Néron néron petit patapon ! /PV Lola/

« Voilà ! », dit la jeune femme en se frottant les mains satisfaites d’elle-même. Elle venait de passer sa matinée à protéger tous les coins de meubles, enlever les clefs de ceux-ci, mettre du papier cache sur les prises électriques et … mit en hauteur tout ce qui pourrait être dangereux pour un enfant.

Attendez, qu’allez-vous vous imaginer ? Non, Malory n’est pas enceinte en tout cas ce n’était nullement à l’ordre du jour avec les récentes révélations de Samuel… enfin passons. Aujourd’hui, l’élégante franco-anglaise recevait la visite de Lola sa plus vieille amie depuis qu’elle vivait à Londres, et de son bambin Néron dont elle était la marraine.

Dans la cuisine, elle termina de toaster quelques petits sandwiches qu’elle plaça dans le frigo pour le maintenir au frais, et puis prépara du thé glacé remplaçant de l’habituel Bloody Mary qu’elles aimaient toutes les deux savourer lors de certains coups de blues ! A cette idée, elle se dit qu’un ne lui ferait pas de mal, après tout, avec les évènements actuels, ça ne lui ferait que du bien.

S’emparant de la bouteille de vodka, du Tabasco et du jus de tomate, elle mixa les liquides ensembles sans oublier une touche de sel de céleri. Refermant la porte du frigidaire, elle vit quelques photos de Samuel et elle aimantées dessus. Prenant la plus récente d’entre elles, elle fit mine de faire santé à son copain avant de boire une gorgée du cocktail sanglant !

On frappa à la porte, ça devait être son amie. Posant son verre, laissant tomber la photo, elle se précipita sur dans le hall, enclencha la poignée et découvrit le bambin dans sa poussette. « Mais qui c’est ? C’est mon petit Ron Ron ! », gémit-elle comme une petite souris en prenant le bébé dans ses bras. Qu’est-ce qu’on pouvait devenir gaga une fois un mioche dans les parages ! S’avançant vers la mère, elle l’embrassa sur la joue tout en l’invitant à entrer. « Comment tu vas ? » demanda-t-elle cette fois-ci d’une voix plus adulte.

Rejoignant le salon, elle déposa bébé Néron dans un petit parc que la concierge lui prêta (quand on a été grand-mère cinq fois, ça pourrait servir pour une sixième). « J’ai préparé du thé glacé… mais j’ai de quoi faire quelques Bloody Mary encore. Je m’en suis déjà servie un, tu veux ? », proposa-t-elle en agitant un hochet devant le petit.

Depuis que Néron était né, c'était un fait, Lola était constamment pressée. Constamment en retard. Constamment en train de se rendre compte qu'elle avait oublié ceci sur sa table de chevet, et cela dans le vide-poche de l'entrée. Elle avait exigé, bien évidemment, que la garde de son fils lui revienne de plein droit et Apophis n'avait donc pas son mot à dire ou son aide à donner, mais parfois, Lola devait bien s'admettre qu'un petit coup de main n'aurait pas été de trop...

Ce jour-là était donc un jour-booster comme les autres, avec l'habituel réveil en fanfare dès le matin, le biberon chauffé en vitesse, l'habillage, la couche à changer, le miam-miam bien salissant, l'habillage numéro 2 (etc etc...). Avec une nette différence, toutefois: aujourd'hui, Lola se rendait chez sa meilleure amie, Malory, la marraine de Néron pour le lui laisser à garder. La rousse avait quelques courses importantes à faire qui nécessitaient les bras libres et donc aucune poussette à l'horizon (en clair: SHOPPING INTENSIF et petite mission de routine) et sa jolie amie blonde s'était montrée tout à fait encline à garder son petit bout de chou. En début d'après-midi, Lola était donc prête à partir de chez elle bien armée: pousette à visière, Néron dans ses petites baskets blanches et son bagguy marron casé à l'intérieur, et elle-même emberlificotée dans une jupe bouffante qui mangeait le reste de ses rondeurs de grossesse. Top départ!

- " Coucou toi!" salua-t-elle avec effusion en pénétrant dans le hall de son amie.

Lola ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle vit Malory prendre Néron dans ses bras, faisant voltiger sa petite mèche blonde sans que le bambin n'en soit frustré (ce qui était rare). L'enfant eut même un petit rire, ce qui conforta sa mère dans son choix de marrainage.

Elle rendit la bise à Malory en s'avançant avec la poussette, douée de l'air affairé de ses femmes d'affaires coincées entre deux rendez-vous. Elle n'était pourtant pas si pressée que ça, et un petit regard à sa montre la calma: elle avait le temps de discuter un peu avec son amie.

- " Ca va, ça va..." répondit-elle de l'air vague qui signifie "bouh bouh, pas si bien". Mais chaque chose en son temps.

Elle laissa la pousette dans un coin et s'approcha du petit parc où son fils prenait déjà ses aises; avec un sourire niais et un air adorateur, elle lui fit signe de la main (c'était donc vrai que les bébés rendaient gaga!). Pleine d'une soudaine vigueur, Lola répondit à Malory qui lui proposait à boire:

- " Ah, je ne suis vraiment pas contre un Bloody-Mary, là, vraiment!" s'exclama-t-elle avec un sourire. "Depuis le temps..."

Entre sa grossesse et son dur retour à la réalité du travail, Lola ne se souvenait plus de la dernière fois où elle avait partagé un petit verre avec Malory. Et puis, sérieusement, ça lui ferait vraiment du bien...

- " Et toi, ça va comme tu veux?" demanda Lola, encore penchée par-dessus le parc. "Avec Samuel, comment ça se passe?"

Après un petit temps, elle tourna son regard lagon vers son amie. Samuel Stones et Malory Berckeley... La blonde l'avait toujours trouvé très craquant.

Lola étant partante pour s'enfiler un petit cocktail, la française se dirigea vers la cuisine où elle prépara la boisson alcoolisée. La vodka a portée de main, elle respecta plus ou moins la dose reprise dans les livres, ajouta par-dessus une rasade de jus de tomate, un coup de Tabasco, un touche de sauce Worcester et le sel de céleri à part – tout le monde n'aime pas – , ensuite elle s'empara des deux verres pour joindre le salon où ses convives l'attendaient. Offrant le verre le plus plein à son amie, elle but une gorgée du sien avant de venir s'asseoir près du parc où se trouvait le bambin.

- Chiotte, j'ai oublié les glaçons !, s'empressa-t-elle de signaler en se relevant d'un bond.

Filant à la cuisine, elle ouvrit le congélateur, versa quelques glaçons dans un bac et amena le tout muni d'une pince pour que la jeune mère puisse se servir. Lola lui avait posé une question, deux pour être plus juste. Dans son élan, l'ex-mannequin omit de lui répondre, ce n'est que quand elle posa ses deux pommettes arrières sur le coussin du divan que ça lui revint.

- Boh... ça va !, lâcha-t-elle sans trop de conviction. Samuel ? Mmm, Samuel..., repéra-t-elle faisant mine de ne pas vraiment savoir qui était cette personne, tout en regardant le plafond, son index tapotant son menton. Il va bien... c'est un peu tendu en ce moment mais rien d'alarmant. Il doit passer en soirée., assura-t-elle en souriant naturellement bien que son regard trahit ses pensées au sujet de son bien aimé.

Dans le parc, le petit s’amusait avec un hochet. Qu’est-ce qu’il pouvait être mignon sans tenir compte du prénom infligé à cette mini portion de sorcier. Encore une idée de ce abruti d’Artémis ! Lola n’avait déjà pas eu de chance avec son mari - de qui elle divorça - mais en plus, il fallut que ce type impose ces volontés en matière de prénoms ! Vraiment, on s’en serait bien passé !

- Et toi ? Ça va avec ton gusse ? Arachide, c’est ça ?, supposa-t-elle.

Malory avait de grosses difficultés avec le prénom du père de l’enfant, et également avec lui, étant un crétin fini. Elle ne l’avait jamais rencontré, par chance, et intérieurement souhaitait que ça n’arrive jamais. Sauf s’il venait à faire du mal à sa meilleure amie. Tout auror qu’il soit, Malory lui mettrait une raclée qu’il ne serait pas près d’oublier.

- Il s’occupe du petit de temps en temps ?, demanda-t-elle en noyant ses dernières paroles dans le jus de tomate délicieusement aromatisés.

Elle en doutait fortement. Qu’est-ce qu’un gamin ferait avec un autre gamin ? Ses réactions étaient assez injustes envers l’homme dont Lola était amoureuse. Mais en fait, elles n’avaient jamais abordé le sujet de l’amour entre lui et elle. A peser le pour et le contre… Oui, ça se pourrait bien mais… on verra bien, la franco-anglaise ne voulait pas pourrir la journée de son amie.