La lettre (libre)

C'était une belle journée ensoleillée. Aucun nuage de voilait le ciel. Il faisait un temps doux, ni trop chaud ni trop froid, assez corfortable pour attirer les élèves hors de leur Salle Commune.

Ann revenait de la volière. Elle avait reçu une lettre de son oncle. À vrai dire, la jeune fille ne lui parlait que très peu souvent mais elle était tout de même très contente que quelqu'un de sa famille pense à elle. Cela remonta fort le moral d'Ann car jusqu'à maintenant, personne ne lui avait écrit de lettre. Et surtout pas son père ! La jeune fille continua de marcher, tout en lisant sa lettre.

"Salut Ann !
Comment vas-tu ? C'est génial à Poudlard, n'est-ce pas ? Je suppose que tu dois aimer mieux te trouver là-bas que chez toi ! Ton père n'a pas l'air très sympathique. Alors ? Quels cours préfères-tu ? Et ta Salle Commune ? Comment la trouves-tu ? Tes frères m'ont dit que tu avais été envoyée à Serpentard. Félicitation ! Je savais que tu étais digne des Iverson.
J'espère que tu me donneras bientôt de tes nouvelles !"

Certes, c'était une lettre très courte qui ne voulait pas dire grand chose mais Ann était très contente qu'on ait pensé à elle. Elle songea cependant avec regret l'esprit très peu ouvert qu'avait son oncle. Si elle avait été envoyée à Gryffondor, Serdaigle ou Poufsouffle, ne l'aurait-il pas trouvée digne des Iverson ? Appremmemment, non. Depuis plusieurs décenies, les Iverson étaient tous passées par Serpentard. Et selon plusieurs d'entre eux, ce serait une honte qu'elle ne soit pas à Serpentard elle aussi. Et c'est ce qui était arrivé à la mère d'Ann. À son arrivée à Poudlard, celle-ci avait été envoyée à Gryffondor, ce qui lui avait attiré la haine de toute sa famille.
"Je suis chanceuse que ma famille ne m'ait pas reniée à cause de ma mère," pensa Ann.
Penser à sa mère détruisait Ann au plus profond d'elle-même. Celle-ci était morte du cancer l'année dernière, alors qu'Ann se trouvait avec elle. La jeune fille se dit dommage qu'elle n'ait aucun contrôle sur ces choses-là. Maintenant, elle était prise avec son père, qui la détestait. Lorsque celui-ci lui parlait, ce n'était que pour la dénigrer, la critiquer ou encore lui dire qu'elle avait tord. À vrai dire, Ann et son père s'étaient toujours détestés. Lors des conflits, il avait fallu que la mère ou encore les frères jumeaux d'Ann interviennent pour éviter que son père ne la blesse.
"Je le déteste !" songea Ann, en pensant à son père.

Plongée dans ses pensées, Ann ne vit pas l'élève qui marchait devant elle. Elle heurta l'élève, ce qui la sortit immédiatemment de ses pensées.

Devant la colère de l'élève de Serdaigle, Ann ne sut que répondre. Celui-ci semblait croire qu'elle l'avait bousculé volontairement, ce qui était loin d'être le cas. Mais la jeune fille commençait à être habituée à ce genre de situations. Il était arrivé à plusieurs reprise qu'elle commette des fautes que les autres élèves croyaient volontaires, simplement parce qu'elle était une Serpentard. Pourtant, Ann était loin de vouloir de mal à qui que ce soit.

La fillette regarda l'autre élève. Dans sa chute, celui-ci semblait s'être fait mal. Il la regardait maintenant d'un air furieux, ce qui la mit très mal à l'aise. C'était le même genre de regard que son père lui lançait lorsqu'elle venait de faire une gaffe. Ann frisonna. Elle espérait de tout coeur que cette histoire ne dégénérerait pas.

Ann s'approcha du Serdaigle, cependant sur ses gardes.

*Je suis vraiment désolée, dit-elle. Je ne t'avais pas vu ... Je te jure que ce n'était pas volontaire ...

Ann attendit la réponse de l'autre élève, sachant que celle-ci risquait d'être très peu amicale.

Spoiler:

Ann regarda les autres Serpentard s'éloigner. Évidemment, peu importe qu'ils soient de la même Maison ou pas, ceux-ci ne se gênaient pas pour écraser les plus jeunes. La jeune fille avait très envie de leur crier des insultes mais elle se ravissa, sachant que c'est elle qui risquerait d'y goûter.

Soudain, une lumière se fit dans l'esprit de la fillette. C'était ces Serpentard-là qu'elle avait rencontré à son arrivée à Poudlard. Et d'ailleurs, ils ne s'étaient pas montrés très accueillants. Ils ne s'étaient pas gênés pour l'humilier en la traitant de Sang-Mêlée et en riant d'elle parce qu'elle était probablement la seule à ne jamais avoir vu un elfe de maison de sa vie.
"Si j'étais de taille, je ne me gênerais pas pour les étrangler !" pensa-t-elle, les dents serrées.

Ann regarda Terry, cette fois d'un regard un peu moins méfiant. Celui-ci semblait enfin comprendre qu'elle n'avait pas fait exprès pour le bousculer. Elle prit la main du Serdaigle, qui l'aida à se relever.
*Ça ira*, répondit-elle.
Elle regarda son interlocuteur avant d'ajouter :
*Tu sais, les Serpentard ne sont pas tous comme eux.*
Soudainement, Ann repensa à ce qu'un des Serpentard avait dit à Terry.

Et si tu partais maintenant, sang-de-bourbe ? Tu vois pas que ta sale odeur nous incommode ?

Sang-de-Bourbe. Ann n'avait entendu que très peu souvent ce terme impoli désignant les sorciers d'origines Moldues mais elle avait beaucoup de difficulté à comprendre que l'on puisse utiliser ce terme à la légère. La seule autre fois qu'elle avait entendu ce mot était lorsque Millyann et Elly, ses cousines, s'amusaient à insulter leur soeur en la traitant de tous les noms qui leur passaient par la tête.

*Tu sais, je ne crois pas que ce ne sont que les Sang-Pur qui ont une place à Poudlard, dit Ann. Moi même je n'en suis pas une. Et il arrive même que ma propre famille me le reproche.*

En disant cela, la jeune fille avait pensé à la famille de sa mère, dont les membres étaient dotés d'un esprit très étroit. La mère d'Ann avait été délaisée par sa propre famille lorsque celle-ci avait été envoyée à Poufsouffle au moment de sa répartition.