siliconnée et pas nécessairement douce et aimable) s'accomoderait très bien d'un gentleman vachement beau (oui, on passera sur le gentil, parce que quand même, un Serpentard gentil, ce n'est pas très crédible). D'ailleurs, avec sa tête de rouquine mal dans sa peau, mieux valait-il pour elle ne pas trop faire la difficile. Elle s'étonnait encore de ce que Quentin - que plus d'une Serpentard blonde et siliconnée aurait certainement bien pris dans ses filets - ait bien pu s'intéresser à sa petite personne. Vraiment, ce garçon avait manqué sa vocation de Poufsouffle... Euh... Ou pas, en fait.

Mais je divague, je divague, tel le crocodile qui, sommeillant dans les eaux boueuses du Nil, Nil, Nil fleuve tumultueux et impétueux se laisse aller au gré des méandres du fleuve. Revenons à notre saumon. Le saumon, qui, soit dit en passant, devrait être une espèce plus protégée qu'elle ne l'est aujourd'hui, ne serait-ce qu'en raison des énormes difficultés qu'elle rencontre à remonter le courant chaque printemps.
L'heure n'était toutefois pas à la protection de la nature mais plutôt aux roucoulades adolescentes (promis, un jour, j'arrêterai vraiment de raconter n'importe quoi tout le temps !).
Si le but non avoué (et en même temps tant mieux, parce que c'est fort peu louable, ça, Monsieur Montgomery-tout-court) de cette soirée était (je cite) "d'en mettre plein la vue" à Susan, alors bravo, 10/10, c'était réussi. Mais bon, en même temps, Susan était plutôt bon public et, avouons-le sans détour, facilement impressionnable, a fortiori lorsqu'il s'agissait de Quentin Le Magnifique aha en voilà un surnom qui pète
En d'autres temps, Susan aurait peut-être pensé à s'insurger contre l'injustice dont étaient victimes les petits elfes : préparer le repas de Noël et, dans la foulée, celui qu'elle partageait avec Quentin, c'était tout bonnement inelfique (warfwarf, jeu de mots, jeu de mots). Même pour un esclave. Car sorcière de naissance, Susan ne concevait pas les elfes de maison autrement que comme de gentilles petites bêtes programmées pour faire gratuitement toutes les tâches domestiques, jusqu'aux plus ingrates (voire même surtout les plus ingrates). Ah ! Susan, Susan ! Que fais-tu d'Helga ?
Cependant, elle se sentait si légère, si bien, si comblée, en un mot, si heureuse (allez, tous en choeur : "Dou-ou-ce nuiiiiit, Sain-ain-te nuiiiit..." attention un jeu de mots géographique se cache dans cette chanson, sauras-tu le retrouver ?) qu'elle ne songea même pas aux malheureux elfes. Nuit de Noël, nuit de charité chrétienne, Esprit de Noël, esprit d'Amour du prochain... Tu parles !
Non ! Au lieu de s'apesantir sur les elfes (ou sur les saumons, remarque. Voire même sur le fait que les oies étaient gavées. Ou tout simplement que manger le foie gras de l'école était du vol. Bravo le Serpentard, tiens !), Susan dit d'une voix flûtée :

- En même temps superviseur des opérations, c'est un bon poste aussi. Déjà tu ne te salis pas...

Ce qui était, d'un point de vue pragmatique, la pure vérité. Et Susan de mordre à belles dents dans une croustillante ( "Ooooh ! Une pomme de pin, mon dessert favori... Humph, cha croustille... Oooh ! Mais quel goinfre je fais de manger tout seul... Bon appétit les p'tits choux !" petit jeu 2 : le premier qui retrouve d'où est extraite cette citation gagne un bon point. Après cinq bons points, une image pieuse) tartine de foie gras, faisant fi de ses convictions animalières. Elle prit le temps de la savourer consciencieusement avant de reprendre d'un ton plus grave :

- Je crois que la seule de mes amies qui se doute de quelque chose, c'est Lavande Brown... Et par extension, Parvati Patil doit certainement être au parfum, maintenant. Mais pour les autres... J'ai presque envie de dire que la confiance règne, conclut-elle avec une grimace qui en disait long sur ce que cette trahison de ses amis avait de pénible. Poufsouffle, quand tu nous tiens...

Elle reposa sa tartine et fronça les sourcils d'un air vaguement inquiet. Elle adorait littéralement Lavande, mais elle craignait que le goût prononcé que la jeune fille avait pour les potins ne la pousse à mettre toute l'école au courant du fait suivant : Susan Bones était-elle ou non amoureuse, et si oui, de qui ? D'un autre côté, avouer à Lavande qu'elle sortait officieusement avec Quentin Montgomery, c'était risquer de s'attirer le mépris de la Gryffondor. Un Serpentard ? Grand Dieu : ("Bon sang Susy, reprends toi ! Il a dû te faire boire quelque chose... Je vais t'emmener à l'infirmerie !"). Or, Lavande était une amie précieuse pour Susan... Quelle galère labyrinthique, vraiment !
Et voilà qu'au souci des amis venait s'ajouter celui de la famille ! Les Bones étaient Poufsouffle depuis des générations. Certains avaient trouvé original d'être envoyé à Serdaigle, mais ils étaient rares. Et puis Serdaigle, ça restait convenable... Mais si Susan se mettait en tête de fréquenter un Serpentard, elle risquait de provoquer la mort par arrêt cardiaque de tous les membres de sa famille ayant dépassé la cinquantaine et le courroux des autres. Merlin ! Elle le savait bien, qu'elle finirait déshéritée. Seule. Pont. Londres. Malade. Neige. Ornithorynque. Nuit. Noël. Jeune. Bouteille. et voici l'heure de notre petit jeu 3 : retrouve l'intrus dans la liste de mots sus-mentionnés. Attention, il n'y a pas de pièges.
Mais heureusement, Susan ne reverrait pas sa famille avant les grandes vacances, ce qui lui laissait le temps de voir venir... Car si Quentin se sentait capable de mentir à sa famille, pour Susan, c'était une tout autre histoire... Mais l'un dans l'autre, si elle n'évoquait pas le sujet, il y avait peu de risque pour que ses parents lui posent des questions embarassantes sur ses amours. Il lui faudrait juste éviter subtilement les conversations trop longues avec sa cousine Angelica, véritable commère en son genre.

Elle en était là de ses réflexions quand Quentin - passant du coq à l'âme petit jeu 4 : sauras-tu me dire d'où est tirée cette citation ? - se mit à parler quidditch. Susan fronça le nez. Elle avait vraiment du mal à concevoir que le si parfait Quentin puisse avoir le vertige. Elle lança furtif coup d'oeil perçant au Serpentard, l'air de dire : "Tu peux toujours courir pour que j'arrête." (ouh la rebelle !) avant de se justifier d'un ton timide :

- Euh... Mais tu as certainement remarqué que je ne jouais pas vraiment... Je fais surtout de la figuration, moi... Pour faire croire que l'équipe est complète, ce genre de trucs...

Ce qui était la stricte vérité. Au fond, l'équipe aurait très bien pu se passer de Susan, qui devait plus la gêner qu'autre chose au cours des matches. Sur ce, elle poursuivit d'un air curieux, un peu à la manière d'un psychiatre qui aurait sous les yeux un cas particulièrement intéressant de masochisme :

- D'ailleurs, pourquoi continues-tu à assister aux matches, si tu ne supportes pas ? Je veux dire... Tu ne serais pas mieux à l'intérieur ? Ce n'est pas ce que fait ta petite soeur ? Tu ne préférerais pas lui tenir compagnie ? tu trouves que je pose trop de questions ?

Car oui, il était de notoriété publique, à Poufsouffle du moins, qu'Anabelle Montgomery détestait le quidditch, et s'épargnait la peine de prendre place dans les tribunes chaque fois qu'elle en avait l'occasion.
La suite de la conversation - Susan était devenue très loquace, non ? - chassa toutefois totalement Anabelle de l'esprit de la rouquine. Shinku embrassait... Quoi ?! Non mais alors là, c'était la meilleure de l'année ! Oh le fourbe ! Susan écarquilla les yeux d'un air scandalisé avant de dire d'une voix faible :

- Shinku... Quoi ?

Oubliant un peu vite, que de sa part, c'était Sainte-Mangouste qui se fout des dons de Malefoy.

(Super ton post. J'étais explosé de rire du début à la fin. Vraiment ne t'arrêtes pas, tu es géniale... Je suis fan...(genre tu le sais pas...)) [< Toujours bien refermer les parenthèses...]

Quentin écoutait sa dulcinée parler. Lavande Brown faisait des siennes. Encore. Quelle commère celle là! Elle ne pouvait être moins curieuse non ? Il fallait toujours qu'elle sache tout sur tout le monde et comme pour compliquer la chose, elle était amie avec Susan, ce qui rendait le problème encore plus épineux. Susan devait être confrontée entre l'idée de lui dire son secret et l'idée de ne rien lui dire en prennant le risque de voir le “secret” révélé dans toute l'école. Quentin se disait que si Lavande était une si bonne amie que ça, elle n'en voudrait pas à Susan et garderait la confidence elle. Façon tordue de se donner confiance pour la confontration future avec Raphaël.

Car oui, Quentin devait aussi parler de son secret à Quentin et à ses amis proches, à savoir Damian et Dawn. Pour l'heure, il ne vallait mieux oublier et se concentrer sur le problème actuel, à savoir, celui de Susan. « Brown... Tss. Il vaut mieux que tu sois la première à lui dire, car si elle le découvre, je pense que ça ne te servira pas. Et puis, entre nous, Brown adore les ragots, je doute qu'elle s'abstienne de tenir sa langue si elle l'apprend de par elle-même. C'est à toi de voir... » S'il y avait bien une chose que Quentin ne voulait à propos de sa relation avec Susan, c'était l'assister et la manipuler, ce qui était plutôt son genre. Il ne voulait pas prendre de décisions à sa place et l'assister dans un quelconque choix. Non, sa copine était assez grande pour prendre ses décisions seule.

Le sujet en vint ensuite au Quidditch. Si Quentin n'avait pas jugé bon d'écouter la première phrase de Susan, il avait en revanche bien saisi la seconde. Elle lui demandait explicitement pourquoi il se résignait à assister aux matchs de Quidditch alors qu'il avait peur du vide. Excellente questions Miss Bones. Vous ferez gagner à Poufsouffle 10 points et le droit de rejouer. En fait la réponse était très simple bien qu'assez tordue quand on y pensait. « Parce que c'est plus dur pour moi de ne pas savoir ce qui t'arrives quand moi je suis à l'intérieur! J'ai besoin de voir comment tu vas et surtout accessoirement, en cas de problème, je peux aussi intervenir. Tu crois que c'est facile pour moi de te voir sur un balai avec ces maudits cognards sans pouvoir rien faire ?! Alors imagines quand je ne suis pas là pour te voir... Ca peut bien supporter quelques petites sacrifices... Je tiens trop à toi... » Quand il parlait de surveiller, il fallait imaginer Quentin avec la baguette à la main prêt à jeter le premier sortilège de ralentissement de chute si sa bien-aimée venait à tomber de son balai. Mais ça bien sur, personne ne le savait.

Susan trouva ensuite la remarque de Quentin bizzare puisqu'elle ne sembla pas avoir été témoin du baiser donné par le préfet des Poufsouffle. Apparement ça semblait la surprendre. Quentin voyait pas ce qu'il y a avait de surprenant à voir le Shinku en compagnie d'une verte et argent. Il avait eu Stones chez Serdaigle et Brown chez Gryffondor, la prochaine serait une Poufsouffle, voilà rien de bien inquiétant... Mais pour Susan, qui comptait le préfet parmis ses amis, ça lui avait apparement fait un choc. « Shinku a embrassé une Serpentard. Pourquoi ? Ça t'étonnes ? C'est pourtant devenu monnaie courante maintenant je trouve... » Il avait dit ça en affichant un sourire amusé sur ses lèvres tandis qu'il buvait un verre d'eau.

Tout en parlant et en mangeant, la soirée avançait assez vite. Du moins pour Quentin, qui ne s'était jamais autant régalé de la présence de Susan. A vrai dire, ils ne s'étaient jamais vu aussi longtemps, et c'était plus que plaisant de pouvoir ainsi profiter d'elle. Le dessert arriva enfin. Enfin par “arriver” on attend par là que Quentin s'est levé pour aller les chercher sur la petite table non loin de là. Hélas, les elfes de maisons n'étaient pas présents... Le dessert était vraiment l'apothéose de la soirée. Une coupe imaginée par Quentin (oui ce petit avait beaucoup d'imagination) qui aurait fait palir le meilleur des cuisiniers. Un tiramisu aux fruits rouges, certes ce n'était pas du tout la saison, mais c'était ce qui était plaisant. Quentin se laissa complètement envahir par le dessert autant que par le plaisir d'être avec sa copine.

Les deux mangèrent celui ci dans le silence, multipliant les regards yeux dans les yeux. La soirée aurait difficilement être plus romantique, et Quentin ne pouvait s'empêcher de la qualifier intérieurement de parfaite. En même temps, tous les moments qu'il passait avec elle étaient parfaits. Enfin, globalement, parce que se croiser dans un couloir en évitant la foule, ça n'a vraiment rien de bien romantique. Il devait arrêter ça. Quentin devait arrêter de flotter sur son petit nuage constamment dès qu'il était avec elle. Il ne voulait pas non plus souffrir et avec Susan, il était impossible de savoir ce qu'elle pensait. Mieux vallait rester sur ses gardes, sinon il pourrait avoir des regrets. Il lui prit la main qui était posée sur la table et lui dit: « Je crains d'avoir à te dire que cette soirée en ta compagnie était tout simplement... parfaite. » Et sur ses mots, il se leva et tira la chaise à Susan pour l'aider à lever. Non pas qu'elle eut besoin d'aide mais pour lui faire comprendre qu'hélas, la soirée allait se terminer. La pendule venait de sonner les douez coup de minuit... (coucou Cendrillon, coucou!)

( HJ: J'ai volontairement accéléré le sujet pour pouvoir cloturer rapidemment. Il parait que tout doit être vérouillé le 6 juin... )

Reprocher à Lavande son côté commère, c'était comme reprocher aux ornithorynques d'avoir une drôle de tête. Lavande était une jeune fille de quinze ans. A cet âge, l'immense majorité de la gent féminine a-do-rait colporter des ragots. Susan ne rentrait peut-être pas dans cette catégorie, mais c'était uniquement parce qu'elle était bien trop timide et prudente pour oser se risquer à un tel exercice. Imaginez cinq minutes qu'elle raconte - en toute innocence, bien entendu - une énorme bêtise sur une Serpentard susceptible ? Et que la Serpentard en question ait un petit ami musclé sauf du cerveau ? Les conséquences pourraient être... Fâcheuses. Toutefois, elle n'avait absolument rien contre deux ou trois rumeurs bien senties de temps à autre. Pardonnons donc à Lavande son penchant bien naturel pour la chose.

Et si Susan n'était pas - ces derniers temps - une amie très sincère, elle n'en demeurait pas moins extrêmement loyale. Elle ne pouvait décemment pas laisser Quentin - toute amoureuse soit-elle - lui casser du sucre sur le dos sans intervenir. Elle respectait les amis de Quentin et pourtant, quand on voyait la tête des amis, elle en avait du mérite ! et entendait bien obtenir la même chose du jeune garçon. Aussi répondit-elle d'une voix douce, certes, mais néanmoins étonnamment ferme quand on la connaissait Susan pas la voix. Quoique l'un va avec l'autre :

- Pauvre Lavande, je ne crois pas qu'elle mérite d'être traitée aussi durement, tu sais. C'est dans sa nature de chercher le potin. D'ailleurs, tout le monde cherche le potin. C'est juste... Naturel. Mais je la connais trop bien pour douter un seul instant de sa loyauté. Si elle découvrait quoi que ce soit, elle viendrait d'abord m'en parler, assura-t-elle avec un sourire qui se voulait rassurant.

*Et seulement après elle irait tout balancer au Hibou Bavard...* rajouta-t-elle en son for intérieur, doutant que la haine viscérale que Lavande, en bonne Gryffondor, portait aux Serpentard, supporte que Susan se soit pervertie avec l'un d'entre eux ("Elle deviendra l'une de ses sem-bla-bles !" "Qu'est-ce que vous dites ?!" "Elle deviendra l'une de ses SEMBLABLEEEEES !" petit jeu : de quel film provient cette citation ?).

Honnête, Susan préféra ne pas s'avancer quant à la date à laquelle elle avait l'intention de tout révéler à Lavande. Elle aurait eu trop envie de dire "jamais". Mais le Destin Farceur (le DF. Comme Dindon Farci. Damian Fainéant. Dumbledore Fébrile. Petit jeu : invente la suite.) n'admettrait jamais ce genre de réponses. Tout finissait toujours pas se savoir. Quentin avait raison lorsqu'il lui suggérait de prendre les devants. La chute ferait sans doute moins mal.
Toutefois, Susan ne pouvait s'y résoudre. Aussi profita-t-elle de ce que la conversation change de sujet pour s'efforcer de chasser Lavande de son esprit. Elle éluda la question du quidditch en se contentant de rosir avec classe et distinction il était chou Quentin et renchérit avec un sourire amusé :

- Oh Merlin ! Mais ne serions-nous pas en train de commérer au sujet d'Alexander et de sa... euh... Serpentard ? demanda-t-elle d'un ton faussement dramatique avant de poursuivre plus gravement, non, je ne devrais pas être surprise. C'est assez typique d'Alexander au fond. La barrière des maisons n'a jamais eu l'air de lui poser problème, conclut-elle, l'air à la fois agacé et envieux.

*Tout paraît toujours très simple quand on regarde Alexander. Il a une façon si... Chirurgicale d'aborder les problèmes...* songea-t-elle en tortillant pensivement une mèche rebelle.

Oh oui ! Elle enviait un peu le détachement d'Alexander. Tout en sentant confusément que c'était stupide de sa part. Alexander avait l'air détaché, mais au fond l'était-il vraiment ? Non, probablement pas. Il donnait admirablement bien le change, voilà tout...
Plongée dans ses pensées, elle sursauta légèrement quand Quentin lui signala qu'il était déjà l'heure de partir vers l'infini et au-delà. Euh... Pour de nouvelles z'aventures... Euh... En tout bien tout honneur... Euh... ça devient scrabreux se quitter. La rouquine ne put contenir une moue désolée. Fini ? Si tôt ? Mais qu'était la soirée devenue petit jeu : retrouve le poème affreusement pastiché dans cette phrase ?
A contrecoeur, elle quitta sa chaise avec le sentiment et sourit ( "Souris ? On m'a demandée ?" petit jeu : de quel dessin animé provient cette citation ? Indice : Rien à voir avec "SOS Société, nous sommes là pour vous aider...") au Montgomery-ça-ira-comme-ça avant de dire d'un ton rêveur :

- Merci énormément. C'était vraiment... Le meilleur réveillon que j'aie connu !

Elle se hissa sur la pointe des pieds, posa les mains (deux) sur les épaules (deux aussi. On jurerait que c'est fait exprès !) de Quentin et l'embrassa à la Bones avec douceur avant de souffler :

- Joyeux Noël...

Puis, elle se glissa dans le couloir sans se retourner. A cette heure, tout le monde regagnait son dortoir... Mieux valait-il pour les deux resquilleurs du bal ne pas être vus ensemble... Aussi discrète qu'une petite souris, noyée dans une foule d'élèves surexcités, Susan prit d'un pas dansant la direction de sa salle commune... Sans égarer une chaussure en chemin. Bien, elle était plus douée que cette greluche de Cendrillon !

(Fini pour Sue)

Si Quentin avait voulut exhiber chacun de ses défauts un par un aux yeux de Susan, il ne s'y serait pas pris autrement. En effet, sans s'en rendre compte, le Serpentard se dévoilait sous son plus mauvais jour, avec ce que ça impliquait pour lui, à savoir une mauvaise image aux yeux de Susan. En critiquant une Gryffondor, Quentin était dans son état habituel, il détestait les lions par principe. Déjà d'un, parce qu'ils se pavanaient constamment, de deux, parce qu'ils méprisaient les Serpentard au plus haut point et de trois, parce que la querelle entre maisons remontait à Erode et n'allait pas prendre fin de sitôt. Quentin n'allait donc pas changer du jour au lendemain parce que son frère était à Gryffondor et que sa petite amie avait une connaissance dans cette maison. Avec un peu de chance, il parviendrait à l'acceptait, mais ça resterait progressif...

Mais pour l'heure, Susan, en parfaite amie qu'elle était, défendait sa camarade. Quentin trouvait ça à la fois courageux et adorable. Il n'y avait d'ailleurs que Susan qui lui faisait penser de telles choses. D'un, elle osait s'affronter directement à Quentin, ce qui -quand on connaissait Susan- n'était pas d'avance gagné, et de deux, elle semblait faire une confiance quasi totale en la jeune fille. Soit Susan était naïve, soit son amitié avec Lavande était plus importante qu'elle ne le soupçonnait. Dans tous les cas, Quentin ne pouvait que se rendre à l'évidence: Tous les Gryffondor n'étaient pas irrécupérables. « Dans ce cas, c'est une bonne amie... » L'abscence de tout commentaire désagréable envers Lavande, n'était en fait pas dû à la peur du Serpentard de s'attirer les mauvaises graces de sa petite amie, en réalité, Lavande avait plutôt gagné son respect, même si pour l'instant, Quentin ne lui faisait pas une confiance aveugle. Il ne la connaissait pas et le peu qu'il savait d'elle -à savoir qu'elle était à Gryffondor- ne jouait pas en sa faveur. Mais comme tout, il y avait des exceptions, Lavande était donc peut être une fille bien. Susan avait en tout cas laissé Quentin partir dans cette joie, ce n'était pas si mal.

Quand le sujet en vint à Shinku et Gibson (la cousine hein, pas le meilleur ami), Susan ne paraissait pas satisfaite. Le Serpentard ignorait s'il s'agissait de la nouvelle elle même, du fait qu'Alexander n'ait pas pipé mot à la préfète ou pour une tierce raison mais dans tous les cas, la Poufsouffle paraissait contrariée. En réalité, elle paraisait plutôt agacée, quand on regardait bien. Avait elle une dent contre les Serpentard femelle ? Ou bien contre son coéquipier préfectoral ? Seule elle pouvait le dire... Quoiqu'il en était, Quentin avait bien remarqué la gène passagère de sa petite amie, mais il ne préféra pas le lui faire remarquer, il l'a jugeait assez grande pour se dépétrer seule de ses affaires. Et comme on vient de le dire surtout, il s'agissait de ses affaires, pas question que Quentin -même en temps que petit-ami attitré- vienne s'en méler.

Quand Quentin annonça la fin de la soirée -bien que ne nous le cachons pas, il aura bien passé la nuit entière en compagnie de Susan- Susan parut deçue, ce qui eut pour seul effet sur Quentin que de lui serrer le coeur. Susan était plutôt du genre à rougir constamment et donc à ne pas trop laisser entrevoir d'autre sentiments que la gêne. Mais là, en plus de la voir changer de registre, Quentin devait bien avouer que cette réaction était de loin la plus plaisante de la soirée. Peut être bien qu'après tout elle portait beaucoup plus d'intérêt au Serpentard qu'il ne l'imaginait. Et mieux vallait ne pas savoir ce que Quentin s'imaginait. On verrait ainsi de trop près tous les stress qu'un garçon de son age pouvait ressentir. Le jeune homme resta donc de marbre, regardant uniquement sans ciller la jeune fille, qui ne cessait de la laisser pantois de par sa beauté. Le pire dans l'histoire, c'était qu'elle ne s'en rendait pas compte. Le travail du 5ème année était donc accompli avec succès, il prennait un malin plaisir à cacher ses émotions en toutes circonstances.

Quand les deux jeunes se levèrent, Susan et Quentin se retrouvèrent face à face, ce qui était en réalité le but de la manoeuvre. La jeune fille regarda donc Quentin dans les yeux, celui ci fit de même, et le remercia pour la soirée. Quentin esquissa un léger sourire, pas franchement rayonnant, mais tout simplement heureux. Elle ajouta ensuite à ses mots que c'était pour elle le plus beau réveillon qu'elle ai connu. Instantannement, sans qu'il n'en montre rien, le coeur de Quentin se serra plus fort. Il n'avait en réalité pas imaginait que Susan lui dirait ça. La jeune fille n'avait pas réalisé que ses paroles venaient d'avoir un énorme impact sur Quentin. Restant impassible, Quentin se laissa embrasser par la jeune fille, en lui rendant son baiser. Non là, il était impossible que son coeur se serre encore plus. La jeune fille venait en trois secondes de prouver plus que depuis le début de la soirée. Quentin se retrouvait là, toujours les yeux rivés sur elle, ne montrant aucun sentiment. Il était impossible de voir qu'en lui, une véritable révolution faisait rage.

Susan le quitta enfin, en lui souhaitant un joyeux Noël auquel Quentin répondit simplement par « Joyeux Noël à toi aussi... » Il aurait bien rajouté « mon amour » mais ça, il ne voulait pas le dire; Quentin regrettait déjà d'avoir avoué à Susan son amour au premier de leur rendez-vous. Il ne savait pas encore la nature des sentiments de la jeune fille et il prennait donc un risque en se dévoilant ainsi, et s'il y avait bien une chose que Quentin détestait, c'était se dévoiler. Non, il aimait Susan, c'était certains, mais ne voulait pas trop le partager verbalement tant que celle ci ne lui avait pas prouvé si oui ou non elle l'aimait. Quentin espérait plus que tout que ses sentiments -aussi forts soient ils- étaient réciproques avec Susan...