Pour un ancien amour [Isaac - Myrielle]

Après ses émotions de la veille, Myrielle avait dormi comme une souche. Le lendemain matin, elle se leva avec un mal de crâne horrible. Elle n'avait aucune envie de voir Dawn, aussi attendit elle que sa meilleure amie soit partie pour se lever et commencer à écrire à Isaac. Cette entreprise posait deux problèmes à la superbe rousse, le premier c'est qu'elle n'était pas douée pour s'exprimer à l'écrit, le second qu'elle ne savait pas par où commencer. Mordillant le bout de sa plume, elle prit une inspiration et commença.

"Isaac,

Bon, tu connais suffisamment bien mon talent épistolaire pour me pardonner d'y aller franchement :
Pourquoi tu m'as embrassé ? Honnêtement et sans tabou s'il te plaît. Tu sais, même si j'ai essayé de ne pas le montrer pour te rendre la vie plus facile, j'ai vraiment souffert que tu m'aies quitté... Je suis contente que tu m'aies apporté ton aide hier mais si c'est pour me perturber plus...
Maintenant j'ai refais ma vie ! A cause de ma fugue pour te rejoindre et de ma maladie de l'an dernier, je ne vis plus avec mon frère et ma grand mère. J'ai été adopté par les Toppinen. A partir de là, j'ai tout changé, y compris une partie de ma garde de robe. Je me suis fait plein d'amis, je me suis amusée, je suis sortie et finalement je me suis trouvé un nouveau petit ami.
Tu crois franchement qu'il va être ravi de tout ça ? Et je ne te parle même pas de Dawn ! Je me sens capable d'éviter son crochet du droit mais tu devrais penser à t'entraîner de ton côté."

Myrielle mordilla à nouveau sa plume. Tout ça était un peu direct, il fallait qu'elle nuance.

"Je sais que tu traverses une période difficile et peut être que tu n'arrives pas à surmonter les épreuves seul. Je peux t'aider si tu le désires mais... je pense que pour le moment, le risque serait trop grand de nous parler en tête à tête. Quand nous sommes seuls j'ai l'impression qu'une ancienne tension revient se mettre entre nous. C'est probablement elle qui nous a fait dérapé hier.
Nous nous sommes connus trop tôt, nous ne pouvons plus nous aimer. Tu es toujours dans mon coeur mais il va falloir que nous réussissions à construire autre chose. Une relation différente... Je ne veux pas faire subir à Dawn ce que j'ai moi même vécu. Ce n'est pas un adieu, pas même un au revoir, je veux juste que pour le moment nous parlions par écrit parce que c'est plus prudent.

A toi pour toujours,

Myrielle."

Elle roula le parchemin et le donna à Preciosa. "Apporte ça à Isaac ma belle, ma précieuse... Soit discrète." Et elle regarda son faucon s'envoler avant de se décider à s'habiller et à rejoindre les autres.

La nuit ne fut pas des plus merveilleuses, mais Isaac la qualifia de bonne comparée aux précédentes. Munis de son sac de cours, il sortit prendre l’air avant de se rendre à la Grande Salle tenter de s’alimenter. Dans le ciel, un rapace apparut. En peu de secondes, il s’immobilisa sur un perchoir proche du jeune homme à qui une lettre était adressée. Fixant la bête, le préfet reconnut l’animal de la belle Symphonie rencontrée hier en soirée. Esquissant un sourire en coin, il déroula le parchemin en évitant les claquement de bec du faucon.

Les yeux cernés de Serpentard filaient de droite à gauche, laissant de petites étincelles naître dans ces iris bleutés. Prenant place sur un banc proche, il sortit un parchemin, un encrier , une plume et se mit à l’écriture d’une réponse.

Myrielle,

Je ne cherchais pas à te perturber. Pardonne mon acte, ce baiser n’aurait pas du être.

Saches que notre séparation n’est pas suite à mon amitié que j’entretenais en ce temps avec Dawn. Afin de plaire à un père qui daignait enfin de me regarder et m’accepter ‘sang mêlé’ que je suis supposé être, j’ai suivi sa volonté de nous savoir désunis. Je n’ose imaginer la souffrance et la peine que tu dus vivre par ma lâcheté. Te retrouver hier en ces lieux, aussi fragile que du cristal… je n’ai pu retenir cette envie qui me brûlait des le premier instant les veines. L’écho concernant ton attachement à la famille Toppinen est venu jusqu’à moi. J’espère que ces personnes prennent bien soin de toi, et qu’ils t’apportent un amour meilleur que celui que te portait ton frère. A lire tes écris, je perçois comme une certaine libération, une sorte d’épanouissement me donnant l’impression d’avoir était un frein à ta vie… Dawn n’aura pas vent de cet instant moins que tu ne le souhaites. Alors, je me mettrais en condition afin d’accueillir ce crochet bien mérité.

Pour ce qui est des jours que je vis actuellement, en effet, ils ne sont pas de tout repos. Comme je te l’ai appris hier, j’aurais aimé ne rien apprendre, ni même retrouver mon père. A présent, je dois trouver mon propre chemin, sans que quiconque ne guide mes choix… Merci pour l’aide que tu me proposes Myrielle, mais je dois avancer seul (ce qui ne veut pas dire que je la refuse).

Comme tu le mentionnes, nous nous sommes connus trop tôt… j’opterais plus pour ‘Nous nous sommes aimés trop tôt’. Regarde nous maintenant, nous sommes proches de l’âge adulte et d’autant plus réfléchi que nous l’étions à notre rencontre. Deux jeunes adolescents liés par la peur et la colère… Si nous ne pouvons plus nous aimer dans cette vie, peut-être t’aimerais-je comme tu le mérites dans une autre…

Ne t’inquiète pas pour ton amie… pour t’avouer, je crains que ça ne soit elle qui me quitte un jour.

Je cède à ta requête, bien que ta présence m’est plus agréable que celle de Préciosa me menaçant de son bec…

Bien à toi belle enchanteresse,

Isaac

Poussant un soupir, le préfet rangea son nécessaire d’écriture dans sa besace qui se trouvait sur le banc. Roulant le parchemin après que l’encre soit bien absorbée, il le ficela d’un ruban vert et argent avant de le tendre au volatile. « Rapporte ceci à ta maîtresse. », ordonna-t-il en manquant de se faire arracher le doigt quand l’oiseau ferma ses pattes sur le rouleau.

Myrielle lut la réponse et attendit tard en soirée pour y répondre, elle voulait être à nouveau seule. Sa correspondance devait rester secrète.

"Isaac,

En fait de perturbation, il y en a eu une pourtant. C'était disons... troublant.

Et ne me dit pas que ce n'est pas pour Dawn que tu m'as laissé, où que soit la vérité, c'est ce que tu as laissé dire à tout Poudlard, les laissant m'humilier au profit de ma meilleure amie. Je peux te pardonner mais je ne peux pas oublier. Quand à ce père dont tu me parles, s'il est la cause de tant de chagrins de notre part à tout les deux, je pense que je ne l'aime pas. J'espère que tu me pardonneras cette conclusion mais je n'en vois pas d'autres possibles. Il avait déjà brisé ta vie, quel besoin avait il de nous séparer ? Il me semblait pourtant qu'à une époque nous avions été heureux...

Je suis très bien chez Clara, je découvre la France, je parle même français. Là bas, je me suis liée d'amitié avec un petit garçon que je trouve vraiment trop mignon. Il s'appele Joshua. Bon... J'admet que c'est un moldu, mais comme il a 14 ans de moins que moi, je ne me marierais pas avec, donc je peux le cajoler autant que je veux n'est ce pas ?

Pour en revenir au passé... (puisqu'il faut bien en passer par là) tu n'étais pas un frein. Pas du tout. Tu m'avais libéré de mon frère, seulement, je crois que j'avais besoin de ton impulsion pour agir et à un moment, cela a cessé. Je préfère ne pas revenir sur le pourquoi, juste, ne dit pas des choses comme ça. J'ai été très heureuse avec toi jusqu'à ce que durant l'été tout se dérègle. J'ai fait des bêtises moi aussi, j'ai dû me tromper quelque part à un moment... pour finalement te tromper tout court. Je sais que tu ne veux pas le savoir, mais pour l'ironie de la chose, j'ai envie de te le dire. C'était avec Damian.

J'espère que tu trouveras un chemin qui ira avec celui de Dawn car je ne veux que vous savoir heureux. Cela apaise mes anciennes peines et finalement, il est trop tard maintenant pour avoir des remords. Je ne peux pas te proposer de lui parler mais toi tu devrais, la communication c'est important dans un couple (conseil que je devrais moi même suivre... Alexis ne sait rien de Nathan). Si tu ne te sens pas à ton aise, il faudrait qu'elle puisse t'aider ou au moins qu'elle essaie.

Je ne sais si dans une autre vie, nous nous rencontrenrons...

Mais je suis, crois le,

A toi pour toujours,

Myrielle"

La superbe rousse envoya à nouveau Preciosa donner cette missive à Isaac. Le regard vers les flammes, elle repensa à l'an passé. Elle avait faillie se suicider pour lui... Mais ça, par contre, même dans une conversation à coeur ouvert, elle ne lui dirait jamais.

Une semaine après l’évènement de la salle commune, le jeune homme décida d’écrire à la sulfureuse Myrielle. Quoi lui dire ? Il n’en avait pas la moindre idée, les mots viendraient au fil de son écriture. Prenant un bouquin bien épais, il étendit un parchemin dessus, se munit d’une plume et d’un encrier et commença:

Myrielle,

Je me permets de t’écrire afin d’éclaircir les évènements arrivés la semaine dernière.
Ces cauchemars ne cessent de se répéter dans ma tête, toujours aussi incompréhensibles et douloureux pour moi. Je ne sais comment te remercier pour ton intervention, celle-ci a énormément apaiser mon état jusqu’au matin. J’ignore ce que tu as fait… peut-être est-ce du à la baume que tu as appliqué, ou bien … cela va peut-être te paraître étrange mais, j’ai cette sensation qui brûle mes lèvres depuis, m’aurais-tu embrassé ? Je dois savoir Myrielle.

Quoi qu’il en soit, je tenais à t’annoncer que je me suis décidé à consulter l’infirmière de l’école. Elle m’a suggéré de consulter un psychologue afin de mieux m’aider. En dehors de calmant, elle avoue m’être d’aucune aide. Ma visite auprès d’elle s’est déroulée en présence du directeur de notre maison. Lui-même m’a conseillé un médicomage spécialisé.

J’ai contacté mon grand-père afin de l’en informer. Il a pu obtenir l’autorisation à ce que je quitte l’école pour rentrer au manoir où des soins me seront donnés. J’ignore le temps que je passerais là-bas, il se pourrait que je revienne pour les buses, si pas il se pourrait que je passe les examens par correspondance, ou en rattrapage avant la rentrée prochaine.

Aussi, tu es la première à l’apprendre. Ma grand-mère est sortie du coma, elle se porte beaucoup mieux. Selon les médicomages, il n’y a pas de séquelles de cette longue période. La maladie est toujours présente mais rien ne l’empêche de rentrer au domaine. Je crois que leur présence va me faire énormément de bien, et ils m’aideront à répondre à toutes mes questions…

Pour ce qui est de mon malaise dont tu fus témoin… tu m’es apparue dans mon inconscient. Belle et enchanteresse comme tu l’as toujours été me tendant la main. J’étais sur le point de la prendre quand Dawn surgit pour me saisir la main qui allait se faire tienne. Ensuite plus rien… vos visages étaient flous, vos rires moqueurs heurtaient mes tympans, … je ne comprends pas ce que cela peut signifier.

Mais… assez parlé de moi. Comment te portes-tu ? Est-ce que ton ami est bon, fidèle et juste envers toi ? Je m’inquiète pour toi, plus que tu ne le crois, surtout depuis le retour de ton frère. A-t-il tenté d’entrer en contact avec toi ? J’aimerais te voir avant que je ne parte. Mon train part vendredi après les cours …

Prends soin de toi Myrielle,

Isaac

Voilà, après tout il en avait des choses à dire. Roulant le parchemin, il le scella de son sceau familial et fit venir un elfe de maison à qui il ordonna de glisser ce rouleau sous l’oreiller de Mademoiselle Symphonie sans se faire voir des autres élèves.

Myrielle avait pleuré dans la solitude du dortoir en recevant la lettre. Rien n'allait plus comme elle voulait, elle n'en pouvait plus... Près d'elle Preciosa remuait les ailes nerveusement, inquiète de l'état nerveux de sa maîtresse. La rousse n'avait pas réussi à voir Alexis depuis un moment et elle se sentait non seulement coupable mais aussi effroyablement seule. Elle ne pouvait se confier à personne, pas même à Alexander qui était lui même assez mal récemment. Ce petit moment passé, elle sécha ses larmes et commença à écrire.

"Isaac,

Tu me demandes si je t'ai embrassé... Et bien oui. Tu m'avais appelé près de toi mais je n'arrivais pas à te faire revenir alors sous une impulsion dangereuse pour toi comme pour moi, j'ai encore plus compliqué les choses entre nous. Cependant, même si cette situation me rend triste, je me rend bien compte que je n'ai pas eu tord d'agir ainsi, pas entièrement. Dawn n'aurait rien pu pour toi, de même qu'Alexis ne peut pas m'aider pour Nathan. Et tu es revenu à toi, pas tout à fait conscient mais ta fièvre a baissé, tu es allé mieux après ce baiser... Est ce un hasard ? Nous n'aurons jamais la réponse. Je n'ai pas spécialement envie de le savoir non plus. Maintenant, dis moi, tu le sais... qu'est ce que cela t'apporte ?

J'espère que tu vas réussir à te soigner... tu m'as fait une belle peur. Tu ne peux même pas imaginer... Enfin des vacances te feront le plus grand bien et revoir tes grands parents aussi. Tu passeras mes amitiés à ton grand père de ma part s'il te plaît.

Pour ton rêve... Je ne sais quoi t'en dire. Dawn... toi... moi... c'est peut être juste trop compliqué. Mais soit certain que ni elle ni moi ne nous moquerions.

De mon côté, comme nous ne sommes pas dans la même année, je ne vois pas suffisamment Alexis à mon goût et je me vois mal lui demander sa fidélité... Bien qu'il le soit apparemment. Je ne pense pas lui parler d'ici l'été. Je le ferais plutôt à la rentrée prochaine. Ne me demande pas pourquoi, ça me semble juste plus logique ainsi. J'ai vu mon frère, ça s'est aussi bien passé que possible... Du moins j'en suis sorti indemne.

Je viendrais te voir à la gare avant que tu prennes ton train.

A toi pour toujours,

Myrielle."

Elle donna la missive à Preciosa et s'enfonça au milieu de ses coussins, pensive.